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COURS D’INTRODUCTION À

L’ÉTUDE DU DROIT

Par

Par AKA MARCELLIN KOFFI


Juriste-Consultant
marcellinakad@yahoo.fr
Le pictogramme qui figure ci-contre mérite une
explication. Son objet est d’alerter le lecteur sur la
menace que représente pour l’avenir de l’écrit,
particulièrement dans le domaine de l’édition
technique et universitaire, le développement massif du
photocopillage.
La loi n°2016 -555 du 26 juillet 2016 relative au
droit d’auteur et aux droits voisins, abrogeant la loi n°
96-564 du 25 juillet 1996 relative à la protection des
œuvres de l’esprit et aux droits des auteurs, des
articles-interprètes et des producteurs de
phonogrammes et vidéogrammes interdit en effet
expressément la photocopie à usage collectif sans
autorisation des ayants droit. Or, cette pratique s’est
généralisée dans les établissements d’enseignement supérieur, provoquant une
baisse brutale des achats de livres et de revues, au point que la possibilité même
pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement
est aujourd’hui menacée.
Nous rappelons donc que toute reproduction, partielle ou totale, de la
présente publication est interdite sans autorisation de l’auteur, de son éditeur (Les
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© Les éditions abc, 2022


Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

SYLLABUS
Ce cours d’introduction à l’étude du Droit est destiné aux étudiants
de la première année de licence en Droit, en principe. Cependant, il
peut être étendu à d’autres facultés, notamment aux Sciences
économiques comme c’est le cas en l’espèce. Il est composé d’une
partie décrivant la notion de droit et lisant les sources du droit. Ensuite,
il résume les trois grandes divisions du droit.

I - OBJECTIF GÉNÉRAL DU COURS.


L'objectif général de ce cours est de permettre aux étudiants
d’acquérir des connaissances et méthodes pratiques, en matière de
droit, afin qu'ils soient en mesure d'atteindre une autonomie en milieu
de travail.

À son terme, les étudiants comprendront leurs droits et obligations, le


cheminement d'un dossier et seront aptes d'en assurer le suivi, le tout
en respectant les différents délais, lois et règles applicables

II -OBJECTIFS SPÉCIFIQUES DU COURS.


Introduction générale au droit permettra une meilleure compréhension
du raisonnement juridique et du sens de l'argumentation.

C’est un cours à plusieurs sens :

1- Initier les étudiants à l’étude du Droit


2- Définir et comprendre ses droits et obligations
3- Acquérir des techniques méthodologiques juridiques de base
aux fins d’une bonne préparation à diverses procédures de la
vie quotidienne.

5
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

III STRATÉGIE D’ENSEIGNEMENT


Le cours magistral sera dispensé sous forme d’exposé avec des
prises de notes. Nous procéderons à illustrer l’enseignement avec des
exemples pratiques.

En principe, ce cours devrait être approfondi par des séances de TD


mais si les circonstances ne nous le permettent pas, nous évaluerons
les étudiants par les cas pratiques.

IV- MODE D’ÉVALUATION


- Contrôle continu
- Devoir sur table
- Travaux réalisés à domicile
- Examen final (composition semestrielle)

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

SOMMAIRE
SYLLABUS ............................................................................................................ 5
INTRODUCTION................................................................................................... 9
PREMIÈRE PARTIE ............................................................................................. 19
LE DROIT OBJECTIF ET LES DROITS SUBJECTIFS. ................................................. 19
TITRE-I- LE DROIT OBJECTIF. .............................................................................. 20
CHAPITRE 1 – LES SOURCES DU DROIT OBJECTIF............................................... 21
CHAPITRE 2 – GENERALITE DE LA REGLE DE DROIT ........................................... 30
CHAPITRE 3 – LES GRANDES DISCIPLINES DU DROIT ......................................... 40
CHAPITRE 4 – LE DOMAINE D’APPLICATION DE ................................................. 44
LA RÈGLE DE DROIT ............................................................................................ 44
TITRE 2 – LES DROITS SUBJECTIFS ...................................................................... 48
CHAPITRE 1 – LES SOURCES ET CLASSIFICATION DES DROIT SUBJECTIFS ...... 50
CHAPITRE 2 - LA PREUVE DES DROITS SUBJECTIFS........................................... 58
CHAPITRE 3 - LES ACTEURS DE LA VIE JURIDIQUE ............................................ 68
CHAPITRE 4 – LES OBLIGATIONS ...................................................................... 75
DEUXIÈME PARTIE............................................................................................. 80
L’ORGANISATION JUDICIAIRE EN CÔTE D’IVOIRE. ............................................. 80
TITRE I – LES JURIDICTIONS IVOIRIENNES ......................................................... 83
CHAPITRE 1 - LES TRIBUNAUX DE PREMIERE INSTANCE ET LEURS SECTIONS
DETACHEES ........................................................................................................ 85
CHAPITRE 2- LES JURIDICTIONS DU SECOND DÉGRÉ ......................................... 99
CHAPITRE 3- LES COURS SUPREMES ................................................................ 108
CHAPITRE 1- LA JURIDICTION D’EXCEPTION EN MATIERE CIVILE : LE JUGE DES
TUTELLES .......................................................................................................... 111
CHAPITRE 2- LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION EN MATIERE PENALE ............... 113
CHAPITRE 3- LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION OU SPECIALISEES EN MATIERE
COMMERCIALE ................................................................................................. 116
TITRE II- LA MISE EN ŒUVRE DE L’ACTION EN JUSTICE ET LES ANIMATEURS DE
L’APPAREIL JUDICIAIRE. .................................................................................. 121
CHAPITRE PRELIMINAIRE- LES GRANDS PRINCIPES DE BONNE CONDUITE DU
PROCES............................................................................................................. 122
CHAPITRE 1- LA MISE EN ŒUVRE DE L’ACTION EN JUSTICE ........................... 124
CHAPITRE 2- LES ANIMATEURS DE L’APPAREIL JUDICIAIRE ............................ 137
ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES....................................................................... 145
Table des matières .......................................................................................... 147

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

INTRODUCTION
Pourquoi une introduction à l’étude de droit ?

L’étudiant qui, après ses études secondaires, choisit


d’entreprendre des études juridiques, n’a que, à l’instar de tout
novice, que quelques idées vagues du droit. Il approche la matière
par les professions judiciaires (Avocat, magistrat, notaire,
huissier, commissaires-priseurs etc.) ou juridiques (conseil
juridique, agent d’affaires etc.). Il la découvre aussi au travers des
représentations qu’en font les artistes par le théâtre et le cinéma1,
les auteurs et même les interventions des acteurs politiques et de
certains citoyens à la télévision.

Or, le droit ou ce qu’on pourrait déjà appeler les sciences


juridiques constitue un vaste champ de connaissance et de pratique
avec ses personnages, ses outils, son langage, ses codes d’accès. Il
faut pouvoir donc en connaître l’esprit en vue d’une
imprégnation facilement digeste. L’objet de cette partie du cours
est de fournir une clé d’accès à la compréhension d’une
discipline si vaste, si variée et en profonde et incessante mutation.

Au sens ordinaire, l’introduction n’est-elle pas « l’action


d’introduire, de faire entrer quelqu’un ». C’est ce qui prépare
quelqu’un à la connaissance d’une chose, d’une matière. C’est une
forme d’initiation. L’initié est appelé à approfondir les prérequis

1
Cherchez à regarder : « L’inconnu dans la maison » de Jean-Paul BELMONDO ou
encore « Les inconnus dans la maison » de Henri DECOIN ; Voir aussi Music Box de
COSTA-GAVRAS.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

qui lui sont transmis. Et d’autres enseignants viendront, chacun


avec sa discipline, vous conduire plus loin dans la connaissance du
droit.

On a évoqué les mots « code » et « initiation ». C’est parce que


le droit a son langage propre auquel il faut dès à présent se
familiariser. Une science, (si on peut déjà parler de science juridique)
se construit à partir d’un système d’expression et de communication.
Ce langage qui recense les techniques et la pensée juridique paraît
difficile, et, à certains égards, ésotérique. Le niveau de langue est
souvent relevé avec l’emploi fréquent de mots peu usités
(déclinatoire, usucapion, grever de servitude, hypothèque etc.), de
verbes défectifs, c'est-à- dire les verbes dont certaines formes de
conjugaison (modes, temps, personnes) ne sont plus usitées :
exemple : seoir (il sied de considérer l’introduction à l’étude du droit
comme un cours fondamental) ; surseoir (obtenir un sursis à statuer
; un sursis à l’exécution d’une peine etc.). Les locutions latines sont
courantes. Exemples : ab initio (dès le début) ; ab intestat (sans
testament : succession ab intestat) ; abusus (le pouvoir de
disposition), usus (le pouvoir d’user une chose) ; fructus (le
pouvoir de jouir des fruits d’une chose), etc. Vous vous
familiariserez également aux aphorismes ou adages du droit. L’adage
est une maxime ancienne et populaire élevée en principes de droit.
Exemple : en amour, trompe qui peut (cela veut dire qu’alors que la
tromperie est sanctionnée par la loi, dans les relations sentimentales,
elle est parfois admise quand elle fait partie de la séduction).
L’aphorisme est une brève définition, c'est-à-dire une formule
concise résumant une théorie et renfermant un précepte. Ex : En fait
de meubles, la possession vaut titre (celui qui détient un bien meuble
est présumé avoir le titre de propriété) ; Error communis facit jus

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

(l’erreur commune devient la règle).

Quel droit introduire ?

Lorsqu’on observe la planète terre, c’est la diversité du droit qui est


frappante : le droit américain, le droit français, le droit chinois, le
droit ivoirien, le droit sénégalais, le droit espagnol, suisse ou
rwandais etc. Quand on emprunte une approche historique, on
évoque le droit romain, le droit babylonien, l’ancien droit français,
le droit coutumier ou traditionnel africain. À la diversité ethnique,
géographique et historique, correspond une variété juridique. C’est
bien en raison de ce que, Ubi societas, ibi jus : pas de société sans
droit. Mais cette diversité juridique ne contrarie-t-elle pas les droits
humains, universels parce que attachés à l’être humain en tant que
tel et indépendamment de son espace de vie, de sa race ou de son
ethnie ? Comment construire alors une mondialisation de
l’économie sans une universalisation du droit ? À la vérité, on assiste
à la disparition des barrières de toutes sortes en vue de la formation
d’un ordre juridique quasi universel, fondé sur les principes
progressivement établis au profit de tous les peuples (la non-
discrimination, la propriété, la liberté, la protection de la vie etc.).

Le présent cours prendra en considération cette évolution. Il se


construira cependant à partir des systèmes juridiques qui ont produit
le droit ivoirien. C’est donc le droit ivoirien qu’il faut introduire,
dans ses composantes, avec son héritage, en prenant en compte la
contribution historique du droit traditionnel et du droit français dans
sa formation. On remarquera assez tôt que ce droit est
essentiellement ouvert à toutes sortes d’influence. C’est parce ce que
les barrières juridiques tombent progressivement, avec les barrières
politiques. Le droit communautaire (OHADA, UEMOA, CIMA

11
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

etc.) sont les instruments que les citoyens utilisent au quotidien et qui
font l’objet d’enseignement et de recherches approfondies dans nos
facultés. Mais le monde s’universalise et le droit aussi. OMC, le
statut de Rome instituant la Cour pénale internationale, les
instruments universels et régionaux de protection des droits humains
constituent les principaux outils d’étude du droit.
Indépendamment des orientations futures auxquelles l’étudiant en
année de Licence sera confronté (droit privé, droit public, sciences
politiques, histoire du droit), la présente introduction intéresse le
droit dans son étendue. Elle posera les principes, c'est-à-dire offrira
les clés au moyen desquels la connaissance des différentes
disciplines juridiques pourra être facilitée.

Comment introduire le droit ?


Il est indispensable, pour que la vie en société soit possible,
qu’il existe une règle de conduite. Si chacun de nous suivait son bon
plaisir, chacun deviendrait un ennemi pour son voisin. Mais si la
nécessité d’une règle de conduite est incontestable, il est, par contre,
plus difficile de préciser à quels besoins répond exactement cette règle
de conduite.

L'histoire nous montre aisément que les rapports entre les hommes
dans la société n'ont pas toujours été régis par les mêmes règles. La
religion a longtemps été à l’origine des règles de droit, c’est-à-dire des
règles de conduite dans les rapports sociaux, par l’intermédiaire du
Clergé et du roi, l’envoyé de Dieu sur Terre. Suite à la Révolution
française, et à la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de
1789, la place de la religion en matière de Droit a commencé à
diminuer dans la société au profit des différentes normes. Ces règles
régissant les rapports des personnes vivant dans la société dans un but
de paix sociale ont évolué avec la société. De plus en plus étendues,
12
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

les règles de droit doivent être adaptées aux différentes situations de


vie. Il est alors légitime de se demander, dans quelles mesures la règle
de droit suffit à gouverner la vie en société.

Le droit est partout. Le droit régit la vie des hommes. Les règles de
droit sont destinées à régir les rapports humains. Aussi, le droit surgit
dans tous les rapports humains. Il n’est pas étranger aux rapports
d’affection : le droit régit les rapports entre époux, y compris pour des
questions aussi intimes que la fidélité ou l’assistance pendant la
maladie mais aussi les rapports entre les parents et les enfants,
déterminant les règles de filiation, les rapports d’autorité, les devoirs
réciproques… Le droit régit naturellement les rapports économiques,
les rapports des individus avec l’État, les rapports des États entre eux.
Partout, il y a du droit…. Parce que le droit est consubstantiel à
l’existence d’une société. Dès qu’il y a une société, il y a du droit. (ubi
societas, ibi jus)

En effet, à partir du moment où plusieurs personnes vivent


ensembles, naît aussitôt un besoin d'ordonner leurs conduites. Ces
règles de conduites, éparses et diverses, composent un ensemble : le
Droit. Le droit est un phénomène vivant. Les règles naissent, vivent,
meurent, évoluent dans leur contenu, parce que la société et les
hommes qui la composent, évolue. Parce que les rapports humains sont
complexes, le droit est complexe.

Dès lors, trois questions sont envisageables. Qu’est-ce que le droit


? D’où viennent les règles de droit ? Comment les appliquer ?

Le Droit est un ensemble de règles qui s’imposent aux membres


d’une société donnée et ce pour régir les différents aspects de la vie
sociale (organisation de l’État, vie politique, vie économique, règles

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

de contrats, organisation des banques, des marchés financiers,


…).Mais selon J. SALMOND2, « Le droit peut être défini comme
l’ensemble des principes reconnus et appliqués par l’État dans
l’administration de la justice.

Deux présentations du droit sont possibles : La distinction entre droit


Objectif et les droits subjectifs est importante.

1- Le Droit Objectif :
C’est l’ensemble des règles qui régissent une communauté tel qu’un
État ou une communauté d’États. Ces règles sont établies par l’État ou
les communautés d’États afin de régir leur propre fonctionnement dans
un but de maintien de l’ordre et de la sécurité. (Pas uniquement les lois
votées par le parlement). Toute disposition, ayant une valeur
normative, constitue le Droit Objectif.

Ainsi, la règle de droit apparaît comme une règle de conduite en


société dont le respect est assuré par l'autorité publique.

Dans ce sens, le droit désigne donc l'ensemble des règles


sociales qui régissent les rapports des individus entre eux ou avec
la puissance publique : on parle alors de droit objectif pour le
distinguer de l'autre signification.
LE DROIT OBJECTIF : C’est un ensemble de règles destinées
à organiser la vie en société. Ici l’on écrit Droit au singulier et avec
un « D » majuscule. C’est ce qui est traduit par l’anglais law. Il
permet de délimiter la part de liberté et de contrainte de chacun. Il
faut définir ce qui est permis ou pas pour que la vie sociale soit
possible.

2
Jurisprudence, 10 e éd., 1946

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Par exemple, lorsque l’article 1382 du Code Civil oblige toute


personne responsable d’un dommage à le réparer, il s’agit d’une
norme de droit objectif.

2- Les droits subjectifs :


Par contre, on appelle droits subjectifs, l’ensemble des prérogatives
reconnues par le Droit Objectif aux personnes privées et morales. Elles
peuvent s’appliquer à l’ensemble de la communauté (droit absolu) ou
à une partie de la société (droit relatif). Il s’agit de droits individuels
découlant du Droit Objectif. Ce sont des prérogatives, conférées à
chaque individu. Toute personne a nécessairement des droits
subjectifs, car elle est apte à être titulaire, de droits et d’obligations.
Ces droits subjectifs découlent de la règle de droit.

Exemples

- Le droit, pris dans son sens subjectif, désigne alors une


prérogative accordée à telle ou telle personne. Il s'agit par
exemple du droit de propriété, de droit de vote, du droit de grève, du
droit d'exercer la puissance paternelle sur ses enfants, etc... C'est un
droit subjectif qu'on envisage lorsqu'on affirme : "j'ai le droit de faire
telle et telle chose en vertu de ma qualité de parent "

- Droit pour un créancier d'exiger paiement de son débiteur ;


- Droit du propriétaire de faire ce qu'il veut de la chose qui
lui appartient. Aucun droit subjectif n'est absolu, il est toujours
limité par le droit des autres et les intérêts de la société. Le droit
subjectif existe dans les limites tracées par les différentes règles de
droit.
15
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Ainsi les droits subjectifs, c'est à dire les prérogatives dont une
personne est le sujet, le titulaire, ne doivent pas être confondus avec
le droit, règle de droit ou Droit objectif qui se distingue des autres
règles sociales à travers son fondement (la règle de droit répond à
des besoins de sécurité et de justice : la vie en société suppose un
certain ordre qui est assuré par la règle de droit) et ses caractères (la
règle de droit est générale et abstraite, assortie d'une sanction).

Les droits subjectifs, écrits au pluriel avec un « d » minuscule,


sont traduits en anglais par le mot « rights ». Exemple, on traduit
les droits de l’homme par « human rights ».
- Ces deux significations du mot droit ne s'opposent pas, elles
sont complémentaires. Ce sont deux façons différentes d'envisager
le même phénomène, les deux faces d’un même miroir : Le droit
objectif tend à déterminer les droits subjectifs des individus. On peut
donc définir le droit comme un ensemble de règles destinées à
organiser la vie en société, dont les individus peuvent se prévaloir
dans leurs relations avec les autres.

Seulement, la règle de droit n’est pas, cependant, le seul


régulateur du comportement humain.

Il y a deux disciplines qui proposent aux hommes des règles de


conduite ; il y a la morale, et il y a le droit. Alors une question se
pose : est-ce que la morale n’est pas une règle suffisante ? Est-
ce qu’il est nécessaire d’avoir, à côté de la morale, une règle de droit
? C’est nécessaire, parce que la morale ne peut, à elle seule, gouverner
une société.

16
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

En réalité, cette règle s’impose à nous pour deux raisons ; elle


s’impose, d’une part pour faire régner la justice, et, d’autre part, pour
donner la sécurité. La règle de droit s’impose d’abord pour faire
régner la justice. Le besoin de justice est l’un des plus élémentaires et
l’un des plus impérieux que nous ressentions.

La règle de droit est également nécessaire pour nous donner la


sécurité, car, pour vivre en société, l’homme a encore plus besoin de
sécurité que de justice tandis que la morale n’a qu’une sanction d’ordre
intérieur, qu’une sanction morale, sanction qui, malheureusement,
n’est pas de nature à effrayer beaucoup de personnes, à les empêcher
d’enfreindre la règle, et à les obliger à réparer les conséquences de
leurs infractions.

En effet, le droit n'est pas seulement constitué de dispositifs


opérationnels organisant la société de façon pragmatique. Il est aussi
le symbole des valeurs de cette société. Il permet à tendre vers l'équité
sociale. C’est lui encore qui détermine le rôle et la place respective des
individus et de l'État dans le processus économique.

Le cours d'introduction au droit présente un résumé relatif à la


notion de droit, aux sources du droit, aux caractères du droit, au droit
des personnes, au droit des biens et au droit des obligations et si
possible à l’organisation judiciaire en Côte d’Ivoire.

Face à un tel raisonnement, nous traiterons, tour à tour, le droit


objectif et le droit subjectif, puis l’organisation judiciaire en Côte
d’Ivoire.

17
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

PREMIÈRE PARTIE

LE DROIT OBJECTIF ET LES DROITS


SUBJECTIFS.

Quelle est la différence entre le juridique et le judiciaire? Le terme


juridique vise tout ce qui se trouve lié à la notion de droit alors qu'en
revanche le terme de judiciaire englobe tout ce qui a trait à la justice.
Définition du mot droit : Le terme de droit désigne les règles qui
gouvernent la vie des Hommes en société.

Nous traiterons, tour à tour, le Droit Objectif et les droits subjectifs.

19
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

TITRE-I- LE DROIT OBJECTIF.

Le Droit Objectif rassemble l’ensemble des règles de conduite en


société, l’ensemble des règles de droit. Ces règles de droit sont issues
de plusieurs sources, présentent certaines caractéristiques qui
permettent de les distinguer des règles morales ou religieuses et
appartiennent à diverses branches.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 1 – LES SOURCES DU DROIT


OBJECTIF.

On entend par source du droit, les origines de ce droit, les


différentes manières dont ces droits sont établis. Elles ont des origines
multiples. Les règles de droit sont rangées dans un ordre hiérarchique.
Une règle d’autorité inférieure ne peut contredire une règle d’autorité
supérieure. D’où viennent ces règles de droit qui nous régissent ? On
trouve deux catégories : les sources directes et les sources indirectes.

SECTION 1- LES SOURCES DIRECTES OU ÉCRITES


DU DROIT.
Les sources directes sont les sources sur lesquelles on peut se référer
sans doute. Elles sont écrites et directement obligatoires et émanent
d’une institution publique nationale ou internationale.

A- Les sources nationales ou internes.


1- La Constitution figurant au rang le plus élevé des sources
écrites
La Constitution est l’ensemble des règles suprêmes qui fondent
l’autorité de l’État, et organisent ses institutions telles que le
Parlement, le Gouvernement, les pouvoirs publics, etc ; et constitue
la Loi suprême d’un État ou dans un État. Toutes les autres lois doivent
se conformer à la constitution sous peine d’inconstitutionnalité
prononcée par le Conseil Constitutionnel. Elle donne également des
pouvoirs à l’État tout en lui imposant des limites afin de garantir des
libertés aux citoyens lorsqu’elles sont jugées fondamentales.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

La constitution ivoirienne actuelle est de la loi N° 2020 -348 du 19


mars 2020 modifiant la loi n° 2016 -886 du 8 novembre 2016. Elle est
composée d’un Préambule et des articles, soit 184 articles.

2- Les autres sources écrites du droit : la loi et les règlements


a- La Loi.
Au sens large, la loi est une disposition normative et abstraite
posant une règle juridique d'application obligatoire. On distingue
d'une part, les lois constitutionnelles qui définissent les droits
fondamentaux, fixent l'organisation des pouvoirs publics et les
rapports entre eux, les lois organiques qui structurent les institutions
de la République et pourvoient aux fonctions des pouvoirs publics (par
exemple, le statut de la Magistrature) et d'autre part, les lois ordinaires.

Au sens formel, la loi est une disposition prise par une délibération
du Parlement par opposition au "règlement" qui est émis par une des
autorités administratives auxquelles les lois constitutionnelles ont
conféré un pouvoir réglementaire.

KELSEN est à l'origine du normativisme juridique, principe selon


lequel les normes juridiques s’insèrent dans un ensemble cohérent
appelé : Hiérarchie des normes ou des lois.

 Constitution
 Traités
 Lois
 Règlements
 Circulaires.
La loi est dite générale quand elle s'applique à tous les citoyens et
dans toutes les situations, lorsqu'elle pose la règle ordinaire et qu'elle
décide pour l'avenir et ce indéfiniment.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Dans le cas contraire, il s’agit d’une loi spéciale qui s'applique à


une catégorie de personne(commerçants, libéraux) ou de situation
( location d'immeubles ) ou d'une loi exceptionnelle pour faire face
à des situations d'urgence ou de nécessité ( crise du logement ) qui
ainsi s'éteignent d'elles-mêmes.

