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[LLSMG2057-RSE]

DROIT DES SOCIETES


Questions Examen Année 2016-2017

GEHD2M1 - Master 60 Sciences De Gestion 2016-2017


Table des matières
1. Les sociétés sont-elles des personnes morales ? Expliquez. Si oui, comment cela se manifeste-t-il au jour le jour ?.........................................................3
2. Distinguez sociétés de personnes et sociétés de capitaux, dans le contexte historique et aujourd’hui..............................................................................3
3. Quelles sont les conditions de forme et les conditions de forme de la constitution d’une SA ? Quelles différences avec la SPRL ?..................................3
4. Comment réaliser un apport en nature dans une SA ?........................................................................................................................................................3
5. Quels sont les organes de la SA ? Pourquoi parle-t-on d’ « organes » ? Expliquez la notion d’équilibre entre les organes................................................3
6. Expliquez la composition et le rôle du comité de direction dans une SA.............................................................................................................................3
7. Qu’est ce que la « corporate governance » ? Quelles sont ses sources en droit belge ?.....................................................................................................3
8. Citez deux différences fondamentales entre une S.A. et une A.S.B.L...................................................................................................................................3
9. Quels sont les principaux droits d’un actionnaire vis-à-vis de la société ?...........................................................................................................................3
10. Qu’est-ce qu’une clause léonine ? Qu’est-ce qu’un « portage » d’actions ?...................................................................................................................3
11. Quelles sont les différentes formes d’actions ? Comment circulent-elles ?...................................................................................................................3
12. Quelles sont les principales différences entre une action, une part bénéficiaire, une obligation ?...............................................................................3
13. Comment et par qui une assemblée générale est-elle convoquée ?..............................................................................................................................3
14. Les associés peuvent-ils prendre des décisions par écrit, sans réunion ? A quelles conditions ?..................................................................................3
15. Quelle est la différence entre l’assemblée générale ordinaire et une assemblée générale extraordinaire ?................................................................3
16. Est-il permis aux associés de faire des « conventions de vote » ? Si oui, à quelles conditions ?....................................................................................3
17. Dans quel délai une action en nullité d’une décision d’assemblée générale peut-elle introduite ?..............................................................................3
18. Pour quels types de fautes un administrateur peut-il voir sa responsabilité engagée ?................................................................................................3
19. Quand et par qui un administrateur peut-il être poursuivi pour faute de gestion ? Pendant combien d’années peut-il être poursuivi
(prescription) ?.................................................................................................................................................................................................................................3
20. Quel est le rôle du « commissaire » dans une société ? Quelles sociétés doivent nommer un réviseur d’entreprise comme commissaire ?.............3
21. Qu’est-ce que le capital d’une société commerciale ? Quel est son montant minimal selon la forme de la société ?..................................................3
22. Que doit-il se passer lorsque l’actif net d’une société est inférieur à la moitié de son capital ? Au quart ? Comment calcule-t-on l’actif net ?...........3
23. Que se passe-t-il en cas de cession de parts ou d’actions non entièrement libérées ?..................................................................................................3
24. Qui peut augmenter le capital d’une société anonyme ? D’une SPRL ?.........................................................................................................................3
25. Qu’est-ce que la prime d’émission ? Qu’est-ce que le droit de préférence ?..................................................................................................................3
26. Comment réduire le capital d’une société commerciale ?..............................................................................................................................................3
27. A quelles conditions une société peut-elle distribuer un dividende ?............................................................................................................................3
28. A quelles conditions une société peut-elle racheter ses propres actions ?....................................................................................................................3
29. Une société peut-elle prêter son assistance financière à quelqu’un qui veut devenir son actionnaire ? Si oui, à quelles conditions ?........................3
30. Décrivez le processus conduisant à la cession des titres d’une société..........................................................................................................................3
31. Que sont les déclarations et garanties du vendeur ? Pourquoi sont-elles devenues usuelles dans les contrats de cession d’actions soumis au droit
belge ? 3
32. Définissez une fusion de sociétés. Quelles sont les conditions de sa réalisation (insistez sur le rôle respectif des différents organes) ?....................3
33. Expliquez les différences entre une fusion, une scission et une cession de branche d’activités (sur le plan de leurs effets)........................................3
34. Qu’est-ce qu’une convention d’actionnaires ? Quelles sont les principales catégories de clauses que l’on peut y retrouver ?....................................3
35. Définissez la clause d’agrément et la clause de préemption ? Quelles sont leurs conditions de validité ?...................................................................3
36. Qu’est-ce qu’une convention de vote ? Quelles sont ses conditions de validité ?.........................................................................................................3
37. Dans le contexte des procédures en exclusion et en retrait, qu’entend-on par « justes motifs » ?...............................................................................3
38. Quand une offre à participer à une augmentation de capital constitue-t-elle une offre publique d’instruments financiers ? A quelles conditions
une telle offre est-elle soumise ?.....................................................................................................................................................................................................3
39. Qu’est-ce qu’une information privilégiée ? Quelles sont les obligations ou interdictions qui s’imposent aux détenteurs d’une telle information ?...3
40. Comment un commerçant en difficulté peut-il obtenir la protection de la justice en vue de se réorganiser ?.............................................................3
41. Quelles sont les conditions de la faillite ?.......................................................................................................................................................................3
42. Qu’est-ce que la « période suspecte » ? Quelles sont ses conséquences ?....................................................................................................................3

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43. Distinguez dissolution et liquidation d’une société. Dans quelles hypothèses une société peut-elle être dissoute ?...................................................3
44. Quelles différences et points communs existe-t-il entre la procédure d’exclusion et la procédure de retrait ?............................................................3

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1. Les sociétés sont-elles des personnes morales  ? Expliquez. Si oui, comment cela se manifeste-t-il au jour le jour  ?

Oui, il s’agit d’une personne morale (ou juridique).


Une société est constituée par un contrat aux termes duquel deux ou plusieurs personnes mettant quelque chose en
commun, pour exercer une ou plusieurs activités déterminées et dans le but de procurer aux associés un bénéfice
patrimonial direct ou indirect.
Ainsi, une société est dotée de droits et d’obligations de la même manière qu’une personne physique.

Cela se manifeste de différentes façons :

-      L’autonomie patrimoniale : le patrimoine social (biens, droits acquis, dettes et obligations) ne se confond pas avec celui des
associés :
§  patrimoine = propriété de la personne morale (pas des associés),
§ patrimoine = gage des créanciers de la personne morale ; les créanciers personnels d'un associé ne peuvent pas
saisir les bien apportés,
§  dettes de la société >< dettes de ses associés,
§  cession des parts ou actions >< cession du patrimoine de la société
§  décès d’un associé -> le patrimoine n'est pas divisé
= division des parts (fractionnement de l’actionnariat)
Le patrimoine autonome ne rime pas forcément avec la responsabilité limitée.

-    La pleine capacité de principe : les personnes morales sont des sujets de droit qui jouissent de la pleine capacité (de
jouissance et d’exercice) juridique.
Si la capacité est de principe, l’incapacité est d’exception :
§  spécialité légale : sociétés parfois limitées dans ses objectifs (enrichir ses membres), son activité (société agricole),
sa forme,
§  spécialité statutaire : l'objet ou le but limiltent sa capacité
§  limites liées à sa nature : peine de prison (conversion en amende), conclure un contrat de travail (mais convention
de service est possible)

-  La représentation de la société par ses « organes » : Assemblée Générale, Conseil d’Administration,etc. La décision de ces
organes engage la société;

-      La société est responsable :


o responsabilité aquilienne (ou extra-contractuelle) : la société est responsable de ses fautes (principe de l’immunité
de l’organe) tant que l’organe agit dans le cadre de ses fonctions. Ex: non paiement de l'impôt, pollution, etc.
La jurisprudence admet cependant la responsabilité des personnes physiques membres de l'organe, quand ceux-
ci commentent une faute dans l'accomplissement de leur mission et que cette faute cause un dommage à la
société ou à des tiers. De plus, le Code des sociétés prévoit des cas particuliers de responsabilité des
administrateurs ou gérants (ex: faillite, conflit d'intérêt)
o responsabilité pénale : une société peut être responsable pénalement (loi du 4 mai 1999) sauf si engagement
exclusif en raison de l’intervention d’une personne physique identifiée, qui a par ailleurs, commis la faute la plus
grave ;

-      La dénomination sociale : le nom de la société lui est propre et figure dans les statuts. La société peut également utiliser un
nom commercial pour l'exploitation de son fonds de commerce;

-      le siège social (= domicile):


o  localise la société ;
o  détermine le lieu d’accomplissement de certaines formalités ;
o  localise  la tenue des Assemblées Générales (sauf exceptions);
o  détermine la langue de la société pour la rédaction des actes officiels.

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Références: RSE et droit  des sociétés - LSMG 2057 - Année 2014-2015 / Chapitre Il - Introduction au droit des sociétés / P.3-
5

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2. Distinguez sociétés de personnes et sociétés de capitaux, dans le contexte historique et aujourd’hui.

CONTEXTE HISTORIQUE :

Les premières formes de sociétés commerciales sont apparues au sein des civilisations de marchands. Au fur et à mesure de
l'internationalisation du commerce et de la nécessité de mobilisation de capitaux importants, les sociétés ont connu une
complexification progressive.

Civilisation babylonienne (2000 avant J-C): les sociétés de personnes, aux principes assez simples apparaissent : le
voyageur, le caravanier ou le capitaine de navire s'associe avec un pourvoyeur de fonds : les pertes et les bénéfices se
partagent par tête et non en fonction du montant de l'apport.

Civilisation grecque (VIème et Vème siècles avant J-C) : certaines sociétés commerciales et associations se voient reconnaitre
la personnalité juridique.

Civilisation romaine (1er  siècle avant J-C et 1er  siècle après J-C) : certaines activités réclament la levée de fonds très
importants : des sociétés qui rassemblent de nombreux actionnaires se forment pour faire face à ces besoins. L'apport
financier devient plus important que l'identité de l'associé : naissance de sociétés de capitaux.

Moyen-Âge et Renaissance italienne (surtout   Florence, Venise   et  Gênes) : développement de   sociétés de marchands et
de sociétés de banquiers ainsi que de sociétés d'affermage des impôts.

XVIIIème siècle : Création des « compagnies à privilège » pour stimuler l'exploitation des colonies. Ces sociétés de capitaux
ont de nombreux actionnaires, qui se réunissent périodiquement en assemblée générale, reçoivent un dividende et un
droit de vote, et sont dirigées par un directoire. Apparition de la responsabilité limitée.

XIXème siècle, industrialisation : apparition de sociétés minières, sidérurgiques, de transport et de banque. Le Code de
commerce (1807) distingue les sociétés de personnes et les sociétés de capitaux, et établit clairement différentes formes
de sociétés.

AUJOURD’HUI :

- Les sociétés  de personnes sont celles dans lesquelles la personnalité de leurs membres ou de certains d'entre eux est
déterminante au moment de la constitution de la société et lors de l'admission de nouveaux associés.

Exemple: coopérative laitière dont les membres doivent être producteurs laitiers; société en commandite simple.
Le caractère personnel de l'engagement (intuitus personae) est donc un élément essentiel. C'est particulièrement vrai
lorsque la responsabilité des associés est illimitée puisque la connaissance  réciproque de la solvabilité des autres associés
permet à chacun d'apprécier le risque qu'il encourt.
Cette distinction doit donc être combinée avec la distinction entre sociétés de personnes à responsabilité illimitée (SNC, SCS,
SCRI) et sociétés de personnes à responsabilité limitée (SPRL, SCRL).
Les sociétés  de capitaux sont  celles dans lesquelles les considérations liées à la personne des associés sont en principe
indifférentes : l'accent est mis sur les capitaux mis en commun, plutôt que sur les particularités propres des associés.
Les sociétés de capitaux sont la SA (archétype de la société de capitaux), la SCA et la SE. Principales caractéristiques des
sociétés de capitaux:
(i) la responsabilité des associés est limitée à  leurs apports (exception: associé commandité dans la SCA) ;
(ii) la loi leur impose un capital minimum ; de plus, le capital fixé à la constitution doit être suffisant pour assurer l'activité
projetée pendant au moins deux ans après la constitution ;
(iii) le capital est en principe intangible (la société ne peut faire descendre la valeur de son actif net en dessous du montant
du capital augmenté des réserves indisponibles) ;
(iv) la cession des actions est en principe libre (sous réserve de restrictions statutaires).
+ Distinction entre Sociétés de capitaux à responsabilité illimitée (SA, SE) et sociétés de capitaux à responsabilité «   mixte  »
(associés de deux types) (SCA).

Références:

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RSE et droit  des sociétés - LSMG 2057 - Année 2014-2015 / Chapitre Il - Introduction au droit des sociétés / P.1-2 & 7-8

3. Quelles sont les conditions de forme et les conditions de forme de la constitution d’une SA  ? Quelles différences
avec la SPRL ?

Conditions de fond

SA SPRL

Nombre d'associés * Minimum 2 personnes * Minimum 2 personnes


 --> si 1 p. alors la nullité de la société 1 si SPRLU (unipersonelle)
peut être prononcée par un juge et Trois mécanismes aboutissent à la création de la SPRLU :
ensuite, mise en liquidation ou alors (i) 1) Fondateur unique
faire entrer un nouvel actionnaire dans 2) Réunion de toutes les parts d'une SPRL dans les mains
la société (ii) transformer la SA en SPRL d'un seul associé
ou (iii) dissoudre la société 3) transformation en SPRLU d'une SA devenue
*considérées comme les fondateurs unipersonnelle suite à la réunion des actions en une main.
*peuvent être des personnes morales Restrictions, 1 seule SPRLU par personne phyisque.
(sociétés de holding) SPRL pluripersonnelle au départ qui devient unipersonnelle,
dispose d'un an pour (i) libérer le K de 12 400 euros soit (ii)
faire entrer un 2ème associé soit (iii) dissolution. A défaut ->
l'associé unique devient caution solidaire de toutes les
obligation de la société nées après qu'elle soit devenue
unipersonnelle.

Capital Chiffre comptable et abstrait inscrit au passif du bilan

capital min à souscrire * min 61.500€ * min 18.550€

capital min libéré à la * min 61.500€ * min 6.200€


constitution * Si SPRLU alors 12.400€

condition libération en * Chaque action correspondant à un * Chaque part  correspondant à un apport numéraire doit
numéraire apport en numéraire doit être libéré être libéré de 1/5
de 1/4 (Capital souscrit 300k ->
libération de 75k)

condition libération en * Les actions correspondant à des * Les parts correspondant à des apports en nature doivent
nature apports en nature doivent être à 100% être à 100% libérées à la constitution
libérées dans un délai de 5 ans

Points communs * Le solde sera libéré en conformité avec la disposition des statuts ou à défaut sur rappel du CA ou du
gérant
* Les actions partiellement libérées sont des actions comme les autres sous réserve d'une suspension
du droit de vote aussi longtemps que les versements régulièrement appelés et exigibles n'ont pas été
effectués

capital suffisant * Le fondateur est responsable du choix du montant du capital social.


Le notaire et le comptable ont également une part de responsabilité.
Si la faillite est prononcée dans les 3 ans de sa constitution, le(s) fondateur(s) peuvent être tenus
solidairement responsables s'il savère que le K social était, lors de la constitution, manifestement
insuffisant pour assurer l'exercice normal de l'activité projetée pendant une période de deux ans au
moins.

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* En SA, il y a moyen de ne pas s'exposer Responsabilité liée à la notion de fondateur et non au
comme fondateur. Il suffit de désigner , à la fait de détenir des actions ou des parts.
fondation , un ou plusieurs actionnaires qui Fondateurs indiqués dans les statuts déposés au Greffe
ont ensemble 1/3 du capital, les autres du Tribunal de Commerce.
actionnaires  souscrivant en numéraire sont
dès lors considérés comme de simples
souscripteurs

Type d'apport * Pour toute société à responsabilité limitée (dont les SA & SPRL),seuls les apports en numéraires et en
nature sont acceptés

* Les apports en numéraires sont déposés sur un compte en Belgique au nom de la société, les fonds
doivent être versés dans les 3mois après ouverture du compte.

* Concernant les apports en natures, seuls ceux qui consistent en éléments d'actifs susceptibles
d'évaluation économiques peuvent être rémunérés par action. Tandis que les apports qui consistent en
l'engagement d'exécution de travaux ou de prestations de services sont rémunérés en parts
bénéficiaires.

* Les fondateurs sont responsables de l'estimation de la valeur du bien en nature (! danger de


surestimation) & de la bonne délivrance du bien en nature.
Garde-fous afin diminuer le risque de surévaluation qui impose la rédaction (i) d'un rapport rédigé par
un réviseur d'entreprise et (ii) d'un rapport rédigé par les fondateurs justifiant l'intérêt de cet apport.
Sauf exceptions.

Quasi-apport, avant 84, façon de contourner l'obligation de faire appel à un réviseur d'entreprise était
de vendre le bien à la société dont l'apport était initialement envisagé et de procéder ensuite à un
apport en numéraire de la somme résultant de la vente. Actuellement, contrôle des "quasi-apports" si la
société envisage d'acquérir un bien appartenant à un comparant de l'acte constitutif.

Conditions de forme

SA SPRL

Liées à l'apport voir condition de fond "types d'apport"

Acte authentique * C'est devant le notaire que les statuts sont adoptés. L'article 69 du Code des Société est important,
pour les mentions que doivent contenir les statuts : nom de la société, sa forme, le montant du capital,
la date de l'AG annuelle, la date de l'exercice comptable de la société, les modes de représentation de la
société, les modes de liquidation, etc.

Enregistrement de * Cout du droit fixe générale : 25€ (perçu à la constitution)


l'acte * Pour les apports d'immeubles d'habitation, un droit proportionnel d'enregistrement est perçu (12,5%
en Wallonie et Bxl ; 10% en Flandre)

Le dépôt * Dans les 15j après l'acte constitutif, le notaire dépose les actes au greffe du tribunal de commerce du
siège social ainsi qu'un extrait au moniteur belge. Ces actes sont consultables par le public dans un
dossier ouvert au greffe.
* C'est le dépôt qui fait naitre la personnalité juridique

Inscription à la BCE * Etape réalisée par un guichet d'entreprise


* Pour valider l'inscription, la BCE vérifie si les dirigeants possèdent les connaissances en gestion de
base ainsi que les autorisations professionnelles liées à certains secteurs (Cosntruction, Horeca,…)

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4. Comment réaliser un apport en nature dans une SA ?

Apport en nature : c’est un apport autre que numéraire qui est susceptible d’une évaluation économique. Ex : bien mobilier,
portefeuille client, know-how, goodwill, … L’apport en nature ne peut être réalisé que  par  la personne qui détient ce bien,
évidemment.

Phase de réalisation :

Le risque de surestimsation de la part du fondateur est possible, ce qui aboutirait (i) à rendre fictif la partie correspondante
du capital, au détriment des intérêts des tiers contractants et (ii) un glissement des droit sociaux à l'égard des apporteurs
d'espèces.

Afin de diminuer ce risque, le Code des sociétés impose la rédaction de deux rapports:

1ère étape : les fondateurs rédigent un rapport justifiant les raisons de l’apport en nature, y spécifiant l’utilité, la plus-value
par rapport à l’activité de l’entreprise, de cet apport.

2ième étape : un réviseur d’entreprise va commenter et juger ce rapport sur la description faite par les fondateurs, pertinente
ou non, sur les méthodes d’évaluation utilisé afin de déterminé si l’apport en nature correspond à la valeur nominale des
titres octroyés en contrepartie.

Remarques :

-      Le réviseur ne peut se prononcer sur le caractère légitime de l’apport en nature


-      Une opinion négative de l’apport ne porte pas atteinte à la validité de l’augmentation de capital. En cas de désaccord
avec le rapport du réviseur, les fondateurs doivent mentionner les raisons pour lesquelles ils estiment devoir s’écarter
des conclusions du réviseur

3ième étape : Une fois ces éventuelles remarques faites par les fondateurs au sujet des conclusions du réviseur,
leur rapport devient définitif et il est déposé avec le rapport du réviseur au greffe du tribunal de commerce dans
l’arrondissement duquel le siège social de la société est situé, accompagné de tous les documents qui doivent l’être en
vertu des obligation de publicité préalables à la constitution d’une société (sous peine de sanctions pénales en vertu de
l’article 647, 4° du Code des sociétés, bien que cet article ne vise que la responsabilité pénale des administrateurs et non
des fondateurs ou actionnaires).

Ces deux rapports seront des éléments d’appréciation importants pour un juge dans l’hypothèse d’une surévaluation
manifeste des apports en nature de la société, cas dans lequel la responsabilité des fondateurs peut être engagées
(article 456, 3° du Code des sociétés).

Exception depuis l'Arrêté Royal de 8 octobre 2008 modifiant le Code de sociétés :

Le rapport du réviseur d’entreprise n’est pas requis lorsque l’actif apporté dans la société bénéficie d’une référence claire
pour son évaluation :

-      Si l’apport consiste en des valeurs mobilières du marché monétaire et que leur évaluation consiste pour l’apport à la
valeur moyenne qu’ils ont été négocié durant les 3 derniers mois avant l’apport
-      Si les éléments d’actifs ont été évalués pour un réviseur au cours des six derniers mois précédent l’apport et
conformément aux règles d’évaluation reconnus (les « international valuation standards » et les « international
private equity and venture capital guidelines »)
-      Si les éléments d’actifs sont évaluer à la valeur qui se trouve dans les derniers comptes annuels de l’apporteur et qui
auront été contrôlés par le commissaire aux comptes et que son rapport ne contienne aucune réserve.

Responsabilités:

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- Si la valeur de l'apport en nature est inexistante ou négligeable, le capital n'est pas intégralement souscrit à concurrence
de la valeur attribuée au bien. Les fondateurs seront alors tenus solidairement envers les intéressés de la partie du K
n'ayant pas été valablement souscrite et en sont de plein droit réputés souscripteurs.
- Si l'apport en nature a été manifestement surévalué, les fondateurs seront tenus solidairement envers les intéressés de la
réparation du préjudice qui est une suite immédiate et directe de la surévalution.

Quasi-apport: Avant 84, une façon de contourner l'obligation de faire appel à un réviseur d'entreprise était de vendre le
bien à la société dont l'apport était initialement envisagé et de procéder ensuite à un apport en numéraire de la somme
résultant de la vente. Actuellement, contrôle des "quasi-apports" si la société envisage d'acquérir un bien appartenant à un
comparant de l'acte constitutif, un administrateur ou un actionnaire, si les conditions suivantes sont remplies:
- contre-valeur du bien dont l'achat est envisagé est au moins égale à un dixième du K souscrit; et
- l'acquisition du bien a lieu dans un délai de deux ans à compter de la constitution de la société
Alors: rapport d'un réviseur, rapport spécial du CA ainsi qu'une autorisation de l'AG.
Références:
http://www.droitbelge.be/fiches_detail.asp?idcat=32&id=261 + LLSMG2057 cours 2, Partie II

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5. Quels sont les organes de la SA  ? Pourquoi parle-t-on d’ « organes » ? Expliquez la notion d’équilibre entre les
organes.

Par définition, une société est constituée par un contrat au terme duquel 2 ou plusieurs personnes mettent quelque chose
en commun pour exercer une activité déterminée, dans le but de générer des bénéfices patrimoniaux. Cette définition a
évolué au fil des temps, pour donner, naissance à la notion de personnalité juridique (ou « morale »), par analogie à une
personne physique (être humain). D’un point de vue juridique, le traitement des personnes morales se réfère au traitement
des personnes physiques. Cette personne morale n’ayant pas de cœur stricto sensu, elle agit par l’intermédiaire de ses
organes (par analogie au corps humain). Ces organes ont des fonctions définies par la loi.

Les fonctions des organes sont :

-     Organe de délibération : Assemblée générale = Parlement (tous les pouvoirs)


-    Organes de gestion : Conseil d’administration, le président du conseil d’administration, le comité de direction,
délégué à la gestion journalière / administrateur délégué
(SPRL : Gérant/collège de gérants)
= Gouvernement (le roi n'a que les pouvoirs limitativement énumérés par la loi)
-     Organes de représentation (externe) : conseil d’administration/gérant, comité de direction, délégué à la gestion
journalière
-     Organe de contrôle : commissaire
-      Organe de liquidation : liquidateur

Ces organes peuvent être individuels ou collectifs. Les actes des organes de la société sont les actes de la personne morale
et non les actes d’un mandataire. L’organe engage la personne morale et non lui-même.

L’Assemblée Générale : dispose de compétences très importantes mais qui sont limitativement énumérées par la loi:
-    Approuver les comptes annuels, nommer et révoquer les administrateurs ou gérants ;
-    Décider du dividende à distribuer, procéder aux modifications des statuts ;
- Décider la rémunération des administrateurs ;
-    Augmenter, réduire le capital ;
-    Dissoudre la société

L’AG est convoquée par le CA. Si les détenteurs d’au moins 20% du capital le demandent, le CA doit convoquer une AG dans
les 3 semaines (sinon sanctions pénales) avec l’ordre du jour demandé. Pour les sociétés côtées, les actionnaires détenant
au min. 3% du capital ont le pouvoir d'intervention: droit d'ajouter des points à l'ordre du jour.

Le Conseil d’Administration : C’est une personne physique ou morale (via un représentant de la personne morale
permanant désigné), qui a les pouvoirs de gestion des affaires les plus étendus. Au minimum 3 administrateurs, sauf si il n’y
a que 2 actionnaires. Min. 1/3 de femmes dans le CA. Les statuts peuvent prévoir que le conseil d'administration sera
composé de plus de 3 adm. et en fixer un nombre minimal. Les statuts peuvent aussi , bien que cela soit plus rare, fixer un
nombre maximim.
Mandat d’un administrateur = max. 6 ans, reconductibles Ad Vitam Eternam. Un administrateur ne peut exercer sa fonction
dans un lien de contrat de travail.
Les administrateurs sont toujours nommés par l'AG et élu à la majorité simple (51% des voix). La nomination d'un
administrateur suppose que ce point soit mis à l'ordre du jour de l'AG.

Pouvoirs du CA :
-     Pouvoir de gestion : plénitude des pouvoirs. Le CA a le pouvoir d'accomplir tous les actes nécessaires ou utiles à la
réalisation de l'objet social de la société, à l'exception de ceux que la loi réserve à l'AG. Le CA peut vendre, acheter,
emprunter, mettre en gage, donner des garanties, « déposer le bilan », si la société est en état de faillite.
Les pouvoirs de gestion peuvent être répartis (finances, commercial, etc.)
Il peut y avoir des limitations qualitatives (effectuer la vente d'un immeuble) ou quantitatives (interdiction de
conclure des contrats impliquant la prise d'engagements supérieurs à 55K) imposées par l'AG.

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Un comité consultatif est autorisé (rémunération, audit, nomination, etc.).

-    Pouvoir de représentation : exécution des décisions vis-à-vis des tiers. Le CA représente la personne morale à l’égard
des tiers et en justice.
o   La représentation peut être déléguée à un ou plusieurs administrateurs (pour éviter la lourdeur de devoir
faire se déplacer tous les administrateurs chez le notaire ou banque). Cela doit être prévu aux statuts.

Le Délégué à la Gestion Journalière : Désigné (et révoqué) par le CA, peut être administrateur ou non, rémunéré ou non,
salarié ou non. Il peut poser des actes qui, en raison de leur peu d’importance ou de la nécessité d’une prompte réaction,
ne justifie pas la tenue d’un CA.

