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Travail-Justice-Solidarité
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
DEPARTEMENT : DROIT
CHARGE DU COURS:
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Monsieur Jacob Boy KOIVOGUI,
Magistrat
Assistant :
Email : sarangbemoussa96@gmail.com
AVANT-PROPOS
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Le présent ouvrage est destiné à tous ceux qui désirent améliorer leur niveau de
connaissance dans le domaine du Droit pénal.
Il a été édité dans le souci de donner une satisfaction non seulement aux lecteurs
passionnés du Droit incontournable du royaume des Hommes du temple de Thémis
mais aussi et surtout d’ouvrir l’esprit des destinataires privilégiés que sont les
étudiants, sur un cours aussi fondamental que le Droit pénal.
C’est d’ailleurs ce dernier souci qui a fait que l’ouvrage a été élaboré avec un
caractère beaucoup plus pédagogique au point que le lecteur, pour une bonne
compréhension du contenu de cet ouvrage, a nécessairement besoin d’un recours
incessant à notre arsenal répressif. C’est pourquoi il est vivement recommandé aux
étudiants de se doter de préférence des codes pénal, de procédure pénale et de
justice militaire ainsi que de la Constitution du 10 Mai 2010. A défaut d’avoir cet
ensemble d’arsenaux pénaux, l’apprenant doit, sans commune mesure, être muni
au moins des deux codes pénal et de procédure pénale du 26 Octobre 2016,
indispensables à l’assimilation du cours.
Par ailleurs, comme toute œuvre humaine, cet ouvrage a sans doute des
insuffisances et imperfections qui nécessitent des amendements pour l’amélioration
des futures éditions.
C’est pourquoi vos critiques et suggestions nous serviront d’outils potentiels pour
pouvoir relever un défi qui nous interpelle tous.
Nous ne saurions terminer sans reconnaître les mansuétudes du Dieu tout puissant
qui nous a accordé la santé ;
Toutes nos reconnaissances vont également à l’endroit de certains éminents juristes
de notre pays dont les œuvres nous ont servi quelque part de véritables tremplin
d’inspiration. Il s’agit entre autres du Doyen Mamadou Alioune DRAME, Magistrat,
de notre regretté Feu Maître Famoro Sidram CAMARA. Que son Ame repose en
paix ! Amen, de Maître Lansana KOMAH, Avocat à la Cour et Maître Lansana
SOMPARE, Huissier de Justice près les cours et Tribunaux de Conakry ;
Nous rendons un vibrant hommage à la Fondation et à tous les encadreurs de notre
grande institution l’Université Général Lansana Conté de Lambagny ;
Nos sincères remerciements s’adressent à tous ceux qui, de près ou de loin, ont
contribué dans l’élaboration du présent ouvrage.
ATTENTION! LE PHOTOCOPILLAGE TUE L’OUVRAGE
Toute reproduction partielle ou totale de cet ouvrage sans autorisation de l’auteur,
expose le contrevenant à de
s poursuites judiciaires sans complaisance.
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4ème édition ‘’ COMPRENDRE LE DROIT AU QUOTIDIEN ’’ Conakry, 12 0ctobre 2017
Introduction Générale……………………………………………………………………
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-Le Droit pénal et les autres disciplines……………………………………………………..
Section I : L’auteur…………………………………….…………………………………..
Section II : La complicité…………………………………………………………………
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Section1 : La responsabilité pénale des personnes morales…………………………
Questions de consolidation………………………………………………………………
INTRODUCTION GENERALE
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La criminalité est un terme qui revêt plusieurs conceptions. Pour certains, la
criminalité est un simple fait de Dieu qui selon eux, tout ce qui arrive comme mal
dans la société est un destin de Dieu. Il s’agit de la catégorie des personnes de la
résignation.
Pour d’autres, il s’agit d’un fait qui naît dans la société et pouvant y être également
combattu à jamais. Pour ceux-ci, les causes de la criminalité sont dues à
l’environnement social. C’est à dire qu’elle dépend de plusieurs facteurs socio-
environnementaux comme l’état des lieux (enclavement, obscurité…), le climat
chaud ou encore la pauvreté…
I- Définitions : Encore appelé Droit criminel, le Droit pénal tire son appellation de la
peine. Il est défini par le lexique des termes juridiques comme étant : l’ensemble des
règles de Droit ayant pour objet la définition des infractions ainsi que des sanctions
qui leur sont applicables. Il est aussi défini comme la branche du Droit positif qui a
pour objet l’étude des comportements antisociaux et les peines qui leur sont
applicables.
