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§1 - Objet
S interroger sur l objet du droit du travail revient à s interroger sur en premier lieu sur
le travail.
Qu est-ce que le travail ?
Étymologiquement, du latin tripalium = trois pieux, référence à un outil de torture
auquel on attachait les esclaves. Longtemps la langue française va garder l idée de
la souffrance liée au travail.
Au XVIe siècle, on a défini le travail comme l activité productive.
Quand on parle de droit du travail, on devrait donc parler du droit de l activité
productive mais en fait, on parle du droit applicable aux relations de travail
subordonné (pour le compte et sous l autorité d autrui) dans le secteur privé.
Le droit du travail regroupe ainsi l ensemble des règles juridiques applicables aux
relations individuelles et collectives qui naissent entre les employeurs et leurs
salariés à l occasion du travail.
Le droit du travail ne s applique donc pas à toutes les relations professionnelles : il
est en principe limité au travail subordonné dans le secteur privé.
§2 - Cham d a lica i
Source : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2863671
§3 - Nature du droit du travail
Le droit du travail est un droit qui bouge tout le temps, il est sans cesse en train de se
renouveler. La législation évolue très rapidement (surtout depuis une vingtaine
d années) et doit s adapter au contexte social et économique changeant.
Le droit du travail est, en effet, un droit en constante évolution car il comprend des
enjeux sociaux, économiques et politiques forts.
Il est donc essentiel d'en suivre l'actualité. Les réformes Macron de 2017, en
particulier, ont fortement impacté la matière.
Le droit du travail peut enfin être compris comme une technique de gestion de
l e e i e. Il offre des ressources pour organiser l entreprise en permettant
d aménager le temps de travail, de répartir les tâches, de mettre en place une
organisation des services, d avoir une gestion fine du personnel avec des statuts
différents.
§5 - Historique
Le droit du travail est apparu et s est développé comme celui du travail salarié, dont
la naissance est souvent située au XIXe siècle.
Le décret d'Allarde des 2 et 17 mars 1791 et la Loi le Chapelier des 14 et 17 juin de
la même année sont parfois cités comme ayant permis au droit du travail de se
développer en « libérant » le travail du corset des corporations de l'Ancien régime. Le
travail devient ainsi une liberté.
Toutefois, si ces lois (le décret d'Allarde est en réalité une loi) ont été fort importantes
pour le développement de l'activité productive en général, il est difficile d'y voir un
embryon de droit du travail salarié, puisqu'elles s'appliquaient indifféremment à
toutes formes de travail. Certaines études tendent même à montrer que l'interdiction
des corporations a eu pour principale conséquence la multiplication de l'installation
de petits artisans et non l'accroissement des travailleurs subordonnés. En outre,
l'abolition des corporations, qui résulte de la loi le Chapelier a conduit à brider,
interdire ou rendre clandestine l'organisation des travailleurs subordonnés ou
dépendants, même si d'autres formes de régulation collective ont pu émerger. Cette
loi faisait ainsi du travail une liberté mais une liberté individuelle, où l action collective
et le regroupement des travailleurs ne trouvaient aucune place.
Il faut donc chercher ailleurs les racines du droit du travail. Elles peuvent être
trouvées dans les premières lois sur les temps de travail (1). Plus encore,
l affirmation du lien entre protection et subordination signe le début du droit du travail
(2).
§6 Le d i d a ail a j dh i
Toutefois, avec les ordonnances Macron, une nouvelle ère s'ouvre, caractérisée
par une vision économique et décentralisatrice du droit du travail. Le mouvement
avait été amorcé dans les années 2000, mais il s'accélère brutalement avec les
ordonnances Macron.
L'accent n'est plus mis sur les intérêts des salariés, mais sur ceux de l'entreprise.
Pour les entreprises, le droit du travail représente un ensemble de contraintes
réglementaires, devenu illisible, incertain et obèse ainsi qu'une addition de coûts, qui
obère leur compétitivité, et partant, leur capacité à investir et à créer des emplois.
Les ordonnances Macron ont pour ambition de desserrer ce carcan administratif et
de contenir les coûts.
Pour approfondir, vous pouvez lire les documents annexes déposés sur la
plateforme.
1
Lh ec e i e igi e de b e de a e fai e d e e a i de ie ce e e fai gag e e
a ie d ga i a i .
2
Ce e d h a i a i d a ai e a ic i e e e e a ef e e e ce e de Amazon
Mechanical Turk, i a ifie de de f c i e e d i e ige ce a ificie e.
tous les rapports de travail professionnel3 quelle que soit leur qualification formelle.
Tous les actifs sont soumis à un statut minimal unifié. Un degré de protection plus
élevé bénéficie à certaines catégories de travailleurs – et notamment aux travailleurs
salariés – par le biais de régimes particuliers selon leurs spécificités.
L économie numérique et le développement de l intelligence artificielle ont réactivé le
d ba la e i d a ail e la di a i i de l em l i, par l effet du
développement des technologies.
La numérisation suscite en effet de nombreuses inquiétudes. La crainte est forte de
la voir détruire plus d emplois qu elle n en crée. Les moins pessimistes redoutent à
tout le moins la substitution au travail salarié d une forme de travail indépendant
intermittent, échappant à la protection procurée par le droit du travail4.
Un débat similaire a surgi au sujet du développement des procédés d intelligence
artificielle ou des « robots ». L arrivée à maturité de cette technologie ferait
disparaitre à son tour tout ou partie du travail humain.
Si l automatisation fait peser une menace sérieuse sur une partie des emplois et des
activités (elle accélère l obsolescence des compétences des travailleurs les moins
qualifiés, dont les tâches sont répétitives et prévisibles), elle pourrait non seulement
en épargner beaucoup d autres, qui sollicitent la capacité du travailleur à (ré)agir de
manière autonome, mais aussi conduire à la création de nouveaux emplois liés à
l émergence de cette technologie.
L automatisation n est dès lors pas uniquement synonyme de destruction de l emploi.
Elle charrie aussi d autres effets bénéfiques pour les travailleurs. Outre la création
d emplois, l intelligence artificielle permet d imaginer une amélioration des conditions
de travail en libérant les travailleurs des tâches pénibles, ennuyeuses, bruyantes,
salissantes, etc. En d autres termes, elle laisse entrevoir un monde où n existe de
travail que proprement humain – au sens défini par A. Supiot comme le travail
qu aucune machine ne peut accomplir et dans lequel celui qui l exécute peut mettre
une part de lui‐même – avec en perspective « de nouvelles opportunités pour plus de
liberté et de créativité dans le travail ».
Il faut cependant souligner le rôle fondamental que joue, dans la transition
technologique, l aptitude des travailleurs à changer de fonction, aptitude qui est
d autant plus développée que le travailleur a un haut niveau de formation.
Une politique de l emploi suffisamment dynamique pour apprendre aux travailleurs à
s adapter aux changements technologiques (donc par le biais de la formation
professionnelle) est le seul moyen de faire reculer le niveau du chômage des
travailleurs les moins qualifiés et dont l emploi est directement menacé par les
évolutions technologiques, particulièrement l automatisation.
3
A. Supiot (Au‐ de de e i, F a a i , 2016) a e c e i e c ia c i de d i
fondamentaux aux personnes qui effectuent un travail non professionnel (mères au foyer, etc.).
4
V i C. JOLLY e E. PROUET (c d.), L a e i d a ai : e e ed fi i i de e i, de a e
des protections ?, France Stratégie, document de travail n° 2016‐ 04 d e di ib e ad e e
suivante : https://www.strategie.gouv.fr/publications/lavenir-travail-redefinitions-de-lemploi-statuts-protections