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REPUBLIQUE DE GUINEE

Travail-Justice-Solidarité
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

LES UNIVERSITES : GLC-LAMBAGNY……..AVICENNE-L……MAHATMA GANDHY-L…..UVH-M……IUHEG

Faculté des Carrières Juridiques, des Sciences Economiques et de Gestion

DEPARTEMENT : DROIT

COURS DE DROIT PENAL GENERAL


Dure est la loi, mais c'est la loi

Dura Lex Sed Lex

CHARGE DU COURS:

Paziazou---Daro------Macenta----N’Zérékoré----Rép.Guinée-Ckry-UGLC-L/------Email: jacabkoivogui@gmail.com/ Tél : 662-15-43-56

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Monsieur Jacob Boy KOIVOGUI,
Magistrat

Assistant :

M. Moussa CAMARA, Juriste Privatiste, Enseignant


Chercheur
Contact : 620 92 95 09 / 664 51 35 31 / 655 17 32 52

Email : sarangbemoussa96@gmail.com

NIVEAU : LICENCE 2 Droit (L-M-D)

« L’essentiel du Droit se trouve dans les documents. Alors pour comprendre


et réussir en Droit, un seul conseil, il faut être un fervent lecteur de tous les
jours et pour toujours »w

AVANT-PROPOS

Paziazou---Daro------Macenta----N’Zérékoré----Rép.Guinée-Ckry-UGLC-L/------Email: jacabkoivogui@gmail.com/ Tél : 662-15-43-56

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Le présent ouvrage est destiné à tous ceux qui désirent améliorer leur niveau de
connaissance dans le domaine du Droit pénal.

Il s’adresse plus particulièrement aux étudiants, aux chercheurs et à tous les


praticiens du Droit notamment les Huissiers de Justice, les Magistrats, les Avocats
ainsi qu’aux autorités de police et de la gendarmerie nationales (Officiers de Police
Judiciaire et Agents de Police Judiciaire).

La préoccupation qui a suscité la mise en œuvre du présent ouvrage est partie du


constat de la rareté et de la cherté des documents de Droit dans notre pays en
général et dans nos institutions d’enseignement supérieurs en particulier.

Il a été édité dans le souci de donner une satisfaction non seulement aux lecteurs
passionnés du Droit incontournable du royaume des Hommes du temple de Thémis
mais aussi et surtout d’ouvrir l’esprit des destinataires privilégiés que sont les
étudiants, sur un cours aussi fondamental que le Droit pénal.

C’est d’ailleurs ce dernier souci qui a fait que l’ouvrage a été élaboré avec un
caractère beaucoup plus pédagogique au point que le lecteur, pour une bonne
compréhension du contenu de cet ouvrage, a nécessairement besoin d’un recours
incessant à notre arsenal répressif. C’est pourquoi il est vivement recommandé aux
étudiants de se doter de préférence des codes pénal, de procédure pénale et de
justice militaire ainsi que de la Constitution du 10 Mai 2010. A défaut d’avoir cet
ensemble d’arsenaux pénaux, l’apprenant doit, sans commune mesure, être muni
au moins des deux codes pénal et de procédure pénale du 26 Octobre 2016,
indispensables à l’assimilation du cours.

Par ailleurs, comme toute œuvre humaine, cet ouvrage a sans doute des
insuffisances et imperfections qui nécessitent des amendements pour l’amélioration
des futures éditions.
C’est pourquoi vos critiques et suggestions nous serviront d’outils potentiels pour
pouvoir relever un défi qui nous interpelle tous.

Nous ne saurions terminer sans reconnaître les mansuétudes du Dieu tout puissant
qui nous a accordé la santé ;
Toutes nos reconnaissances vont également à l’endroit de certains éminents juristes
de notre pays dont les œuvres nous ont servi quelque part de véritables tremplin
d’inspiration. Il s’agit entre autres du Doyen Mamadou Alioune DRAME, Magistrat,
de notre regretté Feu Maître Famoro Sidram CAMARA. Que son Ame repose en
paix ! Amen, de Maître Lansana KOMAH, Avocat à la Cour et Maître Lansana
SOMPARE, Huissier de Justice près les cours et Tribunaux de Conakry ;
Nous rendons un vibrant hommage à la Fondation et à tous les encadreurs de notre
grande institution l’Université Général Lansana Conté de Lambagny ;
Nos sincères remerciements s’adressent à tous ceux qui, de près ou de loin, ont
contribué dans l’élaboration du présent ouvrage.
ATTENTION! LE PHOTOCOPILLAGE TUE L’OUVRAGE
Toute reproduction partielle ou totale de cet ouvrage sans autorisation de l’auteur,
expose le contrevenant à de
s poursuites judiciaires sans complaisance.

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4ème édition ‘’ COMPRENDRE LE DROIT AU QUOTIDIEN ’’ Conakry, 12 0ctobre 2017

TABLE DES MATIERES

Introduction Générale……………………………………………………………………

-Les Différentes conceptions de la criminalité………………………………………….

-Les Définitions et Objet du Droit pénal…………………………………………………

-Les branches du Droit pénal……………………………………………………………

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-Le Droit pénal et les autres disciplines……………………………………………………..

-Les Sources du Droit pénal………………………………………………………………….

Chapitre préliminaire: présentation sommaire de la loi N°2016/059/AN en date du


26 Octobre 2016 portant code pénal guinéen.

Première partie : La loi pénale……………………………………………………………………….

Chapitre I : L’application de la loi pénale dans le temps…………………………………………..

Section I : L’application des lois pénales de fond…………………………………………………..

Section II : L’application des lois pénales de forme………………………………………………..

Chapitre II : L’application de la loi pénale dans l’espace …………………………………………

Section I : Le principe de la territorialité…………………………………………………………….

Section II : Les exceptions au principe………………………………………..……………………..

Deuxième partie : L’infraction pénale……………………………………………………………….

Chapitre I: La notion d’infraction pénale et les notions voisines………………………………….

Section I : La distinction infraction pénale et Délit Civil…………..……………………

Section II : La distinction infraction pénale et Délit Disciplinaire………………………

Chapitre II : Les éléments constitutifs de l’infraction……………………………………

Section I : L’élément légal…………………………………………………………………

Section II : L’élément moral. ………………………………………………………………

Section III : L’élément matériel……………………………………………………………

Chapitre III : Les classifications des infractions…………………………………………

Section I : La classification fondée sur la nature des infractions………………………

Section II : La classification selon le degré de gravité de l’infraction…………………

Section III : La classification selon le mode de réalisation de l’infraction……………

Section IV : La classification selon le mode psychologique d'exécution……………

Troisième partie : La responsabilité pénale……………………………………………

Chapitre I : La responsabilité pénale des personnes physiques ……………………

Section I : L’auteur…………………………………….…………………………………..

Section II : La complicité…………………………………………………………………

Chapitre II La responsabilité pénale des personnes morales et pour autrui………

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Section1 : La responsabilité pénale des personnes morales…………………………

Section2 : La responsabilité pénale pour autrui…………………………………………

Chapitre III : De l’irresponsabilité et de l’atténuation pénales…………………………

Section I : Les causes objectives d’irresponsabilité pénale ou faits justificatifs..……

Section II : Les causes subjectives d’irresponsabilité pénale ou causes de non-imputabilité…

Section III : Les causes d’excuses et d’atténuation de peine……………………………

Quatrième partie: La sanction pénale……………………………………………………

Chapitre I : Distinction de la peine des mesures de sûreté et classifications des peines……...

Section1 : Distinction de la peine des mesures de sûreté…………………………………

Section 2 : Les classifications des peines…………………………………………………

Chapitre II : La fixation de la peine………………………………………………………..

Section I : Le rôle du législateur dans la fixation de la peine……………………………

Section II : Le rôle du juge dans la fixation de la peine…………………………………

Chapitre III :Le sort de la sanction pénale………………………………………………

Section I: La suspension de la peine……………………………………………………

Section II : L’extinction de la peine………………………………………………………

Questions de consolidation………………………………………………………………

TITRE DU COUR : DROIT PENAL GENERAL


DROIT PENAL GEN

INTRODUCTION GENERALE

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La criminalité est un terme qui revêt plusieurs conceptions. Pour certains, la
criminalité est un simple fait de Dieu qui selon eux, tout ce qui arrive comme mal
dans la société est un destin de Dieu. Il s’agit de la catégorie des personnes de la
résignation.

Pour d’autres, il s’agit d’un fait qui naît dans la société et pouvant y être également
combattu à jamais. Pour ceux-ci, les causes de la criminalité sont dues à
l’environnement social. C’est à dire qu’elle dépend de plusieurs facteurs socio-
environnementaux comme l’état des lieux (enclavement, obscurité…), le climat
chaud ou encore la pauvreté…

Pour un autre groupe de penseurs, la criminalité est un phénomène inhérent à la


société. C'est-à-dire que pour ceux-ci la société naît et vit à jamais avec la
criminalité. Pour eux, la criminalité demeure tant que la société existe. Elle ne pourra
jamais s’en débarrasser entièrement et définitivement. Ce sont eux qui disent que la
criminalité se trouve naturellement dans le sang de l’homme. C'est-à-dire que les
causes de la criminalité sont purement endogènes.

Alors, c’est à cause de ces diverses manières de concevoir le phénomène criminel


qui fait que la lutte contre ce fléau ne se mène pas de la même manière dans les
sociétés. Pour les uns il est inutile de penser à pouvoir éradiquer complètement la
criminalité alors qu’elle est appelée à demeurer avec la société. Et pour les autres, il
faut en combattre définitivement.

Tout de même la raison semble être du côté de la conception selon laquelle la


protection de la société contre la criminalité est une lutte de tous les jours et pour
toujours. Dans le constat des faits il s’est avéré que même dans les Etats les plus
policés du monde, malgré toutes les politiques de lutte mises en place pour la
vaincre, la criminalité est et demeure toujours d’actualité dans ces pays.

C’est pourquoi pour tenter de maitriser ce phénomène afin de le combattre à mieux,


toutes les sociétés ont, chacune selon son entendement, mis en place un
mécanisme de coercition sociale à l’encontre de tous ceux qui porteraient atteinte à
l’ordre social établi. Il s’agit des lois et des organes de répression.

Toutefois, la compréhension de ces moyens de répression passe nécessairement


par une éducation de la population sur toutes les menaces qui pèsent contre ce
fléau. D’où la nécessité d’intervention du Droit pénal dont la définition est plus
édifiante.

I- Définitions : Encore appelé Droit criminel, le Droit pénal tire son appellation de la
peine. Il est défini par le lexique des termes juridiques comme étant : l’ensemble des
règles de Droit ayant pour objet la définition des infractions ainsi que des sanctions
qui leur sont applicables. Il est aussi défini comme la branche du Droit positif qui a
pour objet l’étude des comportements antisociaux et les peines qui leur sont
applicables.

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Il est également défini comme la branche du Droit qui détermine les infractions, les
sanctions que la Société impose à ceux qui les commettent et les mesures qui
permettent de les prévenir ainsi que les modalités de la répression des faits
constitutifs d'infractions.

II- Objet : l’objet du Droit pénal est clairement exprimé dans sa définition. Il est de
deux ordres. Tout d’abord le cours lui-même vise à étudier la règle de Droit pénal et
celle-ci a pour objet d’étudier les comportements antisociaux (infractions) ainsi que
les sanctions (peines) qui leur sont infligées. On peut donc déduire que le Droit pénal
a pour objet de procéder à la qualification des comportements en infraction et la
détermination des peines qui leur sont applicables en rétribution.

III- Les branches ou Contenu du Droit pénal : comme les autres disciples de Droit,
le Droit pénal regorge plusieurs branches qui se subdivise en deux groupes
principaux.

A- Les branches traditionnelles du Droit pénal :

a- Le Droit pénal Général : Comme défini ci-haut, c’est la branche du Droit positif
qui étudie les comportements antisociaux et les peines qui leur sont applicables ;
b- Le Droit pénal Spécial : celui-ci est la branche du Droit pénal qui étudie les
différentes catégories d’infractions prises distinctement dans leur différents
éléments constitutifs. C’est le véritable catalogue répressif ;
c- La procédure pénale : C’est la partie du Droit pénal qui définit les manières de
procéder pour la constatation des infractions, la poursuite des actions,
l’instruction préparatoire des faits, et le jugement des délinquants ;

B- Les branches nouvelles du Droit pénal :

a- Le Droit pénal des affaires : C’est une branche du Droit pénal spécial qui
s’occupe plus particulièrement de l’étude des comportements antisociaux
perpétrés en milieu d’affaires ainsi que des sanctions qui leur sont infligées;
b- Le Droit pénal international : C’est la partie du Droit pénal qui a pour objet la
détermination des infractions d’ordre international et des règles qui leur sont
applicables ;
c- Le Droit pénal comparé : C’est l’ensemble des règles juridiques qui étudient les
différents systèmes répressifs de plusieurs Etats de régimes différents ;

Après avoir détaillé ses branches, il convient de faire un rapprochement entre le Droit
pénal et les sciences qui lui sont voisines.

IV-Le Droit pénal et les autres disciplines

A- Le Droit pénal et la Morale

La morale et le Droit pénal convergent à un point. C’est celui de l’éducation de la


population pour adopter de bons comportements dans la société.

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Toutefois, le Droit pénal se démarque de la Morale au niveau de la sanction. Tant dis
que la sanction de la violation d’une règle de morale est simplement interne, le Droit
pénal quant à lui, il élargit sa sanction au-delà du remord. Il va jusqu’à atteindre le
délinquant dans son corps, dans ses avoirs voire dans son honneur;

B- Le Droit pénal et les règles de bienséance

Comme la précédente, les bienséances sont aussi des disciplines qui concourent
d’avec le Droit pénal à inciter l’homme à avoir un esprit d’indulgence ou de
politesse. C’est également au niveau de la sanction que les deux disciplines
s’éloignent l’une de l’autre. Si manquer à une règle de bienséance (par exemple ne
pas céder sa place à un invalide) se limite à susciter simplement des remords chez
l’incivil, la transgression d’une règle de Droit pénal conduit à des sanctions plus
raides.

V-Les sources du Droit pénal

Rappelons tout d’abord que la source fondamentale du Droit pénal reste et demeure
la loi. C'est-à-dire celle édictée par le législateur. Cependant, la loi prise dans son
sens large, dépasse le contexte exclusif du pouvoir législatif. Elle englobe toute règle
édictée quelle que soit son origine (législative ou règlementaire).

C’est pourquoi il convient de faire recours à toutes les règles de Droit qu’elles soient
Supranationales (A) ou nationales (B).

A- Les Sources supranationales

Les sources du Droit pénal d’ordre international sont nombreuses. Il s’agit des
Traités internationaux ainsi que des conventions internationales, dont entre autres :

a- La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 qui interdit


l’esclavage sous toutes ses formes. Comme il est prévu à son article 4 qui
dispose:
« Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves
sont interdits sous toutes leurs formes » ;
b- La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 Décembre 1948 qui
défend la torture sous toutes ses formes. Voir l’article 5: « Nul ne sera soumis à
la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants » ;
c- Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale du 1 er Juillet 2002 qui
prévoit et condamne tous les crimes d’ordre international. Tel qu’il ressort des
dispositions de son article 5 : «….En vertu du présent Statut, la Cour a
compétence à l’égard des crimes suivants:
a) Le crime de génocide ; b) Les crimes contre l’humanité ; c) Les crimes de guerre ;
d) Le crime d’agression.
B- Les Sources nationales

Au niveau national aussi les sources du Droit pénal existent en foison. Elles sont
dénombrées dans un ordre decrescendo édicté par le code civil en son article 9
Alinéa dernier comme suit : « …Les lois prises au sens large obéissent à la

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hiérarchie suivante dans l’ordre décroissant d’importance : - Constitution; -
Proclamation;- Traités internationaux;- Loi ou Ordonnance;- Décret;- Arrêté
ministériel;- Décision ministérielle;- Arrêté régional;- Décision régionale ».
Ainsi, nous avons par exemple la constitution de 2010 au niveau de son préambule
qui défend la corruption. La même constitution défend la discrimination sous toutes
ses formes ainsi que prévu à son article 4 qui dispose: « La loi punit quiconque par
un acte de discrimination raciale, ethnique, religieuse…….porte atteinte à l'unité
nationale, à la sécurité de l'Etat…».
Rappelons une fois de plus qu’il y avait bien un intérêt non moins important à ce que
nous fassions allusion à tous ces paramètres de source de la règle de Droit avant de
mettre un accent particulier sur la loi qui en demeure l’épicentre. C’est pour cette
raison d’ailleurs que nous consacrerons une étude particulière sur le code pénal
guinéen ainsi que sur la loi proprement dites au titre I du présent cours.

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Chapitre préliminaire: présentation sommaire de la loi N°2016/059/AN portant
code pénal guinéen en date du 26 Octobre 2016 (en cours).

Première partie : La loi pénale

Source fondamentale du Droit pénal, la loi a un domaine assez large. Elle régit les
personnes et leurs activités tant dans le temps que dans l’espace.

Chapitre I : L’application de la loi pénale dans le temps

L’avènement d’un élément légal nouveau implique l’impossibilité pour le Juge


d’appliquer une loi pénale ancienne aux infractions nouvelles non seulement, mais
aussi l’empêche d’appliquer cette loi nouvelle aux faits qui sont antérieurs à sa date
d’entrée en vigueur. On parle alors de conflits de lois dans le temps. Le mécanisme
de résolution de ce problème est basé sur une règle appelée principe de la non-
rétroactivité de la loi pénale nouvelle plus sévère (ni poursuites, ni sanctions
possibles) sur la base de ce principe de la légalité.
C’est ainsi que par exemple sur la base de cette règle, le Conseil Constitutionnel
Français avait décidé dans un Arrêt que la rétroactivité de la loi pénale nouvelle
n’était qu’une exception d’ordre constitutionnel, et qu’une loi pénale nouvelle ne
pouvait sanctionner les situations anciennes que si elle était moins sévère.
Néanmoins, ce principe connaît une distinction selon qu’il s’agisse des lois dites de
fond notamment celles d’incriminations et de sanctions (dans ce cas c’est la non-
rétroaction) ou des lois dites de forme, comme les lois de compétence et de
procédure (c’est l’application immédiate). Il convient de donner un détail sur le sens
de ces différentes règles avant de voir leurs exceptions respectives.
Section 1: L’application des lois pénales de fond
Il faut entendre par loi pénale de fond toute règle de Droit pénal qui crée une
nouvelle incrimination ou en élève les conséquences répressives de celles qui
existent déjà.
Paragraphe 1: Le principe de la non-rétroactivité
Edictée par le Code civil guinéen de 1983 qui dispose en son article 7 :« La loi ne
dispose que pour l’avenir, elle n’a point d’effet rétroactif… » et par le nouveau
code pénal guinéen du 26 Octobre 2016 en son article 5 dernier alinéa qui
dispose que: «…La loi qui rend un fait punissable ou qui aggrave une peine, n’a point
d’effet rétroactif». Cette règle mérite une large explicitation.
Ce principe signifie qu’une loi pénale qui crée une nouvelle infraction ou élève la
peine d’une infraction déjà définie (appelée loi pénale plus sévère) ne s’applique pas
aux faits commis avant son entrée en vigueur.
Il en est ainsi des lois qui étendent le champ d’application d’une incrimination par une
définition nouvelle, une extension aux personnes pénalement responsables; des lois
modifiant le régime de la récidive ou le régime de cumuls des peines ou encore
ajoutent une peine complémentaire nouvelle ou suppriment une cause d’atténuation
de la sanction.
Toutefois, ce principe connait certaines dérogations qui méritent d’être décortiquées.
Paragraphe 2: Les exceptions au principe
Les dérogations à la règle ci-dessus sont nombreuses.
1- La loi déclarée expressément rétroactive par le législateur: lorsque le
législateur prend le soin de mentionner expressément dans la loi nouvelle qu’elle
s’appliquera aux faits même commis avant son entrée en vigueur dans ce cas le

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juge répressif est tenu de l’appliquer aux infractions même commises
antérieurement à son entrée en vigueur. Ici c’est la loi elle-même qui se veut
rétroactive.
2- Les lois interprétatives: il s’agit de celles qui précisent le sens obscure d’une loi
antérieure. Sont donc également rétroactives, les lois qui précisent le régime
d’exécution des peines sans en changer la nature, les lois qui instituent les
mesures de sûreté. C’est du moins ce qui ressort des dispositions de l’alinéa 2
de l’article 7 du code civil guinéen: «……sauf disposition contraire ou lorsqu’il
s’agit d’une loi interprétative d’une loi ancienne »;
3- La loi pénale de fond plus douce: cette exception est la plus courante. Elle
tient au caractère favorable de la loi pénale vis-à-vis du délinquant. Cette
exception est consacrée par le même code pénal en son article 6 dernier alinéa
qui dispose : «…Toutefois, les dispositions nouvelles s’appliquent aux infractions
commises avant leur entrée en vigueur et n’ayant pas fait l’objet d’une
condamnation passée en force de chose jugée, lorsqu’elles sont moins sévères
que les dispositions anciennes ».
D’où la nécessité de faire une certaine précision sur les lois pénales plus douces : il
s’agit de celles qui suppriment une infraction; celles qui font disparaître une
circonstance aggravante, celles qui admettent un fait justificatif nouveau ou une
nouvelle cause de non-imputabilité, une excuse absolutoire ou atténuante, donne au
juge le pouvoir de tenir compte de l’intention ou d’accorder des circonstances
atténuantes ou le sursis pour des infractions qui n’en bénéficiaient pas avant; celles
qui modifient les éléments constitutifs de l’infraction dans des conditions moins
rigoureuses, change sa qualification (crime en simple délit : correctionnalisation
légale ou délit en simple contravention: contraventionnalisation légale) ; celles qui
allègent les sanctions antérieurement prévues pour une infraction. Il arrive parfois
qu’une loi nouvelle soit à la fois plus sévère et moins sévère. Dans ce cas, si les
dispositions sont divisibles, seules les dispositions moins sévères sont rétroactives ;
si les dispositions ne sont pas divisibles, il faut considérer uniquement la disposition
principale (si elle est plus douce : rétroactivité, si elle est plus sévère : non-
rétroactivité). Exemple une loi qui, en diminuant les circonstances aggravantes, élève
la durée de la peine du vol.
Si la loi est plus douce, dès son entrée en vigueur, elle peut être appliquée même à
des faits passés n’ayant pas donné lieu à une décision définitive ayant acquis la
force de la chose jugée. Au cas où une décision définitive est intervenue : une
mesure de grâce peut être envisagée ; toutefois, si la peine en cours d’exécution se
rapporte à des faits qui, après la condamnation perdent le caractère d’infraction
pénale, l’exécution de cette peine doit cesser immédiatement.

Schéma d’explicitation
Loi pénale de fond

Principe Exceptions

Seule la loi en vigueur au moment de la -Disposition déclarée expressément rétroactive ;


commission de l’infraction est applicable.
-Loi interprétative précisant le sens de l’ancienne loi.
«non-rétroactivité » jacabkoivogui@gmail.com
- Loi
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nouvelle si elle est plus favorable au délinquant ;

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Section 2 : L’application des lois pénales de forme
Il convient tout d’abord de déterminer les lois pénales de forme. Il s’agit des lois
nouvelles qui ne traitent pas le fond de l’affaire mais plutôt modifient les règles de
compétence, de procédure ou de prescription.

La question est de savoir est ce qu’une telle loi pourrait-elle s’appliquer


immédiatement à des faits accomplis sous l’empire d’une loi ancienne ?

Pour répondre à cette interrogation, il sera judicieux de dégager le principe qui régit
la matière avant de détailler ses différentes dérogations.

Paragraphe 1: Le principe de l’application immédiate


Aux termes de l’article 7 du nouveau code pénal, les lois pénales de formes mêmes
nouvelles, s’appliquent immédiatement lorsqu’elles sont de l’une des natures ci-
après:
1- Les lois de compétence ou d’organisation judiciaire tant qu’un jugement au fond
n’est pas rendu en première instance;
2- Les lois fixant les modalités et les formes de la poursuite;
3- Les lois relatives au régime d’exécution et d’application des peines;
Paragraphe 2 Les dérogations à la règle
A la règle ci-dessus visée, il existe des limites:
1- La théorie du droit acquis, loi pénale de forme nouvelle ne saurait s’appliquer
immédiatement toutes les fois qu’il existe au profit du délinquant poursuivi ou
même déjà condamné provisoirement, un droit acquis. C’est le cas par exemple,
d’une loi nouvelle de forme qui supprime une voie de recours telle que l’appel ou
le pourvoi en cassation, en modifie les délais ou les effets, elle ne saurait mettre
en cause les voies de recours déjà engagées par le condamné;
2- La théorie de survie des actes de procédure passés en force de chose
jugée, l’application de la loi pénale nouvelle de forme ne peut, en aucun cas
entraîner la nullité d’actes régulièrement accomplis sous l’empire de l’ancienne
loi, ni proroger la validité d’ordonnances rendues en matière de détention
provisoire avant la loi nouvelle. Il s’agit de la survie des actes de procédure
passés en force de chose jugée, c’est à dire ceux qui sont régulièrement et
définitivement accomplis.
3- La peine cesse de recevoir exécution quand elle a été prononcée pour un fait qui,
en vertu d’une loi postérieure au jugement, n’a plus le caractère d’infraction
pénale ;
Schéma d’explicitation
Principe
Lois de forme Exception

La loi nouvelle :

Application immédiate de la loi nouvelle quel que soit le temps. -Ne s’applique pas s’il existe un droit acquis pour le délinquant ;

-Ne peut annuler les actes de procédure régulièrement accomplis ;

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-Ne s’applique / Tél : 662-15-43-56
pas à l’exécution des peines si elle est plus sévère.