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Il est également défini comme la branche du Droit qui détermine les infractions, les
sanctions que la Société impose à ceux qui les commettent et les mesures qui
permettent de les prévenir ainsi que les modalités de la répression des faits
constitutifs d'infractions.
II- Objet : l’objet du Droit pénal est clairement exprimé dans sa définition. Il est de
deux ordres. Tout d’abord le cours lui-même vise à étudier la règle de Droit pénal et
celle-ci a pour objet d’étudier les comportements antisociaux (infractions) ainsi que
les sanctions (peines) qui leur sont infligées. On peut donc déduire que le Droit pénal
a pour objet de procéder à la qualification des comportements en infraction et la
détermination des peines qui leur sont applicables en rétribution.
III- Les branches ou Contenu du Droit pénal : comme les autres disciples de Droit,
le Droit pénal regorge plusieurs branches qui se subdivise en deux groupes
principaux.
a- Le Droit pénal Général : Comme défini ci-haut, c’est la branche du Droit positif
qui étudie les comportements antisociaux et les peines qui leur sont applicables ;
b- Le Droit pénal Spécial : celui-ci est la branche du Droit pénal qui étudie les
différentes catégories d’infractions prises distinctement dans leur différents
éléments constitutifs. C’est le véritable catalogue répressif ;
c- La procédure pénale : C’est la partie du Droit pénal qui définit les manières de
procéder pour la constatation des infractions, la poursuite des actions,
l’instruction préparatoire des faits, et le jugement des délinquants ;
a- Le Droit pénal des affaires : C’est une branche du Droit pénal spécial qui
s’occupe plus particulièrement de l’étude des comportements antisociaux
perpétrés en milieu d’affaires ainsi que des sanctions qui leur sont infligées;
b- Le Droit pénal international : C’est la partie du Droit pénal qui a pour objet la
détermination des infractions d’ordre international et des règles qui leur sont
applicables ;
c- Le Droit pénal comparé : C’est l’ensemble des règles juridiques qui étudient les
différents systèmes répressifs de plusieurs Etats de régimes différents ;
Après avoir détaillé ses branches, il convient de faire un rapprochement entre le Droit
pénal et les sciences qui lui sont voisines.
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Toutefois, le Droit pénal se démarque de la Morale au niveau de la sanction. Tant dis
que la sanction de la violation d’une règle de morale est simplement interne, le Droit
pénal quant à lui, il élargit sa sanction au-delà du remord. Il va jusqu’à atteindre le
délinquant dans son corps, dans ses avoirs voire dans son honneur;
Comme la précédente, les bienséances sont aussi des disciplines qui concourent
d’avec le Droit pénal à inciter l’homme à avoir un esprit d’indulgence ou de
politesse. C’est également au niveau de la sanction que les deux disciplines
s’éloignent l’une de l’autre. Si manquer à une règle de bienséance (par exemple ne
pas céder sa place à un invalide) se limite à susciter simplement des remords chez
l’incivil, la transgression d’une règle de Droit pénal conduit à des sanctions plus
raides.
Rappelons tout d’abord que la source fondamentale du Droit pénal reste et demeure
la loi. C'est-à-dire celle édictée par le législateur. Cependant, la loi prise dans son
sens large, dépasse le contexte exclusif du pouvoir législatif. Elle englobe toute règle
édictée quelle que soit son origine (législative ou règlementaire).
C’est pourquoi il convient de faire recours à toutes les règles de Droit qu’elles soient
Supranationales (A) ou nationales (B).
Les sources du Droit pénal d’ordre international sont nombreuses. Il s’agit des
Traités internationaux ainsi que des conventions internationales, dont entre autres :
Au niveau national aussi les sources du Droit pénal existent en foison. Elles sont
dénombrées dans un ordre decrescendo édicté par le code civil en son article 9
Alinéa dernier comme suit : « …Les lois prises au sens large obéissent à la
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hiérarchie suivante dans l’ordre décroissant d’importance : - Constitution; -
Proclamation;- Traités internationaux;- Loi ou Ordonnance;- Décret;- Arrêté
ministériel;- Décision ministérielle;- Arrêté régional;- Décision régionale ».
