Vous êtes sur la page 1sur 29

ACTION PUBLIQUE

Cette page ne doit pas être insérée dans la reliure


ACTION PUBLIQUE
par
François MOLINS
Magistrat

DIVISION
CHAP. 1. – Caractères de l’action publique, 1-13. § 3. – Restrictions aux poursuites, 104-118.
SECT. 1. – Principes généraux, 1-5. § 4. – Cas des infractions commises à l’étranger, 119.
SECT. 2. – Conditions d’existence, 6-13. SECT. 2. – Droits des juridictions de jugement, 120.
ART. 1. – EXISTENCE D’UNE INFRACTION, 7-10. SECT. 3. – Droits de la partie lésée, 121-135.
ART. 2. – EXISTENCE D’UNE INFRACTION À LA LOI PÉNALE FRAN- ART. 1. – DROIT DE METTRE L’ACTION PUBLIQUE EN MOUVE-
ÇAISE, 11-13. MENT, 123-129.
CHAP. 2. – Sujets de l’action publique, 14-54. § 1. – Plainte avec constitution de partie civile, 125-126.
SECT. 1. – Sujets actifs : par qui est exercée l’action § 2. – Citation directe, 127-128.
publique ?, 17-45. § 3. – Étendue et modalités du droit de mettre l’action pu-
ART. 1. – MINISTÈRE PUBLIC, 18-20. blique en mouvement, 129.
ART. 2. – CERTAINES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES, 21-39. ART. 2. – INFLUENCE DE L’ACTION CIVILE SUR L’ACTION PU-
BLIQUE, 130-135.
§ 1. – Caractère particulier de l’action publique exercée
par les administrations, 22-23. SECT. 4. – Modes de mise en mouvement de l’action pu-
blique, 136-149.
§ 2. – Administrations concernées, 24-39.
ART. 1. – AVERTISSEMENT, 137-138.
ART. 3. – ÉMERGENCE DE CERTAINS ACTEURS : LES ASSOCIA-
TIONS HABILITÉES, 40-44. ART. 2. – CITATION DIRECTE, 139-140.
ART. 4. – INFRACTIONS COMMISES PAR DES MINEURS, 45. ART. 3. – CONVOCATION PAR GREFFIER, CHEF D’ÉTABLISSEMENT
PÉNITENTIAIRE, OFFICIER OU AGENT DE POLICE JUDI-
SECT. 2. – Sujets passifs : contre qui est exercée l’ac- CIAIRE, 141.
tion publique ?, 46-54.
ART. 4. – ORDONNANCE PÉNALE, 142.
ART. 1. – RESPONSABILITÉ PÉNALE DES PERSONNES PHY-
SIQUES, 46-48. ART. 5. – PROCÉDURE DE COMPARUTION SUR RECONNAISSANCE
PRÉALABLE DE CULPABILITÉ, 143.
ART. 2. – RESPONSABILITÉ PÉNALE DES PERSONNES MORALES,
49-54. ART. 6. – COMPARUTION IMMÉDIATE, 144-145.

CHAP. 3. – Mise en mouvement et exercice de l’ac- ART. 7. – RÉQUISITOIRE INTRODUCTIF,


146-147.
tion publique, 55-149. ART. 8. – MODES DE POURSUITE CONTRE DES MINEURS, 148-
149.
SECT. 1. – Droits du ministère public, 59-119.
ART. 1. – CONNAISSANCE DE L’INFRACTION, 61-66. CHAP. 4. – Extinction de l’action publique, 150-195.
§ 1. – Information spontanée, 62. SECT. 1. – Modes généraux d’extinction, 153-180.

§ 2. – Information obligée, 63-66. ART. 1. – PRESCRIPTION, 154-162.

ART. 2. – PRINCIPE DE L’OPPORTUNITÉ DES POURSUITES, 67-73. ART. 2. – CHOSE JUGÉE, 163-169.

ART. 3. – CLASSEMENT SANS SUITE, 74-76. § 1. – Principe, 163-167.


§ 2. – Limites, 168-169.
ART. 4. – PROCÉDURES ALTERNATIVES AUX POURSUITES,
77-81. ART. 3. – ABROGATION DE LA LOI PÉNALE, 170-173.
ART. 5. – POURSUITES, 82-119. ART. 4. – DÉCÈS DE LA PERSONNE POURSUIVIE, 174-177.
§ 1. – Obligation de poursuivre, 83-85. ART. 5. – AMNISTIE, 178-180.
§ 2. – Obstacles aux poursuites, 86-103. SECT. 2. – Modes spéciaux d’extinction, 181-195.

janvier 2009 - 1 - Rép. pén. Dalloz


ACTION PUBLIQUE

ART. 1. – TRANSACTION, 182-185. § 1. – Domaine d’application, 190.


ART. 2. – RETRAIT DE LA PLAINTE, 186-187. § 2. – Mesures, 191.
ART. 3. – PAIEMENT DE L’AMENDE FORFAITAIRE OU DE L’AMENDE § 3. – Modalités, 192.
DE COMPOSITION, 188-189. § 4. – Procédure, validation, 193-194.
ART. 4. – EXÉCUTION DE LA COMPOSITION PÉNALE, 190-195. § 5. – Effets sur l’action publique, 195.

BIBLIOGRAPHIE
B. BOULOC, Procédure pénale, 21e éd., 2007, Dalloz. – Litec. – R. MERLE et A. VITU, Traité de droit criminel et de
P. CONTE et P. MAISTRE DU CHAMBON, Procédure pénale, procédure pénale, 1989, Cujas. – J. PRADEL, Manuel de procé-
4e éd., 2002, Armand Colin. – F. DESPORTES et F. LE GU- dure pénale, 11e éd., 2002, Cujas. – M.-L. RASSAT, Procédure
NEHEC, Droit pénal général, 10e éd., 2003, Économica. – pénale, 1995, PUF.
S. GUINCHARD et J. BUISSON, Procédure pénale, 2004,

CHAPITRE 1er
Caractères de l’action publique.

SECTION 1re dans l’article 1er du code d’instruction criminelle, n’a définitive-
ment disparu qu’avec le code de procédure pénale ; l’action pu-
Principes généraux. blique n’appartient plus aux représentants de la société auxquels
elle est conférée ; elle est simplement mise en mouvement par
1. En matière pénale, l’infraction pénale donne naissance à
eux (C. pr. pén., art. 1er).
deux actions : l’action pour l’application des peines (C. pr. pén.,
art. 1er, qui a repris la terminologie du code d’instruction crimi- 4. Exercée au nom de la société, l’action publique, en raison
nelle), ou action publique, et l’action en réparation du dommage même de sa fonction et de son objet, se trouve placée hors du
causé par l’infraction (art. 2), ou action civile. L’action publique commerce, même lorsqu’elle a été mise en mouvement par la
est l’action exercée au nom de la société pour faire constater par victime d’une infraction poursuivant la réparation de son préju-
le juge répressif compétent le fait punissable dans des délais rai- dice. Si nul ne peut disposer de l’action publique, il est cepen-
sonnables, établir la culpabilité de la ou des personnes poursui- dant des cas où son exercice, en raison de la nature particulière
vies, et obtenir le prononcé de la sanction (peine ou mesure de de l’infraction, est subordonné de manière plus ou moins étroite
sûreté) prévue par la loi, et ce, en se conformant aux principes à une intervention de la victime, à laquelle est alors accordé le
d’équité, de respect du contradictoire et de la présomption d’in- moyen de mettre fin à cet exercice en retirant sa plainte. Cette
nocence énoncés désormais dans l’article préliminaire du code très ancienne technique du pardon, héritée de la poursuite des
de procédure pénale institué par l’article 1er de la loi du 15 juin délits privés, a trouvé un domaine confirmé par le nouveau code
2000 (L. no 2000-516 du 15 juin 2000 renforçant la présomption pénal à certaines infractions.
d’innocence et le droit des victimes, JO 16 juin, D. 2000. 253). La
poursuite de cet objectif se décompose donc en plusieurs temps : 5. L’action publique a subi dans sa technique une évolution qui
constatation des faits, recherche des preuves et des auteurs pré- s’inspire de préoccupations d’ordres différents : diversifier les dif-
sumés de l’infraction, jugement, et, le cas échéant, application férents modes de répression et en réserver l’usage aux particu-
d’une peine au sens de ce mot en droit positif français (V. Peine liers lorsque réparation n’a pu être obtenue du préjudice à la fois
[Exécution]). social et de caractère particulier causé par une infraction. Cette
évolution trouve ses principales manifestations dans le dévelop-
2. L’action publique, exercée au nom de la société en vue de pement de nouveaux modes de poursuites et de procédures al-
l’application d’une peine, est donc la manifestation du droit de ternatives aux poursuites, et dans le renforcement du rôle de la
punir qui appartient à la société et dont elle est une prérogative « société civile », en octroyant à certaines associations limitati-
essentielle et exclusive. Elle se distingue par là de toute action vement déterminées par la loi (C. pr. pén., art. 2-1 et s.), sous
de caractère privé tendant à la réparation d’un préjudice causé ce qui est qualifié de « droit d’action civile », un véritable droit
à des intérêts privés et notamment de l’action civile. La juris- d’action publique, dès lors que « loin de leur impartir la mission
prudence souligne cette distinction par l’expression « préjudice de défendre, par cette action, les intérêts collectifs dont elles ont
social », ou « protection de l’intérêt général » dont le ministère la charge, le législateur leur a attribué comme tâche la défense
public est seul investi de la mission de poursuivre la réparation d’une parcelle de l’intérêt général » (S. GUINCHARD et J. BUIS-
(Crim. 17 juin 1954, D. 1955. 509, note Voirin ; 19 nov. 1959, SON, Procédure pénale, 2004, Litec). Ainsi, par une sorte de dé-
D. 1960. 463, note G. Durry ; 2 mars 1961, D. 1962. 121, note membrement de l’action publique, le législateur a choisi de créer
P. Bouzat ; 1er oct. 1996, Bull. crim. no 338). une nouvelle forme d’action civile qui doit seulement remplir les
conditions posées par la loi et non plus démontrer l’existence
3. L’action publique, mise en œuvre du droit de punir, appar- d’un préjudice direct ou indirect causé par l’infraction poursui-
tient à la société, dont ce droit est une prérogative exclusive. Il a vie à l’intérêt dont l’association a la charge, comme l’exige lo-
fallu des siècles pour qu’une telle conception fût définitivement giquement l’action civile des associations (Crim. 6 mars 1990,
acquise, mais la terminologie ancienne, qui se retrouvait encore no 88-81.385, Bull. crim. no 104).

Rép. pén. Dalloz -2- janvier 2009


ACTION PUBLIQUE

SECTION 2 la requête du procureur de la République, autoriser des écoutes


téléphoniques pour une durée maximale de deux mois, renouve-
Conditions d’existence. lable, mais dans la limite de six mois en matière correctionnelle.
Cette procédure, applicable à compter du 1er octobre 2004, ne
6. L’action publique naît d’une infraction à la loi pénale ; seul un peut être engagée que sur réquisitions du procureur de la Ré-
fait punissable peut donner lieu à l’application d’une peine, mais publique et non à l’initiative des services de police et de gendar-
ce fait doit être punissable devant les juridictions françaises. merie (C. pr. pén., art. 74-1 ; L. no 2004-204 du 9 mars 2004,
art. 87).
ART. 1er. – EXISTENCE D’UNE INFRACTION.
10. Mais, inversement, toute infraction à la loi pénale peut don-
7. L’action publique ne peut naître que d’une infraction : crime, ner lieu à des poursuites indépendamment du préjudice qu’elle
délit, ou contravention (C. pén., art. 111-2). Lorsque les faits ne a pu engendrer. Non seulement il est des infractions en général
peuvent recevoir aucune qualification pénale (C. pr. pén., art. 86, d’ordre formel, constituées indépendamment de tout préjudice,
al. 3), lorsqu’ils ne peuvent plus en recevoir par suite de l’amnis- mais encore la poursuite de l’infraction qui a pu être génératrice
tie, lorsque la loi pénale a cessé d’être en vigueur, ou bien encore d’un préjudice, fût-il de principe, est indépendante de la réalité
lorsque les incriminations ne peuvent encore être déterminées matérielle de celui-ci (Crim. 28 avr. 1966, Bull. crim. no 130), de
faute d’intervention des décrets d’application, aucune poursuite tout règlement relatif à sa réparation (Crim. 23 mai 1966, Bull.
ne peut être légalement exercée. Ces principes de la légalité crim. no 156), ou encore de l’identification de la personne à qui
des infractions et des peines et de la non-rétroactivité de la loi il a pu être causé (Crim. 27 avr. 1966, D. 1966. 489).
pénale sont réaffirmés dans les articles 111-3 et 112-1 du code
pénal. À ces principes, s’ajoute celui de l’interprétation stricte de
la loi pénale (C. pén., art. 111-4). ART. 2. – EXISTENCE D’UNE INFRACTION À LA LOI PÉNALE FRANÇAISE.

8. La loi donne toutefois au procureur de la République le pou- 11. « La loi pénale française est applicable aux infractions com-
voir de requérir des investigations dans certaines situations où mises sur le territoire de la République », étant précisé que sont
l’existence d’une infraction n’est pas établie a priori. Il en va ainsi réputées commises en France les infractions dont un des élé-
de l’ouverture d’une information pour rechercher les causes de ments constitutifs a été commis sur ce territoire (C. pén., art. 113-
la mort, lorsqu’en cas de découverte d’un cadavre, la cause est 2, al. 2 ; Crim. 18 oct. 1981, Bull. crim. no 271 ; 28 nov. 1996,
inconnue ou paraît suspecte (V. Mort suspecte). Mais de telles no 95-80.168, ibid., no 437 ; 4 févr. 2004, no 03-81.984, ibid.,
réquisitions ne tendent pas à la poursuite d’une infraction à la no 32, pour une espèce où des actes avaient été effectués en
loi pénale et ne mettent pas en mouvement l’action publique. France en vue de la diffusion de vidéogrammes à connotation
C’est si vrai que toute constitution de partie civile incidente est pornographique enregistrés en Thaïlande). Les articles 113-3
impossible dans le cadre de la procédure ainsi ouverte (Crim. et 113-4 assimilent à cet égard au territoire français les navires
26 juill. 1966, JCP 1966. II. 14824 bis). De même, lorsque battant pavillon français et les aéronefs immatriculés en France.
la disparition d’un mineur ou d’un majeur protégé vient d’inter- La compétence des juridictions répressives françaises s’étend
venir ou d’être constatée, ou lorsqu’elle présente un caractère donc à tous les auteurs et complices d’une infraction commise
inquiétant ou suspect eu égard aux circonstances, à l’âge de en France, quelle que soit leur nationalité. Ce principe est d’ap-
l’intéressé ou à son état de santé, les officiers de police judi- plication stricte, et toute interpellation réalisée par des policiers
ciaire, assistés le cas échéant des agents de police judiciaire, français à l’étranger, en l’absence de convention internationale,
peuvent, sur instructions du procureur de la République et afin serait entachée d’irrégularité (Crim. 21 sept. 1999, no 99-83.692,
de découvrir la personne disparue, procéder aux actes prévus RSC 2000. 417, obs. D. N. Commaret). En revanche, les offi-
par les articles 56 à 62 du code de procédure pénale. À l’is- ciers de police judiciaire peuvent procéder à des auditions sur
sue d’un délai de huit jours à compter des instructions du procu- le territoire d’un État étranger, avec l’accord des autorités com-
reur de la République, ces investigations peuvent se poursuivre pétentes de l’État concerné, sur commission rogatoire expresse
sous la forme de l’enquête préliminaire (C. pr. pén., art. 74-1, du juge d’instruction ou sur réquisitions du procureur de la Ré-
résultant de L. no 2002-1138 du 9 sept. 2002 d’orientation et publique (C. pr. pén., art. 18, al. 5, résultant de L. no 2004-204
de programmation pour la justice, D. 2002. 2584). Ces dispo- du 9 mars 2004, art. 78). Il s’agit là d’une disposition novatrice,
sitions sont également applicables en cas de découverte d’une l’officier de police judiciaire délégataire ayant plus de pouvoirs
personne grièvement blessée lorsque la cause de ses blessures sur le territoire étranger que l’autorité qui l’a délégué.
est inconnue ou suspecte (C. pr. pén., art. 74, dern. al., résul-
tant de L. no 2004-204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la 12. Par exception au principe de territorialité, la loi française
justice aux évolutions de la criminalité, D. 2004. 737). se reconnaît compétente pour certaines infractions commises
par un Français à l’étranger : pour les crimes et les délits sous
9. Les officiers de police judiciaire, sur instructions du procu- condition de réciprocité des incriminations (C. pén., art. 113-6),
reur de la République, peuvent procéder aux actes prévus par pour tous les crimes et délits punis d’une peine d’emprisonne-
les articles 56 à 72 (perquisitions, saisies, examens techniques ment, qu’ils aient été commis par un Français ou un étranger,
et scientifiques) pour rechercher et découvrir les personnes en lorsque la victime est de nationalité française au moment des
fuite dans les cas suivants : personne faisant l’objet d’un man- faits reprochés (C. pén., art. 113-7), pour tous les crimes et dé-
dat d’arrêt alors qu’elle est renvoyée devant la juridiction de ju- lits qualifiés d’atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation
gement, personne faisant l’objet d’un mandat d’arrêt délivré par (C. pén., livre IV, titre 1er, art. 442-1, 443-1 et 444-1), ou com-
une juridiction de jugement ou par le juge de l’application des mis contre l’État français ou ses agents ou locaux diplomatiques
peines (que ce mandat fasse suite à une condamnation contra- ou consulaires (C. pén., art. 113-10), pour les crimes et délits
dictoire ou par défaut), et personne condamnée à une peine pri- commis dans des aéronefs non immatriculés en France lorsque
vative de liberté sans sursis supérieure ou égale à un an, lorsque l’auteur ou la victime est de nationalité française ou lorsque l’aé-
cette condamnation est exécutoire ou passée en force de chose ronef a atterri en France après la commission du crime ou du
jugée (sont évidemment concernées les condamnations par dé- délit (C. pén., art. 113-11). Les juridictions françaises sont en-
faut, dès lors qu’elles sont exécutoires). Si les nécessités de core compétentes pour les faits commis à l’étranger par un étran-
l’enquête l’exigent, le juge des libertés et de la détention peut, à ger lorsque ces faits sont indivisibles avec ceux qui, commis en

janvier 2009 -3- Rép. pén. Dalloz


ACTION PUBLIQUE

France par le même étranger, leur sont soumis (Crim. 20 févr. lations du droit humanitaire commises en ex-Yougoslavie depuis
1990, nos 89-86.610 et 89-86.611, Bull. crim. no 84 ; V. Compé- 1991, et no 96-432 du 22 mai 1996, portant adaptation de la légis-
tence internationale). lation à la résolution no 955 des Nations unies portant création
d’un Tribunal pénal international pour juger les personnes res-
13. Enfin, lorsqu’une convention internationale leur donne com- ponsables d’actes de génocide ou de violations graves du droit
pétence pour réprimer certaines formes de criminalité, les ju- humanitaire au Rwanda (D. 1996. 236, in Code de procédure pé-
ridictions françaises sont compétentes en cas d’arrestation en nale Dalloz), reconnaissent la compétence des juridictions fran-
France de la personne impliquée dans la commission de ces çaises si les auteurs ou complices de ces actes sont trouvés
crimes et délits ou de leurs tentatives prévus par les conventions en France. Toutefois, cette compétence, concurrente, n’est que
contre la torture, pour la répression du terrorisme, sur la protec- subsidiaire, car toute revendication de compétence par ces tri-
tion des matières nucléaires, pour la répression des actes illicites bunaux internationaux entraîne le dessaisissement immédiat de
contre la navigation maritime, pour la répression de la capture illi- la juridiction française saisie, sur décision de la chambre crimi-
cite d’aéronefs et la répression des actes de violences dans les nelle de la Cour de cassation. Ainsi, conformément à l’article
aéroports, visées aux articles 689-1 à 689-7 du code de procé- 689-2 du code de procédure pénale, les juridictions françaises
dure pénale. L’exercice, par une juridiction française, de la com- sont compétentes pour juger les personnes qui se seraient ren-
pétence universelle emporte la compétence de la loi française, dues coupables, à l’étranger, de tortures, au sens de la Conven-
même en présence d’une loi étrangère portant amnistie (pour le tion de New York du 10 décembre 1984 (Décr. no 87-916 du
cas d’un renvoi devant la cour d’assises sous l’accusation de tor- 9 nov. 1987, JO 14 nov.), dès lors que les faits délictueux sont
tures et actes de barbarie d’une personne de nationalité mauri- susceptibles de revêtir, selon la loi française, une qualification
tanienne découverte en France et poursuivie pour avoir commis entrant dans les prévisions de cet article (Crim. 6 janv. 1998,
de tels actes en 1990 et 1991 en Mauritanie sur des victimes no 96-82.491, D. 2000. Somm. 25). La compétence de la juri-
mauritaniennes : Crim. 23 oct. 2002, no 02-85.379, Bull. crim. diction française est toutefois personnelle et conditionnée par le
no 195). Par ailleurs, les lois no 95-1 du 2 janvier 1995, portant fait que la personne mise en cause se trouve en France (C. pr.
adaptation de la législation française à la résolution no 827 du pén., art. 689-1). La juridiction compétente est alors celle dans
Conseil de sécurité des Nations unies (D. 1995. 56, in Code de le ressort de laquelle se trouve, même momentanément, la per-
procédure pénale Dalloz) créant un Tribunal pénal international sonne mise en cause.
en vue de juger les personnes présumées responsables des vio-

CHAPITRE 2
Sujets de l’action publique.

14. L’action publique, qui est exercée au nom de la société, n’ap- le législateur a donné à des associations de plus en plus nom-
partient à personne. Le code de procédure pénale a soigneuse- breuses de nouveaux pouvoirs qui s’apparentent à un véritable
ment distingué la mise en mouvement de l’action publique, qui droit d’action publique.
peut être faite aussi bien par le ministère public que par la vic-
time, et l’exercice de l’action publique, qui est réservé au seul
ministère public, ou, exceptionnellement, à des fonctionnaires ART. 1er. – MINISTÈRE PUBLIC.
qualifiés d’une administration publique.
18. Les magistrats du ministère public agissent au nom de la so-
15. L’exercice de l’action publique suppose que le magistrat ou le ciété à laquelle l’infraction a porté atteinte. N’étant pas proprié-
fonctionnaire qualifié figure à titre de partie principale aux pour- taires de l’action publique, ils n’ont pas, comme le demandeur
suites, en vue de l’application des peines, indépendamment de au procès civil qui, lui, est titulaire de son action, le droit d’en
toute autre considération. Le sujet actif de l’action publique s’en- disposer à leur guise, encore qu’ils puissent proposer une com-
tend donc du représentant de la société à qui est confié l’exercice position pénale qui, si elle est exécutée, éteint l’action publique.
de l’action, quelles qu’aient été les modalités de sa mise en mou- Sous cette réserve, ils ne peuvent ni prendre l’engagement de ne
vement. La partie lésée, qui, à certaines conditions, peut mettre pas poursuivre le délinquant, ni transiger avec celui-ci, si ce n’est
en mouvement l’action publique, n’en a jamais l’exercice. dans les cas exceptionnels où la loi le prévoit expressément. Ils
ne peuvent davantage, lorsque l’action publique a été mise en
16. Action pour l’application des peines, l’action publique ne peut mouvement, se désister et dessaisir la juridiction pénale. S’ils
être exercée que contre l’auteur, le coauteur ou le complice de estiment que l’action publique a été engagée à tort, la juridiction
l’infraction, soit la personne physique répondant de ses propres répressive reste saisie et elle doit statuer (Crim. 31 oct. 1973,
actes, soit la personne morale pour le compte de laquelle l’in- Gaz. Pal. 1974. 1. Somm. 32). Enfin, une fois la décision ren-
fraction a été commise. due, ils n’ont pas le droit d’acquiescer, c’est-à-dire de renoncer
expressément ou tacitement à l’exercice des voies de recours.
Les magistrats du ministère public ont le pouvoir de poursuivre
SECTION 1re et d’exercer l’action publique, mais n’ont pas le droit d’instruire ni
celui de juger. Le ministère public est une partie au procès pé-
Sujets actifs : par qui est exercée l’action publique ? nal, et c’est pourquoi il ne peut être l’objet ni d’une récusation, ni
d’une requête en suspicion légitime comme un juge déterminé
17. L’exercice de l’action publique appartient exclusivement au ou un tribunal tout entier. Dans l’exercice de l’action publique,
ministère public et aux fonctionnaires de certaines administra- les magistrats du ministère public sont investis d’un pouvoir de
tions dans certains cas limitativement prévus par la loi, qui leur principe (C. pr. pén., art. 1er, 31 et 41) qui s’étend à l’ensemble
reconnaît, soit à titre exclusif, soit concurremment avec le mi- des actes nécessaires pour rassembler les preuves des faits, en
nistère public, le droit d’exercer l’action publique. Par ailleurs, rechercher les auteurs, saisir la juridiction pénale compétente et

Rép. pén. Dalloz -4- janvier 2009


ACTION PUBLIQUE

mener la poursuite à son terme, c’est-à-dire aboutir au prononcé § 2. – Administrations concernées.