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Chapitre II : L’application de la loi pénale dans l’espace

Le phénomène de mondialisation emporte une certaine tentation à vouloir que


chaque loi pénale de chaque pays puisse punir toutes les infractions de la terre.
Nous sommes parfois face à une certaine tentation de la compétence universelle.
Pourtant, il faut se faire une idée de raison que ni la loi guinéenne ni la justice
guinéenne n’ont pas vocation à tout juger!

C’est pourquoi il existe d’ailleurs une procédure (l’extradition) par laquelle un Etat
souverain (l’Etat requis) peut accepter de livrer un individu qui se trouve sur son
territoire à un autre Etat souverain, (l’Etat requérant) à la demande celui-ci pour que
ce dernier soit jugé ou qu’il purge la peine à laquelle il a été condamné. Cette
question qui relève davantage de l’étude de la procédure pénale que du Droit pénal,
ne fera pas l’objet de détail dans le présent cours.

Dans certains cas comme en matière civile et commerciale, il arrive fréquemment


que les juridictions admettent l’application du Droit d’un autre pays (appelé l’Etat du
for). On dit en droit international privé que la question des conflits de lois ne se
confond pas avec celle des conflits de juridictions. Une juridiction nationale peut être
reconnue compétente mais la loi nationale ne s’appliquera pas.

Par contre en Droit pénal, traditionnellement, on lie les deux questions en ces
termes : Il y a solidarité ou encore unité des compétences législatives et
juridictionnelles.

Le plus souvent on fait une déduction en disant ‘’qui dit compétence des juridictions
nationales dit application de la loi nationale et vice versa.

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Toutefois, il est à préciser que cette thèse n’est pas toujours évidente car il peut
bien arriver que la loi nationale amène le juge à prendre en compte la loi étrangère.
C’est le cas par exemple quand la loi guinéenne dispose que tel type d’infraction
commise à l’étranger ne pourra être poursuivie en guinée que si cette infraction est
aussi punissable dans le pays en cause, mais pour autant le juge guinéen n’aura
pas à appliquer cette loi comme nous le verrons dans le présent chapitre.

Dans tous les cas, il ya une série de problématiques à laquelle il faut apporter des
solutions.

-La première question est de savoir quel peut être le sort à réserver aux auteurs
d’infractions commises en dehors du territoire national aux yeux de la loi nationale?

-Qu’en est-il de celles commises contre les nationaux en territoire étranger ?

-Que dire des infractions commises sur le territoire national contre des étrangers?

Existe-t-il des possibilités d’application de la loi pénale guinéenne en territoire


étranger ?

Pour répondre à toutes ces interrogations, il convient d’abord de faire un détail sur la
règle en la matière (Section1) avant de passer au peigne fin les différentes
dérogations à cette règle (Section 2).

Section 1: Le principe de la territorialité

A ce niveau, il convient dans un premier temps d’énoncer et de détailler la règle en la


matière avant de déterminer les différents espaces qui entrent dans le domaine
d’application de la loi pénale guinéenne en ce qui concerne son territoire.

Paragraphe 1: L’énoncé et la portée du principe


A- L’énoncé du principe

Rappelons que cette règle a une base textuelle qui constitue d’ailleurs son
fondement légal. Il s’agit du code pénal qui dispose en son article 3 que: « La loi
pénale est d’interprétation stricte.

Elle s’applique à toute infraction commise sur le territoire national, quelle que soit la
nationalité de l’auteur ».

Le même code dispose en article 9 alinéa 1: « la loi pénale guinéenne s’applique à


toutes les infractions commises sur le territoire de la République».

B- La portée du principe

Dans la compréhension de ce texte de loi, il ressort nettement un esprit à double


sens. Dans un premier sens il est à comprendre que la loi pénale guinéenne

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s’applique à toutes les infractions commises sur son territoire quelle que soit la
nationalité du coupable ou de la victime.

Dans la seconde compréhension inverse qui passe sous silence, c’est que la loi
pénale guinéenne ne s’applique que sur le territoire national et non aux infractions
commises en dehors de ce territoire même si les coupables ou victimes sont des
ressortissants guinéens.

Mesure de protection de la souveraineté, ce principe a pour corolaire le risque


d’impunité ou de largesse dans la sanction pénale. L’Etat devient une sorte de
paradis pénal pour ses ressortissants qui peuvent commettre des infractions à
l’étranger et venir se refugier dans leur pays et rester impunis puisque de nombreux
Etats comme le nôtre, n’extradent pas leurs nationaux.

Pour renverser cette tendance, il est envisagé plusieurs dérogations à la règle qui
feront l’objet de détails dans la seconde section après avoir déterminé les différentes
parties qui entrent dans le champs d’application du présent principe.

Paragraphe 2 : Le champs d’application du principe

Aux termes de l’article 9 alinéa 2 du même code, le territoire national guinéen


comprend:

- Les eaux territoriales (12 milles = 19,2 Km);


- L’espace aérien ;
- Tout territoire sous juridiction de la République de Guinée ;
- Les navires et aéronefs immatriculés en République de Guinée quel que soit le
lieu où ils se trouvent ;
Section 2: Les dérogations au principe
La règle qui vient d’être étudiée et comme nous l’avons mentionné ci-haut, est une
règle de sauvegarde de l’autorité de la souveraineté. Cependant, il arrive dans bien
des cas où l’infraction est commise sur le territoire et que les juridictions et lois
nationales ne peuvent être appliquées. Il y a également des éléments d’extranéité
(cas d’étranger ou à l’étranger) qui se trouvent régis par les juridictions et lois
nationales comme nous le verrons tout à l’heure.

Paragraphe 1: L’exception d’inapplication de la loi nationale sur le territoire national

L’immunité de juridiction

Règle de Droit international privé, l’immunité de juridiction est un privilège en vertu


duquel les agents diplomatiques et les souverains étrangers ne peuvent être déférés
aux juridictions de l’Etat de résidence quelle qu’en soit la matière pénale ou civile. Ici
il s’agit d’une négation de compétence, d’une mesure de protection diplomatique qui
ne peut avoir pour corolaire pour l’Etat de résidence que de déclarer l’agent pénal
‘’persona non grata’’.
Cette immunité bénéficie aux personnes suivantes:
- d'abord aux agents diplomatiques ainsi qu'aux membres de leurs familles faisant

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partie de leur ménage mais à condition qu'ils ne soient pas ressortissants de l'État
accréditaire;
- les membres du personnel administratif et technique de la mission diplomatique
ainsi que les membres de leurs familles qui font partie de leurs ménages, à condition
qu'ils ne soient pas ressortissants de l'État accréditaire ou qu'ils n'y aient pas leur
résidence permanente ;
- et enfin les membres du personnel de service de la mission, qui ne sont pas
ressortissants de l’Etat accréditaire.

Infraction commise sur le territoire national

Principe (territorialité) Exception

La loi nationale s’applique à tous les habitants (nationaux ou étrangers) Les diplomates et souverains étrangers ne sont pas
concernés

Paragraphe1: Les exceptions d’application de la loi nationale au-delà du territoire

1- La compétence personnelle
En vertu de cette règle exceptionnelle, la loi pénale d’un Etat peut s’appliquer à
toutes les infractions impliquant ses nationaux y compris celles qui ont été
commises à l’étranger (système dit de la personnalité active) ou dont ils ont été
victimes à l’étranger (personnalité passive).

Lorsque l’auteur est de nationalité guinéenne, même s’il a commis le crime à


l’étranger, il peut être jugé par les juridictions et conformément aux lois guinéennes.
Confère le code pénal guinéen en son article 12 :« La loi pénale de la République
de Guinée s’applique aux faits commis à l’étranger par un Guinéen ou un résident
en guinée, à condition qu’ils soient punissables par la loi du lieu de leur commission
et qualifiés de crimes ou délits par les lois guinéennes.

Elle est également applicable à tout crime, ainsi qu’à tout délit puni
d’emprisonnement, commis par un guinéen ou par un étranger hors du territoire de
la République lorsque la victime est de nationalité guinéenne au moment de
l’infraction. »

2- La compétence réelle

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Ici la loi pénale nationale va s’appliquer en fonction de la nature réelle de l’infraction,
c’est à dire à toutes les infractions qui portent atteinte aux intérêts supérieurs de
l’Etat y compris celles commises à l’étranger. C’est le cas des actes de dévalorisation
de la monnaie nationale. Confère le code pénal qui prévoit en son article 10 point 2
que: «La loi pénale de la République de Guinée s’applique :…..aux infractions
d’atteinte à l’autorité de l’Etat, de contrefaçon du sceau de l’Etat ou de monnaie
nationale y ayant cours, commises même à l’étranger. …».
3- La compétence universelle
Exception positive, cette règle permet de juger et condamner le coupable d’une
infraction partout où il est arrêté quelle que soit sa nationalité, celle de la victime
ou le lieu de la commission de l’infraction ou la nature de celle-ci.

Dans ce système, chaque Etat devient le gendarme pour l’autre. Ainsi, si l’Etat du
lieu d’arrestation du délinquant ne retient pas sa compétence pour quelque raison
que ce soit, il est tenu d’extrader l’auteur présumé vers le pays susceptible de le
juger et qui le réclame; le système est résumé dans une maxime latine : « aut
dedere, aut punire », soit donner, soit juger. Chaque Etat devient dans ce système
le protecteur de l’ordre public de tous les autres. Confère l’affaire Hissène ABRE,
jugé au Sénégal par les Chambres Africaines Extraordinaires pour des crimes
commis au Tchad.

L’infraction commise partout ailleurs

Principe Exceptions

La loi nationale ne s’applique pas - Elle s’applique en matière de compétence personnelle ;

- Elle s’applique en matière de compétence réelle;

- Elle s’applique en matière de compétence universelle;

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Deuxième partie: L’infraction pénale

Chapitre I : Notion d’infraction et notions voisines

L’infraction est très proche du délit civil et du délit disciplinaire. Mais elle se distingue
de ceux-ci à quelques points près.

Elle est souvent confondue au délit civil alors que celui-ci est, comme le prévoit
l’article 1098 du code civil guinéen : «Tout fait quelconque de l’homme, délit ou
quasi-délit qui cause un dommage à autrui, oblige celui par la faute duquel il est
arrivé, à le réparer».

La définition de l’infraction qui reste à retenir dans le cadre de la présente étude est
la suivante :

*Définition : l’infraction pénale est toute action ou omission prévue, définie et


punie par la loi pénale, imputable à son auteur et ne pouvant se justifier par
l’exercice d’un droit.

Pour mieux cerner cette définition, il sera nécessaire d’expliciter ses éléments au
cours de l’explication et de distinguer l’infraction pénale des notions qui lui sont
voisines.

Section 1: Distinction infraction pénale et délit civil

Très proches l’une de l’autre, ces deux notions se distinguent à trois niveaux.

Paragraphe1 : Du point de vue sources

Le délit civil a pour source, un fait fautif (intentionnel ou non) qui cause un dommage
à autrui. Sa source est donc une faute, la liste des fautes n’est pas limitativement
dressée à l’avance.

Quant à l’infraction pénale, elle est strictement rangée dans un catalogue répressif bien établi
avant que celle-ci ne soit commise. D’où l’adage ’’pas d’infraction sans texte’’. La source donc de
l’infraction demeure la loi pénale.
Paragraphe2 : Du point de vue résultats

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Pour parler de délit civil, il faut obligatoirement avoir en face un préjudice.

Alors que l’infraction pénale peut bien exister sans aucun préjudice à autrui. Il suffit
qu’il y ait violation de la loi pénale. Exemple : l’excès de vitesse perpétré sans
accident.

Paragraphe3 : Quant à leurs sanctions

La sanction du délit civil c’est la réparation, elle ne profite qu’à la victime seule,
alors que l’infraction pénale est punie d’emprisonnement et ou d’amende qui sont
tous protecteurs des intérêts de la société.

Intérêts de la distinction

-Il peut exister un délit civil sans infraction pénale ;

-Ou inversement, infraction pénale sans délit civil ou encore ;

-On peut rencontrer à la fois infraction pénale et délit civil. Et ce cas dernier donne
généralement lieu à deux actions. A la fois civile et pénale. Ex : Le vol qui prive la
victime illégalement de son droit de propriété en même temps transgresse la loi
pénale.

Schémas de distinction

Délit Civil Infraction pénale


Fait ayant causé dommage à autrui (faute) Acte précis défini par un texte (loi)
N’existe qu’en cas de préjudice (résultat=préjudice)
Peut exister même sans préjudice (excès
de vitesse)
Sanction : Réparation du préjudice Sanction : Peine (prison et ou amende)
Peuvent exister séparément ou coexister

Section2 : Distinction infraction pénale et délit disciplinaire

La différence entre ces deux notions se situe également à trois niveaux:

Paragraphe1 : Distinction quant à leurs sources

Tant dis que l’infraction transgresse un texte de portée générale, le délit


disciplinaire quant à lui, viole des règles qui sont exclusivement protectrices des
intérêts d’une corporation.

Paragraphe2 : Quant aux résultats

Le délit disciplinaire ne trouble qu’un ordre juridique qui est particulier au groupe
concerné. Ex : manquement aux règles d’éthique et de déontologie qui régissent la
profession d’Avocat.

Par contre, l’infraction pénale trouble l’ordre juridique général (ordre public).

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Ex : Le viol.

Paragraphe 3 : Quant aux sanctions

Tandis que l’infraction pénale ne peut être sanctionnée que de peines prévues par la
loi et prononcées par une juridiction répressive publique (emprisonnement et ou
amende), la mesure disciplinaire quant à elle, est prononcée par une instance
disciplinaire spéciale et les sanctions vont de l’avertissement à la radiation en
passant par le blâme et la suspension.

Intérêts de la distinction

-Il peut exister infraction pénale sans délit disciplinaire ;

-Encore il peut exister délit disciplinaire sans infraction pénale et ;

-Une infraction pénale peut en même temps constituer un délit disciplinaire.

Exemple : Le médecin qui se rend coupable d’avortement illicite.

En tout état de cause, une meilleure compréhension de ces différentes distinctions


passerait nécessairement par une mise en exergue des éléments constitutifs de
l’infraction.

Schémas de distinction

Délit Disciplinaire Infraction pénale


Texte de portée particulière (règlement de la Texte de portée générale (loi)
profession)
Violation d’une règle d’ordre privé Violation d’une règle d’ordre public
Sanction disciplinaire infligée par l’organe de Peine infligée par les juridictions
discipline répressives
Peuvent exister séparément ou coexister

Chapitre II : Les éléments constitutifs de l’infraction

L’infraction pénale pour son existence, doit réunir un certain nombre d’éléments et
l’absence de l’un quelconque de ces éléments fait disparaître l’infraction. Il en existe
traditionnellement trois (03) quand bien même que la doctrine tente de faire intégrer
un quatrième appelé l’élément injuste.

Toutefois dans le cadre du présent cours, ce dernier élément ne fera pas corps avec
nos détails pour la bonne raison que nous n’allons pas nous intéresser à une
polémique mélancolique d’écoles plus philosophiques que juridiques.

Section 1 : L’élément constitutif tenant au législateur : l’élément Légal


L’élément légal de l’infraction est l’exigence selon laquelle pour qu’une infraction soit
retenue et punie comme telle, il faut qu’elle soit prévue et punie par la loi pénale le

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jour de sa commission. Cette condition de prévision des infractions et des peines est
un véritable moyen de lutte contre toute sorte d’arbitraire dans le processus de la
répression tant à l’égard du Juge que de la société. Cet élément tient à deux choses
fondamentales. Il s’agit de la légalité des infractions et peines d’une part (§1) et de
l’interprétation de la loi par le Juge (§2) de l’autre.
Avant d’aborder ces deux élément en détail, il convient tout d’abord d’énoncer le
principe de la légalité sous la base de ses fondements juridiques.
Tout d’abord il se trouve logé dans la Constitution guinéenne de 2010 en son
article 9 Alinéa1 qui dispose : « Nul ne peut être arrêté, détenu ou condamné
qu’en vertu d’une loi promulguée antérieurement aux faits qui lui sont reprochés,
pour les motifs et dans les formes prévues par la loi… » ;
Le Droit pénal français la reprise en ces termes : « Nul ne peut être puni pour un
crime ou pour un délit dont les éléments ne sont pas définis par la loi, ou pour une
contravention dont les éléments ne sont pas définis par le règlement ».

La même règle est reprise à travers un dicton latin en ces termes : « Nullum crimen
sine lege, nulla poena sine lege » qui signifie simplement qu’‘’ il n’y a pas
d’infraction sans loi, ni de peine sans loi’’.
A partir des éléments ci-dessus, on comprend aisément qu’il ressort de ces
différents termes deux notions qui sont à expliciter. Il convient de mettre un accent
particulier sur le regard de la loi sur l’infraction ainsi que sur la peine avant de voir
l’intervention du Juge à ce sujet.
Paragraphe 1 : La légalité des infractions et des peines
A- La légalité des infractions
La légalité des infractions est édictée par le Nouveau Code pénal guinéen en son
article 5 alinéa1 qui dispose : « Nul ne peut être puni pour un crime ou pour un
délit dont les éléments ne sont pas définis par la loi… » ;
D’où la partie de l’expression latine:« Nullum crimen sine lege » qui signifie qu’‘’il
n’y a pas d’infraction sans texte de loi’’.
L’incrimination c’est la description d’un acte punissable dans un texte. C'est-à-dire
c’est le fait pour le législateur de définir un comportement humain en le traduisant en
acte indigne à l’ordre social.
C’est donc par ce mécanisme que les infractions se trouvent clairement définies et
rangées dans un recueil appelé code dont le contenu est largement porté à la
connaissance des populations sous la menace de sanction. C’est ainsi qu’il est fait

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interdiction au Juge de punir des actes que la loi ou le règlement n’incriminent pas. Il
en va ainsi des comportements certes contraires aux usages ou à la coutume, voire
à une loi, mais si la loi pénale elle-même n’en donne pas définition, le contrevenant
ne pourra pas être poursuivi ni sanctionné. C’est le cas de l’adultère qui est perçu
dans les communautés guinéennes comme un acte antisocial qui, cependant n’est
pas une infraction.
En effet, à la différence du Droit civil qui, sur la base de l’article 1098 du code civil
guinéen, donne une grande latitude au Juge civil de sanctionner tout fait
dommageable quelconque de l’homme, le Juge pénal quant à lui, ne peut punir que
sur la base d’une incrimination décrite avec précision.
Cependant, cela ne signifie pas que le rédacteur de la loi (législateur) doit tout
prévoir avec détail ou qu’il ne peut utiliser des formules générales. Ainsi, le
législateur n’a pas à décortiquer ce que c’est que la dignité ou encore l’outrage à la
pudeur, de même qu’il n’a pas à expliciter ou à illustrer des expressions telles que
« par tous moyens », ou encore « de quelque manière que ce soit ». Il peut se
contenter d’indiquer les éléments constitutifs de l’infraction et il appartiendra au Juge
de les interpréter.
B- La légalité des peines
Cette légalité des peines est prévue par le même article 5 en son alinéa2 qui
dispose: « Nul ne peut être puni d’une peine qui n’est pas prévue par la loi…».
On retrouve à ce niveau le second terme du même adage latin : « Nulla poena sine
lege » qui signifie ’’il n’y a pas de peine sans texte de loi’’.
De même qu’il n’y a pas d’infraction sans texte de loi, il ne peut y avoir application
d’une peine qui n’a pas été prévue ou déterminée par la loi.
Là encore, la peine doit être fixée de façon précise. Le législateur doit prévoir lui-
même une peine bien déterminée ou une gamme de peines pour chaque infraction
définie.
A noter que ce principe s’applique également aux mesures de sûreté, pas
uniquement aux peines pénales.
Il faut rappeler l’intérêt de l’exigence de ces différentes prévisions. Nous l’avons
déjà mentionné ci-haut, c’est une mesure de garantie à double sens.

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D’un point de vue individuel, l’application d’un texte de loi préexistant et connu à
l’avance est une précieuse garantie pour chaque individu contre l’arbitraire du
pouvoir exécutif et de l’autorité judiciaire.
D’un point de vue général, la peine prévue dans le texte renseigne sans ambiguïté
sur le degré de gravité que la société attache à l’infraction. Dans ce cas on peut
espérer que l’ordre public sera mieux protégé du fait de cette connaissance
préalable qui constitue une sorte de menace légitime contre quiconque offense les
interdits de la société.
Ce principe de la légalité des infractions et des peines s’impose non seulement au
créateur de l’infraction (bien entendu au législateur) mais également au Juge. Ce
dernier ne peut alors prononcer que des peines attachées à l’infraction dont il est
saisi, et ce, dans les limites prévues par la loi et dans le respect strict des règles
d’application de la loi pénale dans l’espace et dans le temps.
Il s’impose également aux autorités de l’administration pénitentiaire qui sont tenues
de respecter la légalité dans l’exécution des peines en ne faisant exécuter que les
peines prononcées par le Juge (sauf à en modifier certes les conditions d’exécution,
mais là aussi, uniquement en faveur du condamné).
Paragraphe 2 : L’interprétation de la loi pénale par le Juge
A- Le principe d’interprétation
Découlant du principe de la légalité des infractions et des peines, l’interprétation de
la loi pénale par le Juge est régie par le principe de l’interprétation stricte.
Comme il ressort des dispositions du nouveau code pénal guinéen en son article 3
alinéa 1 qui dispose que: « la loi pénale est d’interprétation stricte».
Il faut tout d’abord rappeler que le pouvoir d’interprétation de la loi qui, d’ailleurs,
constitue en réalité une obligation pour le Juge, a plusieurs fondements légaux.
Il constitue effectivement une obligation pour le Juge au sens du code civil guinéen
qui dispose en son article 10 : « Le Juge qui refusera de juger, sous prétexte du
silence, de l’obscurité ou de l'insuffisance de la loi, pourra être suivi comme coupable
de déni de Justice ».
Et le manquement à cette obligation est sanctionné par le nouveau code pénal
guinéen qui dispose en son article 714 que: « Le fait, par un magistrat, toute autre
personne siégeant dans une formation juridictionnelle ou toute autorité
administrative, de dénier de rendre la justice après en avoir été requis et de
persévérer dans son déni après avertissement ou injonction de ses supérieurs, est
puni de 10.000.000 de francs guinéens d'amende et de l'interdiction de l'exercice des
fonctions publiques pour une durée de 1 à 5 ans ou de l’une de ces deux peines
seulement ».

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Si l’interprétation des textes relatifs aux infractions et aux peines était laissée au
libre vouloir du Juge, le risque de mise en cause des garanties de protection offertes
par le principe de la légalité au droit de la défense et à la société serait très élevé.
C’est pourquoi dans le processus d’interprétation de la loi, le Juge doit demeurer
entre raison juridique et autorité de pouvoir.
En effet, à la différence du Juge civil (détenteur d’un pouvoir prétorien de création de
droits), le Juge pénal est soumis à une règle rigoureuse: celle de l’interprétation
stricte de la loi pénale.
Cette règle voudrait dire que les lois d’incrimination et de pénalité doivent être
appliquées sans extension ni restriction. C'est-à-dire que le Juge doit pouvoir donner
le sens exact de la loi au fait dont il est saisi.
Pour y arriver, le Juge peut faire recours à plusieurs méthodes pour vue qu’il ne
s’écarte de la règle.
B- Les méthodes d’interprétation
- la méthode littérale : elle permet au Juge de prendre en compte la lettre même de
la loi. C’est à dire de procéder à une sorte de lecture mot après mot les dispositions
de la loi (l’explication grammaticale et étymologique du texte suivie de son
interprétation);
- la méthode téléologique ou l’exégèse, cette méthode permet au Juge de
rechercher l’esprit de la loi, c'est-à-dire l’intention même du législateur et de dire le
droit même lorsqu’un terme n’apparaît pas littéralement dans les dispositions du
texte. Voir l’article 274 du nouveau code pénal ’’au sujet de la répression de
l’homosexualité en guinée’’;
- la méthode analogique qui consiste à appliquer un texte selon une hypothèse
voisine. Celle-ci est en principe interdite en matière pénale.
La solution adoptée par le Droit positif guinéen est celle de l’interprétation stricte.
Le Juge doit donc à l’issue de tout, respecter le caractère du texte. Son rôle est
d’une part : d’interpréter les termes (mots, expressions et silences). C'est-à-dire il
doit éclaircir les lois obscures ou douteuses (en sachant comme principe important
que l’obscurité ou le doute doivent toujours profiter au délinquant); d’autre part : le
Juge a pour mission d’adapter le texte pénal à la situation en espèce sans pour au
tant s’écarter de son sens.