Ainsi, nous avons par exemple la constitution de 2010 au niveau de son préambule
qui défend la corruption. La même constitution défend la discrimination sous toutes
ses formes ainsi que prévu à son article 4 qui dispose: « La loi punit quiconque par
un acte de discrimination raciale, ethnique, religieuse…….porte atteinte à l'unité
nationale, à la sécurité de l'Etat…».
Rappelons une fois de plus qu’il y avait bien un intérêt non moins important à ce que
nous fassions allusion à tous ces paramètres de source de la règle de Droit avant de
mettre un accent particulier sur la loi qui en demeure l’épicentre. C’est pour cette
raison d’ailleurs que nous consacrerons une étude particulière sur le code pénal
guinéen ainsi que sur la loi proprement dites au titre I du présent cours.
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Chapitre préliminaire: présentation sommaire de la loi N°2016/059/AN portant
code pénal guinéen en date du 26 Octobre 2016 (en cours).
Source fondamentale du Droit pénal, la loi a un domaine assez large. Elle régit les
personnes et leurs activités tant dans le temps que dans l’espace.
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juge répressif est tenu de l’appliquer aux infractions même commises
antérieurement à son entrée en vigueur. Ici c’est la loi elle-même qui se veut
rétroactive.
2- Les lois interprétatives: il s’agit de celles qui précisent le sens obscure d’une loi
antérieure. Sont donc également rétroactives, les lois qui précisent le régime
d’exécution des peines sans en changer la nature, les lois qui instituent les
mesures de sûreté. C’est du moins ce qui ressort des dispositions de l’alinéa 2
de l’article 7 du code civil guinéen: «……sauf disposition contraire ou lorsqu’il
s’agit d’une loi interprétative d’une loi ancienne »;
3- La loi pénale de fond plus douce: cette exception est la plus courante. Elle
tient au caractère favorable de la loi pénale vis-à-vis du délinquant. Cette
exception est consacrée par le même code pénal en son article 6 dernier alinéa
qui dispose : «…Toutefois, les dispositions nouvelles s’appliquent aux infractions
commises avant leur entrée en vigueur et n’ayant pas fait l’objet d’une
condamnation passée en force de chose jugée, lorsqu’elles sont moins sévères
que les dispositions anciennes ».
D’où la nécessité de faire une certaine précision sur les lois pénales plus douces : il
s’agit de celles qui suppriment une infraction; celles qui font disparaître une
circonstance aggravante, celles qui admettent un fait justificatif nouveau ou une
nouvelle cause de non-imputabilité, une excuse absolutoire ou atténuante, donne au
juge le pouvoir de tenir compte de l’intention ou d’accorder des circonstances
atténuantes ou le sursis pour des infractions qui n’en bénéficiaient pas avant; celles
qui modifient les éléments constitutifs de l’infraction dans des conditions moins
rigoureuses, change sa qualification (crime en simple délit : correctionnalisation
légale ou délit en simple contravention: contraventionnalisation légale) ; celles qui
allègent les sanctions antérieurement prévues pour une infraction. Il arrive parfois
qu’une loi nouvelle soit à la fois plus sévère et moins sévère. Dans ce cas, si les
dispositions sont divisibles, seules les dispositions moins sévères sont rétroactives ;
si les dispositions ne sont pas divisibles, il faut considérer uniquement la disposition
principale (si elle est plus douce : rétroactivité, si elle est plus sévère : non-
rétroactivité). Exemple une loi qui, en diminuant les circonstances aggravantes, élève
la durée de la peine du vol.
Si la loi est plus douce, dès son entrée en vigueur, elle peut être appliquée même à
des faits passés n’ayant pas donné lieu à une décision définitive ayant acquis la
force de la chose jugée. Au cas où une décision définitive est intervenue : une
mesure de grâce peut être envisagée ; toutefois, si la peine en cours d’exécution se
rapporte à des faits qui, après la condamnation perdent le caractère d’infraction
pénale, l’exécution de cette peine doit cesser immédiatement.