d’une décision de condamnation dont ils vont assurer l’exécution
(C. pr. pén., art. 32 in fine, 41, et Instr. gén. C. 84 ; sur l’en- A. – Délits forestiers et de pêche fluviale.
semble de ces prérogatives, V. MATTER, concl. sous Ch. réun.
24. L’administration des eaux et forêts est investie du pouvoir de
29 janv. 1931, DP 1931. 1. 94).
constater les infractions, mais aussi du droit de les poursuivre
19. Le procureur de la République dispose donc d’un véritable directement et de requérir le prononcé d’une peine (V. Forêts,
pouvoir propre dans la mise en mouvement et l’exercice de l’ac- Eaux). L’Administration n’a pas le monopole des poursuites ; elle
tion publique. Le ministre de la Justice peut dénoncer au procu- partage ce droit avec le ministère public. Si le ministère public
reur général les infractions à la loi pénale dont il a connaissance, n’est pas tenu de requérir, sa présence est toutefois indispen-
lui enjoindre, par instructions écrites versées au dossier de la sable, et la juridiction pénale ne serait pas valablement compo-
procédure, d’engager des poursuites ou de saisir la juridiction sée en son absence.
compétente de telles réquisitions écrites que le ministre trouve
opportunes (C. pr. pén., art. 30, réd. L. 9 mars 2004, art. 63). 25. Les fonctionnaires chargés de la pêche en eau douce as-
Le procureur général dispose des mêmes pouvoirs (C. pr. pén., surent conjointement avec le ministère public ou séparément,
art. 36, réd. L. 9 mars 2004, art. 65). Mais c’est justement en rai- même devant la cour d’appel, la répression des infractions en
son du pouvoir propre qui est le sien que, si le procureur de la Ré- la matière (Crim. 4 juill. 1978, Bull. crim. no 219). Ils peuvent
publique refuse de poursuivre malgré les instructions données, exposer l’affaire devant le tribunal, interjeter appel et se pour-
ni le ministre de la Justice, ni le procureur général ne peuvent se voir en cassation (C. rur., art. L. 238-2 à L. 238-4). Sont quali-
substituer à lui et agir à sa place. fiés pour exercer les poursuites les directeurs départementaux
de l’agriculture et de la forêt, les directeurs départementaux de
20. Sa qualité de demandeur confère au ministère public des l’équipement, les chefs de circonscription spécialisés de la na-
droits particuliers qui se manifestent au stade de l’instruction, à vigation, les ingénieurs du génie rural, des Eaux et des Forêts
l’audience et après la décision de la juridiction répressive. Pen- et les ingénieurs des Ponts et Chaussées chargés de la police
dant l’instruction, il a les droits et les garanties d’une partie au de la pêche, les ingénieurs des travaux forestiers de l’État et
procès. Il a le droit de requérir du magistrat instructeur tout acte les ingénieurs des travaux publics de l’État chargés de la police
qui lui paraît utile à la manifestation de la vérité et d’y assister. de la pêche (Décr. no 86-198 du 6 févr. 1986, D. 1986. 245 ;
Il peut interjeter appel de toute ordonnance rendue par le juge V. Pêche). Le directeur départemental de l’agriculture, qualifié
d’instruction. Sa qualité de demandeur lui confère également pour exercer les poursuites et actions en réparation des dom-
des droits à l’audience où il présente ses réquisitions. Le minis- mages causés, ne peut être entendu comme témoin (Crim. 7 avr.
tère public doit toujours être présent devant la juridiction de juge- 1993, no 92-82.434, Bull. crim. no 154).
ment, même lorsque l’action publique n’a pas été mise en mou-
vement par ses soins (Crim. 23 oct. 1956, Bull. crim. no 660), à B. – Infractions en matière de voirie et de mines et carrières.
l’exception des audiences du tribunal correctionnel statuant sur
intérêts civils (C. pr. pén., art. 464, al. 4). Enfin, il peut attaquer, 26. Le directeur départemental de l’équipement exerce, en ma-
par les voies de recours, la décision intervenue. tière de voirie routière, l’action publique, concurremment avec le
ministère public (C. voirie routière, art. L. 116-4 et L. 116-5), et
l’Administration est habilitée à transiger tant qu’un jugement dé-
ART. 2. – CERTAINES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES. finitif n’est pas intervenu (C. voirie routière, art. L. 116-8).
21. La loi a confié à titre exceptionnel et dans des conditions
27. Sur la constatation des infractions en matière de mines et
particulières l’exercice de l’action publique à certaines adminis-
carrières et la saisine du parquet : C. minier, art. 140 à 144,
trations pour la poursuite des infractions qui lèsent les intérêts
mod. par L. no 94-588 du 15 juill. 1994, art. 40 (D. 1994. 371 ;
dont elles ont la charge. Lorsque la loi les autorise à agir, ces
in Code administratif Dalloz ; V. Mines-carrières).
administrations ne mettent pas seulement l’action publique en
mouvement comme la partie lésée, mais elles l’exercent avec les C. – Infractions fiscales.
mêmes droits et les mêmes prérogatives que le ministère public.
a. – Action fiscale.
§ 1er. – Caractère particulier de l’action publique
exercée par les administrations. 28. Les administrations fiscales sont traditionnellement inves-
ties de pouvoirs particuliers afin de mener à bien leur mission
22. Le régime de cette action publique varie selon les adminis- (V. Fraude fiscale). Le droit fiscal est, en effet, un jus cogens se
trations, mais dans tous les cas, elles disposent de pouvoirs plus rattachant au droit public, mais si étendus que soient les pouvoirs
étendus en raison du double but poursuivi par leur action : obte- de poursuite des administrations fiscales, ils ne s’appliquent ja-
nir une sanction mais aussi une réparation. Alors que le minis- mais aux peines de prison (Crim. 10 juill. 1963, Bull. crim.
tère public n’a pas la disposition de l’action publique et ne peut no 251).
transiger, l’Administration a ainsi le pouvoir de transiger avec
le coupable (V. Transaction). Avant le jugement, la transaction 29. Par ailleurs, les sanctions du droit fiscal sont de nature très
éteint l’action publique (C. pr. pén., art. 6, al. 3), aussi bien en ce diverse : à côté de certaines amendes qui sont des peines de
qui concerne l’application des peines de prison que des peines droit commun, d’autres présentent un caractère mixte, partiel-
pécuniaires. Si elle intervient après le jugement définitif, elle n’a lement indemnitaire, qui justifie notamment leur cumul (Crim.
d’effet qu’à l’égard des peines pécuniaires et laisse subsister les 14 déc. 1960, Bull. crim. no 588). Les autres sanctions (confis-
peines d’emprisonnement prononcées. cation, droits et majorations) constituent des réparations.

23. De plus, à la différence du ministère public qui n’a jamais à 30. Enfin, il arrive que le même fait constitue, sous deux qua-
supporter les frais du procès pénal, l’administration qui a engagé lifications différentes, une infraction de droit commun et une in-
des poursuites et qui succombe est tenue de payer le droit fixe de fraction fiscale ou douanière : ainsi, mise en vente d’un vin falsi-
procédure dans les mêmes conditions que la partie civile en cas fié et mise en circulation non déclarée d’une dilution alcoolique,
d’acquittement du prévenu (LPF, art. 241). Il en va différemment infraction purement formelle (Crim. 8 oct. 1964, Bull. crim.
pour l’administration des douanes (C. douanes, art. 367 ; Crim. no 261), ouverture d’un débit de boissons et non-paiement des
16 juill. 1997, Bull. crim. no 274). droits (Crim. 22 févr. 1962, Bull. crim. no 105).

janvier 2009 -5- Rép. pén. Dalloz


ACTION PUBLIQUE

31. Une jurisprudence constante adopte, pour qualifier et justifier comporte, à côté de sa qualification fiscale, une qualification de
l’action tendant au prononcé de sanctions fiscales, l’expression droit commun, la transaction est sans effet sur l’action publique
d’« action fiscale », qui la distingue à la fois de celle du ministère (Crim. 10 janv. 1961, Bull. crim. no 24). La transaction, qui est
public et de l’action civile. L’action fiscale participe à certains ca- toujours individuelle, peut intervenir même après jugement ; elle
ractères de l’action publique, mais elle s’en distingue dans son ne s’étend alors qu’aux sanctions relevant de l’action fiscale, et
fondement légal et dans son objet ; les deux actions peuvent co- ne peut s’appliquer au paiement des amendes de droit commun.
exister sans pour autant se confondre, ce qui entraîne d’impor-
tantes conséquences si elles viennent à être dissociées. Elles D. – Infractions douanières.
demeurent cependant étroitement liées : les actes interruptifs de
prescription ont effet à l’égard des deux actions (Crim. 4 mars 37. L’administration des douanes a le droit de poursuivre les
1960, Bull. crim. no 238), et les preuves rapportées par le minis- infractions douanières (C. douanes, art. 343). Un contentieux
tère public profitent à l’Administration (Ch. réun. 26 avr. 1961, en matière douanière peut donner lieu à l’exercice de trois ac-
JCP 1962. II. 12151). Il est possible d’affirmer, sous le bénéfice tions différentes : l’action publique pour l’application des peines
des observations qui suivent, que l’Administration a le monopole (C. douanes, art. 343, 1o), l’action pour l’application des sanc-
de l’action fiscale, mais non celui de l’action publique. tions fiscales (art. 343, 2o) et l’action en paiement des sommes
fraudées ou indûment obtenues (art. 343, dern. al., et 377 bis).
b. – Contributions indirectes. L’administration des douanes a le monopole de la poursuite de-
vant le tribunal de police (art. 356 ; Crim. 23 nov. 1987, Bull.
32. En matière de contributions indirectes et d’impôts, l’Admi- crim. no 422 ; 27 févr. 2002, no 01-82.619, ibid., no 50). En ma-
nistration, agissant à titre principal pour l’application des sanc- tière de délits, elle ne peut exercer que l’action fiscale pour faire
tions fiscales, exerce une action publique d’une nature particu- condamner le délinquant aux peines d’amende ou de confisca-
lière (C. pr. fisc., art. L. 235, al. 2 ; C. douanes, art. 343) : elle ne tion. Les délits douaniers sont poursuivis par le ministère pu-
peut être assimilée à une simple partie civile (Crim. 7 déc. 1992, blic dans les conditions du droit commun (Crim. 30 mai 1994,
no 92-81.892, Bull. crim. no 404). Elle a toutefois des pouvoirs no 93-82.430, Bull. crim. no 209), sans même qu’une plainte soit
différents suivant que l’infraction est punissable d’une peine pé- indispensable. La preuve en ayant été rendue libre (C. douanes,
cuniaire ou d’une peine d’emprisonnement. art. 342), le ministère public peut rapporter tous les éléments de
preuve qu’il a rassemblés. Il lui appartient, seul, de requérir l’ap-
33. 1o S’il s’agit d’une infraction seulement punissable d’une plication des peines de droit commun. Si le ministère public fait
peine pécuniaire, elle a seule le droit de poursuivre, à l’exclu- appel, alors qu’il a exercé l’action fiscale accessoirement à l’ac-
sion du ministère public qui ne peut jouer dans le procès que tion publique, son appel a lieu pour le tout (Crim. 21 mars 1996,
le rôle de partie jointe. Le ministère public est ainsi irrecevable no 94-83.620, Bull. crim. no 128). L’Administration exerce l’ac-
à poursuivre comme à être appelant (Crim. 9 mars 1994, tion fiscale, soit en intervenant aux côtés du ministère public, soit
no 93-80.897, Bull. crim. no 95 ; 16 janv. 1995, no 93-85.863, par voie de citation directe (C. douanes, art. 365).
ibid., no 19 ; 25 avr. 2007, no 06-86.603, Dr. pénal 2007. Comm.
107, obs. J.-H. Robert). Par contre, même dans l’hypothèse 38. Douane judiciaire. — En matière de douane judiciaire, dis-
où les infractions à la législation sur les contributions indirectes positif institué par l’article 28-1 du code de procédure pénale,
poursuivies n’étaient pas passibles d’une peine d’emprisonne- l’action publique pour l’application des peines et l’action pour
ment, le ministère public peut toujours prendre les réquisitions l’application des sanctions fiscales sont exercées par le minis-
tant écrites qu’orales qu’il croit convenables au bien de la justice tère public, tandis que l’action en paiement des sommes frau-
(Crim. 12 déc. 2007, no 07-81.823, Bull. crim. no 310, RSC dées ou indûment obtenues est exercée par l’administration des
2008. 612, obs. Matsopoulou). douanes, dans les procédures dont les agents ont été saisis en
application de l’article 28-1 du code de procédure pénale en ma-
34. 2o S’il s’agit d’une infraction punissable d’emprisonnement,
tière d’infractions douanières, d’infractions en matière de contri-
l’exercice de l’action publique est réservé au ministère public
butions indirectes, d’infractions au code de la propriété intellec-
(Crim. 29 nov. 1929, Gaz. Pal. 1930. 1. 11 ; 4 mars 1991,
tuelle, d’escroqueries à la TVA, d’infractions en matière de blan-
no 90-81.998, Bull. crim. no 107). L’Administration conserve
chiment, d’infractions relatives à la protection des intérêts finan-
toutefois le droit, qui appartient à toute partie lésée, de citer di-
ciers de l’union européenne, d’infractions en matière de biens
rectement le prévenu devant la juridiction répressive et de mettre
culturels, d’infractions en matière d’armes, de munitions et de
en mouvement l’action publique (Crim. 16 juin 1927, DP 1927.
matériels de guerre. À cette fin, elle est informée de la date
1. 77, note Henry).
d’audience par l’autorité judiciaire compétente. Pour les affaires
35. 3o Si l’infraction est punissable à la fois d’une peine d’em- dans lesquelles des agents de l’administration des douanes ont
prisonnement et de peines pécuniaires, le ministère public peut été requis pour effectuer des enquêtes judiciaires sur réquisi-
poursuivre pour l’application des peines d’emprisonnement et tions du procureur de la République ou commission rogatoire du
d’amende. Il peut requérir l’application de toutes les pénalités juge d’instruction et constater les infractions prévues à l’article
à l’exclusion des réparations (Crim. 10 déc. 1920, Bull. crim. 28-1 du code de procédure pénale, le ministère public exerce
no 478). L’Administration ne peut agir que pour l’application de la donc l’action publique et l’action pour l’application des sanctions
peine pécuniaire, sauf si des agents des douanes ont été requis fiscales, y compris dans les cas où les infractions recherchées
pour effectuer une enquête judiciaire (C. pr. fisc., art. L. 235). Si sont passibles uniquement de sanctions fiscales (manquement
l’Administration agit seule, ou la première, elle saisit le juge pé- à l’obligation de déclaration des transferts de capitaux, infrac-
nal de son action fiscale, mais elle met en mouvement ipso facto tions en matière de déclaration d’échange de biens entre les
l’action publique comme le ferait une partie civile. La saisine est États membres de la Communauté européenne, contraventions
globale, mais le ministère public a seul qualité pour requérir l’ap- douanières). Dans ce cas, les dispositions de l’article L. 248 du
plication des peines privatives de liberté (Crim. 7 juin 1939, Bull. livre des procédures fiscales relatives au droit de transaction ne
crim. no 122). Si l’Administration est seule appelante, cet appel sont pas applicables (L. no 2004-204 du 9 mars 2004, art. 33,
ne peut saisir la cour que de l’action fiscale (Crim. 10 juill. 1963, III). Quant à l’action en paiement des droits et taxes compromis
2 arrêts, Bull. crim. no 251 ; 12 oct. 1966, JCP 1966. IV. 158). ou éludés, elle continue à être exercée par les services doua-
niers, comme dans toutes les procédures judiciaires portant sur
36. L’Administration peut toujours transiger. La transaction in- des infractions douanières. Il s’agit des sommes de toute na-
tervenant avant jugement éteint l’action fiscale. Lorsqu’un fait ture dont les droits et taxes sont perçus par l’administration des

Rép. pén. Dalloz -6- janvier 2009


ACTION PUBLIQUE

douanes. Cette action a le caractère d’une action civile (Crim. et victime de toutes formes de maltraitance (art. 2-3, L. no 2004-1
8 janv. 1998, no 97-84.996, Bull. crim. no 9). En effet, dans du 2 janv. 2004, préc.), de lutte contre les crimes contre l’huma-
les contentieux répressifs douaniers traditionnels, l’administra- nité ou les crimes de guerre (art. 2-4), de lutte contre les discri-
tion des douanes exerce l’action fiscale à titre principal et l’ac- minations fondées sur le sexe ou les mœurs (art. 2-6), de dé-
tion en paiement des droits et taxes. Il appartient au ministère fense ou d’assistance aux personnes handicapées pour les dis-
public d’informer les services douaniers de la date de l’audience, criminations commises à raison de leur état de santé (art. 2-8),
et de lui fournir toutes les informations nécessaires, y compris de lutte contre l’exclusion sociale ou culturelle des personnes
celles issues de la procédure judiciaire, permettant de préparer en état de grande pauvreté (art. 2-10), de défense et de protec-
et d’exercer l’action en paiement des sommes fraudées. tion des animaux (art. 2-13), de défense de la langue française
(art. 2-14), de défense des victimes d’accidents survenus dans
39. Action pour le recouvrement. — Aux termes de l’article les transports collectifs (art. 2-15), de lutte contre la toxicoma-
707-1 du code de procédure pénale, les poursuites pour le nie et le trafic de stupéfiants (art. 2-16), de défense et d’assis-
recouvrement des condamnations pécuniaires (amendes et tance de l’individu ou de défense des droits individuels ou col-
confiscations) sont faites au nom du procureur de la Répu- lectifs (art. 2-17 : associations de défense contre les sectes, ar-
blique, par le comptable direct du Trésor (Décr. no 64-1333 du ticle mod. par l’art. 31, L. 6 août 2004, JO 7 août, qui étend
22 déc. 1964 relatif au recouvrement des amendes et condam- leur mission aux infractions contre l’espèce humaine et aux in-
nations pécuniaires par les comptables directs du Trésor, JO fractions prévues par les art. 214-1 à 214-4 et 324-1 à 324-6 et
29 déc.). Cette compétence est toutefois écartée lorsqu’un 511-1-2 c. pén.), de défense des victimes d’accidents du travail
texte particulier en a confié le recouvrement ou l’encaissement à ou maladies professionnelles (art. 2-18), et des associations dé-
d’autres comptables (Décr. no 62-1587 du 29 déc. 1962 portant partementales des maires affiliées à l’Association des maires de
règlement général sur la comptabilité publique, JO 30 déc.). France (art. 2-19), de défense des intérêts moraux et matériels
Il en est ainsi des comptables publics de l’administration des des locataires, propriétaires et bailleurs d’immeubles collectifs à
douanes qui sont chargés du recouvrement « d’impôts, de usage d’habitation (art. 2-20), de lutte contre le tabagisme (CSP,
taxes, droits, redevances, produits et recettes diverses ainsi art. L. 3512-1), de défense des droits des femmes à accéder à
que de pénalités fiscales et frais de poursuites et de justice y la contraception ou à l’avortement (CSP, art. L. 2223-2), de lutte
afférents » dans les conditions fixées par le code général des contre le racisme (L. 29 juill. 1881 sur la liberté de la presse [in
impôts et le code des douanes. Ils disposent à cet égard d’un Code pénal Dalloz], art. 48-1), de défense des intérêts moraux
privilège et d’une hypothèque pour garantir ce recouvrement et de l’honneur de la résistance et des déportés (L. 29 juill. 1881,
(C. douanes, art. 379). L’administration des douanes a donc art. 48-2), et les associations ayant pour but l’étude et la protec-
aussi le droit de transiger même après jugement. La transaction tion du patrimoine archéologique (C. pr. pén., art. 2-21).
est individuelle et ses effets à l’égard de l’action publique sont
les mêmes qu’en matière de contributions indirectes (V. supra, 43. De même, ont été habilitées les fédérations sportives pour
no 36). La transaction intervenue avec la personne morale les infractions à la loi no 89-432 du 28 juin 1989 (JO 1er juill.)
civilement responsable de son préposé met fin aux poursuites modifiée par la loi no 99-223 du 23 mars 1999 relative à la pro-
contre celui-ci (Crim. 13 déc. 1993, no 92-85.483, D. 1994. tection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage (JO
IR. 48). 24 mars, D. 1999. 198), à moins que l’auteur de l’infraction ne
relève de leur pouvoir disciplinaire, et les fédérations sportives
agréées pour les infractions commises dans leur discipline à la loi
ART. 3. – ÉMERGENCE DE CERTAINS ACTEURS : LES
du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs
ASSOCIATIONS HABILITÉES.
et à la lutte contre le dopage (L. 23 mars 1999, art. 28, in CSP,
40. L’action publique peut être mise en mouvement par les syn- art. L. 3633-1), à moins que l’auteur ne relève de leur pouvoir
dicats (C. trav., art. L. 2132-3 [anc. L. 411-11]). Leur action n’est disciplinaire. Le Comité national olympique français a la même
toutefois recevable que si leur préjudice est distinct aussi bien de habilitation pour les faits constitutifs de ces infractions commises
l’intérêt privé de la victime que des intérêts généraux de la so- lors de compétitions sportives dont il a la charge. Constituées
ciété. Les ordres professionnels (professions médicales et para- sous forme d’association, ces fédérations sont agréées par le
médicales, avocats, experts-comptables, architectes, etc.) sont ministre des Sports et participent, selon la loi, à une mission de
aussi habilités, dans la limite des textes qui les instituent, à se service public.
constituer partie civile en cas d’atteintes aux intérêts généraux
44. Toutefois, ces associations ne disposent pas toutes des
des professions dont ils assurent la discipline et la défense.
mêmes droits. Certaines ne sont recevables à agir que si
41. Mais le législateur a surtout investi, dans certaines hypo- elles justifient de l’accord préalable de la victime ou de son
thèses, certaines associations de la mission de défendre des représentant (C. pr. pén., art. 2-2, 2-6, 2-8, 2-10, 2-12, 2-18
parcelles de l’intérêt général qui s’apparente à un véritable droit et 2-19) ; d’autres sont privées de la possibilité de mettre,
d’action publique. Contrairement aux conditions habituelles de elles-mêmes, l’action publique en mouvement, et ne peuvent
l’action civile, la loi ne leur impose en effet nullement la dé- intervenir qu’après l’engagement des poursuites par le ministère
monstration d’un préjudice direct ou indirect causé par l’infraction public ou la victime (art. 2-3, 2-9, 2-15 et 2-16).
poursuivie à l’intérêt dont l’association a la charge. Les seules
conditions posées par la loi tiennent alors au statut de ces as- ART. 4. – INFRACTIONS COMMISES PAR DES MINEURS.
sociations qui doivent avoir été régulièrement déclarées depuis
au moins cinq ans à la date des faits et avoir pour objet de lutter 45. Aux termes de l’article 37 de l’ordonnance no 45-174 du 2 fé-
contre des infractions limitativement énumérées. vrier 1945 relative à l’enfance délinquante (in Code pénal Dal-
loz), pour toutes les infractions dont la poursuite est réservée aux
42. Sont ainsi investies de ce droit, pour les infractions détermi- administrations publiques, le procureur de la République a seul
nées par la loi, les associations de lutte contre le racisme et la qualité, lorsqu’elles ont été commises par un mineur, pour exer-
discrimination (C. pr. pén., art. 2-1), de lutte contre les violences cer la poursuite sur plainte préalable de l’Administration. Toute-
sexuelles ou contre les violences exercées sur un membre de fois, en l’absence de poursuites engagées par le procureur de la
la famille (art. 2-2, mod. par L. no 2004-1 du 2 janv. 2004 rela- République, la personne qui se prétend lésée par un crime ou un
tive à l’accueil et à la protection de l’enfance, art. 14 [JO 3 janv., délit commis par un mineur peut, en portant plainte, se constituer
D. 2004. 116]), de défense ou d’assistance de l’enfant en danger partie civile devant le juge d’instruction compétent qui procédera