La loi est impérative lorsqu'elle intéresse l'ordre public et les


bonnes mœurs et donc nul ne peut y déroger même par des conventions
particulières. La loi est d'ordre public lorsqu'elle intéresse l'ordre
social privé ou public.

La loi est supplétive lorsqu'elle s'applique s'il n'y a pas de


conciliation possible ou silence (mariage sans contrat, la communauté
des biens s’applique)

L’entrée en vigueur d’une loi est assujettie à sa promulgation et à


sa publication. La promulgation est la déclaration officielle de
proclamation par l'état de la loi et c'est une prérogative du président
de la République suivant certaines formes et certains effets.

b- Les Règlements

Le règlement en droit interne est un acte prescriptif impersonnel ou


individuel émanant du pouvoir exécutif ou d’un organe habilité d’une
collectivité territoriale. Parmi les règlements, nous citerons les
ordonnances, les décrets, les arrêtés et les circulaires.

- Les ordonnances

L’ordonnance est un acte signé par le Président de la République.


C’est donc l’exercice par le pouvoir exécutif d’une compétence
législative.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

- Les décrets

Le décret est un acte portant une prescription impersonnelle ou


individuelle émanant en principe du Président de la République.

- Les arrêtés

Ce sont des règlements qui sont porteurs de prescriptions


individuelles ou impersonnelles qui émanent de différents organes
de l’État, des collectivités locales. Il y a des arrêtés préfectoraux,
municipaux, du conseil régional, des Districts. C’est l’instrument de
toutes les actions juridiques de toutes les instances administratives
autres que le Président de la République. Ces arrêtés se trouvent sous
la subordination des décrets et a fortiori de la loi.

- Les circulaires

Ce sont des prescriptions qui sont purement internes à un service


administratif national ou territorial. C’est un document qui circule
entre les différents agents concernés. Les circulaires s’imposent à tous
les agents de l’administration en vertu d’un principe qui est le principe
hiérarchique. Seuls quelques fonctionnaires échappent à ce principe
comme les magistrats du siège qui exercent leur fonction assise car
elle suppose du temps alors que les magistrats debout sont soumis, les
professeurs d’université échappent aussi.

24
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

B- Les sources internationales.


1- Les traités et accords internationaux

Ce sont des actes juridiques conclus entre deux ou plusieurs États,


dont la négociation et la ratification relèvent des pouvoirs du Président
de la République, avec éventuellement, autorisation du parlement.
Quand le traité est signé par deux États, ce sont des traités bilatéraux
et avec plusieurs, des traités multilatéraux. Ils peuvent être conclus
soit à partir d’une initiative spontanée des États. Un État propose à un
autre la conclusion d’un traité sur un sujet (fiscal, échange, circulation
des personnes, etc…

Selon l’article 120 de la constitution ivoirienne3 : « Les traités de


paix, les traités ou accords relatifs à la création d’organisations
internationales, ceux qui modifient les lois internes de l’État ne
peuvent être ratifiés ou approuvés qu’en vertu d’une loi ».

Ils ne prennent effet qu’après avoir été ratifiés ou approuvés.

2- Le Droit communautaire et africain

Il fait intégralement partie de notre système juridique car il devient


du droit ivoirien. On estime aujourd’hui que le droit peut provenir des
textes de l’UEMOA, de la CEDEAO, de l’OHADA, de la CIPRES,
Code CIMA, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des
Peuples et ses protocoles additionnels, l’Acte constitutif de l’UA, etc.

3
Loi n°2020- 348 du 19 mars 2020 modifiant la loi n°2016-886 du 8 novembre 2016
portant Constitution de la République de Côte d’Ivoire.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

SECTION 2- LES SOURCES INDIRECTES OU NON


ÉCRITES
Elles n’ont pas de force obligatoire directe. Elles interviennent
en application de textes existants ou inspirent de nouveaux textes.
Nous avons une source incontestable et des sources controversées.

A- Une source incontestable : la coutume


Bien que la Côte d’Ivoire soit un pays de droit écrit comme la France,
deux(2) sources de droit non écrites y connaissent une place
importante. Il s’agit de la coutume et des principes généraux du droit,
pour lesquels le doyen CARBONNIER parle de coutume d’origine
savante, englobant sous cette appellation les maximes juridiques.

La coutume est une des plus anciennes sources de droit. De


nombreuses coutumes du droit romain ont d’ailleurs survécu au-delà
de la rédaction des lois. Depuis la révolution, le rôle de la coutume en
France a cependant, subi un recul. Elle n’en reste pas moins une source
incontestable du droit.

La coutume est une règle de conduite, qui se dégage, lentement et


spontanément, des faits et des pratiques, habituellement suivis, dans
un milieu social donné et qui devient obligatoire, indépendamment de
toute intervention, expresse ou tacite du législateur. Elle est un « usage
juridique oral, consacré par le temps et accepté par la population d'un
territoire déterminé. Autrement dit, c’est une règle de droit qui s'est
établie, non par une volonté étatique émise en un trait de temps, mais
par une pratique répétée des intéressés eux- mêmes ». La coutume,
c'est du droit, mais un droit qui s'est formé par l'habitude. La coutume
est une règle de droit à part entière. En l'absence de loi écrite ou de
règlement, le juge pourra fonder sa décision sur la coutume.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Deux(2) éléments sont donc essentiels à la reconnaissance d’une


coutume, un élément matériel et un élément psychologique (moral) :

- L’élément matériel tient à ce que la coutume, repose sur une


pratique, un usage habituellement suivis ;
- L’élément psychologique résulte de ce que cette pratique, cet
usage doivent être considérés par toute la population ou par
une partie, comme obligatoire.

La reconnaissance de la valeur normative de la coutume mérite


d’être précisée. Il n’y a aucun problème, lorsque la loi y renvoie
expressément. On parle de coutume de secundum legem. Par
exemple, en matière contractuelle, l’article 1135 du code civil précise
que « les conventions obligent non seulement à ce qui y est exprimé,
mais encore à toutes les suites que l’usage ou l’équité commandent».

La loi reconnaît donc la valeur normative de telles coutumes. Une


coutume peut, cependant, naître dans un domaine dans lequel il n’a
pas été légiféré. On parle de coutume prater legem. La valeur
normative propre de la coutume apparaît clairement, car sa
reconnaissance n’est subordonnée, à aucune consécration de la loi.

Enfin, un usage ou une coutume peuvent naître, dans un domaine


investi par la loi. On parle alors de coutume contra legem.

Si une coutume contraire à une loi a pu s’instaurer, cela suppose


que la loi ne soit plus effectivement appliquée, bien qu’elle soit
toujours en vigueur. Cependant, une loi ne peut être abrogée par
désuétude. Il en résulte que la coutume contra legem, doit s’effacer
devant la loi.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

B- Des sources controversées : La jurisprudence et la


doctrine
1- La jurisprudence

La jurisprudence est une source indirecte et controversée du


droit. Elle se présente comme l’ensemble des décisions (arrêts et
jugements) qu’ont rendues les différents cours et tribunaux pour la
solution d’une situation juridique donnée. Selon l’article 5 du code
civil, il est interdit aux juges de prononcer ou statuer par voie de
disposition générale et réglementaire sur les causes qui leur sont
soumises. Cet article, dont les dispositions s’imposent à
l’ensemble des juridictions ivoiriennes et françaises, emporte
clairement, interdiction de légiférer, pour le juge. Cependant, aux
termes de l’article 4 du code civil, le juge doit statuer, sous peine
de déni de justice, même en cas d’insuffisance, d’obscurité ou
d’absence de la loi. En interprétant la loi ou la volonté du
législateur, si la loi est obscure ou insuffisante, le juge va
nécessairement ajouter à la loi et ainsi participer à la création du
droit. La création d’une règle de droit par le juge est encore plus
évidente en cas d’absence de loi, puisque le juge doit néanmoins
statuer.

Certes, les décisions ainsi rendues n’ont pas valeur de


précédent, en ce qu’elles ne s’imposent pas aux autres juges,
chargés de statuer sur le même problème de droit, entre les parties
différentes. Les décisions de justice n’ont, en effet, qu’une autorité
relative, c’est-à-dire limitée au litige, à propos duquel, elles ont été
rendues. Cependant, lorsqu’une solution est dégagée par les juges
de la Cour de Cassation, elle est bien souvent retenue par les autres
juridictions et rarement contredite.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

2- La doctrine
La valeur normative de la doctrine est plus discutable, même
si certains auteurs y font une place particulière, au sein des sources
du droit.

La doctrine est constituée par l’ensemble des opinions émises


par d’éminents juristes, qu’ils soient professeurs de droit,
magistrats ou avocats. Autrement dit, elle est l’ensemble des
dogmes, des opinions, des croyances, des principes, des thèses ou
des conceptions théoriques qui font partie d’un enseignement ou
que l’on adopte. Elle peut être d’ordre politique, économique,
philosophique, religieux, scientifique.. Son but est de guider
l’action ou d’aider à interpréter les faits. Par exemple la doctrine
de Marx. (Doctrine libérale).

Ces opinions participent à la création de la règle de droit, en ce


qu’elles influencent le juge, lorsqu’il doit interpréter la loi, pour
rendre une décision et le législateur qui va en tenir compte pour
décider de nouvelles lois.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 2 – GÉNÉRALITÉ DE LA RÈGLE DE


DROIT

La règle de droit peut être définie comme une règle de conduite


sociale dont le respect est assuré par l’autorité publique. Elle est
donc assortie de sanctions qui la différencie de la règle morale que
chacun s’impose ou que notre entourage nous impose et qui n’est
pas immanquablement accompagnée d’une punition.

SECTION 1- LES CARACTÈRES DE LA RÈGLE DE


DROIT
A- Caractère général, obligatoire et permanent.
Caractère général

Aux termes de l'article 6 de la Déclaration des droits de


l'homme et du citoyen, la loi "doit être la même pour tous". La
forme d'un certain nombre de règles de droit illustre cette
généralité. La règle de droit ne s'applique donc pas à telle ou telle
personne nommément désignée, mais à toutes les personnes sans
distinction, ou à une catégorie de personnes déterminées (ex : le
droit de vote est accordé aux personnes majeures uniquement). La
généralité de la règle de droit est une garantie contre les
discriminations individuelles.

Son but est de s'appliquer à un groupe. Le caractère général est


de toute façon relatif car la règle s'applique de toute façon à des
situations déterminées. Toute personne entrant dans cette situation
a vocation à se voir appliquer cette règle de droit. (cf Portalis "La
loi statue sur tous, elle considère les Hommes en masse, jamais
comme particulier")

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Caractère obligatoire

La règle de droit est dite obligatoire car elle s’impose à toute


personne, qui a le devoir de la respecter. Le code de la route est
obligatoire, il s’impose à tout le monde. À partir du moment où
une personne viole une règle de droit, elle encourt une sanction.
Nul ne peut déroger à la règle de droit dès lors qu'il entre dans
son champ d'application dès lors qu'il entre dans son champ
d'application. La règle de droit peut imposer une obligation de
moyens (médecin), une obligation de résultat (payer ses impôts)
ou laisser une certaine liberté d'action (contrats).

Caractère permanent

La règle de droit est permanente parce qu’elle est constante


pendant son existence. Elle a un début et une fin, mais pendant son
existence, elle est appliquée avec constance et de façon uniforme.
Son applicabilité demeure jusqu’à ce qu'elle soit abrogée ou
abandonnée en tant que règle de droit.

B- Caractère coercitif et extérieur


Les pouvoirs publics peuvent utiliser la force publique pour
faire respecter une règle de droit et pour sanctionner un
manquement à l'obligation de respecter une règle de droit. Si la
puissance publique refuse de remplir sa mission ou abuse des
pouvoirs dont elle dispose, le citoyen ne peut exercer contre l'État
qu'une contrainte politique et non juridique.

La règle de droit est extérieure à la volonté des personnes


soumises, elle est issue des pouvoirs exécutifs et législatifs. Au
niveau religieux, la règle émane de la volonté divine, de l'église.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Au niveau moral, la règle provient des consciences individuelles,


elle est interne à chaque personne.

SECTION 2- FINALITÉ DE LA RÈGLE DE DROIT


A- Intérêt général
La règle de droit rend la vie plus agréable, il en est de
même de sa finalité une finalité propre, d’assurer la coexistence
des hommes en société. C’est un ordre social afin d’éviter le chaos
ou le désordre sociétaire. Le but de la règle de droit est de
permettre d’obtenir une paix sociale et de minimiser les conflits.
Toutefois dès que l’on aborde la question des rapports entre
l’intérêt général (de la société) et l’intérêt individuel (des
particuliers), cette unanimité s’effrite. Et tant que les intérêts de la
société et des particuliers concordent, il n’y a pas de problèmes :
le droit sert les deux intérêts.

B- Justice
La règle de droit détermine le juste et l'injuste. Cette notion de
justice doit être employée avec prudence. Ce qui est juste pour
moi, est-il juste pour les autres ? Le juge ne peut s'ériger en censeur
du droit. Il doit l'appliquer même s'il lui semble injuste. Le
jugement en équité n'existe pas. Toute décision contraire au
droit doit être cassée. La notion de justice est purement morale,
elle dépend de la civilisation dans laquelle elle évolue. La pratique
de l'excision soulève le problème de l'universalité de notre système
de valeurs.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

SECTION 3- LA DISTINCTION DE LA RÈGLE DE


DROIT ET DES AUTRES RÈGLES SOCIALES OU DE
CONDUITE
La règle de droit ou la règle juridique est un facteur d’ordre, un
régulateur de la vie sociale. Ainsi, le droit a pour finalité de faire régner
l’ordre et la justice dans la société, de polir les relations humaines.
Mais il faut dire aussi que le droit n’est le seul à œuvrer dans ce sens.
Les règles de bienséance, les règles morales ou religieuses, les règles
d’équité ou de justice doivent être distinguées de la règle de droit.

1- Droit et religion

Fondée sur un rapport transcendant, la religion présente ses


commandements comme venant de Dieu. Elle se distingue donc de la
règle de droit par sa source. De plus, elle a un objet différent de celui
de la règle de droit car elle veille au salut de l'être humain. La règle de
droit n'en présente pas moins certains liens avec la règle religieuse. En
effet, la religion comme le droit, se propose de faire régner l’ordre.
En transformant l’être intérieur de l’homme par l’application des
commandements de Dieu, indirectement elle règle les relations
extérieures des hommes entre eux pour y faire régner une certaine paix
sociale.

Le lien entre droit et la religion : Toute religion influence le droit,


cette influence sera plus ou moins forte selon le degré de laïcité de
l'Etat. Nos règles ont subi l'influence judéo-chrétienne.

Ex : Repos le dimanche pour le droit du travail,

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Ex : Tout enfant doit respect et honneur à ses parents d'où le secours


familial dans le droit civil

Ex : Ne pas voler ni tuer pour le droit pénal.

Les préceptes religieux concernent, au niveau de la sanction,


les relations de l'homme avec la divinité, tandis que les règles de
droit entraînent une sanction de l’Etat.

2- Le droit et la morale

La morale et le droit entretiennent des relations certaines. En effet,


pour E. KANT, droit et morale s’opposent, tant par leur finalité que
par leur sanction.

Le droit n’est pas la morale. En effet, ouverte aux impératifs de la


conscience, la morale est plus exigeante que le droit, elle attend de
l'homme, un dépassement. Elle tire sa source de la révélation divine,
de la conscience individuelle ou collective, voire des données de la
science, tandis que le droit est issu de la volonté étatique. Par
conséquent, la sanction de la morale n’est pas en principe étatique.

Elle a également un objet différent de celui de la règle de droit. La


morale est individualiste. Le droit ne régit pas les consciences mais
le corps social : il a un caractère extérieur. Vous pouvez, en toute
impunité, avoir des envies de meurtre, des envies les plus inavouables,
le droit ne s’en préoccupe pas. La morale, quant à elle, tend à la
perfection de la personne et à son épanouissement, elle a un caractère
intérieur, alors que le droit a un caractère extérieur.

34
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

 Mais rien n'interdit que le droit soit fondé sur la morale, la


justice. Bien au contraire, la loi injuste ne peut que se
heurter à la résistance des consciences individuelles et du
corps social. Le droit sera d'autant mieux respecté et
assurera d'autant mieux l'ordre social qu'il sera fondé sur
la morale. Certes le droit peut s'imposer par la force, mais
l'ordre juridique risque alors de dégénérer en désordre social.
Que deviendrait une société dont le droit permettrait ou
encouragerait le vol ou la violence ?

Aussi, personne ne conteste sérieusement que la morale et le


droit doivent, autant que possible, coïncider.

Comme le souligne Gérard CORNU, Il y a de la sève morale dans


le droit4.

Le droit doit, dans la mesure du possible, s'inspirer de la morale.


Le droit contient indéniablement une référence à la morale, à un idéal
de Justice. Aussi certains devoirs sont-ils naturellement à la fois
juridiques et moraux. Ainsi, la conformité du contrat aux bonnes
mœurs est une condition de sa validité. L'interdiction morale et
religieuse de tuer ou de voler est consacrée par le droit. Il en est ainsi
de la plupart des dispositions du Code pénal. Celui qui s'est
injustement enrichi aux dépens d'autrui devra lui restituer cet
enrichissement sans cause, celui qui aura trompé son partenaire pour
l'amener à conclure une convention verra la convention annulé (dol)
et il pourra être condamné à payer des dommages-intérêts, etc...

4
Gérard Cornu, ‘’ Droit civil- Introduction- Les personnes- Les biens’’, 11ème édition, paris
septembre 2003, P. 21.

35
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

 De la même façon, la règle de droit s'inspire parfois de la


morale : Ainsi l’on constate notamment les restrictions strictes
faites par le droit sur la recherche en matière génétique,
fondées sur la morale (voir notamment la loi française du 6
Août 2004 relative à la biotique).

Le caractère coercitif de la règle de droit n'est, le plus souvent,


accepté que parce qu'il correspond aux valeurs fondamentales de
l'homme. Le droit est heureusement, le plus souvent, le fruit d'un
consensus social. La règle de droit est la mise en œuvre d'un projet
politique poursuivi par la volonté dominante du corps social (J.L.
Aubert). La morale sociale dominante inspire généralement le contenu
de la règle juridique. Le plus souvent, ce n'est pas le droit qui modifie
la société mais l'évolution des mœurs qui conduit à la modification des
règles de droit.

Il s'agit ici surtout de l'étude de l'évolution des mœurs,

Ex : L'enfant adultérin qui a désormais les mêmes droits que l'enfant


légitime.
D'autre part, le juge va souvent se trouver confronter à des
questions qui le renvoient à sa propre morale, en effet il y a des
questions où le juge ne peut trancher car il n'y a pas d'article de loi y
faisant référence , or le juge a obligation de juger sous peine de déni
de justice.
On constate dans les décisions de justice une évolution du droit en
fonction de l'évolution de la morale, ex : en 1995, arrêt Perruche où la
Cour de Cassation a admis la possibilité d'être indemnisé pour être né
handicapé.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Au total, le droit a une finalité sociale ou collective, alors que la


morale a une finalité individuelle.

Il est vrai que la contrainte étatique, distingue, sans conteste, la


morale du droit. Il est vrai aussi, que toute règle de droit ne
participe pas de la morale, et que toute règle morale n’est pas
nécessairement prise en compte par le droit. Néanmoins,
l’autonomie n’est pas totale et le droit se réfère très souvent à la
morale. C’est ainsi, que le code civil en son article 6 dispose
qu’ « on ne peut déroger par des conventions particulières, aux
lois qui intéressent l’ordre public et les bonnes mœurs ». En outre,
l’article 1134 du code civil prévoit que les contrats doivent être
exécutés de bonne foi. Or, la bonne foi s’apprécie au regard de la
morale. Enfin, et toujours à titre d’exemple, il est incontestable
que les lois sur la bioéthique de 1994 ont pris en considération la
morale pour réglementer ou interdire certaines pratiques, comme
les expérimentations sur le corps humain, le clonage ou les
conventions de mère porteuse.

3 - Droit et équité

Le droit s'oppose à l'équité. Le juge, chargé d'appliquer la règle


de droit, ne peut l'écarter parce qu'elle conduit à une injustice. Le
juge statue selon le droit et non selon ce qui lui paraît juste. Les raisons
en sont simples. Une des nécessités, inhérentes au droit, est de faire
régner, non seulement la justice, mais aussi l'ordre, la sécurité, la
paix.

 Ainsi, lorsqu'une vente est passée à un prix trop bas, la justice


milite soit en faveur de la nullité de la vente, soit dans le sens

37
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

du paiement d'un supplément de prix et la sécurité en faveur


d’une stabilité des relations contractuelles. Aussi, entre une
baisse de prix conforme à l’idéal de justice et le souci d’assurer
la sécurité des transactions, le législateur a préféré fixer des
seuils et des conditions en dehors desquelles le droit refuse de
servir les intérêts de la Justice.

 On peut être tenté de penser que le recours à l'équité


permettrait peut-être de parvenir à un idéal de justice, à
atténuer tout ce que le droit peut avoir de rigide, à réduire
l'écart pouvant exister entre la justice et le droit. Mais la
notion de Justice est trop subjective pour que le juge puisse
s'y référer comme une norme.

Le juge ne peut statuer d'une façon générale en équité mais


seulement en droit.

Néanmoins, il arrive que le législateur renvoie expressément à


l'équité des juges. Ainsi l'art. 1135 du Code civil dispose que "les
conventions obligent non seulement à ce qui y est exprimé, mais
encore à toutes les suites que l'équité, l'usage ou la loi donnent à
l'obligation d'après sa nature"

3- Droit et règles de bienséance, de politesse ou de courtoisie

Les règles de bienséance reposent sur un code de bonne conduite.


Elles ne s’imposent que dans les rapports individuels et traduisent une
marque de respect. Elles ne font pas l’objet d’une sanction étatique,
mais sanction morale et collective.

38
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

En réalité, ce sont des règles et pratiques sociales qui ont pour vocation
de donner aux individus une bonne éducation et le savoir vivre dans la
société. À titre d’illustration : saluer les personnes, céder sa place aux
personnes âgées ou en situation de handicap, aider une personne âgée
à porter son lourd fardeau (bagage), respecter les personnes les plus
âgées que nous, etc.

La société réprouve le non-respect des règles de bienséance. Dans un


restaurant, le pourboire n’est pas obligatoire, mais il est d’usage de
laisser un pourboire. Il en va de même des règles protocolaires qui
s’imposent dans certains milieux, sans avoir de force contraignante, si
ce n’est au regard de l’opinion collective.

Le non-respect des règles de bienséance ou protocolaires est


sanctionné par la réprobation générale ou sociale (mépris, rejet,
critiques des autres), mais aucune sanction étatique n’est applicable.

Toutefois, certaines d’entre elles peuvent être consacrées par le


droit : elles deviennent alors des règles de droit et se caractérisent par
la coercition étatique.

Ex : interdiction de fumer dans les lieux ou espaces publics, la


réservation de places dans les transports publics aux personnes âgées,
aux femmes enceintes et aux individus en situation de handicap.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 3 – LES GRANDES DISCIPLINES DU


DROIT

Le droit est scindé en deux par une division fondamentale


(summa divisio) entre droit public et droit privé.

Le droit privé règle les rapports entre les personnes privées.

Le droit public règle les rapports entre les personnes privées et


les personnes publiques.

Techniquement, il n’existe pas de différence entre ces deux


branches : c’est du droit. Même, le droit privé s’est “ publicisé ”
en se diversifiant dans des branches mixtes et en faisant passer
d’anciennes lois privées dans le droit public (exemple : propriété
et urbanisme).

SECTION 1- LES DISCIPLINES DU DROIT PRIVÉ


Le droit privé est l'ensemble des règles qui gouvernent les
rapports des particuliers entre eux ou avec les collectivités
privées (sociétés, associations...). Il se subdivise en plusieurs
branches : droit civil, droit commercial, droit du travail...

A- Le droit civil et ses dérivés


Le droit civil est l'ensemble des règles de droit qui régissent les
rapports entre les personnes privées, qu'il s'agisse de personnes
physiques ou de personnes morales. Il comporte : le droit des
obligations (dont le droit des contrats), le droit des personnes,
le droit de la famille, le droit des biens, le droit des successions,
le droit de la preuve.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Le Droit des Affaires : Le droit des affaires est une branche


du droit privé qui comporte un ensemble de droits relatifs aux
affaires des entreprises. Il réglemente l’activité des commerçants
et industriels dans l’exercice de leur activité professionnelle.
Il définit également actes de commerces occasionnels produits par
des personnes non-commerçantes.

