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Répertoire de la responsabilité de la puissance publique

Contrôle administratif (Responsabilité à l'occasion de l'exercice du contrôle)

Jean-François AUBY
Ancien élève de l'École nationale d'administration

janvier 2013 (actualité : mars 2014)

Table des matières

Généralités, 1 - 6

Art. 1 - Contrôle de l'État sur les collectivités territoriales, 7 - 35


§ 1 - Solution avant la loi du 2 mars 1982, 8 - 13
§ 2 - Depuis la loi du 2 mars 1982, 14 - 35

Art. 2 - Contrôle sur les établissements publics, 36 - 52


§ 1 - Établissements publics à caractère sanitaire et social, 40 - 48
§ 2 - Établissements publics autonomes, 49 - 52

Art. 3 - Contrôle sur les organismes de droit privé, 53 - 82


§ 1 - Contrôle de l'État sur les caisses de sécurité sociale, 54 - 56
§ 2 - Contrôle des établissements financiers, 57 - 62
§ 3 - Contrôle exercé sur les associations, 63 - 70
§ 4 - Contrôle exercé par des autorités administratives indépendantes, 71 - 79
§ 5 - Contrôle sur les fédérations sportives, 80 - 82

Bibliographie
BRAIBANT et STIRN, Le droit administratif français, 4 e éd., 1997, Dalloz, p. 284 et 300. - DEBBASCH, Institutions et droit
administratif, t. 2 : L'action et le contrôle de l'administration, 3 e éd., 1992, Thémis, PUF, p. 395. - DE LAUBADÈRE, Traité de
droit administratif, t. 1 er, par VENEZIA et GAUDEMET, 14 e éd., 1996, LGDJ, n o 1284. - ODENT, Contentieux administratif,
fasc. IV, 1980, Les cours de droit, p. 1566 s. - RIVERO et W ALINE, Droit administratif, 17 e éd., 1998, Précis Dalloz, n o 328. -
VEDEL et DELVOLVÉ, Droit administratif, 12 e éd., 1992, Thémis, PUF, p. 513. - W ALINE, Droit administratif, 9 e éd., 1963, Sirey,
n o 1053.

DEMICHEL, Le contrôle de l'État sur les organismes privés, 1960, LGDJ. - GARRIGOU-LAGRANGE, Recherche des rapports des
associations avec les pouvoirs publics, 1969, LGDJ. - GUETIER, La responsabilité administrative, 1996, LGDJ. - MASPETIOL et
LAROQUE, La tutelle administrative, 1930, Sirey. - MELLERAY, La tutelle de l'État sur les communes, 1930, Sirey. - NÉGRIN,
L'intervention des personnes morales de droit privé dans l'action administrative, 1971, LGDJ.

AUBY, La décentralisation fait-elle naître de nouvelles tutelles ?, AJDA 1984. 412. - BÉNOIT, La responsabilité de la puissance
publique du fait de la tutelle administrative, RPDA 1955. 178. - BOCKEL, La responsabilité des collectivités locales du fait des
actes des autorités de tutelle, Rev. adm. 1966. 135. - MOREAU, Responsabilité du fait d'actes de tutelle et de contrôle, J.-Cl.
Adm., fasc. 918, 1995. - VIGNES, Le pouvoir de substitution, RD publ. 1960. 753.

BAUGE et COLIN, Responsabilité de la puissance publique du fait de la tutelle administrative, Mémoire DES, Rennes, 1970.

Généralités
1 . Dans le présent répertoire, la rubrique s'appelait traditionnellement « Responsabilité à l'occasion de l'exercice de la
tutelle ». Ce terme épousait tout un ensemble de compétences détenues par l'État sur des organismes, principalement de
droit public. La question était donc d'étudier dans quelle mesure l'exercice de ce pouvoir de tutelle était de nature à engager
la responsabilité de l'État.

2 . L'étude de la responsabilité à l'occasion de l'exercice de la tutelle pose un problème de définition. Le concept de tutelle,
issu du droit civil, pose problème en droit administratif, du fait de l'imprécision qui le caractérise. En effet, l'État dispose, vis-à-
vis des collectivités territoriales, des établissements publics et des organismes de droit privé exerçant des missions de service
public, d'un ensemble de pouvoirs lui permettant de contrôler, voire de réformer leurs décisions. Dans un certain nombre de
cas, les collectivités territoriales elles-mêmes disposent de pouvoirs comparables. MASPETIOL et LAROQUE (La tutelle
administrative, 1930, Sirey) définissaient la tutelle comme étant « l'ensemble des pouvoirs limités accordés par la loi à une
autorité supérieure sur les agents décentralisés et sur leurs actes dans un but de protection de l'intérêt général ». Selon
cette définition, la tutelle se distinguerait des autres formes de contrôle dont disposent l'État et les collectivités territoriales
du fait de l'existence d'un statut législatif et d'un contenu limité et d'interprétation stricte, conformément à l'adage « Pas de
tutelle sans texte, pas de tutelle au-delà des textes ». L'évolution des rapports entre l'État et les autres personnes morales,
de droit public, ou privées, a conduit à substituer, pour l'essentiel le concept de contrôle à celui de tutelle. C'est la raison pour
laquelle cette rubrique est consacrée à la responsabilité dans le cadre de l'exercice du contrôle de l'État.
3 . D'une manière générale, l'engagement de la responsabilité des missions de contrôle qu'assure la puissance publique fait
appel à la faute lourde. C'est le trait dominant des conditions d'engagement de sa responsabilité. Ce principe a été posé par
l'arrêt d'assemblée du 29 mars 1946, « Caisse départementale d'assurances sociales de Meurthe et Moselle » (RD publ. 1946.
490, concl. Lefas, note Jèze). Cependant, dans de nombreux domaines, l'exigence de la faute lourde a été abandonnée. Ce
principe a donné lieu à de nombreuses discussions et même à des inflexions jurisprudentielles, cependant refreinées par le
Conseil d'État. Dans un contexte de renforcement de la responsabilité publique, le vaste courant d'abandon de la faute lourde
ne pouvait épargner ce secteur. Pourtant, le principe général est demeuré. Traditionnellement motivé par les difficultés
particulières qui s'attachent aux missions de contrôle au regard des moyens disponibles, il trouve également sa source dans
le but d'éviter la substitution de responsabilité que ne manquerait pas de provoquer la généralisation de la faute simple
(V. par exemple les débats du colloque « Vers de nouvelles normes en droit de la responsabilité publique » 11 et 12 mai
2001. - Site internet du Sénat).

4 . Cependant la responsabilité d'une personne publique qui assure la tutelle ou le contrôle d'une structure ne peut être
recherchée qu'à raison des fautes commises dans l'exercice de la tutelle et du contrôle (CE 21 nov. 2008, req. n o 307300 ,
Min Intérieur, Lebon T. 2008 ).

5. Les pouvoirs de contrôle dont disposent l'État et les collectivités territoriales vis-à-vis des organismes publics et privés se
sont considérablement multipliés au cours des trente dernières années, notamment du fait de textes législatifs. Dans le même
temps, se sont multipliées les autorités administratives indépendantes, investies de nombreux pouvoirs de contrôle. Les
conditions d'engagement de leur responsabilité, qui est in fine celle de l'État, soulèvent des problèmes spécifiques.

6. Pour étudier dans quelle mesure la responsabilité de la puissance publique est susceptible d'être engagée à l'occasion de
l'exercice de ces pouvoirs, on analysera successivement : le contrôle de l'État sur les collectivités territoriales ; le contrôle sur
les établissements publics ; le contrôle sur les organismes de droit privé.

Art. 1 - Contrôle de l'État sur les collectivités territoriales


7 . On aurait pu être tenté de considérer cette question sous un angle historique, dans la mesure où la loi n o 82-213 du
2 mars 1982 (D. 1982. 113) a entendu mettre fin aux tutelles exercées par l'État sur les décisions clés des collectivités
territoriales. Mais la solution est sans doute moins simple. C'est pourquoi il convient de rappeler les solutions qui ont été
retenues par la jurisprudence avant la mise en application de la loi du 2 mars 1982, avant d'étudier la manière dont se pose
aujourd'hui le problème.

§ 1 - Solution avant la loi du 2 mars 1982


A. - Dommages causés aux administrés
8 . La responsabilité du fait de l'exercice des pouvoirs de tutelle sur les collectivités territoriales a tout d'abord été reconnue
en matière de dommages causés aux administrés.

9 . La jurisprudence en la matière a été précisée par des arrêts rendus en 1946 à l'occasion de l'affaire dite des « bons de
Bayonne » (CE, ass., 29 mars 1946, Caisse départementale d'assurances sociales de Meurthe-et-Moselle c/ État, Lebon 100).
Il résulte de ces arrêts que les personnes victimes de dommages causés par l'organisme sous tutelle peuvent utilement
soutenir que les agissements de cet organisme sont pour partie imputables à des fautes de l'autorité de tutelle engageant la
responsabilité de celle-ci. Mais il n'en est ainsi qu'en cas de faute lourde, car le Conseil d'État entendait non seulement tenir
compte de la difficulté d'exercer une tutelle efficace sans pour autant empiéter sur les prérogatives de la collectivité soumise à
tutelle, mais encore de la nécessité d'une faute suffisamment caractérisée pour être bien différenciée de celle de la collectivité
(V. LEFAS, concl. RD publ. 1946. 490. - BÉNOIT, La responsabilité de la puissance publique du fait de la tutelle administrative,
RPDA 1955. 1978. - V. égal. CE 24 juin 1959, Hamon, D. 1959. 387, note F. M., et 20 juin 1973, Cne de Châteauneuf-sur-Loire,
AJDA 1973. 545, concl. Rougevin-Baville). Cette règle trouvait son complément dans celle applicable aux actes émanant des
autorités de tutelle.