janvier 2009 -7- Rép. pén. Dalloz


ACTION PUBLIQUE

alors conformément à l’article 86 du code de procédure pénale et ART. 2. – RESPONSABILITÉ PÉNALE DES PERSONNES MORALES.
aux dispositions de l’ordonnance du 2 février 1945 (Crim. 19 oct.
1999, no 98-87.630, D. 2000. 824, note J. Castaignède). 49. Le code pénal, dans sa version initiale, prévoyait que « les
personnes morales, à l’exclusion de l’État, sont responsables pé-
nalement […] dans les cas prévus par la loi ou le règlement, des
SECTION 2 infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou
représentants » (C. pén., art. 121-2). La responsabilité pénale
Sujets passifs : contre qui est exercée des personnes morales n’était donc pas générale et ne pouvait
l’action publique ? être recherchée que dans les cas où un texte la prévoyait ex-
pressément (V. Personnes morales). Le code pénal prévoyait
ainsi un certain nombre d’infractions pouvant être imputées aux
ART. 1er. – RESPONSABILITÉ PÉNALE DES PERSONNES PHYSIQUES. personnes morales, qui vont des crimes contre l’humanité au
blanchiment de capitaux, en passant par le proxénétisme. Le
46. L’article 121-1 du code pénal réaffirme un principe reconnu champ d’application de la responsabilité pénale des personnes
depuis longtemps par la jurisprudence (Crim. 3 mars 1933, Bull. morales a été profondément modifié puisque, depuis le 31 dé-
crim. no 49) : « Nul n’est pénalement responsable que de son cembre 2005, cette responsabilité est générale et applicable à
propre fait » (V. Responsabilité pénale). En conséquence de ce l’ensemble des infractions sans que la loi ou le règlement ait be-
principe, ainsi que de celui de la personnalité des peines, l’ac- soin de le prévoir explicitement (L. no 2004-204 du 9 mars 2004,
tion publique ne peut être exercée que contre des personnes art. 54 ; V. Personne morale).
physiques, auteurs ou complices d’une infraction, ceux-ci se- 50. Cette responsabilité pénale était prévue dans d’autres textes
raient-ils inconnus ou décédés (Crim. 28 févr. 1952, S. 1953. 1. récents (ex. : L. no 2000-108 du 10 févr. 2000 relative à la moder-
141). La responsabilité pénale des dirigeants, même si elle est nisation du service public de l’électricité, D. 2000. 143). Il était
liée à l’existence d’une infraction commise par un préposé, ne d’ailleurs paradoxal de constater que de tels textes de « détail »
déroge pas au principe de la responsabilité personnelle, dès lors introduisent cette responsabilité alors qu’en raison du principe
qu’elle suppose également l’existence d’une faute personnelle de spécialité, elle restait encore absente, faute d’actualisation,
imputable au dirigeant (Crim. 4 avr. 1979, Bull. crim. no 137). dans d’importants secteurs d’activité (ex. : droit des sociétés,
Ces principes interdisent d’exercer l’action publique contre les consommation, travail, etc.).
personnes qui ne sont que civilement responsables du délin-
quant, ou en cas de décès de celui-ci, contre ses héritiers, car 51. De même, la responsabilité pénale de l’État ne peut être re-
ceux-ci ne sont tenus que des réparations et dettes civiles. cherchée, et celle de certaines personnes morales de droit pu-
blic est limitée. Enfin, la responsabilité des personnes morales
47. La participation de plusieurs personnes à une infraction ne n’exclut nullement celle de la personne physique auteur de l’in-
fait pas obstacle à la mise en œuvre de la responsabilité per- fraction poursuivie.
sonnelle de chacune d’elles. Ainsi, l’action publique est régu-
52. Les personnes morales exposées aux sanctions sont donc
lièrement exercée contre un prévenu, sans qu’il soit nécessaire
les personnes morales de droit privé (sociétés civiles et commer-
de mettre ses coauteurs en cause ; ils peuvent rester inconnus
ciales, GIE, associations, fondations, partis politiques et syndi-
(Crim. 23 mars 1971, Bull. crim. no 101). Une information ju-
cats, encore que ces deux derniers relèvent d’un régime parti-
diciaire peut certes être ouverte contre X (C. pr. pén., art. 80,
culier puisqu’ils échappent aux peines de dissolution ou de mise
al. 2), mais le renvoi devant une juridiction de jugement ne peut
sous tutelle [C. pén., art. 131-39, al. 2]), et certaines personnes
être ordonné qu’à l’égard d’un individu déterminé. Lorsqu’une
morales de droit public. Ainsi, les collectivités territoriales et
information suivie contre X a été clôturée en l’état par une dé-
leurs groupements, communes, départements, régions, syndi-
cision de non-lieu, cette décision ne met pas obstacle à ce que
cats de communes sont responsables pénalement, mais leur
la partie lésée puisse user de la voie de la citation directe contre
responsabilité est limitée aux infractions commises dans l’exer-
une personne déterminée (Ch. réun. 24 avr. 1961, D. 1961. 733,
cice d’activités susceptibles de faire l’objet de délégations de ser-
note P. Bouzat). De même, après la clôture de l’information, la
vice public. Sont susceptibles de faire l’objet de telles conven-
partie civile peut user de la voie de la citation directe contre une
tions les activités ayant pour objet la gestion d’un service public,
personne qui n’a pas été impliquée dans cette information (Crim.
lorsque, au regard de la nature de celui-ci, et en l’absence de
12 mars 1969, Bull. crim. no 118).
dispositions légales ou réglementaires contraires, elles peuvent
être confiées par la collectivité territoriale à un délégataire public
48. Ne peuvent faire l’objet de poursuites, ni une personne dont ou privé rémunéré, pour une part substantielle, en fonction des
la responsabilité demeure indéterminée (V. pour des violences résultats de l’exploitation (C. pén., art. 121-2 ; pour une mission
au cours d’une action collective, Crim. 22 mars 1966, Gaz. Pal. socio-éducative d’activité de découverte pour des enfants : TGI
1966. 2. 46), ni une personne imaginaire. Mais dans le cas d’un Grenoble, 25 sept. 1997, Dr. pénal 1998. Comm. 5, obs. A. Vé-
groupe d’individus ayant participé collectivement à des faits de ron). Le service de l’enseignement public n’est pas, en raison de
violences, chacun des membres de ce groupe peut être pour- sa nature, susceptible de faire l’objet d’une convention de délé-
suivi comme coauteur de l’infraction, et ce, sans qu’il soit néces- gation de service public. En conséquence, et conformément à
saire de rechercher la nature exacte et les conséquences réelles l’article 122-1, alinéa 2, du code pénal, une région, tenue d’équi-
des coups effectivement portés par chacun d’eux (Crim. 12 oct. per les lycées techniques en machines, n’est pas pénalement
1961, Bull. crim. no 399 ; 12 nov. 1975, ibid., no 247). De responsable de l’accident causé par la non-conformité de ces
même, rien ne s’oppose à ce que l’action publique soit exercée outils avec les règlements relatifs à la sécurité du travail (Crim.
contre un individu matériellement présent dont l’identité n’a pu 11 déc. 2001, no 00-87.705, Bull. crim. no 265). En revanche, le
être précisée et qu’il se refuse à révéler, dès lors qu’il est identi- même article ne soumet à aucune restriction de responsabilité à
fié dans sa personne comme étant l’auteur des faits qui lui sont raison de leurs activités les autres personnes morales de droit
reprochés (Crim. 2 déc. 1954, D. 1955. 147). Une décision de public telles que les établissements publics, les sociétés d’éco-
condamnation serait toutefois entachée d’irrégularité si elle était nomie mixte, et les entreprises du secteur public.
prononcée contre une personne en raison de faits commis par un
tiers non identifié ayant usurpé son identité (Crim. 28 juin 1994, 53. Pour que la responsabilité pénale d’une personne morale
no 92-84.510, Bull. crim. no 258). puisse être engagée, il faut que l’infraction ait été commise,

Rép. pén. Dalloz -8- janvier 2009


ACTION PUBLIQUE

pour son compte, par ses organes ou ses représentants, actes de la procédure. Toutefois, lorsque des poursuites pour
c’est-à-dire en son nom ou pour son intérêt par un ou plusieurs des mêmes faits ou des faits connexes sont engagées à l’en-
dirigeants (pour un cas de travail dissimulé : Crim. 24 mai 2005, contre du représentant légal, celui-ci peut saisir par requête le
no 04-86.813, Bull. crim. no 154). Les organes ou représentants président du tribunal de grande instance aux fins de désigna-
susceptibles d’engager la responsabilité pénale d’une personne tion d’un mandataire de justice pour représenter la personne mo-
morale sont les personnes chargées par la loi ou les statuts rale. La personne morale peut également être représentée par
des fonctions de direction et d’administration, sauf cas de dé- toute personne bénéficiant, conformément à la loi ou aux sta-
légation. Ce représentant ne peut, en cette qualité, faire l’objet tuts, d’une délégation de pouvoir à cet effet. En l’absence de
d’aucune mesure de contrainte autre que celle applicable au toute personne habilitée à représenter la personne morale dans
témoin (C. pr. pén., art. 706-44). ces conditions, le président du tribunal de grande instance dé-
signe, à la requête du ministère public, du juge d’instruction ou
54. La personne pourvue de la compétence, de l’autorité et des de la partie civile, un mandataire de justice pour la représenter
moyens nécessaires, ayant reçu délégation de pouvoirs d’un or- (C. pr. pén., art. 706-43). Par ailleurs, dès lors qu’un mandataire
gane d’une personne morale peut être considérée comme un de justice a été désigné pour représenter la personne morale
représentant de celle-ci au sens de l’article 121-2 du code pé- au cours des poursuites, son représentant légal n’a plus qualité
nal, et donc engager sa responsabilité pénale (Crim. 1er déc. pour la représenter dans la procédure. Ainsi, après la désigna-
1998, 3 arrêts, Bull. crim. no 325 ; 9 nov. 1999, no 98-81.746, tion du mandataire de justice, la délégation de pouvoir faite au
ibid., no 252 ; 14 déc. 1999, no 99-80.104, JCP 2000. IV. 1597). nom de la société représentée par le président du conseil d’ad-
L’action publique est exercée à l’encontre de la personne morale ministration est irrecevable (Crim. 5 janv. 2000, no 99-84.613,
prise en la personne de son représentant légal à l’époque des Bull. crim. no 4).
poursuites. Ce dernier représente la personne morale à tous les

CHAPITRE 3
Mise en mouvement et exercice de l’action publique.
55. La mise en mouvement de l’action publique est le fait de demande et avant toute nouvelle audition ou interrogatoire de la
porter cette action devant une juridiction répressive par l’un des personne (C. pr. pén., art. 706-105, résultant de L. no 2004-204
moyens prévus à cet effet par la loi. du 9 mars 2004, dispositions applicables à compter du 1er oct.
2004). Lorsque le procureur décide de classer l’affaire sans
56. La mise en mouvement de l’action publique se distingue de suite, il doit en informer la personne dans les deux mois de sa
son exercice. Alors qu’elle est en principe exercée par le mi- décision.
nistère public chargé de la défense des intérêts de la société,
l’action publique peut être mise en mouvement par d’autres per-
sonnes ou entités juridiques qui n’en ont pas l’exercice. Sa mise SECTION 1re
en mouvement peut, à l’inverse, être subordonnée à certaines Droits du ministère public.
conditions préalables qui ne dépendent pas du ministère public,
et son exercice être arrêté par la victime de l’infraction lorsqu’il 59. Le ministère public est investi d’un droit de principe quant à
est subordonné à une plainte de sa part, ou par une transaction la mise en mouvement de l’action publique (C. pr. pén., art. 1er)
si la loi l’a prévu (V. Ministère public). dès lors qu’il a eu connaissance de l’infraction. Ainsi, il procède
ou fait procéder à tous actes nécessaires à la recherche et à la
57. De même, cette mise en mouvement comporte désormais poursuite des infractions (art. 41) ; il reçoit les plaintes et dénon-
certaines limites qui visent à renforcer le droit à être jugé dans ciations et apprécie la suite à leur donner (art. 40, al. 1er). Lors-
un délai raisonnable. Ainsi, toute personne placée en garde à qu’il estime que les faits qui ont été portés à sa connaissance
vue au cours d’une enquête préliminaire ou de flagrance qui, à constituent une infraction commise par une personne dont l’iden-
l’expiration d’un délai de six mois à compter de la fin de la garde tité et le domicile sont connus et pour laquelle aucune disposi-
à vue, n’a pas fait l’objet de poursuites, peut interroger le procu- tion légale ne fait obstacle à la mise en mouvement de l’action
reur de la République sur la suite donnée ou susceptible d’être publique, le procureur de la République décide s’il est opportun,
donnée à la procédure. Cette demande doit être adressée par soit d’engager des poursuites, soit de mettre en œuvre une pro-
lettre recommandée avec demande d’avis de réception (C. pr. cédure alternative aux poursuites, soit de classer sans suite la
pén., art. 77-2). procédure dès lors que des circonstances particulières liées à la
commission des faits le justifient (C. pr. pén., art. 40-1, résultant
58. Lorsque, au cours de l’enquête préliminaire ou de flagrance de L. no 2004-204 du 9 mars 2004, art. 68).
conduite pour l’un des crimes ou délits de criminalité organisée
prévus par l’article 706-73 du code de procédure pénale, il a été 60. Tous les magistrats du ministère public sont unis par un lien
fait application des dispositions spécifiques de procédure (sur- hiérarchique dont la plus haute autorité est le garde des Sceaux,
veillance, infiltration, perquisition, garde à vue de plus de qua- ministre de la Justice. En cette qualité, il a autorité sur le pro-
rante-huit heures et interceptions de correspondances émises cureur général. La loi précitée du 9 mars 2004 consacre dans
par la voie des télécommunications), la personne ayant été pla- le code de procédure pénale son rôle en matière de conduite et
cée en garde à vue six mois auparavant et qui n’a pas fait l’ob- de coordination de la politique d’action publique : « Le ministre
jet de poursuites peut interroger le procureur de la République de la Justice conduit la politique d’action publique déterminée
sur la suite donnée ou susceptible d’être donnée à l’enquête. par le gouvernement. Il veille à la cohérence de son application
Cette demande doit être adressée par lettre recommandée avec sur le territoire de la République. À cette fin, il adresse aux ma-
demande d’avis de réception. Lorsque le procureur de la Ré- gistrats du ministère public des instructions générales d’action
publique décide de poursuivre l’enquête préliminaire et qu’il en- publique » (C. pr. pén., art. 30). La consécration législative de
visage de procéder à une nouvelle audition ou à un nouvel in- ces pouvoirs est de nature à assurer une meilleure cohérence de
terrogatoire de la personne au cours de l’enquête, celle-ci a le la politique pénale conduite par les procureurs généraux et les
droit d’être assistée d’un avocat. Celui-ci peut consulter le dos- procureurs de la République. Ces dispositions, sous réserve de
sier d’enquête dans un délai de quinze jours à compter de sa modifications terminologiques formelles, sont identiques à celles

janvier 2009 -9- Rép. pén. Dalloz


ACTION PUBLIQUE

qui figuraient dans le projet de loi relatif à l’action publique qui (art. 19, 27 et 29 ; pour la gendarmerie, V. Décr. org. 20 mai
avait été déposé en 1998 sur le bureau de l’Assemblée natio- 1903, art. 137, mod. par Décr. 22 août 1958, in Code de pro-
nale, mais dont la discussion n’avait ensuite pas abouti. Le garde cédure pénale Dalloz). Les officiers de police judiciaire et, sous
des Sceaux ne dispose pas de l’exercice direct de l’action pu- leur contrôle, les agents de police judiciaire ont l’obligation légale
blique. Il peut dénoncer au procureur général les infractions à de recevoir les plaintes et dénonciations quel que soit leur lieu
la loi pénale dont il a connaissance, lui enjoindre par instruc- de commission et d’en aviser le procureur de la République. Ils
tions écrites versées au dossier de la procédure d’engager ou ont l’obligation de lui adresser l’original et une copie conforme
de faire engager des poursuites ou de saisir la juridiction com- de leurs procès-verbaux (C. pr. pén., art. 19). Toutefois, le dé-
pétente de telles réquisitions écrites qu’il juge opportunes (C. pr. faut d’information du procureur de la République par un officier
pén., art. 30, résultant de L. no 2004-204 du 9 mars 2004). Se- de police judiciaire des infractions dont il a connaissance dans
lon une circulaire du 24 août 1993 (in Code de procédure pénale l’exercice de ses fonctions est sans effet sur la validité des actes
Dalloz), l’obligation de joindre au dossier les instructions du mi- accomplis par ce dernier (Crim. 1er déc. 2004, no 04-80.536,
nistre ne s’étend pas aux divers rapports établis pour assurer D. 2005. 1336, note J.-L. Lennon).
l’information de l’autorité hiérarchique et documents internes au
ministère public (D. 1993. 474). Il en résulte que le ministre ne 64. Traitement en temps réel. Contrôle des enquêtes. — La
peut ni ordonner le classement sans suite d’une plainte, ni pres- pratique, puis la loi, sont venues renforcer encore cette obliga-
crire l’arrêt des poursuites (V. Ministère public ; D. MAYER, note tion. La quasi-totalité des parquets a en effet recours, depuis
sous Crim. 12 mai 1992, no 92-81.080, D. 1992. 427). Le procu- plusieurs années, au « traitement en temps réel » des procé-
reur général veille à l’application de la loi dans toute l’étendue du dures, qui consiste, pour les officiers et agents de police judi-
ressort de la cour d’appel. À cette fin, il anime et coordonne l’ac- ciaire, à rendre compte téléphoniquement au parquet, non seule-
tion des procureurs de la République en ce qui concerne tant la ment des affaires de crime flagrant (C. pr. pén., art. 54) ou dans
prévention que la répression des infractions à la loi pénale, ainsi lesquelles aurait été prise une mesure de garde à vue (art. 63
que la conduite de la politique d’action publique par les parquets et 77), mais plus généralement de toutes les affaires correction-
de son ressort (C. pr. pén., art. 35, mod. par L. no 2007-297 du nelles ou contraventionnelles de 5e classe élucidées, avant que
5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance). Le pro- le mis en cause n’ait quitté les locaux du service de police ou
cureur général près la cour d’appel, auquel le garde des Sceaux de gendarmerie. Cette pratique a reçu une confirmation dans
peut adresser des instructions, a lui-même sous sa direction les la loi du 15 juin 2000 (préc.), qui astreint désormais les ser-
membres du parquet général mais aussi les procureurs de la Ré- vices d’enquête à rendre compte au parquet de l’avancement
publique du ressort de la cour d’appel auxquels il peut ordonner des enquêtes qu’ils ont menées d’office, à l’issue d’un délai de
d’engager des poursuites et de déposer des réquisitions dans le six mois, et à aviser le procureur de la République lorsqu’un sus-
sens qu’il indique. pect est identifié au cours d’une enquête préliminaire concernant
un crime ou un délit (C. pr. pén., art. 75-1 et 75-2). Si la per-
sonne a été placée en garde à vue pour l’une des infractions
ART. 1er. – CONNAISSANCE DE L’INFRACTION.
prévues à l’article 706-73 du code de procédure pénale, la loi
prévoit que le procureur de la République doit être avisé de la
61. Le procureur de la République, afin d’accomplir sa mission,
qualification des faits retenue par les enquêteurs dès qu’il est in-
doit disposer des informations nécessaires sur toutes les infrac-
formé par ces derniers du placement en garde à vue (C. pr. pén.,
tions commises dans le ressort de son tribunal de grande ins-
art. 63-4, résultant de L. no 2004-204 du 9 mars 2004, disposi-
tance, ou des tribunaux de grande instance rentrant dans sa
tions applicables à compter du 1er oct. 2004). Le procureur de
zone de compétence pour le traitement des infractions de grande
la République n’est jamais lié par la qualification donnée par les
complexité relevant de la criminalité organisée, ou des infrac-
enquêteurs aux faits constatés dans leurs procès-verbaux (Crim.
tions de très grande complexité en matière économique et finan-
23 janv. 2001, no 00-84.439, Bull. crim. no 17). Sur instructions
cière (C. pr. pén., art. 704, 705-1, 706-75 et 706-76, résultant de
du procureur de la République, les personnes à l’encontre des-
L. no 2004-204 du 9 mars 2004 instaurant des juridictions inter-
quelles les éléments recueillis sont de nature à motiver l’exercice
régionales spécialisées).
de poursuites, sont soit remises en liberté, soit déférées devant
ce magistrat (C. pr. pén., art. 63, al. 4).
§ 1er. – Information spontanée.
65. Obligation de dénoncer. — L’obligation d’informer le pro-
62. Le procureur de la République peut être informé de la cureur de la République pèse aussi sur « toute autorité consti-
commission des infractions par les victimes, témoins, ou par tuée, tout officier public ou fonctionnaire, qui, dans l’exercice de
toute personne qui en aurait appris l’existence. Qu’il s’agisse de ses fonctions, aurait appris l’existence d’un crime ou d’un dé-
plaintes ou de dénonciations, le procureur a l’obligation légale lit ». Il doit en effet en donner avis sans délai à ce magistrat et
de les recevoir, d’apprécier la suite à leur donner et d’aviser lui transmettre consécutivement tous les renseignements, pro-
l’auteur de la plainte de la suite qu’il lui a réservée. Les fonc- cès-verbaux et actes qui y sont relatifs (C. pr. pén., art. 40, al. 2).
tionnaires de police et militaires de la gendarmerie ont la même Cette obligation s’adresse à tous les agents publics – État et col-
obligation de recevoir toutes les plaintes, quelle que soit leur lectivités territoriales. C’est en vertu du même texte que les ins-
compétence territoriale, à charge pour eux de les transmettre pections générales des diverses administrations (Finances, Af-
au commissariat ou à la brigade de gendarmerie territorialement faires sociales, Éducation nationale, etc.) sont aussi tenues à
compétente (C. pr. pén., art. 15-3, réd. L. no 2000-516 du 15 juin un tel avis au procureur de la République chaque fois que dans
2000 [préc. supra, no 1]). La plainte adressée au procureur de le cadre de leur mission d’inspection, elles ont découvert l’exis-
la République n’est soumise à aucune condition de fond ou de tence d’infractions à la loi pénale. Cette obligation pèse de façon
forme. très spécifique sur les maires, qui sont tenus de signaler sans
délai au procureur de la République les crimes ou délits dont
§ 2. – Information obligée. ils acquièrent la connaissance dans l’exercice de leurs fonctions
(L. no 2004-204 du 9 mars 2004, art. 73, modifiant l’art. L. 2211-1
63. Enquête de police. — La principale source d’information est CGCT).
constituée par les enquêtes de la police judiciaire qui est pla-
cée sous la direction du procureur de la République (C. pr. pén., 66. La dénonciation est aussi obligatoire pour toute personne, en
art. 12) et qui a l’obligation de lui transmettre ses procès-verbaux cas de crime ou de tentative de crime (C. pén., art. 434-1, al. 1er),

Rép. pén. Dalloz - 10 - janvier 2009


ACTION PUBLIQUE

de sévices ou de privation de soins sur mineur (sauf bénéficiaires du délai de prescription, revenir sur sa décision première et exer-
d’une immunité familiale et personnes tenues au secret profes- cer des poursuites sans avoir à justifier de la survenance de faits
sionnel ; C. pén., art. 434-1, al. 2), pour les commissaires aux nouveaux (Crim. 5 déc. 1972, Bull. crim. no 186). Toutefois,
comptes des sociétés tenus de révéler au parquet les faits dé- la partie lésée a la possibilité d’exercer un recours hiérarchique
lictueux qu’ils ont découverts au cours de leur mission (C. com., devant le procureur général contre une telle décision de classe-
art. L. 225-240 ; anc. L. no 66-537 du 24 juill. 1966, art. 233), et ment sans suite (C. pr. pén., art. 40-3, mod. par L. 9 mars 2004,
pour le Conseil de la concurrence en cas de pratiques anticon- art. 68).
currentielles (C. com., art. L. 462-6 ; anc. Ord. no 86-1243 du
1er déc. 1986, art. 11, al. 3). 70. …3o Liberté des moyens. — Le ministère public choisit en
principe librement le moyen par lequel il met en mouvement l’ac-
tion publique lorsque la loi ne décide pas que le recours à l’in-
ART. 2. – PRINCIPE DE L’OPPORTUNITÉ DES POURSUITES. formation judiciaire est obligatoire ou que l’usage de certains
67. Chargé de mettre en mouvement et d’exercer l’action pu- modes de poursuite n’est pas possible pour certaines infractions.
blique, le ministère public dispose de la liberté d’appréciation la Ainsi, les procédures de comparution immédiate et de compa-
plus large ; il apprécie la suite à donner aux plaintes et dénon- rution sur reconnaissance préalable de culpabilité ne sont pas
ciations (C. pr. pén., art. 40). Cette règle signifie que le procu- applicables aux mineurs, ni en cas de délits de presse, de dé-
reur de la République apprécie selon sa conscience, en fonc- lits politiques, ou d’infraction dont la procédure de poursuite est
tion de la gravité de l’infraction, de la personnalité de l’auteur, prévue par une loi spéciale.
et du trouble causé à l’ordre public, l’opportunité soit d’engager 71. …4o Charges nouvelles. Réouverture d’une information. —
des poursuites, soit de mettre en œuvre une procédure alter- Le ministère public est investi du droit exclusif de provoquer la
native aux poursuites, soit de classer sans suite la procédure réouverture d’une information pour survenance de charges nou-
dès lors que les circonstances particulières liées à la commis- velles (C. pr. pén., art. 190 ; V. Instruction préparatoire), que
sion des faits le justifient. Cette règle s’oppose au principe de la la décision de non-lieu ait été prise par le juge d’instruction ou
légalité des poursuites, en vigueur dans certains pays, qui oblige qu’elle résulte d’un arrêt de la chambre d’accusation (Ch. réun.
le ministère public à poursuivre dès qu’il a connaissance d’une 29 janv. 1931, DP 1931. 1. 89, rapp. Mornet ; Crim. 17 juill.
infraction constituée (C. pr. pén., art. 40-1). Les nouvelles dis- 1957, D. 1958. 61).
positions légales résultant de la loi no 2004-204 du 9 mars 2004
consacrent en fait expressément le principe de l’opportunité des 72. …5o Liberté dans l’exercice de l’action publique. — La liber-
poursuites en indiquant que le procureur de la République dé- té d’action du ministère public s’étend ensuite aux actes d’exer-
cide ce qui lui paraît opportun, tout en soulignant que la réponse cice de l’action publique, sauf le droit pour la partie civile de
pénale qu’il doit apporter à une infraction commise par une per- mettre l’action publique en cause par certains de ses appels (re-
sonne identifiée doit, en principe, consister soit en la mise en fus d’informer, incompétence, irrecevabilité, non-lieu, jugement
mouvement de l’action publique, soit en une procédure alterna- ne statuant pas sur le fond). Cette liberté d’action s’applique
tive. La loi affiche ainsi clairement l’objectif de la généralisation à l’exercice des voies de recours (Crim. 20 oct. 1964, Gaz.
de la réponse pénale puisque le classement sans suite en op- Pal. 1964. 2. 396), à l’exception de la procédure de comparu-
portunité ne doit intervenir, lorsque l’auteur des faits est identifié, tion sur reconnaissance préalable de culpabilité, où le procureur
que si des circonstances particulières liées à la commission des de la République ne peut interjeter appel de l’ordonnance d’ho-
faits le justifient. Ce principe de libre décision appelle les préci- mologation que pour autant que le prévenu a relevé appel prin-
sions suivantes. cipal de cette même ordonnance. Il conserve cette liberté même
lorsque l’action publique a été mise en mouvement par la partie
68. …1o Poursuite d’office. — Le ministère public a le droit de lésée (V. C. pr. pén., art. 425, pour le cas de désistement de la
poursuivre d’office sans qu’un ordre, une dénonciation ou une partie civile poursuivante). Il n’est lié que dans les cas où, une
plainte soient nécessaires, à moins que la loi n’en dispose au- plainte préalable étant obligatoire, le plaignant se désiste de sa
trement (Crim. 2 nov. 1920, Bull. crim. no 140). Ce pouvoir plainte ou lorsqu’une transaction consentie par l’Administration
d’opportunité s’exerce dans les limites posées par la loi. L’exer- éteint l’action publique.
cice que le procureur fait de ses droits ne saurait donc être criti-
qué, ni par les personnes visées par les poursuites (Crim. 28 juin 73. …6o Indisponibilité de l’action publique. — Le ministère pu-
1991, no 91-82.191, Bull. crim. no 287), ni par les juridictions ré- blic n’ayant pas le droit de disposer de l’action publique ne peut,
pressives (Crim. 21 mai 1979, Bull. crim. no 178). Ces droits ni par abandon des poursuites (Crim. 12 juill. 1951, Bull. crim.
conservent toute leur plénitude même dans le cas où l’action pu- no 207), ni par voie de transaction, éteindre l’action publique ou
blique ne peut être exercée que sur une plainte préalable de l’Ad- mettre fin à son cours. Le législateur a toutefois apporté des
ministration (même arrêt). restrictions à ce principe de non-disposition. En effet, lorsqu’il
intervient dans un délai d’un mois à compter de l’appel, le dé-
69. …2o Classement sans suite. — À l’inverse, le ministère pu- sistement, par le prévenu ou la partie civile, de son appel princi-
blic a le droit, même lorsqu’il est saisi d’une plainte, de laisser pal entraîne la caducité des appels incidents, y compris de celui
celle-ci sans suite dès lors que les circonstances particulières du ministère public. Par ailleurs, dans tous les cas, le minis-
liées à la commission des faits le justifient, même si le fait dénon- tère public peut toujours se désister de son appel formé après
cé comportait une qualification pénale (Crim. 8 déc. 1926, Bull. celui du prévenu en cas de désistement de celui-ci (C. pr. pén.,
crim. no 250, et les réquisitions du procureur général Mourre). art. 500-1, réd. L. 15 juin 2000 [préc. supra, no 1] ; Crim. 23 mars
Le classement sans suite d’une plainte, d’un procès-verbal ou 2004, no 03-82.802, Bull. crim. no 73).
d’une procédure d’enquête par le procureur de la République,
bien que ressortissant, selon l’article 40 du code de procédure ART. 3. – CLASSEMENT SANS SUITE.
pénale, à l’exercice de l’autorité judiciaire, n’est pas un acte ju-
ridictionnel et n’a pas l’autorité de la chose jugée. C’est là une 74. Le choix de ne pas poursuivre se traduit par une décision de
différence essentielle avec une ordonnance de non-lieu du juge classement sans suite. Il s’analyse en une décision purement
d’instruction qui, mettant fin à l’action publique, présente un ca- administrative, non susceptible de recours. Les motifs d’un clas-
ractère juridictionnel et se trouve soumise à l’appel des parties sement sans suite sont des plus divers : ils tiennent soit à l’in-
(C. pr. pén., art. 177). Le procureur de la République, qui a le fraction (absence d’infraction ou infraction insuffisamment carac-
libre exercice des poursuites, peut d’ailleurs, jusqu’à l’expiration térisée), soit à des raisons d’opportunité (absence de préjudice,