Schéma d’explicitation
Loi pénale de fond
Principe Exceptions
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Section 2 : L’application des lois pénales de forme
Il convient tout d’abord de déterminer les lois pénales de forme. Il s’agit des lois
nouvelles qui ne traitent pas le fond de l’affaire mais plutôt modifient les règles de
compétence, de procédure ou de prescription.
Pour répondre à cette interrogation, il sera judicieux de dégager le principe qui régit
la matière avant de détailler ses différentes dérogations.
La loi nouvelle :
Application immédiate de la loi nouvelle quel que soit le temps. -Ne s’applique pas s’il existe un droit acquis pour le délinquant ;
Paziazou---Daro------Macenta----N’Zérékoré----Rép.Guinée-Ckry-UGLC-L/------Email:jacabkoivogui@gmail.com
-Ne s’applique / Tél : 662-15-43-56
pas à l’exécution des peines si elle est plus sévère.
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Chapitre II : L’application de la loi pénale dans l’espace
C’est pourquoi il existe d’ailleurs une procédure (l’extradition) par laquelle un Etat
souverain (l’Etat requis) peut accepter de livrer un individu qui se trouve sur son
territoire à un autre Etat souverain, (l’Etat requérant) à la demande celui-ci pour que
ce dernier soit jugé ou qu’il purge la peine à laquelle il a été condamné. Cette
question qui relève davantage de l’étude de la procédure pénale que du Droit pénal,
ne fera pas l’objet de détail dans le présent cours.
Par contre en Droit pénal, traditionnellement, on lie les deux questions en ces
termes : Il y a solidarité ou encore unité des compétences législatives et
juridictionnelles.
Le plus souvent on fait une déduction en disant ‘’qui dit compétence des juridictions
nationales dit application de la loi nationale et vice versa.
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Toutefois, il est à préciser que cette thèse n’est pas toujours évidente car il peut
bien arriver que la loi nationale amène le juge à prendre en compte la loi étrangère.
C’est le cas par exemple quand la loi guinéenne dispose que tel type d’infraction
commise à l’étranger ne pourra être poursuivie en guinée que si cette infraction est
aussi punissable dans le pays en cause, mais pour autant le juge guinéen n’aura
pas à appliquer cette loi comme nous le verrons dans le présent chapitre.
Dans tous les cas, il ya une série de problématiques à laquelle il faut apporter des
solutions.
-La première question est de savoir quel peut être le sort à réserver aux auteurs
d’infractions commises en dehors du territoire national aux yeux de la loi nationale?
-Que dire des infractions commises sur le territoire national contre des étrangers?
Pour répondre à toutes ces interrogations, il convient d’abord de faire un détail sur la
règle en la matière (Section1) avant de passer au peigne fin les différentes
dérogations à cette règle (Section 2).
Rappelons que cette règle a une base textuelle qui constitue d’ailleurs son
fondement légal. Il s’agit du code pénal qui dispose en son article 3 que: « La loi
pénale est d’interprétation stricte.
Elle s’applique à toute infraction commise sur le territoire national, quelle que soit la
nationalité de l’auteur ».
B- La portée du principe
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s’applique à toutes les infractions commises sur son territoire quelle que soit la
nationalité du coupable ou de la victime.
Dans la seconde compréhension inverse qui passe sous silence, c’est que la loi
pénale guinéenne ne s’applique que sur le territoire national et non aux infractions
commises en dehors de ce territoire même si les coupables ou victimes sont des
ressortissants guinéens.
Pour renverser cette tendance, il est envisagé plusieurs dérogations à la règle qui
feront l’objet de détails dans la seconde section après avoir déterminé les différentes
parties qui entrent dans le champs d’application du présent principe.
L’immunité de juridiction
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partie de leur ménage mais à condition qu'ils ne soient pas ressortissants de l'État
accréditaire;
- les membres du personnel administratif et technique de la mission diplomatique
ainsi que les membres de leurs familles qui font partie de leurs ménages, à condition
qu'ils ne soient pas ressortissants de l'État accréditaire ou qu'ils n'y aient pas leur
résidence permanente ;
- et enfin les membres du personnel de service de la mission, qui ne sont pas
ressortissants de l’Etat accréditaire.