Le Droit du Travail : Le droit du travail est l'ensemble des


règles qui régissent les relations entre les employeurs et les
salariés. Le contrat de travail crée un lien de
subordination juridique entre employeur et salarié, dès lors, le droit
du travail rassemble tout ce qui est source de droit rétablissant
l'équilibre. C'est une branche du droit privé. Le droit du travail est
parfois improprement nommé droit social. Cette seconde
discipline est plus large, puisqu'elle englobe non seulement le droit
du travail mais aussi le droit de la protection sociale.

B- Les droits mixtes


On appelle droit mixte les matières qui se trouvent à la fois
dans le sein du droit public et dans celui du droit privé. Il mélange
des droits.

Exemples de droits mixtes :

- Le Droit Processuel : il regroupe trois types de procédures,


à savoir la procédure civile, celle administrative et celle pénale.
(On appelle “procédure” la résolution d’un conflit par un tribunal.)

- Le Droit International Privé : il possède pour premier objet,


qui relève du droit privé, de régler les conflits de loi et de
juridiction dans l’espace.

41
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

SECTION 2- LES DISCIPLINES DE DROIT PUBLIC


Le droit national se divise en deux ensembles : le droit public
et le droit privé. Le droit public est l'ensemble des règles qui
organisent le fonctionnement d'un État et qui gouvernent les
rapports de l'État et de ses agents avec les particuliers. Il se
subdivise en plusieurs branches : droit constitutionnel, droit
administratif, droit pénal, droit fiscal.

A- Le droit public interne et le droit public international


Le droit international public se définit par rapport au droit
public interne. Appelé aussi le droit des gens, il contient les règles
applicables dans les rapports des États entre eux et définit
l'organisation, le fonctionnement, la compétence et les pouvoirs
des organisations internationales.

Certains contestent l'existence du droit international public en


tant que règle de droit, en raison de la faiblesse de son caractère
obligatoire. Y a-t-il un véritable ordre juridique entre les États ?
Peut-il y avoir un droit des États sans Etat ? En l'état actuel de
l'organisation internationale, il n'existe pas de véritable force
supranationale pouvant contraindre les États, au moins les plus
puissants, à respecter les règles du droit international public.

B- Le droit administratif, le droit financier et le droit


constitutionnel
Le droit administratif est très complexe, et énormément
jurisprudentiel (c'est d'ailleurs de là que vient la difficulté). Il
n'empêche que c'est une matière fondamentale. Tout d'abord elle
donne une notion de ce que sont les juridictions administratives et
l'administration, et permet de mieux cerner le droit public dans
42
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

lequel le droit constitutionnel ne tient qu'une place minime malgré


son intérêt.

Ensuite, elle aborde une quantité de problèmes propres au


droit public : structure administrative, actes administratifs, leurs
applications, les services publics, la compétence des juridictions
administratives, la responsabilité administrative, le contrat
administratif...

Le droit constitutionnel est un droit fondé essentiellement


sur la Constitution. Sur la Constitution même, ce cours aborde
généralement la séparation des pouvoirs, le bloc de
constitutionnalité (l'ensemble des normes constitutionnelles), les
différentes pratiques gouvernementales, les révisions
constitutionnelles, l'élaboration des lois.

43
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 4 – LE DOMAINE D’APPLICATION DE


LA RÈGLE DE DROIT

SECTION 1 – APPLICATION DE LA LOI DANS


L’ESPACE
SECTION 2 – APPLICATION DE LA LOI DANS LE
TEMPS
Il y a un problème quand deux lois successives peuvent
s’appliquer à une même situation. Quand une loi nouvelle
s’applique à des situations juridiques nées avant son entrée en
vigueur. Par exemple, la loi de 2019 sur l’abaissement de l’âge de
la majorité rendait-elle les personnes qui avaient de plus de 18 ans
et de moins de 21 ans avant la sortie de la loi majeure ?

À cela, deux principes sont appliqués :

La non rétroactivité et de l’application immédiate des lois dont le


but est de protéger les libertés.

A- La non rétroactivité des lois


- Le principe

Une loi est rétroactive lorsqu'elle s'applique à des situations


juridiques constituées avant sa mise en vigueur, ainsi qu'aux effets
passés de cette situation.

La loi n'a pas, en principe, d'effets rétroactifs, ce qui signifie qu'une


loi est sans application aux situations juridiques dont les effets ont

44
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

été entièrement consommés sous l'empire de la loi ancienne. Il ne


faut donc pas appliquer une loi à des actes ou des faits juridiques
qui se sont passés antérieurement au moment où elle a acquis effet
obligatoire. Une loi nouvelle ne peut modifier ou effacer des effets
juridiques qui se sont produits sous l'empire de la loi ancienne.

- L’exception

a- Les lois expressément rétroactives

En matière pénale, il n'est pas possible d'édicter une loi


expressément active lorsque la loi est plus sévère (nouvelle
incrimination, aggravation de la peine, suppression de
circonstances atténuantes...) Il s'agit d'un principe constitutionnel
inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme de 1789. Le
Conseil Constitutionnel veille à son respect et annule les lois qui y
porteraient atteinte.

En matière civile, les lois expressément rétroactives sont possibles


mais elles sont rares. Elles interviennent souvent en période
exceptionnelle. Ces lois exceptionnelles, rétroactives
correspondent à des périodes à des périodes troublées de l'Histoire
où il existe une volonté de faire table rase du passé. Les lois ne
sont rétroactives que si le législateur l'a expressément prévu.

b - Les lois interprétatives

Une loi est interprétative lorsqu'elle vient seulement " préciser


et expliquer le sens obscur et contesté d'un texte déjà existant.

45
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

c- Les lois pénales plus douces

Lorsqu'une loi pénale plus douce entre en vigueur, soit parce


qu'elle réduit la peine encourue, soit parce qu'elle supprime
l'infraction ou une circonstance aggravante, par exemple, elle
s'applique immédiatement à toutes les situations juridiques
pénales, même nées avant son entrée en vigueur.

B- L’effet immédiat de la loi nouvelle

- Principe de l’effet immédiat de loi

La loi nouvelle s'empare des situations juridiques nées


postérieurement à son entrée en vigueur et s'applique
immédiatement à eux. La loi nouvelle va aussi saisir les effets
futurs (c'est-à-dire non encore réalisés) d'une situation juridique
née antérieurement à son entrée en vigueur qui seront régis par elle.
La loi ancienne n'est plus applicable.

- L’exception à l’effet immédiat

Le principe de la survie de la loi ancienne en matière


contractuelle. Il y a survie de la loi ancienne lorsqu'elle continue
de régir des faits qui se situent après l'entrée en vigueur de la loi
nouvelle, c'est-à-dire après l'abrogation de la loi ancienne. La loi
nouvelle ne va donc pas s'appliquer immédiatement mais la loi
ancienne va régir les effets futurs nés sous l'empire de la loi
nouvelle. La jurisprudence a décidé que "les effets d'un contrat
sont régis, en principe, par la loi en vigueur à l'époque où il a été
passé". Cela signifie donc que les contrats en cours d'exécution,
lorsqu’entre en vigueur la loi nouvelle, continuent à être régis par
la loi qui était en vigueur au moment de leur conclusion. La loi

46
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

ancienne survit donc puisqu'elle s'applique après son abrogation et


ceci dans tous les cas où une situation contractuelle est née avant
elle.

On explique cette exception par le fait que la situation


contractuelle est largement laissée à la maîtrise de ceux qui l'ont
créée. On peut considérer que la loi ancienne s'était incorporée
dans le contrat (ex. statut d'une société rédigé selon la loi ancienne
: ils ont acquis une nature contractuelle). Cette exception
s’explique dans un système libéral où l'on privilégie
l'autonomie de la volonté sur la volonté du législateur. Il est normal
que les volontés des cocontractants ne soient pas déjouées par la
suite. Il est nécessaire qu'existe une certaine sécurité juridique et
les contractants peuvent être ainsi certains que l'équilibre qu'ils ont
créé par contrat ne sera pas déjoué plus tard par une loi nouvelle.

Néanmoins, il existe une exception au principe de la survie de


la loi ancienne en matière contractuelle pour les lois d'ordre public.
À chaque fois que le législateur l'impose parce qu'il veut
uniformiser toutes les situations juridiques, qu’elles soient en
cours ou celles qui sont à venir, il va décider que la loi nouvelle
est immédiatement applicable, même aux situations juridiques
contractuelles en cours. Il en va souvent ainsi lorsque la loi
nouvelle exprime un intérêt social tellement impérieux que la
stabilité des conventions ne saurait y faire échec. le seul fait que la
loi nouvelle soit impérative au sens de l'article 6 ne saurait suffire
à attester de l'existence d'un tel intérêt.

47
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

TITRE 2 – LES DROITS SUBJECTIFS

Le Droit désigne l’ensemble de règles juridiques qui


gouvernent l’activité humaine dans la société (Droit des gens) ou
dans une communauté politique déterminée (ainsi du Droit
français, Droit ivoirien, Droit allemand ou Droit américain). On
parle de “Droit objectif”, c’est le Droit en tant que corps de règles.

Par contre, les droits subjectifs sont les prérogatives dont peut
se prévaloir une personne, sujet de droit.

Le terme subjectif est issu du mot sujet. Autrement dit, les


droits subjectifs sont les pouvoirs reconnus à une personne, qui
lui permettent de faire ou d’exiger quelque chose.

Les droits, ce sont les facultés ou prérogatives qui


appartiennent à un individu ou à une collectivité et dont ceux-ci
peuvent se prévaloir dans l’exercice de leur activité, à l’encontre
des autres individus, pour accomplir tel ou tel acte (ainsi du droit
de propriété, de l’autorité parentale, du droit des États à être
indépendants, du droit des peuples à disposer d’eux- mêmes, etc.).
On parle des “droits subjectifs”, ce sont les droits qui appartiennent
aux sujets de droit (aux personnes).

Seulement, le mot droit peut désigner enfin la science qui


porte sur le Droit et sur les sources dont il émane (la loi, la
jurisprudence, les traités internationaux voire la coutume). C’est
en ce sens qu’on dit “la Faculté de droit” ou “les étudiants en
droit”."
48
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

La notion de droit subjectif n'a cessé d'alimenter la controverse.


Elle peut être considérée comme une notion clef de
l'individualisme juridique. VILLEY, DUGUI, IHERING,
ROUBIER ont proposé chacun une définition du droit subjectif.
DABIN le caractérise par la relation « d'appartenance-maitrise »
unissant un sujet de droit et un objet donné, appartenance dans la
mesure où la personne peut dire qu'un droit est le sien, maitrise en
tant que pouvoir de libre disposition de la chose objet du droit,
résultat de l'appartenance.

Une personne peut donc revendiquer des droits qui lui sont
reconnus par le droit objectif. Face à un tel raisonnement, nous
aborderons la question des droits subjectifs suivant les chapitres
ci-dessous :

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 1 – LES SOURCES ET


CLASSIFICATION DES DROITS SUBJECTIFS

SECTION 1- LES SOURCES DES DROITS SUBJECTIFS


A- Les actes juridiques
Un acte juridique est une manifestation de volontés d'une ou
plusieurs personnes destinées à produire des effets juridiques.

Classification des actes juridiques :

Selon le rédacteur de l’acte juridique :

- Acte authentique : acte authentifié par un officier ministériel


ou fonctionnaire (notaire, maire, huissier).

- Acte sous seing privé (« sous signature privée »): acte signé
par les parties contractantes ou leurs mandataires en dehors de la
présence d’un officier public

Selon le nombre de parties qui s’engagent par l’acte


juridique:

- Acte unilatéral: la personne qui s’engage n’attend pas de


contrepartie (ex. La donation, le testament).

- Acte synallagmatique: chaque partie à l’acte doit exécuter ses


obligations (ex. contrat de vente, le contrat de mariage qui réglera les
droits obligations des deux époux, l'acte de cautionnement qui obligera
la caution à payer en lieu et place du débiteur principal).

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Selon la finalité de l’acte :

- Acte civil: acte à but civil (non lucratif);

- Acte commercial: acte à but lucratif;

- Acte mixte: acte présentant la caractéristique d’être commercial


pour l’une des parties et civil pour l’autre. Ex. achat
d’électroménager.

Selon les droits des parties sur l’objet de l’acte:

- Acte d’administration: il permet la gestion d’un bien (ex. mandat,


tutelle, etc.)

- Acte de disposition: il contribue à transformer le patrimoine de


l’individu (ex. ouverture d’un Livret A).

Selon l’intérêt financier (ou plus largement intéressé ou


désintéressé):

- Acte à titre gratuit: une personne s’oblige avec une intention


généreuse (ex. personne n’a une carte de donneur d’organes).

- Acte à titre onéreux: acte par lequel chacune des parties recherche un
avantage, mais par réciproquement (ex. un bail).

Selon l’intention de son auteur:

- Acte translatif: il a pour objet de transmettre d’une personne à une


autre des droits préexistants. Ex. Testament.

- Acte déclaratif: il ne fait que constater une situation juridique


préexistante (ex. Reconnaissance de dettes)

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Selon le temps nécessaire à la réalisation de l’objet de l’acte:

- Acte instantané: lorsqu’il produit ses effets en un trait de temps,


immédiatement. Ex. la commande d’un café au comptoir.

- Acte successif: si l’écoulement du temps est nécessaire pour son


accomplissement. Ex. vente en l’état futur d’achèvement Il est
important de retenir que c’est la volonté d’une ou plusieurs personnes
d’atteindre un objectif ou résultat précis qui distingue l’acte juridique
du fait juridique.

B- Les faits juridiques


Ce sont des évènements voulus ou non, susceptibles de produire
des effets juridiques. Ils font naître des droits et obligations non-
recherchés.

Faits juridiques volontaires.

L'évènement lui-même résulte de la volonté, mais pas les


conséquences juridiques qu'il entraîne. (Ex: la naissance entraîne des
obligations et des droits entre les parents et l'enfant, le décès va
transférer aux héritiers la propriété des biens du
défunt, un accident de la route obligera celui qui l'a causé par son
imprudence à réparer le dommage subi par la victime sans
qu'évidemment l'auteur ait voulu contracter cette obligation, lancer
une pierre sur une voiture,...) ; le dommage est voulu mais pas
l'obligation de réparer.

Faits juridiques involontaires.

Évènements involontairement provoqués et dont les conséquences


juridiques n'ont pas été recherchées. (Ex: Par inadvertance, je bouscule

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

un pot de fleurs qui tombe de ma fenêtre et dans sa chute endommage


une voiture.) ; Ni le dommage, ni les conséquences n'ont été voulues,
un tremblement de terre qui en détruisant un immeuble loué entraîne
la résiliation des baux.

En principe, la preuve des faits juridiques peut être faite par tous
moyens, écrits, témoignages, aveux, présomption, constat demandé à
un huissier ...

SECTION 2- LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE


DROITS SUBJECTIFS
Le classement des droits subjectifs est nécessaire en ce qu’il permet
de regrouper des droits voisins pour leur appliquer un même régime
juridique. Les droits subjectifs sont composés des droits patrimoniaux
et des droits extrapatrimoniaux.

A- Les droits patrimoniaux


Les droits patrimoniaux sont des droits susceptibles d’évaluation
pécuniaire. Ils sont cessibles (et peuvent être vendus), saisissables (à
la demande d’un créancier, par exemple) et transmissibles (par voie de
succession).

On distingue trois catégories de droits patrimoniaux : les droits


personnels, les droits réels et les droits intellectuels.

1. Les droits personnels ou droits de créance


Les droits personnels (ou droits de créance) permettent à une
personne, le créancier, d’exiger d’une autre personne, le débiteur, une
prestation (donner, faire ou ne pas faire quelque chose). Ainsi, le

53
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

prêteur impose à l’emprunteur qu’il rembourse le prêt aux échéances


convenues.

Les droits personnels sont des droits relatifs, donc non


opposables aux tiers, puisque seuls le créancier et le débiteur sont
concernés. Ils sont donc fragilisés par les possibles défaillances du
débiteur (insolvabilité).

2. Les droits réels principaux et accessoires


Les droits réels portent directement sur les choses. Ils sont mieux
assurés et donc moins fragiles que les droits personnels, dont
l’exercice peut être empêché par l’insolvabilité du débiteur. On
distingue :

– Les droits réels principaux, dont le droit de propriété est


l’archétype ;

– Les droits réels accessoires, qui garantissent l’exécution d’une


créance. Ainsi, l’hypothèque est un contrat réel accessoire par lequel
un débiteur donne à son créancier (sans s’en dessaisir) un immeuble
en garantie du remboursement de sa dette.

Le créancier hypothécaire dispose de droits spécifiques :

– Le droit de suite, qui lui permet de faire saisir l’immeuble quel


qu’en soit le propriétaire ;

– Le droit de préférence, qui lui garantit d’être payé sur le produit de


la vente de l’immeuble avant les autres créanciers.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

3. Les droits intellectuels


Les droits intellectuels portent d’une façon générale sur les
créations de l’esprit (poème, tableau, œuvre musicale, invention…),
dont la multiplicité se traduit par une diversité de régimes juridiques :

– Les droits de propriété littéraire et artistique protègent les œuvres


de l’esprit (livre, composition musicale, œuvre chorégraphique ou
dramatique, dessin, peinture, logiciel…). L’auteur jouit d’un droit
d’exploitation, qu’il peut exercer seul ou céder à un tiers (un éditeur,
par exemple) ;

– Les droits de propriété industrielle (brevets, marques…)


garantissent à l’inventeur ou au créateur un monopole d’exploitation,
à condition qu’il respecte une procédure particulière auprès l’OIPI.

B- Les droits extrapatrimoniaux


Les droits extrapatrimoniaux sont liés à la personne et se
caractérisent par leur grande diversité : ils relèvent des libertés
publiques, ou de la personnalité dans ce qu’elle a de plus concret (le
corps) ou de plus intime (l’honneur, la vie privée…). Mais aucun de
ces droits n’a de valeur monétaire, ils sont tous incessibles,
insaisissables et intransmissibles.

1. Les droits relevant des libertés publiques.


Ce sont des droits, individuels ou collectifs, qui permettent à
chacun de participer à l’exercice du pouvoir ou de jouir des libertés
fondamentales reconnues à tout être humain. Ils ont une valeur
constitutionnelle et leur exercice ne peut être interdit.

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

a. Les droits individuels


On y trouve :

- Les droits politiques, comme le droit de vote et le droit


d’éligibilité ;

- Les grandes libertés publiques telles qu’elles sont énoncées dans


la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : liberté
d’opinion, liberté religieuse, liberté d’expression…

b. Les droits collectifs

Ce sont :

- Le droit syndical, selon lequel « tout homme peut défendre ses


droits et ses intérêts par l’action syndicale et adhérer au
syndicat de son choix » ;

- Le droit de grève, qui autorise les salariés à cesser collectivement


le travail pour défendre des revendications professionnelles.

2. Les droits de la personnalité


« Ce sont les attributs que la loi reconnaît à tout être humain ». Ils
peuvent être regroupés en différentes catégories :

- Le droit à l’intégrité physique, qui recouvre le droit à la vie,


le droit à l’inviolabilité corporelle et au respect du corps. C’est
au nom de ce droit, par exemple, que sont interdites les ventes
d’organes. Certains conflits de droits peuvent cependant surgir,
que les tribunaux doivent trancher : par exemple, les juges ont
fait prévaloir le droit à la santé sur le droit à l’intégrité

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

corporelle dans une affaire opposant un médecin et une


patiente témoin de Jéhovah ;
- Le droit à l’intégrité morale :
Le droit à l’honneur et à la dignité. Les atteintes à l’intégrité
morale (injures, diffamation…) sont sanctionnées civilement
ou pénalement ;
Le droit au respect de la vie privée, au nom duquel
chacun peut s’opposer à la divulgation ou à la reproduction
de données (adresse, numéro de téléphone, voix, image…).
Le droit à l’image a ainsi été invoqué à de nombreuses
reprises par des personnalités de la musique ou du cinéma
pour obtenir la condamnation de journaux publiant des
photos « volées ».

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 2 - LA PREUVE DES DROITS


SUBJECTIFS

La preuve est une démonstration de l’existence d’un acte ou d’un fait


juridique duquel nait un droit subjectif dont on veut se prévaloir, toute
cette démonstration doit se faire dans les conditions admises par la loi.
Fréquent de faire la preuve d’acte ou fait juridique en dehors de tout
procès, extra judiciaire. Le plus souvent la preuve est judiciaire, la
démonstration de l’existence d’un acte ou fait juridique devra être
rapportée. Utilité de cette preuve, elle conditionne l’effectivité des
droits subjectifs lorsqu’ils sont contestés, pour pouvoir bénéficier de
ce droit. Un droit subjectif qui n’est pas prouvé est considéré comme
inexistant.

SECTION 1 – LES PRINCIPES GÉNÉRAUX DU DROIT


DE LA PREUVE
En matière de preuve il y a toujours trois questions à se poser :
Quel est l’objet de la preuve, qu’est-ce qui doit être prouvé ?
Qui doit prouver ? Problème de la charge de la preuve
Comment il est possible de prouver ? Quels sont les modes de
preuve ?

A- La charge de la preuve (qui doit prouver ? Que doit-on


prouver?
L’administration de la preuve incombe à celui qui se prévaut de ce
fait ou de l'obligation dont elle se prétend créancière (le demandeur).
Selon l’article 1315 alinéa 1 du Code Civil, « la charge de la preuve
incombe au demandeur ».

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Renversement de la charge de la preuve: Par contre, si le défendeur


prétend s’être libéré, il lui incombe de faire la preuve de la libération.
(Art. 1315 alinéa 2 du Code civil). La charge de la preuve se déplace
ainsi suivant les alternances de la discussion judiciaire. Le principe est
que chaque partie à la charge de la preuve des faits et des actes
juridiques qu'elle allègue. La pratique n'est pas toujours conforme à
cet aspect théorique puisque lorsqu'un plaideur est à même d'établir un
fait qui lui est favorable, il ne manquera pas d'en démontrer l'existence
même si la charge de la preuve ne lui incombe pas.

Présomption simple: c’est le défendeur qui doit prouver que la


prétention du demandeur n’est pas fondée. Ex. responsabilité des
parents des dommages causés par leurs enfants, responsabilité du fait
des choses, responsabilité du supérieur hiérarchique du fait de ses
subordonnés, etc.

Présomption légale: présomption établie par la loi. Elle est simple


lorsqu’on doit apporter la preuve inverse (ex. présomption
d’innocence en droit pénal.) ou irréfragable si elle ne peut être
renversée (ex. la remise par un créancier d’un titre libératoire à son
débiteur comme une quittance de loyer) ; article 1350 du code civil

Dans le premier cas, la déduction est le fait de la loi et il s’agit d’une


présomption légale, dispensée de preuve.

C’est cette sorte de présomption qui constitue l’exception au principe


posé à l’article 1315 alinéa 1 du Code civil.

Ex: Présomption de paternité prévue aux articles 2 de la loi n°2020 -


490 du 29 mai 2020 relative au nom et 2 de la loi n° 2019-571 du 26
juin 2019 relative à la filiation (article 191 du code de la famille
sénégalais).

59
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Une fois le problème de la charge de la preuve réglé, il convient


maintenant de recenser les différents modes de preuves prévus par la
loi.

Le principe de la neutralité du Juge

Un principe fondamental a longtemps dominé le procès privé à


savoir que la charge de la preuve incombe aux parties elles-mêmes, la
procédure dans l'instance étant traditionnellement de type accusatoire.

Il n'appartient pas au Juge d'établir par ses propres moyens la vérité


des faits allégués, mais uniquement de statuer sur les preuves qui lui
sont fournies par les parties et sur celles-là seulement.

En définitive, il appartiendra au Juge de déterminer quelles


sont les meilleurs preuves.