janvier 2009 - 11 - Rép. pén. Dalloz


ACTION PUBLIQUE

préjudice réparé, faible trouble à l’ordre public, personnalité de mineur délinquant une mesure ou une activité d’aide ou de ré-
l’auteur de l’infraction, comportement de la victime, etc.). paration à l’égard de la victime ou dans l’intérêt d’une collec-
tivité entraînant, en cas d’exécution, le classement de l’affaire
75. Le ministère public peut toujours revenir sur une décision de (Ord. 2 févr. 1945, art. 2-1 mod., in Code pénal Dalloz). En
classement sans suite sans avoir à justifier de faits nouveaux, cas d’échec de la médiation à laquelle le procureur a fait pro-
sauf si une cause d’extinction de l’action publique est survenue céder, les constatations du médiateur et les déclarations qu’il a
entre-temps. Mais une décision de classement sans suite ne recueillies ne peuvent être évoquées devant le juge saisi du li-
peut faire échec, sous réserve des dispositions de l’article 86 tige qu’avec l’accord des parties conformément aux dispositions
du code de procédure pénale, à l’ouverture d’une information de l’article 24 de la loi no 95-125 du 8 février 1995 relative à la
sur plainte avec constitution de partie civile (Crim. 12 mai 1992, médiation en matière civile (L. no 95-125 relative à l’organisation
no 92-81.080, Bull. crim. no 186). des juridictions et la procédure civile, pénale et administrative,
76. Le procureur de la République est tenu d’informer la victime JO 9 févr., D. 1995. 177 ; Crim. 28 févr. 2001, no 00-83.365,
en cas de classement sans suite (C. pr. pén., art. 40-2). La per- Bull. crim. no 54).
sonne ayant dénoncé les faits dispose du droit de former contre
80. Le procureur de la République peut enfin avoir recours à
cette décision de classement sans suite un recours devant le
la composition pénale, qui consiste à proposer à une personne
procureur général. Celui-ci peut, soit enjoindre au procureur de majeure ou mineure (L. no 2007-297 du 5 mars 2007 sur la
la République d’engager des poursuites, soit, s’il estime le re- prévention de la délinquance modifiant l’ordonnance du 2 févr.
cours infondé, en informer l’intéressé (C. pr. pén., art. 40-3). 1945), qui reconnaît avoir commis un ou plusieurs délits punis
Cet article consacre l’existence du recours hiérarchique auprès d’une peine d’emprisonnement d’une durée inférieure ou égale à
du procureur général près la cour d’appel, depuis toujours recon-
cinq ans, d’exécuter des mesures qui auront pour conséquence
nu par la pratique. Selon la circulaire de la Direction des affaires
d’éteindre l’action publique (V. infra, nos 190 et s.).
criminelles et des grâces en date du 14 mai 2004 (Circ. CRIM
2004-04/E8, BOMJ, 2004, no 94, www.justice.gouv.fr), la notion 81. Le législateur a institué un principe de gradation de la ré-
de personne ayant dénoncé les faits doit être interprétée large- ponse pénale : ainsi, en cas de non-exécution de la mesure al-
ment, et ce recours peut ainsi être exercé non seulement par ternative en raison du comportement de l’auteur des faits, le pro-
les victimes dont la plainte aurait été classée sans suite, mais cureur de la République, sauf élément nouveau, doit mettre en
également par des tiers qui auraient signalé une infraction, et œuvre une composition pénale ou engager des poursuites pé-
notamment par les autorités prévues au deuxième alinéa de l’ar- nales (C. pr. pén., art. 41-1, al. 3, résultant de L. no 2004-204 du
ticle 40 du code de procédure pénale. 9 mars 2004). Cette disposition n’est toutefois pas impérative, le
principe général étant celui de l’opportunité des poursuites, et la
ART. 4. – PROCÉDURES ALTERNATIVES AUX POURSUITES. notion d’élément nouveau étant ainsi laissée à l’appréciation du
magistrat du parquet.
77. Le choix entre les poursuites et le classement sans suite
est vite apparu comme ne répondant pas suffisamment au dé-
ART. 5. – POURSUITES.
veloppement de la petite et moyenne délinquance. Les parquets
ont donc développé, parfois dans le cadre de « maisons de jus- 82. Le principe de liberté de décision subit toutefois un certain
tice » (institutionnalisées depuis par une circulaire du garde des nombre de restrictions.
Sceaux du 9 mars 1996 puis par la loi : C. pr. pén., art. 41,
et COJ, art. L. 7-12-1-1 et s.), des modes de réponses pénales § 1er. – Obligation de poursuivre.
grâce à l’opportunité des poursuites qui leur permettaient de sou-
mettre leur classement sans suite au respect d’une condition 83. Le procureur de la République est en effet tenu de prendre
qu’ils fixaient à la personne impliquée : avertissement, rappel à des réquisitions de poursuite conformes aux instructions écrites
la loi, menaces de poursuites en cas de réitération de l’infraction, qu’il a reçues, par écrit, de ses supérieurs hiérarchiques : le mi-
obligation de réparer le préjudice causé par l’infraction, média- nistre de la Justice et le procureur général (C. pr. pén., art. 35
tion pénale. et 36). À l’audience, le ministère public retrouve sa liberté d’ap-
préciation et « développe librement les observations orales qu’il
78. Le législateur, par la loi no 99-515 du 23 juin 1999 renfor- croit convenables au bien de la justice » (C. pr. pén., art. 33 ;
çant l’efficacité de la procédure pénale (D. 1999. 311), a voulu « La plume est serve, mais la parole est libre »).
régir l’ensemble de ces solutions alternatives en y ajoutant une
possibilité, celle de la composition pénale (V. infra, nos 190 et 84. De même, si la victime d’une infraction a elle-même, par
s. ; V. Composition pénale). Le procureur de la République a le une constitution de partie civile devant le juge d’instruction, mis
pouvoir de mettre en œuvre ces mesures alternatives lorsqu’il en mouvement l’action publique, le ministère public doit, si les
lui apparaît qu’elles peuvent assurer la réparation du dommage faits dénoncés sont légalement punissables, requérir l’ouverture
causé à la victime, mettre fin au trouble résultant de l’infraction, d’une information judiciaire (C. pr. pén., art. 85, 86 et 88).
ou contribuer au reclassement de l’auteur des faits (C. pr. pén.,
art. 41-1). 85. Enfin, le ministère public a l’obligation de poursuivre lorsque,
dans certaines conditions, la chambre de l’instruction a ordonné
79. Si elles répondent aux finalités législatives susmentionnées, que soient mises en examen des personnes qui n’ont pas été
le procureur de la République peut avoir recours aux mesures al- renvoyées devant elle sur les chefs d’infraction résultant du dos-
ternatives suivantes, directement ou par l’intermédiaire d’un of- sier de la procédure (C. pr. pén., art. 202 et 204 ; V. Chambre
ficier de police judiciaire, d’un délégué ou d’un médiateur : pro- de l’instruction).
céder au rappel, auprès de l’auteur des faits, des obligations
résultant de la loi, orienter l’auteur des faits vers une structure § 2. – Obstacles aux poursuites.
sanitaire, sociale ou professionnelle, demander à l’auteur des
faits de régulariser sa situation au regard de la loi ou des règle- 86. Les obstacles peuvent résulter soit de l’extinction de l’action
ments, demander à l’auteur des faits de réparer le dommage publique, soit de diverses immunités. Il est des cas où l’action
résultant de ceux-ci, et faire procéder, avec l’accord des par- publique ne peut être mise en mouvement en raison de son ex-
ties, à une mission de médiation entre l’auteur des faits et la tinction. Les différents cas d’extinction seront étudiés (V. infra,
victime. Le procureur de la République peut aussi proposer au nos 150 et s.).

Rép. pén. Dalloz - 12 - janvier 2009


ACTION PUBLIQUE

A. – Immunités politiques. tions, et devant la Cour de justice de la République (V. Cour de


justice de la République) pour les crimes et délits qu’ils ont pu
87. Les immunités sont des causes d’impunité qui, tenant à la commettre dans l’exercice de leurs fonctions. Les actes accom-
situation particulière de l’auteur d’une infraction, s’opposent à plis dans l’exercice de ses fonctions par un membre du gouver-
toute poursuite à son égard. nement sont « ceux qui ont un rapport direct avec la conduite des
a. – Immunité du chef de l’État.
affaires de l’État relevant de ses attributions, à l’exclusion des
comportements concernant la vie privée ou les mandats électifs
88. L’article 68, alinéa 2, de la Constitution du 4 octobre 1958 ins- locaux » (Crim. 26 juin 1995, no 95-82.333, Bull. crim. no 235).
tituait à son profit une immunité en disposant que « le président Les actes commis dans l’exercice des fonctions doivent être dis-
de la République n’est responsable des actes accomplis dans tingués de ceux commis à l’occasion de cet exercice qui, eux, ne
l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison. Il ne peut relèvent pas de la Cour de justice de la République (Crim. 6 févr.
être mis en accusation que par les deux assemblées statuant par 1997, no 96-80.615, Bull. crim. no 48). Aucune disposition n’ac-
un vote identique au scrutin public et à la majorité absolue des corde par ailleurs une prorogation de compétence à l’égard des
membres les composant; il est jugé par la Haute cour de justice » coauteurs ou complices des membres du gouvernement (Crim.
(V. Haute cour). Le crime de haute trahison n’est toutefois pas 26 juin 1995, préc.).
défini en droit pénal français. Réélu président de la République
en mai 2002, M. CHIRAC avait pris l’engagement de réunir une 90. Les poursuites devant la Cour de justice de la République,
commission, chargée de mener une réflexion sur le statut pé- qui comporte une commission des requêtes, une commission
nal du président de la République et de lui faire le cas échéant, d’instruction, et une formation de jugement, obéissent à un ré-
les propositions qui paraîtraient nécessaires. A la suite des tra- gime spécial (L. org. no 93-1252 du 23 nov. 1993, art. 12 à 17,
vaux de cette commission qui se sont tenus en 2002 (« le statut D. 1993. 548). La plainte doit être déposée devant une commis-
pénal du président de la République » : Doc.fr, coll. Rapports sion des requêtes qui, titulaire de l’opportunité des poursuites,
officiels, 2003) a été déposé un projet de loi constitutionnelle le apprécie la suite à donner aux plaintes qu’elle reçoit, tandis que
3 juillet 2003, qui a été adopté le 23 février 2007 et qui révise le procureur général près la Cour de cassation, ministère public
le titre IX de la constitution. La loi constitutionnelle du 23 février près cette Cour, doit exécuter l’ordre de poursuite donné par la
2007 vise à séparer les procédures pénale et politique suscep- commission des requêtes.
tibles de concerner le président de la République. Elle renforce
91. Toute action civile est irrecevable devant la Cour de justice
son inviolabilité pendant la durée de son mandat mais permet
de la République tant par voie d’action que par voie d’interven-
une procédure originale de destitution. Le nouvel article 67 de la
tion. La personne qui se prétend lésée peut adresser à la com-
constitution réaffirme ainsi que « le président de la République
mission des requêtes une plainte mentionnant, à peine d’irrece-
n’est pas responsable des actes accomplis en cette qualité, sous
vabilité, la signature de ce plaignant et le nom du ministre avec
réserve des dispositions des articles 53-2 (relatif à la Cour pénale
l’énoncé des faits allégués.
internationale et introduit par la loi constitutionnelle no 99-568 du
8 juillet 1999) et 68. Le nouvel article 67 pose ainsi le principe c. – Membres du Parlement.
de l’inviolabilité du chef de l’État durant son mandat. Ce principe
est la conséquence de l’irresponsabilité et trouve son fondement 92. Les parlementaires bénéficient d’une immunité pour les in-
dans le constat que le président de la République n’est pas un fractions qui pourraient être commises à l’occasion des opinions
justiciable ordinaire et que, élu par le peuple et chargé d’assurer ou des votes qu’ils émettent dans l’exercice de leurs fonctions,
le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et la continuité verbalement ou par écrit (Const. 4 oct. 1958, art. 26, al. 1er,
de l’État, il ne peut faire l’objet d’aucune mesure de justice, ni et L. 29 juill. 1881 [in Code pénal Dalloz], art. 41, al. 1er). Cette
être requis de témoigner, ni être poursuivi, ni même faire l’objet immunité, qui dure jusqu’à la fin du mandat, empêche toute pour-
d’une information. De même, toute forme de témoignage assor- suite à leur encontre. Elle couvre tous les actes de la fonction
tie d’une mesure de contrainte ou de perquisition est interdite. parlementaire dans l’enceinte des assemblées, lors des séances
Cette inviolabilité est toutefois conçue comme temporaire, pour publiques, dans l’hémicycle comme dans les commissions. En
la seule durée du mandat et elle ne doit pas empêcher le cours revanche, les propos tenus dans le cadre d’une réunion élec-
de la justice. Elle ne peut que le retarder. C’est la raison pour torale ou les infractions de type voie de fait commises au sein
laquelle l’article 67 précise que « tout délai de prescription ou des assemblées ne bénéficient pas de cette immunité. Ainsi, la
de forclusion est suspendu » et que « les instances et procé- critique d’une décision de justice constitutive du délit de l’article
dures auxquelles il est ainsi fait obstacle peuvent être reprises 434-25 du code pénal, par un président de la commission des
ou engagées contre lui à l’expiration d’un délai d’un mois sui- lois à l’antenne d’une radio, ne constitue pas un acte de la fonc-
vant la cessation des fonctions ». L’article 67 de la constitution tion parlementaire et n’est pas couverte par l’immunité (Crim.
pose deux exceptions au principe de l’irresponsabilité du chef de 7 mars 1988, Bull. crim. no 113).
l’État dans ses fonctions. La première est tirée de l’article 53-2
déjà mentionné, et la seconde instaure une possibilité de desti- 93. Cette immunité, qui ne doit pas être confondue avec l’invio-
tution du président de la République par le parlement institué en labilité parlementaire, s’étend aux membres du gouvernement et
Haute cour de justice. Cette procédure est toutefois sans lien aux hauts fonctionnaires appelés à participer aux débats, mais
avec la procédure pénale et les motifs susceptibles de l’entraî- non aux témoins entendus par les commissions d’enquête par-
ner sont différents puisque le nouvel article 68 de la constitution lementaires (Civ. 2e, 22 févr. 1956, Bull. civ. II, no 137).
dispose qu’il « ne peut être destitué qu’en cas de manquement à
ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son 94. De même, le compte rendu des séances publiques fait de
mandat ». Il s’agit donc d’une procédure de mise en cause de bonne foi dans les journaux ne peut donner lieu à aucune res-
la responsabilité politique, et non plus pénale, du président de la ponsabilité pénale ou civile (L. 29 juill. 1881, art. 41, al. 2).
République devant le parlement. 95. Les parlementaires européens bénéficient de la même im-
b. – Les membres du gouvernement ne jouissent d’aucune immunité. munité (Protocole du 8 avr. 1965 sur les privilèges et immuni-
tés des Communautés européennes, art. 10, JO 29 juill. 1967).
89. Les membres du gouvernement sont pénalement respon- Ils ne peuvent être recherchés, détenus ou poursuivis en rai-
sables devant les juridictions de droit commun pour les infrac- son des opinions ou votes émis par eux dans l’exercice de leurs
tions qu’ils ont commises en dehors de l’exercice de leurs fonc- fonctions, ce qui ne fait pas obstacle à des poursuites enga-

janvier 2009 - 13 - Rép. pén. Dalloz


ACTION PUBLIQUE

gées contre eux pour des faits commis avant leur élection (Crim. D. – Immunités familiales.
14 mai 2002, no 02-80.721, Bull. crim. no 111).
102. Le législateur n’a pas voulu mettre les personnes ayant
d. – Médiateur de la République. un lien de parenté ou d’alliance avec l’auteur des faits dans la
situation d’avoir à le dénoncer ou à le livrer aux autorités sous
96. Le médiateur de la République ne peut être poursuivi à l’oc-
peine de sanctions pénales. Ne peut être poursuivi l’auteur d’un
casion des opinions émises ou des actes accomplis dans l’exer-
vol (C. pén., art. 311-12), d’une extorsion (art. 312-9), d’un chan-
cice de ses fonctions (L. no 73-6 du 3 janv. 1977 instituant un
tage (art. 312-12), d’une escroquerie (art. 313-3), d’un abus de
médiateur, art. 3, JO 4 janv.).
confiance (art. 314-4), commis au préjudice de son descendant
B. – Immunités judiciaires. ou de son ascendant ou encore de son conjoint, sauf si les époux
sont séparés de corps ou autorisés à vivre séparément, et à
97. En vue d’assurer la liberté de la défense, les débats judi- condition que l’auteur et sa victime ne se soient pas mariés après
ciaires, discours, écrits, et comptes rendus, sont couverts par les faits poursuivis (Crim. 3 mai 1967, Bull. crim. no 145). Bé-
l’immunité (L. 29 juill. 1881 [préc.] art. 41, al. 3). Cette immunité néficient de la même immunité les ascendants et descendants
est destinée à garantir aussi bien la liberté de la défense que la (mais non les frères et sœurs : Crim. 16 oct. 1996, Bull. crim.
sincérité des auditions ; elle est applicable, sauf s’ils sont étran- no 366), auteurs du délit d’aide au séjour irrégulier d’étranger
gers à la cause, aux propos tenus et aux écrits produits devant la (Ord. 2 nov. 1945, art. 21).
juridiction d’instruction comme de jugement (Crim. 4 juin 1997,
Juris-Data, no 003438). 103. Échappent aussi aux poursuites les concubins, frères
et sœurs et les conjoints pour la non-dénonciation de crime
C. – Immunités diplomatiques et consulaires. (C. pén., art. 434-1), le recel de criminel (art. 434-6), le défaut de
témoignage en faveur d’un innocent (art. 434-11), et les actes
98. Les agents diplomatiques des États étrangers en France
de terrorisme (L. 22 juill. 1996 ; C. pén., art. 434-1-2o).
bénéficient d’une immunité de la juridiction pénale de l’État ac-
créditaire pendant la durée de leurs fonctions, sauf s’ils ont la
nationalité de l’État accréditaire ou s’ils y ont leur résidence per- § 3. – Restrictions aux poursuites.
manente (Conv. Vienne du 18 avr. 1961, sur les relations di-
plomatiques, art. 31, § 1 et 38, § 1er, JO 17 avr. 1971). Cette 104. La liberté du ministère public de poursuivre d’office sup-
immunité s’étend aux membres de la famille de l’agent diploma- porte un certain nombre de restrictions qui réduisent ou sup-
tique, aux membres du personnel administratif et technique de la priment sa liberté d’appréciation. Il est des cas où son action
mission, et aux membres du personnel de service de la mission est subordonnée à une plainte, à une mise en demeure, à un
qui ne sont pas ressortissants de l’État accréditaire ou n’y ont avis, à une décision judiciaire, ou à une autorisation préalable.
pas leur résidence permanente, pour les actes accomplis dans
A. – Nécessité d’une plainte.
l’exercice de leurs fonctions (Conv. Vienne du 18 avr. 1961,
art. 37, § 3), y compris pour les actes antérieurs à l’entrée en 105. La loi subordonne la recevabilité des poursuites au dépôt
fonction de l’agent (Civ. 22 avr. 1958, JCP 1958. II. 10644 bis). préalable d’une plainte dont le maintien est indispensable pour
L’État accréditant peut toutefois renoncer expressément à l’im- qu’elles puissent être menées à leur terme (C. pr. pén., art. 6)
munité et admettre que ses ressortissants soient poursuivis. dans un certain nombre d’hypothèses qui peuvent être regrou-
99. Étendue des immunités. — Il s’agit d’abord d’une inviolabilité pées en deux catégories d’inspiration différente : d’une part,
personnelle : la personne de l’agent diplomatique est inviolable, la catégorie des infractions atteignant des intérêts d’ordre pri-
et cette inviolabilité s’étend aux membres de sa famille. Les bé- vé, pour lesquelles il est possible d’admettre le pardon ; d’autre
néficiaires de cette inviolabilité ne peuvent faire l’objet d’une in- part, la catégorie où se met en œuvre une technique dérivée
terpellation, d’une fouille à corps, d’une palpation de sécurité, de la précédente appliquée à des matières relevant d’adminis-
d’un placement en garde à vue, ou d’une mesure de rétention trations spécialisées, auxquelles est parfois conféré le pouvoir
ou de détention de quelque nature qu’elle soit. L’inviolabilité de constater les infractions mais non le droit de poursuite. La
matérielle s’applique aux locaux diplomatiques, y compris la ré- répression est alors un moyen de coercition réservé aux infrac-
sidence du chef de mission, et aux locaux et biens privés des tions les plus graves ou aux individus qui n’ont pas consenti à
bénéficiaires de l’immunité diplomatique. Ainsi, il n’est possible régulariser leur situation.
de pénétrer dans ces locaux qu’avec l’accord exprès du chef de
mission, et aucune saisie, perquisition, visite domiciliaire n’est a. – Plainte de la victime.
possible, sous peine de nullité de ces actes. Il s’agit enfin d’une
106. Les infractions portant atteinte à des intérêts privés ne
immunité de juridiction totale et générale pour le bénéficiaire,
peuvent donner lieu à action publique sans une plainte préa-
sauf si l’État étranger a entendu renoncer au bénéfice de l’im-
lable de la victime. Il en est ainsi des infractions d’atteintes à
munité de son agent : aucune poursuite pénale ne pourra être
la vie privée (C. pén., art. 226-6 ; Crim. 14 janv. 1997, Bull.
engagée contre l’agent sur le territoire national. En outre, l’agent
crim. no 9), d’injures et diffamation (L. 29 juill. 1881, art. 48), de
n’est pas obligé d’apporter son témoignage : si l’agent accepte
chasse sur terrain d’autrui (C. rur., art. L. 228-41, al. 2), de di-
de témoigner, il convient de faire application des dispositions des
vulgation d’informations nominatives résultant de fichiers ou de
articles 654 à 656 du code de procédure pénale.
traitement informatique (C. pén., art. 226-22), ou de diffusion de
100. Les tribunaux doivent relever d’office cette immunité (Crim. l’image d’une personne menottée ou entravée (L. 29 juill. 1881,
26 févr. 1937, Bull. crim. no 40). Les actes accomplis au mépris art. 35 ter, créé par L. 15 juin 2000, art. 92). Pour les délits com-
de cette immunité sont frappés de nullité absolue. mis en dehors du territoire français, V. infra, no 119.

101. Les fonctionnaires et agents de la Communauté eu- 107. En ce qui concerne les faits commis par un ascendant ou
ropéenne (Protocole du 8 avr. 1965, art. 12), ainsi que les une personne ayant autorité et dont sont victimes les mineurs,
membres des organisations internationales (ONU, UNESCO, la mise en mouvement de l’action publique n’exige pas le dé-
etc.), bénéficient également, pour les actes accomplis dans pôt préalable d’une plainte avec constitution de partie civile, la
l’exercice de leurs fonctions, d’une immunité dont l’étendue est dénonciation des faits aux autorités compétentes pour y donner
fixée par des accords particuliers passés avec la France. suite étant suffisante (Crim. 30 nov. 1994, Bull. crim. no 389).