La loi nationale s’applique à tous les habitants (nationaux ou étrangers) Les diplomates et souverains étrangers ne sont pas
concernés
1- La compétence personnelle
En vertu de cette règle exceptionnelle, la loi pénale d’un Etat peut s’appliquer à
toutes les infractions impliquant ses nationaux y compris celles qui ont été
commises à l’étranger (système dit de la personnalité active) ou dont ils ont été
victimes à l’étranger (personnalité passive).
Elle est également applicable à tout crime, ainsi qu’à tout délit puni
d’emprisonnement, commis par un guinéen ou par un étranger hors du territoire de
la République lorsque la victime est de nationalité guinéenne au moment de
l’infraction. »
2- La compétence réelle
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Ici la loi pénale nationale va s’appliquer en fonction de la nature réelle de l’infraction,
c’est à dire à toutes les infractions qui portent atteinte aux intérêts supérieurs de
l’Etat y compris celles commises à l’étranger. C’est le cas des actes de dévalorisation
de la monnaie nationale. Confère le code pénal qui prévoit en son article 10 point 2
que: «La loi pénale de la République de Guinée s’applique :…..aux infractions
d’atteinte à l’autorité de l’Etat, de contrefaçon du sceau de l’Etat ou de monnaie
nationale y ayant cours, commises même à l’étranger. …».
3- La compétence universelle
Exception positive, cette règle permet de juger et condamner le coupable d’une
infraction partout où il est arrêté quelle que soit sa nationalité, celle de la victime
ou le lieu de la commission de l’infraction ou la nature de celle-ci.
Dans ce système, chaque Etat devient le gendarme pour l’autre. Ainsi, si l’Etat du
lieu d’arrestation du délinquant ne retient pas sa compétence pour quelque raison
que ce soit, il est tenu d’extrader l’auteur présumé vers le pays susceptible de le
juger et qui le réclame; le système est résumé dans une maxime latine : « aut
dedere, aut punire », soit donner, soit juger. Chaque Etat devient dans ce système
le protecteur de l’ordre public de tous les autres. Confère l’affaire Hissène ABRE,
jugé au Sénégal par les Chambres Africaines Extraordinaires pour des crimes
commis au Tchad.
Principe Exceptions
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Deuxième partie: L’infraction pénale
L’infraction est très proche du délit civil et du délit disciplinaire. Mais elle se distingue
de ceux-ci à quelques points près.
Elle est souvent confondue au délit civil alors que celui-ci est, comme le prévoit
l’article 1098 du code civil guinéen : «Tout fait quelconque de l’homme, délit ou
quasi-délit qui cause un dommage à autrui, oblige celui par la faute duquel il est
arrivé, à le réparer».
La définition de l’infraction qui reste à retenir dans le cadre de la présente étude est
la suivante :
Pour mieux cerner cette définition, il sera nécessaire d’expliciter ses éléments au
cours de l’explication et de distinguer l’infraction pénale des notions qui lui sont
voisines.
Très proches l’une de l’autre, ces deux notions se distinguent à trois niveaux.
Le délit civil a pour source, un fait fautif (intentionnel ou non) qui cause un dommage
à autrui. Sa source est donc une faute, la liste des fautes n’est pas limitativement
dressée à l’avance.
Quant à l’infraction pénale, elle est strictement rangée dans un catalogue répressif bien établi
avant que celle-ci ne soit commise. D’où l’adage ’’pas d’infraction sans texte’’. La source donc de
l’infraction demeure la loi pénale.
Paragraphe2 : Du point de vue résultats
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Pour parler de délit civil, il faut obligatoirement avoir en face un préjudice.
Alors que l’infraction pénale peut bien exister sans aucun préjudice à autrui. Il suffit
qu’il y ait violation de la loi pénale. Exemple : l’excès de vitesse perpétré sans
accident.
La sanction du délit civil c’est la réparation, elle ne profite qu’à la victime seule,
alors que l’infraction pénale est punie d’emprisonnement et ou d’amende qui sont
tous protecteurs des intérêts de la société.
Intérêts de la distinction
-On peut rencontrer à la fois infraction pénale et délit civil. Et ce cas dernier donne
généralement lieu à deux actions. A la fois civile et pénale. Ex : Le vol qui prive la
victime illégalement de son droit de propriété en même temps transgresse la loi
pénale.