Ce principe de la neutralité du Juge a toujours eu des limites et n'a


jamais impliqué une passivité totale. Aujourd’hui, une lente évolution
s'est dessinée tendant à donner au Juge une plus grande initiative en
matière de preuve.

B- L’objet de la preuve
La question est ici de savoir qui doit prouver quoi :
(respectivement) qui a la "charge" de la preuve et quel est "l'objet" de
la preuve.

La personne qui réclame l'application d'un droit doit convaincre le


juge de son bon droit. La charge de la preuve appartient au demandeur
: celui qui introduit l'action en justice. C'est lui qui devra convaincre
le juge. Son adversaire se contentera dans un premier temps de

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

contester les moyens de preuve apportés par le demandeur afin de


contredire son argumentation.

Le demandeur subit le risque de la preuve : s'il ne convainc pas le


juge, il perdra son procès.il sera « débouté ».

Rappelons que dans une procédure de type contradictoire, chacun


expose à l'avance tous ses arguments et qu'aucun moyen de preuve ne
peut donc être produit qui n'aurait pas été porté à la connaissance de
l'adversaire préalablement. Chacun est donc en mesure de combattre
les preuves de l’autre. Dans un deuxième temps : une fois que le
demandeur a convaincu le juge de son bon droit, le défendeur devra
donc établir que son obligation n'existe plus, qu'il en est déjà libéré et
devra donc en faire lui-même la preuve.

EXCEPTION :

Le demandeur est parfois dispensé de prouver exactement ce qu'il


prétend. Le législateur a prévu des hypothèses pour lesquelles la
preuve d'un fait simple à établir suffit à prouver une conséquence
logique de ce fait que l'on cherchait justement à prouver.
Ce sont les présomptions légales :

On dit d'une présomption qu'elle est la "conséquence que la loi tire


d'un fait connu pour déterminer un fait inconnu.

Exemple : établir la paternité d'un enfant n'est pas forcément aisé.


Cependant il est logique de considérer que l'homme avec lequel une
mère entretenait des relations intimes soutenues pendant la période où
l'enfant a été conçu est justement le père de son enfant. Il suffira donc
de prouver l'existence de ces relations (fait connu) pour établir la

61
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

paternité de l'homme sur l'enfant (fait inconnu qui est considéré


comme prouvé).

Il existe deux types de présomptions légales

- Les présomptions légales simples : le défendeur peut alors


tenter d'établir la fausseté de la présomption et rétablir la vérité.
(Ainsi dans l'exemple qui précède, le prétendu père peut tenter
d'établir qu'il ne l'est pas).
- Les présomptions légales irréfragables : le défendeur n'est
pas autorisé à tenter de prouver le contraire. (Exemple : le
contenu d'une décision de justice ne peut être remis en cause
dans ce qu'elle constate ou affirme).

Ainsi, si le demandeur bénéficie du jeu d'une présomption, il se


retrouve dispensé de la preuve exacte de son bon droit, le défendeur
devant (s'il y est autorisé) établir la preuve du contraire de façon, lui,
exacte.

SECTION 2 – LES DIVERS MODES DE PREUVE


Selon l’article 1316 du Code civil : « Les seuls moyens de preuve
retenus par la loi sont:

L'écrit ;

Le témoignage ;

La présomption du fait de l'homme ;

L'aveu judiciaire ;

Le serment.

62
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Mais il est important de retenir que l’article 1316 du Code civil


dispose que « Tous ces moyens peuvent être utilisés pour la preuve
des faits juridiques. La preuve est libre en matière commerciale
pour les actes juridiques ».

A- La preuve des actes juridiques


En principe, la preuve des actes juridiques se fait par des procédés
de preuve parfaits, que sont l’écrit, l’aveu judiciaire et le serment
décisoire. Ces procédés de preuve parfaits sont admissibles en toute
matière et lient le juge, qui doit en tirer les conséquences.

Au premier plan des procédés de preuve parfaite, il y a la preuve


littérale, l'écrit. L'art.1341 du Code civil dispose : « Il doit être passé
acte devant notaire ou sous signatures privées de toute convention dont
l'objet excède 5.000 francs. ».

Il existe plusieurs sortes d'écrit.

 L’acte authentique : L’acte authentique est défini comme


étant « L'acte authentique est celui qui a été reçu par un officier
public compétent instrumentant dans les formes requises par la
loi ». (art. 1317 Code civil). Ce sont les actes notariés, les
actes civils (acte de mariage, de décès,...). L'acte authentique
est censé refléter la vérité, du moins pour les mentions
correspondant aux constatations personnelles faites par
l'officier public. C'est pourquoi la procédure pour combattre un
acte authentique, la procédure en inscription de faux, est
difficile à intenter.

Elle suppose que soit rapportée la preuve de la malhonnêteté de


l'officier public qui a rédigé l'acte authentique. Faute d'une telle

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

preuve, le plaignant s'expose à une lourde amende. Selon l’article


1319 du Code civil « L'acte authentique fait pleine foi à l'égard de
tous et jusqu'à inscription de faux de ce que l'officier a fait ou constaté
personnellement conformément à ses fonctions. Pour le surplus l'acte
fait foi seulement jusqu'à preuve contraire.»

- L’acte sous seing privé : Les actes sous seing privé sont les
actes écrits par les particuliers et portant leur signature. Les
actes sous seing privé doivent respecter des conditions de
forme. En effet l’article 1322 du code civil dispose que
«L'acte sous seings privés est valable lorsqu'il est signé
par les parties. »(Formalité du double)

Il faut néanmoins noter aussi les actes illettrés. «La partie illettrée
doit se faire assister de deux témoins lettrés qui certifient dans l'écrit
son identité et sa présence: ils attestent en outre que la nature et les
effets de l'acte lui ont été précisés.»

La seconde condition est supplétive pour certains actes et


obligatoire pour les contrats synallagmatiques. Selon l'art. 1325 du
Code civil, « Les actes sous seing privé qui contiennent des
conventions synallagmatiques, ne sont valables qu'autant qu'ils ont
été faits en autant d'originaux qu'il y a de parties ayant un intérêt
distinct ».

Certains actes doivent contenir des mentions particulières. Ainsi,


« l'acte juridique par lequel une seule partie s'engage envers une autre
à lui payer une somme d'argent ou à lui livrer un bien fongible doit
être constaté dans un titre qui comporte la signature de celui qui
souscrit cet engagement ainsi que la mention, écrite par lui-même, de

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Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

la somme ou de la quantité en toute lettre et en chiffres » (art. 1326 du


Code civil).(Formalité du bon pour)

Les limites (impossibilité de se procurer une preuve)

Lorsqu’il existe un commencement de preuve par écrit, d’autres


modes de preuve peuvent être prônées pour corroborer la véracité des
actes. « Les témoignages et présomptions sont également recevables,
lorsqu'il existe un commencement de preuve par écrit.

On appelle commencement de preuve par écrit tout écrit qui rend


vraisemblable le fait allégué et qui émane de celui auquel on l'oppose,
de son auteur ou de son représentant.

Sont assimilées au commencement de preuve par écrit les


déclarations faites au cours d'une comparution personnelle ordonnée
par le juge.

Les autres écrits

Ce sont les livres de commerce et les copies d'actes,

En matière commerciale, c’est le principe de liberté de la preuve.

B- La preuve des faits juridiques (la liberté de la preuve)


Le fait juridique est le plus souvent un évènement imprévu dont il
n'a pas été possible d'établir une preuve préconstituée. Le plus souvent,
on fait recours aux preuves imparfaites pour prouver un fait juridique.

Le principe

Parmi les modes de preuves imparfaites, nous citerons :

65
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Le serment est une déclaration solennelle faite devant un juge.


Le serment est dit décisoire lorsqu’une partie les défère à l’autre partie
en lui demandant de jurer. Si le plaideur jure, il gagne le procès ; s’il
ne jure pas, il perd le perd. Mais dans certains cas, le juge peut
demander à un plaideur de jurer ; le serment est alors dit
supplétoire et permet de compléter un commencement de preuve
par écrit. La portée pratique de ce mode de preuve est minime.
Toutefois, la pratique du serment est très présente lors de l’intégration
d’une personne à un corps professionnel. On pense bien sûr au serment
d’Hippocrate mais le juge prête aussi serment.

L’aveu judiciaire intervient au cours du procès ; c’est la


reconnaissance par une personne de l’exactitude d’un fait, par exemple
reconnaître que l’on doit une somme d’argent à quelqu’un.

Le témoignage est une déclaration faite par une personne sur des
faits dont elle a eu personnellement connaissance. Mais le témoignage
indirect, appelé par commune renommée ou par ouï-dire, est parfois
admis.

La présomption de fait est la conséquence que le juge peut tirer


d’un fait connu ou établir un fait inconnu à condition que ces faits
soient précis, graves et concordants. Plus qu’un mode de preuve, la
présomption de fait est, en réalité, un mode de raisonnement du juge.
Par exemple, lors d’un accident de la route la vitesse de l’automobile
sera déduite des traces laissées par les pneus lors du freinage.

L’exception

Il existe des faits juridiques dont la gravité a poussé le législateur à


organiser le système de preuve s'y rapportant. Ainsi, la naissance ou le

66
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

décès doivent être prouvés au moyen d'actes d'état civil qui sont des
actes authentiques, formés par des officiers ministériels.

De même la preuve de la filiation est également réglementée et les


seules preuves admises sont l'acte de naissance, la possession d'état,
les témoignages s'il y a un commencement de preuve par écrit ou les
présomptions de faits.

67
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 3 - LES ACTEURS DE LA VIE


JURIDIQUE

Il s’agit des titulaires des droits subjectifs que sont les personnes.

Les personnes en droit se divisent en deux catégories. Les


personnes physiques sont des êtres humains considérés ici comme
des sujets de droit, tandis que les personnes morales sont des
personnes virtuelles créées par le droit pour pouvoir être comme des
personnes physiques titulaires de droits et d’obligations et être des
acteurs à part entière de la vie marchande. Chaque personne à sa
naissance (physique ou morale) est dotée de la personnalité juridique,
c'est-à-dire l’aptitude à être titulaire de droits mais aussi d’obligations
et de jouir d’attributs fondamentaux.

SECTION 1- LES PERSONNES PHYSIQUES


Une personne physique est un être humain vivant, sans distinction
de sexe, de race, et de religion, conformément au préambule de la
Constitution

A- Les droits de la personnalité


Les droits de la personnalité sont les prérogatives que le droit
reconnaît à chaque personne du fait de sa naissance, ils ne peuvent
donc être détachés de leur titulaire et c'est pourquoi chaque personne
est dotée de ses droits même les incapables.

Ce sont des droits inhérents à la personne. Ces droits possèdent


certains caractères : ils sont intransmissibles, imprescriptibles,

68
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

insaisissables et en principe hors du commerce juridique (ils ne


peuvent pas faire l'objet de convention).

B- La capacité juridique des personnes


Toute personne physique est apte à être titulaire de droits. Le terme
de « personne physique » désigne l'être humain doté de la personnalité
juridique, c'est-à-dire l'être humain sujet de droit. Les personnes
physiques se distinguent ainsi des personnes morales, qui sont les
groupements dotés de la personnalité juridique, comme les
associations ou les sociétés. La personnalité juridique est l'aptitude à
être sujet de droit. Cela signifie avoir des droits et pouvoir les
exercer. C’est la personnalité juridique qui confère à l'individu la
capacité juridique.

Plusieurs questions seront posées :

Qu’est-ce que la capacité juridique ?

De quoi se compose la capacité juridique (capacité de jouissance/


capacité d’exercice)

Qu’est-ce qu’est l’incapacité juridique ?

Quels sont les cas d’incapacité juridique ?

Quels sont les dispositifs de protection des personnes incapables ?

Nous avons vu dans le chapitre précédent qu’avoir la personnalité


juridique, c’est être titulaire de droits et d’obligations. Pourtant la loi
peut empêcher un individu d’exercer ses droits.

Ex : pour se marier un mineur doit avoir l’accord de ses parents, pour


voter il faut être majeur, etc.

69
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

La capacité juridique, c’est l’aptitude d’une personne à pouvoir


exercer elle-même ses droits et obligations.

Elle se compose de :

La capacité de jouissance : c’est l’aptitude à être titulaire


de droits et d’obligations

La capacité d’exercice : c’est le pouvoir d’exercer soi-même


ses droits et obligations.

Toute personne qui possède la capacité de jouissance et d’exercice


est considérée comme capable, mais il existe des exceptions, des
personnes peuvent être frappées d’incapacité juridique.

Qu’est-ce que l’incapacité juridique ?

L’incapacité juridique se traduit par le fait qu’une personne ne peut


pas exercer elle-même ses droits et obligations. L’incapacité ne porte
donc que sur la capacité d’exercice.

A. Les cas d’incapacité juridique


Les mineurs :

Les mineurs sont considérés comme trop jeunes pour pouvoir


exercer pleinement leurs droits, ils sont donc représentés par leurs
parents. Ex : Un mineur ne peut pas voter, se marier, s’engager sur des
sommes importantes, etc.

70
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Les incapables majeurs :

Il s’agit de personnes fragiles physiquement ou mentalement. On


enlève la capacité d’exercice à ces personnes pour pouvoir les
protéger. Ex : Handicapés mentaux, personnes âgées malades, etc.

Les personnes condamnées :

Il s’agit des personnes condamnées par la loi qui perdent une


partie de leur capacité d’exercice. Ex : Une personne condamnée
pour escroquerie ne peut pas créer son entreprise.

B. Les exceptions
L’émancipation : un mineur peut être émancipé dès 16 ans, c'est-
à-dire qu’il va acquérir la capacité d’exercice, il sera considéré comme
un majeur capable.

Les personnes condamnées et qui ont perdu une partie de leur


capacité d’exercice peuvent la retrouver (ex : l’escroc qui s’est bien
comporté pendant 5 ans pourra ouvrir sa propre entreprise).

Les incapables doivent être assistés par un représentant légal qui


agit en leur nom, qui les aide à accomplir certains actes de la vie
courante. Les représentants légaux des mineurs sont leurs parents.

SECTION 2 – LES PERSONNES MORALES


Une personne morale est un groupement d’individus réunis dans un
intérêt commun. Par exemple, trois amis se sont associés pour créer
une société de services informatiques. Cette société est une personne
morale.

On distingue deux sortes de personnes morales :

71
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

- Les personnes morales de droit public ;


- Les personnes morales de droit privé.

Les personnes morales de droit public regroupent les


collectivités publiques (l’État, les régions, les départements, les
communes), les établissements publics (universités, hôpitaux…) Les
personnes morales de droit privé sont créées par la volonté de certains
individus. Cela peut être une société, une association, un syndicat…

Parmi les personnes morales de droit privé, on fait encore une


distinction entre personne morale de droit privé à but lucratif, et
personne morale de droit privé à but non lucratif.

La personne morale de droit privé à but lucratif a pour objectif de


faire des bénéfices. Il s’agit notamment des sociétés (Société
Anonyme, Société à Responsabilité Limitée, Entreprise
Unipersonnelle à Responsabilité Limitée…).

La personne morale de droit privé à but non lucratif poursuit un but


autre que la recherche de bénéfices : les syndicats ont pour but de
défendre les intérêts d’un groupe d’individus.

A- Les attributions de la personnalité morale


Pour les Sociétés Commerciales :

Les sociétés sont régies par l’acte uniforme de l’OHADA relatif au


droit des sociétés commerciales et du G.I.E.

L’article 46 de l’AUDGIE « Les personnes morales soumises par


des dispositions légales à l'immatriculation doivent demander leur
immatriculation dans le mois de leur constitution, auprès du greffe de
la juridiction compétente ou de l’organe compétent dans l’Etat Partie

72
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

dans le ressort duquel est situé leur siège social ou leur principal
établissement ».

L’attribution de la personnalité morale suppose que l’entreprise a


été immatriculée au RCCM. Aussi, quel que soient sa forme et son
statut juridique, elle est tenue de s’immatriculer au Répertoire des
Entreprises et Associations. Cette immatriculation a lieu au CEPICI
mais également à l’IPS-CNPS.

Les ONG et Associations :

Il n’y a pas de loi spécifique aux ONG et aux Associations. Elles


sont régies par celle des associations réglementées par le code des
obligations civiles et commerciales et inspirées de la Loi de 1960 sur
les Associations. La personnalité morale est conférée à toute
association ou ONG qui le sollicite sous réserve qu’elle remplisse
certains critères. Selon l’article premier du décret n°89-775 du 30 juin
1989 fixant les modalités d’intervention des organisations non
gouvernementales dispose : Les organisations non gouvernementales
« sont des associations privées régulièrement déclarées, à but non
lucratif, ayant pour objet d’apporter leur contribution au
développement du Sénégal et agréées en cette qualité parle
Gouvernement ». Ainsi, toutes les associations, ONG nationales et
étrangères désirant se doter d’une personnalité morale, doivent
conformément aux dispositions du décret 96.103 du 08 février 1996,
fixant les modalités de leur intervention être déclarées et reconnues.

B- Les effets
Après son immatriculation la société qui jouit de la personnalité
morale peut commencer à exercer ses activités. Les dirigeants doivent

73
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

cependant accomplir certaines formalités complémentaires dans les


plus brefs délais.

S’agissant des Associations et ONG, elles ne peuvent exister et


opérer dans le pays qu’après sa reconnaissance juridique. La
République de Côte d’Ivoire accorde aux ONG et Associations ayant
acquis la personnalité morale, la possibilité de bénéficier des
avantages douaniers et fiscaux consentis par l’État à titre de
contrepartie à leurs actions, en faveur des populations. Ce sont :
l’exonération des droits et taxes sur les matériaux, matériels et
équipements à l’exception des lubrifiants et carburants importés ou
acquis sur le territoire national et destinés à la réalisation de leurs
programmes, l’admission temporaire des véhicules à usage utilitaire
acquis localement ou importés. Elles auront aussi, la capacité d’ester
en justice.

74
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 4 – LES OBLIGATIONS

SECTION 1 - LA RESPONSABILITÉ
Art 1382 du code civil (1240 du code civil français) : « Tout fait
quelconque de l'homme qui cause un dommage à autrui oblige
celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer »

Cette réparation s'obtient uniquement au tribunal.

A- Le dommage
Le dommage est la première condition de la responsabilité
civile. Sa preuve incombe au demandeur. La preuve est libre et la
victime pourra demander au juge la désignation d’un huissier ou d’un
expert. Le dommage peut être matériel ou moral ; il est générateur de
responsabilité s'il porte atteinte à un droit.

Le dommage peut être actuel ou futur. Il doit toujours être certain et


direct

Le dommage certain:

« Le dommage est certain lorsque, bien que n'étant pas réalisé sur le-
champ, il se produira nécessairement dans l'avenir ».

Le dommage éventuel n’est pas pris en considération. Mais est


certain un préjudice déjà subi (une perte, un manque à gagner, une

75
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

invalidité, un dommage personnel) ou la perte d’une chance si elle était


raisonnable.

Sont également certaines les conséquences futures, si elles sont


inévitables (versement d’une rente pour incapacité suite à un accident,
perte de droit à la retraite la suite d’une interruption de travail….)

Le dommage direct:

« Le dommage est direct lorsqu'il découle de la faute, sans qu'aucun


fait postérieur ait encouru à sa réalisation ».

Le dommage doit résulter directement du fait reproché au responsable


;

En France le dommage doit être déterminé :

Le dommage peut être corporel moral, économique ou matériel.

Il est matériel s’il s’agit de la destruction ou de l’endommagement


d’un ou plusieurs biens de la victime ;

Corporel, s’il s’agit d’une atteinte à son intégrité physique (blessures,


incapacité, invalidité préjudice esthétique) ;

Moral, s’il s’agit par exemple de la douleur provoquée par la perte


d’un être cher…. Économique : cela peut être la perte de revenus, la
nécessité de se faire assister par une tierce personne pour les actes de
la vie quotidienne, la perte d’une entreprise personnelle, de droits à
retraite etc... .)

76
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

B- Le fait générateur de la responsabilité


La responsabilité contractuelle : le fait générateur est l’inexécution
du contrat ;

La victime doit prouver que l'inexécution du contrat lui a provoqué


un dommage (Ex : le retard du transporteur provoque un manque à
gagner pour une entreprise qui ne peut plus fabriquer ses produits).

Le mécanisme du déclenchement de l'action en responsabilité est


différent selon qu'il y a obligation de moyens ou de résultat :

- En cas d'obligation de résultat : Si le résultat n'est pas atteint,


le débiteur est présumé responsable (présomption simple, c'est à dire
que le débiteur peut se défendre) ;

- En cas d'obligation de moyens : C'est à la victime (créancier) de


prouver que les moyens n'ont pas été mis en œuvre.

Mais il est important de noter que la responsabilité peut être limitée


par une clause du contrat. (Ex : fixation d'un montant de réparations
maximum)

La responsabilité délictuelle et quasi délictuelle : le fait


générateur est un fait juridique.

On parle de responsabilité délictuelle quand le fait juridique


est volontaire et fait avec intention de nuire : (Ex : bâtir un mur très
haut uniquement pour gêner son voisin)

On parle de responsabilité quasi-délictuelle quand le fait n'est pas


volontaire ou était sans intention de nuire.

77
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Le type de responsabilité engagé dépend de la nature du fait


générateur. D’où la diversité des Responsabilité :

- La responsabilité du fait personnel ;( La victime doit prouver


que la personne qu'elle attaque en justice a commis une faute
(volontaire ou par imprudence)
- La responsabilité du fait d'autrui ;( La victime doit prouver
que le tiers a commis une faute. Ceci établi, employeur,
artisan ou parents sont présumés responsables. (Pour
l'employeur et l'artisan la présomption est irréfragable = ils
n'ont pas le droit de prouver le contraire. Pour les parents la
présomption est simple = ils peuvent se dégager en prouvant
qu'ils n'ont pas commis de faute de surveillance de leurs
enfants).
- La responsabilité du fait des choses ;( La victime doit
prouver que la chose (ou l'animal) a provoqué le dommage. Rq
: le gardien n'est pas forcément le propriétaire, mais celui qui
avait la garde de la chose au moment de l'accident. C'est le
gardien qui est responsable.)

SECTION 2. L’EXONÉRATION DE LA
RESPONSABILITÉ
La responsabilité peut disparaître ou être atténuée
lorsqu'intervient un évènement qui modifie la relation de causalité
entre la faute et le dommage.

Il est possible de se dégager de sa responsabilité (prouver qu'on n'est


pas responsable) dans trois cas :

78
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

- Cas de force majeure : le dommage a été provoqué par un


événement imprévisible et irrésistible ex Une tempête.
- La légitime défense : « Il n'y a pas de responsabilité si
le fait dommageable a été commis de façon raisonnable pour
la légitime défense de soi-même ou d'autrui, ou pour la garantie
de biens que l'auteur détient légitimement ».
- Faute de la victime : Le dommage a été provoqué par une
faute de la victime ex Monsieur Dupont est mordu par un chien
après avoir frappé ce chien.

79
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

DEUXIÈME PARTIE
L’ORGANISATION JUDICIAIRE EN CÔTE
D’IVOIRE.

L’organisation judiciaire ivoirienne, du point de vue juridictionnel,


est régie par la loi n° 99- 435 du 06 juillet 1999 modifiant la loi n°61-
155 du 18 mai 1961 portant organisation judiciaire.

L'organisation juridictionnelle en Côte d’Ivoire, reposait, avant


l’indépendance, sur la cohabitation de deux ordres de juridictions : des
juridictions françaises appliquant le droit français et une organisation
judiciaire de droit coutumier ou local. Cette dualité est la résultante de
la dualité de législation, qui elle-même repose sur une distinction des
statuts régissant les différentes couches de la population. En effet, la
France "offre" aux ressortissants ivoiriens la possibilité de conserver
un statut personnel particulier, par opposition au statut de droit
commun reconnu aux français et assimilés.

Au lendemain de l’indépendance, il est procédé à une refonte de


l’appareil judiciaire hérité de l’administration coloniale française.
L’objectif est de mettre en place une organisation judiciaire moderne
et adaptée aux besoins du pays. La réorganisation concerne le
recrutement, la formation de magistrats et auxiliaires de justice (juges,
greffiers, officiers ministériels, avocats, huissiers de justice, notaires,
etc.), mais également les structures. Trois principes gouvernent cette
opération de modernisation : la justice est rendue au nom du peuple ;
les juges ne sont soumis dans l’exercice de leurs fonctions qu’à

80
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

l’autorité de la loi, leur indépendance étant garantie par le président de


la république ; l’autorité judiciaire est gardienne des libertés
individuelles.