Rép. pén. Dalloz - 14 - janvier 2009


ACTION PUBLIQUE

b. – Plainte de l’Administration. 23 janv. 1990, Bull. crim. no 43). La plainte le saisit in rem, et il
peut poursuivre des personnes non visées dans la plainte mais
108. Une plainte préalable est exigée : 1o du ministre du Budget qui ont participé au délit (Crim. 2 mai 1984, Bull. crim. no 151).
pour les fraudes à la législation et à la réglementation des rela- En revanche, il ne peut poursuivre des faits non compris dans
tions financières avec l’étranger (C. douanes, art. 458) ; 2o de la plainte (Crim. 5 mars 1968, Bull. crim. no 25). Le ministère
l’administration fiscale, après avis préalable de la Commission public peut interjeter appel même si la partie civile a acquiescé
des infractions fiscales pour le contentieux de l’impôt (CGI, au jugement (Crim. 20 avr. 1954, Bull. crim. no 150).
art. 1741, et LPF, art. L. 226 et s. ; en cas d’avis défavorable
de la Commission, l’action civile de l’administration fiscale 112. Le retrait de plainte n’arrête l’action publique que lorsque la
est cependant recevable, V. Crim. 5 mai 2004, no 03-84.709, poursuite est subordonnée au dépôt d’une plainte (C. pr. pén.,
AJ pén. 2004. 288, obs. C. Girault). L’Administration ne peut art. 2, al. 2, et 6, al. 3 ; Crim. 22 mai 1986, Bull. crim. no 168 ;
se constituer partie civile qu’après que l’action publique a été 14 janv. 1997, ibid., no 9). Le retrait de plainte n’est soumis à
engagée par le ministère public (LPF, art. L. 232). Le défaut aucune condition particulière de forme : il suffit qu’il soit sans
de plainte, préalable à l’ouverture d’une information du chef équivoque (Crim. 30 avr. 1954, D. 1954. 585). Il peut interve-
de fraude fiscale, entraîne la nullité de la poursuite. Mais la nir même devant la Cour de cassation (Crim. 25 mai 1956, Bull.
nécessité d’une plainte préalable concerne seulement le rede- crim. no 391). Ce désistement opère in rem et bénéficie à tous
vable de l’impôt ou son représentant légal, à l’exclusion des les auteurs, coauteurs ou complices : le plaignant n’est pas au-
coauteurs ou complices, que le juge a toujours le pouvoir de torisé à arrêter les poursuites à l’égard d’un seul (Crim. 22 mai
mettre en examen en application de l’article 80, alinéa 3, du 1986, Bull. crim. no 168).
code de procédure pénale (Crim. 30 oct. 1989, D. 1990. IR. 18,
Bull. crim. no 386). La plainte de l’administration des impôts 113. Si des poursuites sont exercées, et que la partie civile ne
saisit en effet nécessairement le procureur de la République de comparaît pas à l’audience, elle est présumée se désister, ce
tous les faits qu’elle dénonce, et il appartient à ce magistrat de qui équivaut à un retrait de plainte (C. pr. pén., art. 425). Mais
poursuivre les personnes contre lesquelles il existe des charges l’article 425 n’étant pas d’ordre public, son application doit être
suffisantes d’avoir commis les délits dénoncés (Crim. 14 nov. demandée par le prévenu (Crim. 16 févr. 1960, D. 1960. 243,
2002, Bull. crim. no 206) ; 3o du ministre chargé de l’économie rapp. Damour). Si l’action publique a été mise en mouvement
en matière d’ententes illicites et abus de position dominante par la citation directe à la requête de la partie civile, le tribunal ne
(L. 19 juill. 1977, D. 1977. 327, mod. par Ord. no 45-1483 du statue sur cette action que s’il en est requis par le ministère public
30 juin 1945, art. 59). (même arrêt et Chambéry, 14 oct. 1965, JCP 1965. II. 14712,
note M. B.).
109. En revanche, la nécessité d’une plainte du ministre de la
Défense ou du ministre des Finances en ce qui concerne les B. – Nécessité d’une mise en demeure.
infractions en matière de fabrication, commerce, importation et
exportation d’armes a été supprimée par la loi no 2005-155 du 114. La poursuite de certaines infractions est subordonnée à une
12 décembre 2005 (C. défense, art. L. 2339-1). Elle n’est donc mise en demeure dont l’objet est variable et qui est restée sans
plus une condition préalable à la régularité des poursuites enga- effet. Cette mise en demeure conditionne uniquement les pour-
gées par le ministère public. En matière d’émission de radiodif- suites, mais ne constitue pas un élément de l’infraction (Crim.
fusion sonore sans autorisation du Conseil supérieur de l’audio- 28 juin 1966, Bull. crim. no 177). C’est le cas pour la légis-
visuel, la mise en mouvement de l’action publique n’est pas su- lation sur la sécurité sociale qui exige, avant toutes poursuites
bordonnée, en l’absence d’une disposition législative expresse, pénales, une mise en demeure invitant le délinquant à régulari-
à une plainte de cette autorité (L. 30 sept. 1986, art. 42-11 ; ser sa situation dans le mois (CSS, art. L. 244-2), en matière de
Crim. 21 janv. 2003, Bull. crim. no 13). En matière d’importation réglementation de l’hygiène et de la sécurité du travail (C. trav.,
ou d’exportation de matériel de guerre, si les contestations en art. L. 231-4). En ce qui concerne la commission pour la trans-
douanes doivent être déférées devant un comité siégeant auprès parence financière de la vie politique qui doit, en application de
du ministre de la Défense, cette saisine ne constitue pas un préa- l’article 3-II de la loi du 11 mars 1998, transmettre les dossiers
lable aux poursuites judiciaires (Crim. 24 oct. 2001, Bull. crim. au parquet lorsqu’elle a relevé des évolutions pour lesquelles elle
no 219). De même, les poursuites pour délit douanier d’impor- ne dispose pas d’explication, elle ne peut le faire qu’après que
tation ou d’exportation sans déclaration de marchandises prohi- l’intéressé a été mis en mesure de présenter ses observations.
bées prévues par l’article 13 du décret-loi du 18 avril 1939, et L’omission de cette formalité est toutefois sans incidence sur la
réprimées par l’article 414 du code des douanes, ne sont pas régularité du réquisitoire supplétif dès lors qu’il n’a pas eu pour
subordonnées à la plainte préalable des ministres compétents effet de porter atteinte aux droits du requérant (Crim. 14 nov.
(Crim. 24 oct. 2001, no 01-85.143, Bull. crim. no 219). 2000, no 00-85.693, Bull. crim. no 339).

C. – Nécessité d’un avis préalable à l’action publique.


c. – Formes et effets de la plainte.

110. Les plaintes ne sont soumises à aucun formalisme particu- 115. Dans certaines matières, l’administration intéressée doit
lier. Il suffit que la plainte émane de la personne légalement qua- donner son avis sur les suites que lui paraît devoir comporter
lifiée pour la déposer, et qu’elle soit adressée à l’autorité compé- une affaire. Tel est le cas du contentieux pénal de l’impôt pour
tente pour la recevoir ; une plainte adressée au préfet ne peut la poursuite duquel est exigé l’avis conforme de la Commission
satisfaire à cette condition (Angers, 13 sept. 1880, DP 1881. des infractions fiscales (LPF, art. L. 228). L’irrecevabilité étant
2. 68). d’ordre public, elle peut être soulevée pour la première fois en
appel (Angers, 24 févr. 1983, Gaz. Pal. 1983. 2. 526). Tel est le
111. La plainte doit être préalable. Les poursuites engagées cas également des infractions militaires dont la poursuite exige,
par le ministère public seraient nulles, d’une nullité d’ordre pu- lorsqu’elles n’ont pas été dénoncées par l’autorité militaire habi-
blic, et ne sauraient être régularisées a posteriori. L’effet de la litée par arrêté du ministre de la Défense et qu’elles ne sont pas
plainte est de rendre la poursuite possible, mais non d’obliger le flagrantes, l’avis, rendu dans le délai d’un mois (hors cas d’ur-
ministère public à mettre en mouvement l’action publique. Le mi- gence), du ministre ou de l’autorité habilitée par lui. L’avis for-
nistère public reprend la plénitude de ses pouvoirs : il n’est pas mulé dans ce délai ou la dénonciation doivent, à peine de nullité,
non plus tenu par la qualification donnée aux faits par le plai- être joints au dossier de la procédure (C. pr. pén., art. 698-1 ;
gnant (Crim. 13 juin 1965, JCP 1965. II. 14210, note Escande ; V. Justice militaire). Ces dispositions ne sont pas applicables

janvier 2009 - 15 - Rép. pén. Dalloz


ACTION PUBLIQUE

lorsqu’il s’agit des infractions définies par les articles 411-1 à mesures privatives ou restrictives de liberté pour la durée de la
411-11 et 413-1 à 413-12 du code pénal concernant les atteintes session (Const. 4 oct. 1958, art. 26, al. 2).
à la défense nationale (Crim. 20 févr. 2002, Bull. crim. no 36).
Les poursuites sont aussi soumises à l’avis préalable de l’Au- § 4. – Cas des infractions commises à l’étranger.
torité des marchés financiers (anc. Commission des opérations
de bourse) pour les infractions mettant en cause des sociétés 119. La loi pénale française est applicable à tout crime commis
faisant appel à l’épargne ou commises à l’occasion d’opérations par un Français hors du territoire de la République, ainsi qu’à tout
de bourse (C. mon. et fin., art. L. 466-1, anc. Ord. no 67-833 du délit puni d’emprisonnement, commis par un Français hors du
28 sept. 1967, art. 12-1). territoire français, si les faits sont punis par la législation du pays
où ils ont été commis. Elle est applicable à tout crime, ainsi qu’à
D. – Nécessité d’une décision judiciaire préalable. tout délit puni d’emprisonnement commis par un Français ou un
étranger hors du territoire français lorsque la victime est de na-
116. Lorsqu’un crime ou délit prétendument commis à l’occasion tionalité française au moment de l’infraction (C. pén., art. 113-6
d’une poursuite judiciaire impliquerait la violation d’une disposi- et 113-7). Toutefois, la poursuite des délits ne peut être exer-
tion de procédure pénale, l’action publique ne peut être exercée cée qu’à la requête du ministère public et doit être précédée,
que si le caractère illégal de la poursuite ou de l’acte accompli soit d’une plainte de la victime ou de ses ayants droit, soit d’une
a été constaté par une décision devenue définitive de la juridic- dénonciation officielle par l’autorité du pays où les faits ont été
tion répressive saisie (C. pr. pén., art. 6-1). En l’absence d’une commis (C. pén., art. 113-8). Les poursuites sont toutefois va-
telle décision, le juge d’instruction saisi d’une plainte avec consti- lablement engagées si, à la suite d’une plainte avec constitution
tution de partie civile doit rendre une ordonnance de non-lieu à de partie civile, le procureur de la République requiert l’ouverture
informer (Crim. 28 janv. 1997, no 96-81.388, Bull. crim. no 37). d’une information judiciaire, puis son extension à d’autres faits à
L’existence d’une décision définitive de la juridiction répressive la suite des plaintes de victimes ou des ayants droit qui n’avaient
écartant l’illégalité de la poursuite ou de l’acte accompli met aus- pu mettre en mouvement l’action publique (Crim. 11 juin 2003,
si obstacle à l’exercice de l’action publique (Crim. 26 nov. 1996, no 02-83.576, Bull. crim. no 119). Un Français, définitivement
no 96-83.258, Bull. crim. no 424, cassation sans renvoi). Ain- jugé à l’étranger pour un crime commis hors du territoire de la
si, ne justifie pas sa décision l’arrêt qui déclare qu’il y a lieu république, et qui a pris la fuite avant d’exécuter sa peine, peut
d’informer du chef d’arrestation arbitraire et abus d’autorité à la être poursuivi et jugé en France pour les mêmes faits si la peine
suite d’une plainte avec constitution de partie civile dénonçant prononcée n’est pas prescrite (Crim. 16 oct. 2001, no 00-83.543,
les conditions dans lesquelles elle a été placée en garde à vue, Bull. crim. no 209).
alors que le caractère illégal de cette mesure a été définitive-
ment écarté par une décision devenue définitive de la chambre
de l’instruction saisie d’une requête en annulation de cette me- SECTION 2
sure (Crim. 27 sept. 2005, no 05-84.032, Bull. crim. no 235). Droits des juridictions de jugement.
Ces dispositions constituant un obstacle à la mise en mouve-
ment de l’action publique, le moyen tiré de leur inobservation 120. Les juridictions de jugement peuvent mettre elles-mêmes
peut être soulevé à tout stade de la procédure (Crim. 2 sept. en mouvement l’action publique en se saisissant d’office des dé-
2003, no 02-87.799, Bull. crim. no 147). lits résultant de perturbations apportées au déroulement de l’au-
dience (C. pr. pén., art. 321 et 322, art. 404 et 405), et d’infrac-
E. – Cas des parlementaires : la suppression de l’autorisation de poursuites. tions de droit commun commises à l’audience (art. 675 à 678).
Les contraventions sont jugées sur-le-champ. Devant la cour
117. La Constitution du 4 octobre 1958 soumettait les poursuites
d’assises, le faux témoignage est constaté par le président qui
ou l’arrestation des parlementaires pendant la durée des ses-
peut s’assurer de la présence du témoin jusqu’à la clôture des
sions, sauf cas de flagrant délit, à l’autorisation de l’assemblée
débats. Après lecture de l’arrêt, le président peut ordonner que
dont il était membre. La loi constitutionnelle no 95-880 du 4 août
le témoin soit conduit devant le procureur de la République qui
1995 (D. 1995. 403) a profondément modifié le régime des pour-
requiert l’ouverture d’une information (C. pr. pén., art. 342 ; Ins-
suites contre les parlementaires. Désormais, l’engagement des
tr. gén. C. 534). Devant cette même juridiction, un accusé ac-
poursuites contre un parlementaire ne requiert plus aucune au-
quitté contre lequel les débats ont révélé des charges relatives
torisation préalable (Crim. 3 oct. 1996, Juris-Data, no 004173).
à d’autres faits doit être conduit devant le procureur de la Répu-
En revanche, les mesures coercitives, arrestation ou toute me-
blique qui doit immédiatement requérir l’ouverture d’une informa-
sure privative de liberté, telles que garde à vue, détention pro-
tion (C. pr. pén., art. 369 ; Instr. gén. C. 650 ; V. Cour d’assises).
visoire ou contrôle judiciaire, sont subordonnées, sauf cas de
crime ou délit flagrant ou en cas de condamnation définitive, à
une autorisation parlementaire pendant le cours des sessions. SECTION 3
Cette autorisation doit être donnée par le bureau de l’assemblée Droits de la partie lésée.
parlementaire à laquelle appartient le parlementaire poursuivi.
L’inviolabilité ne concerne que la personne du parlementaire et 121. Toute personne qui a souffert du dommage causé par une
n’est pas un obstacle à la réalisation de perquisition ou de fouille infraction a le droit d’en poursuivre la réparation devant la juri-
dans son véhicule ou à son domicile. Toutefois, l’enceinte des diction répressive par la voie de l’action civile exercée en même
assemblées parlementaires bénéficie d’un statut spécial dans la temps que l’action publique (C. pr. pén., art. 2 et 3), à condition
mesure où les fonctionnaires de police ou de gendarmerie ne de ne pas en avoir saisi préalablement les tribunaux civils (art. 5).
peuvent y pénétrer que sur réquisition du président de l’Assem- La partie lésée dispose également du droit de mettre elle-même
blée nationale ou du Sénat, même en cas de crime ou délit fla- en mouvement l’action publique (C. pr. pén., art. 1er, al. 2). Elle
grant (Ord. no 58-1100 du 17 nov. 1958 relative au fonctionne- dispose du même choix que le ministère public en matière de
ment des assemblées parlementaires, JO 18 nov., art. 3). Au- délits et de contraventions ; mais dans les cas où l’information
cune disposition ne s’oppose à ce qu’un parlementaire soit en- est obligatoire, elle ne peut pas mettre l’action publique en mou-
tendu en qualité de témoin, dans les formes ordinaires du code vement par voie de citation directe (V. Partie civile).
de procédure pénale.
122. De ce principe, il peut se déduire que l’engagement de
118. En revanche, le Bureau des assemblées parlementaires l’action publique n’est pas seulement l’exercice d’un droit à ré-
dispose du droit de requérir la suspension des poursuites ou des paration, mais fait de la victime un auxiliaire du ministère public,

Rép. pén. Dalloz - 16 - janvier 2009


ACTION PUBLIQUE

poursuivant le châtiment du coupable (J. VIDAL, Observations magistrat de sa plainte déposée devant un service de police ju-
sur la nature juridique de l’action, RSC 1963. 481). La partie diciaire. La prescription de l’action publique est suspendue, au
lésée, pour être recevable à exercer son action, n’est donc pas profit de la victime, du dépôt de la plainte jusqu’à la réponse
tenue d’y adjoindre une demande en réparation d’un préjudice. du procureur de la République ou, au plus tard, une fois écou-
Il lui suffit d’invoquer l’existence d’un préjudice en relation avec lé le délai de trois mois (C. pr. pén., art. 85, al. 2, résultant de
l’infraction. La constitution de partie civile a pour objet essen- L. no 2007-291 du 5 mars 2007). Ces conditions de recevabilité
tiel la mise en mouvement de l’action publique en vue d’établir la ne sont toutefois pas applicables s’il s’agit d’un crime, s’il s’agit
culpabilité de l’auteur présumé d’une infraction ; elle est une pré- d’un délit prévu par la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la
rogative attachée à la personne, et qui peut tendre seulement à presse, et s’il s’agit d’un délit prévu par les articles L. 86, L. 87,
la défense de son honneur et de sa considération, indépendam- L. 91 à L. 100, L. 102 à L. 104, L. 106 à L. 108 et L. 113 du code
ment de toute réparation du dommage par la voie civile (Crim. électoral.
19 oct. 1982, Bull. crim. no 222). La partie lésée peut, même si
elle ne veut pas obtenir réparation d’un préjudice, se constituer 126. En cas de plainte avec constitution de partie civile d’une
partie civile afin de « corroborer l’action publique et de faire éta- commune, la délibération du conseil municipal autorisant le
blir l’existence d’une infraction » (Crim. 10 févr. 1987, Bull. crim. maire à agir en justice doit indiquer expressément que la dé-
no 64). Mais, lorsque ni le ministère public, ni la victime n’ont légation concerne l’ensemble du contentieux de la commune
mis en mouvement l’action publique, l’héritier de la victime dé- (Crim. 28 janv. 2004, no 02-88.471, Bull. crim. no 19). Une
cédée, s’il est fondé à exercer le droit à réparation de son auteur plainte avec constitution de partie civile produit le même effet
devant la juridiction répressive régulièrement saisie, ne dispose que le réquisitoire du procureur de la République (Crim. 8 déc.
pas de celui de mettre en mouvement l’action publique ; seule 1906, DP 1907. 1. 207, rapp. L. Atthalin). Le juge d’instruction
la voie civile lui est alors ouverte pour exercer le droit à répara- est alors tenu d’informer sur tous les faits dénoncés et contre
tion qu’il a reçu en sa qualité d’héritier (Ass. plén. 9 mai 2008, toute personne visée dans la plainte (Crim. 23 juill. 1962, JCP
no 06-85.751, D. 2008. Pan. 2757, obs. Pradel, AJ pénal 2008. 1962. II. 12913, note Chambon). Le procureur de la Répu-
366, obs. Saas). blique, auquel la plainte est communiquée, ne peut, dès lors
que celle-ci a été régularisée par la consignation de la somme
fixée par le juge d’instruction, requérir une décision de refus
ART. 1er. – DROIT DE METTRE L’ACTION PUBLIQUE EN MOUVEMENT.
d’informer que si, pour des causes affectant l’action publique
123. Les moyens d’action de la partie lésée sont différents sui- elle-même, les faits ne peuvent légalement comporter une pour-
vant que l’action publique a été ou non mise en mouvement suite ou si, à les supposer démontrés, ils ne peuvent admettre
contre l’auteur présumé de l’infraction. Si des poursuites sont aucune qualification pénale (C. pr. pén., art. 86, al. 3). Malgré
déjà en cours, il suffit à la partie lésée de se constituer par- l’irrecevabilité de la constitution de partie civile, le réquisitoire du
tie civile par voie d’intervention, soit devant le juge d’instruction procureur de la République met l’action publique en mouvement
(C. pr. pén., art. 87), sauf lorsqu’il a été requis pour rechercher (Crim. 21 juin 1973, Bull. crim. no 290). Par ailleurs, depuis
les causes de la mort (art. 74), soit devant la juridiction de juge- le 1er juillet 2007, en cas de plainte avec constitution de partie
ment, mais avant les réquisitions du ministère public (art. 421), civile, le procureur de la République a la possibilité de prendre
et jamais pour la première fois en appel (Crim. 5 mars 1964, des réquisitions de non-lieu ab initio s’il apparaît que les faits
D. 1964. 454). La partie civile est alors dans la situation d’une dénoncés par la partie civile n’ont pas été commis (C. pr. pén.,
partie jointe qui participe à la recherche de la vérité, dont le art. 86, al. 4, dispositions issues de L. no 2007-291 du 5 mars
conseil a accès au dossier d’instruction, qui a la possibilité de 2007).
solliciter certains actes d’instruction et, dans la mesure prévue
par l’article 186 du code de procédure pénale, de faire appel de § 2. – Citation directe.
certaines ordonnances.
127. La partie lésée peut également mettre en mouvement l’ac-
124. Si l’action publique n’a pas déjà été mise en mouvement, tion publique par la citation directe de l’auteur présumé des faits
la partie lésée peut elle-même la mettre en mouvement par le pour les délits et les contraventions (C. pr. pén., art. 388, 392
dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile ou par la ci- et 531). Les mêmes principes sont alors applicables : l’action
tation directe de l’auteur présumé des faits. Toutefois, la citation publique est mise en mouvement dès lors que la constitution de
directe délivrée par la partie civile qui porterait sur des faits inclus partie civile est recevable (Crim. 6 déc. 1928, DP 1930. 1. 140).
dans l’information mais non visés dans l’ordonnance de renvoi La citation directe est également recevable lorsqu’une informa-
rendue par le juge d’instruction est irrecevable et ne saisit pas tion, clôturée par une décision de non-lieu, avait été suivie contre
le tribunal correctionnel des faits qu’elle dénonce (Crim. 4 oct. X (Ch. réun. 24 avr. 1961, D. 1961. 733, note P. Bouzat). La ci-
2000, no 99-86.285, Bull. crim. no 289). tation directe peut aussi être utilisée par la victime contre une
personne non inculpée par le juge d’instruction (Crim. 6 mars
§ 1er. – Plainte avec constitution de partie civile. 1957, D. 1958. 25, note Bouzat), ou à l’égard de personnes qui
n’ont pas été l’objet de l’information, à la condition qu’elles n’aient
125. La partie lésée peut elle-même mettre en mouvement l’ac- pas été dénoncées dans la plainte et mises en cause dans les
tion publique par le dépôt d’une plainte avec constitution de par- poursuites (Crim. 23 mai 1995, no 93-85.376, Bull. crim. no 190 ;
tie civile contre personne dénommée ou non devant le juge d’ins- 22 janv. 1997, no 96-80.533, ibid., no 26).
truction, mais seulement en cas de crime ou de délit (C. pr. pén.,
art. 85 et 88 ; V. Partie civile). Toutefois, cette plainte avec consti- 128. Le droit de mettre en mouvement l’action publique par l’un
tution de partie civile n’est recevable qu’à condition que la per- de ces deux procédés est général. Il est reconnu à toute per-
sonne justifie, soit que le procureur de la République lui a fait sonne physique ou morale ayant directement souffert de l’infrac-
connaître, à la suite d’une plainte déposée devant lui ou un ser- tion (Crim. 26 nov. 1958, Bull. crim. no 694). Il suffit que la partie
vice de police judiciaire, qu’il n’engagera pas lui-même des pour- lésée justifie de sa capacité d’exercer ses droits en justice, de la
suites, soit qu’un délai de trois mois s’est écoulé depuis qu’elle régularité de la citation ou de la constitution de partie civile, et
a déposé plainte devant ce magistrat, contre récépissé ou par de l’existence d’un préjudice d’ordre privé, individuel ou collectif,
lettre recommandée avec demande d’avis de réception, ou de- qui doit être nécessairement distinct du « préjudice social » et de
puis qu’elle a adressé, selon les mêmes modalités, copie à ce l’intérêt général qu’assure seul le ministère public (Crim. 1er oct.

janvier 2009 - 17 - Rép. pén. Dalloz


ACTION PUBLIQUE

1996, no 95-85.529, Bull. crim. no 338). La citation directe d’une 135. 5o Afin de prévenir l’instrumentalisation de la justice pénale
partie civile irrecevable ne saisit pas le tribunal si le ministère pu- par des dépôts de plainte ayant pour objectif de parvenir au blo-
blic n’a pas agi de son côté (Crim. 13 juin 1991, no 89-87.107, cage d’une procédure civile, le champ d’application de la règle
Bull. crim. no 25). selon laquelle « Le criminel tient le civil en l’état » a été restreint
à compter du 5 mars 2007 : désormais, l’action civile en répara-
§ 3. – Étendue et modalités du droit de mettre l’action tion du dommage causé par l’infraction peut être exercée devant
publique en mouvement. une juridiction civile, séparément de l’action publique, mais il est
toutefois sursis au jugement de cette action tant qu’il n’a pas été
129. La partie lésée doit faire un choix entre la citation directe prononcé définitivement sur l’action publique lorsque celle-ci a
et la constitution de partie civile par voie d’action. La victime qui été mise en mouvement. En revanche, la mise en mouvement
a porté plainte avec constitution de partie civile ne peut mettre de l’action publique n’impose pas la suspension du jugement des
en mouvement l’action publique par la voie de la citation directe autres actions exercées devant la juridiction civile, de quelque
à l’égard de personnes qui n’ont pas fait l’objet de l’informa- nature qu’elles soient, même si la décision à intervenir au pé-
tion, qu’à la condition qu’elles n’aient pas été dénoncées dans nal est susceptible d’exercer, directement ou indirectement, une
la plainte et mises en cause dans les poursuites (Crim. 17 janv. influence sur la solution du procès civil. Il en résulte que l’obli-
1983, Bull. crim. no 19 ; 4 janv. 1990, ibid., no 7). En revanche, gation, pour le juge civil, de surseoir à statuer ne concerne dé-
une plainte avec constitution de partie civile déposée devant le sormais plus que les instances civiles relatives à la réparation du
juge d’instruction ne fait pas obstacle à une saisine de la juridic- dommage causé par l’infraction. Ainsi, le juge civil, saisi d’une
tion correctionnelle par citation directe, si l’auteur de la plainte action autre que l’action civile en réparation du dommage, a la
n’a pas versé la consignation fixée par le juge d’instruction. En possibilité de suspendre ou non la procédure introduite devant
effet, dans cette hypothèse, la plainte avec constitution de partie lui (C. pr. pén., art. 4, mod. par L. no 2007-291 du 5 mars 2007).
civile n’a pas mis en mouvement l’action publique (Crim. 17 juin
1986, Bull. crim. no 208 ; 11 janv. 2000, no 99-81.143 PF).
SECTION 4

ART. 2. – INFLUENCE DE L’ACTION CIVILE SUR L’ACTION PUBLIQUE. Modes de mise en mouvement de l’action publique.