10. Ou bien ces actes pouvaient être regardés comme accomplis pour le compte de la collectivité sous tutelle et engageaient
dès lors la responsabilité de celle-ci, qui disposait toutefois d'une action récursoire contre la collectivité tutrice en cas de faute
lourde de cette dernière (CE, ass., 1 er juin 1956, Ville de Nîmes c/ Pabion, Lebon 218 ; RPDA 1956. 121, concl. Laurent) : actes
relatifs à la situation administrative de certains agents communaux et rattachés exceptionnellement par la loi à la compétence
directe de l'autorité de tutelle, tels que la révocation, par le préfet, d'un garde-champêtre ou d'un brigadier de police (CE
5 déc. 1934, Goudrin, Lebon T. 1354 ) ; actes accomplis par l'autorité de tutelle par substitution à la collectivité sous tutelle
normalement compétente pour les prendre mais défaillante (CE, ass., 24 juin 1949, Cne de Saint-Servan, Lebon 310. - 12 juill.
1955, Cne de Marcillé-Robert, Lebon T. 804 ), ou, d'une manière générale, intervention de l'autorité de tutelle dans
l'accomplissement de missions relevant de la compétence de la collectivité sous tutelle (CE 17 juin 1953, Ville de Rueil,
Lebon 295. - CE 13 juin 1956, Cie d'assurances l'Indépendance, Lebon T. 755 . - CE 15 juill. 1957, Ville de Strasbourg,
Lebon 487). Ou bien il s'agissait de l'exercice d'une prérogative propre à l'autorité de tutelle et relevant de sa seule
compétence, et de tels actes engageaient la responsabilité de la collectivité tutrice (CE 27 avr. 1923, Cts de Fallois,
Lebon 367. - CE 8 juin 1949, Ville de Paris, Lebon 273).

B. - Dommages causés à la collectivité sous tutelle


11. Le principe de la responsabilité de l'autorité de tutelle a été ensuite étendu aux dommages causés à la collectivité sous
tutelle.

1 2 . Le principe de la responsabilité de l'autorité de tutelle, assorti de l'exigence d'une faute qualifiée, a été étendu aux
dommages causés à la collectivité sous tutelle. La faute imputée à l'autorité tutrice se caractérisait alors moins par sa gravité
propre que par l'existence de circonstances contribuant à dégager la responsabilité de la collectivité sous tutelle. Ainsi, dans
une affaire où la commune demandait réparation du préjudice résultant du détournement de fonds communaux par un
receveur municipal, le Conseil d'État a relevé que, lorsque l'assujettissement d'un fonctionnaire municipal à l'autorité de l'État
avait pour effet d'entraîner une véritable participation de ces agents à la gestion de la recette municipale, les actes ou
abstentions desdits agents pouvaient engager la responsabilité de l'État à l'égard de la commune (CE, ass., 27 déc. 1948,
Cne de Champigny-sur-Marne, Lebon 493 ; D. 1949. 408, concl. Guionin).

13. Mais il s'était en revanche refusé à considérer comme des fautes lourdes : le fait, pour un commissaire de la République et
un préfet, de ne pas empêcher le comité local de libération d'ordonner, en dehors de toute procédure légale, la démolition
d'un groupe d'immeubles (CE, sect., 6 mars 1953, Ville de Béziers, Lebon 119) ; le fait, pour un préfet, de faire obstacle à
l'augmentation des impôts municipaux et de laisser espérer l'attribution, par l'État, d'une subvention destinée à permettre
d'équilibrer le budget de la commune (CE 1 er déc. 1954, Ville de Rambouillet, Lebon 632) ; le fait, pour un préfet, de ne pas
procéder d'office, comme l'ordonnance du 29 novembre 1944 (JO 2 déc.) sur la réintégration de certains fonctionnaires lui en
donnait la mission, à la réintégration d'un secrétaire de mairie (CE, sect., 5 déc. 1958, Cne de Dourgne c/ Gaubert, Lebon 606,
concl. Guldner ; AJDA 1959. 1. 31 et 40, chron. Combarnous et Galabert).

§ 2 - Depuis la loi du 2 mars 1982


14. La loi du 2 mars 1982 (préc. supra, n o 6) n'a pas supprimé tous les mécanismes de tutelle de l'État sur les décisions des
collectivités territoriales. Elle a en effet maintenu, au bénéfice des préfets, les pouvoirs de substitution en matière de police
dont disposait le préfet et qui s'analysent très clairement comme des pouvoirs de tutelle.

15. Traditionnellement, la jurisprudence n'a pas reconnu la responsabilité de l'État du fait de l'exercice de ces pouvoirs (CE
10 déc. 1962, Bouali-Salah, Lebon 674. - CE 7 avr. 1967, Cne de la Roque-Gageac, Lebon 930 ; RD publ. 1967. 1047), eu
égard d'ailleurs à la spécificité de la matière. Mais ces pouvoirs demeurant, il y a encore, le cas échéant, matière à
jurisprudence en ce domaine.

A. - Mécanismes spécifiques de contrôle


1 6 . Les mécanismes du contrôle administratif, qui se sont substitués aux pouvoirs de tutelle, posent le problème d'une
éventuelle reconnaissance de la responsabilité de l'État dans leur exercice, du fait des pouvoirs particuliers dont disposent les
préfets dans leur mise en oeuvre. La question se pose encore pour les mécanismes spécifiques de contrôle budgétaire, qui
sont des mécanismes présentant encore de nombreux caractères proches de l'ancienne tutelle budgétaire, et qui confèrent
de réels pouvoirs de réformation au bénéfice du préfet. La jurisprudence (évoquée à propos de la participation des communes
au fonctionnement des écoles privées sous contrat, et du refus des préfets de procéder à l'inscription d'office de ces
participations en dépit des avis rendus par les chambres régionales des comptes), reconnaît la responsabilité de l'État en la
matière (CE 21 nov. 1986, Assoc. de gestion de Notre-Dame de Verneuil, Lebon T. 701 . - CE 29 avr. 1987, Min. Intérieur et
décentralisation et min. Éducation nationale c/ École N.-D. de Kernitron, Lebon 161 ; RFDA 1987. 989, concl. Roux ; D. 1988.
Somm. 57, obs. Moderne et Bon. - CE 26 juin 1987, Min. Intérieur et décentralisation et min. Éducation nationale c/ Organisme
de gestion de l'école catholique « La providence » à Saint-Brieuc, AJDA 1988. 47, note B. Toulemonde. - CE 18 janv. 1989, req
n o 76177, Min. Éducation nationale c/ Assoc. catholique nogentaise d'éducation et d'enseignement). Mais en principe, la
responsabilité de l'État est reconnue sur le fonctionnement pour faute lourde, ce qui correspond à une solution traditionnelle.

Actualité
1 6 . Responsabilité de l'État en matière d'affectation des maîtres du privé. - Le préjudice subi par un enseignant d'un
établissement d'enseignement privé sous contrat à raison des conditions dans lesquelles il est procédé à son affectation au
sein de l'établissement est susceptible d'engager la responsabilité de l'État (CE 30 déc. 2013, Jaudon, req. n o 347047 ,
AJDA 2014. 6, obs. Poupeau ).
17. Ces jurisprudences visent également des déséquilibres budgétaires que l'État, défaillant dans sa mission de contrôle, n'a
pu détecter (TA Orléans, 26 juin 2008, req. n o 0302905, SYMIRIS, inédit). Jurisprudence confirmée par le Conseil d'État à
propos d'une commune (CE 16 juill. 2010, req. n o 314779 , Sté La Routière Guyanaise. - CE 16 juill. 2010, req. n o 314781
, Sté SODECA).

18. Cependant, tout en admettant l'exigence d'une faute lourde, le Conseil d'État a été admis à considérer que l'illégalité de
la décision refusant l'inscription d'office pouvait par elle-même constituer une faute lourde (CE 18 janv. 1989, Min. Éducation
nationale c/ Assoc. catholique nogentaise d'éducation et d'enseignement, préc.). Certains en ont tiré la conclusion qu'en ce
domaine, l'exigence de la faute lourde était un peu artificielle, si l'on en venait à considérer que toute illégalité était de nature
à constituer une faute lourde.

19. Mais désormais, dans la logique d'une évolution générale qui conduit à reconnaître davantage la responsabilité sur le seul
fondement de la faute simple, une évolution se fait jour. Les communes membres de syndicat intercommunal à vocations
multiples du Nebbio (Haute-Corse), appelées à couvrir le passif résultant de la déconfiture de ce syndicat provoquée par
l'échec d'un projet d'aménagement aussi ambitieux que hasardeux, ont répondu à la mesure d'inscription d'office à leur
budget respectif de la quote-part du déficit leur incombant respectivement, par une requête collective enregistrée au greffe du
tribunal administratif de Bastia, le 15 novembre 1995, tendant à la condamnation de l'État à concurrence des sommes dont
elles étaient débitrices, alléguant la carence des services de la préfecture de la Haute-Corse dans le contrôle des actes de
l'exécutif syndical à l'origine de la « faillite » de cet organisme. Le tribunal administratif de Bastia a, sur le fondement de la
faute simple, admis la responsabilité de l'État (TA Bastia, 3 juill. 1997, Cne de Saint-Florent c/ Préfet de la Haute-Corse, LPA
1998, n o 6, p. 36, note Homont). Il y avait d'ailleurs une certaine logique à ce que, face à l'évolution générale du régime de
responsabilité de la puissance publique, caractérisée par un renforcement général de la responsabilité, on passe de l'exigence
de la faute lourde à celle de la faute simple.
2 0 . Cette évolution en faveur de la reconnaissance de la faute simple n'a pas été suivie par le Conseil d'État. Celui-ci a
confirmé que les carences dans l'exercice du contrôle de légalité des actes des collectivités territoriales n'étaient susceptibles
d'engager la responsabilité de l'État que si elles étaient constitutives d'une faute lourde (CE 6 oct. 2000, req. n o 205959 ,
Cne de Saint-Florent, Lebon T. 395 ; Juris-Data n o 2001-15002 ; Collectivités intercommunalités 2000, chron. n o 11, concl.
Touvet ; AJDA 2001. 201, note Cliquennois. - CE 21 juin 2000, req. n o 202058 , Min. Équipement, transports et logement
c/ Cne de Roquebrune-Cap-Martin, Lebon 236 ; Juris-Data n o 2000-060633 ; RD publ. 2000. 1257, concl. Touvet ; RFDA
2000. 1096, chron. Bon ).