Les juridictions, ainsi que l’administration pénitentiaire,


connaissaient alors plusieurs évolutions, à partir de 1960. Toutefois,
comme dans bien des domaines, l’organisation judiciaire ivoirienne
reste encore influencée par le droit français. Le pouvoir judiciaire est
exercé présentement par des juridictions de premier et de second
degré, sous le contrôle des Cours Suprêmes (Conseil d’Etat, Cour de
cassation, Cour des Comptes, Cour Commune de Justice et
d’Arbitrage (CCJA)). Le Conseil Constitutionnel forme, avec la Haute
cour de Justice, des juridictions spéciales.

La loi n° 2020-348 du 19 mars 2020 modifiant la loi n° 2016-


886 du 8 novembre 2016 portant constitution de la République
de Côte d’Ivoire (IIIème République) consacre, dans son
préambule, l’attachement de la Côte d’Ivoire au respect et à la
protection des libertés fondamentales tant individuelles que
collectives, ainsi qu’au principe de la séparation des pouvoirs
(Exécutif, Législatif et Judiciaire). Elle a ainsi révolutionné le
paysage institutionnel ivoirien, en érigeant l’autorité judiciaire
en pouvoir, ce dernier faisant l’objet du titre IX intitulé « DU
POUVOIR JUDICIAIRE ». Par cette démarche, le souci du
constituant ivoirien était de doter la Côte d’Ivoire d’une «
justice indépendante du pouvoir exécutif et du pouvoir
législatif » (articles 139 à 155) de la Constitution).
La constitution ivoirienne de 2016 s’est, cependant,
abstenue de clarifier les relations entre le pouvoir judiciaire et
les autres pouvoirs, alors que les rapports entre le pouvoir
exécutif et le pouvoir législatif sont clairement définis. Cette

81
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

situation mériterait d’être corrigée pour permettre une


meilleure mise en œuvre du principe de la séparation des
pouvoirs constitués. Nous exposerons, ici, d’une part, les
juridictions en Côte d’Ivoire (titre I) et, d’autre part, les grands
principes de bonne conduite du procès (titre II).

82
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

TITRE I – LES JURIDICTIONS


IVOIRIENNES

Les juridictions désignent les organes chargés de trancher


les litiges. Ce sont des organes institués par la loi fondamentale
(constitution) et régis par des principes de fonctionnement. En
Côte d’Ivoire, les juridictions peuvent être classées en deux
grandes catégories : les juridictions de droit commun, d’une
part (sous-titre I) ; les juridictions d’exception, d’autre part
(sous-titre II).

83
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

SOUS-TITRE 1- LES JURIDICTIONS DE


DROIT COMMUN

On les appelle ainsi parce qu’elles ont en principe vocation à


tout juger sauf lorsqu’un texte spécial exclut leur compétence.
Ces juridictions se composent des tribunaux de première
instance et leurs sections détachées, des Cours d’Appel et des
Cours Suprêmes.

84
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 1 - LES TRIBUNAUX DE PREMIÈRE


INSTANCE ET LEURS SECTIONS DÉTACHÉES

I- L’organisation
Les juridictions de premier degré sont constituées par les
tribunaux de première instance et leurs sections détachées de
tribunal.
Les tribunaux de première instance et leurs sections détachées
constituent les juridictions de premier degré, c’est-à-dire
qu’elles connaissent en premier ressort de toutes les affaires
pour lesquelles compétence n’est pas spécialement attribuée à
une autre juridiction.
Les décisions qu’elles rendent sont appelées « jugement »
et elles ne sont pas définitives car, la partie insatisfaite de la
décision rendue peut saisir la juridiction de second degré.
La Côte d’Ivoire compte aujourd’hui neuf(9) tribunaux de
première instance ouverts : ils sont implantés dans les villes
d’Abidjan-Plateau, d’Abidjan-Yopougon, Abengourou,
Bouaké, Daloa, Gagnoa, Man, Bouaflé et Korhogo. Ils sont
composés de magistrats du siège et de magistrats du parquet.
Les sections détachées, quant à elles, désignent une partie
du tribunal de première instance, non pas en terme d’exercice
d’une partie des attributions de celui-ci mais plutôt en terme
d’occupation d’une partie de son territoire avec la même
autonomie d’attribution en toutes matières au sens de l’article
5 du code de procédure civile, administrative et commerciale.
L’objectif visé ici par le législateur, c’est de rapprocher la
justice des justiciables. Ces juridictions, constituent l’une des
85
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

spécificités du système judiciaire ivoirien. Jusqu’aux


nominations de l’année judiciaire 2004-2005, elles étaient
tenues, pour la plupart, par un seul, parfois deux magistrats,
qui cumulaient les fonctions de poursuite, d’instruction et de
jugement. Une telle situation, qui s’expliquait par le manque
de ressources humaines et qui ne s’accommodait guère du
souci d’efficacité de la justice et des principes de droits de
l’Homme, a été corrigée par les réformes de 1999. Ainsi, ont
été nommés au sein de ces sections détachées de tribunaux, des
magistrats dans les fonctions distinctes de poursuite,
d’instruction et de jugement. Depuis la fin de l’année 2004,
chaque section détachée de tribunal est désormais dirigée par
un président de section mais compte également un juge
d’instruction (et quelques fois un troisième juge du siège) ainsi
qu’un substitut - résident qui dépend du Procureur de la
République près le tribunal de première instance auquel la
section de tribunal est rattachée.

Il existe (26) sections détachées fonctionnelles. Ce sont :


- TPI d’Abidjan-Plateau : Aboisso, Adzopé, Agboville,
Grand-Bassam
- TPI de Yopougon : Dabou et Tiassalé ;
- TPI d’Abengourou : Bondoukou et Bouna ;
- TPI de Gagnoa : Oumé, Divo et Lakota ;
- TPI de Bouaké : Bongouanou, Dimbokro, Katiola,
M’Bahiakro et Toumodi ;
- TPI de Daloa : Sassandra, Séguéla, Soubré et Tabou ;
- TPI de Man : Danané, Touba et Guiglo ;
- TPI de Korhogo : Boundiali et Odienné
- TPI de Bouaflé : Sinfra.

86
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Mais depuis le 5 octobre 2006, un décret érige en tribunaux


de Première instance , les sections de tribunaux d’Agboville,
Adzopé, Lakota, Aboisso, Grand-Bassam, Dabou, Tiassalé,
Bondoukou, Bouna, Béoumi, Dabakala, Katiola, M'Bahiakro,
Tiebissou, Bocanda, Bongouanou, Toumodi, Yamoussoukro,
Boundiali, Ferkessédougou, Tengrela, Odienné, Issia, Séguéla,
Sinfra, Zuénoula, Oumé, Sassandra, Soubré,Tabou,
Biankouma, Danané, Guiglo, Mankono et Touba.
Toujours pour rapprocher davantage la justice des justiciables,
il est nécessaire d’ouvrir de nouvelles juridictions, et surtout
mettre sur pied celles qui ont déjà été créées par voie de décret,
tels que les Cours d’appel de Man et d’Abengourou, les
tribunaux d’Abobo, de Port-Bouet et de Guiglo.
Les magistrats du siège sont le président du Tribunal, le ou
les vice-présidents, les juges d’instruction, les juges d’enfants,
les juges de tutelle et d’autres juges. Ils sont chargés de
présider les audiences, rendre les jugements et instruire les
dossiers en prenant des ordonnances. Les attributions du
président du Tribunal sont d’ordre juridictionnel et
administratif : il préside les audiences, assure le service
intérieur du Tribunal et délivre les certificats de nationalité.
Les magistrats du parquet regroupent les Procureurs de la
République, les Procureurs adjoints et les substituts. Les
sections de tribunal sont détachées des tribunaux de première
instance. Elles comprennent un ou deux juges, dotés des
mêmes attributions que ceux des tribunaux de première
instance. Dans les sections de Tribunal, en lieu et place du juge
de section, qui poursuivait les infractions à la loi pénale, les
instruisait et les jugeait, il a été instauré un président de section,
un juge d'instruction et un substitut résident. Ainsi, la notion

87
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

de juge de section n'existe plus et ce magistrat super puissant


(puisque juge et procureur à la fois) a été remplacé par les trois
magistrats sus indiqués.
Il conviendra d’étudier ces juridictions à travers leur
structuration. De fait, Chaque tribunal de première instance et
chaque section détachée comprennent trois services : Le siège,
le parquet et le greffe.

A- Le siège
Le siège est l’organe chargé principalement de juger et rendre
les décisions de justice. Il est aussi chargé de l’instruction des
affaires pénales (par le juge d’instruction) ou civiles (par le
juge de la mise en état). Les juridictions du premier degré
statuent en premier ressort, mais pour certaines affaires, elles
statuent en premier et dernier ressort. Sa structure est calquée
sur les attributions du tribunal ; elle est faite de chambres
(civile, administrative, sociale, correctionnelle et
commerciale). À ces chambres s’ajoutent les cabinets
d’instruction, du juge des enfants et du juge des tutelles.
Dans un tribunal de première instance, le siège est dirigé
par le Président du tribunal assisté de vice-présidents, d’un ou
plusieurs juges d’instruction et de juges. Ce sont tous des
Magistrats assis appelés juges. En cas d’empêchement ou
d’absence momentanée, le Président du Tribunal est remplacé
par le Vice-Président le plus ancien dans le grade le plus élevé.
À défaut, par le Magistrat du siège le plus ancien dans le grade
le plus élevé.
Le Président du tribunal est le chef de la compagnie judiciaire
de la juridiction. À ce titre, il organise sa juridiction et a un
droit de surveillance de la discipline et de notation sur tous les

88
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Magistrats relevant de celle-ci. De plus, il est chargé de rendre


les ordonnances sur requête et de tenir les audiences de référés
(procédure d’urgence) mais il peut déléguer ses attributions à
d’autres juges.
Dans les sections détachées par contre, le Président de la
section exerce les mêmes attributions que le Président du
tribunal à l’exception du pouvoir de notation.
Il n’est pas assisté de Vice-président mais de juges, notamment
le juge d’instruction. Quid du parquet?

B- Le parquet
Appelé aussi le ministère public ou la magistrature débout,
le parquet est l’organe chargé de veiller aux intérêts de la
société.
Le parquet près les tribunaux de première instance et leurs
sections détachées compte le cabinet du procureur de la
république ou du substitut résident (dans les sections
détachées, lequel officie sous l’autorité du procureur de la
république près le tribunal de première instance de
rattachement) ; un service courrier chargé de la réception des
procès-verbaux et plaintes et de leur remise au cabinet du
procureur de la république ou du substitut résident. Il existe
également un service de l’enrôlement qui a pour attribution la
confection des dossiers, l’établissement des rôles d’audience et
leur transmission aux juges. Enfin, vient le service chargé du
suivi de l’exécution des peines prononcées par le tribunal.

Au plan pénal, le parquet est la porte d’entrée du tribunal.


Le Procureur de la République chef du service du parquet, a
l’opportunité des poursuites. À cet effet, il reçoit les plaintes et

89
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

dénonciations, apprécie les suites à leur donner. Le parquet


prend des réquisitions écrites ou orales et est le maître d’œuvre
de l’exécution des décisions de justice. Quant en est-il du
greffe ?

C- Le greffe
Témoin légal des instances de jugement et d’enquête, le
greffe est chargé de l’authentification des procédures, des
décisions et des actes de justice. Au-delà de ces attributions, il
assiste administrativement les autres services du tribunal (siège
et parquet), conserve les décisions et les pièces à conviction.
Au plan civil, il est également la porte de saisine de la
juridiction ; à ce titre, il veille à la procédure de saisine du
tribunal civil, reçoit les assignations et requêtes, établit et
délivre les titres exécutoires.
Le greffe assure également la gestion du casier judiciaire
Par ailleurs, il assure la responsabilité de la gestion financière
du tribunal. Sa structuration, jusqu’à ce qu’intervienne le
décret d’application de la loi 98-744 du 23 décembre 1998
l’érigeant en un service autonome dudit tribunal, reste
tributaire en plusieurs points de celle du siège. Il comprend
néanmoins un cabinet du greffier en chef et des chambres. Il
est animé par un personnel judiciaire non Magistrat.

II- Le fonctionnement
Les tribunaux de première instance et les sections détachées
utilisent dans leur fonctionnement deux moyens d’action. Il
s’agit des audiences et des assemblées générales.

90
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

A- Les audiences
Elles sont de deux types : Les audiences solennelle et
ordinaire

1- L’audience solennelle
Au cours de l’audience solennelle, le tribunal composé de
tous les magistrats se réunit sous la présidence de son
président. Cette audience se tient généralement à l’occasion de
la rentrée judiciaire ou de l’installation des Magistrats.

2- L’audience ordinaire
Quant à l’audience ordinaire, elle est la formation normale de
jugement qui se réunit pour trancher tout litige.

B- « Les réunions »
On évoquera notamment les réunions en assemblée
générale et en chambre de conseil.

1- L’assemblée générale
L’assemblée générale composée également de tous les
Magistrats du tribunal y compris ceux des sections se réunit
pour délibérer sur le règlement intérieur, la date et le nombre
des audiences de vacations, les audiences spéciales et des
audiences foraines le cas échéant. .

2- Chambre de conseil
Les réunions du tribunal en chambre de conseil ne sont
possibles que dans les cas prévus par la loi.

91
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Exemple : audience de tentative de conciliation en matière de


divorce prévue par le code de la famille.
Pour exercer leurs importantes attributions, les juridictions de
premier degré disposent de certaines formations.

C- Les différentes formations du tribunal de première


instance et des sections détachées
Les juridictions de premier degré comprennent des
formations civiles et pénales.

1- Les formations civiles


En formation civile, les tribunaux de première instance et
les sections détachées statuent sur toute matière purement
civile, mais aussi sur les matières commerciale et
administrative (compétence d’attribution (article 5 du Code de
Procédure Civile Commerciale et Administrative).

a- Les décisions en premier ressort (art 6°du Code Procédure


Civile)
- Ces juridictions statuent en premier ressort dans les cas
suivants :
- En toute matière, sur toutes les demandes dont l’intérêt
du litige est supérieur à 500.000 francs ou indéterminé ;
- En matière d’état des personnes ;
- Lorsqu’une personne publique est en cause ;
- Lorsqu’il s’agit de se prononcer sur la compétence.

92
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

b- Les décisions en premier et en dernier ressort (art.6 nouveau


2°du CPC)
Elles statuent en premier et dernier ressort en matière civile
et commerciale sur toutes les demandes dont l’intérêt du litige
est égal ou inférieur à 500.000francs
Remarque : Au sens de l’art 11duCPC le tribunal compétent
en matière civile est celui du domicile réel ou élu du défendeur.
A défaut celui de sa résidence. En cas de pluralité de
défendeurs, l’action peut être portée devant le tribunal du
domicile celui de la résidence de l’un d’eux. Toutefois cette
règle de compétence territoriale connait de nombreuses
dérogations. Par exemple, en matière immobilière l’action est
portée devant la juridiction du lieu de situation de l’immeuble
(cf. art 12 CPC).

2- Le tribunal de commerce
Crée par la décision présidentielle N°I du 11 janvier 2012,
les tribunaux de commerce sont chargés d’assurer une
meilleure prise en charge des conflits commerciaux afin de
sécuriser les investissements étrangers et nationaux. Le
tribunal de commerce est une juridiction autonome de premier
degré spécialisée dans le règlement des conflits commerciaux.

La Côte D’ivoire compte aujourd’hui un seul tribunal de


commerce ouvert, celui d’Abidjan Deux-Plateaux avec pour
ressort territorial, les ressorts territoriaux des tribunaux de
première instance d’Abidjan-Plateau et de Yopougon.
Comment est-il organisé ? Et quelles sont ses attributions ?

93
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

a- L’organisation
Le tribunal de commerce d’Abidjan est composé de juges
professionnels (Magistrats de carrière) et de juges consulaires
choisis sur une liste d’aptitude établie par la chambre de
commerce et d’industrie après concertation des chambres
consulaires et des associations d’opérateurs économiques
légalement constituées. Les juges consulaires sont deux ordres
: les uns titulaires ; les autres suppléants. Leur mandat est de
trois ans renouvelables.

b- Les attributions
Les litiges attribués au tribunal de commerce sont fixés par
les articles 7 et 8 de la décision présidentielle portant création
des tribunaux de commerce précitée. Ainsi le tribunal de
commerce d’Abidjan connait :
- Des contestations relatives aux engagements entre
commerçants au sens de l’acte uniforme relatif au droit
commercial général adopté le 15 décembre 2010 à Lomé au
Togo ;
- Des contestations entre associés d’une société
commerciale ou d’un groupement d’intérêt économique (GIE)
;
- Des contestations entre toutes personnes relatives aux
actes de commerces au sens de l’acte uniforme sur le droit
commercial susvisé. (NB : Dans les actes mixtes, la partie non
commerçante demanderesse peut saisir les tribunaux de
première instance) ;
- Des procédures collectives d’apurement du passif ;
- Des contestations et oppositions relatives aux décisions
prises par le tribunal de commerce ;

94
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

- Des contestations relatives aux actes de commerce


accomplis par les commerçants à l’occasion de leur commerce
et l’ensemble de leurs contestations commerciales comportant
même un objet civil ;
- Des litiges attribués par les lois spéciales aux tribunaux
de commerce
- Le tribunal de commerce d’Abidjan assure également
la gestion du Registre Commerce et du Crédit Mobilier.

3- Le tribunal du travail
Chambre spéciale des tribunaux de première instance, le
tribunal de travail est chargé de régler par la voie de la
conciliation et à défaut par jugement les conflits individuels
pouvant s’élever à l’occasion du contrat de travail ou
d’apprentissage entre les travailleurs ou apprentis et leurs
employeurs ou maîtres.
L’objet du tribunal du travail décrit, quels en sont la
composition, le fonctionnement et les attributions ?

a- La composition et le fonctionnement
Le tribunal du travail est constitué d’un président qui est
Magistrat et de deux assesseurs dont un employeur et un
salarié. Il est saisi par une requête écrite ou par déclaration
orale faite au greffe de cette juridiction avec s’il y a lieu, un
procès-verbal de non conciliation de l’inspecteur du travail et
des lois sociales qui peut être saisi préalablement pour régler
le conflit. Cette saisine préalable de ce dernier n’est pas
obligatoire. Le tribunal statue en premier et dernier ressort
lorsque le montant de la demande n’excède pas dix fois le
salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) mensuel.

95
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Au-delà de cette somme, il statue à charge d’appel, lequel est


porté devant la cour d’appel dans les quinze jours du prononcé
du jugement.

b- Les attributions
Le tribunal du travail est compétent pour connaitre des
conflits individuels entre employeurs, maîtres, travailleurs et
apprentis, y compris les accidents de travail et les maladies
professionnelles. Il a également qualité pour se prononcer sur
tous les différends individuels touchant à la validité et à
l’exécution des conventions collectives et règlements en tenant
lieu. Le tribunal compétent en la matière est celui du lieu du
travail. Toutefois, pour les litiges nés de la résiliation du
contrat de travail, nonobstant toute attribution conventionnelle
de juridiction, le travailleur a le droit d’option entre le tribunal
de sa résidence et celui du lieu de son travail (cf. art 81.8 du
Code du Travail).
Les formations civiles des juridictions de premier degré
sommairement présentées, il convient à présent d’envisager les
formations pénales en leur sein.

4- Les formations pénales


Encore appelées juridictions pénales ou répressives, les
formations pénales sont guidées par le principe de la séparation
des fonctions judiciaires conçu pour protéger les libertés
individuelles et garantir une bonne justice. Au plan pénal, ces
juridictions présentent deux formations : La formation
d’instruction ou juridiction d’instruction et la formation de
jugement ou juridiction de jugement.

96
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

a- La juridiction d’instruction
Le rôle de l’instruction confié à un juge d’instruction est de
faire des investigations sur une affaire afin de voir s’il existe
suffisamment de charges contre la personne poursuivie
pouvant justifier son renvoi devant une juridiction de
jugement. Dans le cas contraire, les poursuites doivent être
arrêtées faute de charges suffisantes ou pour faits non
constitutifs d’infraction, ou non imputables à l’inculpé. Dans
ce cadre, le juge d’instruction dispose de pouvoirs très
importants. Il peut procéder soit à des interrogatoires, des
auditions, des confrontations, se transporter sur les lieux, soit
décerner des mandats (de comparution, d’amener, de dépôt et
d’arrêt).
Par ailleurs, le juge d’instruction constitue à lui seul une
juridiction. Il instruit de ce fait, les affaires à charge et à
décharge et peut prendre les décisions sous forme
d’ordonnances susceptibles d’appel devant la chambre
d’accusation de la Cour d’Appel.

b- Les juridictions de jugement


Au nombre de ces juridictions, il y a les tribunaux
correctionnels et de simple police.
• Le tribunal correctionnel
Il est compétent pour connaitre de tous les délits au sens de
l’art 3 du Code Pénal. (Infraction punie d’une peine
d’emprisonnement supérieure à deux mois inférieure ou égale
à dix ans et d’une peine d’amende supérieure à 360.000francs
CFA)
EX : Abus de confiance, escroquerie et vol.

97
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Il connait également des contraventions connexes aux délits


(défaut de maîtrise et blessures involontaires commis lors d’un
accident de la circulation) et a qualité pour se prononcer sur
l’action civile jointe à l’action pénale par la victime ; de même
accorder le cas échéant des dommages et intérêts.
• Le tribunal de simple police ou contraventionnel.
C’est une juridiction compétente pour juger les infractions
qualifiées contraventions, constitutives d’infractions mineures
(Elles sont punies d’une peine d’emprisonnement inférieure ou
égale à deux mois et d’une peine d’amende inférieure ou égale
à 360.000francs CFA).
EX : Excès de vitesse, violation de feux tricolores, tapages
nocturnes, non inscription au registre du commerce et du
Crédit Mobilier.
Remarque : En matière pénale, le tribunal territorialement
compétent est celui du lieu de commission de l’infraction ou
celui de la résidence du prévenu ou du lieu d’arrestation.

98
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 2- LES JURIDICTIONS DU SECOND


DEGRÉ
Les juridictions de second degré ou Cours d’Appel statuent sur les
appels interjetés contre les décisions rendues en premier ressort par les
tribunaux de première instance et leurs sections détachées tant en
matière civile que pénale. Ces décisions sont appelées « des arrêts ».
La Côte d’Ivoire compte trois (3) Cours d’Appel ouvertes à ce jour,
ce sont les Cours d’Appel d’Abidjan, Bouaké et Daloa. Celles
d’Abengourou, Man et Korhogo créées par décret n’étant pas encore
fonctionnelles.
À ces trois, il faudrait ajouter la Cour d’Appel de Commerce
d’Abidjan qui est une juridiction spéciale.
I- Les juridictions de second degré et leurs ressorts territoriaux
Les juridictions de second degré ainsi visées ont leurs ressorts
territoriaux bien définis qu’il importe de préciser.

A- La Cour d’Appel d’Abidjan


Elle connait des appels des décisions des tribunaux de
première instance d’Abidjan-Plateau, Yopougon, Abengourou
et de leurs sections détachées (Aboisso, Adzopé, Bondoukou,
Dabou, Grand-Bassam et Tiassalé).

B- La Cour d’Appel de Bouaké


Elle est compétente pour connaitre de toutes les décisions
frappées d’appels des tribunaux de première instance de
Bouaké, Korhogo et de leurs sections détachées (Bongouanou,
Boundiali, Dimbokro, Katiola, M’Bahiakro, Odienné et
Toumodi).

99
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

C- La Cour d’Appel de Daloa


Elle statue sur tous les appels des décisions des tribunaux de
première instance de Daloa, Bouaflé, Gagnoa, Man et de leurs
sections détachées (Danané, Divo, Lakota, Oumé, Sassandra,
Séguéla, Sinfra, Soubré et Tabou).