130. Bien que trouvant leur fondement dans le même fait, l’ac- 136. Le ministère public dispose de plusieurs moyens pour
tion publique et l’action civile sont distinctes dans leur objet et déclencher l’action publique. Ce sont l’avertissement (C. pr.
dans leur sujet : l’action publique a sa source dans le seul fait pén., art. 389), l’ordonnance pénale (art. 495), la citation di-
de la violation de la loi pénale, l’action civile dans le dommage recte (art. 390), la convocation par procès-verbal (art. 393),
légalement caractérisé que cette violation a pu causer à un in- la convocation par officier ou agent de police judiciaire, par
térêt privé. De cette indépendance, découlent plusieurs consé- chef d’établissement pénitentiaire ou par greffier (art. 390-1),
quences. la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité
(art. 495-7 et s.), la comparution immédiate (art. 393 et s.), et le
131. 1o L’action publique ne peut pas être tenue en suspens par réquisitoire introductif (art. 80).
l’action civile. Lorsque celle-ci a été portée devant la juridiction
civile, la partie lésée perd la faculté de mettre en mouvement ART. 1er. – AVERTISSEMENT.
l’action publique (règle « Electa una via » ; V. Action civile ; Crim.
29 mars 1995, no 94-85.464, Bull. crim. no 131). 137. L’avertissement délivré par le ministère public dispense de
la citation et saisit soit le tribunal correctionnel, soit le tribunal de
132. 2o L’abstention de la partie lésée, la renonciation à l’ac-
police, lorsqu’il est suivi de la comparution volontaire de la per-
tion civile, l’acquiescement de la partie civile, ne peuvent, sauf
sonne à laquelle il est adressé (C. pr. pén., art. 389 et 532). Si,
exception légale expresse, empêcher le ministère public d’agir,
au contraire, le prévenu ne comparaît pas, le tribunal n’est pas
de requérir l’application d’une peine ou d’exercer une voie de re-
saisi (Crim. 26 avr. 1967, Gaz. Pal. 1967. 1. 344 ; 5 sept. 1989,
cours. Il importe peu que le dommage ait été réparé avant le
Bull. crim. no 316). L’avertissement doit indiquer l’infraction re-
déclenchement des poursuites (jurisprudence constante : Crim.
prochée et viser les textes de loi qui la répriment.
11 juin 1963, Bull. crim. no 204).
138. Mais la comparution volontaire suppose au préalable la
133. 3o L’irrecevabilité de la constitution de partie civile, en de-
mise en mouvement de l’action publique par le parquet dans les
hors du cas où celle-ci met en mouvement l’action publique, est
conditions prescrites par l’article 1er du code de procédure pé-
sans influence sur la poursuite du ministère public.
nale. Le tribunal n’est donc pas valablement saisi lorsque, mal-
134. 4o La règle selon laquelle les tribunaux répressifs ne gré le classement sans suite d’un procès-verbal constatant une
peuvent statuer sur l’action civile qu’accessoirement à l’action infraction à l’ancien article 19, alinéa 4, du code de la route, la
publique n’implique pas la nécessité d’un dessaisissement personne qui comparaît volontairement déclare vouloir faire ju-
simultané. L’action civile peut survivre devant eux à l’action ger la légalité de la mesure de retrait de points et de l’injonc-
publique, mais c’est toujours à la condition qu’ils en aient été tion de restituer le permis de conduire (Crim. 19 mars 1997,
saisis avant l’extinction de l’action publique. Il en est ainsi no 96-82.621, Bull. crim. no 110).
lorsque le jugement qui met fin aux poursuites renvoie l’affaire
à une date ultérieure pour statuer sur l’action civile, même s’il ART. 2. – CITATION DIRECTE.
n’ordonne pas de mesure d’instruction, afin de permettre à la
partie civile d’apporter les justificatifs de ses demandes (C. pr. 139. La citation directe consiste à assigner directement l’auteur
pén., art. 464, mod. par L. no 2000-516 du 15 juin 2000 [préc. présumé des faits devant le tribunal correctionnel ou le tribunal
supra, no 1]), lorsqu’une voie de recours est exercée relative- de police. Elle peut être utilisée lorsque le dossier est en état
ment aux seules dispositions concernant l’action civile, en cas d’être jugé, pour tous les délits, quels que soient la nature et le
de décès du prévenu après décision relative à l’action publique, quantum de la peine encourue, et pour toutes les contraventions
en cas de survenance d’une loi d’amnistie en cours d’instance, (C. pr. pén., art. 390 et 533). Elle est faite par exploit d’huissier
ou encore d’abrogation de la loi pénale (V. infra, nos 170 et s. ; délivré à la requête du ministère public et signifié par huissier
Crim. 15 mars 1995, no 93-85.623, Bull. crim. no 104). (C. pr. pén., art. 550 et 551). Elle doit être délivrée dix jours au

Rép. pén. Dalloz - 18 - janvier 2009


ACTION PUBLIQUE

moins avant la date d’audience (C. pr. pén., art. 552) et contenir politiques, ou de délits dont la poursuite est prévue par une loi
certaines mentions (V. Huissier de justice). spéciale (C. pr. pén., art. 495-16). En cas d’homologation, l’or-
donnance du juge vaut jugement de condamnation et est immé-
140. La partie lésée dispose elle aussi du droit de citer direc- diatement exécutoire. Si la personne refuse la proposition de
tement l’auteur d’une infraction qui lui a causé un préjudice, de- peine du procureur de la République, ou si le président du tribu-
vant le tribunal correctionnel ou le tribunal de police. Elle peut nal ou son délégué refuse d’homologuer l’accord intervenu entre
ainsi citer directement une personne déterminée alors qu’une in- le parquet et le prévenu, le procureur de la République peut sai-
formation suivie contre X a été clôturée par une ordonnance de sir la juridiction pénale selon les modes de saisine prévus par
non-lieu (Ch. réun. 24 avr. 1961, D. 1961. 733). Mais dans les l’article 388 du code de procédure pénale, ou requérir l’ouver-
cas où l’information est obligatoire, elle ne peut pas mettre l’ac- ture d’une information judiciaire. L’intéressé peut aussi deman-
tion publique en mouvement par voie de citation directe. der le bénéfice de la comparution sur reconnaissance préalable
de culpabilité s’il a été convoqué par citation du procureur de la
ART. 3. – CONVOCATION PAR GREFFIER, CHEF D’ÉTABLISSEMENT République. Mais, en cas de refus de la proposition de peine du
PÉNITENTIAIRE, OFFICIER OU AGENT DE POLICE JUDICIAIRE. procureur, ou de refus d’homologation, la citation directe devant
le tribunal correctionnel ne devient pas caduque. Par contre,
141. Ce moyen consiste, pour le procureur de la République, le procureur ne peut en aucun cas doubler la convocation du
à faire convoquer devant la juridiction répressive, qu’il s’agisse prévenu pour une comparution sur reconnaissance préalable de
du tribunal correctionnel, du tribunal de police ou du tribunal pour culpabilité d’une citation à une audience ordinaire devant le tri-
enfants, l’auteur présumé en lui faisant notifier les faits reprochés bunal correctionnel (Crim. 4 oct. 2006, no 05-87.435, Bull. crim.
par un officier ou agent de police judiciaire, un greffier ou un no 244, D. 2007. Jur. 58, obs. Delage, AJ pénal 2007. 79,
chef d’établissement pénitentiaire (C. pr. pén., art. 390-1, et Ord. obs. Leblois-Happe, RSC 2007. 118, note Giudicelli, Dr. pénal
2 févr. 1945, art. 5, al. 3), ou même par un officier de police 2007. Comm. 45, obs. Maron, Procédures 2007. Comm. 44,
judiciaire détaché auprès de l’administration des douanes (Crim. obs. Buisson ; Cass. avis, 23 févr. 2007, D. 2007. AJ. 1503 ;
20 avr. 2005, no 04-80.740, Bull. crim. no 141) ou un agent Crim. 14 oct. 2008, no 08-82.195). En revanche, il peut saisir la
de la direction de la concurrence, de la consommation et de la juridiction correctionnelle selon l’un des modes prévus par l’ar-
répression des fraudes pour un délit du titre IV du livre IV du ticle 388 du code de procédure pénale (citation directe, convoca-
code de commerce (C. com., art. L. 470-4-3). La convocation tion par procès verbal ou comparution immédiate) lorsque, après
peut être utilisée pour les délits, quels que soient la nature et la délivrance d’une convocation en vue d’une comparution sur
le quantum de la peine, et pour les contraventions (C. pr. pén., reconnaissance préalable de culpabilité, il renonce à proposer
art. 533). Elle vaut citation à personne : s’il ne comparaît pas à une peine dans les conditions prévues par l’article 495-8 (Crim.
l’audience, le prévenu sera jugé contradictoirement (C. pr. pén., 7 janv. 2009, no 08-84.856).
art. 410).
ART. 6. – COMPARUTION IMMÉDIATE.
ART. 4. – ORDONNANCE PÉNALE.
144. (V. Enquête de flagrance). Après que la personne mise en
142. L’ordonnance pénale consiste, pour le procureur de la Ré- cause lui a été présentée au parquet, le procureur de la Répu-
publique, à communiquer directement le dossier de la procédure blique, lorsqu’il lui apparaît que les charges réunies sont suffi-
au président du tribunal avec ses réquisitions quant à la ou aux santes et que l’affaire est en état d’être jugée, peut, soit inviter
peines qui doivent être prononcées. Le président statue sans la personne à comparaître devant le tribunal dans un délai qui
débat préalable par une ordonnance portant relaxe ou condam- ne peut être inférieur à dix jours ou supérieur à deux mois (C. pr.
nation à une amende ou à une ou plusieurs des peines complé- pén., art. 394), soit, s’il s’agit d’un délit réprimé d’une peine d’au
mentaires encourues. L’ordonnance est ensuite transmise au moins six mois d’emprisonnement (délits flagrants) ou deux ans
ministère public qui doit la faire notifier au prévenu qui dispose d’emprisonnement (délits non flagrants [art. 395, al. 1er]), faire
d’un délai de quarante-cinq jours pour former opposition (V. Ju- traduire l’intéressé devant le tribunal correctionnel suivant la pro-
gement par défaut). Cette procédure est applicable à tous les dé- cédure de comparution immédiate. Pour déterminer si, au regard
lits prévus par le code de la route, aux contraventions connexes, de la peine d’emprisonnement prévue par la loi, il peut être re-
aux délits en matière de réglementation relative aux transports couru à la procédure de comparution immédiate, seule doit être
terrestres et au délit d’usage de stupéfiants (C. pr. pén., art. 495, considérée la peine édictée par les dispositions réprimant le délit
mod. par L. no 2007-291 du 5 mars 2007, art. 51). objet de la poursuite, sans tenir compte de l’éventuel état de ré-
cidive du prévenu (Crim. 19 févr. 2002, no 01-84.903, Bull. crim.
ART. 5. – PROCÉDURE DE COMPARUTION SUR RECONNAISSANCE no 33). C’est le procès-verbal de notification du procureur de la
PRÉALABLE DE CULPABILITÉ. République au prévenu des faits reprochés qui saisit le tribunal
correctionnel, et non la comparution de la personne poursuivie
143. (V. Comparution sur reconnaissance préalable de culpabi- (Crim. 30 mai 1985, Bull. crim. no 209).
lité). Cette procédure, instituée par la loi no 2004-204 du 9 mars
2004, consiste, pour le procureur de la République, pour les dé- 145. Ne peuvent être poursuivis par la voie de la comparution
lits punis d’une peine d’amende ou d’une peine d’emprisonne- immédiate les délits en matière de presse, les délits politiques,
ment d’une durée inférieure ou égale à cinq ans, à proposer à et les infractions dont la procédure de poursuite est prévue par
la personne déférée, convoquée ou citée, qui reconnaît les faits une loi spéciale (C. pr. pén., art. 397-6), telles que les délits
qui lui sont reprochés, d’exécuter une ou plusieurs des peines forestiers, les délits de chasse, de pêche, de contributions indi-
encourues. Si la personne accepte, elle est présentée devant le rectes, de fraude. Mais la poursuite par comparution immédiate
président du tribunal de grande instance ou le juge délégué par demeure possible lorsque le délit est prévu par une loi spéciale
lui qui, après avoir vérifié la réalité des faits et leur qualification qui ne soumet pas sa poursuite à une procédure spéciale (Crim.
juridique, peut soit homologuer les peines proposées, soit refu- 26 avr. 1994, no 93-84.880, Bull. crim. no 149). Ainsi, les dé-
ser de les homologuer. L’assistance d’un avocat est obligatoire lits douaniers passibles d’un emprisonnement, qui peuvent être
tout au long de cette procédure (C. pr. pén., art. 495-7 et s.). poursuivis par toutes voies de droit (C. douanes, art. 342, al. 1er,
Cette procédure n’est pas applicable aux mineurs, en matière et 363), peuvent être poursuivis par voie de comparution immé-
de délits de presse, de délits d’homicide involontaire, de délits diate (Crim. 8 avr. 1999, no 98-84.889, Dr. pénal 1999. Chron.

janvier 2009 - 19 - Rép. pén. Dalloz


ACTION PUBLIQUE

29, obs. F. Molins). Il en va de même pour les infractions mili- convocation à comparaître qui vaudra citation à personne (Ord.
taires, en respectant toutefois les règles spéciales régissant leur 2 févr. 1945, art. 5, al. 3). Le procureur de la République peut
poursuite (C. pr. pén., art. 698 ; Crim. 26 juin 1991, no 90-87.649, aussi requérir la présentation immédiate devant le tribunal pour
Bull. crim. no 280). enfants dans un délai compris entre dix jours et un mois, sauf
renonciation expresse du mineur, de ses représentants légaux
et de son conseil, pour les mineurs de 16 à 18 ans qui encourent
ART. 7. – RÉQUISITOIRE INTRODUCTIF.
une peine d’emprisonnement supérieure ou égale à un an en cas
de flagrance, ou supérieure ou égale à trois ans dans les autres
146. L’action publique est mise en mouvement devant le juge cas. Elle ne peut être envisagée que si des investigations sur
d’instruction par le réquisitoire (introductif ou supplétif) du procu- les faits ne sont pas nécessaires et que si des investigations sur
reur de la République (C. pr. pén., art. 80) ou par la constitution la personnalité du mineur ont été accomplies, le cas échéant, à
de partie civile (art. 88). L’instruction est obligatoire dans un cer- l’occasion d’une procédure antérieure de moins d’un an (Ord.
tain nombre de cas : mise en cause d’un mineur de 18 ans (Ord. 2 févr. 1945, art. 14-2, mod. par L. no 2007-297 du 5 mars
2 févr. 1945, art. 5), et en matière de crime (C. pr. pén., art. 79). 2007 sur la prévention de la délinquance. Le procureur de la
République peut également requérir cette procédure de présen-
147. Le ministère public est également privé de la possibilité
tation immédiate devant la juridiction des mineurs âgés de 13 à
d’un choix lorsque l’action publique a été mise en mouvement
16 ans, à condition que la peine encourue soit d’au moins cinq
par une constitution de partie civile.
ans d’emprisonnement, sans qu’elle puisse excéder sept ans. Il
ne peut alors requérir que le contrôle judiciaire du mineur jus-
ART. 8. – MODES DE POURSUITE CONTRE DES MINEURS. qu’à sa comparution (Ord. 2 févr. 1945, art. 14-2, VI, mod. par
L. no 2007-297 du 5 mars 2007).
148. Aucune poursuite ne peut être exercée contre un mineur
sans information préalable (Ord. 2 févr. 1945, art. 5, in Code de 149. Mais le ministère public n’a pas le monopole des poursuites
procédure pénale Dalloz). En cas de crime, le procureur de la en cas d’infractions commises par des mineurs. En l’absence de
République en saisit le juge d’instruction ; en cas de délit, il en poursuites engagées par le procureur de la République, la per-
saisit soit le juge d’instruction, soit, par voie de requête, le juge sonne qui se prétend lésée par un crime ou un délit commis par
des enfants. En cas de saisine du juge des enfants, le mineur un mineur peut, en portant plainte, se constituer partie civile de-
contre lequel il existe des charges suffisantes d’avoir commis un vant le juge d’instruction compétent qui procédera alors confor-
délit peut, soit lui être présenté directement, soit être convoqué mément à l’article 86 du code de procédure pénale et aux dis-
ultérieurement, soit être convoqué sur instruction du parquet par positions de l’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance
un officier ou un agent de police judiciaire qui va lui notifier une délinquante (Crim. 19 oct. 1999, préc. supra, no 45).

CHAPITRE 4
Extinction de l’action publique.

150. Aux termes de l’article 6, alinéa 1er, du code de procédure SECTION 1re
pénale, l’action publique pour l’application des peines s’éteint par
la mort du prévenu, la prescription, l’amnistie, l’abrogation de la Modes généraux d’extinction.
loi pénale et la chose jugée. Selon l’alinéa 3 du même article,
elle peut en outre s’éteindre par la transaction lorsque la loi en 153. Ce sont la prescription, la chose jugée et l’amnistie. Dans
dispose expressément, par le retrait de la plainte lorsque celle-ci la mesure où ils font l’objet de rubriques particulières, ne seront
est une condition nécessaire de la poursuite, et par l’exécution abordés ici que leurs traits essentiels.
d’une composition pénale, prévue par la loi pour certaines in-
fractions limitativement déterminées (C. pr. pén., art. 6, al. 3,
ART. 1er. – PRESCRIPTION.
réd. L. no 99-515 du 23 juin 1999, préc. supra, no 78).
154. La prescription est « un mode d’extinction de l’action pu-
blique résultant du non-exercice de celle-ci avant l’expiration du
151. Une distinction est ainsi faite entre les modes généraux délai fixé par la loi, dont la survenance résulte du seul écou-
d’extinction qui s’appliquent à toute poursuite, d’une part, et, lement du temps » (G. CORNU [Assoc. H. Capitant], Vocabu-
d’autre part, les modes spéciaux propres à certaines infrac- laire juridique, 3e éd., 2003, PUF). Lorsque l’action publique est
tions, qui supposent la réalisation d’une condition et auxquels il éteinte, le ministère public ne peut plus légalement engager au-
convient d’ajouter le paiement volontaire de l’amende forfaitaire cune poursuite. Les lois relatives à la prescription de l’action
(C. pr. pén., art. 529). publique sont applicables immédiatement, dès lors que la pres-
cription n’est pas acquise, même si elles ont pour effet d’aggra-
ver la situation de l’intéressé (C. pén., art. 112-2, 4o, résultant
152. Mais l’extinction de l’action publique n’entraîne pas néces- de L. no 2004-204 du 9 mars 2004). La prescription s’applique
sairement l’extinction de l’action civile. Certaines causes d’ex- à toutes les infractions, à l’exception des crimes contre l’huma-
tinction sont en effet propres à l’action publique. C’est le cas du nité qui, par leur nature, sont imprescriptibles (L. no 64-1326 du
décès du délinquant, de l’amnistie, de l’abrogation de la loi pé- 26 déc. 1964, JO 29 déc. ; C. pén., art. 213-5). Les délais de
nale et de l’exécution de la composition pénale. D’autres sont prescription sont, sauf dispositions particulières comme en ma-
communes à l’action publique et à l’action civile : il s’agit de la tière de presse, ceux qui sont fixés par les articles 7 à 9 du code
prescription, de la chose jugée, de la transaction et du retrait de de procédure pénale : dix ans pour les crimes, trois ans pour les
plainte. délits, et un an pour les contraventions.

Rép. pén. Dalloz - 20 - janvier 2009


ACTION PUBLIQUE

155. Des délais spéciaux plus longs ont été édictés pour des compter de la présentation des comptes annuels par lesquels les
infractions considérées comme particulièrement nocives pour dépenses litigieuses sont mises indûment à la charge de la so-
l’ordre public. Ainsi, le délai de prescription est de trente ans ciété (Crim. 5 mai 1997, no 96-81.482, Bull. crim. no 159 ; 13 oct.
pour les crimes et de vingt ans pour les délits en matière d’infrac- 1999, no 96-80.774, ibid., no 219). La dissimulation, propre à re-
tions à la législation sur les stupéfiants (C. pr. pén., art. 706-31) tarder le point de départ de la prescription, apparaît donc comme
ou d’actes de terrorisme (art. 706-25-1), et de vingt ans pour la clef de voûte de la nouvelle jurisprudence de la Cour de cas-
les crimes mentionnés à l’article 706-47 du code de procédure sation. Celle-ci n’a pas donné à ce jour de définition de la notion
pénale et pour les délits prévus par les articles 222-30 et 227-26 de dissimulation, se bornant à fournir des exemples chaque fois
du code pénal (agressions sexuelles et atteintes sexuelles que l’occasion se présente (Crim. 10 avr. 2002, no 01-80.090,
aggravées) commis sur un mineur de quinze ans (art. 8, al. 3). Bull. crim. no 85 ; 28 mai 2003, no 02-85.185, ibid., no 108 ; 8 oct.
Ces règles ne sont toutefois applicables qu’aux infractions non 2003, nos 02-81.471 et 98-87.877, AJ pén. 2003. 67, obs. P. R.).
encore prescrites lors de leur entrée en vigueur (Crim. 3 nov.
1994, Bull. crim. no 349). Par ailleurs, le délai de prescription 158. Cas des mineurs victimes d’infractions. — Le législateur, en
de l’action publique des crimes et des délits prévus par les vue de protéger les mineurs victimes, notamment d’infractions
articles 222-30 et 227-26 du code pénal commis contre des d’ordre sexuel, avait d’abord prévu une réouverture du délai à
mineurs ne commence à courir qu’à compter de la majorité de l’arrivée de la majorité (L. 10 juill. 1989). Mais si la prescription
ces derniers (C. pr. pén., art. 7, al. 3, et 8, al. 2). En matière était acquise pour l’auteur, aucune poursuite n’était possible. La
de presse, le délai de prescription de l’action publique est de loi du 4 février 1995 (no 95-116) a prévu une suspension du délai,
trois mois, à l’exception des délits de provocation à la discri- celui-ci courant à compter de la majorité pour les crimes et délits
mination et à la haine raciale, contestation des crimes contre commis par des ascendants. La loi du 17 juin 1998 (no 98-468)
l’humanité, diffamation et injure raciale, pour lesquels il est de a généralisé ce principe pour tous les crimes commis contre des
un an (L. 29 juill. 1881, art. 65-3, résultant de L. no 2004-204 mineurs. Il en est de même pour les délits des articles 222-9
du 9 mars 2004). Lorsque des poursuites pour diffamation ou (violences avec mutilation), 222-11 à 222-15 (violences volon-
injures publiques sont engagées en raison de la diffusion sur le taires avec incapacité), 222-27 à 222-30 (agressions sexuelles),
réseau internet d’un message figurant sur un site, le point de 225-4-1 (traite des êtres humains), 225-7 (proxénétisme), 225-
départ du délai de prescription de l’action publique doit être fixé 15, 227-22 (corruption de mineur), 227-25 à 227-27 (atteintes
à la date du premier acte de publication, laquelle s’entend de sexuelles sans violence) du code pénal. En revanche, hors ces
la date à laquelle le message a été mis pour la première fois à cas, la minorité de la victime n’est pas une cause de suspension
la disposition des utilisateurs du réseau (Crim. 30 janv. 2001, du délai (Crim. 23 juin 2004, no 03-82.371, Bull. crim. no 173).
no 00-83.004, Bull. crim. no 28).
159. Interruption du délai. — Le délai de prescription peut être
156. La prescription de l’action publique a un caractère d’ordre interrompu par des actes de poursuite ou d’instruction (V. Pres-
public. Il en résulte que les juges ne peuvent s’abstenir de la cription pénale), ce qui a pour effet de faire recommencer à cou-
constater lorsqu’ils procèdent à l’examen préalable de la receva- rir un nouveau délai à compter du jour de l’acte interruptif. Les
bilité de l’action. La prescription est une exception péremptoire actes de poursuite ou d’instruction accomplis dans le délai de
et d’ordre public qui doit être relevée d’office par le juge (Crim. prescription de l’action publique interrompent la prescription non
20 mai 1980, Bull. crim. no 156), et peut être invoquée pour la seulement à l’encontre de tous les participants à l’infraction, mais
première fois devant la Cour de cassation (Crim. 28 oct. 1981, encore à l’égard de leurs commettants civilement responsables
Bull. crim. no 283). (Crim. 14 juin 2006, no 05-82.900, Bull. crim. no 181). Le délai
de prescription de l’action publique se calcule de quantième à
157. Point de départ du délai. — L’action publique se prescrit à quantième et expire le dernier jour à minuit (Crim. 7 juin 2006,
compter du lendemain du jour de la commission de l’infraction ou no 05-84.148, Bull. crim. no 161). Il en est ainsi d’une demande
du dernier acte de poursuite (Crim. 28 juin 2000, no 99-85.381, adressée à une administration pour l’interroger sur le sort de
Bull. crim. no 255). La computation du délai ne comprend donc personnes disparues de façon suspecte (Crim. 20 févr. 2002,
pas le jour où l’infraction a été commise (dies a quo), mais inclut no 01-85.042, Bull. crim. no 42), ou de l’acte par lequel le procu-
le jour du terme du délai (dies ad quem). Ainsi, une prescription reur de la République transmet pour compétence une procédure
ayant commencé à courir le 30 mars 1996, c’est-à-dire le lende- à un officier du ministère public devant un tribunal de police, en
main du jour où l’ordonnance de non-lieu a été rendue ou noti- application de l’article 44 du code de procédure pénale (Crim.
fiée, le délai de la prescription biennale a expiré le 29 mars 1999 6 févr. 2007, no 06-86.760, Bull. crim. no 30). Le délai peut être
à minuit et était donc accompli le 30 mars 1999 (Crim. 28 juin aussi suspendu, ce qui a pour effet d’arrêter temporairement le
2000, préc.). Il s’opère par année et mois, sans tenir compte du cours de la prescription sans anéantir le délai antérieurement
nombre de jours dans chaque mois. La jurisprudence retarde écoulé. Lorsque deux infractions sont connexes, un acte inter-
le point de départ du délai de prescription en matière de délits, ruptif de prescription concernant l’une produit effet à l’égard de
soit lorsque l’infraction s’exécute sous forme de remises succes- l’autre (Crim. 16 déc. 1975, Bull. crim. no 283 ; 19 déc. 1995,
sives de fonds ou d’actes réitérés (corruption et trafic d’influence, no 95-80.850, ibid., no 390), ou des actes tendant à la mise en
escroquerie, prise illégale d’intérêts et usage de faux), soit lors- œuvre de la composition pénale (C. pr. pén., art. 41-2, al. 8).
qu’elle est occulte (abus de confiance, altération de preuves en Toutefois, les actes de poursuite ou d’instruction n’interrompent
vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité, atteinte à la prescription de l’action publique que s’ils émanent d’un officier
l’intimité de la vie privée, mise en mémoire informatisée de don- public compétent et sont réguliers en la forme. Ainsi, n’ont pas
nées nominatives et publicité trompeuse : le point de départ de d’effet interruptif les réquisitoires introductifs nuls ou une citation
la prescription doit être fixé au jour où le délit est apparu et a pu directe nulle pour vice de forme ou défaut de qualité de celui qui
être constaté dans des conditions permettant l’exercice de l’ac- l’aurait faite (Crim. 24 avr. 1979, Bull. crim. no 142).
tion publique ; Crim. 18 juill. 1974, Bull. crim. no 258 ; 29 oct.
1984, ibid., no 323 ; 7 mai 2002, no 02-80.638, ibid., no 107), soit 160. Suspension du délai. — Définie comme l’arrêt temporaire
enfin lorsqu’elle s’accompagne de manœuvres de dissimulation du cours de la prescription qui n’anéantit pas le délai antérieure-
(abus de biens sociaux, atteinte à la liberté d’accès et à l’égalité ment écoulé, la suspension de la prescription est fondée sur le
des candidats dans les marchés publics, délit de malversation et fait que la partie poursuivante ayant été placée dans l’impossi-
fraude en matière de divorce). Le délai de prescription de l’action bilité, du fait d’un obstacle de droit ou de fait constitutif de force
publique ne commence alors à courir, sauf dissimulation, qu’à majeure ou de circonstance insurmontable, d’exercer son droit