Le Comité de Direction : C’est un organe (non obligatoire, sauf pour les banques, les entreprises d'investissemen et les
entreprises publiques) au même titre que le CA dans les sociétés qui ont établi un comité de direction. Depuis 2002, la loi
belge reconnait le comité de direction comme un organe au même titre que le CA. Système dualiste. Son institution doit
être reprise dans les statuts de la société, actant le fait que la gestion de la société lui soit déléguée.
En pratique : peu de société ont un CODIR acté dans les statuts ; les CODIRs ont souvent un rôle purement consultatif et
sont appelés « Comité exécutif » ou « comité de management ». Le CA décide d’instaurer un CODIR ou non, et des pouvoirs
qui lui sont conférés. S’il y a CODIR, le CA accepte de lui déléguer les pouvoirs de gestion.

Sauf si les statuts le stipulent autrement, le CA ne garde alors plus que 3 compétences :
-    Politique générale de la société : Stratégie, budgets, réformes importantes structurelles, etc.
-    Ensemble des actes réservés au CA par la loi : Comptes annuels, rapport de gestion, acomptes sur dividendes,
rapports spéciaux prévus par la loi, etc.
-      Surveillance du CODIR

Le CA décide de la nécessité d’un CODIR ou non. Les conditions de nomination/révocation/durée de mandat/mode de


fonctionnement sont fixées dans les statuts, ou a défaut par le CA. Comprend 2 membres au moins, administrateurs ou non.
Personnes physiques ou morales. Peuvent être liées par un contrat de travail.

Le Président du CA : En droit Belge, pas plus de poids qu’un autre administrateur. Il n’est pas obligatoire d’en nommer un. Il
doit convoquer le CA, en fixer l’ordre du jour, présider le CA. Parfois les statuts prévoient qu’il signe les PV des conseils, qu’il
ait une voix prépondérante, qu’il préside l’AG, etc.
Le code de Gouvernance prévoit une séparation stricte entre le rôle du président et celui du CEO.

Le commissaire:
La fonction du commissaire consiste à contrôler, de manière indépendante, la situation financière, les comptes annuels et
la régularité au regard du Code de sociétés et des statuts des opérations à compter dans les comptes annuels. Rôle d'alerte
quand l'entreprise se trouve en difficulté.
La nomination d'un expert s'impose aux SA, aux SPRL et aux coopératives à responsabilités d'une certaine taille uniquement
(ce sont, par exemple, les Big 4).

Notion d’équilibre entre les organes

Le CA dispose de tous les pouvoirs dans la société pour réaliser l’objet social ; il peut acheter, vendre, emprunter, mettre en
gage, donner des garanties, déposer le bilan, …
L’AG dispose de compétences qui sont limitées par la loi : elle peut approuver le comptes annuels, nommer et révoquer les
administrateurs ou gérants, décider du dividende à distribuer, modifier les statuts, augmenter/réduire le capital, dissoudre
la société.
Ce mode de fonctionnement est inspiré d’un régime exécutif dans lequel le parlement,n’a que des pouvoirs limitativement
énuméré par la loi.

Références:
Chap. 2 : Introduction au droit des sociétés / pge 1-6

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Partie 3 : Les assemblées générales + Partie 4 : Les organes de gestion

6. Expliquez la composition et le rôle du comité de direction dans une SA.

Historique
Avant la loi du 2 août 2002, le comité de direction n’était alors qu’un simple comité consultatif au sein des nombreuses
grandes sociétés et n’était pas reconnu en tant qu’organe. Seules les banques, les entreprises d’investissement et les
entreprises publiques devaient mettre en place un comité de direction considéré comme un organe distinct.
La loi du 2 août 2002 a « légalisé », à l’article 524bis C.Soc., un mode de fonctionnement impliquant un rôle prépondérant
au comité de direction et en lui octroyant le statut d’organe, au même titre que le CA dans les sociétés qui ont établi un tel
comité.
De par cette loi, le législateur vise à répondre aux préoccupations de la gouvernance d’entreprise : celle de l’efficacité des
entreprises et d’une plus grande transparence dans la répartition des compétences et des responsabilités au niveau de
l’administration des sociétés.

Pratique
(i)         Le comité de direction tel que décrit dans le Code des Sociétés ne peut être instauré qu’au sein d’une société
anonyme (SA)
(ii)         La création d’un comité de direction est facultative et est laissée à la libre appréciation des SA.
(iii)       La mise en place d’un comité de direction nécessite une disposition statutaire habilitant le CA à déléguer ses
pouvoirs de gestion à un tel comité. Remarque : tous les comités purement consultatifs (hors du cadre de
l’article 524bis) tels que choisis par de nombreuses sociétés, sont appelés « comités exécutifs » ou « comités
de management ».
(iv)        La décision d’instaurer ce comité appartient au CA tout comme la décision de lui retirer en tout ou partie ses
pouvoir ou encore de le supprimer.
(v)        Si un comité de direction est instauré sur base de l’article 524bis C.Soc., le CA délègue ses pouvoirs de gestion,
ce qui signifie que la gestion de la société relèvera alors du comité de direction et non plus du CA.
(vi)      Les statuts peuvent aussi apporter des restrictions à cette délégation des pouvoirs de gestion au comité de
direction tout comme ces mêmes statuts peuvent conférer (avec possibilité de limitations) un pouvoir de
représentation de la société aux membres du comité de direction, seuls ou conjointement.

Nomination – Révocation – Statut

Art. 524bis. C.Soc.


 Il appartient au conseil d’administration d’instaurer un comité de direction ;
 Si un comité de direction est institué, le conseil d'administration est chargé de surveiller celui-ci ;
 Les conditions de désignation des membres du comité de direction, leur révocation, leur rémunération, la durée
de leur mission et le mode de fonctionnement, sont déterminés par les statuts ou, à défaut, par le conseil
d'administration ;
 Le comité de direction se compose de plusieurs membres, qu'ils soient administrateurs ou non ; personnes
physiques ou morales ;
 Les membres du comité de direction peuvent éventuellement exercer leurs fonctions dans les liens d’un contrat
de travail, ce qui n’est pas possible pour les administrateurs ;
 Régime de révocation ouvert (par ex. pour motifs graves) : stabilité accrue du dirigeant ;
 Régime de publicité (comme celui des administrateurs) : l’instauration d’un comité de direction est opposables
aux tiers après publication aux annexes du Moniteur belge (cfr. art. 76 C.Soc.). Remarque : les restrictions
éventuelles, de même que la répartition éventuelle des tâches que les membres du comité de direction auraient
convenus, ne sont pas opposables aux tiers, même si elles sont publiées
Pouvoirs – définition légale : délégation particulière
L’organisation du comité de direction est sensiblement plus libre que celle du conseil d’administration, les statuts ou une
décision du conseil d’administration pouvant la déterminer librement.

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RSE – Droit des Sociétés


Le comité de direction est un collège fonctionnant comme tel. Les statuts ou le conseil d'administration peuvent néanmoins
prévoir une majorité renforcée voire même l'unanimité pour les décisions à prendre par le comité de direction
(i)   Délégation large : gestion de la société après délégation des pouvoirs de gestion par le CA.
(ii)     Sauf :
·   Politique générale de la société : définition des  grands axes de la stratégie, adoption de plans ou de
budget, réformes importantes de nature structurelle, définition des relations avec les actionnaires,…
·   Actes réservés au CA en vertu d’autres dispositions de la loi (voir partie CA)
(iii)     Compétences concurrentes ou exclusives ? Aucune indication n’est donnée par l’article 524bis C.Soc. quant à savoir
si le CA dispose de la compétence d’agir ou non dans les domaines relavant de la compétence du comité de
direction. Il est donc important et utile que les statuts soient aussi précis que possible.

Ne pas confondre avec les simples comités consultatifs


L’art. 522 § 1er, alinéa 3 C.Soc., dispose que « le CA peut créer en son sein et sous sa responsabilité un ou plusieurs comités
consultatifs. Il définit leur composition et leur mission ». Ces comités ne jouissent que d’une compétence d’avis. Enfin, les
comités d’audit et de rémunération disposent de lois spécifiques quant à leur mode de fonctionnement.

Références:
 Code des Sociétés : articles 76, 524bis et 524ter
 Gestion des sociétés – Evolutions récentes (Droit Fiscalité belge)
 Cours 4 du 6 octobre 2014 – Responsabilité Sociale de l’Entreprise (LLSMG 2057)

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7. Qu’est ce que la « corporate governance » ? Quelles sont ses sources en droit belge ?
Les origines de la « corporate governance »
La corporate governance a fait sa première apparition aux USA dans les années 1970 en réaction à des scandales financiers
qui ont mené à une réflexion sur la liberté laissée aux dirigeants et sur le rôle des organes de gestion et de direction. La
responsabilité des managers devient matière à supervision de la « US Security and Exchange Commission » et des
recommandations sont publiées afin de revaloriser le pouvoir des actionnaires (afin qu’ils puissent sanctionner efficacement
les performances des dirigeants, la direction de la société devant être menée dans l’intérêt des actionnaires afin de
valoriser leurs titres).
Au Royaume-Unis, ce sont également des scandales financiers (comme l’affaire Maxwell) qui ont précipité la création d’une
commission dirigée par Cadbury qui a élaboré en 1992 un rapport définissant les “best pratices” en matière financière (rôle
et fonctionnement du C.A.)
En France, des réflexions sur l’organisation des entreprises aboutissent à la publication de 2 rapports (Viénot I et II)
respectivement en 1995 et 1999 comportant des recommandations sur notamment le fonctionnement du C.A., les
rémunérations et l’information financière.
En 1999, l’OCDE publie au niveau international des principes de  « corporate governance »
Au début des années 2000, de nouveaux scandales financiers éclatent (p.ex. la faillite d’ENRON aux US) et certains pays
envisagent une application plus contraignante de certaines règles. En 2002, le “Sarbanes Oxley Act” est publié et rend
impératives certaines règles aux sociétés émettant des valeurs mobilières sur le marché financier américain. En 2003, l’AFEP
et le MEDEF publient la première version de leur Code en France.
En Belgique, la première version du Code belge de « corporate governance » apparaît en 2004 (le code Lippens)
Définition de la « corporate governance »
A titre d’exemple, on peut citer la définition donnée par Le Code belge de « corporate governance » : « La gouvernance
d'entreprise recouvre un ensemble de règles et de comportements qui déterminent comment les sociétés sont gérées et
contrôlées. Une bonne gouvernance d'entreprise atteindra son objectif en établissant un équilibre adéquat entre le
leadership, l'esprit d'entreprise et la performance, d’une part, et le contrôle ainsi que la conformité à ces règles, d’autre
part.
 Reprenons ici quelques caractéristiques qui se dégagent de la « corporate governance », notamment au travers de
différentes définitions que l’on peut trouver:
 La « corporate governance » est un système par lequel les compagnies sont dirigées et contrôlées
 Elle concerne les relations entre les actionnaires (tant majoritaires que minoritaires) d’une entreprise, son conseil
d’administration, la direction et les autres parties prenantes (interne et externe) de l’entreprise.
 Elle permet d’activer des mécanismes de contrôle et d’équilibre afin de garantir que les décisions prises par la
société́ respectent les intérêts de chacune de ces parties intervenantes (actionnaires et autres parties prenantes).
 Elle repose essentiellement sur les principes de transparence, d’indépendance et de responsabilité.
 Elle exige une évaluation des performances, une gestion des risques potentiels et une supervision appropriée de la
conformité aux procédures et processus agréés.
 Elle vise à stimuler l’adoption de comportements responsables au sein des sociétés.
 Elle vise à identifier et diffuser les bonnes pratiques de gouvernance.
 Une bonne gouvernance contribue à un développement économique durable en améliorant les performances et
l’accès au aux capitaux.

La « corporate governance » en Belgique et les sources du droite belge


Textes législatifs :

Des dispositions s’inspirant de la théorie de la gouvernance d’entreprise ont été insérées à partir des années 80 dans la
législation s’appliquant aux sociétés commerciales (ex : incrimination pénale de l’abus de biens sociaux). Elles ont été
renforcées par la loi de corporate governance" du 2 aout 2002  (appelée "Loi modifiant le Code des sociétés et la loi du
2 mars 1989 relative à la publicité des participations importantes, dans les sociétés cotées en bourse et réglementant
les offres publiques d'acquisition").
Cette loi intègre des dispositions qui concernent notamment :
 la responsabilité des administrateurs,
 le comité de direction,
 les comités consultatifs,

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 les assemblées générales,
 le renforcement des règles d’indépendance des commissaires et
 les conflits d’intérêts.

Exemples:
 possibilité de mettre en place un nouvel organe: le Comité de direction; les Statuts peuvent autoriser le conseil
d'administration à lui léguer certains de ses pouvoirs de gestion.
 intervention d'administrateurs indépendants en cas de conflit d'intérêts dans les sociétés anonymes
 élargissement et énumération des missions incompatibles avec la fonction de commissaire

On distingue:
 Le code belge de gouvernance d'entreprise 2009 pour les sociétés cotées
 Le code Buysse pour les sociétés non cotées

Ces 2 codes largement diffusés sont des références mais n’ont pas de valeur légale.
Le code belge de gouvernance d’entreprise (sociétés cotées)

La CBFA (Commission Bancaire, Financière et des Assurances), la FEB et Euronext Bruxelles prennent l’initiative de
créer la Commission Corporate Governance qui rédige et publie en 2004 une première version du code, appelée « code
Lippens ».
Celui-ci reprend les règles de "Best Practices" pour les sociétés cotées.

En 2009, le code de gouvernance est revu afin de prendre en compte des expériences positives et négatives, les
évolutions de l'environnement réglementaire en Belgique et en Europe, ainsi que les nouvelles aspirations de la
société civile et des Stakeholders. Il donne lieu à une 2ème version: “le code belge de gouvernance des
sociétés 2009”.

Il a été rédigé en se fondant sur le droit belge existant, en particulier le Code des Sociétés et la législation financière. Ce
code de gouvernance d’entreprise est complémentaire au droit belge existant et ne peut être interprété comme
dérogeant à ce dernier. Il intègre également des recommandations internationales et européennes.

Structure et contenu:

Il 'articule autour de 9 principes qui constituent les piliers d'une bonne gouvernance d'entreprise:
1) La société adopte une structure claire de gouvernance d’entreprise
2) La société se dote d’un Conseil d’Administration effectif et efficace qui prend des décisions dans l’intérêt social
3) Tous les administrateurs font preuve d’intégrité et d’engagement
4) La société instaure une procédure rigoureuse et transparente pour la nomination et l’évaluation du Conseil
d’Administration et de ses membres
5) Le Conseil d’Administration constitue des comités spécialisés (comités de rémunération, audit, nomination)
6) La société définit une structure claire de management exécutif
7) La société rémunère les administrateurs et les managers exécutifs de manière équitable et responsable
8) La société engage avec les actionnaires et les actionnaires potentiels un dialogue basé sur la compréhension
mutuelle des objectifs et des attentes.
9) La société assure une publication adéquate de sa gouvernance d’entreprise.

A ces principes correspondent des « dispositions » qui sont des recommandations décrivant comment appliquer les
principes. Aux dispositions peuvent correspondre « des lignes de conduite » qui fournissent des conseils sur
l’interprétation et l'application des dispositions.

Le code est basé sur le principe "comply or explain": les sociétés sont autorisées à déroger aux dispositions du code de
gouvernance à condition qu’elles s’expliquent sur les raisons de cette dérogation. La flexibilité de ce principe a été
préférée à une application stricte et rigide des règles pour prendre en compte les spécificités des sociétés (leur taille,

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structure de leur actionnariat, leurs activités, leur profil de risque, leur structure de gestion).

Publication:

Depuis la loi du 6 avril 2010, les entreprises doivent introduire dans leur rapport de gestion une déclaration de
gouvernance d'entreprise qui comprend le rapport de rémunération, les explains des dispositions auxquelles elle
déroge, la description des caractéristiques du système de contrôle interne et de gestion des risques, et une description
de la composition et du mode de fonctionnement du C.A.

En plus de la déclaration de gouvernance d'entreprise, la transparence est également réalisée par la publication d'une
Charte de Gouvernance (site internet) qui décrit les principaux aspects de la gouvernance de l'entreprise (sa structure,
règlement d'ordre intérieur du C.A., ...).

Remarque:
Le code est selon des études plutôt bien suivi en Belgique. Les points les
moins suivis sont les suivants:
1) Régime extralégal relatif aux conflits d’intérêts (cette partie du code est mal rédigée et les entreprises ne
comprennent pas toujours ce qu’elles doivent appliquer)
2) Composition du comité de nomination (pas d’obligation)
3) Evaluation du conseil d’administration (s’ “auto-évaluer” n’est pas évident)
4) Le taux individuel de présence des administrateurs au C.A.
Le code Buysse (sociétés non cotées)

Le code Buysse adresse des recommandations à l’attention des entreprises non cotées en Bourse. Une première
version a été publiée en 2005 et une mise à jour a été effectuée en 2009 (Code Buysse II)

La bonne gouvernance dans les sociétés non cotées est également quelque chose d'important car elle contribue à
donner une image professionnelle aux yeux des parties concernées (banques, monde financier, syndicats, institutions
publiques), elle peut contribuer à augmenter la rentabilité et être un atout sur le marché de recrutement.
L'objectif le plus important de la coporate gouvernance est la création de valeur à long terme.

Afin de parvenir à une interaction optimale entre l'actionnaire, l'entreprise, ses collaborateurs et les autres personnes
intéressées, il se recommande de définir clairement la vision et la mission de l'entreprise.

Toutefois, les sociétés non cotées peuvent avoir des tailles qui diffèrent considérablement et la mise en place d’une
corporate gouvernance devra tenir compte du degré de développement de la société. Les règles de bonne gouvernance
à appliquer lorsque la taille est faible ne sont pas les mêmes que lorsque la société se développe (il peut alors y avoir
besoin de mettre en place un conseil d'avis destiné à épauler la gestion, d’optimaliser le fonctionnement du conseil
d'administration ou, si la société croit encore, d’aller vers un développement plus poussé des autre organes).

Ce code qui est plus vague que celui des sociétés cotées, reprend notamment des recommandations concernant:
- la mise en place d'un conseil d'avis
- le rôle, la mission, le fonctionnement, la rémunération, l'évaluation et la  composition du conseil d’administration
- le rôle, la mission, la nomination, l’évaluation et la rémunération du senior management
- l'engagement des actionnaires (rôle, implication, stimulation, convention d'actionnaire)
- le contrôle et la gestion des risques (politique de gestion des risques, contrôle interne, audit interne, audit externe)
- des aspects spécifiques aux entreprises familiales et des recommandations de base pour une bonne gestion
d’entreprise (charte familiale, succession, résolution de conflits,...)
- la publicité (suivant la taille, la structure de l'actionnariat, ... il peut être indiqué de définir dans une déclaration de
corporate governance les rôles du C.A., du management et des actionnaires. L’entreprise peut reprendre cette
déclaration dans un rapport annuel si elle doit en publier un).

 Contrairement aux sociétés cotées, l'entreprise non cotée décide elle-même si elle compte suivre ou non les
recommandations de code, et du degré de transparence à cet égard.

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 Tout comme dans le cas des sociétés cotées, le code est complémentaire au droit belge existant et ne peut être
interprété comme dérogeant à ce dernier.

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8. Citez deux différences fondamentales entre une S.A. et une A.S.B.L.
L’association sans but lucratif (ASBL) réunit au minimum 3 personnes dans le but de réaliser un objectif non lucratif.
Contrairement à la société commerciale, l’ASBL :

 ne requiert pas de capital minimum (contre 61. 500 euros pour une S.A.)
 ne peut rechercher ni son propre enrichissement ni celui de ses membres
 ne peut poursuivre un objectif d’enrichissement mais peut poursuivre une activité lucrative à condition
o (i) qu’elle soit accessoire à son activité principale
o (ii) qu’elle soit un moyen nécessaire à la réalisation du but désintéressé de l’association
 ne peut distribuer de bénéfices à ses membres.
Références:
Cours 2 – Intro au doit des sociétés p 6-7.
http://www.belgium.be/fr/economie/entreprise/creation/types_de_societe/ASBL/

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9. Quels sont les principaux droits d’un actionnaire vis-à-vis de la société  ?
2 TYPES DE DROITS :
 Droits financiers :
- Les droits financiers sont, pour l'essentiel, les droits sur les bénéfices éventuels et, en cas de liquidation, le droit au
remboursement de sa mise de départ initiale et un droit sur sa quotepart du boni de liquidation. Tout actionnaire a droit à
une partie du bénéfice. une clause qui priverait un actionnaire de toute participation au bénéfices est "réputée non écrite",
c'est ce qu'on appelle une clause léonine. (si privation : « clause léonine » ; si privation totale : « clause réputée non écrite
»).
Cependant, la non proportionnalité est acceptée tant que la participation aux bénéfices est significative.
- Droit de participation, par préférence, en proportion à sa part de souscription, à l’augmentation de capital.
 Droits politiques (sociaux):
Droit de participer à la vie sociale de la société : forcer la convocation de l’AG ; poser des questions, obtenir des infos
économiques et financières ; participer à l’AG (vote).

POINTS D’ATTENTION
 Valable pour les actions, obligations, parts bénéficiaires
 Aménagements possibles : actions sans droit de vote, ou autre convention de vote

MATERIALISATION DES DROITS PAR DES TITRES :


 Action nominative dans le registre (SA:« actions nominatives » ; SPRL:«parts »)
 Action dématérialisée (chez Banquier ou Société de Bourse)

DETAIL BONUS : EVOLUTION


 14/12/2005 : suppression des titres au porteur

Code des sociétés : art. 32 : « La convention qui donnerait à l’un des associés la totalité des bénéfices est nulle. Il en est de
même de la situation qui affranchirait de toute contribution aux pertes, les sommes ou effets mis dans le fonds de la société
par un ou plusieurs associés. »

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10. Qu’est-ce qu’une clause léonine ? Qu’est-ce qu’un « portage » d’actions ?

Qu’est-ce qu’une clause léonine ?


Une clause léonine est une clause qui donnerait  à l’un des associés la totalité des bénéfices ou encore qui affranchirait de
toute contribution aux pertes, les sommes ou effets mis dans le fonds de la société par un ou plusieurs associés.

Le terme « léonin » signifie en l'espèce la clause par laquelle on se réserve la "part du lion", en référence notamment à une
fable de Phèdre reprise par La Fontaine : 4 animaux, la génisse, la chèvre, la brebis et le lion décidèrent de se mettre en
société et de mettre en commun les gains et les pertes du produit de la chasse. Dans les pièges de la chèvre se trouva pris
un cerf. Le lion arriva et dit : nous sommes 4, il prit le premier quart en tant que Sire car il est lion et en ce titre il est le roi
des animaux, il prit le deuxième quart selon la loi du plus fort, le troisième quart dit-il lui revient également car  il est le plus
vaillant et si quelqu’un touche à la dernière part il l’égorgera.

Les clauses léonines ne sont pas acceptable en société car ce serait contraire en principe même de l’affectio societatis qui
sous-entend une collaboration égalitaire entre associés.

En conséquence, la convention qui donnerait à l’un des associés la totalité des bénéfices et/ou qui exonèrerait celui-ci ou
autre partie de toutes contributions aux pertes est nulle (art. 32 du C. d. S qui porte que l’interdiction de conclure des
conventions dites «léonines).

Qu’est-ce qu’un « portage


Le portage consiste en un mécanisme par lequel une personne, appelée le porteur, acquiert ou souscrit des droits sociaux
sur les indications d’un donneur d’ordre, et s’engage à les rétrocéder à un bénéficiaire qui peut être le donneur d’ordre lui-
même ou un tiers désigné par celui-ci. Autrement dit, le portage est une opération très ordinaire de prise de participation
temporaire dans une société en vue de rendre un service à autrui. Le porteur intervient avant tout en vue de rendre un
service au donneur d’ordre, service pour lequel il doit être rémunéré.

Le caractère essentiellement temporaire de la prise de participation du porteur s’explique lorsque l’on a dit que le porteur
n’intervient que pour rendre service au donneur d’ordre. Il n’a pas vocation à demeurer dans la société et, une fois sa
mission accomplie, il rétrocède les titres portés à un bénéficiaire, dans des conditions fixées dès l’origine : il sait combien de
temps il va demeurer actionnaire, pour quel prix il revendra la participation portée et à quel bénéficiaire. C’est un
actionnaire de passage.

Enfin, s’il perçoit une rémunération pour le service qu’il rend, le porteur est privé de tout autre avantage attaché à la qualité
d’associé. C’est vrai en ce qu’il renonce à exercer toute prérogative politique au sein de la société, ce l’est également en ce
qu’il renonce à percevoir la part de bénéfice à laquelle il devrait normalement pouvoir prétendre. En définitive, le porteur
est un actionnaire inerte, un véritable « sleeping partner » dépourvu de tout « affectio societatis » qui ne s’intéresse pas
aux affaires sociales.

Références:
Cours: PARTIE IX – Conventions entre actionnaires – chapitre II, section 1.4
Slides : les conventions d’actionnaires, slide 18 + Internet : Wikipédia +
http://www.tomamico.com/wp-content/uploads/2006/05/Les%20conventions%20de%20portage.pdf

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RSE – Droit des Sociétés


11. Quelles sont les différentes formes d’actions ? Comment circulent-elles ?

Rappel sur les actions : l’action est un instrument financier qui représente une part du capital de la société et donne
certains droits à son détenteur par rapport à la société.

1.  Formes des titres

Les droits des actionnaires sont représentés par des titres.


Les actions sont des titres particuliers qui peuvent prendre plusieurs formes:
·       L’action nominative
o Consiste dans l’inscription, au nom de l’actionnaire, dans le registre
des actions nominatives (SA) ou dans le registre des parts (SPRL).
o La cession des actions implique une inscription dans le registre.
o Si tous les titres sont nominatifs, il y a moyen de connaître tous leurs propriétaires. Dès lors, les convocations
pour une assemblée générale peuvent être adressées par lettre recommandée à la poste
o En matière de SPRL, seuls les titres nominatifs sont admis. Par défaut c’est nominatif dans une société SA. Il
est cependant possible de préciser dans les statuts si les actions sont dématérialisées.
o  Si l’action n’est que partiellement libérée, elle ne peut avoir qu’une forme nominative
·        L’action dématérialisée
o  4 acteurs : la société émettrice, l’organisme de liquidation, le teneur de comptes et le  propriétaire ou
détenteur des titres.  
o  Consiste en une inscription en compte auprès d’un teneur de compte agréé (par exemple une banque) : le
souscripteur reçoit en rémunération de son apport son titre dématérialisé sous forme d’une inscription en
compte à son nom auprès du teneur de compte agréé.
o  Il y a une inscription globale pour le teneur de compte dans le registre  de la société.
o  La convocation à une AG se fait quinze jours (30 pour soc. côtées) avant  par publication au Moniteur Belge
et dans une organe de presse national(ou accessible niv. européen si soc. côtée) puisque les noms des
actionnaires ne sont plus connus de la société.
o  Le teneur de compte réalise le service des titres avant une AG. Il “bloque” les titres et fournit les
attestations nécessaires pour que les actionnaires puissent se rendre à l’AG et prouver qu’ils détiennent
bien leurs actions.

Dans SA : si actions dématérialisées et nominatives alors convocation par simple lettre + publication.  
  
·        Le titre au porteur
Notamment pour des raisons de lutte contre le blanchissement d’argent, décision de supprimer les actions au porteur a été
prise le 14/12/2005.
Depuis le 1er janvier 2008, il n’est plus permis d’émettre de nouveaux titres au porteur en Belgique.
Du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2013, les détenteurs de titre au porteur ont dû demander à l'emetteur la conversion de
leur titre sous forme nomintave ou, si les statuts le permettaient, sous forme dématérialisée.
Du 1er janvier 14 au 31 décembre 14, les titres dont la conversion n'a pas été demandée sont suspendus jusqu'à ce que le
titulaire demande la conversation.
A partir du premier janvier 2015, les titres au porteur qui n’auront pas été convertis seront mis en vente par l’émetteur. A partir
de novembre 15, les titres non vendus seront déposés par l'émetteur à la Caisse des dépôts en consignations.
A partir de janvier 16, les titulaires des titres qui demandent leur restitution de ceux-ci ou le fruit de leur vente, paieront une
amende de 10% par an. Le montant de l'amende correspond à ce qu'en 2025, le montant cumulé prive de son bien le
titulaire.