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C’est ainsi par exemple que la Cour de cassation se refuse (sur la base de
l’interprétation stricte de la loi) à assimiler le fœtus à une personne humaine, pour
prononcer une condamnation pour homicide commis sur la personne d’autrui. Pour
elle autrui n’est pas un fœtus, et le fœtus n’est pas autrui.
Une chose est sûre en tout cas : le Juge doit se coller au caractère de la loi. Si la loi
est répressive, le Juge doit être répressif. Si la loi est généreuse, le Juge doit être
clément. C’est pourquoi pour trop dire, certains qualifient le Juge pénal d’un obsédé
textuel.
Après tous les détails sur l’oeuvre du législateur dans la constitution de l’infraction, il
ya lieu de voir maintenant les deux derniers éléments qui concernent directement et
particulièrement la personne qui a franchi les règles établies par le premier élément.
Il s’agit des éléments tenant au délinquant.
Section 2 : L’élément tenant à l’état psychologique du délinquant : l’élément moral
Cet élément est clairement prévu par l’article 15 alinéa1 du nouveau code pénal
qui dispose: « Il n’y a point de crime ou de délit sans intention de le commettre »;
Pour qu’un acte (action ou une omission) matériellement constitutif d’une infraction
conduise au prononcé d’une peine prévue par la loi, il est nécessaire que ceci
constitue une faute de la part de son auteur. Mais la notion de faute pénale avec
toute l’ambiguïté qu’elle peut renfermer connaît des degrés différents.
En réalité celui-ci est un élément décisif car le caractère répréhensible de l’acte en
dépend. C’est cet élément qui doit être pris en considération pour décider si oui ou
non l’infraction est imputable au délinquant.
L’idée d’intention est le pivot de cet élément moral, et l’intention consiste dans la
volonté d’accomplir un acte avec la conscience qu’il est défendu par la loi pénale, ou
encore de s’abstenir d’accomplir un acte avec la conscience qu’il est ordonné par la
loi.
A noter que cette intention ne doit pas être confondue avec les motifs ou le mobile
qui ont conduit l’agent pénal à agir de la sorte. A quelques exceptions près, ceux-ci
importent peu (du moins au stade de la réalisation de l’infraction) car ils pourraient
en effet être pris en compte lors du jugement, et pourraient parfois (ces motifs ou
mobiles), s’ils sont jugés honorables, conduire à une certaine indulgence, voire à un
abaissement considérable de la peine. C’est le cas des crimes passionnels.

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Que l’on tue par haine ou par cupidité, ou que l’on tue par pitié et à la demande
même de la victime (cas d’euthanasie), il y a toujours meurtre, même si au finisse la
sanction sera sans doute différente. Le mobile est indifférent au stade de la
constitution de l’infraction : la conscience d’accomplir un acte antisocial suffit pour
déterminer la raison de la répression.
A partir de la compréhension des notions ci-dessus, il est nécessaire d’examiner la
différence entre la conscience et le dol chez le délinquant car dans les infractions
graves comme le meurtre, le dol est un élément déterminant dans la qualification.
Mais qu’est ce que le dol en Droit pénal ? et quelles en sont ses variétés ?
Le dol est traditionnellement défini comme étant l’attitude psychologique d’un
délinquant consistant pour sa part de savoir et de vouloir commettre une infraction.
C’est la volonté du délinquant d’accomplir un acte défendu par la loi. Cette volonté
est donc tendue vers un certain but : la recherche d’un résultat qui est
répréhensible. Et le législateur exprime à la fois cette exigence du dol en utilisant
dans les textes d’incrimination, des expressions telles que « volontairement », ou
« sciemment », ou « en connaissance de cause », ou « frauduleusement », ou
encore « de mauvaise foi ».
Mais ce dol pénal, qui peut être prouvé par tous moyens, connaît des formes et des
degrés différents et variant le plus souvent en fonction de l’intensité de la volonté
criminelle ou des effets qui en résultent.
Paragraphe 1: La distinction des dols selon leur étendue et leur gravité
A- La distinction des dols selon leur étendue
- le dol général : c’est la simple volonté consciente de violer la loi pénale. C’est-à-
dire c’est lorsque l’auteur a voulu non seulement l’acte causal du dommage
mais également le résultat dommageable lui-même. Ex: vouloir tirer un coup de
feu et vouloir la mort d’autrui caractérise l’intention d’homicide dans le crime qui
lui donne le caractère de meurtre. Mais la loi exige parfois, en plus de ce dol
général, un dol spécial;
- Le dol spécial : c’est l’intention criminelle inscrite dans un but spécial. En
d’autres termes, c’est la conscience qui ne se limite pas seulement à
l’accomplissement d’un acte illégal, mais à viser par cet acte un domaine spécial
de préjudice ou de victime. C’est à dire lorsque l’auteur a été animé d’un mobile
ou a poursuivi un but précis.

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Ex1: tuer un témoin pour l’empêcher de dénoncer certains faits.

Ex2 : acte sexuel commis sur une personne en considération de son âge ‘’mineure’’
(pédophilie).
Ainsi, la diffamation requiert pour son existence la volonté de nuire à l’honneur ou à
la considération d’une personne;
B- La distinction des dols selon leur degré de gravité
- le dol peut être simple, ce qui n’entraînera aucune conséquence particulière tant
sur le plan de la qualification que celui de la répression ; il conduira au prononcé
d’une peine ordinaire. Exemple : Frapper violemment une personne jusqu’à mort
s’en suive mais au cours d’une bagarre inopinée.
- Il peut parfois être aggravé, c’est lorsqu’il y a une volonté avérée accompagnée
d’une intention réitérée jusqu’à l’aboutissement au résultat recherché. C’est le cas
du guet-apens ou de la préméditation dans le meurtre qui le traduit en assassinat. Il
y a une antériorité et une persistance dans l’intention criminelle par rapport à
l’action. Une sorte de prolongement de cette intention. Cela peut tenir à la période
pendant laquelle l’assassin a pris du temps de la réflexion pour mûrir son projet ou
au lieu où le délinquant est resté à attendre la victime ou encore à l’efficacité des
moyens employés pour le réaliser.
Voir des exemples en comparant le meurtre simple au meurtre aggravé au niveau
de l’article 206 pour le meurtre simple (dol simple) et l’article 207 alinéa2 pour le
meurtre aggravé (dol aggravé).
- A l’inverse du dol aggravé, il y a aussi le dol atténué qui va ici conduire en principe
à une diminution de peine. C’est notamment le cas lorsque l’auteur de l’infraction est
mineur (cas le plus fréquent).
Par ailleurs, quelque fois au lieu de prendre en considération l’intensité de la
volonté, le résultat de cette volonté peut être pris en compte.
Paragraphe 2: La distinction des dols selon leurs résultats
Cette distinction s’intéresse à la question du mobile, c'est-à-dire l’intérêt égoïste
personnellement recherché par l’agent pénal.
- le dol déterminé: Il y a dol déterminé lorsque le délinquant a voulu de façon
précise, commettre telle ou telle infraction en se fixant à l’avance un résultat bien
déterminé. Exemple: les coups tirés sur les pieds de la victime, détermine le
résultat de blessure visé par le délinquant.

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- le dol indéterminé: Il y a dol indéterminé lorsque l’intention de l’agent pénal était
simplement de faire du mal, peu important la gravité du résultat, ou l’identité de
la victime. Exemple : le bandit qui, en pourchassant un véhicule, tire dessus
dans l’intention d’immobiliser le véhicule, ou d’élimer le chauffeur.
En cas de dol indéterminé, le délinquant est en principe tenu pour responsable de
toutes les conséquences de l’acte, y compris celles qu’il n’a pas souhaitées.
Celui qui va provoquer un incendie dans un lieu public mais ne sait pas s’il va tuer,
blesser, ou simplement faire des dégâts matériels. Le juge fixe la peine
proportionnellement à la gravité du préjudice subi par la victime, et non pas en
fonction de l’intention de l’auteur.
En cas d’indétermination de l’identité de la victime cette fois, et non pas du résultat,
la loi assimile le dol indéterminé au dol déterminé, dans la mesure où cela ne
change en rien l’intention criminelle ou dolosive de l’auteur. L’individu est considéré
comme tout autant dangereux même s’il y a eu une confusion sur l’identité de la
victime.
- Le dol est dit praeterintentionnel lorsque l’agent pénal exprime une volonté
dolosive bien déterminée, il poursuit un objectif précis, mais le résultat dépasse
l’intention initiale. L’exemple le plus parlant est celui des coups et blessures
volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Le délinquant est allé
au-delà de ce qu’il avait l’intention de faire au départ. Dans ce cas, la sanction sera
modérée. Confère l’article 243 NCP: « Les coups, blessures, violences volontaires,
exercés sans intention de donner la mort, mais l’ayant cependant occasionnée, sont
punis de la réclusion criminelle à temps de 5 à 20 ans».

- S’agissant du dol éventuel, ici l’agent pénal a pris simplement un risque sans
avoir aucun esprit de résultat dommageable, mais celui-ci s’est malheureusement
produit. On parle alors de faute de « mise en danger délibérée d’autrui ». C’est par
exemple le cas de l’automobiliste qui double en haut d’une côte sans visibilité, et va
causer un accident grave. Le dol ici n’était qu’éventuel.
L’élément moral est le deuxième des éléments fondamentaux pour la constitution
d’une infraction. Le troisième et dernier est l’élément matériel de l’infraction.
Section 3 : L’élément tenant aux faits: L’élément matériel de l’infraction
Cet élément extérieur est nécessaire, puisque notre Droit pénal à quelques
exceptions près n’incrimine pas les simples intentions ou les seules résolutions de

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commettre une infraction. Il faut un acte matériel pouvant traduire l’existence de
l’infraction.
On peut résumer en disant que pour qu’il y ait infraction, un acte est nécessaire,
mais il n’est pas obligatoire qu’il y ait un résultat. Ce sera tout le problème de la
tentative que nous allons voir après.
Il convient de déterminer le degré minimum de réalisation de l’infraction qui permet
de poursuivre et de punir un délinquant, car l'individu qui veut commettre une
infraction, franchit plusieurs étapes : on parle alors de ‘’chemin du crime’’. Au départ,
il y a la simple pensée criminelle, suivie de la résolution criminelle qui est la pensée
arrêtée de manière définitive et irrévocable, ainsi que des actes préparatoires qui
consistent pour le délinquant de se doter des moyens pour l'accomplissement de
l'infraction (exemple: acheter un fusil), accompagnés du commencement de l'acte et
qui se termine par la consommation de l'infraction.
Une chose est certaine : il n'y a pas d'infraction s'il n’y a eu qu’une simple pensée
criminelle. La raison est simple, c’est parce qu'il serait difficile voire impossible d’en
apporter la preuve.
Dans un premier temps il sera question d’étudier les deux catégories d’infraction
dans lesquelles la découverte de l’élément matériel ne pose pas assez de
problèmes. Il s’agit de la matérialité des actes de commission et d’omission (§1),
ensuite il conviendra d’échafauder les différents aspects liés à l’infraction
simplement tentée appelée tentative punissable (§2).

Paragraphe 1 : L’élément matériel des infractions consommées

A- Les infractions consommées par commission, ou infractions d'action, sont des


infractions dont la réalisation exige l'accomplissement d'un acte positif que la loi
réprime. La plupart des infractions sont de cette catégorie. Exemple: le fait de
soustraire frauduleusement le bien d’autrui (Vol). L’élément matériel de cette
infraction est bien l’appréhension de l’objet. Confère l’article 373 NCPG : « Le
vol est la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui. » ;
Ou encore le viol, confère l’article 268 NCPG : « Tout acte de pénétration sexuelle,
de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte
ou surprise, constitue un viol… » ;

B- Les infractions consommées par omission, ou infractions d'abstention, ce


sont des infractions dont la consommation suppose un acte négatif sanctionné
par la loi. C’est le fait de refuser d'accomplir un acte auquel la loi oblige. Ces
actes sont beaucoup moins nombreux mais ils ont tendance désormais à se
multiplier.
Pour son cas particulier, le Droit pénal guinéen exige que pour qu’un acte d’omission
soit puni, il faut qu’il soit prévu par la loi. Tels sont les cas des actes mentionnés
dans les dispositions des articles 297 et 298 du Nouveau Code Pénal Guinéen.

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Article 297 : « Le fait d’entraver volontairement l’arrivée de secours destinés à faire
échapper une personne à un péril imminent ou à combattre un sinistre présentant un
danger pour la sécurité des personnes, est puni d’un emprisonnement de 1 à 3 ans
et d’une amende de 500.000 à 5.000.000 de francs guinéens» ;
Article 298: « Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque
pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la
personne s’abstient volontairement de le faire, est puni d’un emprisonnement de 1 à
5 ans et d’une amende de 1.000.000 à 5.000.000 de francs guinéens.

Est puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une
personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui
prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours ».

La principale remarque est que les infractions d'omission sont généralement


sanctionnées de peines plus légères que celles des infractions de commission.
D'autre part, la tentative des infractions d'omissions n'est jamais punissable,
contrairement à la tentative des infractions de commission.

La consommation matérielle de l'infraction est évidemment punissable. Toute la


complexité se trouve au niveau de la simple tentative.
Paragraphe2: L’élément matériel des infractions tentées ou la tentative punissable
Trois cas de figure sont à envisager : d’une part l’infraction tentée et ses conditions,
et d’autre part les autres types de tentative punissable (infractions infructueuses) à
savoir les infractions manquée et impossible.
Il convient en premier lieu de définir la tentative, d’en donner les bases juridiques et
en second lieu en étudier les conditions et sa répression avant de voir ses variantes.
A- Les notion et base légale de la tentative
a- la notion de tentative
Si en Droit positif guinéen un acte matériel est nécessaire pour qu’il y ait infraction
punissable, un résultat nuisible n’est pas toujours exigé pour que l’infraction soit
punissable : c’est ce que l’on appelle la théorie de la tentative punissable.
Le Droit pénal se distingue là encore du Droit civil où la notion de tentative n’existe
pas, puisqu’il faut toujours qu’un résultat dommageable soit constaté pour qu’une
action en responsabilité civile puisse être engagée.
En Droit pénal, l’élément matériel ne réside pas obligatoirement dans le résultat de
l’acte. L’idée est de sanctionner un comportement antisocial, c'est-à-dire de punir un
individu dont l’acte est considéré nuisible à la société même s’il n’a finalement pas
atteint le résultat visé, puisque l’infraction n’a pas été consommée.
b- la base légale de la tentative

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La tentative est prévue et punie par notre nouvel arsenal répressif en son article 18
qui dispose que: « La tentative d’une infraction consiste en un commencement
d’exécution traduisant la résolution de l’auteur de l’acte de commettre l’infraction,
même si une cause étrangère en empêche la réalisation…».

La tentative est constituée dès lors que, manifestée par un commencement


d’exécution, elle n’a été suspendue, interrompue ou n’a manqué son effet qu’en
raison de circonstances indépendantes de la volonté de son auteur.

A travers les dispositions ci-dessus on comprend qu’il y a trois (03) conditions


fondamentales pour qu’on parle de tentative punissable.

B- Conditions pour la constitution de la tentative


D’un point de vue juridique, la tentative punissable suppose un commencement
d’exécution , une résolution ferme et l’absence de désistement volontaire.
a- Le commencement d’exécution
C’est en quelque sorte l’embryon de l’élément matériel nécessaire pour caractériser
l’infraction.
Le commencement d’exécution réside dans la concordance entre l’acte qui tend à la
réalisation de l’infraction et l’intention qui oriente cet acte vers l’infraction projetée.
On parle alors de rapport causal, c'est-à-dire la concordance entre l’acte de tentation
et l’infraction envisagée.
b- La résolution ferme
Il s’agit de la décision manifestement extériorisée par l’auteur de passer à l’acte
après toute réflexion interne (la résolution de l’auteur de l’acte de commettre l’infraction);
c- L’absence de désistement volontaire
Ce terme est clairement exprimé par l’article 18 du code pénal en ces termes

: «… même si une cause étrangère en empêche la réalisation…».

L’absence de désistement volontaire voudrait dire que le délinquant n’a pas renoncé
de lui-même à ses actes délictueux entrepris. Soit il y a été incité ou contraint avant
d’en abandonner.

Le délinquant doit, s’il veut se disculper et échapper à la sanction, arrêter de ses


propres initiatives les actes qu’il a commencés, peu importe le mobile (pitié ou peur)
de cette renonciation.

Cependant, même si cela est fait de façon spontanée, il faut que ce soit avant l’acte
interdit, sinon il s’agirait d’un simple repentir actif ou d’un remords tardif (c’est le
cas pour le délinquant qui répare les conséquences de son l’infraction) ce qui n’a

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aucun effet sur sa responsabilité pénale. Ex : Le voleur qui restitue l’objet qui a été
volé à son propriétaire. Précisons de passage que ‘’absence de désistement
volontaire et repentir actif ne conduisent pas aux mêmes conséquences pénales’’.
L’état d’âme peut jouer un rôle décisif pour celui qui en est animé.
Résoudre le cas suivant : projetant un meurtre, un homme jette sa victime à l’eau.
Mais pris de remords et de pitié, il le repêche et lui sauve la vie. Ya-t-il tentative
punissable de meurtre ou pas? Justifiez votre réponse !
C- La répression de la tentative

Parlant de la répression de l’infraction tentée, il faut rappeler que le législateur


guinéen est beaucoup plus clément car il accorde des rabais considérables de peine
aux auteurs. Ainsi, en matière criminelle la tentative est toujours punissable, mais la
peine maximale de l’infraction consommée est réduite d’un degré; Confèrent l’alinéa
4 du même article.

En matière correctionnelle, elle n’est punissable que lorsqu’elle est expressément


prévue par un texte. Et à ce niveau aussi le maximum de la peine est diminué
jusqu’au quart du maximum réel. Confèrent le même article en son alinéa 5.

Toutefois, la tentative n’est jamais punissable en matière contraventionnelle.

Précisons qu’il y a deux variantes de tentative qui méritent d’être détaillées.

D- Les types de tentatives


Il existe principalement deux catégories d’infractions infructueuses mais punissables.
- L’infraction manquée
Est manquée, l’infraction par laquelle l’agent pénal réalise l’acte criminel dans sa
totalité, mais il n’atteint pas le résultat qu’il visait et cela, dû à des circonstances
indépendantes de sa volonté.

Tel est le cas d’un bagarreur qui tente de tuer son antagoniste, il tire et rate sa cible
par maladresse.

- L’infraction impossible
Très voisine à la précédente, l’infraction impossible est celle dont le résultat est
irréalisable soit par ‘’absence d’objet’’ ou par ‘’inadéquation de moyens employés’’.
Exemple: le fait de vouloir tuer une personne qui est déjà morte.

Il convient de ressortir les intérêts de distinction pour mieux comprendre la différence


entre ces deux dernières notions.

-Dans l’infraction manquée, l’atteinte du résultat est bien possible, il suffit que le
délinquant mette un peu de vigilance et d’habileté dans ses actes. En se référant à
notre exemple ci-dessus, on comprendra que n’eut été la maladresse du délinquant,
il réussirait à tuer.

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-Tandis que dans l’infraction impossible, quelle que soit son habileté, le délinquant
ne pourra jamais atteindre ce qu’il recherche. Regardons le même cas d’espèce. Il
est pratiquement impossible d’enlever la vie d’une personne qui l’a déjà perdue !

Chapitre III : Les classifications des infractions


Les classifications des infractions consistent à rattacher un fait délictueux à une
catégorie d’infractions. Il existe quatre catégories principales d’infraction.

Section 1: La classification fondée sur la nature des infractions

Selon cette classification, il y a quatre types de distinctions. Il conviendra pour


chaque type, de voir les critères de distinction (a) ensuite la position du Droit positif
guinéen (b) avant de mettre en exergue les intérêts de distinction entre les infractions
de Droit commun et celles politiques (c).

Paragraphe 1 : Distinction infractions de Droit commun et infractions politiques

Tout d’abord, l’infraction est dite de Droit commun lorsqu’elle est susceptible d’être
commise par toute personne et que pour son jugement il n’y a pas un texte de
réglementation particulière. Exemple: Les coups et blessures volontaires.

Pour ce qui est des infractions politiques, il y a lieu de faire une distinction selon deux
critères.

a- Critères d’appréciation : il y a deux critères


-Critère objectif:

Selon ce critère, l’infraction politique est celle dont l’objet est politique. Ainsi est
qualifiée de politique, l’infraction dont le but est de porter atteinte à l’organisation et
au fonctionnement des institutions établies par la constitution.

Exemple: le complot en vue de changer le régime constitutionnel (objet) ou de


troubler par des moyens illégaux le fonctionnement régulier (objet) des autorités
établies par la constitution…;

-Critère subjectif:

Pour ce critère, on parle d’infraction politique lorsque le mobile de son auteur (c'est-
à-dire de son sujet) est un mobile politique. Peu importe la nature de l’infraction.

Exemple: l’assassinat du chef de l’Etat à cause de cette qualité. Si on regarde du


côté objectif, on dira que l’assassinat est une infraction de Droit commun. Mais si le
délinquant a tenu compte de la qualité de la victime (sujet passif = homme politique),
cela justifierait le caractère politique de l’infraction en ce sens que le délinquant aura
agi en considération de la qualité de Chef de l’Etat de sa victime.

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Sont également politiques, les infractions de Droit commun mais connexes à une
infraction politique. Exemple: le vol d’une arme dans une armurerie lors d’une
insurrection.

b- La position du Droit positif guinéen :


Le législateur guinéen n’a pas définit expressément l’infraction politique. Néanmoins
à l’image de la ‘’conférence internationale pour l’unification du Droit pénal tenue en
1935 à Copenhague’’ et à l’analyse des textes guinéens, on comprend que notre
Droit a opté exactement pour le critère objectif. Comme il ressort de l’article 552 du
nouveau code pénal :« L'attentat dont le but est de détruire ou changer le régime
constitutionnel, soit de troubler par des moyens illégaux le fonctionnement régulier
des institutions établies par la constitution, soit d'obtenir par des moyens illégaux le
remplacement des autorités, soit d'inciter les citoyens ou habitants à s'armer ou à
faire violence contre l’autorité de l’Etat, soit à porter atteinte à l'intégrité du territoire
national, est puni de la réclusion criminelle à perpétuité».

c- Les intérêts de la distinction:


Rappelons d’ores et déjà que la loi accorde des avantages à l’auteur d’infraction
politique plus qu’elle n’en accorde à celui d’infractions de Droit commun.

- Sur le plan international, contrairement aux infractions de Droit commun,


l’extradition n’est pas possible en matière d’infractions politiques; confère l’article
799 du nouveau code de procédure pénale: « L'extradition n'est pas accordée:……2.
lorsque le crime ou le délit a un caractère politique ou lorsqu'il résulte des
circonstances que l'extradition est demandée dans un but politique;

- En ce qui concerne l’exécution de la peine, le prisonnier politique bénéficie de plus


de bons traitements, il n’est pas astreint au travail pénal et;

- Le condamné politique ne peut pas être astreint à la ‘’contrainte judiciaire’’


anciennement appelée contrainte par corps.

Paragraphe 2 : Distinction infractions de Droit commun et infractions militaires

Les infractions militaires sont de deux ordres. Il ya des infractions purement militaires
et des infractions de Droit commun commises par des militaires. Intéressons-nous
aux premières (a) avant de voir les intérêts de la distinction (b).

a- Les infractions purement militaires:

Est appelée infraction purement militaire, toute infraction ne pouvant être ainsi
qualifiée que lorsqu’elle est commise par un militaire. Elles sont visées aux articles

112 et suivants du code de justice militaire guinéen. Il ya entre autres:

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- Des infractions tendant à soustraire l’auteur à ses obligations militaires
(insoumission, abandon de poste…);
- Des infractions contre l’honneur et le devoir (trahison, pillage…);
- Des infractions contre la discipline (insubordination, abus d’autorité…);
- Des infractions aux consignes (violation de consigne, sommeil en faction…).
b- Les intérêts de la distinction:

Pour ces infractions, il faut dire que les auteurs bénéficient de beaucoup de
protections de la part de la loi par rapport à ceux des infractions de Droit commun:

- En matière d’infraction militaire, la mesure de récidive n’est pas applicable même


si le coupable a fait l’objet de condamnation antérieure de Droit commun ;
- Sur le plan international, l’extradition n’est pas possible contre les auteurs des
infractions militaires;
- Le militaire même antérieurement condamné avec sursis pour une infraction de
Droit commun, continue d’en bénéficier même en cas de nouvelle condamnation,
sauf exception. Confère l’article 97 du Code de Justice Militaire:«..., la
condamnation pour crime ou délit militaire ne fait pas perdre au condamné le
bénéfice du sursis qui lui a été antérieurement accordé pour une infraction de
Droit commun ».
Paragraphe 3 : Distinction infractions de Droit commun et infractions de terrorisme

Constituent des actes de terrorisme, lorsqu’ils sont en relation avec une entreprise
individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par
l’intimidation ou la terreur toutes les infractions énumérées par le nouveau code
pénal en son article 574 qui dispose : « Est coupable d’acte de terrorisme et
encourt la réclusion criminelle à perpétuité, quiconque :

1- Commet tout acte ou menace d’acte, quelle que soit sa motivation, politique,
religieuse, idéologique perpétré en violation des lois pénales, de nature à mettre
en danger la vie, l’intégrité physique, les libertés d’une personne ou d’un groupe
de personnes…».