21. À l'inverse du contrôle budgétaire, la seule illégalité ne constitue pas un élément susceptible de faire reconnaître une
faute lourde (CE 21 juin 2000, req. n o 202058 , Min. Équipement, transports et logement c/ Cne de Roquebrune-Cap-Martin,
préc. supra, n o 20). Le Conseil d'État considère généralement que le fait de ne pas déférer un acte, fut-il entaché d'illégalité,
n'est pas constitutif d'une faute lourde susceptible d'engager la responsabilité de l'État (CE 30 mars 2011, req. n o 328972 ,
Ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des Collectivités locales). Par contre, le caractère aisément décelable des illégalités de
décision constitue un élément d'appréciation en faveur de la faute lourde, de même que la gravité des conséquences de la
décision illégale (CE 6 oct. 2000, req. n o 205959 , Cne de Saint-Florent, préc. supra, n o 20).

22. Les pouvoirs dont dispose le préfet, en vertu de la loi du 16 juillet 1980 de mise en demeure et de substitution, pour
contraindre une collectivité locale au paiement des condamnations pécuniaires prononcées à son encontre nécessitent une
faute lourde. Dans un premier temps, le juge avait semblé admettre qu'une faute simple serait suffisante (CE 10 nov. 1999,
req. n o 181538 , Sté de gestion du port de Campoloro et Sté fermière de Campoloro, Lebon 348 ; Juris-Data n o 1999-
051614 ; RFDA 2002. 1096, note Bon ). Mais il est revenu sur cette jurisprudence, en continuant d'exiger une faute lourde,
tout en admettant une possibilité d'indemnisation du fait du caractère anormal et spécial du préjudice subi (CE 18 nov. 2005,
req. n o 271898 , Sté Fermière de Campoloro et Sté de gestion du port de Campoloro).

2 3 . La carence dans l'exercice des pouvoirs préfectoraux de mandatement d'office des sommes dues par une association
foncière urbaine peut donner lieu à condamnation par la voie du référé provision (TA Bordeaux, 10 oct. 2008, req. n o 0803131,
SCP d'Avocats RMRB c/ Préfet de la Gironde).

24. En principe, en cas de dommage, c'est le patrimoine de l'établissement public responsable de l'activité incriminée qui doit
être mis en cause (CE, ass., 1 er avr. 1938, Sté de l'Hôtel d'Albe, Lebon 341. - CAA Nancy, 30 janv. 1990, req. n o 89NC00718,
Office national des forêts, Lebon 411 ). Mais si les conséquences dommageables du mauvais fonctionnement de
l'établissement ont été aggravées par la carence de l'État dans l'exercice de ses pouvoirs de tutelle, sa responsabilité peut
être recherchée (CE 29 oct. 1975, CPAM du Havre et Layer, Lebon T. 1258 et 1308. - Comp. CE 9 juin 1978, Vancoille,
Chabance et Butavand, Lebon 242).

2 5 . En matière de police, le préfet dispose d'un pouvoir de substitution, visé par l'article L. 2251-1 du code général des
collectivités territoriales. La jurisprudence admet la responsabilité pour carence de l'État sur le fondement de la faute lourde
(CE, sect., 5 déc. 1958, Cne de Dourgne, Lebon 606, concl. Guldner ; RD publ. 1959. 950, note Waline. - CAA Versailles, 19 mai
2005, Min. Intérieur, req. n o 02VE00421. - CE 25 juill. 2007, req. n o 283000 , Sté France Télécom, Sté AXA Corporate
solutions et assurances. - CE 25 juill. 2007, req. n o 293882 , Min. d'État, Min. Intérieur et Aménagement du Territoire, Lebon
T. 2007 ).

B. - Concours des services de l'État


2 6 . Les services de l'État apportent leur concours aux collectivités territoriales. C'est en particulier le cas des services
techniques, même si ces prestations tendent à se réduire.

27. Ces rapports se traduisent par la conclusion de contrats administratifs de louage d'ouvrage ou de prestation de services,
qui ne peuvent en bonne logique que permettre la mise en jeu de la responsabilité contractuelle de l'État (CE 2 oct. 1968, Min.
Équipement et logement c/ Cne de la Chapelle-Vieille-Forêt, Lebon 470 ; JCP 1969. II. 15809, note Moderne ; AJDA 1969. 482,
note Montmerle), sauf application fréquente de clauses de non-responsabilité (ces dernières sont désormais « nulles de
droit ». - L. fin. rect. n o 72-1147 du 23 déc. 1972, art. 16, D. 1973. 21). Mais la part que prennent les assistances dans le
fonctionnement des services publics pose le problème des cas spécifiques de responsabilité.

28. Les décisions jurisprudentielles les plus anciennes manifestaient une réticence certaine à engager la responsabilité de
l'État (CE 13 oct. 1961, Cts Minaud, Lebon T. 1174. - CE 27 oct. 1971, Blasini, Gour et Cristofari, Lebon 639), sauf dans le cas
où l'administration centrale refuse de subventionner une opération de construction scolaire qu'elle avait initialement incité la
commune à entreprendre (CE 5 avr. 1974, Min. Éducation nationale c/ Cne d'Onnaing, Lebon 217 ; AJDA 1974. 608). Les arrêts
mentionnent la nécessité, pour que soit engagée la responsabilité de l'État, d'une faute d'une certaine gravité ou d'un
agissement, imputable à un agent de l'État, qui aurait refusé ou négligé d'exécuter un ordre du maire (CE 13 nov. 1981, Min.
Agriculture c/ Aranaud, Lebon T. 955 ; RD publ. 1982. 1441. - CE 11 juill. 1984, Min. urbanisme et logement c/ Cne de
Vaucresson, Lebon T. 739).

29. La jurisprudence semble traduire une certaine évolution, en ce que désormais la responsabilité de l'État ne paraît plus
limitée au seul cas où les agents de l'État auraient refusé ou négligé d'exécuter un ordre du maître de l'ouvrage (CAA
Bordeaux, 27 févr. 1992, req. n os 89BX01230 et 89BX01607, Cne de Tonneins, Lebon T. 1119 et 1357 ; RFDA 1993. 1135,
concl. De Malafosse . - V. aussi, CAA Nancy, 24 juin 1993, req. n o 92NC00220, Min. Équipement c/ Office municipal d'HLM de
Fourmies). Cette responsabilité se trouve désormais engagée en cas de mauvaise exécution de la convention, quand bien
même les travaux seraient exécutés sous l'autorité de la collectivité locale (CE 14 mars 1997, req. n os 132560 et 132960,
Hôpital départemental Petit Pré, Lebon 8 ; AJDA 1997. 899, note Rolin ). Mais le juge administratif continue d'exiger que
les services de l'État, mis à disposition, aient refusé ou négligé d'exécuter un ordre ou une instruction du maître de l'ouvrage
(CE 27 oct. 2008, req. n o 297432 , Cne Poilly-Les-Gien, Lebon 2008 ).

3 0 . La jurisprudence s'appuie désormais sur l'application des dispositions des articles L. 422-8 et R. 422-5 du code de
l'urbanisme aux termes desquels :

« Lorsque la commune comprend moins de 10 000 habitants ou lorsque l'établissement public de coopération intercommunale
compétent groupe des communes dont la population totale est inférieure à 20 000 habitants, le maire ou le président de
l'établissement public compétent peut disposer gratuitement des services déconcentrés de l'État pour l'étude technique de
celles des demandes de permis ou des déclarations préalables qui lui paraissent justifier l'assistance technique de ces
services. Pendant la durée de cette mise à disposition, les services et les personnels agissent en concertation avec le maire
ou le président de l'établissement public qui leur adresse toutes instructions nécessaires pour l'exécution des tâches qu'il leur
confie. En outre, une assistance juridique et technique ponctuelle peut être gratuitement apportée par les services
déconcentrés de l'État, pour l'instruction des demandes de permis, à toutes les communes et établissements publics de
coopération intercommunale compétents ».

« Lorsque le conseil municipal ou l'organe délibérant de l'établissement public de coopération intercommunale compétent
décide, en application de l'article L. 422-8, de confier aux services de l'État l'instruction de tout ou partie des déclarations
préalables ou des demandes de permis, une convention précise les conditions et délais de transmission et d'instruction des
dossiers, les obligations réciproques des parties en matière de classement, d'archivage des dossiers et d'établissement des
statistiques ».

Actualité
30. Compétence des communes en matière de délivrance des autorisations d'urbanisme. Loi ALUR. - La loi du 24 mars 2014 pour
l'accès au logement et un urbanisme rénové (loi ALUR) remplace, à la première phrase du premier alinéa de l'article L. 422-8
du code de l'urbanisme, les mots : « ou lorsque l'établissement public de coopération intercommunale compétent groupe des
communes dont la population totale est inférieure à 20 000 » par les mots : « et ne fait pas partie d'un établissement public
de coopération intercommunale regroupant 10 000 habitants ou plus, ou lorsque l'établissement public de coopération
intercommunale compétent regroupe des communes dont la population totale est inférieure à 10 000 ». Le premier alinéa de
l'article L. 422-8 du code de l'urbanisme ainsi rédigé entre en vigueur à compter du 1 er juillet 2015. Toutefois, lorsque les
seuils mentionnés au même premier alinéa sont dépassés en raison de la création, après le 1 er juillet 2015, d'un nouvel
établissement de coopération intercommunale de 10 000 habitants ou plus, la mise à disposition ne peut pas prendre fin
avant un délai d'un an à compter de la création de cet établissement. Une convention entre l'État et la collectivité territoriale
définit l'étendue et les modalités de cette mise à disposition des services déconcentrés de l'État. Pour les collectivités qui sont
tenues de mettre fin au recours à la mise à disposition des services de l'État, une convention de transition peut être établie
pour définir les modalités d'accompagnement de l'État (L. n o 2014-366 du 24 mars 2014, art. 134-II et III, JO 26 mars).
31. Dans le dernier état de la jurisprudence, le Conseil d'État considère que la responsabilité de l'État ne peut être engagée
qu'en cas de refus ou de négligence d'exécuter un ordre ou une instruction du maire :

« que n'ont en revanche pas ce caractère les conventions de mise à disposition des services de l'État prévues par les
dispositions spécifiques des articles précités L. 421-2-6 et R. 490-2 du code de l'urbanisme, qui sont conclues à titre gratuit et
sont de droit lorsque les communes le demandent ; que les services de l'État mis à disposition agissant dans le cadre de ces
conventions en concertation permanente avec le maire, qui leur adresse toutes instructions nécessaires pour l'exécution des
tâches qui leur sont confiées, en vue de l'exercice de compétences d'instruction et de décision qu'il conserve, la responsabilité
de l'État ne peut être engagée à ce titre qu'en cas de refus ou de négligence d'exécuter un ordre ou une instruction du
maire » (CE 27 oct. 2008, req. n o 297432 ).