2.   Comment les actions circulent-elles ?


2.1 Transfert d’actions nominatives et transfert d’actions dématérialisées

·      Transfert de propriété d’une action nominative

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Le vendeur et l’acquéreur se rende au siège de la société et font procéder à une nouvelle inscription dans
les registres des actionnaires.

·      Transfert de propriété d’une action dématérialisée  


S’effectue du compte du vendeur au compte de l’acquéreur auprès du teneur de comptes. Le transfert
correspond à une action comptable et c’est donc une instruction comptable chez le teneur de compte qui
témoigne de la propriété des titres pour un actionnaire donné.

2.2  Restrictions et considérations sur la circulation des actions(complément d’info)


Dans une SPRL :
Aucune cession ne peut intervenir sans l'accord de la moitié des actionnaires qui possède ensemble
au moins 3/4 du capital.
C'est ce que l'on appelle l'agrément des nouveaux associés.
Dans une SA:
La règle générale est la liberté de cession d'action sans accord des autres actionnaires
Toutefois cette règle peut être contredite par
o      les statuts qui imposeraient une procédure particulière
o      une convention  entre actionnaires
Des restrictions relatives au transfert d’actions sont prévues par le code des sociétés : clause d’inéliabilité , clause
d’agrément, Clause de préemption
Des mécanismes non repris dans le code des sociétés existent également (ne constituent pas des limites à la
cessibilité des actions) : clauses de sortie commune, option de vente (put), option d’achat (call)

Remarques :
·       Ces différentes catégories de titres sont organisées par le code des sociétés.
·       Les statuts peuvent spécifier la forme des titres (pour rappel, dans le cas d’une SPRL, les titres sont   d’office nominatifs). Par
défaut, dans une S.A., les titres sont nominatifs.
·       Ces formes de titres existent aussi pour les obligations et les parts bénéficiaires.
Références :
o   LSMG_2057_Cours_2-titres
          o        LSMG_2057_Cours_7_Conventions_entre_actionnaires ch II page 5
o   Cours partie III  sur les AG
o   Cours partie VI   sur le capital
·          http://www.notaire.be/societes/titres-de-la-societe/nature-des-titres-
·          http://www.notaire.be/societes/assemblees-generales-/convocations-aux-assemblees-generales
·          http://www.droitbelge.be/fiches_detail.asp?idcat=32&id=381

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12. Quelles sont les principales différences entre une action, une part bénéficiaire, une obligation  ?

Définition d’une obligation :


Titre de créance assorti d’un intérêt généralement fixe. C’est un titre peu spéculatif, dans la mesure où l’émetteur est solide
et où l’obligation à l’échéance au montant nominal (prédéfinit). C’est une valeur mobilière constituant un titre de créance
représentatif d’un emprunt, il donne droit à des rendements obligataires. Comme l’obligation est cessible, elle peut donc
faire l’objet d’une cotation sur une bourse ou sur un marché secondaire.
Il existe plusieurs types d’obligations : Obligation ordinaire (titre qui représente un prêt à la société défini par art. 483 C.
Soc.), les obligations convertibles (idem, mais des actions sont émises en remboursement du prêt, art. 489 C.soc.), les
obligations convertibles avec Warrant (un warrant est un produit financier à effet levier qui permet à l’investisseur
d’amplifier les variations d’un actif à la hausse comme à la baisse tout en étant sensible à la volatilité et à la valeur temps),
c’est une double possibilité d’accéder au capital. Il y a les Warrants secs (passe par un droit de souscription, concerne art.
496 C. Soc.).
Définition d’une action :
C’est un titre qui représente une part dans le capital de la société. Son détendeur a droit à un revenu appelé dividende, qui
constitue une part du bénéfice de la société distribué aux actionnaires. Le montant des dividendes est fixé par l’AG
(Assemblée Générale) au vu des comptes de l’année. L’action n’est pas remboursée sauf s’il y a dissolution de la société. La
seule façon de s’en débarrasser est de la vendre, cela n’est relativement aisé que lorsque la société est cotée en bourse.
En général, une action donne droit à un droit de vote lors de l’AG. Il existe des actions sans droit de vote (art. 480 et
suivant), celle-ci ne peuvent pas être émises pour plus d’1/3 du capital et n'ont pas de succès en Belgique.
Définition d’une part bénéficiaire :
Part des fondateurs, elle ne représente pas le capital, ses droits sont variables et définis par les statuts (par exemple :
apport en travail), il ne possède pas une part en capital, mais il a des droits vis-à-vis de la société. Le droit de vote des parts
bénéficiaires est plafonné à la moitié des droits de vote des actions en capital (art. 542 du code des soc.).
Les principales différences sont donc regroupées sous :
-      l’implication, ou non du capital dans la part souscrite.
-      La possibilité de l’acquisition du titre ou de la part (achat, part « de droit »)
-      Le droit de vote lié à la part, ou pas (obligation)
-      La rémunération accordée à cette part (ou pas en ce qui concerne la part bénéficiaire)
-      Le lien qu’il y a entre l’acquisition et l’implication dans l’entreprise (obligation : emprunt, action : part dans le capital, part
bénéficiaire : apport en travail).
-      Les différents articles du code des sociétés qui régissent ces titres (ils ne sont pas soumis aux mêmes articles du code).
-      La « volatilité » du titre et la prise de risque (risqué pour les actions, prise limitée pour les obligations, pas de risque
financier « direct » pour une part bénéficiaire)
Le type de statuts qui régit la société (pour les actions et la part bénéficiaire).

Références:
Chapitre 2 de la partie 1 : introduction et notion de base, cours donné le 22/09/2014, page 3. Définition d’obligation :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Obligation_(finance). Partie 2, chapitre 2, point 2 catégories de titres, page 4. Définition de
warrant http://fr.wikipedia.org/wiki/Warrant_(finance) .

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13. Comment et par qui une assemblée générale est-elle convoquée ?

Ceci est réglementé par le Code des sociétés (articles 532 à 560).

Par qui l'A.G. est-elle convoquée?

C'est le conseil d'administration (C.A.), en tant qu'organe collégial, et le commissaire qui peuvent décider de, ou dans
certains cas doivent, convoquer l'assemblée générale (A.G.) (art. 532 C. Soc.).

Pour obliger le C.A. de convoquer une A.G., le(s) actionnaire(s) ou le(s) associé(s) doit(vent) détenir minimum 20% du
capital.
Rem.: Un nouveau système plus contraignant s'applique pour les sociétés cotées, dans lesquelles les actionnaires ont plus
de pouvoir d'intervention: droit d'ajouter des points à l'ordre du jour pour tout actionnaire détenant 3% - art. 533ter C.
Soc.).
    * Lorsque la demande leur en est faite, les administrateurs doivent convoquer l'A.G. dans un délai
       de 3 semaines. Cette obligation est assortie de sanctions pénales (art. 647, 1°, C. Soc.) -> il faut  
       être  attentif à s'exécuter promptement.
   *   Le C.A. n'a pas à se prononcer sur l'opportunité de convoquer ou non. Lorsque la requête lui en
       est faite, il doit convoquer avec l'ordre du jour indiqué par les personnes qui requièrent cette      
       convocation.

Comment l'A.G. est-elle convoquée?

a) Rédiger une convocation officielle. (art. 268 C. Soc pour SPRL; art. 533 C. Soc pour SA).
b) Indiquer dans cette convocation un ordre du jour clair avec l'indication des sujets à traiter.

a) Convocation
a.1) SPRL: - "à l'ancienne", càd par lettre recommandée adressée aux associés 15 jours avant l'A.G.
                   - par fax ou par courriel (si approuvé par associés) adressé aux associés 15 jours avant
                     l'A.G.
a.2) SA avec actions dématérialisées (càd titres de sociétés cotées où les détenteurs des titres n'apparaissent pas dans le
registre des sociétés):
- convocation 15 jours avant l'A.G. par la publication au Moniteur Belge ET par une publication dans un organe de presse
national. (rem.: Pour l'A.G. ordinaire, la publication se fait seulement dans le Moniteur Belge).
- pour les sociétés cotées, le délai est porté de 15 jours à 30 jours ET une publication doit également avoir lieu dans un
média accessible dans l'ensemble de l'espace économique européen.

a.3) SA avec actions nominatives (càd où les propriétaires sont inscrits dans le registre des sociétés):
2 sous-hypothèses:
- toutes les actions sont nominatives: convocation par lettre recommandée 15 jours avant l'A.G. (ou par fax ou courriel si
approuvé par les actionnaires) -> similaire à SPRL.
- il existe des actions dématérialisées et nominatives: les actionnaires nominatifs reçoivent une simple "lettre missive", en
plus de l'information par publication.

b) Ordre du jour
- L'ordre du jour informé dans la convocation doit être clair, car c'est sur cette base que l'actionnaire décidera de participer
ou non à l'assemblée et qu'éventuellement il préparera ses questions.

- Cet ordre du jour variera en fonction du type d'A.G. (ordinaire / extraordinaire / spéciale).
Autres éléments autour de cette question:

Qui est convoqué à l'A.G.?


- Tous les actionnaires.

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- Chaque administrateur.
- Commissaire. Rem.: en général, il y a un/des commissaire(s) seulement dans les grosses sociétés / il n'a pas le droit de vote
parce qu'il n'est pas actionnaire / c'est celui qui comprend les comptes et qui peut les expliquer.
- Porteurs de titres (lorsque société a émis des obligations, des droits de souscription ou a participé à l'émission de
certificats). (art. 537 C. Soc.)

Comment se déroule l'A.G.?


- Formalités préalables:
Tout actionnaire peut en principe participer à l'A.G. Les statuts prévoient parfois des conditions spéciales telles que
l'obligation de faire part de sa participation à l'A.G. au moins 8 jours avant la     date de l'A.G.
Un actionnaire peut toujours se faire représenter par un mandataire à l'A.G. (art. 547 C. Soc.).
Les statuts prévoient souvent, surtout dans les petites sociétés, que seuls un autre associé peut représenter un associé
absent (dans grande société -> procuration).
Un mandat peut être "en blanc" (càd sans précision de l'identité du mandataire et de l'orientation du vote).
Un mandat peut être révocable (càd mandant peut mettre peut mettre fin à ce mandat à tout moment) ou irrévocable.
  * pour les sociétés cotées, l'actionnaire peut se faire enregistrer avec le nombre d'actions qu'il
    détient à ce moment ("record date") quelques jours avant l'A.G. (entre 15 et 5 jours avant). Il  
    votera donc pour le nombre de titres qu'il détenait au moment de cet enregistrement quel que soit   
    le nombre de titres qu'il détient encore effectivement au moment de l'A.G. (art. 536, §2, C. Soc.).
- Liste des présences et constitution du bureau:
  * une liste de présence est établie au début de l'A.G. (identification des actionnaires, nombre  
    d'actions qu'ils détiennent et pouvoir votal de chacun).
  * l'A.G. débute toujours, conformément aux statuts, par la constitution du "bureau" constitué d'un
    président, d'un secrétaire et d'un pu plusieurs "scrutateurs", s'il y a de nombreux actionnaires
    présents.
  * Le président dirige l'A.G.. Il donne et reprend la parole. Il expulse les perturbateurs (si
    perturbateur est un actionnaire, il faut procéder à un vote). Il soumet au vote de l'A.G. l'admission
    de tiers (huissiers de justice, avocats, journalistes etc.).
  * Le secrétaire rédige le procès verbal (P.V.).
  * Les scrutateurs vérifient la liste des présences et décomptent les actions et les voix émises en
     assemblée.
  * Les membres du bureau signent généralement le P.V.

- Une action, une voix:


  * Il y a interdiction du vote plural depuis 1934 (rem.: en France, le vote plural existe) pour mettre fin
    à une pratique abusive qui consistait à créer des structures oligarchiques en conférant à certains
    actionnaires, pour le même apport en capital, des actions avec un  
    pouvoir votal totalement disproportionné par rapport à la part du capital qu'elles représentaient.

- Droit d'interpellation des actionnaires:


  * L'A.G. étant une assemblée "délibérative", elles sont l'occasion pour les administrateurs de faire
    rapport de leur gestion ou d'expliquer leurs propositions de décision.
  * Les associés sont en droit de poser des questions tant aux administrateurs qu'à l'éventuel
    commissaire de la société, pour obtenir des précisions sur les points à l'ordre du jour.
  * Les questions doivent être en relation avec l'ordre du jour.
  * La communication de données ou de faits ne doit pas être de nature à porter préjudice aux
    intérêts commerciaux de la société ou aux engagements de confidentialité souscrits par la société
    ou ses administrateurs.

- Décision unanime des associés par écrit:


  * Depuis 2002 (02/08 - "corporate governance"), possibilité de tenir les A.G. par écrit, mais:
  * seulement les décisions prises à l'unanimité (= tous les associés) peuvent être prises par écrit;
  * ne s'applique pas aux décisions qui doivent faire l'objet d'un acte authentique (exple: modification
    des statuts).
  * Cette réforme fut mise en place pour faire face aux éventuels "faux en écriture" (càd mettre par

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    écrit qu'une décision qui aurait été votée dans une assemblée "physique" alors qu'elle n'a pas eu
    lieu).

- Procès-verbal (rédigé par le secrétaire):


  * Il est signé par les membres du bureau et par les actionnaires qui en font la demande.
  * Les sociétés cotées le publie sur leur site, par mesure de transparence.
  * Il est recommandé de le terminer "séance tenante".

Autres points importants à retenir:


- C'est le Conseil d'administration qui doit "tout" faire. C'est un peu comme le pouvoir exécutif dans le système politique
belge. Il a tous les pouvoirs pour réaliser l'objet social. Il peut donc vendre, acheter, emprunter, mettre en gage, donner des
garanties, "déposer le bilan", si la société est en état de faillite etc.
- L'assemblée générale dispose de compétences très importantes mais qui sont limitativement énumérées par la loi:
approuver les comptes annuels, nommer et révoquer les administrateurs ou gérants, décider du dividende à distribuer,
procéder aux modifications des statuts, augmenter, réduire le capital, dissoudre la société.
- Le C.A. doit toujours agir dans l'intérêt de la société.
- L'actionnaire ne peut que voter "pour" ou "contre".
Références:
- Chapitre du cours "Partie III - Assemblées générales" (fichier
"LSMG2057_Cours_3_Assemblees_generales_20140929.PDF").
- Cas "L'arrêt FORTIS du 12 décembre 2008" (fichiers "LSMG2057_Cours3_Annexe_3-1_Fortis_cour_appel_Bxl-12-
decembre_2008_extraits.PDF" et "LSMG2057_Cours3_annexe_3-2_circulaire_Fortis_2008-12.PDF"). (*)
- Cas "SPRL Tafna" (fichier "LSMG2057_Cours3_Annexe_3-3_Comm_Brux_18_mai_1990_Vente_fonds_de_commerce.PDF").
(**)

(*) La décision de scission a été prise au niveau du C.A. (pour assurer la continuité de la société et éviter la défaillance de la
banque). Selon la Cour d'Appel de Bxl, la décision n'était pas conforme à l'intérêt social de la société, au groupe et aux
actionnaires -> il aurait fallu convoquer une A.G. La Cour de Cassation a cassé cet arrêt argumentant que le C.A. a bel et bien
protégé les intérêts de la société et des associés.
(**) Cas de conflit entre 2 associés où l'un décide de vendre. Vente/Achat valable MAIS la Cour d'Appel ne comprend pas
qu'il n'y ait pas eu de discussion -> il n'existe pas d' "afectio societatis" -> décision de dissoudre la société.

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14. Les associés peuvent-ils prendre des décisions par écrit, sans réunion  ? A quelles conditions ?
Nous distinguerons ici trois cas selon la participation des convoqués en assemblée générale, en conseil d’administration ou
à toute autre réunion entre administrateurs et/ou actionnaires, au sens large du terme.

D’une manière générale, il peut y avoir décisions entre associés par écrit, sans réunion, sous certaines conditions reprises ci-
dessous.

1. Assemblée générale

Il doit y avoir décision unanime des associés par écrit.


La loi du 2 août 2002 (loi dite corporate governance) a consacré la possibilité de tenir des assemblées générales par écrit
(article 536 C. soc.). Deux limites sont posées :
1. Seules les décisions prises à l’unanimité (tous les associés) peuvent être prises par écrit.
1. Elle n’est pas autorisée pour les décisions qui doivent faire l’objet d’un acte authentique (ex. : modification des
statuts).
Cette réforme a régularisé une pratique, en fait illégale, dans certaines sociétés familiales ou dans les groupes de sociétés
dans lesquels des procès-verbaux d’assemblées « sur papier » circulaient entre les différents actionnaires concernés alors
que les associés ne s’étaient pas véritablement réunis. Ce type de pratique risquait d’être qualifié de faux en écriture
(infraction pénale). [1]

“Les statuts déterminent les formalités à remplir pour être admis à l’assemblée générale. En principe, l’assemblée générale
doit être tenue réellement, physiquement.

Cependant, il est à admis que l’assemblée générale puisse se tenir par écrit, à condition d’obtenir l’accord unanime de tous
les associés et que le principe de la délibération entre les associés soit respecté (c’est-à-dire que les intervenants doivent
pouvoir échanger leurs points de vues librement et facilement avant d’adopter la décision). Cette nouvelle méthode permet
de tenir facilement et sans trop de formalités des assemblées générales dans les groupes de sociétés, où les délibérations et
la prise de décision entre les (peu nombreux) actionnaires des filiales ne nécessitent pas ou peu de débats, compte tenu de
la structure intégrée du groupe.

Il est également possible de prévoir que les associés puissent participer à l’assemblée générale grâce à des moyens de
télécommunication. Les statuts doivent le prévoir et indiquer quels moyens de télécommunication et quelles modalités sont
à respecter, notamment pour la convocation à l’assemblée générale : la convocation doit contenir une description claire des
procédures statutaires ou établies en vertu des statuts relatives à la participation à distance. Ces procédures doivent être
accessibles pour tous sur le site internet de la société. L’identité et la qualité de l’associé doivent pouvoir être contrôlées. Il
doit pouvoir participer en temps réel aux délibérations, poser des questions et voter.” [2]

2. Conseil d’administration

Dans le cadre du fonctionnement d’un conseil d’administration s’applique le principe de collégialité. Cela signifie que les
pouvoirs des administrateurs s’exercent exclusivement en collège. Les administrateurs, pris individuellement, n’ont aucun
pouvoir (sauf dans le cadre de la délégation spéciale qui peut être octroyée par le conseil d’administration à certaines
personnes, y compris des administrateurs, qui agissent alors dans le cadre d’un contrat de mandat et non en tant
qu’organes). Ce principe est d’ordre public : les statuts ne peuvent pas y déroger. L’exercice du pouvoir du conseil
d’administration suppose donc la réunion physique de ses membres.

Des réunions par écrits peuvent se dérouler :


(i) si les statuts le prévoient,
(ii) s’il y a urgence, et
(iii) à l’unanimité. (art. 521, al. 2 C. Soc.)

Le principe mentionné ci-dessus n’est pas utilisable pour l’arrêt des comptes annuels, l’utilisation de capital autorisé ou tout
autre cas visé par les statuts. [3]

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RSE – Droit des Sociétés


Comme dans le cadre d’une assemblée générale, il faut dès lors l’unanimité pour que la décision soit prise.

3. Réunion entre les administrateurs et/ou actionnaires d’une société, au sens large

“Ceci provoque souvent des problèmes pratiques puisque les actionnaires ne sont souvent pas réunis dans le même pays où
se trouve le siège social de la société. Pareillement pour les administrateurs. Ceci n’est pas évident pour les administrateurs
non plus. Ils sont, de surcroît, obligés de délibérer aussi souvent que l’intérêt de la société l’exige.

Les alternatives, la réunion par écrit ou a délibération par les techniques modernes de communication, sont-ils permis ?

Souvent les statuts prévoient la manière dont le conseil d’administration respectivement l’assemblée générale peut se
réunir valablement. Cependant, il faut tenir compte des dispositions de la loi.

Le conseil d’administration se rassemble au lieu indiqué dans la convocation, sauf lorsque les statuts le détermine
autrement. Il est conseillé de tenir la réunion en Belgique à un endroit bien accessible. En d’autres mots, le conseil
d’administration est libre de se réunir où il veut.

Le principe de collégialité du conseil d’administration est prévu dans l’article 521 du Code des sociétés (C. Soc.). Cependant,
une telle concertation ne suppose pas que les administrateurs doivent se trouver effectivement au même endroit.
L’interaction simultanée entre tous les participants est obligatoire, par exemple par vidéo ou téléconférence. Ceci est
stimulé par le code corporate governance nommé "Code Daems". En effet, le principe 2.8 de ce code prescrite que le
conseil d’administration se réunit avec une régularité suffisante pour exercer efficacement ses obligations et stipule comme
ligne de conduite : "la société envisage d’organiser, si nécessaire, des réunions du conseil d’administration par des supports
vidéo, téléphoniques ou internet". Il est conseillé d’incorporer cette possibilité dans les statuts.

Dans des cas exceptionnels, l’article 521 § 2, C. Soc. prévoit la possibilité de prendre des décisions par écrit. Ce scenario
exige que deux conditions cumulatives soient remplies, à savoir (i) la justification par l’urgence et l’intérêt de la société, et ,
(ii) les statuts doivent autoriser explicitement les décisions par écrit dans ces cas exceptionnels. Lorsque ces conditions sont
remplies, des décisions peuvent être prises par consentement unanime des administrateurs, exprimée par écrit. Des
décisions qui ne peuvent pas être pris unanimement et par écrit, sont souvent prises à la majorité simple.

En résumant, concernant les délibérations de conseil d’administration il existe depuis longtemps un consensus que le
Conseil d'administration peut se réunir sans présence physique dans le même endroit.

Un même consensus n’existe pas encore concernant l’assemblée générale. Dans la lumière des modernisations du droit des
sociétés,  quelques initiatives sont déjà prises avec pour but de simplifier les délibérations de l’assemblée générale à
distance.

D'abord, l’article 552 C. Soc. précise que l’assemblée annuelle (qui décide sur des comptes annuels) est tenue à la commune
et au jour et l’heure comme déterminé dans les statuts. Cette disposition indique que l’assemblée a lieu physiquement.

D’ailleurs, conformément à l'article 536 C. Soc., la possibilité existe pour les actionnaires de prendre à l’unanimité, et par
écrit toutes les décisions qui relèvent du pouvoir de l’assemblée générale, à l’exception de celles qui doivent être notulées
par un acte authentique. Cet article impose différentes restrictions. La première est claire, chaque décision qui demande
l’intervention d’un notaire oblige les actionnaires de se réunir physiquement, devant un notaire. Ensuite, la notion "à
l'unanimité" n’est pas définie dans la loi et manque alors une interprétation exacte. En ce moment, il est assumé que les
décisions par écrit sont possibles lorsque toute actionnaire participe et qu’il n’y a pas de vote contre.

La loi envisage aussi que les statuts peuvent prévoir la possibilité de voter par correspondance. Le bulletin de vote doit
indiquer le sens d’un vote et la possibilité d’abstention. Dans l’avenir, il sera également possible de voter à une assemblée
générale de façon électronique.

Entre-temps, une nouvelle loi a été adoptée suite à laquelle les actionnaires pourront participer à distance aux assemblées
générales (Doc 53 421/(2010/2011, projet de loi concernant l'exercice de certains droits des actionnaires de sociétés

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RSE – Droit des Sociétés


cotées, adopté en séance par la Chambre, mais non révoqué par le Senat). Cette loi est la transposition de la directive
2007/36/EC concernant certains droits des actionnaires de sociétés cotées. Dès l'entrée en vigueur de cette loi, une
disposition statutaire pourra, en vertu de l’article 538bis nouveaux du Code Sociétés,  autoriser les actionnaires à participer
à l’assemblée générale grâce à un moyen de communication électronique mis à disposition par la société. Cela fera l’objet
d’une décision de l’assemblée générale des actionnaires qui déterminera également les modalités suivant lesquelles la
qualité d’actionnaire et l’identité de la personne désireuse de participer à l’assemblée sont contrôlées, les conditions visant
à garantir la sécurité de la communication électronique ainsi que les modalités suivant lesquelles il est constaté qu’un
actionnaire participe à l’assemblée générale grâce au moyen de communication électronique. De manière générale, on
entend laisser aux sociétés une grande liberté statutaire pour organiser ce mode de participation à l’assemblée, afin
qu’elles puissent retenir les solutions les plus adaptées à leur situation et tenir compte des évolutions technologiques en la
matière. La participation à distance à une assemblée générale est assimilée à la participation à la réunion physique. Il est
expressément stipulé que les actionnaires qui participent de cette manière à l’assemblée générale sont réputés présent à
l’endroit où se tient l’assemblée générale pour le respect des conditions de présence et de majorité. A noter que ce mode
de participation ne vient pas se substituer à l’obligation de tenir une réunion physique des actionnaires au lieu désigné par
les statuts. Les membres du bureau de l’assemblée, les administrateurs et les commissaires doivent être physiquement
présents au lieu de l’assemblée.

La philosophie derrière la Directive était claire. Elle a pour objet de favoriser et de faciliter l’exercice du droit de vote des
actionnaires  de sociétés quel que soit le lieu de résidence de l’actionnaire. L’actionnaire ne résidant pas dans le même Etat
membre que celui dont relève la société, doit pouvoir exercer son droit de vote aussi aisément qu’un résident de l’Etat
membre en question. Le droit de vote est également le moyen par excellence par lequel l’actionnaire peut exercer un
contrôle sur le fonctionnement de la société et ainsi contribuer à une gouvernance d’entreprise.

Dès que les modifications législatives entrerons en vigueur, beaucoup de sociétés, y compris les sociétés non côtées,
devront adapter leurs statuts pour faire fonctionner la société plus efficace et pratique, permettant ainsi les associés de
délibérer valablement à distance moyennant l’utilisation des techniques communicatives modernes. La législation
permettra  de tenir des assemblées à distance, même avec l'intervention d'un notaire, à un acte authentique.” [4]

Références :
[1] [LLSMG2057] Partie III - Assemblées générales, Chapitre II, Section 2.5
[2] droitbelge.be, http://www.droitbelge.be/fiches_detail.asp?idcat=32&id=291
[3] [LLSMG2057] Partie IV - Organes de gestion, Chapitre II, Section 1.7
[4] Peeters Avocats, http://www.peeters-law.be/documents/news-items/news-18.xml?lang=fr

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15. Quelle est la différence entre l’assemblée générale ordinaire et une assemblée générale extraordinaire  ?
L’assemblée générale ordinaire

 Il s’agit de l’assemblée qui se tient une fois par an, dans la commune du siège social, au jour et à l’heure indiquée
par les statuts.
 Elle doit, malgré le fait qu’elle est prévue dans les statuts, être convoquée par le conseil d’administration.
 Les formalités de convocation de l’assemblée générale ordinaire statutaire sont allégées (absence de publication
dans un organe de presse national, publication seulement au Moniteur belge).
 L’assemblée ordinaire entend le rapport de gestion (obligatoire dans les grandes sociétés – voy. art. 15 C. Soc.) et
le rapport du commissaire (lorsqu’il y en a un) puis discute des comptes annuels.
 L’assemblée générale vote sur les points suivants:
Les comptes annuels (bilan, compte de résultat et annexe, en ce compris la distribution éventuelle d’un
dividende),
 La décharge des administrateurs et du ou des commissaires, qui constitue une approbation, par l’assemblée, de
leur gestion ou de leur contrôle et dès lors une renonciation à leur faire reproche de fautes de gestion. Cette
décharge n’est valable que si les comptes annuels ne contiennent ni omission ni indication fausse dissimulant la
situation réelle de la société. La décharge fait obstacle à l’introduction postérieure par la société d’une action en
responsabilité contre les administrateurs et les commissaires (sous réserve de l’action sociale minoritaire),
éventuellement, la nomination de nouveaux administrateurs ou le renouvellement   de mandats d’administrateurs
en place.
 La loi prévoit le droit pour le conseil d’administration de proroger, séance tenante, la décision relative à
l’approbation des comptes annuels à trois semaines (article 555 C. Soc.).
Cette faculté vise à prévenir un incident du conseil d’administration qui craindrait que ses comptes ne soient pas
approuvés ou à permettre au conseil d’administration de préparer des réponses à des questions imprévues qui leur ont
été posées en assemblée
En règle, les décisions prises par l’assemblée générale ordinaire le sont à la majorité simple : 50 % des voix + 1.