Les ressorts territoriaux des juridictions du second degré


rappelés, il conviendra d’examiner leur composition et
fonctionnement.

D- La Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan


La Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan est une
juridiction autonome de second degré créée par le décret N°
2017-501 du 02 août 2017 qui fixe son siège, son ressort
territorial et sa composition.
Elle siège dans un Palais de justice sis à Abidjan Cocody
Attoban, à proximité du Commissariat de Police du 30 ème
arrondissement.
Avec son avènement, il y a dorénavant deux juridictions de
second degré à Abidjan, à savoir :
- La Cour d’Appel d’Abidjan
- La Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan.
Elle est échevinée (elle comprend des magistrats et des
opérateurs économiques appelés Conseillers consulaires) et
spécialisée dans le règlement des litiges économiques ; à ce
titre elle est saisie de contentieux de la vie des affaires les plus
variés.

100
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

II- La composition et le fonctionnement des juridictions du


second degré
Il s’agira ici d’envisager la structure de cette juridiction avant
de voir son fonctionnement.

A- La composition
La Cour d’Appel est composée de trois services : Le siège,
le parquet et le greffe.

1- Le siège
Composé de Magistrats assis, le siège de la Cour d’Appel
présente la même structure que celle des juridictions de
premier degré. Il est dirigé par le Premier Président de la Cour
d’Appel, Chef de la compagnie judiciaire et organisateur de sa
juridiction, chargé de la surveillance de la discipline. Il est
assisté de Présidents de Chambres et de conseillers.

2- Le parquet général
Il a la même structure que le parquet des tribunaux de
première Instance et leurs sections détachées. Il représente le
ministère public près la cour d’appel. Il est animé par des
Magistrats debout et dirigé par un Procureur Général assisté
d’avocats généraux et de substituts généraux. Le Parquet
général reçoit du parquet près les juridictions de premier degré
des dossiers frappés d’appel. Il participe aux débats et
auditions pendant les audiences et veille aussi à l’exécution des
décisions. Dans ce cadre, les parquets près des Tribunaux de
Première Instance lui adressent des comptes rendus

101
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

d’audiences. Le Parquet Général prend des conclusions ou


observations appelées réquisitions.

3- Le greffe
La configuration du greffe de la cour d’appel est identique
à celle des greffes des juridictions du premier degré. Son
personnel est similaire à celui des tribunaux de première
instance et leurs sections détachées. Il joue le même rôle que
les greffes de ceux-ci. Toutefois, il diffère de ceux-ci en
certains points.
En effet, le greffe de la cour d’appel n’est pas dépositaire
des fiches de casiers judiciaires et n’établit pas non plus des
actes administratifs (certificat de nationalité, extrait de
jugement supplétif, casier judiciaire).

4- Les formations
À l’instar des juridictions de premier degré, les Cours d’Appel
sont constituées de formations civiles, pénales et
commerciales.

a- En matière civile.
La Cour d’Appel a compétence, en formation civile, pour
connaitre de toutes les affaires civiles au sens large du terme
(les affaires civiles proprement dites, mais aussi des affaires
sociales ou administratives).

Elle est juge d’appel en matière civile pour les affaires


examinées par les tribunaux de première instance et leurs
sections détachées.

102
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

b- En matière pénale
Les formations pénales de la Cour d’Appel sont au nombre de
deux : la chambre d’accusation, juridiction d’instruction et les
formations de jugement.

c- En matière commerciale
La mission assignée à la Cour d’Appel de commerce
d’Abidjan, à l’instar de celle du Tribunal de Commerce
d’Abidjan, est de contribuer à l’amélioration du climat des
affaires en Côte d’Ivoire par la prise en charge efficace,
diligente et transparente du contentieux commercial qui leur
est soumis.
La Cour d’Appel de commerce d’Abidjan en tant que
juridiction de second degré examine des affaires
précédemment soumises au Tribunal de Commerce d’Abidjan
lorsque la décision rendue par celui-ci ne satisfait pas l’une ou
plusieurs des parties au procès, conformément au principe
d’organisation judiciaire du double degré de juridiction,
principe cardinal d’une bonne justice et de l’Etat de droit.
Ces affaires concernent :
– Les contestations relatives aux engagements et transactions
entre commerçants au sens de l’Acte Uniforme sur le droit
commercial général ;
– Les contestations entre associés d’une société commerciale
ou d’un groupement d’intérêt économique ;
– Les contestations entre toutes personnes, relatives aux actes
de commerce au sens de l’Acte Uniforme relatif au Droit
Commercial Général ;
– Les procédures collectives d’apurement du passif ;

103
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

– Plus généralement, les contestations relatives aux actes de


commerce accomplis par les commerçants à l’occasion de leur
commerce et de l’ensemble de leurs contestations
commerciales comportant même un objet civil ;
– Les litiges attribués par des lois spéciales aux juridictions de
commerce ;
La Cour connait aussi des contestations et oppositions relatives
aux décisions qu’elle rend ainsi que des recours contre les
sentences arbitrales rendues en matière commerciale.
Le ressort de la Cour d’Appel de commerce d’Abidjan
comprend les communes et départements suivants :
Plateau, Yopougon, Cocody, Marcory, Treichville, Port-
Bouët, Koumassi, Abobo, Adjamé, Attécoubé, Anyama,
Dabou, Grand-Bassam, Aboisso, Adiaké, Tiapoum,
Bingerville, Alépé, Abengourou, Agnibilekrou, Bétié,
Agboville, Taabo, Tiassalé, Sikensi, Adzopé, Akoupé,
Yakassé-Attobrou, Bouna, Doropo, Nassian, Téhini,
Bondoukou, Sandégué, Koun-Fao, Transua, Tanda.
Les pôles
• Le Pôle 1 : Affaires Présidentielles – Sociétés commerciales
– Bourse – Procédures collectives – Opposition à ordonnances
de taxe – Énergie et Ressources Naturelles – GIE – Arbitrage
et Médiation
• Le Pôle 2 : financier – Contrats commerciaux – Concurrence
– Propriété intellectuelle
• Le Pôle 3 : Immobilier – Fonds de Commerce – Saisie
immobilière – Sociétés Coopératives
• Le Pôle 4 : Juridiction Présidentielle

104
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

• La formation d’instruction du second degré : la


chambre d’accusation.
La chambre d’accusation est principalement une juridiction
d’instruction du second degré. En cette qualité, elle statue ou
se prononce comme second degré d’instruction en matière
criminelle. Aussi, avant tout renvoi devant la Cour d’Assises,
procède-t-elle à une nouvelle instruction de l’affaire tendant à
valider ou infirmer l’ordonnance du juge d’instruction. En cas
de confirmation, elle rend un arrêt de mise en accusation,
lequel saisit ladite cour. L’inculpé devient alors un accusé.
Aussi, les ordonnances du juge d’instruction peuvent- elles
faire l’objet d’appel (par la victime, le ministère public ou
l’inculpé) devant la chambre d’accusation.
La chambre d’accusation exerce d’autres attributions en tant
que juridiction disciplinaire des officiers de police judiciaire et
intervient par ailleurs en matière d’extradition et de
réhabilitation.
• Les formations de jugement
Elles sont au nombre de deux : La chambre des appels
correctionnels et la chambre spéciale des mineurs.
La chambre des appels correctionnels a qualité pour se
prononcer sur les affaires pénales jugées en premier ressort par
les tribunaux de première instance et les sections de tribunaux
correctionnels et de simple police du ressort de la Cour
d’Appel.
La chambre spéciale des mineurs connait en appel des
décisions rendues par le juge des enfants et le tribunal pour
enfants.
La composition des juridictions de second degré présentée,
qu’en est-il de leur fonctionnement ?

105
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

B- Le fonctionnement
Les juridictions de second degré ou cours d’appel utilisent
comme mode de fonctionnement deux moyens. Il s’agit des
audiences et des assemblées générales.

1- Les audiences
Au titre des audiences, il y a l’audience solennelle et l’audience
ordinaire.

a- L’audience solennelle
La cour se réunit en audience solennelle pour statuer sur les
prises à partie (procès intenté contre un Magistrat), pour
recevoir le serment des Magistrats, pour l’audience de rentrée
judiciaire ou d’installation des membres de la cour.

b- L’audience ordinaire
Au cours de l’audience ordinaire, la cour statue sur tous les
appels interjetés contre les décisions rendues par toutes les
juridictions de son ressort.

2- Les assemblées générales


Elles se tiennent sur demande du premier président de la cour.
Quels sont leur objet et leur contenu ?
Les assemblées générales visent certaines matières que le
premier président de la cour juge nécessaires de porter à la
connaissance de sa compagnie afin d’ouvrir des débats sur
celles-ci.
Elle se réunit dans ce cas, notamment pour :
- Fixer les audiences de vacations ;

106
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

- Statuer sur les décisions du conseil de l’ordre des


Avocats et autres auxiliaires de justice ou officiers ministériels.
Après les juridictions du premier degré et celles du second
degré, poursuivons la présentation des juridictions de droit
commun avec les Cour Suprêmes.

107
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 3- LES COURS SUPREÊMES

Elles sont les plus hautes juridictions de l’ordre judiciaire. En Côte


d’Ivoire, il existe deux Cours Suprêmes : les Cours Suprêmes
nationales ou ivoiriennes et la Cour Suprême communautaire de
l’espace OHADA en l’occurrence la CCJA, qui juge ou arbitre des
contentieux relevant du droit des affaires en dernier ressort qui ne sera
pas analysée ici. Seules les Cours Suprêmes nationales ou ivoiriennes
feront l’objet d’études approfondies.
Les Cours Suprêmes ivoiriennes comprennent aujourd’hui avec le
nouvel article 147 de la Constitution révisée du 8 novembre 2016 la
Cour de Cassation et le Conseil d’État5. Elles ont, de ce fait, une
compétence territoriale nationale. Elles ont donc qualité pour recevoir
tous les pourvois formés contre les jugements rendus en dernier ressort
par les juridictions du premier degré et les arrêts des juridictions du
second degré.
À côté de ces deux, on pourrait citer comme autres Cours
Suprêmes, la Cour des Comptes6, le Conseil Constitutionnel7.

A- De la Cour de Cassation
La Cour de Cassation est la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire.
Elle statue souverainement sur les recours en cassation contre les

5
La constitution du 8 novembre 2016 a prévu deux (2) juridictions suprêmes dont une loi organique
déterminant la composition, l’organisation et le fonctionnement n’a pas encore été adoptée. Il s’agit de la
Cour de Cassation, le Conseil d’Etat.
6
L’article 152 de la constitution dispose que la Cour des Comptes est l’institution suprême de contrôle
des finances publiques. Par conséquent, on peut affirmer que la Cour des Comptes a pris son autonomie,
voire son indépendance vis-à-vis des deux autres chambres de la Cour Suprême malgré son statut
d’institution suprême. Dans l’intervalle, la Cour Suprême est la seule juridiction suprême. Elle comprend
aujourd’hui la chambre judiciaire, la chambre administrative, qui sont appelées à devenir respectivement
la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat.
7
Article 126 et suivants de la Constitution de 2016 révisée en 2020

108
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

décisions rendues en dernier ressort par les Cours et tribunaux de


l’ordre judiciaire8.

Remarque : Pour les pourvois formés contre les décisions rendues en


matière commerciale, la cour de cassation est dessaisie au profit de la
juridiction communautaire de l’OHADA qu’est la cour commune de
justice et d’arbitrage (CCJA).

B- Du Conseil d’État
Le Conseil d’État est la plus haute juridiction de l’ordre
administratif. Il statue souverainement sur les recours en cassation
contre les décisions rendues en dernier ressort par les tribunaux
administratifs et par les juridictions administratives spécialisées en
matière de contentieux administratif9.
Le Conseil d’État est compétent pour se prononcer sur les pourvois en
cassation dirigés contre les décisions rendues en dernier ressort dans
les procédures où une personne morale de droit public est partie (sauf
pour les affaires pénales), de tous les recours pour excès de pouvoir
formés contre les décisions émanant des autorités administratives.
Enfin, Elle connait en dernier ressort du contentieux électoral que la
loi soumet à la cour suprême (les élections municipales et le
contentieux des élections municipales et régionales).

C- Les attributions en matière de règlement des comptes de


l’État.
La Cour des comptes contrôle la gestion des comptes des services
de l’État. À cet effet, elle exerce une double compétence

8
Article 148 Nouveau
9
Article 149 Nouveau

109
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

juridictionnelle et de contrôle proprement dit. Ses attributions


juridictionnelles tiennent notamment à la vérification de la régularité
des recettes et des dépenses publiques, au jugement des comptes des
comptables publics et à sanctionner les gestions de fait et les fautes de
gestions de ces derniers. Quant au contrôle, elle assure principalement
un contrôle budgétaire et de gestion tendant entre autres à la
vérification des comptes et de la gestion des entreprises publiques de
l’État à caractère industriel et commercial, des sociétés d’Etat, des
sociétés d’économie mixte ou des sociétés anonymes dans lesquelles
l’État possède la majorité du capital.
À côté des juridictions de droit commun ci-dessus présentées, la
justice est également rendue par des juridictions prévues expressément
par la loi pour certaines matières spécifiques.

SOUS-TITRE II- LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION


OU SPÉCIALISÉES.

Ces juridictions tirent leur caractère exceptionnel de ce que leur


compétence d’attribution est expressément déterminée par un texte de
loi précis. Elles peuvent être classées sous trois (3) ordres : en matière
civile (le juge des tutelles) et en matière pénale (la cour d’assises, les
juridictions des mineurs et le tribunal militaire), depuis 2012, en
matière commerciale dans la région d’Abidjan et la Haute Cour de
Justice.

110
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 1- LA JURIDICTION D’EXCEPTION EN


MATIÈRE CIVILE : LE JUGE DES TUTELLES

Qui est le juge des tutelles et quelles sont ses attributions ?

I- Le statut
Le juges des tutelles est un magistrat du siège nommé à raison de
ses compétences avérées en matière de protection des droits de l’enfant
et des incapacités ; chargé d’organiser et de faire fonctionner la tutelle
des mineurs ainsi que celle des incapables majeurs et des régimes de
protection aménagés en leur faveur. On entend par tutelle une
institution ayant pour mission la protection par voie de représentation
de certains mineurs de même que des majeurs dont les facultés
mentales sont gravement altérées.

II- Les attributions


Le juge des tutelles exerce une surveillance générale sur les
administrations légales et les tutelles de son ressort (art 52 du code
civil sur les personnes et la famille).
Concrètement, il dispose d’une mission dont l’étendue varie en
fonction du régime de protection auquel est soumise la personne
protégée. Dans ce cadre, il chargé de surveiller la gestion de ses
comptes ; intervient pour autoriser certains actes la concernant comme
l’aliénation d’immeubles. Le juge des tutelles délivre également divers
documents tels les actes de tutelle pour les mineurs (dont les deux
parents sont décédés ou hors d’état d’exercer la puissance paternelle
pour toute autre cause), les actes d’administration légale, d’hérédité ou
de notoriété. Il est aussi régulièrement saisi des demandes d’octroi de

111
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

pensions alimentaires. Il statue enfin par voie d’ordonnance


insusceptible d’opposition mais frappée d’appel dans un délai de
quinze jours. Les fonctions de juge des tutelles au sens du code civil
ivoirien sont en principe exercées par le juge des enfants.

112
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 2- LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION


EN MATIÈRE PÉNALE

I- Les juridictions pour mineurs


Elles ont compétence pour connaitre des infractions commises par
les mineurs au sens de l’art 14 alinéa 3 du Code Pénal (d’après ce texte,
est mineur l’individu de l’un ou l’autre sexe qui n’a pas encore atteint
dix-huit ans révolus). Elles se décomposent en juge des enfants, en
tribunal pour enfants et en cours d’assises des mineurs.
Désigné en fonction de ses aptitudes et de l’intérêt qu’il porte aux
questions de l’enfance, le juge des enfants a un double statut. Il est à
la fois juridiction d’instruction et de jugement.
Le tribunal pour enfants quant à lui, est chargé de juger les
infractions commises par le mineur conformément à l’art 116 du CP.
Il est présidé par le juge des enfants qui assume cette charge avec deux
assesseurs choisis pour leur intérêt aux questions de l’enfance. Les
audiences ont lieu à huis clos et le jugement rendu en audience
publique.
Enfin, la cour d’assises des mineurs a qualité pour connaitre des
crimes commis par les mineurs âgés de moins de seize ans. Sa
composition calquée sur celle des majeurs comprend un président,
deux membres Magistrats (Qui sont sauf impossibilité des juges des
enfants du ressort de la cour d’assises) et six jurés, citoyens ordinaires
tirés au sort.

113
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

II- Les Cours d’Assises


C’est une juridiction non permanente (qui se tient en principe
chaque trois mois). Elle est compétente pour connaitre des infractions
les plus graves appelées crimes punis d’une peine d’emprisonnement
de plus de dix ans. Exemple : viol, assassinat, homicide et infanticide.
C’est une formation des juridictions de deuxième degré composée
d’une cour formée de trois Magistrats professionnels et d’un jury
comprenant six citoyens appelées encore jurés tirés au sort sur une
liste. La cour d’assises est présidée par un président de chambre ou un
conseiller de la cour d’appel. Les deux autres Magistrats appelés
conseillers sont soit conseiller à la cour d’appel soit président, vice-
président ou juge au tribunal de première instance de la section
détachée du lieu de la tenue des assises. Elle statue sur l’action
publique et délibère sur l’action civile.

III- Le tribunal militaire


Les juridictions militaires ont qualité pour juger les infractions de
nature militaire non connexes à une infraction de droit commun
commise par des militaires (ex : violation de consigne, sommeil en
faction, désertion) et les infractions de droit commun commises par
des hommes en armes soit dans le service ou à l’occasion du service
soit en maintien de l’ordre ou encore à l’intérieur d’un établissement
militaire. Elles sont aussi compétentes pour connaitre des infractions
contre la sureté de l’État perpétrées par des militaires. Ces juridictions
comprennent des juridictions d’instruction et de jugement. Il existe des
parquets militaires près ces juridictions dirigées par un commissaire
de gouvernement, nommé par décret, assisté éventuellement d’un ou
de plusieurs substituts.

114
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Les juridictions militaires ne statuent en principe que sur l’action


publique. Toutefois, en cas de faits qualifiés crime, elles peuvent
exceptionnellement statuer sur l’action civile éventuelle (cf. article 8
du code de procédure militaire).
La Côte d’Ivoire compte un seul tribunal militaire ouvert, celui
d’Abidjan.

Remarque : Le commissaire du gouvernement, chef du parquet


militaire à la différence du procureur civil, n’a pas l’opportunité des
poursuites. Il exerce seulement l’action publique. Un tel pouvoir est
détenu par les Ministres de la Défense et de l’Intérieur.

Le pouvoir judiciaire exercé à travers des juridictions ci-devant


présentées est régi par des principes définis par les textes législatifs et
règlementaires. On évoquera dans le cadre de cette formation, les plus
essentiels.

115
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 3- LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION


OU SPÉCIALISÉES EN MATIÈRE COMMERCIALE

La nécessité d'assurer une meilleure prise en charge des conflits de


la vie économique a conduit le Gouvernement Ivoirien à créer des
juridictions spécialisées, les Tribunaux de Commerce. Le
développement économique, on ne le sait que trop bien, est tributaire
en grande partie des investissements, qu'ils soient nationaux ou
étrangers.
Ceux-ci dépendent de la confiance, qui elle-même nait d'un sentiment
de sécurité. En effet, les nationaux qui ont l'esprit d'entreprise, et qui
veulent créer et vivre de leurs affaires ainsi que les étrangers qui
veulent investir leur capital ont besoin d'une bonne justice, d'une
justice crédible, diligente et efficace. Il est une évidence que les
capitaux évitent soigneusement les pays qui ne leur offrent pas de
garanties au plan judiciaire.
Le Tribunal de Commerce d'Abidjan, le premier du genre en CÔTE
D'IVOIRE, veut donner ces garanties aux investisseurs. Il veut être le
refuge de leurs espérances en fluidifiant le jeu normal de l'économie,
en faisant respecter l'ordre public économique et les signatures, et en
sauvegardant les droits et les libertés économiques des commerçants.
Les juges, greffiers et personnels administratifs de cette juridiction ont
à cœur de relever quotidiennement le défi de la compétence, de
l'efficacité, de la crédibilité et de l'intégrité. La création de ce site en
est une des preuves. Vous y trouverez des informations essentielles sur
les Tribunaux de Commerce, et surtout vous suivrez de votre
ordinateur toutes les activités qui se déroulent au Tribunal de
Commerce d’Abidjan.

116
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

LE TRIBUNAL DE COMMERCE D'ABIDJAN

1. NATURE
Le tribunal de commerce d’Abidjan est une juridiction
autonome de premier (1er) degré.
Avec son avènement, il y a dorénavant trois tribunaux de
premier degré à Abidjan à savoir :
- Le Tribunal de 1ère Instance d’Abidjan Plateau,
- Le Tribunal de 1ère Instance de Yopougon,
- Le Tribunal de Commerce d’Abidjan.

2. TEXTES DE BASE
- Décision N°001/PR du 11 janvier 2012 portant
création, organisation et fonctionnement des tribunaux de
commerce.
- Décret N°2012 – 628 du 6 juillet 2012 portant création
du Tribunal de Commerce d’Abidjan et fixant son ressort
territorial.

3. SIÈGE
Le siège du Tribunal de Commerce d’Abidjan se trouve dans
la commune de Cocody, aux deux Plateau, derrière la
fondation Donwahi.

4. ATTRIBUTIONS
Les litiges attribués au Tribunal de Commerce d’Abidjan sont :
- Les contestations relatives aux engagements et
transactions entre commerçants au sens de l’Acte Uniforme sur
le droit commercial général.

117
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

- Les contestations entre associés d’une société


commerciale ou d’un groupement d’intérêt économique.
- Les procédures collectives d’apurement du passif.
- Les contestations et oppositions relatives aux décisions
prises par le Tribunal de Commerce.
- Les contestations entre toutes personnes, relatives aux
actes de commerce au sens de l’Acte Uniforme relatif au Droit
Commercial Général (NB : dans les actes mixtes, la partie non
commerçante demanderesse peut saisir les tribunaux de
première instance).
- Les contestations relatives aux actes de commerce
accomplis par les commerçants à l’occasion de leur commerce
et l’ensemble de leurs contestations commerciales comportant
même un objet civil.
- Les litiges attribués par les lois spéciales aux tribunaux
de commerce.
Par ailleurs, le Tribunal de Commerce d’Abidjan gère le
Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM).

5. RESSORT TERRITORIAL
Le ressort territorial du Tribunal de Commerce d’Abidjan
englobe celui des tribunaux de
1ère instance d’Abidjan-Plateau et de Yopougon.

6. COMPOSITION
Le Tribunal de Commerce d’Abidjan est composé de :
- Juges professionnels (magistrats de carrière)
- Juges consulaires (opérateurs économiques choisis sur
une liste d’aptitude établie par la chambre de Commerce et
d’Industrie de Cote d’Ivoire)

118
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

- Greffiers
- Personnels Administratifs

7. MINISTÈRE PUBLIC
Les fonctions du Ministère Public sont exercées par le
Procureur de la République, près le Tribunal de 1ère Instance
d’Abidjan – Plateau.

8. PROCÉDURE
La procédure suivie devant le Tribunal de Commerce
d’Abidjan est contenue dans la décision du 11 janvier 2012 et
dans le code de procédure civile, commerciale et
administrative.

9. CONTRÔLE ET SUIVI
Le contrôle et le suivi des activités du Tribunal de Commerce
d’Abidjan sont dévolus principalement à un Conseil de
Surveillance composé d’un conseiller à la Chambre Judiciaire
de la Cour Suprême (Président), de l’Inspecteur Général des
services judiciaires et pénitentiaires, d’un avocat désigné par
le Barreau, d'un Administrateur des services judiciaires
désigné par le Ministre de la Justice et de deux opérateurs
économiques désignés par la Chambre de commerce et
d’Industrie de Cote d’Ivoire.