32. Dans une seconde hypothèse, le concours des services de l'État est facultatif et onéreux, mis en place dans le cadre d'une
convention.

Assez classiquement, les services déconcentrés se trouvent dans une situation similaire à n'importe quel prestataire privé, de
sorte que la responsabilité de l'État peut être engagée dans le cadre du régime de la responsabilité contractuelle de droit commun.

Et, s'agissant de travaux, les services de l'État sont considérés comme étant locateur d'ouvrage, soumis aux principes dont
s'inspirent les dispositions des articles 1792 et suivants du code civil.

33. Dès lors, le Conseil d'État estime que les conventions conclues à titre onéreux et en dehors de toute obligation entre
l'État et les collectivités territoriales pour confier aux services déconcentrés de l'État des travaux d'études, de direction et de
surveillance de projets de ces collectivités sont des contrats de louage d'ouvrage dont l'inexécution ou la mauvaise exécution
est susceptible d'engager la responsabilité de l'État dans les conditions de droit commun (CE 13 févr. 2012, req. n o 330122
).

3 4 . En matière de services financiers, la jurisprudence ancienne avait tendance à rejeter les recours des tiers ou des
collectivités locales, les fautes imputées aux agents de l'État étant soit inexistantes, soit peu caractérisées (CE 5 nov. 1948,
Boujassy, Lebon 418. - CE 18 déc. 1963, Ville de Delle, Lebon 639).

35. Lorsqu'il s'agit des services fiscaux, c'est la faute lourde qui est en principe exigée (CE, sect., 7 févr. 1986, Cne de Tallard,
Lebon 36. - CE, sect., 13 mai 1991, req. n o 79933 , Cne de Garges-lès-Gonesse, Lebon 178 ), sauf lorsque les tâches
assumées par les agents de l'État ne présentent aucune difficulté particulière (CE 26 mars 1990, req. n o 71826 , Cne de
Villeneuve-le-Roi, Lebon 78 ).

Art. 2 - Contrôle sur les établissements publics


36. On peut distinguer trois catégories d'établissements publics.
3 7 . Les établissements publics nationaux. - Rattachés à l'État, ils sont également soumis à sa tutelle : logiquement, les
dommages causés par les actes de tutelle engagent la responsabilité de l'État.

3 8 . Les établissements publics locaux. - Les établissements publics locaux sont rattachés à une collectivité territoriale. Les
règles de contrôle qui leur étaient applicables étaient équivalentes à celles appliquées aux actes sur les collectivités
territoriales. Depuis la loi du 2 mars 1982, la suppression des tutelles a également bénéficié aux établissements publics
locaux, les règles qui s'y appliquent demeurant identiques à celles applicables aux collectivités territoriales. Une exception
cependant, les établissements publics à caractère sanitaire et social (V. infra, n os 35 s.).

39. Les établissements publics dits autonomes (notion contestable au demeurant). - Ces établissements publics sont soumis à la
tutelle de l'État. Ils justifient un contentieux particulier au plan de la responsabilité (V. DOUENCE, Le rattachement des
établissements publics à une collectivité territoriale, AJDA 1971. 4).

§ 1 - Établissements publics à caractère sanitaire et social


40. Les établissements publics à caractère sanitaire et social constituent des établissements publics locaux, généralement
communaux, plus rarement intercommunaux ou départementaux. Les différentes réformes qui sont intervenues (1958, 1970,
1975) n'ont pas modifié cette situation (CE, sect., 14 mai 1971, Fasquelle et a., Lebon 360). Il en est de même de la loi n o 83-
663 du 22 juillet 1983 (D. 1983. 392, rect. 476) relative aux transferts de compétences entre l'État, les régions, les
départements et les communes, qui a organisé un important transfert de compétences en matière d'action sanitaire et sociale
au profit du département. La qualification d'établissement public correspond, au plan de la réalité des relations, à une fiction.

41. La loi du 2 mars 1982 a explicitement exclu les établissements publics à caractère sanitaire et social du bénéfice de la
suppression de la tutelle, qu'elle organise par ailleurs au bénéfice des collectivités territoriales et de leurs établissements
publics. La tutelle sur ces établissements a donc continué d'être exercée selon des règles antérieures. La loi du 22 juillet 1983
précitée a, pour sa part, donné aux départements un certain nombre d'attributions vis-à-vis des établissements à caractère
social, le président du conseil général étant désormais compétent, en règle générale, pour autoriser les créations, extensions
et suppressions dans le domaine social, et pour fixer les prix de journée correspondants. Mais les autres actes de tutelle
proprement dits, c'est-à-dire le contrôle quotidien des actes des organes de direction des établissements publics en cause,
demeurent exercés par le préfet.

42. C'est dans ce contexte - transfert au président du conseil général des autorisations et décisions fondamentales pour la
gestion des établissements - que s'exerce la tutelle sur des établissements publics à caractère sanitaire et social.
L'application de ces mécanismes de tutelle a déjà suscité un contentieux de la responsabilité, notamment en matière
d'établissements publics d'hospitalisation (V. Hôpitaux [Responsabilité des serv ices hospitaliers]). Lorsque l'État est
investi d'un pouvoir de nomination d'agents de ces établissements, seule sa responsabilité peut être engagée (CE, sect.,
20 déc. 1963, Dame Bouvot-Chevrier et Centre hospitalier régional de Bordeaux, Lebon 644, concl. Ordonneau ; AJDA 1964.
40 et 20, chron. Fourré et Puybasset).

43. Pendant longtemps, le Conseil d'État a hésité entre deux possibilités quant à la détermination de la personne publique
responsable en cas de dommages causés par des actes de tutelle du préfet : ou bien le préfet est censé agir au nom de
l'établissement public hospitalier, en mettant en oeuvre des pouvoirs de tutelle par substitution ; dans ce cas, l'obligation à la
dette ne peut incomber qu'à l'hôpital ; ou bien le préfet est considéré comme usant de ses « pouvoirs propres », au nom de
l'État et dans un but d'intérêt général ; dans ce cas, seule la responsabilité de l'État est engagée et les conclusions dirigées
contre l'établissement hospitalier doivent être rejetées.

44. Par deux arrêts de section du 20 décembre 1963 (Dame Bouvot-Chevrier, Lebon 644, concl. Ordonneau ; AJDA 1964. 40 et
20, chron. Fourré et Puybasset), le Conseil d'État a opté finalement pour la seconde solution. « Considérant que la procédure
de nomination des médecins, chirurgiens, pharmaciens et spécialistes ci-dessus définie a été instituée non en vue de faire
exercer, exceptionnellement, par des fonctionnaires de l'État, agissant au nom et pour le compte de l'établissement public
hospitalier, une attribution relevant normalement de la compétence de la commission administrative, mais en vue de
transférer définitivement, dans l'intérêt général, ladite attribution aux fonctionnaires susmentionnés, agissant au nom et pour
le compte de l'État ; qu'il suit de là que les fautes de service que le préfet commettrait soit en faisant soit en s'abstenant de
faire usage des pouvoirs qui lui sont conférés par la disposition ci-dessus rappelée, ne sont susceptibles d'engager, à l'égard
des intéressés, que la responsabilité de l'État ».

45. Ce choix a été confirmé depuis lors (nomination d'un directeur économe, CE 2 juin 1965, Gandon, Lebon T. 1058 . - Refus
de nomination d'un médecin, V. CE 21 avr. 1972, Campagne c/ État et hôpital de Thonon-les-Bains, Lebon T. 1227 ). Par une
décision du 27 juillet 1979 (Dame veuve Triolle, Lebon T. 873), le Conseil d'État a jugé que l'autorité de tutelle ne pouvait pas
apprécier le bien-fondé d'une délibération du conseil d'administration de l'Assistance publique à Marseille, prolongeant dans
ses fonctions un agent atteint par la limite d'âge, indépendamment des mesures de réorganisation du service prises
respectivement cinq mois et un an plus tard. Le retard mis par l'autorité de tutelle pour approuver la délibération initiale n'a
donc pas constitué une faute lourde. Pareillement, l'autorité de tutelle a pu légalement décider que cette prolongation de
fonctions s'analysait en un « intérim », et tirer les conséquences financières de cette qualification.

46. Cette reconnaissance du principe de responsabilité de l'autorité de tutelle ne peut être dissociée de la tendance à une
prise en charge croissante, par l'État, des problèmes de santé publique (tendance corrigée par l'intervention du département
en matière d'action sociale, conformément à la loi du 22 juill. 1983, préc. supra, n o 36). De ce fait, il y a de moins en moins
d'identité entre les collectivités juridiquement responsables (collectivité de rattachement de l'établissement public sanitaire et
social) et celle qui l'est en fait (celle qui assure la gestion générale du service). Il en résulte d'ailleurs que le caractère
d'établissements publics locaux reconnu aux établissements publics à caractère sanitaire et social ne recouvre plus
aujourd'hui qu'une réalité formelle. L'absence de jurisprudence sur ce point ne permet pas de donner une réponse précise.
Sur le plan des principes, il est clair que les actes du président du conseil général, nouvellement compétent, ne peuvent
qu'engager la responsabilité du département. Encore faut-il que les décisions dont il s'agit (création, extension, suppression,
fixation du prix de journée) paraissent être de nature à engager la responsabilité de la puissance publique, ce qui est moins
certain.