Les assemblées générales extraordinaires


On qualifie d’assemblée générale extraordinaire celle qui se réunit en dehors de l’assemblée annuelle statutaire et qui doit
se prononcer sur des questions qui nécessitent une majorité qualifiée càd qui requiert un quorum particulier de présence
des associés et une majorité des votes sensu stricto correspondant à une fraction particulière des parts sociales auxquelles
sont attachés les droits de vote.
(modification des statuts, augmentation de capital, modification de l’objet social, droits attachés aux titres, fusion, par
exemple).
Les conditions de quorum et de majorité sont différentes en fonction du type de décision soumise au vote de l’assemblée
générale.

1. Modification des statuts en général


C’est à l’assemblée générale qu’il appartient, en règle de modifier les statuts.
Deux conditions qui sont posées par la loi :

 Quorum : L’assemblée ne peut valablement délibérer sur les modifications statutaires que si celles-ci ont été
mentionnées dans les convocations et si les associés titulaires de droits de vote, présents ou représentés,
représentent la moitié au moins du capital social (article 558, alinéa 2 C. Soc.).
Si cette condition fait défaut, une nouvelle convocation est nécessaire. La seconde assemblée délibèrera
valablement, quelle que soit la proportion du capital qui y sera représentée.
 Majorité : Une modification des statuts ne sera réalisée que si la proposition réunit les 3/4 des voix.

Il faut noter que les statuts de la société peuvent prévoir des conditions de quorum et de majorité plus strictes que celles
prévues par le Code des sociétés.
Toute modification des statuts doit, sous peine de nullité, faire l’objet d’un acte authentique et doit être publiée aux
Annexes du Moniteur Belge.

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RSE – Droit des Sociétés


Les Augmentations/Réductions de capital
Les décisions d’augmentation/de réduction du capital social relèvent de la compétence de l’assemblée générale
extraordinaire, délibérant aux conditions de quorum et de majorité applicables pour une modification des statuts, c'est-à-
dire que les associés doivent représenter la moitié du capital social et que la décision doit être adoptée à une majorité des
trois quarts. L’augmentation doit être faite sous la forme d’un acte authentique, donc devant notaire
Fusions et Scissions et Apport de branche d’activité
Le régime des fusion et scission, ainsi que celui de l’apport de branche d’activité, d’une SPRL est régi par les articles 671 et
suivants du Code des sociétés.
Les décisions relatives à ces opérations sont de la compétence de l’assemblée générale extraordinaire, aux conditions de
modification des statuts. Outre les conditions de convocation, rapports, etc., les associés doivent représenter la moitié du
capital social et que la décision doit être adoptée à une majorité des trois quarts.
2.    Modification de l’objet social

Il est permis de modifier l’objet de la société, moyennant certaines formalités complémentaires (rapport décrivant la
modification proposée , état de la situation active et passive ne remontant pas à plus de trois mois). L’absence de ces
rapports entraîne la nullité de la décision adoptée par l’assemblée générale.
La loi impose un quorum de 50% en actions d’une part et parts bénéficiaires éventuelles d’autre part (art. 559 C. soc.) et
une condition de majorité de 4/5 des voix au moins.

Toute modification des statuts doit, sous peine de nullité, faire l’objet d’un acte authentique et doit être publiée aux
Annexes du Moniteur Belge.

3.    Modification des droits attachés aux titres

S’il existe plusieurs catégories d’actions, l’assemblée peut modifier leurs droits respectifs (au dividende, au boni de
liquidation, à la nomination d’administrateurs…) pourvu que (art. 560 C. soc.) :
 La décision réunisse dans chaque catégorie existante les conditions de présence et de majorité requise pour une
modification des statuts (la moitié des associés de chaque catégorie d’actions doit être présente, majorité des 3/4
des membres de chaque catégorie d’actions)
Les limitations relatives au quota de vote des parts bénéficiaires (article 542 C. soc.) et des actions sans droit de vote
(article 480 C. soc.) ne s’appliquent pas.
Un rapport spécial décrivant l’objet de la modification proposée et sa justification détaillée doit être annoncé à l’ordre du
jour et annexé à la convocation. Tout associé a le droit d’obtenir gratuitement une copie du rapport quinze jours avant la
tenue de l’assemblée générale.
L’absence de ces rapports entraîne la nullité de la décision adoptée par l’assemblée générale.
Toute modification des statuts doit, sous peine de nullité, faire l’objet d’un acte authentique et doit être publiée aux
Annexes du Moniteur Belge.

4.    Réduction, par suite de pertes, de l’actif net (art. 332 C. soc. pour les S.P.R.L. et art. 633 C. Soc. pour les S.A.)

 Si la société a subi des pertes qui ont pour effet de réduire l’actif net (total de l’actif du bilan déduction faite des
dettes et provisions) à un montant inférieur à la moitié du capital social, le conseil d’administration doit réunir (pas
seulement convoquer) l’assemblée générale dans un délai de deux mois à dater du moment où il a constaté la
perte ou aurait dû la constater en vertu des dispositions légales ou statutaires.
 L’assemblée générale doit se prononcer sur la poursuite des activités de la société ou sur sa liquidation, sur la base
d’un rapport du conseil d’administration. Ce rapport contient une description des mesures de redressement
envisagées, si le conseil propose de poursuivre l’activité. L’assemblée doit pouvoir prononcer la dissolution de la
société si la proposition de continuation ne la convainc pas.
Dans les formes prescrites pour la modification des statuts (quorum ½ et majorité des ¾), l’assemblée générale
peut décider de dissoudre la société.
 Si l’actif net, par suite d’aggravation des pertes, est réduit à moins du quart du capital social, la société peut être
dissoute si elle est approuvée par des actionnaires détenant un quart des voix émises à l’assemblée.
 Si le montant d’actif net est réduit à un montant inférieur au montant minimum légal du capital social, tout
intéressé peut solliciter judiciairement la dissolution. Le tribunal peut accorder un délai de régularisation si la
société le demande.

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RSE – Droit des Sociétés


La convocation dans les délais de l’assemblée générale est importante. La loi prévoit en effet que les administrateurs sont
présumés responsables du dommage causé aux tiers du seul fait de n’avoir pas convoqué l’assemblée générale dans les
délais requis.

Que peut faire une société en pertes ? Quelles sont les mesures de redressement généralement proposées ?
Le cas le plus courant est l’augmentation de capital ou le prêt subordonné des actionnaires en faveur de la société, prêt
dont le remboursement est « subordonné » au remboursement préalable des autres créanciers. L’octroi d’un prêt
subordonné ne supprime pas les pertes ni le déficit d’actif net, mais au moins il permet d’assurer la continuité de la société
jusqu’à ce qu’elle fasse à nouveau des bénéfices. Des mesures de restructuration peuvent également être proposées, dont
le but est mettre fin à l’activité déficitaire et de reconstituer une activité bénéficiaire.

Les assemblées générales spéciales


Il s’agit par exemple du cas particulier d’une assemblée appelée à se tenir après le lancement d’une offre publique de
l’acquisition.
Seule l’assemblée générale peut prendre certaines décisions pouvant avoir une influence sur l’OPA en cours ou annoncée
(augmenter le capital, céder des actifs importants…). Il s’agit de l’assemblée générale qualifiée de « spéciale ».
Il peut s’agir aussi d’une assemblée générale convoquée en cours d’année pour recomposer le conseil d’administration (en
cas de décès ou de démission d’un de ses membres, le conseil d’administration pourrait aussi procéder à cooptation jusqu’à
la prochaine assemblée) ou pour décider de la distribution d’un dividende.
Références:
http://www.droitbelge.be/fiches_detail.asp?idcat=32&id=291
http://www.droitbelge.be/fiches_detail.asp?idcat=32&id=292
http://www.droit-fiscalite-belge.com/article61.html
PARTIE III – ASSEMBLÉES GÉNÉRALES / Chapitre III - Assemblée générale ordinaire et assemblées générales extraordinaires
et spéciales

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RSE – Droit des Sociétés


16. Est-il permis aux associés de faire des « conventions de vote » ? Si oui, à quelles conditions ?

Une convention de vote – ou un pacte de votation - porte sur l'exercice du droit de vote des actionnaires à l'assemblée
générale. Elle est définie comme un engagement par lequel les parties s’obligent par avance à voter dans un sens
déterminé, de manière convenue (ou à ne pas voter du tout).

Les objectifs d’une convention de vote sont divers mais ils ont le plus souvent pour but de partager et aménager le pouvoir
au sein de la société.
Citons par exemple :
 Assurer la stabilité du pouvoir dans une entreprise familiale,
 Renforcer le pouvoir d’un actionnaire minoritaire en lui assurant des droits plus larges que ceux auxquels il aurait
normalement droit.
Leur portée est large ; les conventions de vote peuvent concerner des mécanismes qui affectent, aménagent ou
infléchissent les principes de fonctionnement de la société. En fonction des objectifs recherchés, les conventions de vote
porteront soit sur des engagements ponctuels (une augmentation de capital par exemple) soit sur des engagements plus
étendus dans le temps.

Les conventions de vote sont utilisées depuis longtemps mais n’ont été légiférées que récemment en Belgique à travers un
arrêt de la Cour de Cassation en 1989. Leur légalité a été consacrée dans la loi 1991 et se trouve dans l’article 551 du Code
des Sociétés. Cet article reprend les mêmes conditions que l’arrêt de la Cour de Cassation, hormis la dernière qui va de soit
(voir ci-dessous). Les conventions entre associés portant sur le droit de vote à l’assemblée sont licites mais aux conditions
suivantes. Pour être valable, elles doivent être :

1. Conformes à l’intérêt de la société : cette notion est particulièrement floue et la définition de l’intérêt social fait
l’objet de nombreuses controverses. On peut malgré tout rassembler les différentes conceptions autour de deux
pôles. D’un côté les partisans d’une conception restrictive et strictement financière de l’intérêt social (création de
valeur pour l’actionnaire comme seul point de vue). De l’autre, les partisans d’une conception plus extensive – dite
entrepreneuriale – qui inclut dans l’intérêt social d’autres considération liées à la continuité de l’entreprise (prise
en compte de l’intérêt d’autres « stakeholders » que les seuls actionnaires). La configuration de l’actionnariat, la
croissance de la société, l’intérêt dont elle fait l’objet de la part d’investisseurs ou de repreneurs ainsi que la
conjecture économique rendent la substance de l’intérêt social potentiellement très volatile au cours du temps.
Ceci implique qu’un vote émis à un moment déterminé en vertu d’une convention et considéré comme licite au
moment de sa conclusion pourrait être mis en cause si l’intérêt social venait à changer au cours du temps.
2. Limitées dans le temps : l’article 551 ne prévoit que le principe de limitation, sans précision. La durée doit être
raisonnable (selon le contexte dans lequel la convention intervient, une durée de 5, 10 ou 20 ans est défendable).
3. Exemptes de fraude.

En cas de conventions contraires au Code des Sociétés, celles-ci sont frappées de nullité.

A noter que les administrateurs ne peuvent pas établir de convention de vote entre eux, et ce pour 3 raisons essentielles :
 Le conseil d’administration a un rôle délibératif,
 Les administrateurs exercent une fonction qui ne peut être exercée que dans l’intérêt de la société et nul autre,
 La responsabilité des administrateurs ne peut être couverte par une convention à laquelle ils seraient simplement
soumis.

Références:
Partie IX : Convention entre actionnaires – Chapitre III : Clauses organisant le partage du pouvoir
Partie III : Assemblées générales - Chapitre IV : Conventions de vote
http://www.droit-fiscalite-belge.com/article143.html
http://www.droitbelge.be/fiches_detail.asp?idcat=32&id=439

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RSE – Droit des Sociétés


17. Dans quel délai une action en nullité d’une décision d’assemblée générale peut-elle introduite  ?

Article 198 § 2, alinéa 3 C. soc.:


Les actions de nullité d'une décision de l'assemblée générale ne peuvent plus être intentées après l'expiration d'un délai de
six mois à compter de la date à laquelle les décisions prises sont opposables à celui qui invoque la nullité ou sont connues de
lui.

L'article 64 du code des sociétés précise:


Est frappé de nullité, la décision prise par une assemblée générale:
1° lorsque la décision prise est entachée d'une irrégularité de forme, si le demandeur prouve que cette irrégularité a pu avoir
une influence sur la décision;
2° en cas de violation des règles relatives à son fonctionnement ou en cas de délibération sur une question étrangère à
l'ordre du jour lorsqu'il y a intention frauduleuse;
3° lorsque la décision prise est entachée de tout autre excès de pouvoir ou de détournement de pouvoir;
4° lorsque des droits de vote qui sont suspendus en vertu d'une disposition légale non reprise dans le présent code, ont été
exercés et que, sans ces droits de vote illégalement exercés, les quorums de présence ou de majorité requis pour les
décisions d'assemblée générale n'aurait pas été réunis;
5° pour tout autre cause prévue dans le présent code.

Références:
Cours LSMG 2057 Partie III - Assemblées générales, dernier chapitre: Chapitre V - Contentieux

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RSE – Droit des Sociétés


18. Pour quels types de fautes un administrateur peut-il voir sa responsabilité engagée  ?

Théorie de l’organe : « Les organes et les membres des organes d’une société ne contractent aucune obligation personnelle
relative aux engagements de la société. »

CEPENDANT il existe des hypothèses fondées sur la faute personnelle dans lesquelles les admin peuvent engager leur
responsabilité individuelle :

• RESP PENALE = si violation de la loi (contavention, délit, crime) : personne morale est responsable MAIS si c’est en
raison exclusive de l’intervention d’une personne physique identifiée, celle (pers. phys.) qui a commis la faute la plus grave
peut être condamnée. Si la personne physique identifiée a commis la faute sciemment et volontairement, elle peut être
conamnée en même temps que la pers. morale responsable.

• RESP CIVILE = 5 cas :

1. Faute de gestion simple (527 C.Soc.)

-L’admin n’exerce pas son mandat correctement (négociation contrat manifestement déséquilibré, engagement d’une
personne notoirement incompétente…)
-Toute erreur n’est pas sanctionnée : marge d’erreur tolérée suivant le « contrôle marginal du juge » : qualification de « faute
» si un homme normalement qualifié ne l’aurait pas commise ex. : faire crédit sans demander de garantie…).
-Lien de causalité entre faute et dommage
-Responsabilité individuelle MAIS des fautes communes dont l’association a permis le dommage, permettent de condamner
plusieurs admin.
-La SOCIETE intente l’action via son AG pour autant qu’elle n’ait pas accordé la décharge ; les minoritaires 1% des voix)
peuvent également intenter.

2. Violation du C. Soc. ou des statuts (528 C. Soc.)

-Responsabilité solidaire à l’égard de la société ET des tiers (ex : non convocation d’une AG, établissement de comptes qui
violent le drt comptable,…)
-La société OU des tiers (cocontractants ou associés minoritaires, si dommage subi) peuvent intenter.
-Pour échapper à cette responsabilité, l’admin doit prouver n’avoir commis aucune faute et avoir informé les actionnaires à
l’AG suivant la connaissance de l’infraction.

3. Faute grave et caractérisée ayant conduit à la faillite (530 C. Soc.)

-Vise toute personne ayant détenu le pouvoir de gérer la société, qui aurait commis une faute grave et caractérisée qui
aurait contribué à la faillite.
-Condamnation possible à tout ou partie des dettes sociales = « action en comblement de passif »
-Conditions cumulatives : société déclarée en faillite ; faute « impardonnable » (grave et caractérisée) ; contribution ou
aggravation de la faillite.
-Tout créancier lésé, ou le curateur, peuvent intenter.

4. Faute aquilienne (1382 C. CIVIL)

-L’auteur d’une faute qui a causé dommage à autrui est en principe obligé de réparer celui-ci.
-Conditions : preuve de l’existence de la faute dont l’admin est l’auteur ; preuve d’un dommage ; lien de causalité entre faute
et dommage.
-Les créanciers intentent contre l’admin qui aurait violé une « obligation qui s’impose à tous » (ex : le fournisseur qui n’aurait
pas contracté avec une entreprise au bord de la faillite : le gérant est l’organe responsable vis-à-vis du tiers (créancier
fournisseur) MAIS EN PLUS, le gérant fautif peut voir sa resp engagée si sa faute est établie).

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RSE – Droit des Sociétés


5. Responsabilités spéciales en matière fiscale (Loi 20/7/2006)

-Responsabilité solidaire dans le chef des dirigeants si non paiement du Préc. Pro. et de la TVA.
-Sont visés : toute personne chargée de la gestion journalière, quiconque a détenu ce pouvoir préalablement, les dirigeants
de fait.
-On reste dans l’esprit de 1382 CC : il faut établir la faute, le dommage et le lien de causalité.
-C’est au dirigeant de prouver qu’il n’a pas commis de faute.
-Présomption de faute non applicable : en cas de non paiement pour difficultés financières, la responsabilité personnelle des
dirigeants peut être poursuivie si l’Administration estime pouvoir en établir la faute dans le chef de l’admin.
-Recevabilité de l’action à ‘encontre des dirigeants : 1 mois après l’avertissement adressé par le receveur.

Chapitre VII : Organe de gestion et responsabilités

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RSE – Droit des Sociétés


19. Quand et par qui un administrateur peut-il être poursuivi pour faute de gestion  ? Pendant combien d’années
peut-il être poursuivi (prescription) ?

La faute de gestion simple relève de l’article 527 du code des sociétés.

L’action peut être intentée par :


-      L’action fondée sur la faute de gestion simple n’appartient qu’à la société.
-      L’AG peut décider, ou pas, d’intenter une action vers l’un des (ancien) administrateurs. C’est appelé l’action sociale ou actio
mandati.
-      Les actionnaires minoritaires (ils détiennent 1% des voix ou une fraction de capital = à 1.250.000€) peuvent intenter une
action, c’est l’action sociale minoritaire, cette action est introduite au nom de la société et profite donc à celle-ci. S’il obtient
gain de cause, les frais dépensés par l’actionnaire lui seront remboursés par la société.
Condition pour intenter l’action :
-      Cette action n’est possible que si l’assemblée n’a pas (valablement) accordé la décharge.
-      C’et la même chose pour l’actionnaire minoritaire.
Cadre d’apparition de mauvaise gestion :
L’administrateur est mandaté pour gérer dans l’intérêt de la société, s’il ne le fait pas correctement, il est sanctionnable.
Exemples :
-      Négociation d’un contrat manifestement déséquilibré
-      Engagement d’une personne notoirement incompétente
-       Octroi de crédit à des personnes notoirement insolvables
-       Utilisation de bien à des fins étrangères à l’objet social
-       Divulgation d’informations confidentielles
-       Etc.
Conditions :
-      Toutes les erreurs ne sont pas sanctionnées, on admet un seuil de tolérance dans le cadre de l’exercice de la gestion. C’est le
juge qui lorsqu’il est saisi d’un reproche de faute de gestion contre un gérant ou un administrateur exercera le contrôle
marginal. Cela signifie qu’il déterminera qu’il y a faute et qu’elle est réputée importante sur base du comparatif avec un
homme normalement qualifié, prudent et diligent, placé dans les mêmes conditions qui lui, n’aurait pas fait cette erreur.
-      Pour qu’il y ait erreur, il faut un lien de causalité entre la faute commise et le dommage constaté.
-      En principe, cette responsabilité est individuelle, c’est donc l’administrateur ou le gérant qui a commis la faute qui doit
réparer le dommage. Si la faute est réputée commune, alors c’est l’ensemble des fautifs qui doivent réparer. Que ce soit
des fautes différentes qui ensemble ont commis le dommage ou que ce soit une faute commune.
Pendant combien d’années peut-on être poursuivi : le délai de prescription est de 5 ans.
N. B. Il existe d’autres responsabilités liées aux administrateurs :

a.    article 528 : Responsabilité pour violation du Code des sociétés et des statuts
b.    article 530 : Responsabilité pour faute grave et caractérisée ayant contribué à la faillite
c.     article 1382 du Code civil : Responsabilité pour fautes aquilienne
Ce ne sont pas des fautes de gestion pure, mais ce sont des fautes basées sur le même principe : ce qui entraine un
dommage doit être réparé. Ces fautes peuvent toutefois être imputables à un problème de gestion de manière générale.
a.    La violation du code des sociétés engage les administrateurs également. Ici, la responsabilité est solidaire (existe tant à
l’égard de la société qu’à l’égard des tiers). Cela arrive quand : il y a non convocation de l’assemblée annuelle,
établissement de compte qui viole le droit comptable, absence de publication d’actes qui doivent l’être, etc. C’est soit la
société soit les tiers qui peuvent intenter l’action. Pour échapper à la responsabilité solidaire de la société, l’administrateur
doit apporter la preuve individuelle qu’il n’a pas fauté, mais aussi qu’il a informé les actionnaires dès qu’il a eu connaissance
de l’infraction.
b.    La responsabilité pour faute grave porte aussi le nom d’action en comblement du passif et vise le cas de tout administrateur
ou de toute personne qui a eu le pouvoir de gérer la société. Le dirigeant peut être condamné a toute ou une partie des
dettes de la société, selon l’appréciation du juge. Cela arrive quand la société est déclarée en faillite l’actif est insuffisant
pour payer les tous les créanciers, la faute doit être impardonnable (grave et caractérisée), cette faute doit avoir contribué
à la faillite (ou l’avoir précipité). Dans le cas présent l’action est intentée par le curateur ou, depuis 2002, tout créancier
lésé. Cette action est utilisée par les curateurs quand on se rend compte du détournement de fonds ou de négligence

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RSE – Droit des Sociétés


importante de la part des dirigeants. À la fin de l’article 530, le législateur ajoute que la fraude fiscale grave et organisée est
considérée comme une faute grave.
c.     Le droit de la responsabilité du Code civil s’ajoute a celui du code des sociétés, les articles 1382 et 1383 qui visent les fautes
(par négligence ou imprudence, par action ou omission) qui ont causé du tort à autrui, précisent que l’auteur doit réparer sa
faute. Toutefois il faut qu’il y ait une preuve que l’administrateur soit l’auteur de la faute, il fat faire la preuve du dommage,
il faut qu’il y ait un lien de causalité entre la faute et le dommage. Il n’existe pas de liste limitative, cette définition se veut
relativement large. Dans le code des sociétés, toute faute de gestion n’est pas considérée comme directement aquilienne,
mais certaines le sont comme la poursuite d’une activité déficitaire sans espoir de redressement (cfr article 530), l’omission
de l’aveu de faillite dans le délai légal. Au sujet de ce dernier, l’action sera d’ailleurs naturellement intentée par les
créanciers a l’encontre des administrateurs, surtout s’il arrive à prouver que les activités ont été maintenues en dépit du
bon sens et que quelqu’un de censé n’aurait jamais fait affaire avec cette société au bord du gouffre s’il en avait eu
connaissance. Pour rappel, la faute commise par un organe d’une société engage la responsabilité directe de cette personne
morale vis-à-vis des tiers.
Dans un arrêt de la Cour de cassation le 20 juin 2005, la Cour rappelle que  la responsabilité de la société n’exclut pas la
responsabilité personnelle de l’organe, mais coexiste avec celle-ci.

Références:
Réponse argumentée selon le chapitre VII – organe de gestion – responsabilité –point 1 à   5, page 19 à 24, mais surtout
point 2, page 20. Cours donné le 06/10/14

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RSE – Droit des Sociétés


20. Quel est le rôle du « commissaire » dans une société ? Quelles sociétés doivent nommer un réviseur d’entreprise
comme commissaire ?

Le commissaire à pour rôle de contrôler la situation financière, les comptes annuels et la régularité au regard du Code des
sociétés et des statuts des opérations à compter dans les comptes annuels (article 142 C. Soc.).

Les commissaires rédigent un rapport annuel de contrôle dont le contenu est très précisément déterminé par le code et qui
inclut notamment un contrôle du rapport de gestion. (le rapport de gestion est établi par le Conseil d’administration cf.
infra)

Il s’assure que les comptes annuels donnent une image fidèle du patrimoine de la situation financière ou des résultats de
l’entreprise. Pour le contrôle de la situation financière et des comptes annuels, la mission du commissaire débouche par la
remise d’une attestation signée par le commissaire.

Au-delà du rapport annuel, le commissaire est chargé d’autres tâches :

     1 -  un rôle d’alerte à l’égard des entreprises en difficulté ;


Ce rôle peut amener le commissaire à dénoncer certains faits au président du tribunal de commerce.
La mise en route de la procédure suppose deux conditions cumulatives :
L’existence de faits graves et concordants qui pourraient compromettre la continuité de l’entreprise ;
La constatation de ces faits au cours des travaux de contrôle du commissaire.
Les faits graves et concordants sont, à titre d’exemple : protêt des lettres de change et des billets à ordre ;  jugements de
condamnation par défaut;  retards de deux trimestres à l’ONSS, à la TVA ou au précompte
professionnel ; réduction, par suite de perte, de l’actif net sur la moitié du capital social (article 633 C. soc., cfr
supra, chapitre relatif à l’assemblée générale).
2- le contrôle des comptes consolidés quand la société est responsable de leur établissement ;
3- des tâches de certification d’analyse et d’explication d’informations économiques et financières transmises au conseil
d’entreprise quand une telle instance existe ;
4- diverses missions spéciales organisées par le Code : en cas de quasi-apport, de modification de l’objet social, d’apports en
nature, de proposition de dissolution volontaire, de transformation, etc.
Quelles sociétés doivent nommer un réviseur d’entreprise comme commissaire ?
La nomination d’un ou plusieurs commissaires s’impose aux sociétés anonymes, aux SPRL et aux coopératives à responsabilité
limitée d’une certaine taille uniquement. Les petites sociétés (non cotées) n’y sont pas obligées, mais elles peuvent le faire
sur une base volontaire.
Un vote majoritaire (50% + 1 voix) suffit pour nommer un commissaire.
Le commissaire est nommé « par l'assemblée générale, parmi les réviseurs d'entreprises, inscrits au registre public de l'Institut
des Réviseurs d'Entreprises »
( Rem : S’il n’y a pas de commissaire nommé, chaque associé disposera individuellement des pouvoirs d’investigation et de
contrôle du commissaire en pouvant, s’il le souhaite, se faire assister ou représenter par un expert-comptable (art. 165 C.
soc.). )
Les petites sociétés sont définies à l’article 15 C. Soc. Il s’agit des sociétés dotées de la personnalité juridique qui, pour le dernier
exercice clôturé, ne dépassent pas plus d’une de limites suivantes :
1) nombre de travailleurs occupés en moyenne annuelle : 50
2) chiffre d’affaire annuel hors TVA : 7.300.000 EUR
3) total du bilan : 3.650.000 EUR

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RSE – Droit des Sociétés


sauf si le nombre de travailleurs occupés en moyenne annuelle dépasse 100 (alors d'office)
Les grandes sociétés doivent nommer un commissaire. Le conseil d’administration de telles sociétés est tenu, en outre, d’établir
un rapport de gestion
Le mandat du commissaire est fixé pour une durée de trois ans renouvelables. Les trois ans impliquent un contrôle de trois
exercices sociaux non clôturés à la date de nomination.
Sauf motifs graves personnels (maladie, radiation de l’IRE, etc...) le commissaire ne peut démissionner en cours de mandat que
lors d’une assemblée générale et après avoir rédigé un rapport écrit sur les raisons de sa démission.
Il faut aussi noter que les commissaires ne peuvent être révoqués en cours de mandat par l’assemblée générale que pour juste
motif.
Références:
Pages 1 à 5 PARTIE V – CONTRÔLE du cours

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RSE – Droit des Sociétés


21. Qu’est-ce que le capital d’une société commerciale ? Quel est son montant minimal selon la forme de la société  ?
Les sociétés commerciales dotées de la personnalité juridique sont :
·         Les sociétés anonymes (SA)
·         Les sociétés européennes (SE)
·         Les sociétés en commandite par actions (SCA)
·         Les sociétés privées à responsabilité limitée (SPRL)
·         Les sociétés privées à responsabilité limitée unipersonnelle (SPRLU)
·         Les sociétés coopératives à responsabilité limitée (SCRL) ou à responsabilité illimitée (SCRI)
·         Les sociétés en nom collectif (SNC)
·         Les sociétés en commandite simple (SCS)
·         Les groupements d'intérêt économique (GIE)
Les sociétés commerciales sont reprises dans le registre de Banque-carrefour des entreprises. Elles sont soumises à
l'impôt des sociétés (Isoc).