Intérêts de distinction

- Contrairement à l’ordinaire, en matière d’infraction de terrorisme, les juridictions


de Conakry (juge d’instruction et le procureur de la République du Tribunal de
première instance de Conakry) ont un privilège de compétence pour connaitre de
tous actes de terrorisme perpétrés sur toute l’étendue du territoire. Confère l’
article 845 du nouveau code de procédure pénale: « …Lorsqu’ils sont
compétents pour la poursuite et l’instruction des infractions entrant dans le champ
d’application de l’article 844, le procureur de la République et le juge d’instruction
du tribunal de première instance de Conakry exercent leurs attributions sur toute
l’étendue du territoire national ».
- La garde à vue en la matière peut être prolongée de 48 heures supplémentaires.
Voir l’article 852 du même code : « Pour l’application des articles 115 et 134, si
les nécessités de l’enquête ou de l’instruction relatives à l’une des infractions

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entrant dans le champ d’application de l’article 844 l’exigent, la garde-à-vue d’une
personne majeure peut faire l’objet d’une prolongation supplémentaire de 48
heures…» ;

Paragraphe 4 : Distinction infractions de Droit commun et infractions d’affaires

Les infractions d’affaires concernent les infractions douanières et économiques

Pour les infractions douanières, il faut signaler que l’essentiel de cette matière se
trouve dans le code douanier de la République de Guinée.

La particularité de cette matière est qu’elle permet certaines dérogations à la règle:

- Il y a la possibilité de libre transaction des cas d’infractions (contraventions et


délits) entre les parties (auteur et agents douaniers);
- Elle punit sévèrement en peine d’amende plus qu’en peine d’emprisonnement;

En ce qui concerne les infractions économiques, la loi L/94/40/ CTRN du 28


Décembre 1994 est celle qui les régit. Elle porte réglementation du commerce et de
la liberté des prix.

Section 2 : La classification selon le degré de gravité des infractions ou


classification cardinale ou encore classification tripartite
Cette distinction est celle et l’unique adoptée par le nouveau code pénal guinéen en
son article 2 aux alinéas 2 à 4 qui dispose:
«…L’infraction que les lois punissent de peines de police est une contravention;
L’infraction que les lois punissent de peines correctionnelles est un délit;
L’infraction que les lois punissent de peines afflictives ou infamantes est un crime.»

A ce niveau nous nous intéresserons à deux éléments fondamentaux:

Paragraphe 1 : Le sens de la division tripartite

Il convient de donner un détail sur le sens des mots employés par l’article suscité.

- La contravention est l’infraction qui est punie de peines de police. Aux termes
de l’article 68 du même code: Constituent des contraventions, les infractions
que la loi punit d'une amende n'excédant pas 500.000 francs guinéens.

Le montant de l'amende est de:

50.000 francs guinéens au plus pour les contraventions de la 1ère classe;

100.000 francs guinéens au plus pour les contraventions de la 2ème classe;

300.000 francs guinéens au plus pour les contraventions de la 3ème classe;

400.000 francs guinéens au plus pour les contraventions de la 4ème classe;

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500.000 francs guinéens au plus pour les contraventions de la 5ème classe…;

Ces contraventions ainsi que leurs différentes classes sont clairement visées par le
septième livre du nouveau code pénal guinéen.

Dans tous les cas, contrairement à l’ancien code pénal, les contraventions ne font
plus l’objet de peines privatives de liberté. Confère l’article 118 du nouveau code
pénal qui dispose : « En matière de contravention, la peine d’amende est inférieure
au minimum légal et aucune peine privative de liberté ne peut être prononcée ».

- En matière correctionnelle: Aux termes du nouveau code pénal, les délits sont
des infractions qui sont punies des peines d’emprisonnement, d’amende et
d’interdiction à temps de l’exercice de certains droits. Confère l’article 33 :« Les
peines correctionnelles sont :

1. l'emprisonnement;

2. l'amende;

3. l'interdiction à temps de l’exercice de certains droits civiques, civils ou de


famille… ».

- Quant au crime, confère les articles ci-après:

Article 26 : « Les peines criminelles sont afflictives et infamantes ou seulement


infamantes. » ;

Article 27 : « Les peines afflictives et infamantes sont :

1. la réclusion criminelle à perpétuité ;

2. la réclusion criminelle à temps ;

3. la détention criminelle. »

Article 28 : « La peine simplement infamante est la dégradation civique. »

Paragraphe 2 : Application du critère de la division tripartite

En principe la classification d’une infraction ne posera aucun problème, car le plus


simple sera de scruter un tout petit peu les dispositions des différents textes légaux.
En réalité, dès qu’on connait la peine prévue, on saura facilement classer l’infraction
et déterminer sa classe.

Exemple : l’escroquerie simple est punie de 1 à 5 ans d’emprisonnement, pour ce


faire, on qualifie l’escroquerie simple de délit. Voir l’article 403 du nouveau code
pénal guinéen.

La situation peut cependant paraître un peu difficile lorsque la peine est située entre
deux bornes de qualifications différentes.

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Dans ce cas, il convient de rappeler que la solution se trouve dans l’esprit même du
texte qui incrimine. La peine normalement encourue peut être modifiée pour cause
de circonstances soit aggravantes ou atténuantes, mais cela ne donnera pas
nécessairement de transformation du degré d’infraction, plutôt que de légère
qualification pouvant aboutir à un changement de peines tout en maintenant
l’infraction dans la même catégorie.

Tel est le cas prévu au dernier alinéa de l’article 404 du même code pénal qui
dispose :«….Les peines sont portées à 10 ans d'emprisonnement et de 100.000.000
à 150.000.000 de francs guinéens ou à l’une de ces deux peines seulement lorsque
l'escroquerie est commise en bande organisée.». Ici l’escroquerie demeure un délit
quand bien même que la peine se trouve dans le rang des peines criminelles.
Seulement est-il que la qualification retenue dans ce cas est celle de l’escroquerie
aggravée.

Section 3 : La classification des infractions fondée sur le mode matériel de


réalisation

Cette catégorisation nous amène à faire quatre (4) distinctions:

Paragraphe 1 : Distinction infractions instantanées et infractions continues

Dans un premier temps il sera question d’étudier le principe de la distinction (A)


ensuite de voir les intérêts de la distinction (B).

A- Principe de la distinction

L’infraction instantanée est celle qui s’exécute en un trait de temps. C'est-à-dire en


un instant plus ou moins long. Tel est le cas du vol. Il est commis dès l’instant où le
délinquant a appréhendé la chose d’autrui.

Quant à l’infraction continue encore appelée infraction successive, elle est celle
dont la matérialité se prolonge dans le temps avec l’idée renouvelée du délinquant
de pérenniser l’acte criminel. Exemple : la séquestration arbitraire ou encore le recel.

B- Les intérêts de la distinction

Les intérêts de la distinction se situent à deux (2) niveaux :

1- La prescription de l’action publique

Pour les infractions instantanées, la prescription commence à courir à partir de la


date de l’accomplissement de l’acte incriminé.

Quant aux infractions continues, l’action publique commence à se prescrire à partir


du jour où l’acte délictueux a cessé ;

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Cas illustratif: Pour la situation d’une personne séquestrée arbitrairement depuis le
15 Avril 2010 et mise en liberté le 20 Juillet 2013, son agresseur peut être poursuivi
pendant dix (10) ans à compter du 20 Juillet 2013.

2- L’application de la loi nouvelle

La loi nouvelle ne régit pas l’infraction instantanée tant que celle-ci n’a pas été
commise sous son empire ; cependant, l’infraction continue même si elle fut
commise sous l’empire de l’ancienne loi, elle demeure régie par la loi nouvelle dès
lors qu’elle s’est prolongée sous l’autorité de celle-ci.

Paragraphe 2 : Distinction infraction d’occasion et infraction d’habitude

Comme nous l’avons vue ordinairement, nous procéderons tout d’abord à la


distinction selon le principe (A) avant de mettre un accent sur les intérêts de la
distinction (B). Retenons déjà que cette distinction est basée sur le nombre de fois
que l’infraction doit être commise pour qu’il ait répression.

A- Le principe de la distinction

L’infraction d’occasion est celle qui consiste à l’accomplissement d’un fait matériel
unique pour justifier l’application d’une sanction pénale. Il en est ainsi du vol.

Au contraire, l’infraction d’habitude suppose la réalisation de plusieurs actes


matériels semblables dont chacun pris isolement ne saurait être punissable.
Exemple : l’exercice illégal de la médecine; également le proxénétisme. Confère
l’article 347 NCPG qui dispose: « Est considéré comme proxénète et puni d'un
emprisonnement de 2 à 5 ans et d'une amende de 2.000.000 à 10.000.000 de francs
guinéens ou de l’une de ces deux peines seulement, sans préjudice de peines plus
fortes, celui ou celle qui :….2. sous une forme quelconque, partage le produit de la
prostitution d'autrui ou reçoit des subsides d'une personne se livrant habituellement
à la prostitution ;…» ;

B- Les intérêts de la distinction

Les intérêts de la distinction sont au nombre de deux :

1- La prescription de l’action publique

Pour l’infraction d’habitude, la prescription court à partir du deuxième acte semblable


en ce qui concerne l’infraction d’occasion elle se prescrit à partir de l’unique acte
accompli;

2- L’application de la loi pénale nouvelle

La loi nouvelle s’applique à l’infraction d’habitude dès lors qu’un seul de ses actes
matériels est réalisé sous son empire même si les autres (premiers) actes ont été
accomplis sous l’emprise de l’ancienne loi.

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Paragraphe 3 : Distinction infractions simples et infractions complexes

Cette distinction est basée sur le nombre d’acte matériels exigé pour retenir la
qualification de l’infraction.

A- Le principe de la distinction

L’infraction simple est celle qui consiste à la commission d’un seul acte matériel.
Exemple : l’acte de pénétration sexuelle dans le viol;

L’infraction complexe quant à elle, exige pour sa réalisation la commission de


plusieurs actes matériels de natures différentes. Exemple : l’escroquerie est une
infraction complexe en ce sens qu’elle exige à la fois l’accomplissement de
manœuvres frauduleuses ’’du mensonge’’ par l’escroc d’une part, et la ‘’remise
ultérieure de chose ou de service’’ par la victime d’autre part.

L’abus de confiance est également illustratif, car il suppose tout d’abord la


‘’conclusion d’un contrat’’ d’une part, et la ‘’violation ultérieure de ce contrat’’ par le
délinquant d’autre part.

B- Les intérêts de la distinction

A ce niveau également, il convient de mettre le cap sur deux éléments importants :

1- La prescription de l’action publique

Alors que l’action publique d’une infraction simple commence à se prescrire à


compter du jour où l’acte matériel unique est accompli; l’action publique pour
l’infraction complexe commence à se prescrire à partir du jour où les divers actes
matériels ont été accomplis. Cela se comprend facilement parce que l’infraction
complexe n’est constituée que si le dernier des actes matériels est accompli. Donc
ce n’est qu’à partir de ce dernier acte aussi que l’infraction commencera à se
prescrire;

2- La compétence juridictionnelle

Seul le tribunal du lieu de la réalisation de l’acte matériel unique est territorialement


compétent pour l’infraction simple; alors que pour l’infraction complexe, toutes les
juridictions dont les ressorts ont connu l’un des actes matériels, sont chacune
territorialement compétente.

Paragraphe 4 : Distinction infraction matérielle et infraction formelle

A- Le critère de la distinction

L’infraction matérielle est celle dont le résultat redouté est exigé parmi les éléments
constitutifs de l’infraction spéciale qui est en cause, de sorte que sans ce résultat
l’infraction ne saurait être constituée.

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Exemple: l’homicide. Il n’y a d’homicide que lorsque la vie a existée avant l’acte qui
a provoqué la mort. Donc le corps humain sans vie (matériellement) est la condition
pour qu’on parle d’homicide.

Par contre, l’infraction formelle est celle qui est considérée consommée
indépendamment de la réalisation du résultat recherché par le délinquant.

Exemple : L’empoisonnement est réputé consommé dès lors qu’il y a emploi ou


administration de substances de nature à donner la mort, même si cette mort ne s’en
est pas suivie. Confère l’article 210 du nouveau code pénal: « Le fait d'attenter à la
vie d'autrui par l'emploi ou l'administration de substances de nature à entraîner la
mort constitue un empoisonnement ».

B- L’intérêt de la distinction
Un seul élément constitue l’intérêt de démarcation entre ces deux types d’infraction.
Il s’agit de la question de ‘’tentative’’.

Rappelons tout d’abord que la tentative d’une infraction est le commencement


d’exécution qui établit le but injuste poursuivi sans désistement volontaire.

Disons que ce principe ne s’applique qu’aux infractions matérielles, mais n’a pas de
valeur considérable quant aux infractions formelles. Dans l’infraction formelle, la
tentative n’a pas assez de considération pour la simple et bonne raison que le
délinquant aura déjà dépassé le seuil de la tentative en ayant posé des actes
nuisibles, ce qui veut dire que le désistement volontaire n’aura plus sa place. Tout de
même, dans l’exemple de l’empoisonnement, le délinquant pourrait bénéficier de la
clémence du Tribunal en cas de repentir actif. Par exemple lorsqu’il a donné des
antidotes à sa victime.

Section 4 : Les classifications fondées sur le mode psychologique d’exécution


La principale distinction des infractions basée sur l’élément moral est celle des
infractions intentionnelles et des infractions non intentionnelles.

Paragraphe 1: Le principe de la distinction

A- L’infraction intentionnelle est celle par laquelle l’agent pénal a bien voulu et
obtenu avec intention le résultat de l’acte qu’il a accompli. Elle se traduit par des
expressions courantes comme ‘’il l’a fait exprès’’, ‘’il l’a fait sciemment’’ ou encore
‘’il l’a fait en connaissance de cause’’. Confère l’article 208: « Le meurtre
commis avec préméditation ou guet-apens constitue un assassinat. Il est puni de
la réclusion criminelle à perpétuité…»;
B- Les infractions non intentionnelles, elles ne se vérifient pas par rapport à
l’intention de l’agent pénal mais plutôt à cause de la simple violation de la loi
pénale (donc pour simple faute). Il s’agit des actes (délits ou contraventions)
commis par négligence, imprudence, maladresse ou inobservation de règlements
et qui conduisent à l’application d’une sanction pénale. Confère l’article 216 :
« Le fait de causer, dans les conditions et selon les distinctions prévues à l'article
15, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une

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obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement, la mort
d'autrui constitue un homicide involontaire puni de 1 à 5 ans d'emprisonnement et
de 1.000.000 à 10.000.000 de francs guinéens d'amende…».
C- L’infraction praeter intentionnelle située à l’intermédiaire des deux
précédentes, c’est une infraction intentionnelle légalement considérée comme
ayant dépassée la volonté du délinquant dans les résultats obtenus. L’auteur agit
avec volonté et conscience en commettant l’infraction, seulement le résultat
dépasse le but (volonté) qu’il se proposait d’atteindre. C’est pourquoi la
responsabilité pénale de l’auteur est sans équivoque, seulement il peut bénéficier
d’allègement de peine. Ainsi que le législateur prévoit qu’il lui sera appliqué une
peine inférieure à celle normalement applicable au résultat obtenu. Il ya
simplement lieu de distinguer le degré de gravité entre la volonté et l’intention
chez le délinquant.
Exemple : L’auteur des coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans
intention de la donner, est puni de la réclusion criminelle à temps de 5 à 20 ans.
Confère l’article 243 : « Les coups, blessures, violences volontaires, exercés sans
intention de donner la mort, mais l’ayant cependant occasionnée, sont punis de la
réclusion criminelle à temps de 5 à 20 ans ».
Paragraphe 2: Les intérêts de la distinction

D’une part, la tentative n’est admise et réprimée que dans les infractions
intentionnelles et exclue dans les infractions non intentionnelles.

D’autre part, on ne peut parler de légitime défense que seulement au niveau des
infractions intentionnelles car elle suppose une riposte volontaire.

Enfin, le sort du délinquant du point de vue sanction, dépend fondamentalement de


son élément moral. La peine est toujours plus élevée dans les infractions
intentionnelles que dans celles non intentionnelles.

Troisième partie : La responsabilité pénale

Pour qu’il ait responsabilité pénale au sens strict du terme, il faut que le délinquant
ait commis une faute délictueuse. C’est la question de ‘’Culpabilité’’ (B) et que cette
faute puisse lui être reprochable. C’est la théorie d’‘’Imputabilité’’(A).

A- L’imputabilité

La question qui se pose le plus souvent après un acte, c’est de savoir qui en est
l’auteur ? D’autres disent clairement qui en est coupable ou responsable de cet acte?

Précisons qu’il ya bien des cas où une personne peut poser des actes délictueux
alors qu’elle n’en est pas responsable. C'est-à-dire que ces actes ne lui sont pas
imputables. C’est pourquoi il convient de savoir qui doit subir la loi quand il ya un
acte antisocial.

Alors pour que l’infraction soit retenue sous la base de l’élément moral afin de
déterminer la responsabilité d’une personne reconnue coupable, il faudrait que l’acte
émane directement de cette personne et que cette personne ait agit avec ’’
discernement et bon gré’’.

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Ainsi, si une personne commet un acte antisocial mais sous le coup de la contrainte
ou pendant qu’elle a une mentalité complètement altérée, on dira certes qu’elle a fait
un acte antisocial (acte coupable) mais on dira qu’elle est irresponsable (intention
non coupable). C'est-à-dire l’infraction ne lui est pas imputable.

B- La culpabilité

Le sens réel de la culpabilité suppose que la faute au sens large, soit intentionnelle
ou d’imprudence ou de négligence. C'est-à-dire qu’un individu n’est coupable d’une
infraction que s’il en a été préalable convaincu. C’est lorsqu’il a agi soit par mépris
contre les valeurs sociales protégés (volontairement), ou il a causé un acte coupable
(punissable) même en dehors de toute volonté.

Il s’agit ici du fondement moral de l’infraction qui amène le juge à infliger une peine
mais aussi à mesurer le degré de la peine.

Après ces détails, il convient maintenant d’aborder la responsabilité pénale dans ses
différents aspects tant à l’égard des personnes physiques que morales avant de voir
les cas dans lesquels cette responsabilité peut être dégagée ou atténuée.

Tout d’abord, il est à rappeler que dans l’ancien Droit pénal quand on parlait de
responsabilité pénale, nul ne se perdait de vue sur la personne de l’être humain.
C'est-à-dire que la personne morale est longtemps restée sans figurer parmi ceux qui
étaient épinglés par l’arsenal répressif. Il y avait une boutade à ce sujet qui disait « je
n’ai jamais déjeuné avec une personne morale ». Mais avec l’évolution de l’humanité
et surtout avec l’influence que les personnes morales se font réservée dans la vie
active, il est désormais nécessaire de ne plus jamais passer sous silence certains de
leurs agissements. Il convient donc dans un premier temps de mettre un accent sur
la responsabilité pénale des personnes physiques (Chapitre I) avant de décortiquer
les aspects essentiels de la responsabilité pénale des personnes morales et pour
autrui (Chapitre II).

Il ya lieu de mentionner que la détermination de la participation à l’infraction n’est


pas toujours chose simple car le comportement délictuel peut être le résultat d’un
emmêlement de causes qu’il conviendra de démêler avant de déterminer l’auteur de
l’infraction. L’assassin, ou le meurtrier, peut avoir agi sans avoir eu l’idée première :
celle-ci peut provenir de quelqu’un d’autre. Il peut aussi avoir agit alors qu’une tierce
personne lui en a donné les moyens ou encore n’était-il pas seul.
La question est de savoir jusqu’où le juge peut remonter pour déterminer la
participation criminelle des individus mis en cause et déterminer ainsi, qui en est
l’auteur, le coauteur et le complice ?
D’où la nécessité de distinguer l’auteur matériel de l’auteur moral ou intellectuel
ainsi que le coauteur et le complice;

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Par ailleurs, relativement aux conditions sans lesquelles l’infraction ne saurait être
constituée, il est à retenir qu’il ya bien des cas dans lesquels le caractère délictueux
de l’acte défendu soit écarté ou couverte par la loi et cela ayant pour corolaire
l’anéantissement total ou l’amoindrissement de la responsabilité pénale. On parle de
causes d’irresponsabilité et d’atténuation de la responsabilité pénale (Chapitre III).
Chapitre I : La responsabilité pénale des personnes physiques

Enonçons tout d’abord le principe traditionnel selon lequel ‘’ en matière pénale, nul
ne peut être tenu pour responsable d’une infraction que celle qu’il a personnellement
commise’’. Confère l’article 14 NCPG: «Nul n’est responsable pénalement que de
son propre fait… ».

Point de responsabilité pénale pour autrui comme cela est possible en Droit civil.
Toutefois, une exception aussi éloquente que ça, fera l’objet de détails dans le
chapitre qui suivra.

Rappelons aussi que la délinquance comme toute autre activité humaine, s’effectue
plus généralement à travers une répartition de tâches à exécuter entre les acteurs.
Et dans cette répartition de besognes, il y a certaines personnes qui sont chargées
d’exécuter l’infraction dans sa matérialité ayant à leur côté immédiat d’autres qui y
coopèrent (S1) et aussi un autre groupe dit de deuxième zone ou encore appelé
bailleurs de fonds d’infraction (S2) qui y contribuent.

La nécessité d’examiner tous ces paramètres est de pouvoir situer la part de


responsabilité de chacun des acteurs et conformément à celle-ci, déterminer le poids
de la peine.

Section 1 : L’auteur de l’infraction

Sur le champ de la réalisation de l’infraction dans sa matérialité il y a le plus souvent


deux catégoriques d’intervenants immédiats. On parle d’auteurs matériels à côté
desquels il y a un autre acteur non négligeable. C’est pourquoi dans la présente
section, l’auteur principal (§1), le coauteur (§2) ainsi que l’auteur intellectuel(§3)
feront l’objet chacun d’un détail spécial.

Paragraphe1 : L’auteur principal


Rappelons tout d’abord que cette notion apparaît nécessairement dans le cas des
infractions réalisées en collège c'est-à-dire par un groupe de personnes dont il y a
lieu d’élire un leader.
Le nouveau code pénal défini l’auteur en son article 17 comme suit: « Est auteur
de l’infraction, la personne qui commet les faits incriminés ».

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Ainsi on peut retenir que l’auteur à proprement parler est l’individu qui réalise
personnellement l’infraction dans tous ses éléments constitutifs. On dit qu’il est celui
qui accomplit l’infraction dans sa matérialité.
Ainsi, est l’assassin ou le meurtrier selon les cas, celui qui tue de ses propres mains.
Dans le cas d’une infraction par omission, c’est alors celui qui s’est abstenu d’agir
qui est l’auteur de l’infraction car c’est sur lui que pesait l’obligation énoncée par la
loi.
L’auteur matériel est responsable en principe de son fait personnel et seulement de
son fait personnel qu’il y ait action ou abstention.
Dans les sociétés primitives on comprenait mal cette notion. Les membres d’une
famille, d’un clan, d’un groupe, pouvaient voir leur responsabilité retenue pour des
faits auxquels ils étaient étrangers. Mais la sanction était non seulement appliquée
à l’auteur direct de l’acte mais également contre son entourage au titre d’une sorte
de coresponsabilité sans aucun fondement juridique.
L’évolution du Droit pénal a permis aujourd’hui d’abandonner cette pratique de
responsabilité collective au profit d’une responsabilité exclusivement personnelle.
D’où la nécessité de faire certains démêlements sur la notion de coaction.
Parargaphe2 : Le coauteur
Comme mentionné plus haut, il arrive souvent que deux ou plusieurs personnes
aient agi ensemble, ce qui devient compliqué car il faut démêler les responsabilités
respectives des uns et des autres. En effet, chacun des participants peut ne pas
forcement jouer le même rôle que les autres. Si plusieurs personnes sont en cause
dans la commission d’un même acte, elles sont considérées comme des coauteurs
et selon cette terminologie, chacun d’eux aura commis sa propre infraction. Confère
l’article 52 du Code Pénal guinéen de 1998 qui dispose: « Est réputé coauteur,
l’individu qui coopère à la réalisation matérielle de l’infraction, agit en même temps
que l’auteur principal, donne à celui-ci et en reçoit une assistance réciproque ».