4 7 . Le problème de la transfusion sanguine, a suscité une évolution jurisprudentielle intéressante. La faute lourde était
traditionnellement exigée (CE 9 avr. 1993, req. n o 138653 , M. D., Lebon 110 ).

48. En ce domaine, l'État a comme responsabilité de réglementer l'activité et de contrôler le fonctionnement des centres de
transfusion sanguine. Dans sa décision du 9 avril 1993 (M. D., préc. supra, n o 47) req. n o 138653 , Juris-Data n o 1993-
60331 ; Lebon 110, concl. Legal ; RFDA 1993. 583, concl. Legal ; AJDA 1993. 344, chron. Maugüé et Touvet ; JCP
1993. II. 22110, note Deboy ; Quot. jur. 15 juill. 1993, n o 56, p. 6, note Deguergue ; D. 1994. Somm. 63, note Bon et
Terneyre ), le Conseil d'État a en effet considéré que, eu égard à l'importance des compétences exercées par l'État sur le
fonctionnement des centres de transfusion sanguine, la responsabilité pouvait être engagée sur le terrain de la faute simple.
Cette solution a été ultérieurement confirmée (CE 22 juill. 1994, req. n o 146583 , Hamraie).

§ 2 - Établissements publics autonomes


4 9 . Les assemblées consulaires, les associations syndicales autorisées, les ordres professionnels forment les plus connus
parmi les établissements publics dits autonomes. Dans quelle mesure les actes de tutelle exercés par l'État, qu'il s'agisse de
son administration centrale ou de ses représentants territoriaux, sont-ils de nature à engager sa responsabilité ? Jusqu'à la
jurisprudence évoquée plus haut pour les collectivités territoriales, la réponse était négative. En cas de dommages subis par
des tiers et résultant du fonctionnement défectueux d'un établissement public, seule la responsabilité de ce dernier pouvait
être mise en cause à l'exclusion de celle de l'État (pour les associations syndicales de propriétaires, V. par ex. CE 22 nov.
1907, Épx Blanchon, S. 1910. 3. 15. - CE 7 mai 1918, Synd. de Courtine c/ Dame Barbeirassy, Lebon 431. - CE 6 janv. 1947,
Marcille, S. 1947. 3. 97, note Liet-Veaux. - Pour l'Office national du tourisme, V. CE, ass., 1 er avr. 1938, Sté de l'hôtel d'Albe et
a ., Lebon 341. - CE, ass., 12 juin 1987, Preyval, Lebon 210, ; LPA 9 oct. 1987, p. 121, p. 4, note Moderne ; D. 1988.
Somm. 164, obs. Moderne et Bon). Dans un arrêt du 29 octobre 2010, le Conseil d'État fait application de la jurisprudence
« Société fermière de Campoloro » (CE, sect., 18 nov. 2005, req. n o 271898 , AJDA 2006. 137 ) à l'obligation du préfet
d'intervenir pour obtenir le paiement par une association syndicale autorisée (ASA) d'une somme qu'elle a été condamnée à
verser. Le Conseil d'État reprend le principe posé par l'arrêt « Campoloro » selon lequel la responsabilité de l'État n'est
engagée, dans un tel cas, que pour faute lourde ou sans faute si le préjudice revêt un caractère grave et spécial. Et il conclut,
en l'espèce, à l'existence d'une faute lourde (CE 29 oct. 2010, Min. Alimentation, Agriculture et Pêche c/ Sté Sofunag
environnement, req. n o 338001 , AJDA 2010. 2077, obs. De Montecler ).

50. Depuis 1950, les décisions jurisprudentielles sont trop peu nombreuses pour qu'il soit possible de formuler des règles
générales applicables à tous les établissements publics autonomes. Mais il est certain que le juge administratif n'exclut pas a
priori la mise en cause de l'État si le dommage dont il est demandé réparation résulte directement d'une faute lourde commise
par l'autorité de tutelle. Dans une première affaire (CE 17 janv. 1962, Sté technique des appareils centrifuges industriels
[STACI], Lebon T. 899 et 1113), une association syndicale avait été condamnée par jugement à verser une indemnité à la
société requérante ; nonobstant l'appel, ce jugement était exécutoire par provision et la dette de l'association, liquide et
exigible ; pourtant, le préfet avait refusé de mettre en oeuvre ses pouvoirs de tutelle et d'inscrire d'office cette dette au
budget de l'association après mise en demeure. Le Conseil d'État, tout en constatant l'illégalité du refus opposé par le préfet
et tout en supposant que l'autorité de tutelle a ainsi commis une faute lourde, rejette le recours en responsabilité, la société
ne pouvant en l'espèce justifier d'aucun préjudice indemnisable. Dans une seconde affaire (CE 5 nov. 1969, Épx Choquet,
Lebon 468), les demandeurs entendaient obtenir réparation du préjudice que leur avait causé le refus d'une association
syndicale de remembrement de leur proposer un immeuble reconstruit et correspondant à leur créance de dommages de
guerre. Le Conseil d'État juge que cette carence n'a été rendue possible qu'en raison de la faute lourde commise en l'espèce
par l'État dans l'exercice de son pouvoir de tutelle, et condamne l'État et l'association syndicale de remembrement à réparer,
chacun pour moitié, le préjudice subi.

5 1 . Plus tard, le Conseil d'État a reconnu que la responsabilité de l'État pouvait être engagée du fait de la décision d'un
inspecteur d'académie répartissant autoritairement les élèves des classes préparatoires à l'apprentissage, privant ainsi une
chambre des métiers de recevoir les demandes d'inscription et les subventions correspondantes (CE, sect., 18 févr. 1981,
Chambre des métiers de la Charente-Maritime, Lebon T. 631, 757 et 764). Il se confirme de la jurisprudence que la mise en
cause de la responsabilité de l'État pour carence dans l'exercice de sa mission de tutelle sur les établissements publics
autonomes nécessite la mise en évidence d'une faute lourde (CE 1 er avr. 1992, req. n o 85015 , Sté Cicomap et Charbit ;
Lebon 146 ; Dr. adm. 1992, n o 261).

52. Le principe de l'exigence de la faute lourde est périodiquement rappelé (par ex., CE 10 janv. 2001, req. n o 208766 ,
Racinet). Parfois, avec quelques hésitations (TA Paris, 8 juill. 1997, Groupement des FCI Région Parisienne, Juris-Data
n o 1997-051491 ; Dr. adm. 1998. Comm. n o 220 : à propos du Centre national des bureaux de fret, qui a un statut
d'établissement public). Cependant, la faute d'une association syndicale autorisée peut également entraîner la responsabilité
de la commune, s'il s'avère qu'il y a eu carence dans l'exercice des pouvoirs de police du maire (CE 14 mai 2008, req.
n o 291440 , à propos des dégâts provoqués par la rupture d'une digue).

Art. 3 - Contrôle sur les organismes de droit privé


53. Il s'agit là d'un secteur présentant une grande variété. L'État (et les collectivités territoriales dans certains cas) dispose
de pouvoirs de contrôle sur une grande partie des organismes de droit privé. Ces pouvoirs de contrôle, exercés directement
ou indirectement, présentent des règles et des intensités très variables. Un certain nombre d'entre eux présentent des
caractères qui permettent de les qualifier de pouvoirs de tutelle. La reconnaissance de la responsabilité de l'État dans
l'exercice de ces pouvoirs obéit à des principes voisins de ceux qui ont été étudiés pour les collectivités territoriales et les
établissements publics, notamment au regard de l'exigence d'une faute lourde. On présentera ci-dessous quelques cas de
responsabilité, l'ensemble n'étant naturellement pas exhaustif.

§ 1 - Contrôle de l'État sur les caisses de sécurité sociale


54. À la différence des caisses nationales, les caisses primaires départementales et régionales de sécurité sociale ne sont pas
des établissements publics, mais des organismes privés chargés de la gestion d'un service public (CE, ass., 13 mai 1938,
Caisse primaire Aide et Protection et Fauvel, Lebon 417 ; DP 1939. 3. 65, concl. Latournerie, note Pepy ; RD publ. 1938. 830,
concl. Latournerie). Leur tutelle est assurée par les directions régionales des affaires sanitaires et sociales. Sur le
fonctionnement de ces organismes et sur leur équilibre financier, pèsent des tutelles multiples du ministère chargé de la
Sécurité sociale, des directeurs régionaux des affaires sanitaires et sociales et des préfets de région, dont tous les
observateurs ont critiqué la complexité et la lourdeur (en ce sens, DELARBRE et LAMBARDOT, Réflexions sur la tutelle
administrative, RF aff. soc. 1971. 19. - DOUBLET, Sécurité sociale, 5 e éd., 1972, coll. Thémis, PUF, p. 378 à 394. - DUPEYROUX,
Droit de la sécurité sociale, 9 e éd., 1996, Précis Dalloz, n os 291 à 299, p. 699 à 717. - MOITRIER, La tutelle sur les organismes
de sécurité sociale, Dr. soc. 1973. 186). Plusieurs décisions du juge administratif ont précisé les conditions auxquelles est
soumise la responsabilité de l'État à raison d'actes de tutelle.