Définition : « Le capital est une notion abstraite, d’ordre juridique et comptable qui ne répond à aucun bien déterminé et
n’est que le chiffre au-dessous duquel les associés se sont interdit de ramener la valeur de l’avoir net par des distributions de
dividendes. Il s’oppose à l’avoir social, donnée concrète d’ordre économique, comprenant tous les biens que les associés ont
mis en commun avec leurs accroissements » (Cass. 24 mai 1955).

Le capital est traditionnellement considéré comme une garantie essentielle pour les tiers. il constitue la somme des apports
consentis à la société par les associés lors de sa constitution ou pendant le cours de la vie sociale.

Montant minimum : Le Code des sociétés fixe également un montant minimum “montant souscrit” de capital par type de
société :
·      SA, SCA : 61.500 EUR (art. 439 Code soc.)
·      SPRL, SCRL : 18.550 EUR (art. 214 Code soc.)
·      SPRL Starter : 1 EUR
·      Absence de capital dans les SPRL Starter, les associations et sociétés sans personnalité juridique : Les
associations n’ont pas de capital. Elles fonctionnent grâce aux cotisations et aux dons qu’elles perçoivent
et qui leur permettent d’assurer leur fonctionnement et leur pérennité. Il en résulte qu’elles peuvent
disposer de « fonds propres » sans disposer de capital au sens du droit des sociétés.
·     Absence de Capital dans les mutuelles et autres entreprises qui ne fonctionnent pas sur le modèle
capitalistique (e.a. les « vraies » coopératives)
Le véritable montant minimum du capital devrait plutôt résulter du plan financier de la société (art. 440Code soc.) : c’est
l’activité de la société et son niveau de risque qui devrait fixer la hauteur du capital plutôt que sa forme, qui n’a rien à voir
avec les besoins en capital de la société, mais plutôt avec son organisation. C’est la responsabilité des fondateurs
d’identifier ce niveau nécessaire. Ce n’est que dans le domaine des entreprises financières (e.a. établissements de crédit,
entreprises d’investissement, entreprises d’assurances) que la réglementation impose un niveau de capital proportionnel au
niveau de risque de la société.
Les sociétés commerciales sont des sociétés constituées par un contrat aux termes duquel deux ou plusieurs personnes
mettent quelque chose en commun, pour exercer une ou plusieurs activités déterminées et dans le but de procurer aux
associés un bénéfice patrimonial direct ou indirect (art. 1er du Code des Sociétés).

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RSE – Droit des Sociétés


SPRL SPRL-U SA SCRL SCRI SNC
nbre min. associés 2 1 2 3 3 2
cap. min 18550 euros 1 euro 61500 euros 18550 euros libre libre
capital qui doit être minimum 6200 euros 1 euro minimum minimum intégral il n’y a pas de capital minimal,
entière- et au moins un 61500 6200 mais les associés doivent
ment libéré cinquième par action euros et au euros apporter le montant (selon
moins un et au moins statut
quart un quart
par action par
action
apport en nature rapport du réviseur rapport du rapport du rapport pas de pas de réglementation
réviseur réviseur du réviseur réglementa- spécifique
tion spécifique

Le phénomène de démutualisation (transfert d’une mutuelle ou coopérative vers une entité capitalistique) existe, à titre
d’exemples : CERA+ KB pour devenir Banque KBC, ETHIAS et AXA (coté en bourse).

Références:
http://belgium.wikia.com/wiki/Societe_commerciale
Cours LSM2057, Chapitre 5-VI-Capital, P. 7-8
http://www.jedebute.be/preparation/forme-d-entreprise/quelle-forme-de-societe

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RSE – Droit des Sociétés


22. Que doit-il se passer lorsque l’actif net d’une société est inférieur à la moitié de son capital  ? Au quart ?
Comment calcule-t-on l’actif net ?

Que doit-il se passer lorsque l’actif net d’une société est inférieur à la moitié de son capital ?
Au quart ?

Réduction, par suite de pertes, de l’actif net (art. 332 C. soc. pour les S.P.R.L. et art. 633 C.Soc. pour les S.A.)

 Si la société a subi des pertes qui ont pour effet de réduire l’actif net à un montant inférieur à la moitié du capital
social, le conseil d’administration doit réunir (pas seulement convoquer) l’assemblée générale dans un délai de
deux mois à dater du moment où il a constaté la perte ou aurait dû la constater en vertu des dispositions légales
ou statutaires.

L’assemblée générale doit se prononcer sur la poursuite des activités de la société ou sur sa liquidation, sur la base
d’un rapport du conseil d’administration. Ce rapport contient une description des mesures de redressement
envisagées, si le conseil propose de poursuivre l’activité. L’assemblée doit pouvoir prononcer la dissolution de la
société si la proposition de continuation ne la convainc pas.

Dans les formes prescrites pour la modification des statuts (quorum ½ et majorité des ¾), l’assemblée générale
peut décider de dissoudre la société.

 Si l’actif net, par suite d’aggravation des pertes, est réduit à moins du quart du capital social, la société peut être
dissoute si elle est approuvée par des actionnaires détenant un quart des voix émises à l’assemblée.

 Si le montant d’actif net est réduit à un montant inférieur au montant minimum légal du capital social, tout
intéressé peut solliciter judiciairement la dissolution. Le tribunal peut accorder un délai de régularisation si la
société le demande.

La convocation dans les délais de l’assemblée générale est importante. La loi prévoit en effet que les administrateurs sont
présumés responsables du dommage causé aux tiers du seul fait de n’avoir pas convoqué l’assemblée générale dans les
délais requis.

Que peut faire une société en pertes ? Quelles sont les mesures de redressement
généralement proposées ?

Le cas le plus courant est l’augmentation de capital ou le prêt subordonné des actionnaires en
faveur de la société, prêt dont le remboursement est « subordonné » au remboursement préalable des autres créanciers.
L’octroi d’un prêt subordonné ne supprime pas les pertes ni le
déficit d’actif net, mais au moins il permet d’assurer la continuité de la société jusqu’à ce
qu’elle fasse à nouveau des bénéfices. Des mesures de restructuration peuvent également
être proposées, dont le but est mettre fin à l’activité déficitaire et de reconstituer une activité
bénéficiaire. (1) et (2)

Comment calcule-t-on l’actif net ?

Par actif net, il faut entendre le capital, les primes d’émission, les plus-values de réévaluation, les réserves, le bénéfice ou la
perte reportée ainsi que les subsides en capital.

L'article 617 C.Soc. le définit comme suite: Par actif net, il faut entendre le total de l'actif tel qu'il figure au bilan, déduction
faite des provisions et dettes. (3) (ce qui revient au même par l’égalité bilantaire)

Références:Partie III, Chap.III, §2.+ C.Soc. Art.332 – Art.633+ C.Soc. Art.617  

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23. Que se passe-t-il en cas de cession de parts ou d’actions non entièrement libérées  ?
Les actions et parts des sociétés anonymes peuvent, sauf dispositions contraires des statuts, être librement cédées,
transmises et même négociées. En cas de cession d’actions ou parts partiellement libérées, la cession n’est opposable aux
tiers qu’après la publication au Moniteur belge par mention des dépôts de la liste des actionnaires qui n’ont pas
entièrement libéré leurs actions d’associé. (art. 506 Code soc.).

Art. 506. Les transferts d'actions non entièrement libérées ne sont opposables aux tiers conformément à l'article 76
qu'après la publication par mention du dépôt de la liste des actionnaires qui n'ont pas entièrement libéré leurs actions
visée à l'article 479, alinéa 2, 3°.

Le cédant reste tenu des dettes antérieures à la publication (art. 507 Code soc.).

Art. 507. La cession des actions non libérées ne peut affranchir leurs souscripteurs de contribuer, à concurrence du
montant non libéré, aux dettes antérieures à la publication.
L'ancien propriétaire a un recours solidaire contre celui à qui il a cédé son titre et contre les cessionnaires ultérieurs.

En ce qui concerne les parts bénéficiaires, elles ne sont négociables que dix jours après dépôt des deuxièmes comptes
annuels qui suit leur création. Jusqu’à l’expiration de ce délai, leur cession ne peut être faite que par acte public ou écrit
sous seing privé, signifié à la société dans le mois de la cession, le tout sous peine de nullité qui ne peut être demandée que
par l’acheteur. Si elles sont au porteur, elles resteront déposées dans la caisse de la société jusqu’à l’expiration du délai
précité. Des certificats de dépôt seront délivrés, qui porteront les conditions prévues pour leur cession (article 508).(1)

Art. 508. Les parts bénéficiaires, de même que tous titres y conférant directement ou indirectement droit, ne sont
négociables que dix jours après le dépôt des deuxièmes comptes annuels qui suit leur création. Jusqu'à l'expiration de ce
délai leur cession ne peut être faite que par acte public ou par écrit sous seing privé, signifié à la société dans le mois de
la cession, le tout à peine de nullité. [...]. [...] <L 2005-12-14/31, art. 27, 024 ; En vigueur : 01-01-2014>
La nullité ne peut être demandée que par l'acheteur.

Références:
1. http://www.ipcf.be/Index.asp?Idx=1466

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24. Qui peut augmenter le capital d’une société anonyme ? D’une SPRL ?

Organe compétent -> L’assemblée générale

Pour la SA ainsi que pour la SPRL, l’augmentation du capital implique une modification des statuts. Elle ne peut en principe
être décidée qu’en respectant les conditions de quorum et de majorité requises pour une modification des statuts, c'est-à-
dire que les associés doivent représenter la moitié du capital social et que la décision doit être adoptée à une majorité des
trois quarts.
C’est l’assemblée générale qui est en principe seule compétente pour modifier les statuts.
Cependant, le législateur a introduit, pour les sociétés anonymes, une possibilité d’autoriser le conseil d’administration à
procéder à une augmentation de capital. Cette délégation de pouvoir permet plus de flexibilité dans la vie de la société, qui
ne doit pas nécessairement convoquer une assemblée générale avec toutes les lourdeurs qu’une telle procédure peut
représenter.

L’assemblée générale peut donc conférer au conseil d’administration le pouvoir de procéder à une augmentation aux
conditions suivantes :

 Lors de l’insertion dans les statuts de la clause de capital autorisé, le conseil d’administration doit avoir soumis à
l’assemblée générale un rapport précisant les circonstances spécifiques dans lesquelles le capital autorisé pourra
être utilisé et les objectifs poursuivis (art. 604, al. 2, Code soc.).
 Cette autorisation n’est valable que pour une période maximale de 5 ans à dater de la publication de l’acte
statutaire (avec possibilité de renouvellement).
 Cette autorisation n’est pas utilisable pour certaines opérations qui pourraient avantager certains actionnaires par
rapport aux autres (art. 606) :

 Augmentation de capital par apport en nature réalisé exclusivement en faveur d’actionnaires détenant au moins
10% des droits de vote (seul ou de concert) ;
 Émission de droits de souscription réservée à titre principal (+ de 50%) à une ou plusieurs personnes déterminées
autres que des membres du personnel.

 Pour les sociétés ayant fait ou faisant appel à l’épargne, le montant du capital autorisé ne peut être supérieur au
montant du capital social.
 Cette autorisation est restreinte lorsque la société fait l’objet d’une OPA (principe de neutralité du C.A. – art. 607
Code soc.) :
 Autorisation de mener à leur terme des opérations déjà engagées avant l’OPA,
 Autorisation spécifique (visant le cas d’une OPA) préalable de l’A.G. donnée il y a moins de 3 ans,
-Les nouvelles actions doivent être intégralement libérées,
-Augmentation de capital au moins au même prix que l’OPA,
-L’augmentation ne peut pas porter sur plus de 10% du capital existant

Exemple : Umicore SA, coordination des statuts au 26/04/11, article 6.-Capital autorisé (cours du 22/09/14)

Forme de l’acte d’augmentation de capital


Qu’elle soit réalisée par décision de l’assemblée générale ou par le conseil d’administration, l’augmentation de capital ne
peut être réalisée que sous forme d’un acte authentique notarié.

L’augmentation de capital peut être réalisée en un seul acte lorsque les souscripteurs comparaissent à l’acte
d’augmentation de capital et que la réalisation de l’apport a lieu immédiatement.
Mais l’augmentation de capital peut parfois nécessiter deux actes. Le premier acte est l’acte par lequel l’augmentation de
capital est décidée par la société. Le second acte constate la présence des souscriptions qui permettent la réalisation de
l’augmentation de capital (art. 589 Code soc.). Entre ces deux actes, les titres à souscrire auront été offerts aux actionnaires
et/ou à des tiers ou au public.

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Caractère intégral de la souscription, interdiction de la souscription à ses propres actions
L’augmentation de capital doit en principe être intégralement souscrite. Si l’augmentation de capital n’est pas
intégralement souscrite, l’augmentation de capital ne peut être réalisée, à concurrence de la souscription effective
uniquement, que si la décision d’augmentation de capital prévoyait cette possibilité (art. 584 Code soc.).

Il est interdit à une société de souscrire à sa propre augmentation de capital ou de faire souscrire à une telle augmentation
de capital par une filiale ou une personne agissant pour son compte (art. 585).

La souscription doit être inconditionnelle dans le chef du souscripteur.

Type d’augmentations de capital

Apports en nature
L’augmentation de capital par apport en nature ne peut être réalisée que moyennant la rédaction préalable par le conseil
d’administration (SA) ou par l’assemblée générale (SPRL) d’un rapport spécial qui justifie l’intérêt de l’opération pour la
société, justifie la valorisation des biens apportés. Le commissaire de la société ou un réviseur d’entreprise, à défaut, établit,
avant le conseil, un rapport dans lequel il décrit les biens apportés et indique si les estimations auxquelles les méthodes
retenues par le conseil d’administration pour la valorisation des biens apporté aboutit bien à la valeur à laquelle les biens
sont effectivement apporté. Il indique également si d’autres avantages ont été accordés à l’occasion de cet apport (article
602 Code soc.). Si le conseil d’administration ou l’asemblée générale s’écarte des conclusions du commissaire ou du
réviseur, il en expose les raisons dans son propre rapport (chapitre constitution – cours du 22/09).

Apports en espèces (ou en numéraire)


Les fonds destinés à l’augmentation de capital doivent être déposés sur un compte bancaire spécial ouvert par le conseil
d’administration et à la disposition exclusive de la société (Article 600 du Code des sociétés). Une attestation de dépôt des
fonds sera remise par ce dépositaire et communiquée au notaire qui passera l’acte authentique d’augmentation de capital.

Si l’augmentation n’est pas réalisée dans les trois mois, les fonds devront être restitués à ceux qui les ont déposés sur le
compte bancaire.
Augmentations de capital sans apports
Une augmentation de capital peut être réalisée sans aucun apport nouveau, lorsqu’elle a lieu par incorporation de réserves,
de bénéfices reportés ou d’une prime d’émission.
Pour les SA, le conseil d’administration ne peut réaliser une telle augmentation de capital que si l’autorisation qui lui a été
conférée le précise expressément.

Pour les SPRL, cette décision est également prise par l’assemblée générale extraordinaire. Il s’agit dans ce cas d’une
modification d’inscription comptable de telle manière que les rapports de l’organe de gestion et du réviseur de la SPRL.

Une telle augmentation de capital ne donne normalement pas lieu à l’émission de nouvelles actions. Dans ce cas, le pair
comptable des actions existantes est augmenté. Mais la société peut également décider d’émettre des actions nouvelles,
qui seront distribuées gratuitement aux actionnaires existants en proportion de leur participation pour respecter le principe
d’égalité de traitement des actionnaires.

Une telle opération n’influence pas la valeur de la participation des actionnaires existants. Elle modifie simplement le poste
« capital » de la société et sa faculté de distribuer des bénéfices (les montants incorporés au capital n’étant plus disponibles
pour la distribution de dividendes).

Augmentation de capital différée


Lorsque la société émet des obligations convertibles ou des droits de souscription (art. 489- 492 et 496-502 Code soc.), il
s’agit d’une augmentation de capital différée.
La décision d’augmenter le capital est prise au moment de l’émission de ces titres, mais la réalisation de l’augmentation de
capital dépend de l’exercice, par les titulaires des droits de souscription ou des obligations convertibles, de leur droit de
souscription ou de conversion.

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Documentation complémentaire : Augmentation de capital d'une société : les enjeux et les risques http://www.avocats-
picovschi.com/augmentation-de-capital-d-une-societe-les-enjeux-et-les-risques_article_960.html
Références : Cours RSE du 13/10/14, Partie VI Le Capital, page 11 à 15
              http://www.droitbelge.be/fiches_detail.asp?idcat=32&id=542
              http://www.droitbelge.be/fiches_detail.asp?idcat=32&id=292

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25. Qu’est-ce que la prime d’émission ? Qu’est-ce que le droit de préférence ?
La prime d’émission
Une prime d'émission est un mécanisme financier permettant d'apporter aux anciennes actions une valeur supérieure à
leur valeur nominale lors d'une augmentation de capital.
La valeur nominale d'une action est déterminée par le montant du capital de la société (capital de la société / nombre
d'action). Elle ne tient donc pas compte de l'ensemble des fonds propres, notamment des réserves légales dont les
actionnaires déjà en place pourraient légalement bénéficier.
La prime d'émission permet de tenir compte de cette différence et ainsi rendre la valeur de l'action en phase avec la
situation actuelle de la société.

La prime d'émission d'une action est la différence entre sa valeur nominale/son pair comptable (part existante) et sa
valeur intrinsèque/comptable. Le pair comptable d’une action ou part s’obtient en divisant le capital souscrit de la société
par le nombre d’actions ou parts existantes.
C'est le montant payé par le souscripteur en plus du pair comptable (quotité du capital social représentée par une action ou
une part sociale). C’est le « droit d’entrée » des actionnaires nouveaux.
Il s’agit en pratique de fonds propres nouveaux, dans la mesure où cette somme est payée à la société comme prix des
actions souscrites.
Lors de la décision d’augmenter le capital, l’acte d’augmentation de capital spécifiera généralement, pour des motifs
fiscaux, que la prime d’émission aura le même statut que le capital, même si elle sera comptabilisée à un compte distinct
(indisponible) intitulé « prime d’émission ».
La prime d’émission payée par les nouveaux actionnaires vise à empêcher qu’ils entrent dans la société sans payer le prix
que représente la valeur réelle de l’action, qui peut être nettement supérieure au pair comptable de l’action.
Cette différence de valeur peut provenir
· De l’accumulation de résultats dans les réserves de la société
· Des perspectives de bénéfices futurs grâce à l’activité passée de la société dont le risque a été supporté par les anciens
actionnaires.
La loi impose que la prime d’émission soit libérée intégralement dès la souscription (art. 587 Code soc.).

Exemple:
Une SA dispose de 450 000 euros de fonds propres, inclus un capital social de 150 000 euros divisé en 500 actions. La valeur
nominale de l'action s'élève donc à 300 euros (150 000 / 500), tandis que la valeur intrinsèque de notre entreprise élèverait
le prix de l'action à 900 euros (450 000 / 500).

La SA souhaite augmenter son capital social de 450 000 euros par l’intermédiaire d'un actionnaire supplémentaire spécialisé
dans le capital risque. Les fonds propres de l'entreprise s'élèveraient donc à 900 000 euros.

Afin de ne pas se trouver lésée par l'arrivée du nouvel actionnaire, la SA tiendra compte de la valeur comptable de
l'entreprise pour l'émission de ses nouveaux titres, soit 900 euros par action. L'entreprise émettra alors 500 nouvelles
actions (450 000/900).

Les valeurs des 1000 titres (500+500) multipliée par les 900 euros de valeur unitaire est bien égale au nouveau capital de
900 000 euros.
La différence constatée entre la 'valeur' d'émission' (900,00) et la 'valeur nominale'' (300,00) correspond à 'la prime
d'émission', soit 600 euros par action et donc 300 000 euros (600 x 500) dans le cadre de cette augmentation de capital.

En utilisant la technique des primes d’émission, il n’est pas porté préjudice aux intérêts des anciens actionnaires. Donc, en
faisant payer ou apporter un supplément de prix pour les nouvelles actions ou parts, la valeur intrinsèque des anciennes
actions ou parts est préservée.

Attention : Le montant de la prime d’émission doit immédiatement être libéré entièrement, le droit d’enregistrement est
également prélevé sur la prime d’émission, à savoir une somme apportée qui représente la différence entre le prix de
souscription et le pair comptable des actions ou parts.

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RSE – Droit des Sociétés


Conclusion : Avant de décider du montant d’une augmentation de capital, par exemple en vue de financer de nouveaux
investissements au moyen de fonds propres, il est recommandé de calculer la prime d’émission. Vous éviterez ainsi une
situation telle que celle de l’exemple et vous pourrez optimiser les frais à payer aux tiers, le notaire et le fisc.

Droit de préférence
Pour les S.A.,
(i)  Principe (art. 592 Code soc.)
Le Code des sociétés a reconnu un droit de souscription préférentiel en faveur des actionnaires existants : les actionnaires
existants doivent en principe pouvoir participer à l’augmentation de capital en proportion de leur participation existante.
(ii) Mécanisme (art. 593 Code soc.)
L’exercice du droit de préférence doit pouvoir se réaliser pendant une période d’au moins 15 jours à dater de l’ouverture de
la période de souscription.  Elle est annoncée par publication aux Annexes du Moniteur belge et dans un organe de presse
national et régional au moins 8 jours avant le début de la période de souscription. Cette publication peut être omise si
toutes les actions sont nominatives. L’actionnaire doit pouvoir céder son droit de souscription dans les mêmes conditions
qu’il pourrait céder ses actions. Si tout le capital n’est pas souscrit à l’échéance de la période d’exercice du droit de
préférence, le conseil d’administration peut inviter les actionnaires ayant souscrit à souscrire un complément à proportion
de leur participation ou inviter des tiers à souscrire.

Limitation ou exclusion du droit de préférence


- Le droit de souscription préférentielle n’existe que pour les augmentations par apport en espèces. C’est logique. En cas
d’apport en nature, seul l’investisseur qui détient le bien en nature peut l’apporter à la société. Par contre, des espèces,
tout le monde peut en apporter.
- Le conseil d’administration ne peut réaliser une augmentation de capital hors droit de préférence qui si les statuts
l’autorisent expressément, en outre, si l’émission est réalisée en faveur de personnes déterminées, cette possibilité doit
avoir été expressément autorisée (distinction des émissions publiques ou sur les marchés internationaux),
- La limitation ou l’exclusion du droit de préférence n’est permise que si la décision est prise sur base d’un rapport spécial
du conseil d’administration justifiant l’intérêt pour la société de procéder à une telle limitation ou exclusion et exposant les
conséquences de cette augmentation de capital pour les actionnaires existants (dilution financière et dilution en termes de
droits de vote), ce rapport doit être accompagné d’un rapport du commissaire qui vérifie les données financières du rapport
du conseil d’administration.

Références:
0-LSMG_2057_Cours_5_V_-_Controle,_VI_-_Capital,_VII_-_Restructuration.PDF + Page 13 , paragraphe 3.2 et 3.3 et 3.32
Source Web :   http://www.ipcf.be/Index.asp?Idx=1587

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26. Comment réduire le capital d’une société commerciale ?

 Forme et procédure
La décision de réduire le capital est une décision de modification des statuts.
Seule l’assemblée générale est compétente pour prendre une telle décision.
Cette décision doit être réalisée par acte authentique.
Lorsque la réduction de capital se réalise avec remboursement aux actionnaires, les titulaires de créances non encore
exigibles nées avant la publication de la décision de réduction de capital aux Annexes du Moniteur belge disposent d’une
période de deux mois pour demander une sûreté pour leur créance. La société peut rembourser la créance (déduction faite
d’un escompte, le cas échéant) ou soumettre le différend au président du tribunal de commerce du ressort dans lequel la
société a son siège. Le juge fixe la sûreté qui doit être faite ou décide qu’il n’y a pas lieu à constitution de sûreté s’il juge la
solvabilité de la société suffisante (art. 613 Code soc.).
Aucun remboursement aux actionnaires ne peut avoir lieu avant l’échéance de ces deux mois ou, s’il y en a, l’issue des
débats judiciaires.

 Types de réductions de capital


1) Apurement des pertes
Une réduction de capital peut être réalisée pour apurer des pertes, c’est-à-dire compenser tout ou partie des pertes
inscrites au bilan de la société par une partie du montant inscrit au poste capital. Une telle réduction de capital est dite
formelle, car elle n’opère aucune opération de remboursement aux actionnaires : c’est une opération essentiellement
comptable. La valeur du patrimoine de la société n’est pas modifiée.

2)  La réduction de capital en coup d’accordéon


Il peut arriver que les pertes subies par la société soient telles que l’actif net soit nul, voire négatif. Dans ce cas, le Code des
sociétés permet de réduire le capital en dessous du minimum légal, à condition qu’une augmentation de capital soit
immédiatement décidée pour ramener ce capital au dessus du minimum légal (art. 614, al. 3, Code soc.).
L’opération aboutit à la réduction à zéro du montant du capital représenté par les actions anciennes.
La question se pose de savoir si les actionnaires anciens conservent un droit dans la société s’ils ne suivent pas
l’augmentation de capital décidée immédiatement après la réduction du capital à zéro.

3)  Remboursement aux actionnaires ou dispense de libération


Cette opération peut également être réalisée quand une société dispose de trop de fonds propres et qu’elle décide de
réduire à due concurrence l’engagement des actionnaires. Contrairement à la distribution de dividendes, cette restitution
peut se faire, à certaines conditions, sans taxation.
Le remboursement peut avoir lieu par remboursement sur chaque action.
Article 612 Code soc.
« Toute réduction du capital social ne peut être décidée que par l'assemblée générale dans les conditions requises pour les
modifications aux statuts moyennant le traitement égal des actionnaires qui se trouvent dans des conditions identiques. Le
cas échéant, il est fait application de l'article 560.
Les convocations à l'assemblée générale indiquent la manière dont la réduction proposée sera opérée ainsi que le but de
cette réduction. »
L’assemblée générale peut, à l’unanimité, déroger à la condition d’égalité de traitement. C’est ainsi qu’il peut être décidé de
réduire la capital pour permettre à un associé de se retirer de la société sans céder ses actions, mais en les restituant à la
société dans le cadre d’une réduction de capital. La période d’attente de deux mois mentionnée au début de cette section
sera applicable.
L’article 612 cité ci-dessus rappelle une règle spéciale destinée à protéger les actionnaires : la convocation ne peut pas se
contenter d’inviter les actionnaires pour voter une réduction de capital, elle doit préciser la manière qui est envisagée (avec
ou sans remboursement aux actionnaires) et le but poursuivi (e.a. apurement des pertes).