Pour qu’il soit ainsi qualifié, le coauteur doit avoir véritablement participé aux
éléments constitutifs de l‘infraction. Par exemple en cas d’assassinat à l’arme
blanche, le coauteur sera celui qui a lui-même asséné des coups dans le corps de la
victime. Il ne sera cependant pas coauteur mais complice s’il s’est contenté de
fournir l’arme ou de faire le guet. Le coauteur est responsable de son fait personnel
(action ou abstention) et ce, indépendamment de la responsabilité ou de l’absence
de responsabilité du ou des autres auteurs. Ainsi, dans un cas d’immunité dont peut
bénéficier l’auteur principal, ses coauteurs seront quant à eux, retenus dans les
liens de culpabilité et sanctionnés indépendamment de celui qui est couvert
d’immunité. Il en est ainsi du cas de vol entre proches parents. Confère l’article

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385 :« Ne peuvent donner lieu qu'à des réparations civiles les soustractions
commises par :
1. des époux au préjudice de leurs épouses, des épouses au préjudice de leurs
époux, un veuf ou une veuve quant aux choses qui avaient appartenu à l'époux
décédé;
2. des enfants ou autres descendants au préjudice de leurs pères ou mères ou
autres ascendants, des pères ou mères ou autres ascendants au préjudice de leurs
enfants ou autres descendants;
3. des alliés aux mêmes degrés à condition que les soustractions soient commises
pendant la durée du mariage et en dehors d'une période pendant laquelle les époux
sont autorisés à vivre séparément;
4. des collatéraux entre eux qu’ils soient germains, utérins ou consanguins. Tous
autres individus qui recèlent ou appliquent à leur profit tout ou partie des objets volés
sont punis comme coupables de recel. »;
A côté de ces deux catégories d’acteurs, il ya une autre qu’il convient d’éclaircir.
Paragraphe3: L’auteur intellectuel ou moral
Bien qu’il ne soit pas directement traité par notre Droit positif comme tel, il convient
néanmoins pour notre propre culture, d’éclaircir la situation pénale de ceux qui
agissent en coulisse, qui n’apparaissent pas sur le devant de la scène mais qui
tirent les ficelles dans les détroits. Ici l’idée est de punir non seulement celui qui fait
(auteur ou coauteur matériel) mais également celui qui fait faire. C’est à dire
l’auteur intellectuel. Cet autre participant est souvent pris sous l’angle de la
complicité même s’il est le cerveau de l’infraction. En guinée ce comportement
relève de l’article 20 point 1° qui prévoit la complicité par provocation en ses
dispositions: « Sont punis comme complices d'un fait qualifié crime ou délit : 1. ceux
qui par dons, promesses, abus d'autorité ou de pouvoir, machinations ou artifices,
provoquent ce fait ou donnent des instructions pour le commettre;….».
Il s’agit donc de l’individu qui inspire en l’auteur matériel l’idée de passer à l’acte.
C’est le cas du commanditaire d’un tueur à gage.

Pour ce qui est de la répression, retenons que l’auteur, le coauteur et le complice


encourent tous les mêmes peines. Toutefois, les circonstances qui peuvent l’atténuer
(minorité) ou celles qui peuvent l’aggraver (récidive) n’auront aucune influence sur la
peine de l’auteur ou des coauteurs respectifs. L’indépendance des actes est ici
totale.

C’est pourquoi d’ailleurs pour élargir le grappin à l’égard de tous les participants et
éviter de tomber dans le risque d’exonération banale pour manque d’infraction
principale pour immunité comme c’est le cas souvent pour la complicité, les Juges
répressifs de fond empruntent souvent la qualification d’ ‘’association de malfaiteurs’’.
Dispose l’article 784: « Constitue une association de malfaiteurs, tout groupement
formé ou entente établie, quelle que soit sa durée ou le nombre de ses membres, en

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vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d’un ou
plusieurs crimes ou d’un ou plusieurs délits».

Toutefois, on a vu se multiplier au fil du temps quelques incriminations spécifiques


visant à sanctionner l’auteur moral d’une infraction commise par un autre, que cette
infraction soit ou non réalisée voire même en dehors de toute infraction.
Exemple: l’auteur du délit de provocation au suicide peut être puni sous l’angle de
la non assistance de personne en danger alors que l’auteur et victime du suicide
n’est pas punissable.
Section 2 : La complicité

La complicité est une forme de participation criminelle, un mode d’imputation dirigé


contre une personne qui a sciemment participé à un comportement antisocial,
infractionnel sans pour autant réaliser elle-même les actes matériels qui constituent
ce comportement. C’est ce que retracent les dispositions de l’article 19 alinéa1:
« La complicité est la participation d'un individu, en pleine connaissance de cause, à
un crime ou à un délit dont un autre est l'auteur principal…».

Mais concrètement où se situe la responsabilité du complice ?


On dit généralement que le complice est cousu dans le même tissu que l’auteur
principal. Cela veut dire que la responsabilité du complice est envisagée en liaison
avec celle de l’auteur. C’est la théorie de la criminalité d’emprunt. Les actes du
complice sont en principe dépourvus de criminalité propre, ils ne tirent leur
criminalité que par référence aux actes accomplis par l’auteur principal.
Pour mieux cerner cette notion il sera judicieux de clarifier ses différentes conditions
( §1) avant d’élucider les règles de sa répression (§2).
Paragraphe1 : Les conditions de la complicité
La complicité reproduit à sa façon les éléments constitutifs généraux d’une
infraction. En effet, un certain nombre de conditions sont requises pour pouvoir
engager la responsabilité pénale d’une personne qui a participé en cette qualité à la
réalisation d’une infraction. Il serait trop grave d’étendre indéfiniment la
responsabilité pénale à des individus qui ignorent légitimement le dessein réel du
délinquant. Ainsi, le simple fait de renseigner une personne ou de lui prêter un objet
même si celui-ci s’avère être l’instrument qui servirait à la réalisation du crime ou du
délit, ne suffira pas pour impliquer automatiquement l’intention coupable du prêteur.
Il reste à retenir que pour conduire à la répression, la complicité doit être active,
volontaire ou consciente et avoir contribué à une infraction punissable.

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1- Un acte positif
Pour être punissable la complicité doit s’extérioriser, se manifester et prendre la
forme d’un des actes énumérés à l’article 20 du Nouveau Code Pénal Guinéen.
On parle d’élément matériel de la complicité.
A ce niveau le législateur a pris le soin de caractériser les actes concernés en
dressant une liste limitative des actes répréhensibles au titre de la complicité, dont
entre autres: le don, la promesse, l’aide ou l’assistance, la provocation, les
instructions…. ;
Dans l’interprétation de ce texte on peut conclure que certains concours sont certes
punissables mais pas au titre de la complicité. C’est le cas par exemple du
concours passif (le silence en présence du crime) ou encore du concours
postérieur à l’infraction (recel).
Il faut nécessairement une action et non une abstention et il faut en principe que les
actes de concours soient antérieurs ou concomitants à l’infraction. Ainsi, ceux qui
font sciemment des apports aux délinquants postérieurement leurs actions, ils
tombent sous le coup de la loi non pas au titre de la complicité mais au titre d’une
autre infraction autonome qu’est le recel. Voir l’article 485 alinéa1: « Le recel est le
fait de détenir, de dissimuler ou de transmettre une chose, ou de faire office
d'intermédiaire afin de la transmettre, en sachant que cette chose provient d'un crime
ou d'un délit…». A ce niveau on comprend qu’il ne s’agit pas de la complicité parce
que les actes cités ne sont ni antérieurs ni concomitants mais plutôt postérieurs à
l’action.

Toutefois, dans une interprétation extensive de la complicité, la jurisprudence


sanctionne la collaboration même fournie après mais si elle a été promise avant.
Ainsi, le prêt d’une voiture pour fuir après un vol a pu être sanctionné comme acte
de complicité bien qu’intervenu après la commission du vol dans la mesure où
l’accord sur l’utilisation du véhicule était intervenu avant le vol.
2- Un fait principal punissable
Traitée sous l’angle de l’élément légal de la complicité, cette condition voudrait que
l’acte principal auquel le complice prête son concours soit une infraction en soit. Si
ce n’est pas le cas, la complicité ne pourra pas être retenue ni sanctionnée. Ainsi,
en cas de tuerie par légitime défense, celui qui aura procuré aide et assistance à la
personne qui s’est défendue légitimement ne pourra pas être poursuivi ni
sanctionné pour complicité. Puisque la légitime défense fait disparaître le caractère

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délictueux à l’acte principal (le fait de tuer) qui n’est pas punissable en soit et
subsidiairement celui qui s’y est grevé (le fait d’aider) n’est plus répréhensible.
3- Une intention criminelle

C’est la troisième et dernière condition désignée comme l’élément moral de la


complicité. Elle est d’une importance capitale car elle constitue l’élément
fondamental de toute infraction. Pour éviter de généraliser l’imputabilité et
d’atteindre certains innocents qui apportent leurs concours sans être associés à
l’idée du délinquant, la loi donne toujours une précision dans la définition de la
complicité en employant des termes comme ‘’pleine connaissance de cause’’,
’’sciemment’’ ‘’, à dessein’’ ou encore de mauvaise foi…;

Pour qu’il soit donc retenu dans les liens de la culpabilité pour complicité, l’individu
doit avoir agi en sachant ou en étant censé savoir la conduite criminelle de l’auteur.
Il doit connaitre le dessein criminel de l’auteur et lui apporter dans ces circonstances
aide ou assistance voire provoquer la préparation ou la consommation de
l’infraction. Ainsi, une simple aide ou assistance par naïveté ou par mégarde, ne
suffit pas pour réprimer la complicité. Tout de même, l’appréciation de bonne foi du
complice est réservée au Juge répressif de fond.

Avant de passer à sa répression, il convient de détailler certains aspects liés aux


différents types de complicités.

Que dire de la complicité de la tentative?


Qu’en est-il de la tentative de la complicité ?
Ce qui mérite d’être souligné à ce niveau est que l’infraction principale dont il est
question peut consister en une simple tentative, tel est le cas de tous crimes et de
certains délits. En pareille circonstance le complice est également puni. On dit pour
cela que le complice d’une infraction dont la tentative est punie, est puni. C’est la
théorie de la (complicité de la tentative).
Exemple : Bouba donne une kalachnikov à Francky pour éliminer Néma dont les
adresses sont bien connues. Désagréablement surpris en guet-apens, Francky
déclare qu’il attendait effectivement sa cible pour lui brûler la cervelle et que l’arme
lui a été donnée par Bouba à ces fins. Dans ce cas, Francky s’est rendu coupable
d’une tentative d’assassinat et Bouba s’est ainsi rendu coupable de complicité de
tentative d’assassinat. Par conséquent les deux respectivement (auteur de tentative
d’assassinat et complice de tentative d’assassinat) subiront les mêmes peines.
Conformément à l’alinéa2 de l’article 19 du nouveau code pénal guinéen.

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L’inverse en va tout autrement. Ainsi, la tentative de la complicité n’est pas
punissable faute de fait principal. Restons dans la même hypothèse. Si Francky ne
posait aucun acte de commencement d’exécution, il n’y aurait aucune punition.
Dans ce cas, Bouba aurait simplement tenté d’être complice mais de quoi? En
réalité de rien! car aux yeux de la loi à ce stade, Francky n’était pas encore
délinquant, il n’avait posé aucun acte criminel d’abord. C’est la théorie de la
(tentative de complicité). Si la tentative n’est pas suivie d’effet, elle n’est jamais
punissable.

- La complicité par collaboration


Il faut d’ores et déjà préciser que ce type de complicité n’est au vu de la loi admis
que seulement pour des crimes et délits mais pas pour des contraventions. Ceci se
justifie à travers le texte même de la loi qui précise ’’ est complice d’un crime ou
d’un délit…’’

Mais le plus important se trouve au niveau du moment de l’intervention du complice.


Comme nous le verrons tout à l’heure, ce moment se résume en deux termes.

Est complice par collaboration d’un crime ou d’un délit, celui qui, par aide ou
assistance facilite la préparation ou la consommation de cette infraction. Il ya
préparation, lorsque l’acte du complice est antérieur aux agissements de l’auteur.
Exemple : le fait de prêter une arme au meurtrier, pour qu’il accomplisse le meurtre;

Et il ya aide ou assistance pour la consommation de l’infraction, lorsque le


complice joue son rôle pendant que l’auteur est entrain d’accomplir sa sale
besogne. Il s’agit d’une concomitance entre les deux actes. Exemple : le fait de
rester en surveillance durant un cambriolage pour « couvrir » le cambrioleur.

- La complicité par instigation


Le rôle de ce complice diffère de celui du premier en ce qu’il n’est pas un simple
participant comme on le dit : il n’est pas simple « complice au crime » mais plutôt
« complice du crime». Il s’éloigne un tout petit peu du coauteur mais il joue un rôle
très prépondérant dans la commission de l’infraction. Nous allons le comprendre à
partir de ce suit.

Est complice par instigation, celui qui, par promesse, don, abus d’autorité ou de
pouvoir…aura provoqué une infraction ou donné des instructions pour la commettre.
Rappelons que le domaine de cette complicité est plus large. Il englobe toutes les
infractions (crime, délit et contravention).

Par rapport au temps d’action, il faut dire ici que le complice intervient
nécessairement avant l’auteur. C'est-à-dire que son acte est toujours antérieur au fait
principal punissable.

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Il le fait soit par provocation ou par instruction. Mais que signifient ces deux
termes ? Le fait par exemple de « recruter un tueur » à gages est une complicité
par instigation mais de provocation. Car le criminel était tranquillement assis
lorsque le complice est venu le voir. Ce n’est qu’à l’issue de leur entretien que
l’auteur matériel aura entrepris l’acte criminel auquel il est instigué par son complice.

Aussi, le fait par exemple pour le complice de « livrer » à l’auteur, des


renseignements afin de pénétrer frauduleusement un système informatique, est une
complicité par instigation mais d’instruction.

Après ses modalités, il est désormais important de parler de la répression de la


complicité.

Paragraphe 2 : La répression de la complicité


Cette sanction repose sur la dualité des qualités de complice et auteur. Le principe
est que la peine encourue par le complice est la même que celle subie par l’auteur
principal. C’est ce qui est consacré par l’alinéa 2 de l’article 19 du nouveau code
pénal guinéen qui dispose: « …Les complices d'un crime ou d’un délit sont punis des
mêmes peines que les auteurs principaux.»

Toutefois, sur la base du principe de l’individualisation de la peine, le Juge peut


toujours prononcer des peines différentes contre les intervenants en fonction de
leurs responsabilités respectives et des circonstances en présence.
Exemple: le complice d’un crime dont l’auteur est âgé de 15 ans peut se voir frappé
de la peine de réclusion criminelle à perpétuité alors que cet auteur n’écopera au
maximum que 10 ans d’emprisonnement. C’est la théorie selon laquelle les causes
d’irresponsabilité subjective ou d’atténuation de la peine à l’égard de l’auteur ne
profitent pas au complice.
Chapitre II: La responsabilité pénale des personnes morales et pour autrui

Cette responsabilité des personnes morales représente sans doute un évènement


plus marquant dans l’évolution du Droit pénal. C’est une véritable innovation car
depuis longtemps la personne morale ne pouvait être responsable que sur le plan
administratif ou civil. De nos jours puisqu’elle peut se constituer partie civile, il paraît
aussi normal que cette même action publique puisse être mise en mouvement contre
elle. Si elle est un être juridique total, elle doit aussi supporter une responsabilité
totale. Mais la problématique à laquelle il faut apporter solution est la suivante : avec
cette affluence de personnes morales quelles sont celles qui sont réellement
concernées (qui)?, ensuite quelles sont les infractions qui leur sont imputables
(pourquoi) ? Enfin avec le caractère abstrait de la personne morale comment peut-
on l’épingler (comment) ? que dire de la responsabilité pénale pour autrui ?

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La réponse à toutes ces questions nécessite d’une part, la détermination du domaine
d’application de la responsabilité pénale des personnes morales, ensuite les actes
qui y sont incriminés, le mécanisme de mise en œuvre de cette responsabilité ainsi
que sa sanction (S1) avant de passer au peigne fin la notion de responsabilité pénale
pour autrui (S2) d’autre part.

Section 1: La responsabilité pénale des personnes morales

Soulignons déjà que notre nouveau code pénal a, au niveau de son livre I, en son
titre II, chapitre I, précisément en son article 16, traité de la responsabilité pénale
des personnes morales de façon générale. Ainsi qu’il convient de détailler.

Paragraphe 1: Le domaine d’application de cette responsabilité pénale

Conformément aux dispositions de l’article 16 du nouveau code pénal: « Les


personnes morales, à l’exclusion de l’Etat, sont responsables pénalement des
infractions commises pour leur compte, par leurs organes ou représentants.

Toutefois, les collectivités territoriales et toute autre entité dotée de la personnalité


morale et de la capacité juridique ne sont responsables pénalement que si les faits
sont commis dans l’exercice d’activités susceptibles de faire l’objet de conventions
de délégations de services…».

A travers les dispositions du présent article on comprend aisément que le champ


d’application de cette responsabilité englobe toutes les personnes morales de Droit
public et de Droit privé seul l’Etat qui n’est pas concerné.

Il s’agit de toutes les personnes morales de Droit privé, à savoir : les sociétés, les
groupements, les associations, les fondations,… ;
Ainsi que les autres personnes morales de Droit public dont entre autres : les
collectivités territoriales, les établissements publics…;

Paragraphe 2 : Les infractions concernées

Contrairement au code pénal de 1998 qui avait trop restreint le domaine d’application
de cette responsabilité en ce qui concerne les infractions (seules les infractions en
matière de drogues étaient visées), le nouveau code pénal a su faire une extension à
toutes les infractions.

En tout état de cause, la responsabilité pénale de la personne morale n’exclut pas


celle des personnes physiques auteures ou complices de l’infraction. Confère le
même article 16 en son dernier alinéa, en ces termes :« …la responsabilité pénale
des personnes morales n’exclut pas celle des personnes physiques, auteurs
matériels ou complices des faits concernés».

Paragraphe 3: La mise en œuvre de cette responsabilité pénale

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C’est toute la question d’imputabilité de l’infraction à la personne morale. En effet, la
personne morale n’a pas de volonté pour agir. Le législateur se devait donc de jouer
avec l’impossibilité pour elle de commettre matériellement une infraction.
Face à cette difficulté due à l’intangibilité d’esprit chez la personne morale, le
législateur a su régler la question de mise œuvre de la responsabilité pénale de la
personne morale en prévoyant des conditions cumulatives en ces termes:
Les personnes morales sont responsables pénalement des infractions commises
pour leur compte et par leurs organes ou représentants.

Toutefois, ces personnes morales ne sont responsables pénalement que si les faits
sont commis dans l’exercice d’activités susceptibles de faire l’objet de conventions
de délégations de services.
Mais que faut-il entendre par organe ou représentant ?
S’agissant des organes ce peut être des structures mises en place pour agir au
nom et pour le compte de la personne morale. Il en est ainsi de l’assemblée
Générale d’une société, du conseil d’administration, du conseil général… ;
Quant aux représentants, ce sont des individus nommés ou élus comme dirigeants
de la personne morale, notamment : (le gérant d’une société, le PDG, le maire,
l’administrateur provisoire, le liquidateur…).
Aux termes de la loi guinéenne on peut résumer ces conditions comme suit :

- Il faut que l’infraction soit commise au compte (dans l’intérêt) de la personne


morale ;
- Il faut qu’elle soit commise par un organe ou un représentant de la personne
morale et ;
- Il faut que cet organe ou ce représentant soit dans l’exercice de ses fonctions,
c'est-à-dire dans l’exercice des activités qui le lient à la personne morale;
En revanche, la responsabilité pénale de la personne morale sera écartée lorsque
le dirigeant ou le représentant a agi pour son propre compte, c’est à dire dans son
intérêt personnel ou dans l’intérêt d’un tiers ou encore dans un cadre autre que
celui qui le lie à la personne morale.
Par ailleurs, tout comme une personne physique, une personne morale pourra voir
sa responsabilité retenue en tant qu’auteur, en tant que coauteur ou complice selon
que son organe ou représentant aura agi en la même qualité.

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C’est donc au niveau de la personne physique que doivent être constatés les
différents éléments constitutifs de l’infraction.
Paragraphe 4 : La répression de la responsabilité pénale des personnes morales

La question de sanction des personnes morales pénalement responsables nous


interpelle à deux niveaux. La répression de la personne morale (1) et celle des
personnes physiques de la personne morale (2).

1- La sanction de la personne morale

Le caractère intangible de la personne morale fait que la peine qui lui est applicable
ne saurait être une peine d’emprisonnement.

Tout de même, elle peut être assujettie à plusieurs autres peines privatives ou
restrictives de droits, dont entre autres:

1. l’amende ;

2. la dissolution ;

3. l’interdiction, à titre définitif ou pour une durée de 5 ans au plus d’exercer


directement ou indirectement une ou plusieurs activités professionnelles ou sociales
4. le placement pour une durée de 5 ans au plus, sous surveillance judiciaire ;

5. la fermeture définitive ou pour une durée de 5 ans au plus, des établissements ou


de l’un ou de plusieurs des établissements de l’entreprise ayant servi à commettre
les faits incriminés ;

6. l’exclusion des marchés publics à titre définitif ou pour une durée de 5 ans au plus;
7. la confiscation de la chose qui a servi ou était destinée à commettre l’infraction ou
la chose qui en est le produit ;

8. l’affichage de la décision prononcée ou la diffusion de celle-ci soit par la presse ou


par tout autre moyen de communication au public ou par voie électronique.
Toutefois, les peines définies aux points 2, 4 et 5 ne sont pas applicables aux
personnes morales de droit public dont la responsabilité pénale est susceptible d’être
engagée.

Elles ne sont pas non plus applicables aux partis ou groupements politiques, ni aux
syndicats professionnels. Confère l’article 84 du nouveau code pénal.

Le taux maximum de l’amende applicable aux personnes morales est égal au


quintuple de celui prévu pour les personnes physiques par la loi qui réprime
l’infraction. Lorsqu’il s’agit d’un crime pour lequel aucune peine d’amende n’est
prévue à l’encontre des personnes physiques, l’amende encourue par les personnes
morales ne peut excéder 1.000.000.000 de francs guinéens. Comme le prévoit
l’article 85 du même code.

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2- La sanction des personnes physiques:

Nous l’avons souligné plus haut, la responsabilité pénale des personnes morales et
celle des personnes physiques pour les mêmes faits ne sont pas supplétives mais
plutôt sélectives. C'est-à-dire qu’elles sont sanctionnées séparément. Ainsi, les
personnes physiques auteures ou complices desdites infractions, au-delà de la
sanction de la personne morale, s’exposent à des sanctions prévues contre les
infractions concernées. Ainsi, la personne physique peut subir des peines comme:

- L’emprisonnement ;
- L’ amende ;
- Des peines privatives ou restrictives de droits…, selon le cas.

Section 2: La responsabilité pénale pour autrui

Rappelons tout d’abord que notre Droit positif semble ne pas s’intéresser à ce sujet
pour la simple raison que le Droit français dont il est tributaire exclut ce sujet à cause
du principe de la personnalité des peines. A travers la doctrine nous pouvons tout de
même élucider son élément type qui est la responsabilité pénale du chef
d’entreprise. Par définition, c’est l’obligation pour une personne de répondre devant
les juridictions répressives des actes délictueux d’une autre personne.

Il s’agit d’un principe de responsabilité très large. Le dirigeant d’une entreprise est
responsable pénalement, non seulement de ses fautes personnelles - en tant
qu’auteur direct et personnel de l’infraction, mais également des agissements fautifs
de ses préposés dans l’exercice de leurs fonctions professionnelles.

Toutefois, il existe une pratique permettant au dirigeant d’entreprise de s’exonérer de


sa responsabilité pénale: c’est le mécanisme de la délégation de pouvoirs et aussi le
chef peut s’exonérer en cas d’insubordination de la part du salarié.

La délégation de pouvoirs est un instrument juridique par lequel une autorité dite le
délégant se dessaisit d’une fraction des pouvoirs qui lui sont conférés et les
transfère à une autorité subordonnée dite délégataire pendant une durée
déterminée. Le délégataire assume les obligations et les responsabilités liées aux
pouvoirs qui lui ont été délégués et un véritable transfert de responsabilité s’opère
entre le délégant et le délégataire.

Tout de même, le dirigeant devra prouver par tout moyen l’existence et le contenu
de la délégation de pouvoirs. Précisions qu’en la matière, la délégation écrite est
vivement recommandée pour faciliter sa preuve.

Quant aux conditions de validité de la délégation de pouvoirs, il faut dire qu’elles sont
très strictes. Ainsi pour être valable, la délégation doit :

-Ne pas être interdite par une loi ;

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-Être faite à un subordonné ayant les moyens et la formation nécessaires pour
accomplir sa mission ;

-Être précise et limitée dans le temps (la délégation n’est jamais totale et
permanente);

-Le chef d’entreprise doit justifier ne pas pouvoir assurer personnellement cette
surveillance et ;

Enfin, la délégation doit être acceptée par le délégataire antérieurement à l’infraction.