10. OUVERTURE
Le Tribunal de Commerce d’Abidjan a ouvert ses portes depuis
le 1er Octobre 2012.

119
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

11. FINANCEMENT
Le Tribunal de Commerce d’Abidjan bénéficie de l’appui
financier de l’Etat de Côte d’Ivoire, de la Banque Mondiale, de
la Chambre de Commerce et d’Industrie de Cote d’Ivoire et de
la Confédération Générale de Cote d’Ivoire.

120
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

TITRE II- LA MISE EN ŒUVRE DE


L’ACTION EN JUSTICE ET LES
ANIMATEURS DE L’APPAREIL
JUDICIAIRE.

121
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE PRÉLIMINAIRE- LES GRANDS


PRINCIPES DE BONNE CONDUITE DU PROCÈS

I- Le principe de la présomption d’innocence.


Affirmée par l’article 7 al 4 de la constitution ivoirienne de l’an 2016
ancien art 22 de la constitution 2000 qui énonce que « tout prévenu
est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie à la
suite d’une procédure lui offrant les garanties indispensables à sa
défense. », la présomption d’innocence est un principe selon lequel, en
matière pénale, toute personne poursuivie est considérée comme
innocente des faits qui lui sont reprochés, tant qu’elle n’a pas été
déclarée coupable par la juridiction compétente.

II- L’indépendance du juge (art 139 constitution de 2016).


Ce principe protège le juge du siège contre l’influence de l’exécutif.
Ainsi, il veut que le juge rende des décisions selon son intime
conviction et sans aucunes influences. C’est pourquoi, en Côte
d’ivoire, la sélection des Magistrats devant être nommés président des
tribunaux et cours et leur mutation échappent au garde des sceaux au
profit du conseil supérieur de la magistrature.

III- Le principe de l’impartialité. (Art 141 constitution de


2016).
L'impartialité est la règle selon laquelle il convient que les juges et les
arbitres soient neutres à l'égard des parties et rendent des décisions en
dehors de toutes autres considérations que celles de la loi.

122
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

IV- L’inamovibilité (art 140 constitution de 2016).


Elle protège les magistrats du siège contre toute mesure arbitraire de
suspension, rétrogradation, déplacement, même en avancement et de
révocation. En conséquence, le magistrat du siège ne peut recevoir,
sans son consentement, une affectation nouvelle, même en
avancement.

V- Le principe du double degré de juridiction.


C’est le principe selon lequel, toute partie a le droit de contester
une décision de justice devant une nouvelle juridiction. En fait, la
personne dont l’affaire a été jugée en premier ressort peut demander
en cas d’insatisfaction que son affaire soit réexaminée par la voie de
l’appel.

VI- Le principe de la collégialité.


Le principe de la collégialité consiste enfin en l’intervention de
plusieurs juges pour délibérer sur une même affaire. Ce principe est
applicable dans les tribunaux de première instance et cours en toutes
matières. Dans les sections détachées, il ne l’est que dans des cas
particuliers (en matière civile ou délictuelle, lorsque l’intérêt du litige
excède 50 millions ou lorsqu’il s’agit d’infraction contre la sûreté de
l’État, la défense nationale ou la sécurité publique).

123
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 1- LA MISE EN ŒUVRE DE L’ACTION


EN JUSTICE

L'action en justice confère le pouvoir d'exiger du juge qu'il examine


au fond la prétention de celui qui s’estime titulaire d'un droit subjectif.
L’étude du déroulement de l’instance (section 3) sera précédée des
conditions de recevabilité de l’action en justice (section 1) et des
formes de l’action en justice (section 2).

SECTION 1- LES CONDITIONS DE RECEVABILITÉ DE


L’ACTION EN JUSTICE
L’article 3 du Code de Procédure Civile, Commerciale,
Administrative est essentiel en matière de conditions d’existence de
l’action. Il stipule que celui qui veut ester en justice doit justifier d’un
intérêt légitime, juridique, direct et personnel, mais aussi qu’il doit
avoir la qualité et la capacité à agir. À ces conditions, il faut joindre
une condition préalable qui est celle de la personnalité juridique.

I- La personnalité juridique
L’article 3 du Code de Procédure civile semble ignorer cette
condition préalable puisqu’il n’en fait pas cas. Pourtant cette condition
s’impose comme un préalable en ce sens que l’action en justice n’est
possible que pour ou contre une personne juridique, c’est-à-dire une
personne apte à être titulaire de droits et tenus d’obligations.
Pour les personnes physiques, la personnalité juridique commence à la
naissance viable sauf l’exception de l’adage "infans conceptus". Cette
personnalité juridique prend fin au décès de la personne. Cela signifie
qu’au décès de la personne, l’action en justice n’est plus possible.

124
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Toutefois si la personne est décédée alors que le tribunal saisi,


n’avait pas encore rendu sa décision, l’action initiée subsiste au décès
de la partie. Après que le juge ait relancé les héritiers, l’instance peut-
être reprise selon les modalités prévues par le code de procédure civile.
Si l’affaire était déjà en état, la décision peut être rendue.
Cependant, certaines actions sont intransmissibles car attachées à la
personne de leur auteur. Ces actions prennent fin au décès de leur
auteur.
Concernant les personnes morales, elles ont le droit d’ester en
justice lorsqu’elles ont la personnalité morale. Si pour les personnes
morales de droit public (l’État, les collectivités publiques, les
Établissements publics etc), le problème ne se pose pas, il en est
autrement pour les personnes morales de droit privé. En principe les
groupements de personnes tels que les associations, les sociétés, les
syndicats, les partis politiques, les fondations etc régulièrement
constitués ont le droit d’ester en justice (ils peuvent être soit
demandeurs ou défendeurs). Toutefois lorsque ces groupements n’ont
pas revêtus les formes régulières légales ou l’ont perdu, ils ne peuvent
être ni demandeurs ni défendeurs en justice.

II- La capacité juridique


Pour que l’action soit recevable, il faudrait que le demandeur ait la
capacité d’agir. Il ne s’agit pas de la capacité de jouissance qui en
principe se confond avec la personnalité juridique. Ce qui est en cause
c’est la capacité d’exercice, qui est l’aptitude à exercer les droits dont
on est titulaire. En droit ivoirien, le mineur non émancipé et le majeur
incapable sont frappés d’une incapacité d’exercice. Pour ester en
justice en principe (il y a des exceptions pour le mineur non émancipé
notamment dans le domaine de la filiation), ils ont besoin d’être
représentés ou assistés.

125
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

III- L’intérêt pour agir


Il ne suffit pas, en effet, d'être titulaire d'un droit pour agir. Encore
faut-il justifier d'un intérêt. L'intérêt est donc le fondement de l'action.
Seul celui qui a un avantage à voir sa prétention reconnue en Justice
peut exercer une action: "Pas d'intérêt, pas d'action". L'intérêt doit
remplir quatre conditions :

- L'intérêt doit être direct et personnel au demandeur :

Cela signifie que l’intérêt doit être lié directement au droit dont il
est demandé reconnaissance au juge, par conséquent seule la personne
lésée dans son intérêt propre ou désignée par la loi peut agir en justice
en principe.

À chacun de défendre ses intérêts. Cependant, dans certains cas,


la loi reconnaît à certains groupements la faculté d'exercer l'action en
réparation d'un préjudice qu'ils n'ont pas subi personnellement et
qu'aucun des membres n'a subi personnellement. Ainsi, un syndicat
professionnel représente les intérêts de la profession. Il peut ester en
justice pour exercer les droits visant à obtenir réparation de l'atteinte à
l'intérêt collectif de la profession qu'il représente.

- L'intérêt doit être légitime et juridiquement protégé :

Cela signifie que l’intérêt ou la prétention doit être fondé en droit,


il ne doit pas être fondé sur un acte illicite ou immoral. C’est au nom
de ce principe que la jurisprudence refusait à la concubine toute
indemnisation pour le préjudice subi du fait du décès accidentel de son
concubin, parce qu’à cette période le concubinage était immoral.

126
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

- L'intérêt doit être né et actuel.


Cette exigence signifie qu'aucune action n'est accordée pour faire
réparer un préjudice éventuel, hypothétique. On ne peut faire respecter
un droit dont on n'est pas sûr qu'il a été violé. On ne sait pas encore si
le préjudice existe. Cela ne signifie pas pour autant qu'il soit nécessaire
que le préjudice soit précisément déterminé, il suffit qu'il puisse être
déterminable. Un préjudice futur peut être certain, si l'on est sûr qu'il
se réalisera, mais qu'on ne connaît pas précisément la date de cette
réalisation.

IV- La qualité pour agir


La qualité est "le titre qui permet au plaideur d'exiger du juge qu'il
statue sur le fond du litige". La qualité tend à se confondre selon les
auteurs, au caractère direct et personnel de l’intérêt. En effet c’est le
titulaire du droit lésé qui a en principe qualité pour agir sauf si la loi
désigne d’autres intéressés. Ainsi en matière de divorce, seul le mari
ou la femme ont qualité pour agir. En matière d’absence, toute
personne intéressée a qualité pour saisir le juge pour la gestion des
biens du présumé absent ou pour la déclaration d’absence.

SECTION 2- LES FORMES DE L’ACTION EN JUSTICE


L’action en justice se manifeste concrètement par la saisine du juge.
Cette saisine du juge se manifeste par l’introduction d’une demande
en justice. Elle peut se définir comme l’acte juridique par lequel une
personne soumet une prétention à un juge. Il existe plusieurs sortes de
demandes selon la forme (I) et selon le fond (II).

127
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

I- La forme des demandes


Le juge peut être saisi de la prétention des parties par une
assignation, une comparution volontaire, une requête ou des
conclusions écrites dans certains cas.

A- L’assignation
L’assignation est un exploit d’huissier qui permet de convoquer un
adversaire devant une juridiction. Il prend le nom de citation directe
en matière pénale. Selon l’article 32 nouveau du CPC, l’assignation
est le mode principal d’introduction des instances en matière civile,
commerciales ou administrative. L’article 33 du CPC donne des
indications sur les mentions obligatoires que doit contenir
l’assignation, l’article 34 nouveau du CPC, le délai qui doit exister
entre le jour de l’assignation et celui de la comparution (en principe 8
jours au moins). Quant aux articles 247 et suivants du CPC, ils donnent
des indications sur la remise des exploits.

B- La comparution volontaire des parties


C’est une solution que le législateur accorde aux justiciables face
au caractère solennel et couteux de l’assignation. Ainsi selon l’article
39 du CPC, les parties peuvent, sans assignation ni requête se présenter
volontairement devant la juridiction compétente, pour y être jugées,
sous réserve de satisfaire aux obligations prévues par l’article 43 (sauf
hypothèse de l’assistance judiciaire la consignation d’une somme
suffisante pour garantir le paiement des frais notamment). En réalité
la comparution volontaire des parties est rarement utilisée, sans doute
à cause de l’ignorance de cette voie et des modalités de cette
comparution. En effet selon les termes de la loi, cette comparution des
parties (en litige ?!!!!) semble conjointe. Si une telle comparution des

128
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

parties n’est pas impossible, il faut bien admettre qu’elle demeure très
rare en pratique.

C- La requête
C’est une demande écrite ou orale présentée au greffe de la
juridiction compétente pour connaître de l’affaire, par le demandeur
en personne ou par son représentant ou mandataire. Ce n’est donc pas
un acte solennel comme l’assignation, mais elle ne dispense pas du
paiement des frais de greffe. Son domaine est beaucoup plus réduit
que celui de l’assignation, car elle n’est possible que dans les affaires
personnelles (droit des personnes et de la famille), ou dans les affaires
à caractère patrimonial dont l’intérêt n’excède pas 500 000 FCFA
(article 32, alinéa 2 du CPC).

D- Les conclusions écrites


Quand une instance est déjà en cours et que certaines personnes
veulent y intervenir, la jurisprudence ivoirienne admet qu’elle puisse
le faire par simples conclusions écrites.
Ces différentes modes de saisine des juridictions revêtent différentes
modalités au fond.

II- Le fond des demandes


Selon le fond des demandes, on peut citer la demande initiale qu’on
oppose aux demandes incidentes.

A- La demande initiale ou demande introductive


d’instance
La demande initiale est la demande qui entame, ouvre pour la première
fois l’instance. Elle émane nécessairement du demandeur. On

129
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

l’appelle aussi demande principale qu’on oppose aux demandes


incidentes.

B- Les demandes incidentes


1- La demande additionnelle
Elle provient du demandeur initial, c’est-à-dire de l’auteur de la
demande initiale. Elle lui permet d’en rajouter, c’est-à-dire de modifier
l’objet de sa demande soit en plus soit en moins. Toutefois l’article
100 du CPC apporte des restrictions quant aux modalités d’une telle
demande. Elle doit être fondée sur une cause qui existait au moment
de l’introduction de la demande initiale et doit être introduite en
principe avant la clôture de l’instruction.

2- La demande reconventionnelle
C’est une demande qui provient du défendeur, qui ne se contente
pas seulement d’assurer sa défense, mais réclame aussi un avantage
particulier. L’article 101 du CPC donne les conditions de recevabilité
d’une telle demande. Ex : une partie à qui l’on exige l’exécution de ses
obligations contractuelles, peut demander la nullité ou la résolution du
contrat.

3- La demande en intervention
Elle émane des tiers qui sont intéressés à une instance, à une action
déjà engagée. Cette intervention peut être volontaire ou forcée (le juge
ou l’une des parties oblige le tiers à intervenir dans le débat : article
103 et suivants). Le Ministère Public a également la faculté
d’intervenir dans certaines affaires (article 105 CPC). Le CPC limite
les modalités d’une telle intervention (articles 104, 167 du CPC).

130
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

SECTION 3- LE DÉROULEMENT DE L’INSTANCE


L'instance "se présente comme une série d'actes de procédure,
allant de la demande en justice jusqu'au jugement ou à l'abandon de la
prétention par un désistement". L’instance est la mise en œuvre de
l'action en justice. Un rapport d'instance est créé entre les parties qui
deviennent des plaideurs. Nous étudierons successivement les règles
applicables à l'instance et son issue : le jugement.

I- Les principes directeurs de l'instance


Le déroulement du procès est commandé par quelques grands
principes :

A- Le principe de la neutralité du juge


Ce principe se manifeste à divers niveaux :
- Au niveau de la saisine du juge : Ce principe signifie tout d'abord
que le juge ne se saisit jamais d'office. Il tranche les litiges qui lui sont
soumis soit par le ministère public, en matière pénale, soit par les
parties pour toutes les autres matières.
- Au niveau du déroulement de la procédure : Il signifie également
que les parties ont la direction de la procédure. Il appartient aux parties
d'accomplir les actes de procédure dans les formes et délais requis par
la loi. Le juge doit rester neutre et veiller au bon déroulement de
l'instance".
- Au niveau de l’objet et la cause du litige : Toujours sur le
fondement du principe de la neutralité du juge, les parties ont aussi le
choix de l'objet et de la cause sur laquelle elles fondent leur action.
L'objet est ce qui est réclamé et la cause est le fondement de cette
prétention. Le juge ne peut pas statuer "ultra petita" ou "extra petita :

131
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Le juge ne peut ni ajouter de nouveaux faits à ceux dont il est saisi,


ni leur appliquer d'autres règles que celles qu'invoquent les parties.

B- Le principe du contradictoire
C’est un principe fondamental gouvernant le procès. Les impératifs
de justice nécessitent le respect des droits de la défense.
En effet, chacune des parties doit être en mesure de se faire entendre
afin d'exposer son point de vue et discuter les éléments qui peuvent
être utilisés pour aboutir à la solution du litige. C’est pourquoi les
communications doivent être faites "en temps utile". Selon l’article
144 du CPC sont contradictoires, les décisions rendues contre les
parties qui ont eu connaissance de la procédure soit parce que l’acte
introductif d’instance leur a été signifié ou notifié à personne, soit
parce qu’elles ont comparu en cours de procédure, soit elles – mêmes
soit par leurs représentants ou mandataires, soit parce qu’elles ont fait
valoir à un moment quelconque de la procédure leurs moyens. Sont
par défaut les décisions rendues hors ces cas visés.
Le CPC a organisé une procédure par défaut pour éviter que
l’adversaire ne se dérobe. Des précautions ont été prises pour garantir
les droits de la partie défaillante. On lui permet si le jugement a été
rendu en son absence de faire opposition : le même tribunal sera saisi
pour que l’affaire soit à nouveau jugée dans son entier, après débat
contradictoire. Le délai pour faire opposition est en principe de 15
jours.

C- Le principe de la publicité
La justice doit être rendue publiquement pour permettre à chacun
d’apprécier la loyauté de la procédure (art. 138 du cp civile). Les
audiences doivent se dérouler publiquement. Toutefois pour

132
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

sauvegarder la vie privée dans certains cas, la publicité est écartée par
la loi.

D- Le principe de la collégialité
Le principe de collégialité signifie que la décision de justice doit
être rendue par un collège de juges statuant à la majorité. Ce principe
qui était déjà appliqué dans les juridictions de second degré (cour
d’appel) et dans la juridiction suprême (cour suprême), est rendu
obligatoire dans les tribunaux de 1ère instance par la loi du 23
décembre 1999. Ce principe est un garant d’une justice impartiale,
équitable, indépendante et permet de diminuer les risques de mauvais
jugements. Toutefois ce principe n’est pas encore totalement appliqué
dans les sections détachées des tribunaux, où un seul juge statue.

II- Le jugement
Après avoir précisé la notion de jugement nous en étudierons la
force.

A- Notion de jugement
Le mot jugement a un sens large et un sens restreint.
Au sens large, le mot "jugement" désigne toute décision judiciaire.
Toutefois, il faut constater que les décisions émanant d'une juridiction
ne sont pas toutes des jugements.
Il convient de distinguer les jugements contentieux, les actes
d'administration et les décisions gracieuses. Seuls les jugements
contentieux sont de véritables actes juridictionnels.
Les actes d'administration judiciaires sont destinés à assurer le
bon fonctionnement du service de la justice. Par exemple une date
d'audience est un acte de pure administration judiciaire. Les décisions
gracieuses se caractérisent par le fait qu'elles ne tranchent pas un litige.

133
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Il s'agit, par exemple d'ordonner la rectification d'un acte de l'état civil,


etc...
Entre les jugements, il existe une classification courante par
laquelle on oppose les jugements déclaratifs aux jugements
constitutifs. Les actes déclaratifs se bornent à constater une situation
juridique qui existait antérieurement à la demande en justice. Ainsi,
est déclaratif le jugement qui reconnaît le droit de propriété d'un des
plaideurs. Le juge se borne à reconnaître un état de droit qui existait
déjà mais qui était contesté. Les jugements constitutifs sont ceux qui
créent un état de droit nouveau, une situation nouvelle. Ainsi est
constitutif de droits, le jugement qui prononce un divorce. Le juge
transforme l'état des plaideurs : ils passent de l'état de personnes
mariées à l'état de personnes divorcées. Les jugements constitutifs
créent des droits pour l'avenir.
Cette opposition entre les jugements déclaratifs et les jugements
constitutifs présente une grande importance puisqu'ils n'ont pas la
même autorité. En effet, les jugements déclaratifs n'ont qu'une autorité
relative, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent être opposés qu'aux parties au
litige et à leurs ayants cause. Les tiers peuvent ignorer le jugement : il
ne leur est pas opposable. Au contraire, les jugements constitutifs ont
la plupart du temps une autorité absolue. Cette solution est
indispensable : le divorce des deux époux doit être opposable aux tiers.
L'opposabilité peut néanmoins présenter des inconvénients pour les
tiers qui peuvent ignorer l'existence du jugement constitutif. Aussi, le
législateur a souvent organisé une publicité afin de renseigner les tiers.
Ainsi, pour le divorce, il n'est opposable aux tiers que s'il est
mentionné sur les registres de l'état civil. Tant que cette publicité n'est
pas faite, les tiers sont en droit d'ignorer cette situation nouvelle.
Théoriquement le jugement existe dès qu’il est prononcé à l’audience
mais il nécessite une rédaction pour son exécution ou l’exercice des

134
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

voies de recours. Le jugement doit contenir un certain nombre de


mentions énumérées par l’article 142 du CPC.
On appelle minute l’original du jugement rédigé par le juge ou sous sa
direction par le greffier et déposé au greffe.
La grosse est une copie de l’original revêtue de la formule
exécutoire que le greffier en chef délivre à la partie gagnante.
Au sens strict le jugement désigne une décision rendue par une
juridiction de premier degré : tribunal de 1ère Instance, section de
tribunal. Les décisions rendues par une cour d’appel, la cour d’assise,
ou la cour suprême ou la cour de cassation sont des arrêts.

B- Force du jugement
Le jugement va acquérir l'autorité de la chose jugée Quand le litige
a été définitivement tranché, il va acquérir une force particulièrement
importante. Cela signifie que ce qui a été définitivement jugé ne peut
plus être remis en cause. Il convient de circonscrire le domaine de
l'autorité de la chose jugée avant d'en examiner les conditions.

1- Le domaine de l'autorité de la chose jugée


L'autorité de la chose jugée ne s'attache qu'aux décisions
définitives. Une décision est définitive lorsqu’aucune voie de recours
n'est plus possible. Un tel jugement acquiert l'autorité de la chose
jugée.
Le jugement susceptible d'un recours acquiert force jugée à
l'expiration du délai du recours si ce dernier n'a pas été exercé
dans le délai. S’il n'y a aucune voie de recours, le jugement est
immédiatement définitif et acquiert l'autorité de la chose jugée.
S'il est susceptible d'une voie de recours, il ne devient définitif
et acquiert l'autorité de la chose jugée qu'à l'expiration de ce
délai.
135
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

L'autorité de la chose jugée ne s'attache qu'aux décisions


contentieuses, quelle que soit la juridiction qui a tranché le litige et elle
empêche le réexamen de l’affaire.

2- Les conditions de l’autorité de la chose jugée


- Il faut qu'il y ait identité d'objet. Cela signifie que la chose
demandée doit être la même. (Si la demande n'est pas la même, le juge
peut donc l'examiner sans se heurter à l'autorité de la chose jugée).
Ainsi après avoir échoué dans une demande en divorce, le juge peut
examiner une demande en séparation de corps.
- Il faut qu'il y ait identité de cause. Cela signifie que la demande
doit être fondée sur la même cause, sur le même fondement juridique
pour que puisse être opposée l'autorité de la chose jugée. Si la cause
n'est pas la même, le juge peut examiner la demande.
- Il faut qu'il y ait identité des parties. Cela signifie que l'autorité
de la chose jugée est, en principe, relative : La chose jugée n'est
opposable qu'aux parties aux procès. Pour invoquer l'autorité de la
chose jugée, il faut en principe que "la demande soit entre les mêmes
parties et formée par elles ou contre elles en la même qualité".

Conclusion : La chose jugée, le défaut d’intérêt, le défaut de


qualité, la prescription, sont des fins de non-recevoir : elles
interdisent au juge d’examiner la demande.

136
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 2- LES ANIMATEURS DE L’APPAREIL


JUDICIAIRE

Il s’agit des gens de justice.


Ce sont d’abord les magistrats (I) et les auxiliaires de justice
ensuite (II).

I- Les magistrats
Ce sont des professionnels du droit à qui l’Etat confie le pouvoir de
dire le droit ou de juger (magistrats du siège) (A) ou de requérir
l’application de la loi (Ministère Public) (B). Qu’ils soient du siège ou
du Ministère Public, ils sont des fonctionnaires de l’Etat soumis aux
mêmes règles relatives au recrutement, à la formation, à l’obligation
de résidence, aux incompatibilités et interdictions.

A- Les magistrats du siège


On les appelle la magistrature assise parce que lors des audiences
ils sont toujours assis. Ce sont des juges c’est-à-dire qu’ils tranchent
des litiges et rendent des décisions de justice. Ils sont caractérisés par
deux principes :

1- Le principe de l’indépendance
Ce principe est affirmé à l’article 139 de la constitution du
novembre 2016 (ancien art 103 de la constitution du 1er Août) en ces
termes : « les magistrats ne sont soumis, dans l’exercice de leurs
fonctions, qu’à l’autorité de la loi. » cela signifie que dans l’exercice
de leurs fonctions, les magistrats du siège ne doivent recevoir
d’instructions ou d’ordres de personne, ni subir de pressions de la part

137
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

de leurs chefs, des autorités politiques ou administratives, ni même de


leurs familles.