Références:
 LSMG2057 Cours 5, Chapitre VI - Capital, Section 4: Réduction de capital.

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27. A quelles conditions une société peut-elle distribuer un dividende  ?

Le dividende (Partie I, Chap 2, 1.4) est un revenu auquel a droit tout détenteur d’action (titre) d’une société. Ce revenu
constitue une part du bénéfice distribué. Son montant est fixé par l’assemblée générale au vu des comptes de l’année (et
des éventuels bénéfices accumulés précédemment). Il dépendra donc des résultats reportés et du bénéfice de l’année.
La condition préalable à la distribution d’un dividende, est la constitution d’un fond de réserve, et l’obligation légale de
provisionner pour autant que cette réserve n’atteigne pas encore 10% du capital social (ATTENTION: différence entre le CS
10%, et le cours – 5%, Partie VI, 5.1). Il est encore possible de provisionner au delà de ces 10% légaux du capital social.
Cette condition est reprise dans le CS aux articles 320, §1er (pour une SPRL). 428 (pour une SCRL), et Art.616 (pour une SA):
“L’assemblée générale fait annuellement, sur les bénéfices nets, un prélèvement d’un vingtième au moins, affecté à la
formation d’un fonds de réserve ; ce prélèvement cesse d’être obligatoire lorsque le fonds de réserve a atteint le dixième du
capital social.”
Pour autant que les statuts de la société n’indiquent pas d’autres obligations de constitution d’une réserve indisponible, la
distribution des dividendes est régie par l’Assemblée Générale ordinaire sur base du critère énoncé aux articles 320, § 1er
(pour une SPRL), 429, § 1er (pour une SCRL) et 617 (pour une SA) (Partie VI, Chap , 5.2):
« Aucune distribution ne peut être faite lorsqu'à la date de clôture du dernier exercice, l'actif net tel qu'il résulte des comptes
annuels est, ou deviendrait, à la suite d'une telle distribution, inférieur au montant :
- du capital libéré ou, si ce montant est supérieur, du capital appelé, (pour une SPRL/SA)
- de la part fixe du capital ou du capital libéré lorsque celui-ci est inférieur à la part fixe du capital (pour une SCRL),
augmenté de toutes les réserves que la loi ou les statuts ne permettent pas de distribuer.
 Par actif net, il faut entendre le total de l'actif tel qu'il figure au bilan, déduction faite des provisions et dettes.
 Pour la distribution de dividendes et tantièmes, l'actif ne peut comprendre :
 1° le montant non encore amorti des frais d'établissement;
 2° sauf cas exceptionnel à mentionner et à justifier dans l'annexe aux comptes annuels, le montant non encore amorti des
frais de recherche et de développement.»
L’actif net de la société en question ne peut donc devenir inférieur au capital après distribution des dividendes.

Le dividende ne sera du à l’actionnaire que s’il existe suffisamment de bénéfice et s’il a été décidé par l’assemblé générale
(Partie IV, Chap 2, 2.2.2).

La définition du Capital illustre également cette notion: « Le capital est une notion abstraite, d’ordre juridique et comptable
qui ne répond à aucun bien déterminé et n’est que le chiffre au-dessous duquel les associés se sont interdit de ramener la
valeur de l’avoir net par des distributions de dividendes. Il s’oppose à l’avoir social, donnée concrète d’ordre économique,
comprenant tous les biens que les associés ont mis en commun avec leurs accroissements » (Cass. 24 mai 1955). (Partie VI,
Chap. 2, 2.1)

En outre, dans le cas d’un SA, il est possible de distribuer des « dividendes intérimaires» (ou «acomptes sur dividende»)
(Article 618 du CS, Partie II, Chap. 1, 1b). Il s’agit d’acomptes à imputer sur le dividende qui sera distribué sur les résultats de
l’exercice après l’approbation des comptes annuels. Ce n’est pas possible dans le cadre d’une SPRL.
Enfin, tout non-respect des conditions de distribution de dividendes est sanctionnable (Art. 320 §2 pour une SPRL, Art. 429
§2 pour une SCRL et Art. 619 pour une SA) :
«Toute distribution faite en contravention du § 1er / des articles 617 et 618 doit être restituée par les bénéficiaires de cette
distribution si la société prouve qu'ils connaissaient l'irrégularité des distributions faites en leur faveur ou ne pouvaient
l'ignorer compte tenu des circonstances. »

Références directement indiquées dans le texte:


 Partie du cours de LSM2057
 Code des Société: http://www.ejustice.just.fgov.be/cgi_loi/change_lg.pl?
language=fr&la=F&table_name=loi&cn=1999050769)

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RSE – Droit des Sociétés


28. A quelles conditions une société peut-elle racheter ses propres actions  ?

 Le rachat d’action propre pose, au départ, un problème juridique, car il est difficile d’établir un contrat avec soi-même.
Mais l’action de la société est un titre négociable, les droits sont incorporés à ce titre et donc il est concevable de considérer
que l’action survit à sa possession par son émetteur.
Dès lors que juridiquement il est admis que le rachat d’action est possible, comme il est un peu à l’encontre des principes
normaux d’achat et de vente de titre, il y a une législation spécifique pour encadrer ce rachat (Loi date de 1991, assouplie
par un AR le 08/10/2009 selon la traduction en droit Belge des directives européennes).

Cela peut se justifier par de nombreux motifs:


-      Dans les petites sociétés, c’est un moyen de faire sortir un actionnaire et de revendre plus tard à un nouvel actionnaire
(attention : il doit y avoir l’unanimité, car cela favorise un actionnaire par rapport à l’autre)
-      Pour les sociétés cotées, cela permet d’augmenter la « liquidité » de leurs titres.
-    Pour certaines sociétés, cela permet d’offrir les actions rachetées sous forme d’option ou d’intéressement au capital, à leurs
employés.

Principales perturbations générées par le rachat propre d’actions :


-     L’actionnaire qui revend à sa société peut bénéficier d’un régime plus favorable que les autres actionnaires qui ne vendent
pas.
-      En acquérant ses actions, une société neutralise une partie de son capital, car les actions représentent un actif; or la
neutralisation ne sera pas inscrite dans les comptes.
-      Pour les sociétés en bourse, cela permet d’influencer le cours de bourse de son action et donc de le manipuler.

Conditions pour le rachat d’action (art. 620 du code des sociétés) :


-      Décision prise par assemblée générale (AG) avec un minimum de 80% des voix pour lorsque le quorum de vote est atteint
(Quorum idem que pour le changement d’objet social). La décision est valable 3 ans et doit contenir les principales
conditions d’acquisition.
-     Le rachat d’action ne peut pas entrainer un dépassement de 20% du total du capital de la société. Ce rachat doit être cumulé
aux actions déjà détenues, même par une filiale.
-      On rachète ses actions avec des sommes qui, au départ, sont prévues pour le versement de dividendes.
-      L’opération ne porte que sur des actions entièrement libérées (de suite disponible)
-      Il faut respecter l’égalité entre les actionnaires. Sauf s’il y a un accord unanime de tous les actionnaires, l’égalité est
présumée respectée. Pour les sociétés cotées, le rachat se fait au prix et condition normale du marché.
-      Pour les sociétés cotées, il faut qu’elles avertissent du rachat d’action (publicité), car le rachat est suivi par la FSMA (Autorité
des services et marchés financiers)
Sur le plan pratique, c’est le CA (conseil d’administration) qui gère le rachat selon la politique déterminée par l’AG.

Tant que les actions propres sont conservées par la société, il y a constitution d’une réserve indisponible qui est égale à la
valeur d’acquisition des cations. De plus, les droits de vote liés à ces actions sont suspendus.
Le CA peut également  décider de supprimer les dividendes versés pour ces actions, sinon ces coupons restent disponibles
et attachés jusqu’à la revente de ces actions (art. 622 du code des sociétés).
L’article 625 du même code signale qu’en cas d’acquisition frauduleuse des actions, ces dernières sont nulles de plein droit
(leur propriétaire ne peut jouir des droits relatifs aux actions).
L’article 627 du code des sociétés précise que les actions acquises par une filiale de la société sont considérées comme
étant acquises par la société mère et donc l’acquisition doit respecter les mêmes règles.

Les articles 631 et 632 précisent les modalités des participations croisées. Ce phénomène est apparenté au phénomène du
rachat d’action. En effet, cette participation croisée est le rachat mutuel entre sociétés (qui sont autres que des filiales
directes), d’action de l’un et de l’autre. Si l’on effectue cette opération, la limite de la participation réciproque ne peut être
supérieure à 10%. Si la participation est supérieure à 10%, le droit de vote lié aux actions allant au-delà des 10% est
suspendu.

Références:

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RSE – Droit des Sociétés


Réponse argumentée selon le chapitre VI – Le Capital, point 5.3 (page 17) daté du 13 octobre 2014.

29. Une société peut-elle prêter son assistance financière à quelqu’un qui veut devenir son actionnaire  ? Si oui, à
quelles conditions ?

Depuis le 1er janvier 2009, le financement de l’acquisition de sociétés est facilité par la suppression de l’interdiction de
l’assistance financière, à savoir l’octroi par une société d’avances de fonds, de prêts ou de sûretés en vue de l’acquisition de
ses titres par un tiers.  Cette réforme devrait, sous certaines conditions qui restent très strictes, améliorer la sécurité
juridique des opérations du type « LBO » (Leveraged Buy Out) qui consistent, par différentes techniques, à financer
l’acquisition d’une société en utilisant ses réserves distribuables.

Etant donné le risque que la société court en effectuant ce genre de manoeuvre, l'assistance financière est fortement
réglementé. Le soutien financier de la société peut se faire sous les conditions suivantes :

- Sous la responsabilité de l'organe de gestion (conseil d'administration) ;


- A des conditions normales de marchés (concernant les intérêts perçus et la sûreté exigée);
- L'opération doit avoir été autorisée par l'assemblée générale des actionnaires statuant aux conditions de majorité et de
quorum d'une modification des statuts ;
- L'assemblée générale doit avoir reçu un rapport spécial du CA qui expose les motifs de l'opération, l'intérêt de la société,
les risques de liquidité et solvabilité courus par la société, le prix auquel les actions seront acquises par la personne
bénéficiant de l'assistance ;
- Les sommes affectées à cette opération doivent être des sommes disponibles pour la distribution de dividendes, et sont
consignées à un poste de réserve indisponibles dans les comptes de la société.

Une exception est consentie pour les employés de la société.

Références:
Partie 7 : Le capital / point 5.4 : Protection du capital/Assistance financière
http://www.barreaudeliege.be/actu/acquisition%20d%27une%20soci%C3%A9t%C3%A9%20-%20br%C3%A8ve.pdf, François
Moïses, le 27/12/2014

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RSE – Droit des Sociétés


30. Décrivez le processus conduisant à la cession des titres d’une société.
La cession des titres ("share deals")  est une opération qui permet d'assurer le transfert d'une entreprise d'un opérateur
économique vers un autre part le transfert de propriété des actions représentant le capital de la société et donc,
indirectement, les actifs et passif de la société.
Les parties ne peuvent choisir ou exclure quelque élément d'actif ou passif comme objet de la cession, l'ensemble sera
transféré car il y a simplement un changement d'identité des actionnaires d'une société dont le patrimoine reste intact
 
Les cessions ne font pas l'objet d'une réglementation spécifique en droit belge sauf pour les OPA.
Elles sont régie par les règles du droit des obligations et du droit de la vente.
Les convention de cession obéissent souvent à une structure et à une logique inspirées des share purchase agreement
(droit anglo saxon).
On distingue deux phases lors d'une cession de titre, la phase précontractuelle et la phase contractuelle.

Phase précontractuelle :
Pour les grosses transactions les actionnaires vendeurs s'entourent souvent de conseillers juridique et financier (banque
d'affaires).

Audit d'acquisition - Due diligence


Une société dotée de la personnalité morale reste tenue de ses dettes et engagements, peu importe les changements dans
l'actionnariat. l'acquéreur prend donc un risque en achetant une société.
Pour palier à ce risque il va faire faire par des conseillers externe un audit juridique, comptable et fiscal (ou technique,
environnement,..) pour déterminer l'état de la société.
l'audit ne permettant pas de déceler tous les problèmes, l'acquéreur va exiger du vendeur des déclarations précises sur la
consistance du patrimoine de la société ainsi que la nature et portées de ses dettes ou engagements.
Processus d'enchère privées :
Phase préparatoire :
1. Les actionnaires sélectionnent une banque d'affaire et un cabinet d'avocat pour travailler avec le management sur
la vente.
2. La phase préparatoire peut comprendre une phase de restructuration au sein de l'entreprise afin de faciliter la
vente (cession d'activité peu rentable ou pas dans le core business, formalisation d'accord intra groupes,…)
3. Rédaction d'un infromation Memorandum (selling memorandum)
4. document qui sert a présenter la société et a eveiller l'appétit des investisseurs potentiels.
Il contient des infos sur la société et ses produits, le marché , org chart de la société et de ses fonctions, données financières
(bilan, projection de croissance,…)
Il contient aussi un disclamer qui prévoit que :
Le document ne constitue pas une offre de contracter
  Les informations qui y figurent ont un caractère confidentiel et le destinataire s'engage à le respecter
Aucune garantie n'est donnée quant au caractère exact ou complet de l'information incluse et le rédacteur n'en
assume pas la responsabilité.
Le vendeur se réserve le droit de négocier avec un ou plusieurs acheteurs en parralèles ou d'intérompre le
processus de cession sans devoir se justifier
Le candidat acheteur s'interdit de prendre contact avec des employés ou management du vendeur

Constitution de la data room :


les conseillers juridiques externe avec le management vont collectionner une info détaillées sur la société et ses
filiales.
ils seront classés, inventorié et stockées dans un même endroit physique (ou virtuel) appelé data room.

Les candidats acheteurs auront accès à ces documents après avoir signé un accord de confidentialité et se
baseront sur ces documents pour leur audit.
De plus en plus souvent les vendeurs font faire une vendor due dilligence (VDD) qu'ils mettent à disposition des
potentiels acquéreurs.

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RSE – Droit des Sociétés


La VDD permet au vendeur d'avoir une meilleur apréciation de la société qu'il vend et/ou de régler des problèmes mis en
lumières par l'audit pour éviter des ajustements de prix future et aux potentiels acheteur d'avoir une idée rapidement de
leur potentiel achat.
Première phase de négociation
Les candidats qui ont marqué un interet verbal pour la transaction reçoivent une copie de l'information memorandum en
echange d'un accord de confidentialité ainsi qu'une offre indicative (non binding offer) qu'ils doivent déposer dans un délais
déterminé et en précisant le contenu.
Il est demandé dans l'offre d'aborder les points suivants :
 Confirmation de leur interet pour l'acquisition
 Valorisation de l'entreprise et une fourchette du prix
 Paramètres pour la valorisation
 Description de la stratégie du futur candidat et intégration à son groupe
 Attitude du candidat par rapport au management et personnel
 Méthode de financement de l'acquisition
 Condition de l'acquisition et timing estimé
 Info complémentaire et due diligence qu'il voudrait effectuer
Le vendeur peut écarter des potentiels acheteur après revue de la non binding offer
Deuxième phase des négociations
Les candidats acheteurs ont accès a la data room, rencontre avec le management et font éventuellement une visite des
sites.

Les candidats doivent alors remettre une offre contraignante (binding offer) accompagné d'une convention de cession
d'action contenant les modification qu'ils veulent y apporter (mark-up version).
Le vendeur offrira souvent une exclsuvité limitée au candidat qui a l'offre la plus intéressante.

Troisième phase des négociations


Négociation des termes de la convention de cession.
Si cela n'aboutit pas avec un candidat, le vendeur peut intérrompre les négociations et recommencer avec un candidat
"repeché".
Document signés au cours de la phase précontractuelle :
 Contrat de confidentialité (non disclosure agreement) : le candidat acheteur ne rendra pas public ou n'utilisera pas
les info dévoilées sur la société durant la due diligence et négociation.
 cet agreement est limité dans le temps, souvent entre deux et cinq ans et des sanctions financière sont prévues en
cas de violation.
 Engagement de non sollicitation du personnel vendeur : le potentiel acheteur ne peut pas engager du personnel du
vendeur.
 Engagement d'exclusivité si le vendeur en propose un à un candidat
 Lettres d'intention, memorandum of understanding,…

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RSE – Droit des Sociétés


Phase contractuelle
Signing et closing
Signing = le moment de la signature de la convention de cession. Les droits et les obligations de chacun sont fixés. Le
transfert effectif des titres (et le paiement du prix) est postposé dans l'attente de la réalisation de différentes conditions
suspensives.

Closing = moment où plus rien ne s'oppose au transfert effectif des actions.


il peut y avoir plusieurs mois entre le signing et closing.

Participation progressive ou différée


= mode de cession échelonné dans le temps. l'acquéreur prend d'abord une participation minoritaire avec une option
d'achat pour acquérir plus tard la totalité des actions de la société.
La formule sera dans la conclusion d'une convention d'actionnaire et contiendra les options/promesse d'achaat progressive
et les modalité de gestion de la société pendant la période précédant le transfert complet.
Éléments de la convention de cession d'action :
 Préambule --> plusieurs fonctions très importantes :
o Précise le contexte
o Rappel le déroulement des négociations et les intentions de chaque partie
o Peut contenir des déclarations du vendeur
 Définitions - techniques des termes définis:
Définir dans un glossaire une série de termes juridiques ou non qui seront employé dans la convention.
permet d'alléger le texte et de faciliter l'interprétation.
 Objet de la vente :
 identifier les actions par leur nombres et numéros ainsi que leur catégories (nominative ou porteur)
 les actions peuvent être vendues a un ou plusieurs acheteurs
Les dividendes afférents à l'exercice au cours duquel a lieu le transfert de la propriété des actions doivent être repartis
prorata temporis entre le vendeur et l'acheteur.
en pratique très fréquemment la totalité des dividendes afférents a l'exercice en cours seront acquis  à l'acheteur.
 Le prix :
le prix doit être basé sur un consentement des deux parties asé sur des éléments objectifs.
Il peut être demandé à un tiers de fixer le prix. Soit si le tiers n'est pas désigné par les deux parties alors il est régit par
l'article 1951 du code civil  et la convention devra préciser les éléments de base du calcul du prix par les experts. Si le tiers
est désigné par les parties alors l'article 1592 du code civil s'applique et pas besoin de préciser les critères d'évaluation dans
la convention.

Soit le prix est déterminé et payable en totalité lors du closing


Soit il y a une close d'ajustement ou de earn out.
 Close d'ajustement : l'acheteur souhaite faire un audit entre le signing et le closing pour faire baisser le prix. Les
modalité et conséquences de l'audit doivent être précisé dans la convention  sinon le prix serait indéterminable et
la vente pourrait être annulée.
 Earn-out : le prix sera composé d'une partie fixe et variable. Le variable est calculé en fonction des bénéfices
réalisés par la société au cours de X exercices après le transfert des actions.
implique que les vendeurs restent impliqués dans la gestion de la société ou être associé aux activités.
S'il est prévu un paiement différé d'une partie du prix après le transfert le vendeur exigera généralement une garantie de
paiement (caution bancaire,  caution fournie par l'actionnaire principal du groupe,…)

Déclaration et garantie du vendeur :


Pas de legislation spécifique  sur les garanties à fournir par le vendeurs d'actions.
si recours l'acheteur doit se baser sur le droit commun ou sur les clauses de garanties dans la convention de cession.

Dans le droit commun :


 Absence de toutes les conditions essentielles pour faire un contrat
 Obligation de garantie fournie par le vendeur (article 1644 code civi (garantie pour vice cachés)

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RSE – Droit des Sociétés


Convention de cession d'action = contrat synallagmatique et est soumise aux articles 1108 et suivant du code civil. Tout
contrat suppose :
 La capacité de contracter
 Un consentement exempt de tout vice de la partie qui s'oblige
 Un objet certain
 Une cause licite

--> seuls des mécanismes contractuel permettent de pallier à l'imperfection du régime légal.
on ajoute donc des clauses de garantie dans les conventions de cessions d'action.
on distingue les déclarations du vendeurs (representations and warranties) et les garanties du vendeurs (indemnification).
Les déclarations vont décrire la situation de l'entreprise et les différentes composantes.
Elles ont un effet préventif car cela force l'acheteur à faire sa propre analyse de la société.
l'acheteur peut alors accepter ou refuser et faire une déclaration spécifique au risque encouru.
Elles ont aussi un aspect curatif car le vendeur s'engage a indemniser l'acheteur en cas de déclaration inexacte.
Les garanties vont décrire les sanctions des déclarations puisque le vendeur s'engage a indemniser l'acheteur en cas de
violation de l'une de ses déclarations.
Les déclarations du vendeurs couvrent uniquement les faits dont la cause ou l'origine est antérieur au transfert d'action ou
s'il s'avère que certains faits étaient inexacts ou décrit de manière incomplète.
Les déclarations couvrent généralement les domaines telles que la structure et organisation de la société, la situation
financière, éléments d'actifs, engagement contractuels, actions et leur cessions.
Il peut aussi y avoir des exceptions aux déclarations (réserves ou disclosures).
ie : la société n'a aucun litige a l'exception de ceux mentionnés dans l'annexe X.
disclosure letter = document qui rassemble toutes les disclosures
Le vendeur peut limiter sa responsabilité en formulant ses déclarations et les temperant par des réserves en stipulant que c
n'est pas de manière absolue mais to the best knowledge ou en les limitant dans le temps d'une période déterminée.
les montants peuvent également être limité soit à un plafond de garantie ("cap"), un montant unitaire par réclamation
("minimis") ou un montant de seuils cumulé de réclamation ("basket").
Les conventions de cessions prévoit également les formes d'appel à la garantie :
 Les formes et délais dans lequel l'acheteur doit faire appel a la garantie lors de la découverte du fait.
 l'obligation d'ajouter une description précise des faits et d'évaluer les dommage subit ainsi que la réparation
demandée
La clause de garantie prévoit généralement que l'indemnisation à charge du vendeur est égal au montant du dommage.
Il y a souvent une "garantie de la garantie" qui est demandé au vendeur pour sécuriser les paiements. Cette garantie peut
être faite  sous forme de caution d'une partie du prix de la vente, ..
En cas de contentieux il est important de préciser le droit et la juridiction applicable. En pratique c'est souvent l'arbitrage à
la place du judiciaire (cepani, icc), car il est souvent fait par des personnes plus au fait de la réalité économique que les
magistrats.

Attention au fait qu'une clause d'arbitrage doit exclure totalement le recours au pouvoir judiciaire
résumé du process sur le pdf 141

Références:
partie VII cession d’entreprise

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RSE – Droit des Sociétés


31. Que sont les déclarations et garanties du vendeur ? Pourquoi sont-elles devenues usuelles dans les contrats de
cession d’actions soumis au droit belge ?
Partie I
Les déclarations et garanties du vendeur apparaissent dans le contexte des conventions de cession d’action.
Il s’agit en effet d’un des 5 éléments qui sont repris dans une convention de cession d’action (préambule, définition
technique, objet de la vente, prix, déclarations et garanties du vendeur)
Il s’agit en fait de mécanismes permettant de protéger l’acheteur lors de la cession d’action, car il ne possède pas toutes les
informations concernant la société. Le vendeur doit dès lors analyser les différents aspects de la situation patrimoniale et
financière de la société et les communiquer au futur acquéreur pour que celui-ci soit au courant de tous les risques qui
pourraient être liés à son acquisition. C’est par référence à ce que le vendeur des actions a déclaré que naîtra son obligation
d’indemniser l’acheteur pour le dommage lié à l’inexactitude de l’une de ces déclarations.
Les déclarations du vendeur ont ainsi pour objet de fournir une description de la société et de ses activités à la date de la
signature de la convention de cession.
Elles ont un effet préventif car cela force l'acheteur à faire sa propre analyse de la société.
Elles ont aussi un aspect curatif car le vendeur s'engage à indemniser l'acheteur en cas de déclaration inexacte.
Elles concernent généralement : structure et organisation générale de la société, situation financière et éléments de passif
(comptes, dettes et engagements, impôts et charges sociales), éléments d’actif (stock, créances, droits intellectuels,
assurances), engagements contractuels, personnel, environnement.
Le vendeur peut limiter la portée de ses déclarations par l’utilisation de réserves (disclosures). Par exemple, le vendeur
déclarera que la société n’est partie d’aucun litige, à l’exception de ceux mentionnés à l’annexe X.
Le vendeur cherchera également à limiter autant que possible la portée de la clause de garantie. Pour cela, il a trois
possibilités :
-    la réserve : préciser que les déclarations ne sont pas faites de manière absolue mais à la meilleure connaissance
-    la limitation temporelle : fin de l’engagement de garantie après une période déterminée
-    la limitation du montant de la garantie (plafond)
La garantie du vendeur constitue, quant à elle, la sanction des déclarations puisque le vendeur s’engage, aux termes de
cette garantie, à indemniser l’acheteur des dommages que celui-ci pourrait subir en cas de violation de l’une de ses
déclarations. Les déclarations du vendeur couvrent uniquement les faits antérieurs à la date du transfert des actions.
L’acheteur peut donc faire appel à la garantie du vendeur s’il s’avère que certaines des déclarations étaient inexactes ou
décrites de façon incomplète et que par conséquence l’acheteur a subi un dommage de ce fait.
L’appel à la garantie fait par l’acheteur devra respecter une forme (envoi recommandé) et un délai précisés dans la
convention de cession. Il devra également donner une description précise des faits justifiant l’appel à la garantie
Le montant de l’indemnisation du dommage sera égal au montant du dommage. Il est coutumier qu’une garantie financière
soit exigée au vendeur afin d’assurer le paiement du dommage.
Pour prévenir les contentieux entre les parties, il aura été stipulé le droit applicable à la convention de cession ainsi que les
juridictions compétentes.
Dans la pratique, les parties ont généralement recours à l’arbitrage (au lieu du judicaire). Ce qui permet un règlement du
différents par des personnes (entrepreneurs, avocats) plus au fait des réalités économiques que les magistrats.

Partie II
Le recours aux déclarations et garanties du vendeur s’est généralisé dans la pratique car le droit belge ne contient aucune
législation spécifique sur la garantie que le vendeur d’actions doit fournir lors de la cession.
Dans le cas d’un recours (si l’acheteur a été lésé lors de l’acquisition d’actions), l’acheteur doit se baser soit sur le droit
commun, soit sur les clauses de garanties contenues dans la convention de cession.
Le recours basé sur le droit commun trouve son fondement :
·   soit dans l’absence de réunion de toutes les conditions essentielles requises pour valider l’existence d’un contrat
(capacité de contracter, un consentement exempt de tout vice de la partie qui s’oblige, un objet certain, une cause
licite)
·   soit dans l’obligation de garantie que le vendeur est tenu de fournir en vertu de l’article 1644 du code civil => garantie
pour vice caché.

Mais l’efficacité de ces recours semble dans la pratique n’apporter qu’une réponse insatisfaisante aux attentes de
réparation de l’acquéreur déçu.