Chapitre III : De l’irresponsabilité et l’atténuation de la responsabilité pénales

La responsabilité pénale se définit comme l’obligation pour le délinquant de répondre


de ses actes délictueux et de subir la peine prévue par les textes qui les répriment.
La loi étant établie pour protéger l’ordre social, son trouble va nécessairement
engendrer une réaction vigoureuse de la part de la société.
Ainsi, toute personne qu’elle soit physique ou morale a en principe l’obligation de
voir sa responsabilité engagée dès lors qu’elle a commis une infraction.
Toutefois, pour être constituée, une infraction doit comporter tous les trois
éléments que nous avons étudiés ci-haut.
Dans certaines hypothèses, l’un des éléments constitutifs de l’infraction peut faire
défaut de sorte que la responsabilité pénale de son auteur devra être soit écartée ou
bien atténuée. On parle alors de causes d’irresponsabilité pénale.
Parmi les causes d’irresponsabilité pénale, certaines sont objectives (S1), d’autres
subjectives (S2) et un troisième groupe qui exclue rarement cette responsabilité ou
en diminue les effets (S3)
Section 1: Les causes objectives d’irresponsabilité pénale ou faits justificatifs

Les causes objectives d’irresponsabilité pénale peuvent s’entendre comme étant des
faits justificatifs de la commission de l’infraction.
On les qualifie de faits justificatifs à l’image de l’ancien Droit qui les qualifiait ainsi à
cause du fait que l’acte délictueux est justifié par l’absence de l’élément légal de
l’infraction. Il s’agit d’une sorte de neutralisation de la loi vis-à-vis de l’acte qu’elle
devait punir.
Ces causes sont au nombre de quatre (04) et elles sont visées aux points 3 et 4 de
l’article 21 du nouveau code pénal guinéen qui dispose que: « Il n'y a ni crime ni
délit, lorsque:..
3. le prévenu agit en vertu d'un commandement de la loi ou d'un ordre de l'autorité
légitime, sauf si cet ordre est manifestement illégal;
4. l'action du prévenu est commandée par la légitime défense ou l’état de nécessité»;
Paragraphe 1 : Le commandement de la loi ou l’ordre de l’autorité légitime

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Bien que ces deux circonstances aient le même effet d’irresponsabilité pénale, mais
le texte qui les prévoie nous permet de faire une nette démarcation entre elles.

1- Le commandement de la loi :

Il faut entendre par commandement de la loi lorsque celle-ci permet à une personne
directement de violer une autre loi sans pour autant s’inquiéter. Il s’agit plus
clairement d’autorisation ou de permission accordée par la loi à des personnes de
violer une autre loi en toute légitimité.

Exemple: le médecin qui, pour une opération chirurgicale, porte des coups et
blessures volontairement sur son patient pour le soigner. Dans ce cas il ne saurait
être poursuivi pour coups et blessures volontaires;

Ou encore le peloton qui procède à la mise en exécution d’une condamnation à mort.

Egalement l’Huissier de justice qui fait démolir les bâtiments d’autrui en vertu d’une
décision de justice ordonnant cette démolition. Il ne saurait être poursuivi pour
destruction d’édifices privés car il n’aura fait qu’obéir au rôle qui est le sien de par la
loi.

2- L’ordre de l’autorité légitime

Une autorité est dite légitime, lorsqu’elle est régulièrement investie d’un pouvoir
qu’elle exerce directement sur une autre personne appelée subordonné. Il s’agit pour
le supérieur hiérarchique de faire faire légitimement un acte qui, de nature est
délictueux. Toutefois, quatre (4) conditions sont à respecter pour retenir l’ordre de
l’autorité légitime comme cause d’irresponsabilité pénale:

-L’autorité doit être publique;

-Il doit avoir un lien de subordination entre le donneur d’ordre et l’exécutant;

-le supérieur doit le faire dans le cadre de ses compétences et dans l’exercice de ses
fonctions et;

-L’ordre ne doit pas en principe être manifestement illégal.

Exemple: le policier dans l’exécution d’un mandat d’arrêt, procède à l’arrestation du


citoyen à l’encontre duquel ce mandat est décerné ou le gendarme qui procède à
une perquisition sous l’ordre d’un Juge d’Instruction, ne peuvent être poursuivis car
ils auront légitimement respecté les ordres des personnes auxquelles ils doivent
obéissance hiérarchiquement.

Mais posons-nous la question de savoir qu’est ce qui peut advenir lorsque l’ordre est
donné par le supérieur hiérarchique?

Deux (02) hypothèses sont à clarifier :

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-La première, il s’agit de la théorie de ‘’l’obéissance passive’’ selon laquelle, le
subordonné doit toujours exécuter l’ordre de son supérieur sans discussion. Dans ce
cas si l’ordre est légal, le refus d’en exécuter constituera l’infraction
d’insubordination;

-La seconde, c’est la théorie des ‘’baïonnettes intelligentes’’ ou ‘’l’obéissance


raisonnée’’ selon cette théorie, le subordonné doit s’abstenir d’exécuter tout ordre
manifestement illégal fut-il de son chef hiérarchique.

Comme le prévoit l’article 6 de la constitution guinéenne de 2010 qui dispose


que: «…Nul n'est tenu d'exécuter un ordre manifestement illégal…»

Exemple: le militaire qui commet du viol sous ordre de son chef hiérarchique, ne
saurait s’exonérer sous prétexte d’avoir reçu un ‘’commandement de l’autorité
légitime’’.

Paragraphe 2: La légitime défense

C’est un fait justificatif par lequel un individu face à une atteinte injustifiée envers sa
personne, celle d’autrui ou un bien, accomplit dans le même temps un acte de
défense dont les moyens employés sont proportionnels à la gravité de l’atteinte.

Cette définition nous amènera à démêler les quatre (4) conditions pour que la
légitime défense soit retenue comme cause d’irresponsabilité pénale.

Deux de ces conditions sont relatives à l’acte d’attaque et les deux autres à l’acte de
riposte.

1- L’attaque doit être actuelle

Elle ne doit pas être future ou éventuelle. Cela signifie qu’on ne doit pas imaginer
une attaque ou se fonder sur une menace insuffisante pour se faire justice
préventivement. Il faut que l’individu qui riposte soit victime d’une agression sérieuse
déjà née ou imminente;

2- L’attaque doit être injuste

Est injuste, toute agression qui n’est pas fondée en Droit. Ainsi, la résistance aux
actes d’arrestation exercés par un policier dans l’exécution d’un mandat d’amener
décerné par un Juge d’instruction n’est pas une légitime défense mais plutôt un acte
d’outrage envers un dépositaire de force publique;

3- La riposte doit être concomitante

Celui qui lutte contre un danger, doit agir immédiatement. C'est-à-dire pendant que le
danger menace éminemment de l’atteindre ou d’atteindre autrui. Ceci étant, si le
danger a cessé, toute riposte est une vengeance privée et donc punissable. C’est le
cas d’un bagarreur qui revient quelques heures plus tard surprendre son agresseur
avec des coups mortels.

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4- La riposte doit être proportionnée

La riposte ne doit pas être excessive par rapport à l’acte d’atteinte. C'est-à-dire que
si les moyens de défense sont démesurés, ils ne sauraient justifier l’acte de riposte.

La proportionnalité doit se mesurer tant dans les moyens employés que dans les
résultats obtenus.

Exemple: la victime d’une paire de gifle qui tue son agresseur en le criblant de balle,
ne peut pas être fondée à invoquer la légitime défense, car les simples coups
n’équivalent pas à un homicide.

Toutefois, à cause de sa délicatesse, cette proportionnalité est toujours restée à


l’appréciation souveraine des Juges du fond. Cf. (crim.21 Novembre 1961 D.1962
p.226).

On peut retenir comme effets de cette légitime défense: l’exclusion de toutes


responsabilités civile et pénale. C'est-à-dire que l’individu qui a agi en légitime
défense ne peut pas être sanctionné pour infraction ni être contraint d’allouer des
dommages-intérêts.

Paragraphe 3: L’état de nécessité

C’est une cause d’irresponsabilité pénale par justification qui consiste pour une
personne qui se trouve face à un danger actuel ou imminent qui menace sa
personne, celle d’autrui ou un bien, d’accomplir un acte nécessaire à la sauvegarde
de la personne ou du bien dans une mesure proportionnelle à la gravité du danger.

Examinons les conditions avant de voir les effets de l’état de nécessité.

Pour qu’il y ait état de nécessité il faut que celui qui l’invoque justifie:

1- être en présence d’un danger actuel et sérieux qui menace une vie ou un bien;
2- l’acte accompli était l’unique moyen approprié pour lui d’écarter le danger;
3- l’intérêt sauvegardé est supérieur à celui qui a été sacrifié;
4- Enfin, l’absence totale de faute antérieure de la part de celui qui invoque cet état.
Les effets de l’état de nécessité:

Bien qu’ils soient tous des faits justificatifs d’infractions, l’état de nécessité produit
des effets différents de ceux de la légitime défense. Il a pour effets:

- d’écarter simplement la responsabilité pénale;

- tout en laissant subsister entièrement la responsabilité civile.

Exemple: Une femme qui vole du pain pour faire manger son enfant malade. Elle
aura sauvé une vie en sacrifiant un droit de propriété. Dans ce cas, elle est
pénalement irresponsable, mais elle demeure obligée pour la restitution de la valeur
du pain lorsqu’elle en aura les moyens;

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Section 2 : Les causes subjectives d’irresponsabilité pénale ou causes de non-
imputabilité.

A la différence des faits justificatifs qui traitent des situations dont les effets
s’élargissent à l’égard de tous, les causes de non-imputabilité sont des circonstances
qui abolissent le discernement chez l’agent pénal qui, de ce fait, ne produisent leurs
effets qu’à l’égard de cet individu seul mais pas aux coauteurs ni aux complices.
D’où la qualification de causes subjectives.

Au vu de notre code pénal, deux (2) causes subjectives d’irresponsabilité pénale


nous intéressent dans le cadre du présent cours.

Nous ferons recours au code pénal guinéen pour détailler progressivement ces deux
causes (démence et contrainte). La base légale de ces deux éléments demeure le
même article 21 du code pénal qui dispose que :

« Il n'y a ni crime ni délit, lorsque:

1. le prévenu est en état de démence au moment de l'action;


2. le prévenu est contraint par une force à laquelle il n'a pu résister…».
Prargraphe1: La démence

Encore appelée trouble psychique ou neuropsychique, la démence est l’état mental


ayant complètement aboli ou altéré la capacité de discernement de celui qui en est
atteint. C’est l’état d’incapacité mentale qui empêche un individu de comprendre le
sens et les effets de ses actes.

En guinée cette circonstance est traitée par le même article 21 point 1 : « Il n'y a ni
crime ni délit, lorsque: 1. le prévenu est en état de démence au moment de l'action…»;

Il convient d’éclaircir les conditions (1) avant de détailler les effets (2 ) de cette
circonstance.

1- Les conditions de la démence:


L’analyse profonde des dispositions de ce texte permet de faire ressortir aisément
les conditions suivantes:

- Il faut que la démence existe au moment où l’agent pénal agit et ;


- Il faut que cette démence ait aboli complètement la capacité de discernement ou
le contrôle des actes. Une simple altération mentale ne tient pas pour en justifier,
cela ne peut qu’être une simple circonstance d’atténuation de peine en sa faveur.

Ces précisions méritent d’être apportées parce qu’il n’y a pas de présomption de
trouble mentale, d’ailleurs, cette question est restée à l’appréciation du Juge de fond
qui peut faire recours à une expertise psychiatrique qu’en bien même que celle-ci ne
le lie pas.

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Néanmoins cette expertise est nécessaire pour éclairer la religion du Juge.

Le moment importe de plus, car lorsque la démence survient postérieurement aux


actes délictueux, la responsabilité du délinquant reste entièrement engagée.
Seulement, si cette démence est arrivée avant le jugement, la poursuite restera
suspendue jusqu’à sa disparition.

Et si elle survient après le jugement, l’exécution de toute peine privative de liberté


reste pour le moment impossible.

2- Les effets de la démence:


Lorsque la démence est retenue, l’agent pénal peut bénéficier selon le cas, d’une
ordonnance de non-lieu, d’une relaxe ou d’un acquittement, de la révocation de
détention provisoire… ;

En tout état de cause, les peines pécuniaires et celles qui privent le délinquant des
autres droits pourront être immédiatement exécutées.

Confère l’article 934 du nouveau code de procédure pénale: « Le tribunal statue


également sur les demandes de dommages-intérêts formées par la partie civile. Il
prononce, s'il y a lieu, une ou plusieurs des mesures de sûreté prévues… »

Egalement les responsabilités pénale et civile des coauteurs et complices subsistent.

Certaines notions de par la nature de leurs actes, méritent d’être éclairées pendant
les débats des cours magistraux pour les démarquer de la démence. Il s’agit de:

-l’hypnose, du somnambulisme, de l’ivresse, de l’état de passion et d’émotion, qui


sont aussi des états de dépression mentale mais légère. Certaines de ces
circonstances jouent en faveur de l’agent pénal, d’autres par contre le retiennent
entièrement.

Paragraphe2 : La contrainte

La contrainte est la force exercée contre l’auteur de l’infraction à laquelle il n’a pu


résister au moment des faits. Le même article 21 dispose que:

« Il n'y a ni crime ni délit, lorsque:…

2. le prévenu est contraint par une force à laquelle il n'a pu résister…».


A ce niveau également il y a deux conditions qui seront étudiées (B) après avoir
décortiqué les types de contrainte (A).

A- Les types de contraintes

La contrainte peut être soit physique (1) ou morale (2).

1- La contrainte physique

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Il s’agit de la force irrésistible exercée sur le corps même de l’agent pénal l’obligeant
ainsi à commettre une infraction contre son gré. Cette force peut provenir d’une
chose ou d’un tiers.

Exemple: la victime d’une séquestration arbitraire qui, sous la menace de mort de


ses agresseurs, casse la porte d’une boutique pour la vider de son contenu.

2- La contrainte morale

La contrainte morale est un état soit maladif, passionnel ou émotionnel qui pousse
l’auteur à commettre une infraction.

Exemple : Le cas de la mère ayant la garde de leur fils refuse de satisfaire au droit
de visite et d’hébergement du père à l’enfant qui présente pourtant un état grave de
problèmes de santé de crainte que le père du garçon, ressortissant d’un pays de
trafic d’enfants, n’y emmène l’enfant.

Toutefois, cette dernière contrainte n’est pas une cause de non-imputabilité. Puisque
dans la société, chacun est tenu de pouvoir dominer ses émotions sous la menace
de l’épée de Damoclès. Cette contrainte ne peut être qu’une simple circonstance
d’atténuation de peine;

B- Les conditions d’irresponsabilité pour contrainte

Lorsqu’elle est retenue, la contrainte est de nature à faire disparaître la


responsabilité pénale. C’est pourquoi elle doit réunir deux (2) conditions sine qua
none:

1- L’irrésistibilité de la contrainte

La personne qui invoque la contrainte, doit justifier que celle-ci fut si pressante
qu’elle a supprimé chez elle tout autre moyen possible que celui de passer à l’acte
interdit. Toutefois, la preuve de cette irrésistibilité n’est pas facile à rapporter.

2- L’absence de faute personnelle antérieure ou facteur extérieur de la faute

La cause qui provoque la force de contrainte ne doit pas provenir de celui qui en
invoque. Il s’agit un peu de la théorie selon laquelle ‘’Nul ne peut se prévaloir de ses
propres turpitudes.’’

Exemple : Le marin qui, en état d’ivresse, n’a pas pu rejoindre son bord. Et pour
cela, il fut poursuivi et condamné pour désertion. A ce niveau bien que ce marin soit
terrassé par la force du poids de l’alcool, mais l’on a considéré qu’il a lui-même
commis une faute qui lui est imputable, celle de boire de façon démesurée.

Section 3 : Les causes d’excuses et d’atténuation de la responsabilité pénale

A ce niveau il convient de souligner préalablement que nos textes répressifs


semblent être silencieux sur l’un des éléments (l’erreur) qui, de ce fait sera traité

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sous la base du code pénal Français notamment en son article 122. Quant aux deux
dernières causes d’excuse et d’atténuation de peines (consentement et minorité
pénale) nous les étudierons conformément à notre code pénal.

Contrairement aux précédentes causes qui anéantissent complètement l’infraction


depuis son origine, les présentes causes sont plutôt susceptibles d’accorder des
excuses (absolutoires ou atténuantes) légales comme nous le constaterons pendant
les détails.

Paragraphe 1 : L’erreur

L’erreur par définition, est la représentation inexacte du contenu de la loi ou


l’ignorance de son existence. C’est l’erreur de droit (1). Ou encore la représentation
inexacte d’un fait matériel ou l’ignorance de son existence. Il s’agit de l’erreur de fait
(2).

1- L’erreur de droit

Rappelons tout d’abord la règle traditionnelle selon laquelle ‘’Nul n’est censé ignorer
la loi’’. Néanmoins en France aujourd’hui, ce principe est battu en brèche.

Du moins c’est ce qui est prévu à l’article 122-3 du code pénal français qui
dispose : « N’est pas pénalement responsable la personne qui justifie avoir cru, par
une erreur sur le droit qu’elle n’était pas en mesure d’éviter, pouvoir légitimement
accomplir l’acte ».

Cependant, pour qu’elle soit retenue, l’erreur sur le droit doit être invincible. C'est-à-
dire que celui qui l’invoque doit justifier qu’à ‘’défaut de publicité ou suite à une
information erronée de l’autorité compétente’’ il ne pouvait que croire à la légitimité
de l’acte qu’il a posé. Mais bien entendu dès qu’il y avait une moindre possibilité pour
la victime de vaincre l’erreur, la thèse sera écartée et le contrevenant s’expose à des
sanctions.

Exemple d’erreur de droit invincible: suite à la destruction des panneaux de


signalisation la nuit dernière par des inconnus, un usager circule ce matin en sens
interdit. Arrêté, il soutient qu’il croyait légitimement que ce sens était celui désormais
permis. Il échappe à la répression par ce que, victime d’erreur par manque de
publicité. Dans cette hypothèse, les autorités se devaient de trouver des solutions
idoines à l’immédiat pour la régulation de la circulation dès contact).

2- L’erreur de fait :

De passage, il faut signaler que l’erreur de fait n’est pas prise en compte par le code
comme une cause d’irresponsabilité pénale. Néanmoins, dans certaines
circonstances, elle peut disculper le prévenu en tout ou partie de sa responsabilité
pénale.

Elle soulève la question de bonne foi chez l’auteur.

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En effet, l’erreur de fait consiste pour l’auteur, de confondre légitimement une chose
à une autre ou un être à un autre. Les exemples ne sont pas exhaustifs.

Exemple1 : Lors d’une chasse, l’individu qui confondrait son prochain à un gibier, tire
et atteint ce dernier qui décède.

Dans ce cas d’espèce, il ne sera pas dispensé des poursuites et de la sanction


pénale, seulement à cause de cette erreur, il bénéficiera d’une modification de
qualification de l’acte. Ainsi au lieu d’être retenu coupable d’un meurtre (crime), il
sera retenu pour homicide involontaire (délit de chasse). Et cela a une répercussion
considérable sur la peine qui lui est favorable.

Exemple2 : Le cas du voyageur qui s’empare de la valise d’autrui très identique à la


sienne. Lorsque cela est vérifié, il ne saurait être déclaré coupable de vol. Car il
ignorait la propriété d’autrui sur ladite valise.

En tout état de cause, l’erreur de fait reste à l’appréciation souveraine et exclusive du


juge selon son intime conviction.

Le dernier thème de notre présent chapitre est un élément non moins important.
Avant de l’aborder, il faut rappeler qu’il est considéré par certains à tors comme étant
une cause d’irresponsabilité pénale, alors qu’il ne constitue qu’une simple cause
d’atténuation de responsabilité.

Paragraphe2: Le consentement de la victime

En principe, le consentement de la victime ne justifie pas l’infraction. La raison est


simple, c’est parce que l’acte constitue un trouble à l’ordre public même s’il a requis
le consentement de la victime.

C’est le cas de l’euthanasie (le fait de donner la mort à autrui sur sa demande pour
motif de mettre fin à ses souffrances dues à une maladie incurable).

Toutefois, il existe des cas où le consentement de la victime fait justifier l’infraction et


permet donc de ne pas punir l’auteur de l’acte.

Exemple : Le viol n’existe pas dès lors que la prétendue victime avait donné son
consentement avant l’acte. Le vol est également écarté lorsque le propriétaire avait
préalablement donné son accord.

Dans tous les cas, il ya une triple condition à respecter pour que le consentement de
la victime profite à l’auteur et l’exempte de peine:

-Le consentement doit être antérieur à l’acte interdit ;

-Les effets de l’acte doivent être bien connus et compris par la victime ;

-Le consentement doit être libre, éclairé voire exprès.

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A travers ces conditions, on comprend aisément que lorsque le consentement n’a
pas été donné ou qu’il a été retiré, il n’a plus de valeur exonératoire. Confère
l’article 301: « Le fait de pratiquer ou de faire pratiquer sur une personne une
recherche biomédicale sans avoir recueilli le consentement libre, éclairé et exprès de
l'intéressé, des titulaires de l'autorité parentale ou du tuteur ou d'autres personnes,
autorités ou organes désignés pour consentir à la recherche ou pour l'autoriser, dans
les cas prévus par les dispositions du Code de la santé publique est puni d’un
emprisonnement 3 ans et d’une amende de 5.000.000 à 15.000.000 de francs
guinéens ou de l’une de ces deux peines seulement.

Aussi lorsque la victime ne pouvait mesurer la teneur de l’acte auquel elle a donné
son accord, même s’il en a existé, l’auteur ne saurait bénéficier d’impunité pénale.

C’est le cas des atteintes sexuelles mêmes consenties, elles demeurent punissables
à cause du fait que la victime (mineure de son état) ne pouvait comprendre la gravité
de l’acte sexuel commis sur sa personne. Confère l’article 355 du Code de l’Enfant
Guinéen : « Constitue le crime de pédophilie et puni de 3 à 10 ans
d’emprisonnement et de 500.000 à 2.000.000 de francs guinéens d’amende, tout
acte de pénétration sexuelle ou d’attouchement sexuel de quelque nature qu’il soit,
commis sur la personne d’un Enfant de 14 ans,….ou toute exposition ou exploitation
aux fins commerciales ou touristiques de photographies, films ou dessins à caractère
pornographique mettant en scène une ou plusieurs personnes mineures âgées de
moins de 14 ans… ».

Paragraphe3: la minorité pénale ou la délinquance enfante

Rappelons tout d’abord qu’en guinée cette matière est à la fois traitée par le code
pénal et le code de l’enfant guinéen. Toute de même, comme il est de principe
fondamental que la norme spéciale prime sur celle générale lorsqu’elles traitent de la
même matière, le code de l’enfant guinéen nous servira de base pour le
développement du présent sujet à partir de sa deuxième partie, titre IV au chapitre
préliminaire intitulé ‘’de la responsabilité pénale des mineurs’’.

Ce code fixe l’âge de la responsabilité pénale à 18 ans. Confère son article 338 qui
dispose : « La responsabilité pénale est fixée à 18 ans… ».

Conformément à cet arsenal répressif, le simple fait que le délinquant soit moins âgé
(mineur) ne suffit pas pour qu’il soit automatiquement reconnu non coupable ou
irresponsable des actes qu’il a commis. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on ne
peut pas faire figurer entièrement la minorité pénale parmi les causes
d’irresponsabilité pénale.

Il sera question à ce niveau de mettre en exergue trois situations fondamentales. Le


statut du délinquant dépendant de la tranche d’âge à laquelle il appartient au
moment des faits (A), ensuite les mesures pouvant être prises en l’encontre du
délinquant mineur (B) enfin la procédure qui est applicable en la matière (C).

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A- Le statut du délinquant :

Comme nous l’avons mentionné plus haut, il y a des tranches d’âges prises en
compte par la loi pour déterminer le statut pénal du mineur :

 Les faits commis par un Enfant de 10 ans ne sont pas susceptibles de


qualification et de poursuites pénales.
 Les enfants de 10 à 13 ans ne peuvent faire l’objet que de mesures de
protection, d’assistance, de surveillance et d’éducation prévues par la Loi.

L’Enfant de 13 ans bénéficie de droit, en cas de culpabilité, de l’excuse absolutoire


de minorité. Voir l’article 339 C.E.G ;

 Lorsqu’un Enfant de 13 à 18 ans est prévenu d’un délit:

- S’il est décidé qu’il a agi avec discernement, la peine prononcée contre lui ne
pourra s’élever au-dessus de la moitié de celle à laquelle il aurait pu être condamné
s’il avait eu 18 ans. Voir l’article 344 C.E.G ;

 L’Enfant âgé de plus de 13 ans et de moins de 16 ans qui est convaincu de


crime :

S’il est décidé qu’il a agi avec discernement, les peines suivantes lui seront
applicables :

- 5 à 7 ans d’emprisonnement s’il encourt la peine de mort ou celle de la réclusion


criminelle à perpétuité ;

- 2 à 5 ans d’emprisonnement s’il encourt la peine de la réclusion criminelle à temps


ou de la détention criminelle ;

- 1 à 3 ans d’emprisonnement s’il encourt la peine de la dégradation civique. Voir


l’article 345 C.E.G ;

 L’Enfant âgé de 16 à 18 ans convaincu de crime sera condamné aux peines


suivantes :

- 5 à 10 ans d’emprisonnement s’il encourt la peine de mort ou celle de la réclusion


criminelle à perpétuité ;

- L’emprisonnement pour un temps égal à la moitié, au plus, de celui pour lequel il


aurait pu être condamné s’il encourt la peine de la réclusion criminelle de 10 à 20
ans ou de 5 à 10 ans, de la détention criminelle de 10 à 20 ans ou de 5 à 10 ans ;

- 2 à 5 ans au plus d’emprisonnement s’il encourt la peine de la dégradation civique.