2- Le principe de l’inamovibilité du magistrat


Selon l’article 140 alinéa 1 de la constitution du 08 novembre 2016
« les magistrats du siège sont inamovibles ». Le magistrat du siège ne
peut pas être affecté, déplacé sans son consentement. (Art 140 al 2)

B- Les magistrats du ministère public


Ils constituent la magistrature debout parce que lors des
audiences, ils se tiennent debout pour prendre la parole. Le Ministère
Public est composé notamment du procureur de la république et de ses
substituts, du procureur général et ses substituts, des avocats généraux.
Nommés par décret du Président de la République sur proposition
garde des sceaux, ces magistrats du ministère public, à la différence
des magistrats du siège, sont amovibles et révocables. Ils constituent
auprès des juridictions répressives ce qu’on appelle le parquet. Le rôle
du ministère public est de représenter et défendre les intérêts de la
société, de l’Etat en requérant l’application de la loi.
À ce titre le ministère public est un représentant du pouvoir
exécutif et une partie principale au procès pénal. Par conséquent il est
caractérisé essentiellement par trois principes :

1- Le principe de la subordination hiérarchique


Contrairement aux magistrats du siège qui sont indépendants vis-
à-vis du pouvoir exécutif, les magistrats du ministère public, reçoivent
des ordres de leurs supérieurs hiérarchiques auxquelles ils doivent
obéir. Toutefois le magistrat du parquet retrouve sa liberté lorsqu’il
développe oralement, les observations qu’il croit convenables au bien

138
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

de la justice, en vertu de l’adage « la plume est serve, mais la parole


est libre».

2- Le principe de l’indivisibilité
Les magistrats du ministère public sont juridiquement considérés
comme ne formant qu’une seule et même personne. Celui d’entre eux
qui agit ou prend la parole, est considéré comme agissant au nom du
parquet tout entier ; ils sont à ce titre interchangeables car ils peuvent
se remplacer au cours d’une même audience, ce qui n’est pas possible
pour les magistrats du siège.

3- Le principe de l’irrécusabilité du ministère public


Alors qu’un juge du siège peut être récusé, le magistrat du ministère
public ne peut pas être récusé par les individus qu’il poursuit parce
qu’il est demandeur au procès pénal, c’est-à-dire l’adversaire de
l’inculpé contre qui il requiert l’application de la loi.

II- Les auxiliaires de justice


Les auxiliaires de justice sont des professionnels du droit qui ne
sont pas magistrats mais participent toutefois directement ou
indirectement à la mission de service public de la Justice. Ils sont
nombreux, on peut les classer en deux groupes : ceux qui ont une
participation directe (A) et ceux qui interviennent de manière
indirecte(B).

A- Les auxiliaires à participation directe


Dans cette catégorie on peut citer le greffier (1), l’expert (2) et l’avocat
(3).

139
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

1- Le greffier
C’est un fonctionnaire de l’Etat recruté par voie de concours. Il a
diverses fonctions : il est considéré comme la mémoire et la plume du
tribunal. En effet il assiste le magistrat à l’audience. Il tient le
répertoire général des affaires et le registre d’audience. IL assiste le
juge, conserve les minutes des décisions et en délivre des expéditions
et des copies.

2- L’expert
L’expert est un professionnel dans son domaine qui intervient dans
le procès à la demande du juge. Il a pour mission d’éclairer le juge sur
un problème technique dont la solution est indispensable au litige. Il
peut intervenir dans divers domaines : médical, comptable, immobilier
etc. c’est le juge qui définit sa mission et le temps qui lui est imparti.
Toutefois l’expert ne fournit qu’un avis qui ne lie pas le juge. En effet
le juge est libre de son appréciation finale. L’expert est choisi sur une
liste officielle dressée par la Cour Suprême ou la Cour d’Appel. Les
candidats à l’inscription doivent remplir un certain nombre de critères
de moralité et de compétence professionnelle. L’expert perçoit des
honoraires à la charge des plaideurs. L’expert peut engager sa
responsabilité civile et pénale pour ses manquements.

3- L’avocat
En droit, l'avocat est un juriste exerçant une profession libérale dont
la fonction traditionnelle est de défendre ses clients, personnes
physiques ou morales, en justice, en plaidant pour faire valoir leurs
intérêts et, plus généralement, pour les représenter. L'avocat s'acquitte
d'une fonction de conseil et de rédacteur d'actes (contrats, statuts d’une
société). Le ministère d'avocat est parfois rendu obligatoire par la loi

140
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

notamment afin d'assurer les droits de la défense devant certaines


juridictions.
L'avocat, qui est un auxiliaire de la Justice, est soumis à une
surveillance étatique. Il doit respecter les règles professionnelles et
déontologiques sous peine de sanctions. L'avocat est en outre soumis
aux règles associatives du barreau qui est administré par le Conseil de
l'Ordre des avocats dirigé par le Bâtonnier. L'avocat est soumis au
secret professionnel pour toute l'activité qu'il déploie dans le cadre de
sa profession (conseils juridiques, représentation en justice, résolution
extrajudiciaire des litiges). Ce secret protège la relation de confiance
entre le client et son avocat. Les honoraires de l'avocat sont en principe
fixés en fonction du temps qu'il doit consacrer à l'affaire, à un tarif
horaire qui peut être fixé librement avec le client.

B- Les auxiliaires à participation indirecte : les officiers


ministériels
Les officiers ministériels sont des personnes titulaires d'un office
c’est-à-dire d’une charge, conféré à vie par l'autorité publique et
disposent du droit de présenter leur successeur. Ils ne peuvent exercer
leurs fonctions qu'au sein de cet office dont ils sont titulaires. Leur
nomination s'exerce par voie d'agrément du garde des sceaux pris sous
la forme d'un arrêté. Nous avons : les notaires (1), et les commissaires
de justice (2).
Les Officiers Ministériels font partie d'une catégorie plus vaste que
sont les "Officiers publics" qui dressent des actes authentiques et
obligatoires. Mais tous les officiers publics ne sont pas des Officiers
Ministériels. Par exemple les "Officiers de l'État civil", les greffiers
sont des officiers publics mais pas des officiers ministériels car ils ne
sont pas titulaires d'une charge.

141
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

En fait, seuls les huissiers de justice et les notaires sont à la fois


officiers publics et ministériels. Avec la nouvelle loi portant des
commissaires de justice en Côte d’Ivoire, il n’y a plus de distinction à
faire. Les commissaires de justice sont du coup et à la fois des officiers
publics et ministériels.

1- Les notaires
Les notaires sont des officiers publics et ministériels investis du
pouvoir de délivrer des actes authentiques, dotés de la force exécutoire
sans qu'il soit besoin de recourir à une décision de justice. Ils exercent
leur profession dans un cadre libéral. Ils ont également une mission de
conseil des particuliers et des entreprises, liée ou non à la rédaction
d'actes, et peuvent intervenir, à titre accessoire, dans la gestion de
patrimoines et la négociation immobilière. Leurs domaines
d'intervention principaux sont ceux du droit de la famille (opérations
de liquidations et partage des biens de la communauté, successions,
libéralités (rédaction de testament par exemple), adoptions), du droit
immobilier et des contrats civils et commerciaux... L'organe
représentatif de la profession auprès des pouvoirs publics est la
chambre des notaires.

2- Les commissaires de justice.


Les huissiers de justice et les commissaires-priseurs deviennent
de par la loi (LOI N° 2018-974 DU 27 DECEMBRE 2018. PORTANT
STATUT DES COMMISSAIRES DE JUSTICE) des commissaires de
justice, faisant ainsi disparaitre les fonctions d’huissiers de justice et
commissaires-priseurs (cf Article 45 de la loi précitée : Sont abrogées
: 1°la loi n°97-514 du 4 septembre 1997 portant statut des huissiers de
Justice ; 2°la loi n°83-787 du 2 août 1983 portant statut des

142
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

commissaires-priseurs telle que modifiée et complétée par la loi n°97-


515 du 4 septembre 1997.
Le commissaire de justice est l’officier ministériel et public qui a
seul qualité, dans les conditions fixées par les lois et règlements en
vigueur, pour :
1° dresser et signifier les actes de procédure ;
2°faire toute signification prescrite par la réglementation ;
3°exécuter les décisions de justice ainsi que les actes ou titres
en forme exécutoire ;
4° dresser et mettre à exécution les protêts en cas de non-
paiement d’un effet ;
5° procéder au recouvrement forcé des créances ;
6° dresser les procès-verbaux de constat toutes les fois que la
loi l’exige ;
7° assurer le service des audiences près les cours et tribunaux;
8°faire l’inventaire, l’estimation, la prisée, la vente aux
enchères publiques, judiciaire ou volontaire de tout bien
meuble corporel ou incorporel de toute nature, notamment les
fonds de commerce, les valeurs mobilières, les marchandises,
le mobilier, l’outillage, l’équipement, les aéronefs, les bateaux
et navires et tout autre meuble fixé à un immeuble, susceptible
toutefois d’être détaché sans dommages ni pour sa structure
propre ni pour celle de son support de fixation immobilier;
9°faire l’inventaire, l’estimation et, le cas échéant, la prisée en
matière de succession ;
10°procéder à la vente aux enchères publiques des biens de
l’Etat et des collectivités territoriales, du secteur parapublic,
des établissements publics, des sociétés à participation
publique ainsi que les biens des organisations non
gouvernementales, des représentations diplomatiques, des

143
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

organismes internationaux et les biens de toute nature saisis par


les administrations douanière et fiscale.
Le commissaire de justice peut en outre :
1°procéder au recouvrement amiable de toutes créances ;
2°effectuer, lorsqu’il est commis par justice ou à la requête de
particuliers, des constatations purement matérielles, exclusives
de tout avis sur les conséquences de fait ou de droit qui peuvent
en résulter; sauf en matière pénale où elles ont valeur de
simples renseignements, ces constatations font foi jusqu’à
preuve contraire ;
3°être commis en qualité de technicien pour éclairer le juge sur
une question de fait ;
4°dresser procès-verbal des assemblées statutaires de toutes
sociétés de droit public et privé ainsi que de celles des agences
;
5°procéder aux ventes volontaires des biens mobiliers ;
6°exercer à titre accessoire certaines activités ou fonctions ; la
liste de ces activités et fonctions ainsi que les conditions dans
lesquelles les intéressés sont autorisés à les exercer est, sous
réserve des lois spéciales, fixée par décret.
Dans les matières visées au présent article, les émoluments du
commissaire de justice sont fixées d’accord partie avec le
particulier qui requiert ses services.

144
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

- CARBONNIER J. Droit civil- introduction, Tome 1 PUF,


26° ed 1999
- CORNU G. Droit Civil, Tome 1, Introduction, les personnes,
les biens, Montchrestien, 10°éd. 2003
-AUBERT J-T. Introduction au Droit et thèmes fondamentaux
du Droit civil, coll., Armand colin 10°éd .2004

COURS
- Cours du Professeur MELEDJE Djedjro (introduction à
l’étude du droit, ABC 2016)
- Cours du Professeur LATH Yédo Sébastien (introduction à
l’étude du droit, ABC 2018)
- Cours des docteurs SAMY Justine et NENE BI (Arsène
introduction à l’étude du droit, ABC 2021)
- Cours du Professeur Amsatou Sow Sidibé (introduction à
l’étude du Droit civil, 2008-2009
- Cours du Professeur Isaac Yankhoba NDIAYE (Introduction
à l’étude du Droit civil, 2OO5-2006)

CODES
Code Civil des personnes et de la famille
Code des obligations et des biens
Code civil français

145
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

Table des matières


SYLLABUS ............................................................................................. 5
I - OBJECTIF DU COURS. .................................................................... 5
II -OBJECTIFS SPÉCIFIQUES DU COURS. ............................................ 5
III STARTÉGIE D’ENSEIGNEMENT .................................................... 6
IV- MODE D’ÉVALUATION ................................................................. 6
SOMMAIRE........................................................................................... 7
INTRODUCTION .................................................................................... 9
1- Le Droit Objectif :................................................................ 14
2- Les droits subjectifs : .......................................................... 15
PREMIÈRE PARTIE :LE DROIT OBJECTIF ET LES DROITS SUBJECTIFS. ....... 19
TITRE-I- LE DROIT OBJECTIF. ................................................................ 20
CHAPITRE 1 – LES SOURCES DU DROIT OBJECTIF. .................................. 21
SECTION 1- LES SOURCES DIRECTES. .................................................. 21
A- Les sources nationales. .......................................................... 21
1- La Constitution.................................................................... 21
2-La Loi. ................................................................................... 22
B- Les sources internationales. ................................................... 25
SECTION 2- LES SOURCES INDIRECTES................................................ 26
A- La jurisprudence ................................................................. 26
B- La coutume et la doctrine ................................................... 29

147
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 2 – GÉNÉRALITÉ DE LA REGLE DE DROIT................................ 30


SECTION 1- LES CARACTÈRES DE LA RÈGLE DE DROIT ........................ 30
A- Caractère général, obligatoire et permanente ...................... 30
B- Caractère coercitif et extérieur .............................................. 31
SECTION 2- FINALITÉ DE LA RÈGLE DE DROIT ..................................... 32
A- Intérêt général........................................................................ 32
B- Justice ..................................................................................... 32
CHAPITRE 3 – LES GRANDES DISCIPLINES DU DROIT .............................. 40
SECTION 1- LES DISCIPLINES DU DROIT PRIVÉ .................................... 40
A- Le droit civil et ses dérivés ..................................................... 40
B- Les droits mixtes ..................................................................... 41
SECTION 2- LES DISCIPLINES DE DROIT PUBLIC ................................. 42
A- Le droit public interne et le droit public international........... 42
B- Le droit administratif, le droit financier et le droit
constitutionnel............................................................................ 42
CHAPITRE 4 – LE DOMAINE D’APPLICATION DE LA RÈGLE DE DROIT ..... 44
SECTION 1 – APPLICATION DE LA LOI DANS L’ESPACE ....................... 44
SECTION 2 – APPLICATION DE LA LOI DANS LE TEMPS....................... 44
A- La non rétroactivité des lois ................................................... 44
a- Les lois expressément rétroactives ................................ 45
b - Les lois interprétatives................................................... 45
c- Les lois pénales plus douces ........................................... 46
B- L’effet immédiat de la loi nouvelle ......................................... 46

148
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

TITRE 2 – LES DROITS SUBJECTIFS ........................................................ 48


CHAPITRE 1 – LES SOURCES ET CLASSIFICATION DES DROIT
SUBJECTIFS.............................................................................................. 50
SECTION 1- LES SOURCES DES DROITS SUBJECTIFS ............................ 50
A- Les actes juridiques ................................................................ 50
B- Les faits juridiques .................................................................. 52
SECTION 2- LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE DROITS SUBJECTIFS .. 53
A- Les droits patrimoniaux.......................................................... 53
1. Les droits personnels ou droits de créance ........................ 53
2. Les droits réels principaux et accessoires ........................... 54
3. Les droits intellectuels ........................................................ 55
B- Les droits extrapatrimoniaux ................................................. 55
1. Les droits relevant des libertés publiques. ......................... 55
a. Les droits individuels....................................................... 56
b. Les droits collectifs ......................................................... 56
2. Les droits de la personnalité ............................................... 56
CHAPITRE 2 - LA PREUVE DES DROITS SUBJECTIFS ............................... 58
SECTION 1 – LES PRINCIPES GÉNÉRAUX DU DROIT DE LA PREUVE .... 58
A- La charge de la preuve (qui doit prouver ? Que doit-on
prouver?) .................................................................................... 58
B- L’objet de la preuve ................................................................ 60
SECTION 2 – LES DIVERS MODES DE PREUVE ..................................... 62
A- La preuve des actes juridiques ............................................... 63
B- La preuve des faits juridiques (la liberté de la preuve) .......... 65

149
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 3 - LES ACTEURS DE LA VIE JURIDIQUE ................................ 68


SECTION 1- LES PERSONNES PHYSIQUES ............................................ 68
A- Les droits de la personnalité .................................................. 68
B- La capacité juridique des personnes ...................................... 69
A. Les cas d’incapacité juridique ................................................. 70
B. Les exceptions ........................................................................ 71
SECTION 2 – LES PERSONNES MORALES............................................. 71
A- Les attributions de la personnalité morale ............................ 72
B- Les effets ................................................................................ 73
CHAPITRE 4 – LES OBLIGATIONS ........................................................... 75
SECTION 1 - LA RESPONSABILITÉ ....................................................... 75
A- Le dommage ........................................................................... 75
B- Le fait générateur de la responsabilité .................................. 77
SECTION 2. L’EXONÉRATION DE LA RESPONSABILITÉ......................... 78
DEUXIÈME PARTIE :L’ORGANISATION JUDICIAIRE EN CÔTE D’IVOIRE. ... 80
TITRE I – LES JURIDICTIONS IVOIRIENNES ............................................ 83
SOUS-TITRE 1- LES JURIDICTIONS DE DROIT COMMUN ..................... 84
CHAPITRE 1 - LES TRIBUNAUX DE PREMIERE INSTANCE ET LEURS
SECTIONS DETACHEES ............................................................................ 85
I- L’organisation .............................................................................. 85
A- Le siège ................................................................................... 88
B- Le parquet .............................................................................. 89
C- Le greffe.................................................................................. 90
II- Le fonctionnement ..................................................................... 90

150
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

A- Les audiences ......................................................................... 91


1- L’audience solennelle ......................................................... 91
2- L’audience ordinaire ........................................................... 91
B- « Les réunions »...................................................................... 91
1- L’assemblée générale ......................................................... 91
2- Chambre de conseil ............................................................ 91
C- Les différentes formations du tribunal de première instance
et des sections détachées........................................................... 92
1- Les formations civiles ......................................................... 92
a- Les décisions en premier ressort (art 6°du Code
Procédure Civile)................................................................. 92
b- Les décisions en premier et en dernier ressort (art.6
nouveau 2°du CPC) ............................................................. 93
2- Le tribunal de commerce .................................................... 93
a- L’organisation ................................................................. 94
b- Les attributions ............................................................... 94
3- Le tribunal du travail........................................................... 95
a- La composition et le fonctionnement ............................ 95
b- Les attributions ............................................................... 96
4- Les formations pénales ....................................................... 96
a- La juridiction d’instruction .............................................. 97
b- Les juridictions de jugement .......................................... 97
CHAPITRE 2- LES JURIDICTIONS DU SECOND DÉGRÉ .............................. 99
A- La Cour d’Appel d’Abidjan ...................................................... 99

151
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

B- La Cour d’Appel de Bouaké .................................................... 99


C- La Cour d’Appel de Daloa .................................................... 100
D- La Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan ............................ 100
II- La composition et le fonctionnement des juridictions du second
degré ............................................................................................. 101
A- La composition ..................................................................... 101
1- Le siège ............................................................................. 101
2- Le parquet général............................................................ 101
3- Le greffe ............................................................................ 102
4- Les formations .................................................................. 102
a- En matière civile. .......................................................... 102
b- En matière pénale ........................................................ 103
c- En matière commerciale ............................................... 103
B- Le fonctionnement ............................................................... 106
1- Les audiences.................................................................... 106
a- L’audience solennelle ................................................... 106
b- L’audience ordinaire ..................................................... 106
2- Les assemblées générales................................................. 106
CHAPITRE 3- LES COURS SUPREMES ..................................................... 108
A- De la Cour de Cassation .................................................... 108
B- Du Conseil d’État .................................................................. 109
C- Les attributions en matière de règlement des comptes de
l’État. ......................................................................................... 109
SOUS-TITRE II- LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION OU SPECIALISEES. . 110

152
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE 1- LA JURIDICTION D’EXCEPTION EN MATIERE CIVILE : LE JUGE


DES TUTELLES ....................................................................................... 111
I- Le statut ..................................................................................... 111
II- Les attributions ......................................................................... 111
CHAPITRE 2- LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION EN MATIERE PENALE ... 113
I- Les juridictions pour mineurs .................................................... 113
II- Les Cours d’Assises ................................................................... 114
III- Le tribunal militaire ................................................................. 114
CHAPITRE 3- LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION OU SPECIALISEES EN
MATIERE COMMERCIALE ...................................................................... 116
1. Nature ............................................................................... 117
2. TEXTES DE BASE ................................................................ 117
3. SIEGE ................................................................................. 117
4. ATTRIBUTIONS .................................................................. 117
5. RESSORT TERRITORIAL ...................................................... 118
6. COMPOSITION ...................................................................... 118
7. MINISTERE PUBLIC ................................................................ 119
8. PROCEDURE .......................................................................... 119
9. CONTRÔLE ET SUIVI .............................................................. 119
10. OUVERTURE ........................................................................ 119
11. FINANCEMENT .................................................................... 120
TITRE II- LA MISE EN ŒUVRE DE L’ACTION EN JUSTICE ET LES
ANIMATEURS DE L’APPAREIL JUDICIAIRE. .......................................... 121

153
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

CHAPITRE PRELIMINAIRE- LES GRANDS PRINCIPES DE BONNE CONDUITE


DU PROCES ........................................................................................... 122
I- Le principe de la présomption d’innocence. ............................. 122
II- L’indépendance du juge (art 139 constitution de 2016). ......... 122
III- Le principe de l’impartialité. (art 141 constitution de 2016). . 122
IV- L’inamovibilité (art 140 constitution de 2016). ....................... 123
V- Le principe du double degré de juridiction. ............................. 123
VI- Le principe de la collégialité. ................................................... 123
CHAPITRE 1- LA MISE EN ŒUVRE DE L’ACTION EN JUSTICE ................ 124
SECTION 1- LES CONDITIONS DE RECEVABILITE DE L’ACTION EN
JUSTICE ............................................................................................. 124
I- La personnalité juridique ........................................................... 124
II- La capacité juridique................................................................. 125
III- L’intérêt pour agir .................................................................... 126
IV- La qualité pour agir ................................................................. 127
SECTION 2- LES FORMES DE L’ACTION EN JUSTICE .......................... 127
I- La forme des demandes ............................................................ 128
A- L’assignation ......................................................................... 128
B- La comparution volontaire des parties ................................ 128
C- La requête............................................................................. 129
D- Les conclusions écrites ......................................................... 129
II- Le fond des demandes.............................................................. 129
A- La demande initiale ou demande introductive d’instance
129

154
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

B- Les demandes incidentes.................................................. 130


1- La demande additionnelle ................................................ 130
2- La demande reconventionnelle ........................................ 130
3- La demande en intervention ............................................ 130
SECTION 3- LE DEROULEMENT DE L’INSTANCE ................................ 131
I- Les principes directeurs de l'instance........................................ 131
A- Le principe de la neutralité du juge...................................... 131
B- Le principe du contradictoire ............................................... 132
C- Le principe de la publicité..................................................... 132
D- Le principe de la collégialité ................................................. 133
II- Le jugement .............................................................................. 133
A- Notion de jugement ............................................................. 133
B- Force du jugement ............................................................... 135
1- Le domaine de l'autorité de la chose jugée...................... 135
2- Les conditions de l’autorité de la chose jugée ................. 136
CHAPITRE 2- LES ANIMATEURS DE L’APPAREIL JUDICIAIRE................. 137
I- Les magistrats ............................................................................ 137
A- Les magistrats du siège ........................................................ 137
1- Le principe de l’indépendance ......................................... 137
2- Le principe de l’inamovibilité du magistrat ...................... 138
B- Les magistrats du ministère public ....................................... 138
1- Le principe de la subordination hiérarchique................... 138
2- Le principe de l’indivisibilité ............................................. 139

155
Aka Marcellin KOFFI Cours d’introduction à l’étude du droit

3- Le principe de l’irrécusabilité du ministère public ........... 139


II- Les auxiliaires de justice ........................................................... 139
A- Les auxiliaires à participation directe ................................... 139
1- Le greffier.......................................................................... 140
2- L’expert ............................................................................. 140
3- L’avocat............................................................................. 140
B- Les auxiliaires à participation indirecte : les officiers
ministériels ............................................................................... 141
1- Les notaires....................................................................... 142
2- Les commissaires de justice.............................................. 142
ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES ......................................................... 145
Table des matières ............................................................................ 147

156

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