janvier 2009 - 21 - Rép. pén. Dalloz


ACTION PUBLIQUE

d’action publique, le délai de prescription doit être suspendu pen- art. 9 [in Code de procédure pénale Dalloz] ; Conv. d’application
dant tout le temps où cette partie s’est trouvée dans l’impossibi- de l’Accord de Schengen du 19 juin 1990, art. 54 à 58 [in Code
lité d’agir. À la différence de l’interruption, la suspension ne fait de procédure pénale Dalloz]). L’autorité de la chose jugée obéit
qu’arrêter le cours de la prescription, et le délai recommence à à une identité d’objets, de cause et de parties.
courir dès la disparition de la cause de suspension. L’auteur de
l’infraction ne perd donc pas le bénéfice du temps déjà écoulé A. – Identité d’objets et de cause.
avant la survenance de cette dernière. Il s’agit d’une application
de l’adage « Contra non valentem agere, non currit praescrip- 164. La chose jugée ne s’étend qu’aux faits sur lesquels le juge a
tio ». Les causes de suspension de la prescription sont soit pré- été appelé à statuer. Un même fait ne peut donner lieu contre le
vues par la loi (C. pr. pén., art. 6, 6-1 et 41-1, al. 2), soit résultent prévenu à deux actions pénales distinctes (Crim. 13 déc. 1990,
de tous obstacles de droit, ou de fait, constitutifs de force ma- no 90-80.108, Bull. crim. no 433), même sous une qualification
jeure ou de circonstance insurmontable (V. Prescription pénale). différente. Ainsi, après une condamnation définitive pour recel
Les obstacles de droit sont par exemple l’examen d’une question de bijoux, est irrecevable contre le même prévenu une poursuite
préjudicielle, le pourvoi en cassation, l’appel interjeté par la par- pour vol de ces bijoux, alors que les faits incriminés ayant fait
tie civile tant que le ministère public n’a pas pris ses réquisitions, l’objet de poursuites successives, sous des qualifications diffé-
la décision de suspension de l’instruction prise en application de rentes, étaient, pour partie au moins, identiques dans leurs élé-
l’article 187 du code de procédure pénale, la demande d’autori- ments légaux et matériels, et alors que les qualifications rete-
sation d’exercer une action appartenant à une collectivité territo- nues devenaient exclusives l’une de l’autre (Crim. 6 juin 1979,
riale. Il en est de même de la nécessité d’une procédure particu- Bull. crim. no 193). En revanche, de nouvelles poursuites sont
lière pour le déclenchement de l’action publique, notamment en recevables à l’égard d’un délit qui se renouvelle et présente par
matière fiscale ou douanière (pour la saisine de la commission sa nature le caractère d’une infraction successive et non d’une
d’expertise douanière : Crim. 11 janv. 2006, no 05-80.859, Bull. infraction continue (Crim. 24 avr. 1931, DP 1932. 1. 62 ; 9 févr.
crim. no 13). La suspension peut aussi résulter d’un obstacle 1965, Gaz. Pal. 1965. 1. 420).
de fait qui empêche l’exercice de l’action publique, comme par B. – Identité de parties.
exemple une occupation militaire, la reconstitution d’un dossier
de procédure (Crim. 26 sept. 2000, no 99-86.348, Bull. crim. 165. La chose jugée suppose qu’il y ait identité de parties ; elle
no 278), ou la démence du délinquant survenue après la com- ne met pas obstacle à des poursuites séparées contre d’autres
mission de l’infraction. Mais tel n’est pas le cas d’une procédure participants aux mêmes faits (sur l’effet relatif de la chose jugée
de redressement judiciaire qui ne met pas le débiteur dans l’im- au cours d’une première poursuite, note M.R.M.P., sous Crim.
possibilité d’agir (Crim. 15 mars 1994, no 93-80.818, Bull. crim. 9 févr. 1956, D. 1956. 501).
no 98).
C. – Décision définitive d’une juridiction française ou étrangère.
161. Pour les infractions commises à l’étranger et poursuivies en
France en application de l’article 113-6 du code pénal, les actes 166. La chose jugée est applicable que la première décision
de poursuite et d’instruction régulièrement accomplis à l’étranger ait été rendue par une juridiction française ou par une juridic-
interrompent la prescription en France de l’action publique, quel tion étrangère, dès lors que cette décision est définitive (C. pén.,
que soit l’effet attaché à ces actes par la loi étrangère au regard art. 113-9 ; M. PRALUS, Non bis in idem en droit pénal internatio-
de son propre système de prescription (Crim. 24 sept. 1998, nal, RSC 1996. 551). Il faut, en outre, en cas de condamnation,
no 97-84.017, Bull. crim. no 234). que la peine ait été subie ou soit prescrite. Mais les décisions
rendues par les juridictions étrangères n’ont l’autorité de la chose
162. L’action civile se prescrit selon les règles du code civil.
jugée que lorsqu’elles concernent des faits commis hors du ter-
Toutefois, elle ne peut plus être engagée devant la juridiction
ritoire de la République ; par suite d’une réserve émise par le
répressive après l’expiration du délai de prescription de l’action
gouvernement français, l’article 54 de la Convention de Schen-
publique (C. pr. pén., art. 10, al. 1er). Mais s’il a été définitivement
gen du 19 juin 1990, portant application de l’Accord de Schengen
statué sur l’action publique et si une condamnation pénale a été
du 14 juin 1985, selon lequel une personne jugée par une partie
prononcée, l’action civile mise en mouvement dans les délais
contractante ne peut, pour les mêmes faits, être poursuivie par
légaux est désormais soumise à la prescription trentenaire (C. pr.
une autre partie contractante, n’est pas applicable lorsque la to-
pén., art. 10, al. 2). Elle peut donc se poursuivre devant le juge
talité des faits poursuivis a eu lieu sur le territoire français (Crim.
répressif (Crim. 28 avr. 1964, JCP 1964. II. 13731).
3 déc. 1998, no 97-82.424, Bull. crim. no 331). Inversement, la
chose jugée en France est une fin de non-recevoir absolue à une
ART. 2. – CHOSE JUGÉE. demande d’extradition (C. pr. pén., art. 695-22 [mandat d’arrêt
européen] et 696-4, 4o [extradition] ; V. Extradition).
§ 1er. – Principe.
D. – Principe d’ordre public.
163. La chose jugée est le mode normal d’extinction de l’action
publique ; elle se produit par l’effet d’une décision définitive ren- 167. L’exception de chose jugée est d’ordre public ; elle doit être
due par une juridiction répressive relativement à cette action. Le relevée d’office (Crim. 5 juill. 1907, DP 1909. 1. 542). Elle met
juge ayant été saisi d’un fait auquel il a l’obligation de restituer la obstacle à ce qu’une juridiction, même avec l’accord des parties
qualification pénale qu’il comporte, et de la question de la culpa- et au prétexte de remédier par un « arrêt complémentaire » à la
bilité de la ou des personnes déférées devant lui, la poursuite, en violation des dispositions de l’article 520 du code de procédure
ce qui concerne ces personnes, mais elles seulement, a été me- pénale, procède à un nouvel examen de poursuites définitive-
née à son terme, et l’objet de l’action publique se trouve épuisé à ment jugées (Crim. 18 déc. 1989, Bull. crim. no 483).
leur égard. Ce principe de l’autorité de la chose jugée est recon-
nu dans de nombreuses normes votées par le législateur (C. pr. § 2. – Limites.
pén., art. 6, 368, 695-22 [mandat d’arrêt européen] et 696-4, 4o
[extradition]) ou élaborées au niveau international (Pacte inter- 168. Il existe cependant des moyens de remettre en cause la
national relatif aux droits civils et politiques du 16 déc. 1966, chose jugée : 1o Fausseté du jugement. – L’article 6, alinéa 2, du
art. 14, § 7 ; Conv. EDH du 4 nov. 1950, protocole additionnel code de procédure pénale dispose que si des poursuites ayant
no 7, art. 4 ; Conv. européenne d’extradition du 13 déc. 1957, entraîné condamnation révèlent la fausseté du jugement ou de

Rép. pén. Dalloz - 22 - janvier 2009


ACTION PUBLIQUE

l’arrêt qui a déclaré l’action publique éteinte, celle-ci pourra être n’a pas d’effet rétroactif (Crim. 7 juin 1990, Bull. crim. no 232,
reprise, la prescription étant réputée suspendue jusqu’au jour de D. 1990. 584, note Pannier). De même, n’ayant pas de portée
la condamnation du coupable de faux ou d’usage de faux (C. pr. rétroactive, l’abrogation d’un acte administratif individuel pénale-
pén., Instr. gén. C. 17) ; 2o Pourvoi en révision. – Le pourvoi en ment sanctionné est sans effet sur la validité de poursuites fon-
révision (V. Révision) permet de remettre en cause toute déci- dées sur la violation antérieure de cet acte (Crim. 19 févr. 1997,
sion ayant reconnu une personne coupable d’un crime ou d’un no 96-80.130, Bull. crim. no 68).
délit (C. pr. pén., art. 622). Il peut être engagé même après la
mort du condamné (C. pr. pén., art. 623), lorsque se présente 172. L’extinction de l’action publique affecte des mêmes consé-
une des circonstances énumérées à l’article 622, sans que l’am- quences l’action tendant à l’application des sanctions fiscales
nistie y mette obstacle ; 3o Réexamen suite à une décision de que le parquet peut exercer accessoirement en application de
la Convention européenne des droits de l’homme. – De même, l’article 343, alinéa 2, du code des douanes, mais les droits pu-
le réexamen d’une décision pénale définitive peut être deman- rement fiscaux de l’Administration restent réservés (Crim. 3 janv.
dé au bénéfice de toute personne reconnue coupable d’une in- 1983, Bull. crim. no 1).
fraction lorsqu’il résulte d’un arrêt rendu par la Cour européenne
des droits de l’homme que la condamnation a été prononcée en 173. L’abrogation de la loi pénale au cours des poursuites laisse
violation des dispositions de la Convention européenne de sau- subsister l’action civile à condition que le juge en soit déjà régu-
vegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, lièrement saisi (Crim. 30 oct. 1946, D. 1947. 50). Ainsi, l’annu-
dès lors que, par sa nature et sa gravité, la violation constatée lation motivée par l’abrogation de la loi pénale postérieure à la
entraîne pour le condamné des conséquences dommageables saisine de la juridiction répressive n’a d’effet sur la décision qu’en
auxquelles la « satisfaction équitable » allouée sur le fondement ce qui concerne l’action publique, et la juridiction reste compé-
de l’article 41 de la Convention ne saurait mettre un terme (C. pr. tente pour statuer sur les intérêts civils (Crim. 15 mars 1995,
pén., art. 626-1, résultant de L. no 2000-516 du 15 juin 2000, no 93-85.623, Bull. crim. no 104).
préc. supra, no 1) ; 4o Pourvoi dans l’intérêt de la loi. – Le pour-
voi dans l’intérêt de la loi, qu’il soit d’initiative du procureur gé-
ART. 4. – DÉCÈS DE LA PERSONNE POURSUIVIE.
néral près la Cour de cassation (C. pr. pén., art. 621) ou d’ordre
du garde des Sceaux (art. 620), permet d’annuler une décision
174. À n’importe quel stade de la procédure et si une condam-
devenue définitive. Mais alors que le second profite au condam-
nation a été prononcée, jusqu’à ce que celle-ci soit devenue
né, du moins en ce qui concerne les condamnations pénales
définitive, l’action publique s’éteint par la mort de la personne
(Ch. réun. 14 avr. 1961, Bull. crim. no 195), le premier de-
poursuivie, mise en examen, prévenue ou accusée (C. pr. pén.,
meure sans influence sur l’exécution de la décision (C. pr. pén.,
art. 6). Toute poursuite non encore menée à son terme doit
art. 621 ; V. Cassation [Pourvoi en]).
immédiatement cesser : juge d’instruction ou juridiction de ju-
169. La chose jugée sur l’action publique n’entraîne pas fatale- gement doivent constater l’extinction de l’action publique (Crim.
ment l’extinction de l’action civile. L’action civile est irrecevable 3 mars 1949, Bull. crim. no 80). Si la poursuite a été continuée
lorsque l’action publique se heurte à la chose jugée ; elle survit par erreur, la décision peut être rapportée sans qu’il y ait lieu à
au contraire si elle avait été engagée au cours des poursuites révision (Crim. 22 juill. 1890, Bull. crim. no 45). Si la personne
qui ont abouti à la condamnation (décision statuant sur l’action poursuivie ou mise en examen avait versé un cautionnement, ce-
publique et avant-dire droit sur le montant des réparations, voies lui-ci doit être restitué. Mais le décès de l’une des personnes dé-
de recours limitées aux seuls intérêts civils, même de la part du noncées n’éteint pas l’action publique à l’égard des autres (Crim.
prévenu), mais, incorporée dans l’instance au cours de laquelle 23 juill. 1974, JCP 1975. II. 18091).
elle a été portée devant le juge répressif, elle ne saurait en dé-
175. Aucune peine, même pécuniaire, ne peut plus être pronon-
border l’objet, qui ne peut s’étendre aux conséquences de faits
cée ni, si, ayant été prononcée, elle n’était pas encore définitive,
autres que ceux compris dans la poursuite. Ainsi, les héritiers
être exécutée. Toutefois, les mesures à caractère réel, quelle
de la partie civile décédée alors que le prévenu a été définitive-
que soit leur qualification, peuvent être imposées aux ayants
ment condamné pour blessures involontaires, sont irrecevables
droit du prévenu ou exécutées à leur encontre : ainsi la démo-
à réclamer, au titre de l’action civile qui se continue, la répara-
lition d’une construction édifiée sans permis, qualifiée de répa-
tion du préjudice que leur cause le décès (Crim. 27 nov. 1962,
ration civile au profit de tiers (C. urb., art. L. 480-5), la confisca-
D. 1963. 227 ; 22 févr. 1966, Bull. crim. no 61).
tion visant l’instrument du délit ou la chose produite par le délit
(exemple de la confiscation à la suite d’infractions à la législation
ART. 3. – ABROGATION DE LA LOI PÉNALE. sur les courses de chevaux, Crim. 9 déc. 1991, no 88-80.486,
Bull. crim. no 465). Quant à l’action exercée en matière de
170. L’abrogation de la loi pénale, qui enlève à l’acte son ca- contributions indirectes (LPF, art. L. 235), elle ne permet à l’ad-
ractère délictueux et fait disparaître l’élément légal de l’infrac- ministration fiscale de poursuivre contre les héritiers ou succes-
tion, produit un effet immédiat et absolu : nul ne peut plus être seurs l’application des sanctions ayant pour objet d’assurer la
poursuivi ou condamné pour un fait qui n’est plus punissable. réparation du préjudice causé au Trésor public et la confiscation,
L’abrogation s’applique ainsi immédiatement aux infractions qui, qu’à la condition qu’elle ait été engagée devant le tribunal correc-
commises avant son entrée en vigueur, n’ont pas donné lieu à tionnel du vivant de l’auteur (Crim. 9 mars 1992, no 91-83.723,
jugement passé en force de chose jugée, conformément au prin- Bull. crim. no 104). Quant à l’administration des douanes, elle
cipe constitutionnel de l’application immédiate des lois pénales conserve la possibilité d’exercer l’action prévue par l’article 344
plus douces ou « rétroactivité in mitius ». du code des douanes devant le juge d’instance (Crim. 8 oct.
1990, no 90-80.586, Bull. crim. no 334).
171. L’abrogation peut être expresse, tacite, ou résulter de la
survenance du terme d’application d’une loi temporaire (Crim. 176. L’action civile ne peut plus être portée devant le juge répres-
7 nov. 1922, DP 1924. 1. 217). La question de l’abrogation sif devenu incompétent, mais elle peut se poursuivre s’il en avait
tacite est parfois une source de difficultés, particulièrement en été régulièrement saisi (Crim. 5 oct. 1954, Gaz. Pal. 1954. 2.
matière douanière (V. Lois et décrets). Lorsqu’une disposition lé- 361 ; 23 févr. 1966, Bull. crim. no 69). Si elle n’a pas été intentée
gislative, support légal d’une incrimination, demeure en vigueur, auparavant, la victime doit alors porter son action civile devant
l’abrogation des textes réglementaires pris pour son application les juridictions civiles dans le délai de prescription du doit civil.

janvier 2009 - 23 - Rép. pén. Dalloz


ACTION PUBLIQUE

177. En revanche, le décès n’éteint pas l’action en révision : il al. 3). L’action publique appartient en effet à la société, et le mi-
est toujours possible de faire établir l’innocence d’une personne nistère n’en a que l’exercice et non la disposition. Ainsi, sauf
condamnée (C. pr. pén., art. 623-3 ; V. Révision). disposition légale contraire, la transaction qui ne fait pas dispa-
raître l’infraction est sans effet sur l’action publique (Crim. 4 juin
ART. 5. – AMNISTIE. 1998, no 96-85.871, Bull. crim. no 183 : cassation de l’arrêt qui
retient que la transaction, en vertu de laquelle les ayants droit
178. À la condition qu’elle s’applique à tel fait commis avant telle de la victime d’un vol ont été indemnisés, confère un caractère
date, l’amnistie pure et simple ou en considération de certaines régulier à la possession du produit de l’infraction).
circonstances personnelles ou de commission des faits ôte son
caractère délictueux aux faits et éteint immédiatement l’action 183. La transaction éteint l’infraction dans l’hypothèse où la
publique par le fait même de l’entrée en vigueur de la loi. Elle loi prévoit expressément que l’administration titulaire de ce
efface les condamnations prononcées, et entraîne la remise de droit dispose du droit de mettre en mouvement l’action pu-
toutes les peines (C. pén., art. 133-9) ; elle est d’ordre public ; la blique. C’est le cas en matière de contributions indirectes (LPF,
condamnation amnistiée ne peut plus être tenue comme un pre- art. L. 248 et L. 249), de douanes (C. douanes, art. 350), en
mier terme de la récidive (Crim. 5 juin 1996, no 95-84.478, Bull. matière forestière (C. for., art. L. 153-2 et R. 153-1), d’aviation
crim. no 232) ; le prévenu ne peut y renoncer, fût-ce pour établir civile (C. aviation, art. L. 150-16-1 et L. 330-9), en matière
son innocence (Ch. réun. 12 mai 1870, DP 1870. 1. 283). Elle de pêches maritimes (Décr. no 89-554 du 2 août 1989 relatif
s’oppose à ce que les faits amnistiés reçoivent une qualification aux transactions sur la poursuite des infractions en matière
autre que celle qui leur avait été antérieurement donnée par la de pêche maritime, D. 1989. 281), en matière de navigation
prévention et qui a été retenue dans un jugement (Crim. 31 oct. sur le Rhin (Décr. 15 mars 1993, Gaz. Pal. 1993. 1. 433),
2006, no 06-80.083, Bull. crim. no 262) : il en est ainsi des de conservation du domaine public routier national (C. voirie
faits litigieux poursuivis et jugés par un tribunal de police comme routière, art. 116-8). En matière de contributions indirectes,
contraventions de violences légères et dont la requalification en de douanes, et de relations financières avec l’étranger, de-
délit d’atteinte à l’exercice régulier des fonctions de conseiller sa- puis la loi no 77-1453 du 29 décembre 1977 (D. 1978. 28), la
larié était à nouveau demandée en appel (Crim. 6 mars 1997, transaction ne peut intervenir, après mise en mouvement de
no 96-82.392, Bull. crim. no 91, Dr. pénal 1997. Comm. 96, l’action publique, que si l’autorité judiciaire en admet le principe
obs. J.-H. Robert). Le juge ne peut plus statuer à aucun titre (ministère public ou président de la juridiction saisie, selon que
sur l’action publique (Crim. 17 janv. 1956, Bull. crim. no 57). l’infraction est passible de peines et de sanctions fiscales ou
L’appel doit être déclaré irrecevable (Crim. 1er déc. 1954, Bull. simplement de sanctions fiscales). La transaction intervenue
crim. no 362), dans la mesure tout au moins, en cas d’infractions (C. douanes, art. 350) éteint l’action publique et l’action fiscale
multiples, de celles qui sont amnistiées (Crim. 24 févr. 1955, de sorte qu’un pourvoi en cassation devient sans objet (Crim.
Bull. crim. no 119). Il est interdit à toute personne qui, dans 12 févr. 1990, no 88-85.567, Bull. crim. no 72). Mais lorsque les
l’exercice de ses fonctions, a connaissance de condamnations faits constituent à la fois une infraction fiscale et une infraction
pénales, d’en rappeler l’existence sous quelque forme que ce économique, la transaction intervenue sur les poursuites d’ordre
soit (C. pén., art. 133-11). économique, si elle éteint l’action publique de ce chef, laisse
subsister les éléments matériels constitutifs de l’infraction fiscale
179. Le droit à réparation subsiste à l’extinction de l’action pu- (Crim. 20 févr. 1969, Bull. crim. no 88).
blique puisque l’amnistie ne préjudicie pas aux tiers (C. pén.,
art. 133-10), et les lois d’amnistie réservent d’ordinaire les in- 184. Lorsque la transaction demeure possible à tout moment
térêts civils et disposent expressément que l’action civile, si elle de la procédure, elle éteint l’action publique, celle-ci eût-elle été
avait été portée devant le juge répressif avant l’entrée en vigueur engagée par le ministère public. Il en est ainsi jusqu’à ce que
de la loi d’amnistie, se poursuit devant lui. Il en résulte égale- la condamnation soit devenue définitive. Aucune peine ne peut
ment que les mesures qualifiées de réparations civiles peuvent être prononcée ou mise à exécution.
toujours être prononcées : ainsi la démolition en matière d’infrac- 185. La transaction est toujours individuelle ; elle ne peut limiter
tions à la législation sur l’urbanisme (Crim. 12 juill. 1966, Bull. ni le principe ni l’étendue de la poursuite à l’égard des coau-
crim. no 198) ou l’astreinte (Crim. 19 févr. 1964, D. 1964. 376). teurs ou complices auxquels elle n’a pas été consentie, et qui
180. Il est à noter que les lois d’amnistie de droit commun ne restent tenus à l’entière réparation du préjudice (Crim. 26 nov.
concernent pas les infractions fiscales. L’« amnistie fiscale » 1964, Bull. crim. no 314). Cependant, la transaction accordée à
fait l’objet de lois spéciales qui mettent en jeu des techniques une personne morale bénéficie à son représentant légal (Crim.
particulières. Lorsqu’un fait comporte à la fois une qualification 20 janv. 1992, no 89-94.768, Bull. crim. no 18) ou à son prépo-
pénale et une qualification fiscale, l’amnistie de droit commun sé lorsqu’elle est civilement responsable (Crim. 13 déc. 1993,
laisse donc en tout état de cause subsister l’action fiscale. no 92-85.483, Bull. crim. no 384).