Dans tous les cas, il pourra lui être fait défense de paraître, pendant 5 ans au moins
et 10 ans au plus dans des lieux dont l’interdiction lui sera signifiée. Voir l’article 346
C.E.G ;

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B- Les mesures applicables aux mineurs:

Dans cette partie, nous allons voir trois grandes mesures auxquelles sont soumis les
mineurs délinquants.

1- Les mesures d’assistance et de surveillance

Elles sont nombreuses. Entre autres : activité d’aide ou de réparation à l’égard de la


victime ou dans l’intérêt de la collectivité ; remise de l’intéressé à un particulier qui
sera chargé de l’éduquer (parents, tuteur, membre de famille ou personne de
confiance…)

2- La liberté surveillée

La liberté surveillée consiste à placer le mineur sous la surveillance d’un délégué.


Cette personne qui est désignée par la justice, veille et contrôle les conditions de vie
et de conduite de l’enfant ainsi que celles des personnes qui en ont la garde.

3- L es sanctions éducatives

Il s’agit d’une catégorie intermédiaire qui est en cheval entre les mesures
d’assistance et celles de sanctions pénales. Elles sont aussi nombreuses.
Notamment : l’interdiction de fréquenter les coauteurs et complices, l’obligation de
suivre un stage pour son insertion sociale…

C- Les juridictions compétentes et la procédure

La démarche à ce niveau consiste à mettre un regard clair sur les juridictions


compétentes en matière de l’enfance délinquante (1) d’une part et la procédure
proprement dites (2) d’autre part.

1-La compétence juridictionnelle

La question de la délinquance enfante est un ensemble de règles soumises à


l’appréciation des juridictions spécialisées. Les affaires concernant les mineurs
auxquels on reproche une infraction, sont portées devants les juridictions suivantes:
le Tribunal pour enfant ; le Juge des enfants et la chambre spéciale de la Cour
d’Appel en ce qui concerne les délits et les contraventions et la cour d’assises des
mineurs en matière criminelle.

2-La procédure en matière de minorité

Dans un cadre général, il est à reconnaitre que le mineur bénéficie de traitements


très appropriés à son statut :

- Il est à préciser que les procédures de flagrant délit et de citation directe sont
inapplicables aux enfants en conflit avec la Loi.
- L’information est obligatoire à tous les stades de la procédure. Confère l’article
312 C.E.G;

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- A la phase policière, aucun acte de procédure ne peut être entrepris par un
agent de police judiciaire sans préalablement en avoir informé les représentants
légaux du délinquant (parents ou tuteurs), également informer à la minute, le
mineur de tous les droits dont il va bénéficier (assistance gratuite d’avocat,
présence des parents durant la procédure) enfin et surtout aviser le procureur de
la République ou le Juge des enfants;
- Même si cela est possible dans certains cas, le mineur ne peut être
provisoirement détenu dans une maison d’arrêt qu’en dernier ressort et pour une
durée maximum de six (6) mois (crimes);
- Le Tribunal pour enfants statue en chambre de conseil ;
- Dès qu’un Enfant est appréhendé, l’Officier de Police Judiciaire doit informer
immédiatement de cette mesure les parents, le tuteur, la personne ou le Service
auquel est confié l’Enfant.
- Les Officiers de Police Judiciaire ne peuvent procéder à l’audition de l’Enfant
suspecté, ni n’entreprendre aucune procédure à son encontre qu’après avoir
donné avis au Procureur de la République compétent ou au Juge des Enfants ;
- Dans tous les cas, l’Enfant ne peut être entendu par l’Officier de Police Judiciaire
qu’en présence de son répondant : Parent, tuteur, gardien ou Avocat ;
- L’Enfant doit être informé dans le plus court délai et directement des faits qui lui
sont reprochés, de son droit à être assisté d’un Avocat et de son droit de
bénéficier de la présence d’un parent ou tuteur ;
- Tout Enfant poursuivi pour une infraction pénale doit être assisté gratuitement
d’un Avocat. A défaut de choix d’un Avocat par l’Enfant ou ses représentants
légaux, le Procureur de la République, le Juge de paix, le Juge des Enfants ou le
Juge d’Instruction fait désigner par le Bâtonnier un Avocat d’office. l’article 340
C.E.G ;

Quatrième partie: La sanction pénale

La compréhension du cours du Droit pénal serait difficile voire impossible si on se


limitait seulement à l’étude de l’infraction et de la responsabilité pénale.

Pour parachever ce noble travail il est d’une nécessité impérieuse de réserver une
bonne place à la sanction pénale dans tous ses aspects. Ainsi, cette quatrième et
dernière partie de notre programme sera consacrée à trois grands chapitres.

Chapitre I: Distinction de la peine des mesures de sûreté et classifications des


peines.

La peine est selon le lexique des termes juridiques, la sanction punitive infligée par
une juridiction répressive au nom de la société, à l’auteur d’une infraction en
rétribution de la faute commise. Cette définition désigne de façon trop stricte, la

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sanction pénale. Or, le terme sanction pénale englobe toutes les mesures mises en
place par la société afin de punir les auteurs d’infractions non seulement, mais aussi
de se faire éviter de tout danger éventuel. D’où la nécessité de distinguer la peine
des mesures de sûretés (Section1) avant de procéder successivement à la
classification des peines (Section2).

Section1: Distinction de la peine des mesures de sûreté

La peine et la mesure de sûreté sont deux notions qui se recoupent à plusieurs


points de convergence avant de s’écarter l’une de l’autre.

Paragraphe1 : Les points communs des deux notions

La peine et la mesure de sûreté se recoupent au niveau de leurs


caractères fondamentaux.

1-Le caractère légal: comme la peine, la mesure de sûreté ne peut être appliquée
que lorsqu’elle est prévue par la loi. Ce principe de la légalité des mesures de sûreté
est visé à l’article 12 du code pénal guinéen, ayant comme équivalent, l’article 5 du
même code ;

2-Le caractère égalitaire: semblablement à la peine, la mesure de sûreté est


appliquée aux individus de mêmes circonstances sans tenir compte d’aucun critère
de discrimination arbitraire tenant soit au sexe, à la religion ou au rend social ;

3-Le caractère personnel: à l’image de la peine qui ne s’applique qu’à la personne


seule du délinquant, la mesure de sûreté, n’est prise que contre la personne qui
présente un état dangereux à la société. On ne peut jamais l’envisager contre un
proches parents de l’individu.

Toutefois, ces deux notions ont une gamme de points de démarcation.

Paragraphe 2 : Les points de divergence entre peine et mesure de sûreté

1- Distinction du point de vue origines

Contrairement à la peine qui, pour son application, exige qu’une infraction soit
préalablement commise, la mesure de sûreté quant à elle, peut intervenir même à
l’absence de toute infraction ou de toute responsabilité pénale. Elle vise comme
référence l’état dangereux de l’individu ;

2-Distinction quant aux buts :

A l’opposé de la peine qui vise comme but la rétribution d’un fait passé donc ayant
pour aspect, l’idée de sanctionner. Dont entre autres: l’intimidation, la réparation du
dommage, la réadaptation ou l’élimination du délinquant, la mesure de sûreté elle, a
pour but la prévention du danger pour la protection de la société. On peut donc dire
qu’elle est orientée vers l’avenir;

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3-Distinction du point de vue régimes:

Contrairement à la peine dont la durée est déterminée à l’ avance et lorsque qu’elle


est passée en force de chose jugée elle n’est pas en principe modifiable; la mesure
de sûreté elle, peut être revue régulièrement et changée tant que cela est
nécessaire à l’état dangereux et la protection de la société.

Section 2 : La classification des peines

Après cet intéressant débat sur les différentes notions, force est de reconnaitre que
la peine prise particulièrement regorge une importance capitale. Nous le
remarquerons à travers ses diverses classifications.

On classe les peines selon quatre (4) critères fondamentaux.

Paragraphe1: La classification des peines selon leur échelle ou gravité

Cette classification regroupe trois (3) catégories. A savoir :

A- Les peines en matière criminelle :

Elles sont afflictives et infamantes ou seulement infamantes. Il s’agit des peines de


réclusion ou de détention criminelles. Conformément au nouveau code pénal
guinéen en ses articles 26 à 28, les peines criminelles sont les suivantes:

- la réclusion criminelle à perpétuité ;


- la réclusion criminelle à temps ;
- la détention criminelle ;
- La peine simplement infamante est la dégradation civique.

Il faut signaler de passage que la peine de mort a été finalement supprimée par le
législateur guinéen.

Il faut entendre par peine afflictive, toute peine criminelle qui atteint le délinquant
dans son intégrité physique.

Quant à la peine infamante ou de dégradation civique, c’est la peine criminelle qui


destitue le délinquant de ses droits civiques et civils.

B- Les peines correctionnelles :

Aux termes de l’article 33 du même code, les peines correctionnelles sont:

1. l'emprisonnement;

2. l'amende;

3. l'interdiction à temps de l’exercice de certains droits civiques, civils ou de famille.


Toutefois, il est institué dans les conditions prévues aux articles 39 à 47, des peines

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de substitution aux peines d’emprisonnement. Il s’git du jour-amende; du travail
d’intérêt général et de la sanction-réparation.

C- Les peines en matière contraventionnelle:

Conformément aux dispositions de l’article 67 du même code, les peines


contraventionnelles encourues par les personnes physiques sont:

1. l'amende;

2. les peines privatives ou restrictives de droits prévues à l'article 69;

Aux termes de l’article 68 NCPG, les peines d’amende prévues contre les
contraventions sont les suivantes:

 50.000 francs guinéens au plus pour les contraventions de la 1ère classe;


 100.000 francs guinéens au plus pour les contraventions de la 2ème classe ;
 300.000 francs guinéens au plus pour les contraventions de la 3ème classe ;
 400.000 francs guinéens au plus pour les contraventions de la 4ème classe ;
 500.000 francs guinéens au plus pour les contraventions de la 5ème classe ;

Les différentes classes d’infractions qualifiées de contraventions sont traitées par le


livre septième au titre II en ses chapitres I à V et aux articles 943 à 1006 du
nouveau code pénal guinéen. Il s’agit notamment des :

- contraventions de la 1ère classe (de la diffamation et de l'injure non publiques);


- contraventions de la 2ème classe (de la divagation d'animaux) ;
- contraventions de la 3ème classe (des bruits ou tapages injurieux ou nocturnes) ;
- contraventions de la 4ème classe (de la diffusion de messages indécents);
- contraventions de la 5ème classe (de l'intrusion dans les établissements scolaires)

Paragraphe 2: La classification des peines selon leur rapport entre elles

Il ya à ce niveau aussi trois catégories, qui sont :

A- Les peines principales

La peine principale est celle qui est obligatoirement attachée à l’infraction et qui
permet de connaitre la catégorie de l’infraction selon la nature. Elle peut être
prononcée seule. C’est à elle que les autres peines s’ajoutent.

B- Les peines complémentaires

La peine complémentaire est celle qui s’ajoutent à la peine principale. Seulement,


elles doivent être expressément prononcées par le Juge. Lorsque la latitude est
laissée au Juge pour l’application de la peine complémentaire, alors elle est dite
facultative. Confère l’article 48 alinéa 3: «…Les peines complémentaires sont celles
qui nécessitent une décision spéciale motivée du Juge ». Elles sont soit obligatoires
ou facultatives.

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C- Les peines accessoires

Comme la peine complémentaire, la peine accessoire s’ajoute aussi à la peine


principale. Sa différence avec la première est que la peine accessoire s’ajoute de
plein droit à la peine principale, sans qu’il y ait nécessité pour le Juge d’en prononcer
expressément. Confère l’article 48 alinéa 2: «…Les peines accessoires sont celles
qui s’ajoutent de plein droit aux condamnations principales…»;
Tel est le cas de la dégradation civique pour toutes les peines criminelles. Confère
l’article 50 du même code qui dispose : « La dégradation civique est une peine
accessoire de toute peine criminelle. Elle consiste en : 1. la destitution et
l'exclusion des condamnés de toutes fonctions, emplois ou offices publics ; 2. la
privation du droit de vote, d'éligibilité et en général de tous les droits civiques et
politiques et du droit de porter toute décoration ;…»
C’est le cas de la dégradation civique pour toute peine criminelle.
Paragraphe 3: La classification des peines selon leur domaine afflictif

Nous le savons bien, la peine ne s’applique qu’aux personnes. Mais elle les atteint à
différents endroits. Nous en avons six (6), qui sont les suivants:

1- Les peines contre l’intégrité corporelle :

La peine corporelle comme son nom l’indique, est celle qui atteint l’auteur dans son
corps en lui infligeant une douleur physique. En guinée l’unique peine corporelle, est
la peine de mort. Elle est exécutée par fusillade. Cf. article 14 ;

2- Les peines contre la liberté :

Ces peines sont plus courantes et existent en foison dans toutes les matières
(criminelles, correctionnelles et de simple police). Entre autres : l’incarcération,
l’interdiction de séjour, le retrait de pièces de transport (passeport, visa…) ;

3- Les peines pécuniaires :

Ainsi appelées, les peines pécuniaires sont celles qui atteignent le délinquant dans
son patrimoine. Il s’agit des peines d’amende, des allocations de dommages-intérêts,
des confiscations de biens… ;

4- Les peines contre l’activité professionnelle:

Celles-ci sont des peines qui frappent le délinquant dans sa vie professionnelle. Il
s’agit des interdictions, des déchéances ou des incapacités à temps ou
définitivement d’exercer certaines professions ;

5- Les peines contre l’exercice de droits :

Cette catégorie de peine est celle qui prive le délinquant de l’exercice en tout ou
partie de certains droits civiques, civils ou politiques. Exemple : tout individu
condamné à une peine criminelle est privé de ses droits civiques, civils (vote,
éligibilité…) durant sa peine;

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6- Les peines contre la réputation:

La peine contre la réputation consiste, à porter à la connaissance du public, la


condamnation dont le délinquant a fait l’objet. On y procède par publicité de la
décision dans les journaux écrits, à la radio ou à la télévision.

Paragraphe 4 : Les autres classifications

Cette dernière classification prend comme référence deux critères. L’un est relatif à
la durée (A) et l’autre au but de la peine (B).

A- La classification d’après la durée de la peine

Ici, la distinction est faite entre les peines perpétuelles (la réclusion criminelle à
perpétuité, la fermeture ou l’incapacité définitive…) d’une part et les peines
temporaires dont la durée est limitée dans le temps (la réclusion et la détention
criminelle à temps de 5 à 20 ans, la fermeture provisoire d’établissements…) d’autre
part.

B- La classification d’après le but de la peine

Il en existe trois (3):

1- Les peines d’avertissement :

Il s’agit des peines qui mettent en demeure le délinquant afin qu’il sache qu’il ya
l’épée de Damoclès qui menace de s’abattre sur lui en cas de répétition d’actes.
Exemple : les peines seulement pécuniaires en substitution de peines
d’emprisonnement, peines d’emprisonnement assorties de sursis ou encore la
libération conditionnelle…);

2- Les peines réformatrices:

Elles visent à permettre au délinquant de régulariser sa situation future avec la


société. Exemple : les peines privatives de liberté de longue durée et la mise sous
surveillance judiciaire des personnes morales… ;

3- Les peines éliminatrices:

Les peines d’élimination sont celles qui ont pour but, de neutraliser le délinquant. Il
s’agit pour les personnes physiques, de la peine de mort ou de la perpétuité et pour
les personnes morales, de la dissolution.

Chapitre II : La fixation de la peine

A l’image de l’infraction, la peine obéit strictement au principe de la légalité. C'est-à-


dire qu’aucune peine ne peut être prononcée sans qu’une loi ne l’ait prévue.

Pour l’attribution de la peine aux différents cas et auteurs d’infraction, plusieurs


organes interviennent. Notamment le législateur (S1) qui fait un travail de premier

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plan et le Juge répressif (S2) qui fixe le délinquant sur son sort dans les limites
prescrites par le législateur.

Section I: Le rôle du législateur dans la fixation de la peine

Dans le cadre de la détermination de la peine, le législateur semble être le premier


artisan.

En déterminant les différentes incriminations conformément au principe de la légalité,


il est « obligé » de fixer également les peines dans le même sciage. Ces peines
peuvent être fixes. Mais dans la plupart des cas, elles sont soit aggravées pour
certaines causes (§1) ou alors diminuées pour d’autres causes (§2).

Paragraphe 1: Les causes d’aggravation ou circonstances aggravantes

Souvent confondues mais à tors aux éléments constitutifs de l’infraction, les


circonstances aggravantes se démarquent de ceux-ci au niveau des conditions
d’existence. En effet, qu’il y ait une circonstance aggravante ou pas, l’existence
d’une infraction de base ne fait aucun défaut.

Ce qui importe de plus à ce niveau, est que les causes d’aggravation sont de deux
ordres. Les unes sont particulières à certaines infractions. Nous avons par exemple
les huit circonstances aggravantes du vol énumérées à l’article 374 du nouveau
code pénal. Et à cause de la pléthore de ces circonstances, nous allons focaliser les
détails de notre présent paragraphe sur l’autre qui est la cause générale
d’aggravation des peines (la récidive). Tant dans ses conditions (A), ses différentes
hypothèses (B) que dans ses preuves (C), la récidive est une notion importante.

 La récidive:

Selon les dispositions de l’article 99 du code pénal guinéen : « Est récidiviste celui
qui, après avoir été condamné pour crime ou délit à une peine prononcée par une
juridiction nationale et non effacée par l'amnistie, commet un second crime ou délit
qui n'est pas la conséquence de la première infraction ».

Quant à son régime juridique, il faut dire qu’il ya quatre sortes de récidive :

- La récidive perpétuelle, est celle dont la peine est aggravée sans tenir compte
du temps qui a séparé la première infraction de la suivante ;
- La récidive temporaire, c’est celle dont la peine ne sera aggravée que lorsque le
délai pour cela est arrivé. Ex : de 5 à 10 ans.
- La récidive générale, est générale la récidive dont la peine est aggravée même
si les infractions qui se sont succédées ne sont pas de même nature. Ex : le
condamné pour vol qui aggrave sa peine en commettant une escroquerie. Il suffit
qu’il ait un lien de degré (crime et crime ou délit et délit) ;
- La récidive spéciale, est dite spéciale, la récidive dont l’aggravation de la peine
exige que les infractions qui se sont succédées, soient semblables. C'est-à-dire

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que les deux infractions aient le même instinct délictueux. Exemple: Casser la
porte (effraction) pour voler (vol).

Après ce bref et nécessaire rappel, il convient maintenant de détailler les éléments


que nous avons énoncés plus haut.

A- Les conditions de la récidive:

Encore appelées termes, les conditions de la récidive sont au nombre de deux. Elles
sont regroupées en termes (1) et (2).

1- Le premier terme :

Ce terme concerne trois caractères de la condamnation. Pour qu’une infraction soit


récidivée, il faut qu’il y ait:

- Une condamnation pénale, c'est-à-dire une peine répressive (peine privative de


liberté, ou de droit…), donc même s’il ya eu condamnation, mais si celle-ci est
civile (paiement de dommages-intérêts, réparation de préjudices…), on ne
pourrait pas parler de récidive en cas d’infraction à la loi pénale;
- Une condamnation définitive, il faut qu’il s’agisse d’une condamnation passée en
force de chose jugée. C'est-à-dire qui n’est susceptible d’aucune voie de recours;
Donc depuis le prononcé de la condamnation jusqu’à l’expiration des délais de
recours, si le délinquant venait à commettre une autre infraction, celle-ci ne sera
pas prise en compte pour la récidive;
- Une condamnation prononcée par une juridiction répressive nationale. Ceci nous
amène à comprendre que même si l’individu a déjà été condamné pour infraction
et dans le temps requis pour la récidive, mais si cette condamnation fut
prononcée par une juridiction répressive étrangère, elle ne jouera pas pour la
récidive.
2- Le second terme:

Ce dernier terme concerne la dernière exigence qui est faite par le texte de la
définition. Selon ce texte, en dépit de tout ce qui précède, il faut qu’il y ait une
nouvelle infraction qui ne résulte pas directement de la première. Pas une infraction
de cause à effet. Ainsi par exemple, si un prisonnier venait de s’évader, bien attendu,
pour ce seul fait il sera sanctionné, mais jamais, on ne saurait aggraver sa première
peine pour récidive. Dans ce cas, il n’y a pas de récidive parce que la seconde
infraction (évasion) est la conséquence directe de la première (l’infraction pour
laquelle il était déjà en prison).

B- Les hypothèses de la récidive:

Ces hypothèses sont au nombre de trois (3). Il s’agit des rapports inter infractions.

1- La première hypothèse: la récidive de crime à crime

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La récidive d’un crime a pour premier terme, une autre condamnation aussi
criminelle. Et la peine qui lui est applicable est celle qui suit la première dans
l’échelle ;

2- Deuxième hypothèse: La récidive de délit à délit:

En matière correctionnelle, la récidive se subdivise en deux (2) branches :

- la grande récidive correctionnelle, elle est visée à l’article 101 alinéa 1 du même
code. Elle a pour premier terme, une condamnation de peine d’emprisonnement
supérieure à une année et pour second terme, une peine d’emprisonnement. La
peine applicable à cette récidive est le double du maximum légal prévu pour la
deuxième infraction;
- la petite récidive correctionnelle, prévue au même article 101 alinéa 3. Elle a pour
premier terme, une condamnation à une peine correctionnelle et son second
terme est simplement le même délit.

La sanction prononcée contre la seconde infraction est le double du maximum légal


prévu pour cette deuxième infraction;

3- La troisième hypothèse: Récidive en matière contraventionnelle.

Elle est consacrée par l’ article 102 du même code, au sens duquel l’individu qui est
déjà condamnée définitivement pour une contravention de la 5 ème classe, commet,
dans le délai d'un an à compter de l'expiration ou de la prescription de la précédente
peine, la même contravention. Le maximum de la peine d'amende encourue est
porté à 1.000.000 de francs guinéens.

Il faut retenir que la législation pénale guinéenne nouvelle a opté pour la récidive
générale;

C- Les preuves de la récidive:

Avant de rendre toute décision répressive, le Juge doit se poser la question sur
l’identité et le passé pénal de la personne qui se trouve devant lui. Ainsi, pour y
procéder le casier judiciaire semble être l’un des moyens les plus efficaces. Il porte
sur trois bulletins fondamentaux:

a- Le bulletin N°1:

Le bulletin n°1 est le relevé intégral des fiches du casier judiciaire qui n'est délivré
qu'aux autorités judiciaires.

Lorsqu'il n'existe pas de fiche au casier judiciaire, le bulletin n°1 porte la mention
"Néant".

Le bulletin n°1 peut également être délivré aux greffes des établissements
pénitentiaires afin de permettre aux directeurs des services pénitentiaires, d'insertion
et de probation de proposer un aménagement de peine comme modalité d'exécution

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d'une fin de peine d'emprisonnement ou d'apprécier, avant la libération d'une
personne faisant l'objet d'un sursis avec mise à l'épreuve, les modalités de son suivi.

Confère l’article 1207 du nouveau code de procédure pénale.

Il faut préciser que ce relevé est délivré aux autorités des juridictions du lieu de
naissance du condamné.

Toutes ces décisions doivent être définitives pour qu’elles y soient portées ;

b- Le bulletin N°2:

Le bulletin n°2 est le relevé intégral du casier judiciaire délivré à certaines autorités
nommément désignées par la loi:

1. aux préfets et aux administrations publiques de l'Etat saisis de demandes


d'emplois publics, de propositions relatives à des distinctions honorifiques ou de
soumissions pour des adjudications de travaux ou de marchés publics ou en vue de
poursuites disciplinaires ou de l'ouverture d'une école privée, ainsi que de demandes
d'agrément destinées à permettre la constatation par procès-verbal d'infractions à la
loi pénale ;

2. aux autorités militaires pour les appelés des classes et de l'inscription maritime et
pour les jeunes qui demandent à contracter un engagement ainsi qu'aux autorités
publiques compétentes en cas de contestation sur l'exercice des droits électoraux ou
sur l'existence de l'incapacité d'exercer une fonction publique élective;

3. aux administrations et personnes morales dont la liste sera déterminée par le


décret prévu à l'article 1217, ainsi qu'aux administrations ou organismes chargés par
la loi ou le règlement du contrôle de l'exercice d'une activité professionnelle ou

sociale lorsque cet exercice fait l'objet de restrictions expressément fondées sur
l'existence de condamnations pénales ou de sanctions disciplinaires.