55. Lorsque c'est l'intervention positive de l'autorité de tutelle qui est à l'origine du préjudice allégué, le Conseil d'État admet
l'existence d'une faute lourde engageant la responsabilité de l'État si le tuteur a méconnu la limite de ses pouvoirs et s'est
illégalement substitué à l'organe compétent (CE 10 juill. 1957, Min. Travail et directeur régional de la sécurité sociale de la
Gironde c/ Caisse primaire de sécurité sociale de la Gironde, Lebon 467). Mais toute illégalité n'est pas constitutive de faute
lourde (CE 27 oct. 1971, Markovitch, Lebon 640. - Comp. CE 23 févr. 1977, Verheyde, Lebon 112). Cependant, la
reconnaissance de la faute lourde n'est pas toujours facile, compte tenu de l'intensité des prérogatives et du mode
d'appréciation de l'autorité de tutelle (CAA Lyon, 27 déc. 1991, req. n o 91LY00721, Chateau, Lebon T. 1193 ). Lorsque, au
contraire, c'est la carence des autorités de tutelle à faire usage de leurs pouvoirs qui fonde le recours en indemnité, la
responsabilité de l'État tuteur n'a jamais été retenue, le juge administratif reconnaissant aux organes de tutelle un très large
pouvoir d'appréciation (CE 22 oct. 1954, Ganiayre, Lebon 551. - CE 26 févr. 1960, Saint-Chamarand, Lebon T. 1126 ). Une
solution identique est consacrée dans les rapports de tutelle entre l'État et les sociétés mutualistes (CE, sect., 26 juin 1970,
Bartoli, Lebon 442).

56. Dans un ordre voisin, la responsabilité de l'État a été reconnue dans le défaut de contrôle d'une mutuelle (CE 16 mars
2012, req. n o 342490 , UNMRIFEN-FP).

§ 2 - Contrôle des établissements financiers


57. Créée par la loi du 13 juin 1941 (DA 1941. 333, rect. 456), modifiée par la loi n o 45-015 du 2 décembre 1945 (D. 1945.
320) relative à la réglementation de la profession bancaire, la Commission de contrôle des banques exerçait une double
activité. D'une part, lui était reconnue une mission de caractère juridictionnel lorsqu'elle statuait sur les recours formés contre
les décisions du Conseil national du crédit refusant l'inscription sur la liste des banques de tel ou tel établissement financier, le
Conseil d'État est alors juge de cassation (V. par ex., CE 26 mai 1948, Numa James, Lebon 234), et les décisions de la
Commission de contrôle ne pouvaient faire l'objet d'un recours en indemnité à raison de l'irresponsabilité de principe, mais de
plus en plus contestée, qui couvre l'exercice de la fonction juridictionnelle. D'autre part, et comme sa dénomination officielle
l'indique, la Commission surveillait le fonctionnement des établissements bancaires ; à supposer que l'un d'entre eux tombe
en déconfiture, à quelles conditions les créanciers étaient-ils en droit d'imputer à l'État la responsabilité des dommages
subis ?

5 8 . Une jurisprudence très ferme subordonne l'indemnisation des préjudices allégués par les victimes, à la démonstration
d'une faute lourde (CE, sect., 12 févr. 1960, Kampmann, Lebon 107 ; AJDA 1960. 47, chron. Combarnous et Galabert. - 28 juin
1963, Bapst et a., Lebon 411 ; AJDA 1963. 499 et 465, chron. Gentot et Fourré ; Gaz. Pal. 1964. 1. 114. - CE, sect., 24 janv.
1964, Min. Finances et affaires économiques c/ Achard et a., Lebon 43 ; AJDA 1964. 187 et 158, chron. Fourré et Puybasset. -
13 juin 1964, d'André, Lebon 329 ; AJDA 1964. 645, note J. M. - 19 janv. 1966, Dlle de Waligorski et a., Lebon 40. - 20 févr.
1974, Allier, Lebon 129. - TA Paris, 10 juill. 1962, Ballot et a., Lebon 785. - TA Nice, 22 mai 1974, Puech, Lebon 705), et cette
exigence n'est pas de pure forme puisque, à une exception près (CE, sect., 24 janv. 1964, préc.), tous les recours en
indemnité ont été rejetés.

59. Trois arrêts de principe en date du 29 décembre 1978 (CE, ass., 29 déc. 1978, Darmont, Andréani et Puech, Lebon 542 ;
D. 1979. IR 155, obs. Moderne et 278, note Vasseur ; AJDA 1979. 45, note Lombard ; RD publ. 1979. 1742, note Auby)
apportent compléments et précisions au régime de la responsabilité de l'État à raison du financement de la Commission de
contrôle des banques. En ce qui concerne, d'une part, la mise en cause de l'État pour faute lourde alléguée contre la
Commission agissant dans l'exercice de ses fonctions juridictionnelles - sanctions trop légères prises contre la Banque de Nice
qui devait ultérieurement être mise en faillite - le Conseil d'État décide, tout d'abord, que la loi n o 72-626 du 5 juillet 1972
(D. 1972. 361) n'était pas applicable puisqu'elle ne vise que la responsabilité de l'État du fait du mauvais fonctionnement des
seules juridictions judiciaires. Il juge ensuite que si, en vertu des principes généraux régissant la responsabilité de la
puissance publique, la faute lourde commise dans l'exercice de la fonction juridictionnelle est de nature à ouvrir à la victime
droit à indemnisation, cette solution doit être conciliée avec l'autorité de chose jugée ; en conséquence, la responsabilité de
l'État ne sera pas engagée si la faute résulte du contenu même de la décision juridictionnelle ou si cette décision est définitive
- c'était le cas de l'espèce. D'autre part, et la solution consacrée par les arrêts précités est sur ce point fort classique, le
Conseil d'État refuse de retenir, à l'encontre de la Commission de contrôle, une faute lourde dans l'accomplissement de sa
mission administrative de surveillance. En l'espèce, la Commission avait fait procéder à cinq inspections entre 1947 et 1963 et,
avec les moyens d'investigation à sa disposition, il lui était possible de relever des irrégularités ne mettant pas en danger les
dépôts confiés à la Banque de Nice, mais non de déceler à temps les malversations d'un de ses dirigeants. La requête en
indemnité est donc rejetée.

60. Deux précisions nécessitent d'être apportées. Tout d'abord, les victimes, en tant que clients d'une banque tombée en
faillite, ne peuvent mettre en cause que la responsabilité de l'État, à l'exclusion tant du Conseil national du crédit que de la
Commission de contrôle des banques. En effet, ces deux organismes ne sont que des services de l'État, dépourvus de
personnalité juridique et ne possédant pas de patrimoine propre (en ce sens, V. CE, sect., 12 févr. 1960, Kampmann,
Lebon 107 ; AJDA 1960. 47, chron. Combarnous et Galabert). Ensuite, la réticence du juge administratif à admettre l'existence
de fautes lourdes mérite explication. Des motifs des décisions, il semble résulter que les compétences de contrôle de la
Commission sont tenues pour limitées par des textes précis et qu'au surplus, en présence d'irrégularités dans la gestion des
établissements bancaires (par exemple, insuffisance de liquidités ou affectation occasionnelle des fonds du public à des
opérations de crédit), la Commission ne soit obligée d'intervenir et de prendre des mesures énergiques que si les irrégularités
dont elle a connaissance lui paraissent de nature à compromettre la situation de l'établissement. Ces considérations
permettent de comprendre pourquoi n'ont pas été jugés constitutifs de fautes lourdes, des retards ou des mesures peu
coercitives.

61. Depuis la loi n o 84-46 du 24 janvier 1984, la Commission de contrôle des banques avait été remplacée par la Commission
bancaire. Désormais son rôle est joué par l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP), autorité administrative indépendante, sans
personnalité morale, qui surveille l'activité des banques et des assurances en France. Elle a été fondée en janvier 2010 par
l'ordonnance n o 2010-76, par fusion de la Commission bancaire, de l'Autorité de contrôle des assurances et des mutuelles
(ACAM), du comité des entreprises d'assurance et du comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement
(CECEI). Le Conseil d'État a rappelé l'exigence d'une faute lourde, bien que, dans cette affaire, la cour administrative d'appel
de Paris ait regardé la responsabilité de l'État sur le fondement de la seule faute simple (CE 30 nov. 2001, req. n o 219562 ,
Min Éco. Fin. c/ Kechichian et a., CJEG 2002, concl. Seban).

6 2 . Le droit communautaire est également appelé à s'intéresser à la responsabilité liée au défaut de contrôle sur les
organismes bancaires. Cependant, il admet que le droit national puisse exclure que les particuliers recherchent la
responsabilité de l'État du fait du mauvais contrôle des établissements bancaires, du moment qu'un système légal
d'indemnisation est prévu à leur profit (CJCE, ass. plén., 12 oct. 2004, aff. 222/02, Paul et a.).

§ 3 - Contrôle exercé sur les associations


63. Les associations sont des personnes morales de droit privé. Mais celles qui sont reconnues d'utilité publique font l'objet,
de la part des autorités administratives, de contrôles, très divers dans leurs objectifs comme dans leurs modalités. Au surplus,
le phénomène contemporain des « démembrements » de la puissance publique, justement dénoncé dans de célèbres
rapports de la Cour des comptes, manifeste les liens parfois très étroits qui relient certaines associations à des
administrations ou à des organismes soumis au droit public. En l'absence de textes à portée générale, les solutions
jurisprudentielles assez peu fournies correspondent à deux types d'hypothèses très différentes. Parfois, ce sont des
promoteurs d'associations qui se plaignent d'une attitude défavorable des autorités de contrôle qui leur avait causé préjudice.
Parfois, au contraire, ce sont des tiers qui imputent à la puissance publique des négligences dans le contrôle de groupements
dont les agissements leur ont été dommageables. Que la surveillance ait péché par « excès » ou par « défaut », le résultat
est identique puisque, dans tous les cas, c'est la responsabilité de l'Administration qui est mise en cause.