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RSE – Droit des Sociétés


Il apparaît donc que seuls les mécanismes contractuels de garantie permettent de pallier l’imperfection du régime légal à
l’aide des déclarations et garantie du vendeur.
Références :- cours LLSMG 2057 : Partie VII – Cession d’entreprise ; Chapitre 3 : la phase contractuelle

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RSE – Droit des Sociétés


32. Définissez une fusion de sociétés. Quelles sont les conditions de sa réalisation (insistez sur le rôle respectif des
différents organes) ?

Définition :
L’opération par laquelle deux ou plusieurs sociétés transfèrent à une autre société, nouvelle ou existante, l’intégralité de
leur patrimoine, activement et passivement, par suite de leur dissolution sans liquidation, moyennant l’attribution à leurs
actionnaires d’actions de cette société et, le cas échéant, d’une soulte en espèces qui ne peut excéder le dixième de la
valeur nominale des actions attribuées ou, à défaut de valeur nominale, de leur pair comptable.

Il existe deux types de fusion :


A-  Fusion par absorption à--> Il s’agit d’une société existante

B- Fusion par constitution d’une société nouvelle → La société à laquelle le patrimoine des sociétés transférantes est
apporté est une nouvelle  Société

Les conditions de la réalisation de la fusion

Conditions de fond
1-  L’objet de la société à laquelle le patrimoine des sociétés transférantes est apporté   
    doit être identique ou similaire ou englober celui de la société absorbée.
2-   Anciennement, la fusion n’était possible qu’entre sociétés de droit belge. La dixième
     Directive sur le régime juridique des fusions transfrontalières permet la fusion entre
     sociétés de nationalités différentes (au sein de l’Union Européenne). Ce régime a
     été transposé en droit belge par une loi du 8 juin 2008 (articles 772/2 et suivants du     
     Code  des sociétés).
3- La fusion de sociétés de formes juridiques différentes est possible mais une SPRL  
    ou  une société coopérative ne peut absorber une autre société que si les associés  
    de cette  autre société remplissent les conditions requises pour acquérir la qualité   
    d’associé de la société absorbante.

Conditions de forme (procédure légale)


Les organes de gestion des sociétés concernées par la fusion doivent établir un projet  de  fusion par acte authentique ou
par acte sous seing privé, destiné à informer les associés et à protéger les créanciers des sociétés concernées.
Le Code des sociétés détermine précisément le contenu du projet de fusion.
Il doit notamment mentionner (article 693 C . soc.) :
- la forme, la dénomination, l’objet et le siège social des sociétés concernées ;
- le rapport d’échange des actions et, le cas échéant, le montant de la soulte
  (complément en espèces) ;
- les modalités de remise des actions de la société absorbante ;
- la date à partir de laquelle ces actions donnent le droit de participer aux
  bénéfices ;
- la date à partir de laquelle les opérations de la société absorbée sont considérées
  du point de vue comptable comme accomplies pour le compte de la société
  absorbante1 ;
- les droits assurés par la société absorbante aux associés des sociétés à
  absorber, qui ont des droits spéciaux (catégories d’actions), ainsi qu’aux porteurs
  de titres autres que les actions (droits de souscription, obligations convertibles) ;
- les émoluments attribués au commissaire (ou au réviseur ou expert-comptable
  externe) chargé de rédiger le rapport relatif à la fusion ;
- tous avantages particuliers attribués aux membres des organes de gestion des
  sociétés appelées à fusionner.

62

RSE – Droit des Sociétés


-  Le projet de fusion doit être déposé six semaines au moins avant l’assemblée   
 générale appelée à se prononcer sur la fusion. Ce dépôt se fait auprès du greffe du    
 (des) tribunal(aux) de commerce dans le ressort duquel (desquels) chacune des  
 sociétés concernées par la fusion a son siège social.

 Le dépôt du projet de fusion fait l’objet d’une mention aux annexes du Moniteur belge.
-  L’organe de gestion de chaque société concernée prépare un rapport écrit et
  circonstancié à l’attention de l’assemblée générale
-  qui expose la situation patrimoniale des sociétés appelées à fusionner, et
  qui explique et justifie, du point de vue juridique et économique, l’opportunité, les
  conditions, les modalités et les conséquences de la fusion,
-  qui expose les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange des
  actions, l’importance relative donnée à ces méthodes, les valeurs auxquelles
  chaque méthode aboutit, les difficultés éventuellement rencontrées et le rapport
  d’échange proposé.

Références:
Cours LLSMG 2057 : PARTIE VIII – RESTRUCTURATIONS D’ENTREPRISES
 Chapitre I – Introduction,   Chapitre II – Fusion

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RSE – Droit des Sociétés


33. Expliquez les différences entre une fusion, une scission et une cession de branche d’activités (sur le plan de leurs
effets).
Fusion: opération par laquelle deux ou plusieurs sociétés transfèrent à une autre société, nouvelle ou existante,
l'intégralité de leur patrimoine, activement ou passivement, par suite de leur dissolution sans liquidation, moyennant
l'attribution à leurs actionnaires d'actions de cette société et, le cas échéant, d'une soulte en espèces qui ne peut
excéder le dixième de la valeur nominale des actions attribuées ou, à défaut de valeur nominale, de leur pair
comptable.
Il existe deux types de fusions:
a) Fusion par absorption : Il s'agit d'une société existante
b) Fusion par constitution d'une société nouvelle : la société à laquelle le patrimoine des sociétés transférantes est
apporté est une nouvelle société
Effets de la fusion:
- Disparition de la société absorbée sans liquidation
- Les associés de la société absorbée deviennent associés de la société absorbante
- Le transfert de plein droit des actifs et passifs de la société absorbée à la société absorbante
La fusion entraîne ainsi le transfert des contrats conclus entre la société absorbée et des tiers, sans que ces derniers
doivent donner leur consentement à ce transfert, sauf en ce qui concerne les contrats pour lesquels il a été stipulé
qu'ils sont conclus intuitu personae (c'est-à -dire que la personne de la société absorbée était une condition essentielle
à la conclusion du contrat).
La fusion ne devient opposable aux tiers qu'a partir de la publication des actes constatant la fusion aux annexes du
moniteur belge.
Scission: opération par laquelle une société transfère à plusieurs autres sociétés, nouvelles ou existantes, l'intégralité
de son patrimoine, activement et passivement, par suite de sa dissolution sans liquidation, moyennant l'attribution
aux associés de la société dissoute d'actions des sociétés qui recueillent son patrimoine et, le cas échéant, d'une soulte
en espèces soumises aux mêmes conditions qu'en cas de fusion.
Il existe deux types de scissions:
a) Scission par absorption : les sociétés bénéficiaires sont des sociétés existantes
b) Scission par constitution d'une société nouvelle : les sociétés bénéficiaires sont des sociétés nouvelles

Effet de la scission:
Les conditions, les formalités et les effets de la scission sont identiques à ceux de la fusion.

Cession de branche d'activité: opération par laquelle une société transfère (elle cède) une branche d'activité à la
société bénéficiaire, les actifs et les passifs se rattachant à la branche d'activité concernée.
(Universalité = l'intégralité du patrimoine de la société apporteuse (ou cédante), activement et passivement ><
Branche d'activité = un ensemble au sein duquel, s'exerce une activité autonome qui est susceptible de fonctionner
par ses propres moyens).

Effets de la cession:
Les effets sont les mêmes que ceux que la loi accorde aux fusions et scissions (sans qu'il y ait disparition de la société
apporteuse ou cédante).
L'opération d'apport ou de cession ne devient opposable aux tiers qu'au moment de la publication de l'acte aux
annexes du Moniteur belge.
Les créanciers de chacune des sociétés concernées dont la créance est antérieure à la publication de l'acte constatant
la fusion aux annexes du moniteur belge et qui n'est pas encore échue ont, dans les deux mois de cette publication, le
droit d'exiger une sureté. La société débitrice de cette créance peut cependant écarter cette demande en remboursant
anticipativement la créance.
La société apporteuse reste solidairement tenue des dettes certaines et exigibles au jour de l'apport qui sont
transférées à une société bénéficiaire (A766 C.soc). Cette responsabilité est limitée à l'actif net conservé par la société
apporteuse en dehors du patrimoine apporté (A767 C. soc).
Références:
Cours 5, partie VIII

64

RSE – Droit des Sociétés


34. Qu’est-ce qu’une convention d’actionnaires ? Quelles sont les principales catégories de clauses que l’on peut y
retrouver ?
1.   Définition et terminologie :
Une convention d’actionnaires est un contrat entre les associés d’une société ou entre certains d’entre eux, en vue de
modaliser leurs relations au sein de la société.
Dans la doctrine et la jurisprudence française, le terme de « pacte d’actionnaires » est parfois utilisé de préférence à celui
de convention, contrat ou accord, pour insister sur le fait qu’il s’agit plus d’une alliance que d’un contrat ordinaire.

Le Code Buysse considère que le rôle des actionnaires des sociétés non cotées consiste notamment à « fixer les règles du
jeu, le cas échéant sous la forme d’une convention entre actionnaires ». Il encourage donc la conclusion de conventions
d’actionnaires pour formaliser les droits et obligations essentiels que les actionnaires contractent les uns envers les autres.

Clauses statutaires VS Clauses conventionnelles ?


Statuts Convention

Opposabilité aux tiers – publication aux Annexes du Moniteur belge Document non public, non-opposabilité
aux tiers

Utilité pour les clauses d’agrément et de préemption à sanction : nullité


d’une cession

Publicité Confidentialité

Formalisme des modifications statutaires Simplicité des modifications

Applicable à tout nouvel actionnaire Nécessité de l’adhésion de nouvelles


parties
Raisons de conclure une convention d’actionnaires :
Exemples de motivations diverses favoriser la stabilité familiale

protéger un actionnaire minoritaire

régler les accords entre minoritaires exerçant ensemble le contrôle

organiser une politique de dividende cohérente

organiser le planning successoral

organiser le fonctionnement d’une filiale commune (« joint-venture »)


Remarque : exposé limité aux SA

2.   Typologie des clauses


Une convention d’actionnaires contient très souvent des clauses de nature variée et soumises dans une large mesure à des
règles distinctes :
Clauses visant à limiter et organiser le transfert des titres :
Clause d’agrément ou de préemption (voir question 39)
Clauses d’inaliénabilité ou d’incessibilité (également appelées « clauses de blocage »)
Une ou plusieurs parties s’engagent à ne pas céder les titres pendant une période donnée. (Article 510, al. 1 et 2 Code des
sociétés)

Utilité - Dans une joint-venture : s’assurer que le partenaire reste intéressé à la société

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RSE – Droit des Sociétés


- Venture capital : investisseurs sont autorisés à investir à condition de s’engager à conserver les actions
pendant un certain temps.

Contraintes - Limitation dans le temps


- Conformité à l’intérêt social à tout moment

Exemple 1 A et B s’interdisent expressément de céder l’un quelconque des Titres qu’ils détiennent actuellement ou
viendraient à détenir ultérieurement pendant une durée de 3 ans dans l’intérêt social de la société.

Exemple 2 A et B peuvent céder leurs titres à l’une de leurs sociétés liées pour autant que cette dernière adhère au
présent Pacte. Le cédant et la société liée demeurent solidairement tenus des obligations. Le cédant
bénéficie d’une option d’achat irrévocable et inconditionnelle.
Remarque : les clauses léonines sont interdites (art.32 C.soc.)

Clauses de sortie
- Sortie conjointe :
« Droit de suite » ou « tag along »
« Obligation de suite » ou « drag along »
- Offre alternative :
Chaque partie propose le prix sur la base duquel elle acceptera de conclure, l’option étant réputée levée par celui qui aura
offert le prix le plus élevé
- Options croisées : « Roulette russe » : l’une des parties initie la procédure en indiquant un prix et laisse à l’autre partie le
choix de vendre ses actions au prix indiqué ou d’acheter les actions de l’initiateur au même prix.

Clauses d’options
- L’option d’achat (ou promesse de vente, « call ») est un engagement d’un actionnaire à vendre ses actions au bénéficiaire
de l’option au prix convenue, en cas d’exercice de l’option.
- L’option de vente (ou promesse d’achat, « put ») est un engagement d’une personne – actionnaire ou non – d’acheter les
actions à un prix convenu en cas d’exercice de l’option.
Le bénéficiaire de l’option – d’achat ou de vente – reste toujours libre d’exercer ou non l’option qui lui a été consentie.

Types de clauses organisant le partage du pouvoir :


Convention de vote (ou pacte de votation) (voir question 40)

Licéité
Consécration de la licéité des conventions de vote. Il s’agissait d’un pacte de votation contenu dans une disposition
testamentaire par laquelle le testateur spécifiait qu’en vue du respect du caractère familial de sa société, sa fille soit
assurée de conserver son poste d’administrateur et une rémunération. (3 conditions à respecter – art.551 C.soc. à voir
question 40)
Organisation et fonctionnement de l’AG
1- Aménagement des pouvoirs respectifs de l’AG et du CA.
2- Engagement de vote dans un sens déterminé
3- Renforcement des conditions de quorum et de majorité
Organisation et fonctionnement du CA
1- Nomination des administrateurs
2- Majorités renforcées

Types de clauses visant la répartition des bénéfices (non traité au cours)


Références:
Partie IX – Conventions entre actionnaires – Chapitre I à III – Pages 1 à 19
Slides du cours - Les conventions d’actionn. – Droit des structures de l’entrep. - 15/10/14

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RSE – Droit des Sociétés


35. Définissez la clause d’agrément et la clause de préemption  ? Quelles sont leurs conditions de validité ?
Contexte
Au moment de formaliser des accords entre actionnaires, que ce soit de manière statutaire ou conventionnelle, certains
mécanismes peuvent être employés pour régir le transfert de titre entre associés. On appelle ces clauses qui organisent le
transfert (e.g. la cession) des titres des « clauses de sortie ». Elles poursuivent un but de fermeture de l’actionnariat et
traduisent la volonté des actionnaires de se préserver de toute surprise en verrouillant le capital et en introduisant des
limites de cessibilité des actions ou des règles de contrôle de la qualité des actionnaires. Parmi celles-ci, nous trouvons les
clauses d’agrément et de préemption.

Définition
On appelle clauses d’agrément des clauses par lesquelles la décision de céder les actions est soumise à l’agrément d’un
organe de la société — le conseil d’administration ou l’assemblée générale — ou à un comité, ou encore à une personne
désignée dans le pacte syndicataire.
Lorsque le droit de refuser l’agrément est conféré au conseil d’administration — ce qui est généralement le cas lorsque la
clause figure dans les statuts —, ce droit doit être exercé dans le respect de l’intérêt social (voir conditions de validité).

Un tel mécanisme permet de s’assurer que la société ne passe pas sous le contrôle de personnes indésirables (concurrents,
personnes insolvables acquérant des actions non entièrement libérées, etc.) ou que le cercle des actionnaires reste
composé de gens qui s’entendent bien.

On appelle les clauses de préemption et de préférence des clauses qui ont pour but commun d’obliger l’actionnaire qui
souhaite céder ses actions à les proposer d’abord aux personnes désignées par cette clause avant de pouvoir les vendre à
un tiers.
De nombreuses variantes se rencontrent en pratique :
· dans la clause de « first refusal », l’une des plus simples, lorsqu’un actionnaire s’apprête à vendre tout ou partie de ses
actions, il doit en informer les bénéficiaires de la clause (généralement par l’intermédiaire du conseil d’administration), qui
peuvent alors acheter les titres par priorité par rapport au tiers, soit pour le prix offert par le tiers candidat, soit pour un
prix déterminé dans le contrat, dans les statuts ou par un expert ;
·dans la clause de « first offer », le candidat vendeur qui souhaite céder ses titres doit, avant même d’avoir un candidat
acquéreur, communiquer son intention aux bénéficiaires de la clause, qui peuvent alors négocier avec le candidat vendeur
le rachat de ses titres;
·les clauses de « first offer » et de « first refusal » peuvent être combinées : si les parties ne parviennent pas à s’entendre
sur le prix avec les bénéficiaires du droit de « first offer », le candidat vendeur est libre de chercher un tiers acquéreur. Dès
l’instant où ce dernier est trouvé, le candidat vendeur doit à nouveau offrir ses titres par priorité aux bénéficiaires du droit
de préférence, au prix convenu dans la clause.

Conditions de validité
Il faut distinguer les conditions de validité de clauses restreignant la cessibilité des titres dans leurs ensemble (voir art 510,
Alinéa 1&2) et celles particulièrement liée aux clauses d’agrément et de préemption.

Clauses restreignant la cessibilité des titres (pour info!!)


Art. 510.                                                                                                  
§1er Les statuts, les actes authentiques d’émission d’obligations convertibles ou de droits de souscription et toutes autres
conventions peuvent limiter la cessibilité entre vifs ou la transmissibilité à cause de mort des actions nominatives ou au
porteur ou des actions dématérialisées, des droits de souscription ou de tous autres titres donnant droit à l’acquisition
d’actions, en ce compris les obligations convertibles, les obligations avec droit de souscription ou les obligations
remboursables en actions.
§2 Les clauses d’inaliénabilité doivent être limitées dans le temps et être justifiées par l’intérêt social à tout moment.
En effet, sous réserve de quelques exceptions, le principe de la libre cessibilité des actions prévaut au sein des sociétés
anonymes (art. 476 C.soc.). C’est la raison pour laquelle les clauses qui restreignent la cessibilité des titres sont soumises à
des conditions strictes.
       

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RSE – Droit des Sociétés


a) limitation dans le temps
Le Code des sociétés ne fournit aucune durée d’incessibilité maximale. La limitation doit être raisonnable, c’est-à-dire «
répondre à l’intérêt légitime des associés ».
Des clauses prévoyant une incessibilité inférieure à cinq ans sont acceptables dans la plupart des cas, et une durée de dix
ou vingt ans serait concevable mais doit demeurer exceptionnelle.
b) Conformité à l’intérêt social à tout moment
La notion d’intérêt social, particulièrement floue, a fait couler beaucoup d’encre et peut être interprétée différemment
suivant le contexte dans lequel elle est employée.

La définition de l’intérêt social a fait l’objet de nombreuses controverses en doctrine. On peut toutefois regrouper
schématiquement les différentes conceptions proposées autour de deux pôles : d’un côté, les partisans d’une conception
restrictive et strictement financière de l’intérêt social (la « création de valeur pour l’actionnaire », voir la décision « Fortis »
de la Cour d’appel de Bruxelles du 8 décembre 2008); de l’autre côté, les adeptes d’une conception plus extensive, dite
entrepreneuriale, qui inclut dans l’intérêt social d’autres considérations liées à la continuité de l’entreprise (prise en
compte de l’intérêt d’autres « stakeholders » que les seuls actionnaires).

Le Code des sociétés précise que la condition de conformité à l’intérêt social doit être vérifiée «à tout moment».

Clauses d’agrément et de préemption.

a) Durée maximale de la durée d’incessibilité


Art. 510.                                                                                                  
§3 Toutefois, lorsque la limitation résulte d’une clause d’agrément ou d’une clause prévoyant un droit de préemption,
l’application de ces clauses ne peut aboutir à ce que l’incessibilité soit prolongée plus de six mois à dater de la demande
d’agrément ou de l’invitation à exercer le droit de préemption.
§4 Lorsque les clauses visées à l’alinéa 3 prévoient un délai supérieur à six mois, celui-ci est de plein droit réduit à six
mois.

b) Motivation du refus de l’agrément


L’agrément étant en principe purement discrétionnaire, aucune motivation particulière n’est exigée pour justifier son refus.
Toutefois, lorsque le refus d’agrément émane d’un organe de la société, comme c’est souvent le cas, ce refus devra
répondre aux critères de conformité à l’intérêt social, sans tenir compte de l’intérêt des bénéficiaires du droit de
préemption lié à l’agrément.
c) Détermination du prix dans la clause de préemption
L’article 510 C. soc. pose également le principe de la liberté des conventions en ce qui concerne les modalités de
détermination du prix, à l’exception de l’hypothèse de l’offre publique d’acquisition (art. 511 C. soc.). Le seul impératif posé
par la loi est que, pour être valable, la clause devra prévoir un prix déterminé ou déterminable et ce, en vertu des articles
1129 et 1591 du Code civil. Le prix est jugé déterminable s’il peut être déterminé « sur la base d’éléments objectifs qui ne
sont pas soumis à la volonté des parties ».
En pratique, diverses modalités de détermination du prix sont utilisées. Généralement, le prix est fixé selon une formule de
valorisation prévue par les statuts ou dans le contrat (valeur comptable corrigée, EBITDA, ...).
Parfois, il est prévu que le prix sera déterminé par un expert désigné nommément dans la convention ou désigné par un
tiers indépendant. Lorsque l’expert est désigné par la convention, le prix sera jugé suffisamment déterminable dans la
mesure où « la personnalité du tiers constitue l’élément de détermination du prix et point n’est besoin de [lui] donner des
critères d’évaluation » (article 1592 du Code civil). Par contre, lorsque la convention ne désigne pas une personne
déterminée, l’article 1591 du Code civil s’applique: la clause devra alors préciser les éléments de base du calcul du prix ou
les éléments par relation avec lesquels le prix peut être déterminé par l’expert.

Exemple
Procédure d’agrément
1. L’Actionnaire A pourra, à tout moment entre [première date] et [seconde date], céder une partie de ses Actions A
qui ne pourra excéder 49 % des Actions A à un Co- Investisseur, pour autant que (i) ce dernier soit agréé par le
conseil d’administration de la Société et (ii) ce dernier adhère au présent Pacte.

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RSE – Droit des Sociétés


2. Après deux refus d’agrément, le conseil d’administration ne pourra refuser à nouveau son agrément qu’en
motivant sa décision de manière objective et raisonnable. Pour les besoins du présent article, tout refus d’agréer
(a) un Concurrent ; ou (b) toute Entité détenant une participation, directement ou indirectement, dans un
Concurrent) sera réputé légitime et dûment motivé.
Procédure de préemption simple
1. Dans l'hypothèse où l'Actionnaire A souhaiterait céder ses Titres, l'Actionnaire A pourra notifier à l'Actionnaire B
son intention de transférer ses Titres (la « Notification de Cession ») en indiquant le prix auquel l'Actionnaire A
accepte de céder ses Titres (le « Prix de Premier Refus »). Cette notification constituera une offre de cession par
l'Actionnaire A de ses Titres à l'Actionnaire B pour un prix égal au Prix de Premier Refus A (« l'Offre de Cession »).
2. L'Actionnaire B disposera d’un délai d’un mois à compter de la réception de l'Offre de Cession pour envoyer à
l'Actionnaire A une notification en réponse indiquant si l'Actionnaire B exerce son droit (le « Droit de Premier Refus
») d'acquérir les Titres détenus par l'Actionnaire A proposés au Prix de Premier Refus.
3. Dans le cas où l'Actionnaire B notifierait à l'Actionnaire A son acceptation de l'Offre de Cession A dans le délai
susmentionné, l'Actionnaire B disposera d'un délai additionnel de deux mois à compter de la date d'exercice par
l'Actionnaire B de son Droit de Premier Refus pour réaliser l'acquisition des Titres détenus par l'Actionnaire A au
Prix de Premier Refus.
4. Si l'Actionnaire B refuse l’Offre de Cession (le défaut de réponse à l'Offre de Cession dans le délai d’un mois prévu
ci-dessus étant assimilé à un refus), l'Actionnaire A sera libre de céder ses Titres à tout tiers de son choix à un prix
au moins égal au Prix de Premier Refus.

Reference
Partie IX – Chap II – pt 1.2 & 2.1

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RSE – Droit des Sociétés


36. Qu’est-ce qu’une convention de vote ? Quelles sont ses conditions de validité ?

Définition
Une convention de vote est un contrat par lequel les parties s'engagent à exercer le ou leurs droits de vote de la manière
convenue (désignation d'un mandataire commun, concertation préalable..)
Une convention de vote peut être établie dans le but de répondre à de nombreux objectifs dont, les plus courants:
 assurer la stabilité du pouvoir, dans une entreprise familiale ou joint-venture (ex.)
 Renforcer le pouvoir d'un actionnaire minoritaire en lui assurant des droits plus larges que ceux auxquels il aurait
normalement droit
Portée des conventions de vote varie en fonction de ces objectifs
 engagements ponctuels (ex : réaliser une augmentation de capital)
 engagements plus étendus dans le temps

Formes1
Les conventions de vote peuvent prendre une :
 forme contractuelle (statutaire ou extra-statutaire) : elles comportent des directives strictes et précises que
devront respecter et transposer les suffrages des actionnaires ou prévoient la tenue d'une réunion préalable à
l'assemblée générale en vue de déterminer la politique à suivre
 forme sociétaire, par la création d'une société « holding » à laquelle les actionnaires font apport de leurs titres
pour qu'elle exerce les droits y afférents

Conditions de validité

La licéité des conventions de vote a été consacrée par un arrêt de la Cour de cassation du 13 avril 1989 (relativement
récent)2. La Cour a reconnu la validité des conventions de vote tout en la subordonnant au respect de 3 conditions :

 qu'elles ne suppriment pas le droit de l'actionnaire de participer aux décisions sociales (ne peuvent pas court-
circuiter les organes)
 qu'elles soient conformes à l'intérêt de la société ele-même
 qu'elles soient exemptes de toute idée de fraude
La légalité des conventions de vote a été consacrée dans la loi en 1991 et se trouve à l'article 551 du Code des sociétés. Cet
article consacre le principe de légitimité des conventions de vote tout en posant des conditions de validité : elles « doivent
être limitées dans le temps et être justifiées par l'interêt social à tout moment ».

Art. 580.
§ 1er. L'exercice du droit de vote peut faire l'objet de conventions entre obligataires.
Ces conventions doivent être limitées dans le temps et être justifiées par l'intérêt social à tout moment.
Toutefois, sont nulles :
 1° les conventions qui sont contraires aux dispositions du présent Code ou à l'intérêt social;
 2° les conventions par lesquelles un obligataire s'engage à voter conformément aux   directives données par la société,
par une filiale ou encore par l'un des organes de ces sociétés;
 3° les conventions par lesquelles un obligataire s'engage envers les mêmes sociétés ou les mêmes organes à approuver
les propositions émanant des organes de la société.
§ 2. Les conventions entre obligataires qui sont contraires aux articles 510 et 511 sont nulles.
§ 3. Les votes émis en assemblée générale en vertu des conventions visées au § 1er, alinéa 2, et au § 2 sont nuls. Ces
votes entraînent la nullité des décisions prises à moins qu'ils n'aient eu aucune incidence sur la validité du vote
intervenu. L'action en nullité se prescrit six mois après le vote.

a) limitation dans le temps


L'article 551 C. Soc prévoit le principe d'une limitation dans le tps mais n'apporte pas de précisions.
 durée doit être raisonnable et répondre à un intérêt légitime des associés

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RSE – Droit des Sociétés


 une durée de 5, 10 ou même 20 ans sera, selon le contexte, défendable

Cette limitation se justifie eu égard au principe selon lequel l'actionnaire doit tjs conserver son droit de participer aux
décisions collectives et ne peut être privé irrévocablement et irrémédiablement de son droit de vote, considéré comme
d'ordre public3.

b) justification à tout moment par l'intérêt social


notion d'intérêt social : plusieurs approches de la notion plus ou moins restrictives
 intérêt commun des associés
 intérêt des actionnaires actuels et futurs
 intérêt des actionnaires actuels et futurs + stakeholders (partenaires)

La jurisprudence a développé une conception large de l’intérêt social (qui prend en compte les intérêts des actionnaires
mais aussi ceux des travailleurs et stakeholders).