4. aux présidents des tribunaux statuant en matière commerciale pour être joint aux
procédures de faillite et de règlement judiciaire, ainsi qu'aux greffes commis à la
surveillance du registre du commerce à l'occasion des demandes d'inscription audit
registre ;

5. aux présidents de conseils régionaux saisis d'une demande d'agrément en vue


d'adoption prévu par la loi fixant le régime des associations en Guinée ;

Les dirigeants de personnes morales de droit public ou privé exerçant auprès des
mineurs une activité culturelle, éducative ou sociale au sens de la loi L2005/013/AN
du 4 juillet 2005 fixant le régime des associations en Guinée peuvent obtenir la
délivrance du bulletin n°2 du casier judiciaire, pour les seules nécessités liées au
recrutement d'une personne, lorsque ce bulletin ne porte la mention d'aucune
condamnation. Confère l’article 1214 du même code.

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c- Le bulletin N°3:

Le bulletin n°3 est le relevé des condamnations suivantes prononcées par une
juridiction nationale pour crime ou délit, lorsqu'elles ne sont pas exclues du bulletin
n°2:

1. les condamnations à des peines privatives de liberté d'une durée supérieure à 2


ans qui ne sont assorties d'aucun sursis ou qui doivent être exécutées en totalité par
l'effet de révocation du sursis;

2. les condamnations à des peines privatives de liberté de la nature de celles visées


au point 1 ci-dessus et d'une durée inférieure ou égale à 2 ans, si la juridiction en a
ordonné la mention au bulletin n°3;

3. les condamnations à des interdictions, déchéances ou incapacités prononcées par


une juridiction nationale sans sursis, en application des articles 34 à 42 du Code
pénal, pendant la durée des interdictions, déchéances ou incapacités;

4. les décisions prononçant le suivi socio-judiciaire prévu par l'article 176 du Code
pénal ou la peine d'interdiction d'exercer une activité professionnelle ou bénévole
impliquant un contact habituel avec des mineurs, pendant la durée de la mesure. Le
bulletin n°3 contient également les condamnations prononcées par les juridictions
étrangères à des peines privatives de liberté d'une durée supérieure à 2 ans qui ne
sont assorties d'aucun sursis. Le bulletin n°3 ne peut être réclamé que par la
personne qu'il concerne, il ne doit, en aucun cas, être délivré à un tiers.

Après les causes d’aggravation, nous verrons également les circonstances qui font
abandonner en tout ou partie, certaines peines.

Paragraphe 2: Les causes d’atténuation et d’excuses légales

Il s’agit des causes d’atténuation. Elles sont de deux grandes catégories. A savoir:

A- L’excuse de minorité:

Elle joue un rôle très prépondérant comme nous l’avons étudiée plus haut.

Depuis longtemps, la question des enfants en conflit avec la loi, demeure une
préoccupation majeure du Droit pénal.

Ainsi, le mineur même coupable d’une infraction qui lui est imputable, si seulement il
est âgé de moins treize 13 ans, alors il bénéficie d’une excuse absolutoire. Et
lorsqu’il n’a pas encore atteint la dizaine de son âge, l’excuse va plus loin en
dispensant le mineur délinquant, de toute responsabilité. C’est du moins ce que
l’article 64 du code pénal guinéen retrace clairement;

B- L’excuse de provocation:

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Les excuses légales de provocation sont prévues par les articles 287 et 288 du
code pénal.

A ce niveau, le texte a énuméré certaines circonstances, telles que ses propres


coups et blessures, le suicide, la riposte à l’escalade et à l’effraction. Tel qu’il suit :

Le meurtre ainsi que les blessures et les coups sont excusables s'ils ont été
provoqués par des coups ou violences graves envers les personnes victimes desdits
coups ou violences. Confère l’article 287 : « Le meurtre ainsi que les blessures et
les coups sont excusables s'ils ont été provoqués par des coups ou violences graves
envers les personnes victimes desdits coups ou violences ».

Les crimes et délits mentionnés au précédent article sont également excusables s'ils
ont été commis en repoussant pendant le jour, l'escalade ou l'effraction des clôtures,
murs ou entrées d'une maison ou d'un appartement habité ou de leurs dépendances.
Si le fait est arrivé pendant la nuit, il n'y a ni crime ni délit.

Ces causes comme nous l’avons dit, ont pour effets, d’abaisser la peine d’un degré
ou de l’abandonner totalement.

L’excuse légale est une circonstance atténuante ou absolutoire qui se rapproche


beaucoup plus de certains faits justificatifs. Notamment de la légitime défense. Mais
elle se distingue de ceux-ci au niveau de la responsabilité pénale. Pour la légitime
défense prise isolement par exemple, il n’ya point de responsabilité (article 21) alors
que pour l’excuse légale, la responsabilité pénale de l’auteur demeure engagée,
seulement il est dispensé (excusé) de peines à cause de la circonstance qui lui est
favorable.

Section 2: Le rôle du Juge dans la fixation de la peine

Fondamentalement, le rôle du Juge est purement auxiliaire en ce sens qu’il est


chargé d’appliquer la loi strictement telle que le législateur l’a déjà codifiée. En
principe il ne peut ni augmenter ni retrancher à la teneur d’un texte de loi.

Pourtant, force est de reconnaitre que le Juge est l’épicentre dans l’exécution de
cette noble tache. Ainsi, le caractère auxiliaire de son intervention dans la fixation de
la peine ne doit nullement porter à croire qu’il est à reléguer au second rang.

D’ailleurs, il faut rappeler que le Juge a un large pouvoir dans la fixation de la peine.
Pendant le jugement, la loi lui donne la latitude de fixer la peine du délinquant dans
la gamme qui lui est proposée. C'est-à-dire, il est libre de choisir entre le minimum et
le maximum de la peine fixée. Par exemple, lorsque la loi prévoit de 1 à 5 ans.

Pour mieux comprendre l’étendue du pouvoir du Juge, nous consacrerons tout un


chapitre sur le sort de la peine.

Chapitre III: Le sort de la peine

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Le sort de la peine dépend soit du Juge, de l’exécutif ou même d’un simple concours
de temps.

Qu’il s’agisse ainsi du Juge, de l’exécutif ou du concours de temps, chacun en ce


qui le concerne, intervient dans la suspension de la peine (S1) ou dans son
extinction (S2).

Section I: Les causes de suspension de la peine

La peine peut être suspendue dans deux hypothèses fondamentales. Ces deux
mesures sont des actes qui émanent des autorités judiciaires. C’est le sursis (§1) et
la libération conditionnelle (§2).

Paragraphe 1: Le sursis

Une véritable procédure de politique criminelle, le sursis est : la mesure


d’indulgence accordée par le Juge à un délinquant primaire, qui consiste à dispenser
celui-ci de l’exécution de sa peine privative de liberté en tout ou partie pendant un
temps d’épreuve déterminé par ladite peine.

A- Les conditions du sursis:

Il y a trois conditions qui sont respectivement relatives au passé criminel du


délinquant(1), aux peines pouvant y être assorties(2) et aux juridictions compétentes
à l’accorder (3).

1- La condition relative au passé pénal du délinquant:

Cette exigence est clairement édictée par l’article 136 du code pénal qui dispose
que: « Le sursis ne peut être ordonné à l’égard d’une personne physique que
lorsqu’elle n’a pas été condamnée à une peine d’emprisonnement au cours des
5 années précédant les faits constitutifs de délit de droit commun… » ;

2- La condition relative aux peines à sursis:

A l’égard des peines, le sursis n’est accordé que lorsque l’infraction en cause n’est
pas frappée d’une peine criminelle ou contraventionnelle de droit commun. Confère
l’article 137 du même code qui dispose : « Le sursis est inapplicable aux peines
criminelles privatives de liberté et aux peines prononcées pour contravention ».

On peut donc en déduire sans erreur de se tromper que seuls les condamnés à des
peines correctionnelles de droit commun peuvent bénéficier du sursis.

3- La condition relative aux juridictions compétentes:

Cette dernière condition exclut purement et simplement toutes les juridictions


d’instruction, ceci pour la simple raison que ces dernières ne prononcent pas de
culpabilité ni de condamnation, plutôt que de simple inculpation ;

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Ainsi, ne peuvent accorder le sursis, que les juridictions répressives de jugement,
notamment le tribunal correctionnel, le tribunal militaire et quelques rares fois, le
Tribunal Criminel.

Rappelons de passage que le sursis n’est qu’une faveur que le Juge peut accorder
au délinquant et non un droit que ce dernier peut lui exiger. Il l’accorde lorsqu’il le
trouve légalement nécessaire.

B- Les effets du sursis:

Les effets du sursis se produisent respectivement pendant (1) et après (2) le délai
d’épreuve.

1- Pendant le délai d’épreuve:

Cette période est de cinq (5) ans à compter du jour où la condamnation est devenue
définitive. Confère l’article 141: « Toute nouvelle condamnation à une peine
d’emprisonnement ou de réclusion entraine la révocation du sursis antérieurement
accordé, quelle que soit la peine qui en est assortie… » ;

Cette révocation a ses conséquence au niveau de l’article 142: « En cas de


révocation du sursis, la première peine est exécutée sans aucune confusion possible
avec la seconde… ».

2- Au terme du délai d’épreuve:

Aux termes de l’article 140 du nouveau code pénal, la condamnation pour délit
assortie de sursis est réputée non avenue si le condamné qui en bénéficie n’a pas
commis dans les 5 ans suivant son prononcé, un délit de droit commun suivi d’une
nouvelle condamnation sans sursis qui emporte révocation.

En clair, si durant la période de cinq (05) ans depuis sa condamnation, le délinquant


n’a pas fait l’objet de nouvelle condamnation, alors sa peine est complètement
remise.

Toutes les peines accessoires ainsi que les incapacités échues, disparaissent à
jamais et son casier judiciaire redevient blanc. Par conséquent, ce cas ne comptera
plus pour la récidive et ne fera non plus obstacle à l’octroi de sursis.

Paragraphe 2: la libération conditionnelle

Contrairement à l’ancienne législation pénale guinéenne, le nouveau code de


procédure pénale confère désormais l’octroi de la libération conditionnelle à deux
autorités judiciaires et non plus au Ministre de la justice garde des sceaux. Voir les
articles 1127 et suivants du nouveau code de procédure pénale.

La libération conditionnelle est une mesure de faveur accordée par le Juge ou le


Tribunal de l’application des peines selon le cas, à un individu condamné à une ou

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plusieurs peines privatives de liberté qui, pendant un temps donné en prison, a
présenté de gages sérieux de réadaptation sociale.

Il convient de mettre un accent particulier sur les conditions (A) avant de voir les
effets (B) de la libération conditionnelle.

A- Les conditions de la libération conditionnelle:

Ces conditions sont au nombre de trois:

1- Il faut une peine privative de liberté exécutée en partie:

Cette condition met à l’écart toutes les mesures de sûreté, les peines pécuniaires et
les peines privatives de droits. Ceci se comprend aisément parce que la loi fait
l’exigence que le condamné ait effectué une partie de sa peine en prison.

Cette durée est en général égale à la moitié de la durée totale de la peine encourue.
Pour les cas de récidive, la loi exige une durée qualifiée;

2- Les conditions de bonne conduite :

Le condamné doit fournir d’énormes efforts sérieux prouvant manifestement sa


volonté de réinsertion sociale. On remarque cet effort à travers certaines attitudes du
prisonnier qui, par exemple : pratique avec succès une activité professionnelle, son
attachement aux œuvres de cultes ou encore sa préoccupation pour l’indemnisation
de la victime. Toutefois, l’autorité compétente peut aussi se baser sur des
considérations subjectives pour l’accorder. Ex : le poids de l’âge, l’état de santé, ou
encore raison d’Etat… ;

3- Le respect des obligations assorties de la libération :

Le condamné doit accepter et respecter strictement toutes les restrictions faites pour
l’exécution de la libération conditionnelle. Notamment, lorsque la décision de
libération fixe les modalités limitativement définies (lieu d’exécution, moment et lieu
de fréquentation…).

B- Les effets de la libération conditionnelle :

Il faut d’abord retenir que la libération conditionnelle n’éteint pas la peine et n’efface
non plus la condamnation, elle suspend provisoirement l’exécution de la partie
restante de la peine.

On dit que le condamné demeure ’’sub poena’’. C'est-à-dire sous la peine.

Par contre, toutes les peines accessoires et complémentaires subsistent et


poursuivent leur exécution normale. On peut ainsi retenir fondamentalement comme
effets :

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- Au cas où il n’y a pas eu d’incidents malheureux, c'est-à-dire, si le condamné a
observé toutes les conditions jusqu’à terme, alors la peine est réputée terminée
depuis le jour où le condamné avait recouvré sa liberté conditionnée ;
- Au contraire, en cas d’incidents d’inconduite par exemple, la libération
conditionnelle sera révoquée par l’autorité compétente et le libéré conditionnel
sera réincarcéré pour purger tout ou partie du temps qui restait le jour où il a été
mis en liberté conditionnelle.

Section II: L’extinction de la peine

D’ores et déjà, tenons à préciser qu’en principe la peine disparait à partir de deux
évènements. Soit par son exécution en bonne et due forme ou suite à la disparition
du condamné. Cette disparition peut s’agir de la mort (personnes physiques) ou de la
dissolution (personnes morales).

Toutefois, il ya bien d’autres circonstances qui mettent fin à la peine. Nous


retiendrons fondamentalement quatre qui feront l’objet de nos débats dans la
présente section.

Ces causes sont classées en deux grandes catégories. Les unes mettent fin à la
peine tout en laissant subsister la condamnation (§1) et les autres éteignent non
seulement la peine mais aussi la condamnation (§2).

Paragraphe1: Les causes d’extinction de la peine avec subsiste de la condamnation

Ces causes sont au nombre de deux. La première émane du président de la


République. Il s’agit de la Grace (A) et l’autre est un concours de temps. La
prescription (B).

A- La grâce

Aux termes de l’article 1192 du code de procédure pénale guinéen :« La grâce est
une dispense d’exécution de la peine, accordée par le Président de la République au
condamné frappé d’une condamnation définitive et exécutoire…».

La grâce est un droit constitutionnel exclusivement réservé au Président de la


République. Confère l’article 49 alinéa 2 de la constitution guinéenne de 2010. Il
l’accorde librement et quand il le juge nécessaire. Donc il n’y a pas une obligation
pour le président d’octroyer la grâce à quelqu’un. La condition est que la
condamnation doit devenir définitive avant toute intervention du Président de la
République et il doit aussi tenir compte des conséquences éventuelles au refus ou
de l’octroi de la grâce. Le Président de la République doit également respecter le cas
échéant, la partie incompressible des peines de longue durée ou de perpétuité.

Bien qu’elle ne soit soumise à aucune condition particulière, la grâce produit


plusieurs effets.

 Les effets de la grâce :

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Lorsqu’elle est accordée :

 la grâce met immédiatement fin à la peine d’emprisonnement, c'est-à-dire, le


délinquant s’il était incarcéré, il recouvre à partir de cette date, sa liberté;
 par contre, elle laisse la condamnation poursuivre son cours normal, ce qui veut
dire que la fiche de relevé du casier judiciaire du délinquant demeure inscrite et
cela lui prive de tout droit y afférant;
 elle fait obstacle à l’octroi du sursis, ce qui veut dire qu’elle compte pour la
récidive.
B- La prescription de la peine

La prescription est un principe en vertu duquel, lorsque la peine n’a pas été mise en
exécution pendant un certain délai fixé par la loi, elle ne pourra plus être subie par le
condamné.

Ces délais changent suivant la gravité de l’infraction. Ainsi, l’article 1190 du même
code dispose clairement :

 Les différents cas de prescription :


- Les peines prononcées par les décisions rendues en matière criminelle se
prescrivent par 20 années révolues à compter du jour où ces décisions sont
devenues définitives.
- Les peines prononcées par les décisions rendues en matière correctionnelle se
prescrivent par 5 années révolues à compter du jour où ces décisions sont
devenues définitives.
- Les peines prononcées par les décisions rendues en matière de simple police se
prescrivent par 2 années révolues à compter du jour où ces décisions sont
devenues définitives.
 Les effets de la prescription :
- Lorsque le délai requis est arrivé à terme, la peine est réputée exécutée ;
- Comme la grâce, la prescription laisse la condamnation continuée dans le casier
judiciaire, par conséquent, même ayant recouvré sa liberté, l’individu restera privé
des droits frappés par la condamnation ;
- Et comme la première, la peine prescrite compte pour la récidive et fait obstacle à
l’octroi du sursis.

Paragraphe 2 : Les causes d’extinction de la peine avec suppression de la


condamnation

Comme l’intitulé le mentionne sans équivoque, ces circonstances mettent fin non
seulement à la peine mais aussi suppriment la condamnation. Nous verrons
successivement l’amnistie (A) et la réhabilitation (B).

A- L’amnistie:

Synonyme de pardon légal, l’amnistie est un acte qui émane du pouvoir législatif
comme le prévoit notre nouveau code de procédure pénale en son article 1242 qui

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dispose : « L’amnistie est un acte du pouvoir législatif qui prescrit l’oubli d’une ou
plusieurs catégories d’infractions et en annule les conséquences pénales…».

Contrairement à la grâce, l’amnistie est une mesure objective qui ne prend en


compte que l’infraction et non la qualité du délinquant. Il convient de voir maintenant
ses effets. Ceux-ci se distinguent à travers le moment.

 Les effets de l’amnistie :


1- les effets avant une condamnation définitive:

Lorsqu’elle est intervenue avant que la condamnation ne devienne définitive,


l’amnistie met fin à toutes les poursuites en cours et si celles-ci n’étaient pas encore
déclenchées, elle les rend désormais impossibles. Puisqu’elle agi rétroactivement.

2- Les effets après une condamnation définitive:

Lorsque l’amnistie intervient alors qu’une condamnation définitive a déjà été


prononcée contre le délinquant, elle empêche l’exécution de la peine prononcée au
cas où le condamné avait commencé cette exécution, il doit immédiatement
recouvrer sa liberté et au même moment, sa condamnation disparait du casier
judiciaire. Par conséquent, cette condamnation ne comptera plus pour la récidive et
ne fera non plus obstacle à l’octroi du sursis.

Quant à ses effets civils, il faut retenir que l’amnistie laisse subsister toutes les
conséquences civiles et civiques (paiement de dommages-intérêts, d’amendes,
perte de fonction publique…). Confèrent les articles 1244 et 1245 du même code.

B- La réhabilitation:

La réhabilitation est la restitution de ses droits et de sa dignité à une personne qui les
avait perdus suite à une condamnation pénale. Il s’agit d’une mesure d’indulgence
émanant soit du pouvoir législatif ou du pouvoir judiciaire. Confère l’article 1225 du
code susvisé qui dispose : « La réhabilitation est soit acquise de plein droit…soit
accordée par la chambre de contrôle de l’instruction…».

Lorsqu’elle est acquise de plein droit, on parle de réhabilitation légale (1) et si elle est
accordée par la chambre de contrôle de l’instruction, on parle de réhabilitation
judiciaire (2).

1- La réhabilitation légale:

Nous l’avons déjà souligné, la réhabilitation légale est celle acquise de plein droit au
terme de la loi. Toutefois son acquisition est soumises à des conditions à la lecture
des dispositions de l’article177 du nouveau code pénal. Il s’agit des conditions
relatives à la question de récidive.

 Les conditions

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Pour bénéficier de cette réhabilitation, le condamné doit n’avoir subi aucune nouvelle
peine criminelle ou correctionnelle pendant une durée déterminée par la loi :

- pour la condamnation à l'amende ou à la peine de jours-amende après un


délai de 3 ans à compter du jour du paiement de l'amende ou du montant global
des jours-amende;
- pour la condamnation unique soit à un emprisonnement n'excédant pas un an,
soit à une peine autre que la réclusion criminelle, la détention criminelle,
l'emprisonnement, l'amende ou le jour-amende, après un délai de cinq ans à
compter soit de l'exécution de la peine, soit de la prescription accomplie;
- pour la condamnation unique à un emprisonnement n'excédant pas 10 ans ou
pour les condamnations multiples à l'emprisonnement dont l'ensemble ne
dépasse pas cinq ans, après un délai de 10 ans à compter soit de l'expiration de
la peine subie, soit de la prescription accomplie.
- Les délais prévus au présent article sont doublés lorsque la personne a été
condamnée pour des faits commis en état de récidive légale…
 Les effets
- La réhabilitation efface rétroactivement la condamnation et ;
- Elle fait cesser pour l’avenir toutes les incapacités qui en résultent.
2- La réhabilitation judiciaire :

Un peu plus délicate que la première, la réhabilitation judiciaire obéit à plusieurs


exigences avant de produire ses effets.

 Les conditions de la réhabilitation judiciaire

Elles sont de deux ordres. A savoir :

 les conditions de fond, elles sont au nombre de trois :


- il faut qu’il s’agisse de peines criminelles ou au moins correctionnelles, et non de
simple contraventionnelle (car celles-ci ne comptent pas pour la récidive sauf
quelque rare fois) ;
- il faut que la peine soit déjà exécutée ou remise entièrement et;
- il faut attendre au moins 5 ans depuis sa libération s’il était condamné pour crime
et 3 ans s’il était condamné pour délit. Et ces délais seront doublés en cas de
récidive.
 les conditions de forme, elles sont relatives à deux situations fondamentales :
- capacité du requérant, de son vivant seul le condamné peut demander sa
réhabilitation, à défaut, son représentant légal. A son décès, la demande peut
être faite par son conjoint ou par ses ascendants, mais seulement dans le délai
d’un an à compter de la date du décès;
- procédure la demande est introduite au près du Procureur de la République,
transmise au Procureur Général qui saisit la Chambre de Contrôle de l’Instruction
qui a une large liberté d’accorder ou de refuser la réhabilitation au condamné;
 Les effets de la réhabilitation judiciaire
- Elle efface la condamnation ;

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- Met fin aux mesures de sûreté ;
- Anéantit toutes mesures d’incapacités et de déchéances.

Questions de compréhension

1- Qu’est ce que le Droit Pénal ?


2- Le Droit Pénal ne protège que la société. Vrai ou Faux ? Justifiez-votre réponse !
3- Citez les branches traditionnelles du Droit Pénal ?
4- Citez les branches nouvelles du Droit Pénal ?
5- Qu’est ce que l’infraction ?
6- Qui peut être poursuivi ?
7- Qu’est ce que la complicité ?
8- Qu’est ce que la récidive ?
9- Qu’est ce que l’assassinat ?
10-Qu’est ce que le meurtre ?
11-Qu’est ce qu’une circonstance aggravante ?

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12-Qu’est ce qu’un crime ?
13-Qu’est ce qu’un délit ?
14-Qu’est ce qu’une contravention ?
15-Quelle différence faites vous entre l’auteur, le coauteur et le complice de
l’infraction ?
16-Après les avoir définis, citez les faits justificatifs de l’infraction?
17-Qu’est ce que la légitime défense ?
18-Qu’est ce que l’état de nécessité ?
19-Qu’est ce que le commandement de la loi ?
20-Qu’est ce que l’ordre de l’autorité légitime ?
21-Après les avoir définies, citez les causes de non imputabilité ?
22-Qu’est ce que la démence ?
23-Qu’est ce que la contrainte ?
24-Qu’est ce que l’erreur ?
25-Enoncez le principe de la légalité des infractions et des peines ?
26-Enoncez le principe de la territorialité des infractions et des peines?
27-Qu’est ce que la tentative punissable ?
28-Qu’est ce qu’une infraction manquée ?
29-Qu’est ce qu’une infraction impossible ?
30-Qu’est ce qu’une infraction de Droit commun ?
31-Qu’est ce qu’une infraction militaire ?
32-L’Etat fait-il partie du domaine de la responsabilité pénale des personnes
morales ? Justifiez votre réponse !
33-Citez une sanction applicable à une personne morale pénalement responsable ?
34-Expliquez le principe de la baïonnette intelligente ?
35-Le consentement de la victime peut-il dégager la responsabilité pénale de
l’auteur ?
36-Quelle est la juridiction compétente pour juger les infractions commises par des
mineurs ?
37-Qu’est ce que la peine ?
38-Quel est le but de la peine ?
39-Qu’est ce que l’amende ?
40-Qu’est ce qu’une peine infamante ?
41-Qu’est ce qu’une peine afflictive ?
42-Quel est le sort réservé à un individu de 10 ans auteur d’une infraction ?
43- Expliquez le caractère égalitaire de la peine ?
44-Expliquez le caractère personnel de la peine ?
45-Faites la classification des peines selon leur échelle ?
46-Faites la classification des peines selon leur rapport entre elles ?
47-Quelle est la position du Droit positif Guinéen au sujet de l’application de la peine
de mort ?
48-Citez les causes d’extinction de la peine ?
49-Citez les causes de suspension de la peine ?
50-Quelles sont les causes d’extinction de la condamnation ?

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51-Quels sont les moyens de preuve de la récidive ?
52-Qu’est ce que le sursis ?
53-Qu’est ce que la libération conditionnelle ?
54-Qu’est ce que la grâce ?
55-Qu’est ce que l’amnistie ?
56-Qu’est ce qui différencie l’amnistie de la grâce ?
57-Qu’est ce que la prescription en matière pénale ?
58-Qu’est ce que la réhabilitation ?

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