64. Dans un premier cas, le juge administratif ne semble pas exiger une faute lourde, mais il est peu enclin à admettre qu'en
exerçant leur contrôle sur le fonctionnement d'une association, les autorités administratives puissent engager la
responsabilité de l'État. Ainsi, dans l'affaire Association « Le Comité franco-américain du monument à la paix » et sieur
Bankow sky (CE 6 févr. 1952, Lebon 85), les requérants demandaient réparation du préjudice que leur auraient causé les
mises en garde faites au public par les ministres de l'Intérieur et de l'Éducation nationale contre les conditions dans lesquelles
le comité cherchait à obtenir des souscriptions, et les instructions adressées aux préfets et aux recteurs d'académie destinées
à faire obstacle au développement des souscriptions ouvertes par le comité. Le Conseil d'État a motivé sa décision de refus
en notant que, contrairement à ses allégations, le comité n'avait pas reçu l'appui des pouvoirs publics, qu'il s'était vu refuser
l'autorisation d'organiser une souscription nationale, et que, par conséquent, les ministres s'étaient bornés en l'espèce à faire
usage de leurs pouvoirs à des fins conformes aux intérêts généraux dont ils ont la charge. Dans le second cas, des tiers
reprochaient à la puissance publique de ne pas avoir exercé sur un groupement, la surveillance qu'il lui incombait d'assurer.

6 5 . Lorsque le préjudice allégué résulte d'un accident matériel, la responsabilité de l'Administration est assez facilement
retenue (V. par ex. CE 19 janv. 1944, Sté des Spath-Fluor du Midi, Lebon 21. - V. Cep., pour le service des Armées, J.-Cl. Adm.,
fasc. 715). Lorsque le préjudice allégué résulte, au contraire, de données juridiques, de difficultés financières de l'association,
d'erreurs commises par ses dirigeants, les problèmes de causalité deviennent beaucoup plus complexes, et la responsabilité
de l'Administration est rarement engagée. Ainsi, le Conseil d'État rejette-t-il le recours intenté contre l'État par les créanciers
d'une association, qui avait organisé une exposition à laquelle le chef de l'État avait accordé son patronage et le ministre des
Finances des subventions, puisque aucune faute de contrôle ne peut être retenue à la charge des autorités administratives
(CE 11 mai 1951, Niepce et a., Lebon 266). Pareillement, les malversations des dirigeants d'une société civile immobilière liée
à l'association coloniale pour le logement en métropole ne révèlent pas un défaut de contrôle du ministre des Armées de
nature à constituer une faute de service (CE, sect., 16 mars 1962, Toubhans et a., Lebon 183, concl. Bernard). Enfin, peut être
citée dans le même sens une espèce dans laquelle des fonctionnaires servant outre-mer prétendaient n'avoir pas obtenu de
l'Alliance israélite universelle les compensations financières auxquelles ils estimaient avoir droit et imputaient ces pertes à un
défaut de contrôle de l'État sur l'emploi des fonds alloués à cette association (CE 6 juill. 1973, Min. Finances et min. Affaires
étrangères c/ Gomel et a., Lebon 475) ; la requête est rejetée aux motifs que les fonds alloués n'avaient qu'une affectation
facultative et qu'en ne prenant pas de mesures de contrôle de l'emploi de cette subvention au profit des intéressés,
l'Administration n'a pu commettre « aucune faute lourde dans l'exercice de son pouvoir de tutelle ».

66. Cependant, dans une décision de décembre 2002, la cour administrative d'appel de Bordeaux s'est fondée sur la seule
faute simple pour condamner l'État à réparer des dommages résultant de l'activité d'une association chargée d'une mission de
service public, en l'occurrence des stages sportifs. Dans l'espèce, elle s'est fondée sur le caractère dangereux des activités
concernées qui appelaient une vigilance particulière dans l'exercice de la mission de contrôle (CAA Bordeaux, 19 déc. 2002,
req. n o 99BX01935, Sté mutuelle d'assurances des collectivités locales et d'associations, JCP A 2003. 1211, concl. Chemin).

6 7 . On peut également citer, en matière d'associations, la jurisprudence relative à l'absence de contrôle d'une collectivité
publique sur une association. Ainsi, la responsabilité de la personne publique peut-elle être engagée si elle trompe le public
en tolérant qu'une association de droit privé agisse comme si elle gérait un service public (CE 12 juill. 1955, Ville de Puteaux,
Lebon 424). En cas d'erreur de l'autorité de tutelle, le Conseil d'État exige la faute lourde (CAA Lyon, 28 nov. 1991, req.
n o 90LY00089, Min. Culture et Sté Productions Christian Juin, Lebon 588 ). Ces exemples de tutelle exercée sur les
organismes de droit privé ne constituent pas l'ensemble des cas susceptibles de mettre en jeu la responsabilité de l'État dans
l'exercice des pouvoirs de tutelle (ainsi, les organismes de droit privé participant à l'action sanitaire et sociale sont-ils soumis à
des règles comparables à celles auxquelles sont soumis les établissements publics à caractère sanitaire et social ; le
contentieux de la responsabilité pour exercice des pouvoirs de tutelle y est donc identique). Les autres cas obéissent aux
mêmes principes généraux, adaptés aux spécificités de la matière.

6 8 . La responsabilité peut également être engagée pour défaut de contrôle d'une association para-administrative, dite
transparente, c'est-à-dire une association qui n'a pas de réelle autonomie vis-à-vis de la collectivité. Ce critère est un critère
essentiel de la reconnaissance de la situation de comptable de fait.

6 9 . Cette responsabilité peut être appelée dans le cadre d'une action en comblement de passif. Traditionnellement, les
actions de ce type devaient être engagées devant la juridiction judiciaire. Mais depuis une décision du Tribunal des conflits de
1999 (T. confl. 15 nov. 1999, req. n o 03153 , Comité d'expansion de la Dordogne c/ Département de la Dordogne,
Lebon 992 ; AJDA 1999. 1042, chron. P. Fombeur et M. Guyomar ), les actions en comblement de passif dirigées contre
une personne publique gérant un service public administratif, que cette gestion soit de fait ou de droit, relèvent du juge
administratif.

7 0 . La responsabilité correspondante est désormais engagée sur le fondement de la faute simple (CE 5 déc. 2005, req.
n o 259748 , Département de la Dordogne, AJDA 2005. 2435 ; Juris-Data n o 2005-069364). Dans ce cas, le juge
administratif a considéré que l'association en question était une association transparente, faisant application des critères
mentionnés dans son rapport public pour l'année 2000 (les associations de la loi de 1901, cent ans après, EDCE n o 51,
p. 310).

§ 4 - Contrôle exercé par des autorités administratives indépendantes


7 1 . La période récente a vu la multiplication d'autorités administratives indépendantes (CSA, banque, communication
audiovisuelle, téléphonie). Ceci a posé la question du statut et de la place de ces autorités dans l'ordre juridique.

7 2 . Les juges administratif et constitutionnel ont, tout d'abord, confirmé l'appartenance à l'exécutif de ces autorités,
témoignant dans le même temps de ce que les pouvoirs de celles-ci ne peuvent être regardés comme empiétant sur ceux du
Parlement. Le Conseil d'État, par sa décision d'assemblée Retail du 10 juillet 1981, a ainsi affirmé le caractère d'« autorité
administrative » du Médiateur de la République. Le Conseil constitutionnel est allé dans le même sens dans ses décisions du
18 septembre 1986 et du 28 juillet 1989 relatives, respectivement, à la Commission nationale de la communication et des
libertés et à la Commission des opérations de bourse. Par la même occasion, les juges affirmaient également de manière
claire, du fait du rattachement des autorités administratives indépendantes à l'exécutif, la soumission de ces dernières à un
contrôle juridictionnel, en particulier dans l'exercice de leur pouvoir de sanction.

73. Le juge administratif a également consolidé l'indépendance de ces autorités. L'on peut évoquer, par exemple, la décision
d'assemblée du Conseil d'État du 7 juillet 1989, Ordonneau, par laquelle nous avons considéré que le Gouvernement ne peut
légalement mettre fin avant le terme de son mandat aux fonctions du président d'une autorité administrative indépendante
en raison de la survenance de sa limite d'âge dans son corps d'origine. Le Conseil d'État a ainsi donné toute sa portée au
principe d'irrévocabilité du mandat voulu par le législateur.

74. Les juges ont aussi précisé les conditions d'exercice des pouvoirs confiés aux autorités administratives indépendantes. Le
juge constitutionnel a ainsi validé la possibilité pour le législateur de leur conférer un pouvoir réglementaire - limité dans son
champ et sa portée - d'exécution des lois. Il a également confirmé le principe même de l'octroi à ces autorités d'un pouvoir de
sanction.

75. La question de la compétence juridictionnelle s'est posée. Dans un premier temps, la jurisprudence du Conseil d'État a
reconnu la responsabilité de l'État sur le fondement de la faute lourde pour les actes de la Commission des opérations de
Bourse [COB] (CE 22 juin 1984, Sté « Pierre et Cristal », Lebon T. 506 ; D. 1986. IR 25, obs. Moderne et Bon ; Rev. sociétés
1985. 634, note Daigre). Puis, après la loi n o 89-531 du 2 août 1989 (D. 1989. 264), le Conseil d'État a décliné sa compétence
(CE, sect., 6 juill. 1990, req. n os 62716, 77723 et 84309 , Cie diamantaire d'Anvers et Delcourt, Lebon 206 ; CJEG
1990. 380, concl. La Verpillière ; AJDA 1990. 907, note Richer ). Solution définitivement confirmée par le Tribunal des conflits
(T. confl. 22 juin 1992, req. n o 02671 , Mizon, Lebon 486 ). Ainsi si les décisions individuelles de l'AMF relèvent du juge
judiciaire, les actions tendant à la réparation des préjudices qu'aurait causés un fonctionnement défectueux des services de
l'Autorité des marchés financiers relèvent de la compétence du juge administratif (T. confl. 2 mai 2011, Sté Europe finance et
industrie, req. n o 3766 , AJDA 2011. 932 ).

76. Mais d'autres autorités administratives relèvent, en principe, de la compétence du juge administratif (banque, assurances,
communication audiovisuelle, téléphonie). Pour le Conseil des bourses de valeur, la question n'est pas définitivement tranchée
(CE, ass., 1 er mars 1991, Le Cun et Sté des bourses françaises, req. n o 112820, Lebon 70 ; AJDA 1991. 358, chron.
Schw artz et Maugüé ; RFDA 1991. 612, concl. Saint-Pulgent ; 633, obs. Buisson ).