L'intérêt social est très volatile au fil du temps (en raison de la configuration de l'actionnariat, la croissance de la société,
l'intérêt dont elle fait l'objet de la part d'investisseurs/ repreneurs, la conjoncture économique..).
=> un vote émis à un moment déterminé en vertu d'un pacte de votation, qui pouvait être considéré comme licite au
moment de sa conclusion, pourrait être remis en cause dans l'hypothèse où les dispositions de ce pacte auraient entre-
temps cessé d'être justifiées par l'intérêt social.

Types de clauses

a) Conventions de vote au sein de l'AG


Contrat conclu entre actionnaires, ou entre un actionnaire et un tiers, qui porte sur l'exercice du droit de vote à l'AG =>
engagement prit par un ou plusieurs actionnaires de voter dans un sens déterminé.
Ex : engagement de voter une augmentation de K, de ne pas voter un transfert du siège social, de voter en faveur de la
désignation d'une personne déterminée au CA, de se concerter avant de procéder à un vote..
Différents types de clauses
 Aménagement des pouvoirs de l'AG et du CA
Note : restrictions aux pouvoir du CA sont valides si :
a) prévues dans les status,
b) elles ne portant pas atteinte aux pouvoirs réservés par la loi au CA,
c) elles ne peuvent rompre l'équilibre des pouvoirs entre l'AG et le CA
 engagement de vote dans un sens déterminé
 Renforcement des conditions de quorum et de majorité
Dans ce type de contrat, une personne s'engage à voter, avant les délibérations, avant d'avoir pu participer à la réunion
proproment dite de l'AG.

b) Conventions de vote au sein de conseil d'administration


Les administrateurs ne peuvent pas lier leur droit de vote par convention, pour 3 raisons essentielles :
1. principe délibératif du CA
2. administrateurs exercent une fonction, qui ne peut être exercée que dans le seul intérêt de la société, et
3. responsabilité encourue par les administrateurs ne peut être couverte par une convention à laquelle ils se seraient
simplement soumis
Il est cpt fréquent que les administrateurs s'entendent avant la réunion formelle d'un CA pour préparer la délibération du
conseil.

Sanctions
 nullité des conventions (art. 551, §1er, alinéa 2) : conventions contraires au Codes des sociétés sont nulles
 nullité des votes (art. 551, §1er, alinéa 3): les votes émis en vertu des conventions visées à l'alinéa 2 du 1 er
paragrathe de l'article 551 sont nuls.

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RSE – Droit des Sociétés


37. Dans le contexte des procédures en exclusion et en retrait, qu’entend-on par «  justes motifs » ?

Le concept de juste motif n'a pas de définition juridique, elle est à l'appréciation du juge qui accepte ou non les raisons
invoquées comme tel.

Toutefois, la jurisprudence considère des cas communs pouvant être considérés comme des justes motifs:
1. Manquement d'un actionnaire conduisant à un blocage ou un dysfonctionnement des organes sociaux de la société
(point 4.2.1)
1bis Adoption de résolution irrégulières
2. Abus de Majorité ou Minorité pour imposer décisions non conformes à l'intérêt social (point 4.2.2)
3. Mésintelligence grave entre associés (point 4.2.3)
(chapitre 1, paragraphe 3)

Une faute est considérée comme une condition suffisante, mais pas nécessaire pour être un juste motif.
La liste n'est pas considérée comme exhaustive (puisque pas de définition juridique).

1. Manquement d'un actionnaire:


 Inéxécution d'un actionnaire de ses engagements, désintéressement de la gestion de la société, ... soit un ensemble
d'actions constituant un blocage des organes.

2. Abus de majorité/minorité:
 En général, un actionnaire majoritaire qui oriente les décisions favorisant ses propres intérêts.
 Oralement, le professeur a définit une victime d'abus de la façon suivante:
 Un actionnaire peut être victime d'abus s'il retire moins d'avantage que de tort que lui fait le vote d'une décision de l'AG.

3. Mésintelligence grave entre associés:


 Idem que 1., mésintelligence n'est acceptée comme juste motif qu'à la condition qu'elle conduise à un blocage des organes
sociaux de la société.

Un juste motif est porté à l'encontre d'un ou de plusieurs actionnaires, faisant l'objet de l'action de procédure d'exclusion,
ou justifiant la demande de procédure de retrait.

Références:
Partie X, chapitres 1 et 2, point 4 "Notions de « justes motifs »

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RSE – Droit des Sociétés


38. Quand une offre à participer à une augmentation de capital constitue-t-elle une offre publique d’instruments
financiers ? A quelles conditions une telle offre est-elle soumise  ?

Afin de financer une entreprise, l’entrepreneur peut notamment procéder à une augmentation de capital en faisant
intervenir des tiers.

L’appel aux capitaux constitue une offre publique d’instruments financiers si :


 il consiste en une communication à des personnes (peu importe la forme et le moyen)
 il présente une information suffisante sur les conditions de l’offre
 il présente une information suffisante sur les instruments de placement à offrir
 il permet à un investisseur d’être en mesure de décider d’acheter ou de souscrire aux instruments de placement

L’appel public à l’épargne ne consiste par contre pas en une offre publique d’instruments financiers si l’offre :
 ne vise que des investisseurs professionnels
 est faite à moins de 150 personnes
 nécessite une contrepartie d’au moins 100.000 euros par investisseurs
 est d’un montant total inférieur à 100.000 euros sur une période de 12 mois

Concernant les conditions de soumission, l’offre ne pourra être faite que si la FSMA a donné approbation au préalable au
prospectus décrivant l’opération et qui a été publié.

Cette condition préalable ne s’applique pas pour certaines parts de sociétés coopératives (à  certaines conditions) ainsi que
pour l’opération de crowdfunding.

Références:
Loi du 16.06.2006 sur les offres publiques d’instruments de placements et aux admissions d’instruements financiers à la
négociation sur des marchés réglementés, article 3, §1er   et article 20
Cours du 01.12.2014, Partie XII sur les notions de droit bancaire et financier, Chapitre 2, notions de droit financier, 1 L’appel
public à l’épargne

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RSE – Droit des Sociétés


39. Qu’est-ce qu’une information privilégiée ? Quelles sont les obligations ou interdictions qui s’imposent aux
détenteurs d’une telle information ?

Double fonction du droit financier :

1. Fonction structurelle du droit financier :

 organiser efficacement les marchés financiers : organisation + contrôle des professions d’intermédiaire financier ;
 assurer l'intégrité et la transparence (ambigu) des marchés financiers : organisation des marchés et de leur
interactivité au niveau international.

2. Fonction de protection du droit financier :

 assurer protection et égalité de traitement des investisseurs : assurer l’information adéquate des investisseurs et
leur accès égal aux opportunités des marchés financiers.
Moyen utilisé :
-  imposition de devoirs aux intermédiaires (connaître leur client et le conseiller dans certains cas, etc.) (Cf. cours
du 01/12/2015 pg9 ‘Chapitre II – Notions de droit financier’, ‘2 Protection des consommateurs de produits
financiers – intégrité des marchés’, ‘2.2 Principales obligations des intermédiaires financiers’)
- imposition de la publication de prospectus d’émission (Cf. cours du 01/12/2015 pg8 ‘Chapitre II – Notions de droit
financier’, ‘1 L’appel public à l’épargne’, ‘1.3 Le prospectus’) et d’informations périodiques par les émetteurs
d’instruments financiers diffusés dans le public ou admis aux négociations sur un marché réglementé.

‘L’égalité d’accès aux opportunités du marché sera assurée […] par des règles interdisant les « abus de marché » et
l’exploitation d’« informations privilégiées » et par des règles imposant pour certaines opérations une procédure
spéciale garantissant l’égalité de traitement de tous les investisseurs (procédures d’introduction en bourse,
OPA/OPE, changement de contrôle d’une société cotée).’

1. Qu’est-ce qu’une informations privilégié ?

Définition :

‘Il s’agit d’une information qui

(i)    n’a pas été rendue publique,


(ii)   a un caractère précis,
(iii)  concerne, directement ou indirectement, un ou plusieurs émetteurs d’instruments financiers, ou un ou plusieurs
instruments financiers et
(iv)   si elle était rendue publique, serait susceptible d’influencer de façon sensible le cours des instruments financiers
concernés ou celui d’instruments financiers dérivés qui leur sont liés.

(article 2, 14° de la loi du 2 août 2002 relative à la surveillance du secteur financier et des services financiers)’ (
http://www.fsma.be/fr/Supervision/fm/ma/mm/Article/faq/faq1mm.aspx#voorkennis)

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RSE – Droit des Sociétés


2. Quelles sont les obligations ou interdictions qui s’opposent aux détenteur d’une telle information ?

Obligation des sociétés : diffusion immédiate de l’information

‘Toute société dont les titres sont admis sur un marché réglementé belge (Euronext) doit « rendre publique immédiatement
toute information privilégiée qui les concerne directement, en ce compris tout changement significatif concernant des
informations qui ont déjà été rendues publiques. Cette information comprend des données financières si l'émetteur en
dispose » (article 11, § 1er, al. 1er, de la loi du 2 août 2002). ‘

‘La diffusion d’information privilégié est immédiate (peut être reportée dans certains cas « pour autant que ce report ne
risque pas d'induire le marché en erreur et que l'émetteur soit en mesure d'assurer la confidentialité de ladite information
». Mais : La FSMA doit être informée de l’existence d’une information privilégiée non diffusée. Elle peut ainsi accroître sa
vigilance dans la surveillance des transactions en bourse sur les instruments de cette société).’

Interdictions aux détenteurs d’une information privilégiée :

Article 25, § 1er, 1°, de la loi du 2 août 2002 :

§ 1er. Il est interdit à toute personne :

1° qui dispose d'une information dont elle sait ou devrait savoir qu'elle a un caractère privilégié :

a) d'acquérir ou de céder, ou de tenter d'acquérir ou de céder, pour son compte propre ou pour le compte d'autrui,
directement ou indirectement, les instruments financiers sur lesquels porte l'information (...);

b) de communiquer une telle information à une autre personne, si ce n'est dans le cadre normal de l'exercice de son travail,
de sa profession ou de ses fonctions;

c) de recommander à un tiers d'acquérir ou de céder, ou de faire acquérir ou céder par une autre personne, sur la base de
l'information privilégiée, les instruments financiers sur lesquels porte l'information (...);

Toute personne ne respectant pas ces interdiction se rendra coupable de ‘délit d’initié’.

Les personnes qui ont une position (information) privilégié ne peuvent pas agir en profitant d’informations sensibles (notion
d’équité entre investisseurs potentiels, pas de guerre de l’informations).

Pour info, le même article 25 (Article 25, § 1er, 1°, de la loi du 2 août 2002) interdit les manipulations du cours de bourse de
titres cotés par la diffusion d’informations fausses ou trompeuses ou par la réalisation d’opérations artificielles en bourse
qui donnent une fausse impression de l’activité de marché

‘(…)

2° d'effectuer des transactions ou de passer des ordres :

a) qui donnent ou sont susceptibles de donner des indications fausses ou trompeuses sur l'offre, la demande ou le cours
d'un ou plusieurs instruments financiers; ou

b) qui fixent, par l'action d'une ou de plusieurs personnes agissant de concert, le cours d'un ou plusieurs instruments
financiers à un niveau anormal ou artificiel,

(…)

3° d'effectuer des transactions ou de passer des ordres qui recourent à des procédés fictifs ou à toute autre forme de
tromperie ou d'artifice;

4° de diffuser des informations ou des rumeurs, par l'intermédiaire des médias, via l'Internet ou par tout autre moyen, qui
donnent ou sont susceptibles de donner des indications fausses ou trompeuses sur des instruments financiers, alors qu'elle
savait ou aurait dû savoir que les informations étaient fausses ou trompeuses; (…)’

75

RSE – Droit des Sociétés


3. Exemple de délit d’initié :
annexe Corr. Charleroi 27 septembre 1995, R.P.S., 1996, 152

Un exemple de jugement rendu à Charleroi pour un délit d’initié est consultable à l’annexe 5 du portefeuille de document
du cours du 01/12/2015 : Le chef comptable d’une entreprise a profité d’une information dont il disposait par sa qualité de
comptable pour acheter des actions avant que les comptes de l’exercice 1992 ne soient rendus public, à savoir une
croissance du bénéfice net de 72% en 1992.

Préambule : double fonction du droit financier (cours du 22/09/2014, ‘Chapitre II – Introduction au droit financier, ‘2
‘Objets, fonctions et texte du droit financier’, pg 4)

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40. Comment un commerçant en difficulté peut-il obtenir la protection de la justice en vue de se réorganiser  ?

Tout commerçant peut demander la protection de la justice en vue de se réorganiser et ce, de 2 manières. La première se
voit rarement en pratique.
 Le médiateur d’entreprise et la réorg. amiable
Le commerçant peut demander au Tribunal de Commerce la désignation d’un médiateur « en vue de faciliter la
réorganisation de son entreprise » (Loi du 31/1/2009, Art 13). La procédure peut aboutir à un accord amiable
extrajudiciaire (avec tout ou partie des créanciers).
 La réorganisation judiciaire
L’Art. 16 de la même Loi prévoit qu’un commerçant peut introduire une procédure en réorganisation judiciaire en
vue de « préserver, sous le contrôle du Juge, la continuité de tout ou partie de l’entreprise en difficulté ou de ses
activités ».
Procédure : dépôt au greffe du Tribunal de commerce d’une requête en réorganisation judiciaire comprenant :
(Art. 17§2)  
o Un état actif et passif de l’entreprise et un compte de résultat datant de maximum 3m
o Les informations financières nécessaires à la compréhension de la situation
o Les informations relatives aux causes
o L’objectif de la requête
o Le cas échéant, le mesure qui devraient permettre un redressement de la situation.
A lire : Article 17 §2
Compléments
Dès le moment du dépôt de la requête
 Impossibilité d’être déclaré en faillite.
 Sursis temporaire contre la réalisation forcée de ses biens
o    Sursis de max. 6 mois (possibilité de prolongation de 6 mois).
o    Publication au Moniteur : Opposition possible par des tiers éventuels pdt 1 mois
o    Facultatif : désignation de :
§  un ou plusieurs médiateurs à la demande du commerçant
§  un administrateur provisoire en cas de faute grave, de mauvaise foi dans le chef du débiteur ou à la
demande d’un tiers
La période de sursis ne met pas fin aux contrats en cours mais le débiteur peut en suspendre l’exécution (à l’exception de
certains créanciers : créanciers gagistes ou jouissant d’une sûreté financière
Cette procédure peut mener à trois solutions pour préserver l’entreprise :
 un accord amiable entre le débiteur et deux ou plusieurs créanciers, sous la surveillance du tribunal. L’accord est
constaté par le tribunal. Ce jugement met fin au sursis
 un plan de réorganisation qui comprend toute renonciation de créanciers ou toute modalisation de leur créance
qui permet au débiteur de sortir de ses difficultés. Ce plan doit recueillir une majorité des votes (en nombre de
créanciers participant au vote et en importance de leurs créances). Ce plan doit être homologué par le tribunal
(contrôle du respect des formalités et des dispositions d’ordre public). Il est obligatoire pour tous les créanciers et
le débiteur. Le plan peut être révoqué en cas de non-respect de ses conditions par le débiteur
 un transfert sous autorité judiciaire qui est la dernière solution envisagée par la loi. Il s’agit de faire se poursuivre
l’activité de l’entreprise dans un autre cadre. L’homologation du transfert libère le cessionnaire de toutes les
autres obligations de l’entreprise dont il a acquis certains actifs et passifs (et du personnel, le cas échéant)

Références: Cours du 24 novembre 2014, Faillite, réorganisation et liquidation : Chapitre 2, Point B et C, p. 3-4
AnnexeS “Brincks du 24/11”

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41. Quelles sont les conditions de la faillite ?

3 conditions légales doivent être réunies pour que la faillite soit prononcée :

 un commerçant: le débiteur qu’il soit personne physique ou personne morale doit avoir la qualité de commerçant
(soit exercer une activité commerciale) pour pouvoir être déclaré en faillite.
Dès lors, une association ou une personne physique non commerçante ne peut être déclaré en faillite.
L’association pourra être mise en dissolution judiciaire tandis que dans le cadre de la personne physique non
commerçante c’est la législation relative au Règlement collectif de dettes qui s’appliquera

 une cessation de paiement: le commerçant doit cesser d’effectuer ses paiements de manière persistante dans le
temps
Une simple difficulté passagère de paiement peut être résolue notamment par l’introduction d’une requête en
réorganisation judiciaire afin de bénéficier d’un sursis

 un ébranlement de crédit : le commerçant doit avoir perdu la confiance de ses créanciers (banquiers,
fournisseurs,...) au point qu’ils refusent tout octroi éventuel de crédit  

La nationalité n’est pas un élément constitutif de la faillite mais est un élément déterminant car, en droit belge, le jugement
de faillite qui aura été prononcé par le Tribunal de Commerce aura un effet universel. Il sera relatif à l’ensemble du
patrimoine du failli peu importe où se trouvent les biens du débiteur failli.

Références:

 Loi du 08.08.1997 sur les faillites, article 2


 Cours du 24.11.2014 dans la Partie XI sur la Réorganisation Judiciaire, faillite et liquidation au Chapitre III- La
faillite- Conditions de la faillite

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42. Qu’est-ce que la « période suspecte » ? Quelles sont ses conséquences ?

Par défaut, la date de cessation de paiement intervient à la date du jugement déclaratif de la faillite. Cependant, le juge
peut fixer la date de la cessation de paiement à un moment qui précède le jugement déclaratif de la faillite, et ce jusqu’à
maximum 6 mois. La période entre la date de cessation de paiement (date fixée par le juge) et le jugement déclaratif de la
faillite forme la période suspecte. Tous les actes réalisés par le failli pendant cette période suspecte sont considérés comme
suspects et peuvent donc être remis en cause par le curateur. Le législateur vise ici les actes posés par le commerçant qui,
sentant sa faillite venir, décide d'agir d'une manière inacceptable pour ses créanciers. On peut songer au commerçant qui
fait des libéralités envers un proche ou à celui qui favorise un de ses créanciers au détriment des autres.

Exemple : sentant la faillite venir, un commerçant revend une partie de son stock à 10% de son prix réel à sa femme. Si cet
acte s’est passé durant la période suspecte, le curateur pourra annuler cette vente afin de récupérer les biens et pouvoir
rembourser les créanciers avec.

Dans certains cas exceptionnels, le juge peut fixer la date de cessation de paiement à une date antérieure à plus de 6 mois.
Cette exception concerne les personnes morales dont la dissolution a été décidée plus de 6 mois avant le jugement de
faillite et est applicable s’il existe des indices qu'elle a été menée dans l'intention de nuire aux créanciers. Dans ce cas, le
législateur autorise le tribunal à faire correspondre la date de cessation de paiement à celle de la décision de dissolution.
Exemple : depuis 12 mois, une société a vendu toutes ses activités et ne remplit plus son objet sociétal. Elle a donc été
“dissoute” il y a 12 mois par ses propriétaires. Dans ce cas, le législateur autorise le tribunal à faire correspondre la date de
cessation de paiement à celle de la décision de dissolution.

Références:
Références : Cours Partie XI (Réorganisation judiciaire, faillite et liquidation), Chapitre III, Partie C.3 (Page 7)

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43. Distinguez dissolution et liquidation d’une société. Dans quelles hypothèses une société peut-elle être dissoute  ?

La dissolution est l’acte par lequel la société décide de mettre un terme à sa propre existence. La dissolution ne se confond
pas nécessairement avec la fin de l’activité sociale : la société peut continuer à exister pour les besoins de la liquidation.

La dissolution d'une société n'entraîne pas sa disparition, mais bien uniquement sa mise en liquidation. (2)

Après dissolution, la personnalité juridique subsiste. Le mandat des administrateurs et gérants prend fin. Un ou plusieurs
liquidateurs entrent en fonction.
La liquidation d’une société consiste à la conduire de sa dissolution à sa disparition pure et simple. Il faut terminer les
opérations en cours, rassembler les actifs et les vendre afin de rembourser les créanciers. Créanciers qui subissent la loi du
concours.

La liquidation d'une société est une opération consistant à transformer en argent les éléments de l'actif et à payer les dettes
sociales de la société, afin d'en apurer le patrimoine. (3)

S’il reste suffisamment de valeur dans la société après le remboursement des créanciers, les associés reçoivent le
remboursement de leur apport, augmenté du « boni de liquidation » (le reliquat des bénéfices non distribués, les plus-
values sur les apports et les investissements).
Les causes de dissolution sont multiples :
1.    Dissolution de plein droit :
a.       Arrivée du terme statutaire (la société peut être constituée pour une durée limitée)
b.      Extinction de l’objet social (lorsque l’objet social est une carrière ou une mine)
2.     Dissolution par la volonté des associés :
Majorités requises : art. 645, al C.Soc. Même quorum (50% du capital social) et majorité (3/4 des voix) que pour les
modifications statutaires.
La fusion et la scission sont des cas particuliers de dissolution volontaire
3.    Dissolution pas décision judiciaire :
a.       Dissolution pour justes motifs : l’ultime solution pour résoudre un conflit entre actionnaires est la
dissolution de la société. Le recours à cette possibilité doit évidemment rester exceptionnel et doit
intervenir uniquement si les autres modes de résolution des conflits sont inopérants. La dissolution pour
justes motifs sert à faire disparaître une société paralysée par une mésentente grave et persistante entre
associés. L’introduction d’une action en dissolution pour justes motifs n’est possible que s’il est constaté
au préalable l’inutilité des actions en retrait ou en exclusion. Outre la mésintelligence entre associés, il
existe d’autres motifs qui permettent la dissolution de la société. Le Code reprend une liste, non
exhaustive, de justes motifs. Une évolution intéressante s’est produite en cette matière. La nature des
justes motifs revêt un caractère de plus en plus économique. En conséquence, l’examen de ces motifs par
le juge ne doit ni porter sur l’existence d’une éventuelle faute d’un actionnaire, ni sur l’imputabilité de
cette faute. Le concept fondamental est la situation économique de la société, le fait qu’il y ait un blocage
qui paralyse l’entreprise. En ce sens, il a été considéré que tout associé en tort ou non devait pouvoir faire
constater que la société n’a plus d’avenir et que sa dissolution s’impose. (4)
b.    Annulation de la société : par exemple, la constitution d’une société peut être annulée dans le cas où les
souscriptions de chaque fondateur sont annulées pour cause illicite. (5)
c.     Dissolution judiciaire des sociétés inactives (art. 182 C.Soc., 3 comptes annuels non publiés)
d.     Dissolution comme sanction pénale (art. 7bis du Code pénal)
e.     Causes de dissolutions propres à certaines sociétés (p.ex., pour la SA, pertes graves subies par la société,
diminution de l’actif net sous le capital minimum)

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44. Quelles différences et points communs existe-t-il entre la procédure d’exclusion et la procédure de retrait  ?

S’appliquent pour des conflits entre associés : Les procédures ont lieu  en cas de conflits récurrents entre actionnaires,
signe d’une mésintelligence entre associés.
Les conflits se matérialisent par :  
 Blocage ou dysfonctionnement des organes sociaux
 Abus de position dominante pour imposer des décisions contraires à l’intérêt social
 …

Solutions : A mi-chemin entre le référé (décision rendue dans un court délai) et le fond (une dissolution étant une solution
ultime et radicale), un juge peut prononcer le retrait ou l’exclusion forcée d’un actionnaire.
La procédure est assez similaire dans les deux cas
Les principaux  points communs sont les suivants :
 Un demandeur et un défendeur
 SA n'ayant pas fait ou ne faisant pas publiquement appel à l'épargne, SPRL et sociétés en commandite par actions
fermées.
 C’est une procédure au fond. Instruction sous la forme des référés.
 L’action doit être introduite devant le Président du Tribunal de Commerce de l’arrondissement judiciaire dans
lequel la société a son siège
 Outre les différentes parties, la société est également appelée à comparaître et doit ensuite informer les porteurs
d’actions nominatives pour qu’ils puissent se joindre à la procédure et se porter acquéreur éventuel (par exemple
dans un souci la proportionnalité de leur participation).
 Caractère subsidiaire : Même si les conventions et les statuts permettre parfois de régler ces conflits.
o Avis contraignant d’un tiers
o Option d’achat et de vente (croisées - cfr pt 2.5 conventions)
o Clause de sortie conjointe
o Clause d’exclusion
La procédure est tout de même recevable.
 Etablissement d’un juste motif (La notion est importante, particulièrement pour la procédure d’exclusion).
o Manquement du défendeur (une action judiciaire peut parfois forcer l’exécution d’un engagement par un
associé. Dans ce cas, le juste motif ne sera pas établi).  
o Abus de majorité ou de minorité
o Mésintelligence entre associés
A noter que :
o Le juste motif est imputable au comportement du défendeur et s’apprécie au regard de l’intérêt social.
o Il ne signifie pas toujours qu’une faute a été commise
o Ne peut être défini par voie statutaire ou conventionnelle
o Prise en compte du comportement du défendeur en une autre qualité qu’associé de la société.
 Le prix : le Législateur est peu disert sur le sujet (pas de méthodes d’évaluation précises par exemple). Une grande
latitude est  laissée au juge.
o Le juge fixe le prix s’il estime avoir suffisamment d’informations
o Le juge peut désigner  un expert (réviseur par exemple)
o A quel moment se placer pour fixer la valeur des actions cédées ? La jurisprudence et la doctrine ne sont
pas unanimes. Dates possibles :
 À l’introduction de la demande
 Lors du dépôt du rapport d’expert
 Lorsque le juge statue.

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Les différences entre les deux procédures
Exclusion Retrait

Principe Forme d’expropriation d’un actionnaire. Vise à  contraindre le défendeur à acheter les
Le défendeur est contraint de céder ses actions actions du demandeur
au demandeur

Objectif D’abord  et toujours la protection de l’intérêt Vise à assurer la défense des intérêts de
social. Le juge statuera d’abord pour la l’associé concerné et ensuite, en ordre
continuité de la société. subsidiaire, la défense de l’intérêt social
En cas de demande réciproque :
Si un est fautif : exclusion
Si torts partagés :  mise en balance prudente
des intérêts et cession de la participation de
moindre intérêt pour la société(exemples de
critères : capacité financière, know how)

Seuil requis pour Un ou plusieurs associés possédant ensemble : Aucun. Il est concevable que l’action soit
intenter la · Des titres représentant 30% des voix attachés introduite par la société ou une filiale
procédure à l’ensemble des titres
·OU Si des titres non représentatifs du capital,
alors c’est ramené à 20%
·OU des actions (valeur nominale ou pair
comptable) représentant 30% du capital

Contre qui l’action Contre le ou les associés dont l’exclusion est Contre l’associé à l’origine des justes motifs.
est introduite recherchée

Objet de la L’action porte sur tous les titres (même Tous les titres(cfr. art. 642 Code des Sociétés)
demande convertibles). Pas d’exclusion partielle.
L’exclusion doit être totale et régler
définitivement le conflit.

Hypothèse d’accueil · Manquement du défendeur ·  Manquement du défendeur


de la · Abus de majorité ou minorité ·   Abus de majorité(généralement, même
demande(juste · Mésintelligence grave entre associés si une procédure d’ exclusion de
motif) (blocage ou à tout le moins problèmes minoritaires avec plus de 30% est
suffisamment sérieux pour aussi possible)
compromettre la société) ·   Mésintelligence grave entre associés

Qui peut intenter ·  Un ou plusieurs associés · Un ou plusieurs associés


l’action ? · Pas la société ni une de ses filiales(art. 334 ·  La société
code des Soc.)

Références
 Conventions entre actionnaires, pt 2.5 (cours du 17/11/2014)
 Litige entre actionnaires (cours du 8/12/2014)
 131114_Vanham_Les_procedures_d_exclusion_et_de_retrait.pdf (portefeuille de lecture cours du 8/12/2014)
 Code des Sociétés

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