SECTION 2 ART. 2. – RETRAIT DE LA PLAINTE.

Modes spéciaux d’extinction. 186. Lorsque la poursuite est subordonnée à une plainte de la
partie lésée, le retrait de la plainte a pour conséquence d’éteindre
181. Ces modes d’extinction de l’action publique ne peuvent l’action publique (C. pr. pén., art. 6, al. 3,). C’est le cas en ma-
jouer qu’en vertu d’une disposition expresse de la loi. Ils sont tière de délits de presse (L. 29 juill. 1881 [in Code pénal Dal-
facultatifs en ce sens que leur réalisation dépend soit d’un ac- loz], art. 49), d’atteinte à la vie privée (C. pén., art. 226-6 ; Crim.
cord, soit de la volonté de la partie lésée, soit de la volonté de 14 janv. 1997, no 96-82.901, Bull. crim. no 9), de chasse sur ter-
l’auteur de l’infraction. À défaut de réalisation, l’action publique rain d’autrui (C. rur., art. L. 228-41, al. 2), de divulgation d’infor-
reçoit ou continue de recevoir son cours normal. mations nominatives résultant de fichiers ou de traitements infor-
matiques (C. pén., art. 226-22), ou de diffusion de l’image d’une
ART. 1er. – TRANSACTION. personne menottée ou entravée, d’une personne mise en cause
dans une procédure pénale, mais n’ayant pas fait l’objet d’un ju-
182. La transaction ne peut éteindre l’action publique que dans gement de condamnation (L. 29 juill. 1881, préc., art. 35 ter et
l’hypothèse où la loi le prévoit expressément (C. pr. pén., art. 6, 48-7o, réd. L. no 2000-516 du 15 juin 2000 [préc. supra, no 1]).

Rép. pén. Dalloz - 24 - janvier 2009


ACTION PUBLIQUE

En revanche, le désistement de la partie civile dont la plainte a mineurs depuis le 5 mars 2007 (Ord. 2 févr. 1945, mod., C. pr.
provoqué des poursuites pour abus de confiance est sans effet pén., art. 7-1 et 7-2, résultant de L. no 2007-297 du 5 mars 2007
sur la poursuite de l’action publique (Crim. 30 mai 1960, Bull. relative à la prévention de la délinquance).
crim. no 298). Il en va de même pour le délit de non-représenta-
tion d’enfant (Crim. 29 avr. 1976, Bull. crim. no 132). En matière § 2. – Mesures.
de délits de presse, le désistement du plaignant met fin aux pour-
suites : un arrêt méconnaîtrait l’extinction de l’action publique si, 191. Le procureur de la République peut proposer une compo-
après avoir donné acte du désistement, il confirmait le jugement sition pénale qui consiste en une ou plusieurs des mesures sui-
sur l’action publique (Crim. 26 mai 1981, Bull. crim. no 172). vantes : 1o verser au Trésor public une amende de composition
qui ne peut excéder le montant maximum de l’amende encourue
187. Lorsque la plainte a été assortie d’une constitution de par- et qui est fixée en tenant compte de la gravité des faits ainsi que
tie civile devant le juge d’instruction ou résulte de la citation di- des ressources et des charges de la personne. Son versement
recte délivrée par la partie lésée, le désistement de la partie civile peut être échelonné, selon un échéancier fixé par le procureur
est un retrait de plainte. Ce désistement ne met pas obstacle à de la République à l’intérieur d’une période qui ne peut être su-
l’exercice ultérieur de l’action civile devant la juridiction compé- périeure à un an ; 2o se dessaisir, au profit de l’État, de la chose
tente (C. pr. pén., art. 426). Dans le cas où la partie civile ne qui a servi ou était destinée à commettre l’infraction ou qui en est
comparaît pas ou ne se fait pas représenter, son désistement le produit ; 3o remettre son véhicule, pour une période maximale
est présumé (C. pr. pén., art. 425), mais l’application de cette de six mois, à des fins d’immobilisation ; 4o remettre au greffe
règle d’intérêt privé doit être formellement demandée par le pré- du tribunal de grande instance son permis de conduire pour une
venu (Crim. 16 févr. 1960, D. 1960. 243, rapp. Damour ; 29 déc. période maximale de six mois ; 5o remettre au greffe du tribu-
1964, Gaz. Pal. 1965. 1. 257). nal de grande instance son permis de chasser pour une période
maximale de six mois ; 6o accomplir au profit de la collectivité
ART. 3. – PAIEMENT DE L’AMENDE FORFAITAIRE OU DE un travail non rémunéré pour une durée maximale de soixante
L’AMENDE DE COMPOSITION. heures, dans un délai qui ne peut être supérieur à six mois ;
7o suivre un stage ou une formation dans un service ou un orga-
188. Pour les contraventions des quatre premières classes à nisme sanitaire, social ou professionnel pour une durée qui ne
la réglementation des transports par route, au code des assu- peut excéder trois mois dans un délai qui ne peut être supérieur
rances, en ce qui concerne l’assurance obligatoire des véhicules à dix-huit mois ; 8o ne pas émettre, pour une durée de six mois
à moteur et de leurs remorques et semi-remorques, et à la régle- au plus, des chèques autres que ceux qui permettent le retrait de
mentation sur les parcs nationaux et réserves naturelles qui sont fonds par le tireur auprès du tiré ou ceux qui sont certifiés, et ne
punies seulement d’une peine d’amende, l’action publique est pas utiliser de cartes de paiement ; 9o ne pas paraître, pour une
éteinte par le paiement d’une amende forfaitaire qui est exclusive durée n’excédant pas six mois, dans le ou les lieux dans lesquels
des règles de la récidive (C. pr. pén., art. 529). C’est aussi le cas l’infraction a été commise et qui sont désignés par le procureur
pour les contraventions des quatre premières classes à la police de la République, à l’exception de ceux où il réside habituelle-
des services publics de transport ferroviaire et des services de ment ; 10o ne pas rencontrer ou recevoir, pour une durée n’ex-
transport public de personnes, l’action publique étant éteinte par cédant pas six mois, la ou les victimes de l’infraction désignées
le paiement d’une amende forfaitaire qui a valeur de transac- par le procureur, et ne pas entrer en relation avec elles ; 11o ne
tion entre l’exploitant et le contrevenant (C. pr. pén., art. 529-3). pas rencontrer ou recevoir, pour une durée n’excédant pas six
Toutefois, cette procédure n’est pas applicable si plusieurs in- mois, le ou les coauteurs ou complices éventuels désignés par
fractions, dont l’une au moins ne peut donner lieu à amende for- le procureur, et ne pas entrer en relation avec eux ; 12o ne pas
faitaire (C. pr. pén., art. 529, al. 2) ou à transaction (art. 529-4), quitter le territoire national et remettre son passeport pour une
ont été constatées simultanément (V. Amende, Contravention). durée n’excédant pas six mois ; 13o accomplir, le cas échéant à
ses frais, un stage de citoyenneté (C. pr. pén., art. 41-2). Par
189. Le paiement éteint l’action publique, que les contraven-
ailleurs, lorsque la victime est identifiée, et sauf si l’auteur des
tions entraînent ou non une perte de points affectés au per-
faits justifie de la réparation du préjudice commis, le procureur
mis de conduire, et exclut l’application des règles de la récidive
de la République doit également proposer à ce dernier de répa-
(C. pr. pén., art. 529-6, al. 1er). En cas de poursuite d’un délit et
rer les dommages causés par l’infraction dans un délai qui ne
d’une contravention, le paiement de l’amende forfaitaire, préa-
peut être supérieur à six mois.
lablement fixée, éteint l’action publique du chef de cette contra-
vention (Crim. 7 déc. 1992, no 92-81.892, Bull. crim. no 404).
L’exécution des mesures de composition pénale, dont l’amende, § 3. – Modalités.
éteint l’action publique (C. pr. pén., art. 6, al. 3 ; V. infra, nos 195). 192. La proposition de composition pénale peut être portée à la
connaissance de l’auteur des faits, par le procureur de la Répu-
ART. 4. – EXÉCUTION DE LA COMPOSITION PÉNALE. blique, directement ou par l’intermédiaire d’une personne habi-
litée, ou par l’intermédiaire d’un officier de police judiciaire. Elle
§ 1er. – Domaine d’application. fait alors l’objet d’une décision écrite et signée de ce magistrat,
qui précise la nature et le quantum des peines proposées et qui
190. L’action publique peut aussi s’éteindre par l’exécution d’une est jointe à la procédure. La personne à qui est proposée une
composition pénale (C. pr. pén., art. 6, al. 3 ; V. Composition pé- composition pénale est informée qu’elle peut se faire assister
nale). Le procureur de la République, tant que l’action publique par un avocat avant de donner son accord à la proposition du
n’a pas été mise en mouvement, peut proposer, directement ou procureur de la République. La composition pénale peut être
par l’intermédiaire d’une personne habilitée, une composition pé- proposée dans une maison de justice et du droit.
nale à une personne physique qui reconnaît avoir commis un
ou plusieurs délits punis à titre de peine principale d’une peine § 4. – Procédure, validation.
d’amende ou d’une peine d’emprisonnement d’une durée infé-
rieure ou égale à cinq ans, ainsi que, le cas échéant, une ou 193. Lorsque l’auteur des faits donne son accord aux mesures
plusieurs contraventions connexes. La procédure de composi- proposées, le procureur de la République saisit par requête le
tion pénale est également applicable aux contraventions (C. pr. président du tribunal aux fins de validation de la composition et
pén., art. 41-3, mod. par L. 9 mars 2004, art. 71), ainsi qu’aux en informe l’auteur des faits et la victime. Dès lors que l’auteur

janvier 2009 - 25 - Rép. pén. Dalloz


ACTION PUBLIQUE

des faits a donné son accord aux mesures proposées par le pro- § 5. – Effets sur l’action publique.
cureur de la République, celui-ci est tenu, quel que soit le com-
portement ultérieur de l’intéressé, de saisir le président du tribu-
nal aux fins de validation (Crim. 20 nov. 2007, no 07-82.808, 195. La prescription de l’action publique est suspendue entre la
Bull. crim. no 287). Après avoir éventuellement procédé à leur date à laquelle le procureur de la République propose une com-
audition, ce magistrat statue par ordonnance. S’il valide la com- position pénale et la date d’expiration des délais impartis pour
position, les mesures décidées sont mises à exécution. Dans le exécuter celle-ci. Si le délinquant accepte la proposition faite par
cas contraire, la proposition devient caduque. le procureur de la République, et si celle-ci est validée par le pré-
sident du tribunal ou son délégué, l’exécution de la composition
194. Si la personne n’accepte pas la composition ou si, après pénale éteint l’action publique (C. pr. pén., art. 41-2, al. 9). Les
avoir donné son accord, elle n’exécute pas intégralement les me- compositions pénales exécutées sont inscrites au bulletin no 1
sures décidées, ou si la demande de validation est rejetée, le du casier judiciaire (pour la mise en œuvre : Décr. no 2001-71
procureur de la République met en mouvement l’action publique, du 29 janv. 2001 insérant les art. R. 15-33-30 et s. dans le code
sauf élément nouveau (C. pr. pén., art. 41-2). de procédure pénale).

INDEX ALPHABÉTIQUE
Abrogation de la loi pénale 170 s. – principe 41. Compétence – obligation de dénonciation 64, 66.
Abus – syndicat 40. – personnelle 12, 119 s. : chose jugée – organisé 58.
– de confiance 102, 157, 186. Assurances 188. 166 ; prescription 161. – plainte 125.
– de position dominante 108. Atteinte à la vie privée 106, 186. – universelle 13. – prescription 154 s.
Accident de travail, maladie profes- Audience (Infraction commise à l’) Composition pénale 80, 190 s. Définition 1 s.
sionnelle 42. 120. – domaine d’application 190. Délai raisonnable 57.
Acquiescement 18. Autorité des marchés financiers – effet 195. Démembrement de l’action pu-
Acquittement 23. (anc. COB) 115. – mesures 191. blique 5.
Action civile 1 s., 123 s. Avertissement 135 s. – modalités 192. Dénonciation
– abrogation de la loi pénale 173. Aviation civile 183. – procédure, validation 193 s. – agent public, fonctionnaire 65.
– chose jugée 169. Avis préalable 115. Concubin 103. – citoyen 62, 66.
– décès de la personne poursuivie Bande organisée 58. Condamnation pécuniaire 39. – classement sans suite (recours) 76.
176. Caractères de l’action publique 1 s. Condition d’existence de l’action – commissaire aux comptes 66.
– influence sur l’action publique – conditions d’existence 6 s. publique 6 s. Député 92 s., 117 s.
130 s. – principes généraux 1 s. – existence d’une infraction 7 s. : Désistement 18.
– mise en mouvement de l’action pu- Chambre de l’instruction 85. abrogation de la loi pénale 7, 170 ; Diffamation 106, 155.
blique 123 s. Charges nouvelles 71. absence de décrets d’application 7 ; Diplomate 98 s.
– prescription 162. Chasse sur terrain d’autrui 106, amnistie 7, 178 s. ; mort suspecte Directeur départemental
V. Association habilitée, Partie ci- 186. 8 ; personne blessée grièvement 8 ; – de l’agriculture 25.
vile, Plainte préalable. Chef d’État 88. personne disparue 8 ; personne en – de l’équipement 26.
Action fiscale 28 s. Chose jugée 163 s. fuite 9. Dirigeant 46.
– abrogation de la loi pénale 173. – action civile 169. – infraction à la loi pénale française Discrimination 42.
– acte interruptif de prescription 31. – caractère d’ordre public 167. 11 s. : compétence personnelle 12, Disparition 8.
– amnistie 180. – décision juridictionnelle définitive 119 s., 160, 166 ; compétence réelle Divulgation d’information nomina-
– coexistence action publique 30 s. 166. 12 ; compétence territoriale 11 s. ; tive 106, 186.
– contributions indirectes 32 s. – fausseté du jugement 168. compétence universelle 13. Dopage 43.
– définition 31. – identité : d’objet et de cause 164 ; Connaissance de l’infraction 61 s. Douanes 37 s.
– douanes 37 s. de parties 165. – enquête de police 63. – action fiscale 37, 38.
– sanctions 28 s. – pourvoi : dans l’intérêt de la loi 168 ; – information spontanée 62. – appel 37.
– transaction 183. en révision 168. – principe 61. – décès de la personne poursuivie
Action en recouvrement 39. – principe 163. Conseil de la concurrence 66. 175.
Administration – réexamen décision CEDH 168. Conseil supérieur de l’audiovisuel – douane judiciaire 38.
– droit fixe de procédure 23. Circulation routière 109. – preuve 37.
– eaux et forêts 24 s., 183. – ordonnance pénale 142. Constitution de partie civile 123 s. – transaction 38 s., 183.
– exercice de l’action publique 21 s. V. Transport. – classement sans suite 75. Droit fixe de procédure 23.
– mines et carrières 27. Citation directe – irrecevabilité 133. Eaux et forêts 24 s.
– plainte préalable 108 s. – Douanes 37. – obligation de poursuivre 84. – transaction 183.
– poursuite d’office 68. – ministère public 139 s. – plainte préalable 106 s. : désiste- Electa una via 131.
– voirie 26. – partie civile 126 s. ment 113 ; forme, effet 110 s. ; prin- Enfance en danger 42.
V. Douanes, Infraction fiscale, Classement sans suite 69, 74 s. cipe 106 s. ; retrait 112. Enquête de police
Transaction. – criminalité organisée 58. Contributions indirectes, impôts – avancement des enquêtes 64.
Aéronef 11. – décision, motifs 74. 32 s. – bande organisée 58.
Alternative aux poursuites 77 s. – opportunité des poursuites 67 s. – avis préalable 115. – connaissance de l’infraction 63 s.
– composition pénale 80, 180 s. – plainte avec constitution de partie – commission des infractions fiscales – délai raisonnable 57.
– médiation pénale 79. civile 75. 115. – obligation de dénoncer 65 s.
– principe 77 s. – recours 76. – plainte préalable 108. – traitement en temps réel 64.
V. Composition pénale. Coauteur 47 s. – sanction encourue : amende 33 ; Entente illicite 108.
Amende forfaitaire (Paiement) 39, Code de la route emprisonnement 34 ; peine mixte Évolution 3, 5.
188. V. Circulation routière. 35. Exclusion sociale, culturelle 42.
Amnistie 178 s. Collectivité territoriale 52. – transaction 36, 183. Exercice de l’action publique 14 s.
– fiscale 180. Comité national olympique 43. V. Action fiscale. – action fiscale 28 s.
– principe 178. Commissaire aux comptes 66. Convention internationale 13. – administration publique 21 s. : eaux
– réparations civiles 179. Commission des infractions fis- Convocation par greffier, chef et forêts 24 s., 183 ; particularisme
Association habilitée 40 s. cales 115. d’établissement pénitentiaire, 22 s. ; voirie, mines et carrières
– accord préalable de la victime 44. Communauté européenne 101. officier ou agent de police judi- 26 s.
– évolution générale 5. Comparution ciaire 141. – ministère public 18 s.
– fédération sportive 43. – à délai rapproché (Mineur) 148. Cour de justice de la République – mise en mouvement (distinction)
– intervention 44. – immédiate 70, 144 s. 89 s. 14, 56.
– liste légale 42. – sur reconnaissance préalable de Crime V. Douanes, Infraction fiscale, Mi-
– ordre professionnel 40. culpabilité 70, 72, 143. – instruction obligatoire 146. nistère public.

Rép. pén. Dalloz - 26 - janvier 2009


ACTION PUBLIQUE

Extinction de l’action publique Maltraitance 42. Parc national 188. – cour de justice de la République 90.
150 s. Mandat d’arrêt 9. Parlementaire – injonction de poursuivre 19.
– abrogation de la loi pénale 170 s. Mandataire de justice (Personne – autorisation parlementaire 117 s. – rôle de coordinateur 60.
– action civile (conséquence) 152. morale) 54. – enceinte des Assemblées parle- Procureur de la République
– amnistie 178 s. Matériel de guerre (Importation, Ex- mentaires 117. – exercice de l’action publique 18 s.
– chose jugée 163 s. portation ) 109. – immunité 92 s. – existence d’une infraction 7 s. :
– décès de la personne poursuivi Médiateur de la République 96. Partie civile mort suspecte 8 ; personne dispa-
174 s. Médiation pénale 79. – acquiescement, abstention 132. rue, grièvement blessée 8.
– désistement partie civile ou prévenu Mines et carrières 27. – classement sans suite 75 s. – mise en mouvement de l’action pu-
(appel) 73. Mineur – désistement 184 : appel 73 ; non blique 55 s. : criminalité organisée
– exécution de la composition pénale – compétence 45. comparution à l’audience 113. 58 ; délai raisonnable 57.
190 s. – modes de poursuite 148 s. – mise en mouvement de l’action pu- – opportunité des poursuites 67 s.
– indisponibilité de l’action publique 4, – prescription 157. blique 123 s. : citation directe 127 s. Protection des animaux 42.
73. – sévices, privation de soin 66. – plainte préalable 106 s., 110 s., 125. Racisme 42.
– paiement de l’amende forfaitaire ou – victime 158. V. Constitution de partie civile. Radiodiffusion 109.
de composition 188. Ministère public Pêche 24 s., 145, 183. Récusation 18.
– prescription 154 s. – appel (douanes) 37. Personnalité des peines 46. Réexamen (Décision CEDH) 168.
– principe 150 s. – exercice de l’action publique 18 s. : Personne Requête en suspicion légitime 18.
– retrait de la plainte 186 s. contributions indirectes 33 s. ; délits – disparue 8. Réquisitoire introductif 146 s.
– transaction 182 s. forestiers et de pêche fluviale 24 s. ; – en fuite 9. Réserve naturelle 188.
Fait principal punissable 6 s. douanes 37 s. ; principe 18 s. ; voirie – handicapée 42. Résistant, déporté 42.
V. Conditions d’existence de l’ac- 26. – menottée, entravée (image) 106, Responsabilité pénale 46 s.
tion publique. – hiérarchie 19, 60, 83. 186. – personne morale 49 s.
Famille (Immunité) 102 s. – mise en mouvement de l’action pu- Personne morale – personne physique 46 s.
Faux témoignage 120. blique 59 s., 137 s. – collectivité territoriale 52. Restriction aux poursuites 104 s.
Fédération sportive 43. – obligation de présence (jugement) – de droit privé 52. – avis préalable 115.
Forêt 24 s., 183. 20. – État 51. – décision judiciaire préalable 116.
Fraude électorale 125. – réquisitions 127. – mandataire de justice 54. – mise en demeure 114.
Garde des sceaux 19, 60, 83. Ministre – principe 49 s. – plainte préalable 105 s. : forme, ef-
Garde à vue – du Budget 108. – responsabilité pénale (conditions) fet 110 s. ; plainte de l’administration
– délai raisonnable 57. – chargé de l’Économie 108. 53 s. 108 s. ; plainte de la victime 106 s. ;
– information du parquet 64. – de la Défense 108, 109, 115. Plainte préalable 106 s. principe 105.
Haute cour 88. – des Finances 108. – administration 108 s. Retrait de la plainte 112, 186 s.
Haute trahison 88. – de la Justice 19, 60, 83. – compétence 110. Révision (Pourvoi en) 168, 177.
Héritier – responsabilité pénale 89 s. – effet 111.
Secte 42.
– contributions indirectes 175. – des Sports 43. – non comparution à l’audience 113.
Sécurité sociale 114.
– personnalité des peines 46. Mise en demeure 114. – retrait 112, 186 s.
Sénateur 92 s., 117 s.
Hygiène et sécurité du travail 114. Mise en mouvement de l’action pu- – victime 106 s., 125.
Service public (gestion) 52.
Immunité 87 s. blique 14, 55 s. Poursuite
Sujet de l’action publique 14 s.
– diplomatique et consulaire 98 s. – Administration 21 s. – Immunité 87 s.
– sujet actif 17 s. : administration
– familiale 102 s. – alternatives aux poursuites 77 s. – infraction commise à l’étranger
21 s. ; association habilitée 40 s. ;
– judiciaire 97. – association habilitée 40 s. 119 s.
minorité de l’auteur 45.
– politique 87 s. : chef de l’État 88 ; – classement sans suite 74 s. – obligation de poursuivre 83 s. :
– sujet passif : personne morale
médiateur de la République 96 ; – connaissance de l’infraction 61 s. constitution de partie civile 84 ; in-
49 s. ; personne physique 46 s.
membre du gouvernement 89 s. ; – définition 55. jonction hiérarchique 19, 60, 83 ;
V. Ministère public.
membre du Parlement 92 s. – exercice (distinction) 56. nouvelles mises en examen 85.
Impôt – Garde des sceaux 19, 60, 83. – restriction aux poursuites 104 s. Syndicat 40.
V. Action fiscale, Contributions in- – juridiction de jugement 120. V. Opportunité des poursuites. Tabagisme 42.
directes, impôts. – ministère public 19, 59 s., 138 s. Pourvoi Territorialité (Principe de) 11 s.
Indisponibilité 4, 73. – modes : ministère public 138 s. ; – dans l’intérêt de la loi 168. Terrorisme 13.
Information judiciaire partie civile 123 s. – en révision 168, 177. Torture 13.
– contre X 47, 127. – opportunité des poursuites 67 s. Prescription 154 s. Trafic de stupéfiants, toxicomanie
– réouverture 71. – partie civile 121 s. – action civile 162. 42.
Infraction douanière – plainte préalable 125. – action fiscale 31. – Dopage 43.
V. Douanes. – poursuite 82 s. – caractère d’ordre public 156. Transaction 22, 183 s.
Infraction économique et financière V. Compétence, Mineur. – classement sans suite 69. – contributions indirectes, impôts 36,
61, 183. Mort suspecte 8. – composition pénale 195. 183.
Infraction fiscale 28 s. Navire 11. – exceptions 155. – domaine d’application 183.
– Amnistie 180. Non-lieu – interruption 158. – douanes 38 s., 183.
– plainte préalable 108. – réquisitions ab initio 127. – point de départ 157. – effets 184 s.
V. Action fiscale, Contributions in- ONU 101. – principe 154. – nécessité d’une disposition légale
directes, impôts. Opportunité des poursuites 67 s. – suspension 159. 182.
Injonction de poursuivre 19, 60, 83. – alternative aux poursuites 77 s. Président de la République 88. Transport
Injure 106, 155. – charges nouvelles 71. Presse (Délit de) 125, 186. – Ferroviaire 188.
Inspection générale (Administration) – classement sans suite 69, 74 s. Prévenu – ordonnance pénale 142.
65. – indisponibilité de l’action publique – désistement (appel) 73. – de personnes 42, 188.
Instruction 20. 73. – disparition 8. Transport collectif 42.
– réquisitions de non-lieu 126. – liberté : de l’exercice 72 ; des – fuite 9. Tribunal pour enfants 148.
Intérêts privés 106 s. moyens 70. Principes généraux 1 s. UNESCO 101.
Juge des libertés et de la détention – obligation de poursuivre 83 s. – distinction action civile 1 s. Union européenne 101.
9. – obstacles aux poursuites 86 s. – évolutions 3, 5. Usurpation d’identité 48.
Juridiction de jugement 120. – poursuite d’office 68. – indisponibilité 4, 73. Victime
Maire – principe 67. – prérogative de la société 3. – mineur 158.
– association des maires de France – réouverture d’une information 71. Procès-verbal 63 s. V. Partie civile.
42. Ordonnance pénale 142. Procureur général Violences sexuelles, familiales 42.
– obligation de dénoncer 65 s. Ordre professionnel 40. – classement sans suite (recours) 69. Voirie 26, 183.

janvier 2009 - 27 - Rép. pén. Dalloz

Vous aimerez peut-être aussi