7 7 . Il est certain que la multiplication d'autorités administratives indépendantes crée un nouveau champ potentiel de
responsabilité de l'État ou des autorités administratives indépendantes elles-mêmes lorsqu'elles disposent de la personnalité
morale, ce qui est le cas de l'Autorité des marchés financiers, d'Hadopi ou de l'Autorité de régulation des activités ferroviaires
(ARAF) qui est une autorité publique indépendante créée par la loi n o 2009-1503 du 8 décembre 2009, afin de « concourir au
bon fonctionnement du service public et des activités concurrentielles de transport ferroviaire, au bénéfice des usagers et
clients des services de transport ferroviaire ».

78. Pour les autorités administratives indépendantes, le juge administratif pose le principe de l'exigence d'une faute lourde.
Ce principe a été posé au sujet de la Commission des opérations de Bourse, dans une décision Société Pierre et Cristal du
22 juin 1984 (Lebon T. 506 ; D. 1986. IR 25 ; Rev. sociétés 1985. 624, note Degre). C'est la même solution qui est utilisée
pour la Commission bancaire (CAA Paris, 19 déc. 1995, req. n os 93PA01250 et 93PA01251, Kechchian et a., Lebon T. 671 ,
Juris-Data n o 995-049047 ; Dr. adm. 1996. Comm. n o 113). Elle a également été retenue pour la Commission des
établissements de crédit (CAA Paris, 19 déc. 1995, Éditions Sorman, Vie Publique et Lettre du Maire Rural, req. n o 93PA00991,
préc.).

79. Certaines juridictions cherchent cependant à engager la responsabilité de l'État en matière de contrôle par des autorités
administratives indépendantes, sur le fondement de la faute simple (à propos de l'activité de la Commission bancaire, CAA
Paris, 30 mars 1999, req. n o 96PA04386, El Shikh, Juris-Data n o 2000-114995 ; Lebon T. 505 ; JCP 2000. II. 10276, concl.
Heers ; AJDA 1999. 883, chron. Benoît, Berthoud et a .). Cependant, le Conseil d'État a été amené à réaffirmer le principe
de la faute lourde, eu égard à la nature des pouvoirs dévolus aux autorités administratives indépendantes (CE, ass., 30 nov.
2001, req. n o 219562 , Min. Économie et Finances c/ Kechichian, Juris-Data n o 2001-063085 ; CJEG 2002. 380, concl. Seban,
Dr. adm. 2002. Comm. n o 58 ; AJDA 2002. 133, chron. Guyomar et Collin ), une solution identique ayant été retenue pour la
Commission de contrôle des assurances (CE 18 févr. 2002, req. n o 214179 , Groupe Norbert Dentressangle, Juris-Data
n o 2002-064092). De plus le Conseil d'État a rappelé que la responsabilité des autorités administratives indépendantes
dotées de la personnalité juridique leur incombait, et non à l'État. Ce n'est que dans l'hypothèse où elles ne seraient pas en
mesure d'y faire face que la responsabilité de l'État pourrait être recherchée (Avis du 8 déc. 2005 relatif à la Commission de
contrôle des Assurances, Mutuelles et Institutions de prévoyance).

§ 5 - Contrôle sur les fédérations sportives


8 0 . Une délégation du ministre chargé des sports confère aux fédérations sportives certaines prérogatives qui sont
énumérées à l'article L. 131-15 du code du sport, aux termes duquel « les fédérations délégataires : 1 o) organisent les
compétitions sportives à l'issue desquelles sont délivrés les titres internationaux, nationaux, régionaux ou départementaux ; 2 o)
procèdent aux sélections correspondantes ; 3 o) proposent l'inscription sur les listes de sportifs, d'entraîneurs, d'arbitres et juges
de haut niveau, sur la liste des sportifs Espoirs et sur la liste des partenaires d'entraînement ». Ces pouvoirs exclusifs attribuent
aux fédérations une place centrale dans l'organisation des disciplines. Certes, l'agrément et la délégation accordés par le
ministère ont pour corollaire un pouvoir de tutelle exercé par l'État et la faculté pour ce dernier, en cas de manquements
constatés, de procéder à leur retrait. Toutefois, le code du sport dispose clairement que les fédérations exercent leur activité
en toute indépendance.

8 1 . En cas d'accident dans une manifestation sportive, la responsabilité de l'État ne peut être engagée que si une faute
lourde est démontrée dans l'organisation ou le fonctionnement du service public (CE, sect., 2 févr. 1979, Min. Agriculture c/
Gauthier, Lebon 39 ; D. 1980. 6, note Rouault ; Gaz. Pal. 1980. 1. 282, note Plouin ; AJDA 1979, n o 11, p. 48, concl. Dondoux).
Par contre, si l'autorité de contrôle accorde une autorisation de déroulement d'une manifestation sportive sur un circuit non
homologué, la responsabilité de l'État est engagée (CAA Lyon, 16 juill. 1992, req. n o 90LY00694, Petelet et a., Lebon T. 1284
).

82. Dans un autre domaine, qui est celui du contrôle exercé par la Commission de sécurité des consommateurs, le juge refuse
de prendre en compte la responsabilité sans faute de l'État (CE 31 mars 2003, req. n o 188833 , Min. Économie, finances et
industrie c/ Laboratoires Bergaderm, AJDA 2003. 935, chron. Donnat et Casas ; Juris-Data n o 2003-065082).

Index alphabétique

Action récursoire 10

Assemblée consulaire 49

Association
absence de contrôle d'une collectivité publique 67
V. Organisme de droit privé

Association para-administrative 68
Association syndicale autorisée 49 s.

Association transparente
V. Association para-administrative

Autorité administrative indépendante (contrôle par une) 71 s.

Autorité de contrôle prudentiel 61

Autorité des marchés financiers 75, 77

Caisse primaire départementale et régionale de sécurité sociale 54

Caisse de sécurité sociale


V. Organisme de droit privé

Centre de transfusion sanguine 48

Collectivités territoriales 7 s.
dommages causés aux administrés 8 s.
dommages causés à la collectivité sous tutelle 11 s.

Commission de sécurité des consommateurs 82

Concours des services de l'État 26 s.


mise à disposition gratuite 30

Conseil des bourses de valeur 76

Conseil général
V. Président du conseil général

Conseil national du crédit 57, 60

Contrat administratif de louage d'ouvrage 27

Contrat administratif de prestation de services 27

Contrôle budgétaire 16, 21

Direction régionale des affaires sanitaires et sociales 54

Dommages causés aux administrés


V. Collectivités territoriales

Dommages causés à la collectivité sous tutelle


V. Collectivités territoriales

Établissement financier 57 s.
faillite 59 s.

Établissement public 36 s.
autonome 39
local 38
national 37
sanitaire et social (à caractère) 40 s.

Faillite
banque 59 s.

Faute lourde
carence de l'État 25
contrôle budgétaire 16
contrôle des établissements financiers 58
contrôle exercé par les autorités administratives indépendantes 75
contrôle de légalité des actes des collectivités territoriales (carence) 25
dommages causés aux administrés 9 s.
erreur de l'autorité de tutelle (sur les associations) 67
illégalité 18, 21, 50, 55
pouvoirs de mise en demeure et de substitution 22
services fiscaux 35

Faute simple 19 s., 66, 70


transfusion sanguine 48
Fédération sportive
V. Organisme de droit privé

Louage d'ouvrage
V. Contrat administratif de louage d'ouvrage

Ordre professionnel 49

Organisme de droit privé 53 s.


associations 63 s.
caisses de sécurité sociale 54 s.
établissements financiers 57 s.
fédération sportive 80 s.

Police
pouvoir de substitution 25

Préfet
pouvoir de substitution 14

Président du conseil général 41 s.

Prestation de services
V. Contrat administratif de prestation de services

Responsabilité sans faute 82

Services financiers 34

Services fiscaux 35

Services techniques 26

Société mutualiste 55

Transfusion sanguine 47 s.

Actualité
16. Responsabilité de l'État en matière d'affectation des maîtres du privé. - Le préjudice subi par un enseignant d'un
établissement d'enseignement privé sous contrat à raison des conditions dans lesquelles il est procédé à son affectation au
sein de l'établissement est susceptible d'engager la responsabilité de l'État (CE 30 déc. 2013, Jaudon, req. n o 347047 ,
AJDA 2014. 6, obs. Poupeau ).

30. Compétence des communes en matière de délivrance des autorisations d'urbanisme. Loi ALUR. - La loi du 24 mars 2014 pour
l'accès au logement et un urbanisme rénové (loi ALUR) remplace, à la première phrase du premier alinéa de l'article L. 422-8
du code de l'urbanisme, les mots : « ou lorsque l'établissement public de coopération intercommunale compétent groupe des
communes dont la population totale est inférieure à 20 000 » par les mots : « et ne fait pas partie d'un établissement public
de coopération intercommunale regroupant 10 000 habitants ou plus, ou lorsque l'établissement public de coopération
intercommunale compétent regroupe des communes dont la population totale est inférieure à 10 000 ». Le premier alinéa de
l'article L. 422-8 du code de l'urbanisme ainsi rédigé entre en vigueur à compter du 1 er juillet 2015. Toutefois, lorsque les
seuils mentionnés au même premier alinéa sont dépassés en raison de la création, après le 1 er juillet 2015, d'un nouvel
établissement de coopération intercommunale de 10 000 habitants ou plus, la mise à disposition ne peut pas prendre fin
avant un délai d'un an à compter de la création de cet établissement. Une convention entre l'État et la collectivité territoriale
définit l'étendue et les modalités de cette mise à disposition des services déconcentrés de l'État. Pour les collectivités qui sont
tenues de mettre fin au recours à la mise à disposition des services de l'État, une convention de transition peut être établie
pour définir les modalités d'accompagnement de l'État (L. n o 2014-366 du 24 mars 2014, art. 134-II et III, JO 26 mars).

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