Schémas de distinction
Le délit disciplinaire ne trouble qu’un ordre juridique qui est particulier au groupe
concerné. Ex : manquement aux règles d’éthique et de déontologie qui régissent la
profession d’Avocat.
Par contre, l’infraction pénale trouble l’ordre juridique général (ordre public).
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Ex : Le viol.
Tandis que l’infraction pénale ne peut être sanctionnée que de peines prévues par la
loi et prononcées par une juridiction répressive publique (emprisonnement et ou
amende), la mesure disciplinaire quant à elle, est prononcée par une instance
disciplinaire spéciale et les sanctions vont de l’avertissement à la radiation en
passant par le blâme et la suspension.
Intérêts de la distinction
Schémas de distinction
L’infraction pénale pour son existence, doit réunir un certain nombre d’éléments et
l’absence de l’un quelconque de ces éléments fait disparaître l’infraction. Il en existe
traditionnellement trois (03) quand bien même que la doctrine tente de faire intégrer
un quatrième appelé l’élément injuste.
Toutefois dans le cadre du présent cours, ce dernier élément ne fera pas corps avec
nos détails pour la bonne raison que nous n’allons pas nous intéresser à une
polémique mélancolique d’écoles plus philosophiques que juridiques.
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jour de sa commission. Cette condition de prévision des infractions et des peines est
un véritable moyen de lutte contre toute sorte d’arbitraire dans le processus de la
répression tant à l’égard du Juge que de la société. Cet élément tient à deux choses
fondamentales. Il s’agit de la légalité des infractions et peines d’une part (§1) et de
l’interprétation de la loi par le Juge (§2) de l’autre.
Avant d’aborder ces deux élément en détail, il convient tout d’abord d’énoncer le
principe de la légalité sous la base de ses fondements juridiques.
Tout d’abord il se trouve logé dans la Constitution guinéenne de 2010 en son
article 9 Alinéa1 qui dispose : « Nul ne peut être arrêté, détenu ou condamné
qu’en vertu d’une loi promulguée antérieurement aux faits qui lui sont reprochés,
pour les motifs et dans les formes prévues par la loi… » ;
Le Droit pénal français la reprise en ces termes : « Nul ne peut être puni pour un
crime ou pour un délit dont les éléments ne sont pas définis par la loi, ou pour une
contravention dont les éléments ne sont pas définis par le règlement ».
La même règle est reprise à travers un dicton latin en ces termes : « Nullum crimen
sine lege, nulla poena sine lege » qui signifie simplement qu’‘’ il n’y a pas
d’infraction sans loi, ni de peine sans loi’’.
A partir des éléments ci-dessus, on comprend aisément qu’il ressort de ces
différents termes deux notions qui sont à expliciter. Il convient de mettre un accent
particulier sur le regard de la loi sur l’infraction ainsi que sur la peine avant de voir
l’intervention du Juge à ce sujet.
Paragraphe 1 : La légalité des infractions et des peines
A- La légalité des infractions
La légalité des infractions est édictée par le Nouveau Code pénal guinéen en son
article 5 alinéa1 qui dispose : « Nul ne peut être puni pour un crime ou pour un
délit dont les éléments ne sont pas définis par la loi… » ;
D’où la partie de l’expression latine:« Nullum crimen sine lege » qui signifie qu’‘’il
n’y a pas d’infraction sans texte de loi’’.
L’incrimination c’est la description d’un acte punissable dans un texte. C'est-à-dire
c’est le fait pour le législateur de définir un comportement humain en le traduisant en
acte indigne à l’ordre social.
C’est donc par ce mécanisme que les infractions se trouvent clairement définies et
rangées dans un recueil appelé code dont le contenu est largement porté à la
connaissance des populations sous la menace de sanction. C’est ainsi qu’il est fait
2
interdiction au Juge de punir des actes que la loi ou le règlement n’incriminent pas. Il
en va ainsi des comportements certes contraires aux usages ou à la coutume, voire
à une loi, mais si la loi pénale elle-même n’en donne pas définition, le contrevenant
ne pourra pas être poursuivi ni sanctionné. C’est le cas de l’adultère qui est perçu
dans les communautés guinéennes comme un acte antisocial qui, cependant n’est
pas une infraction.
En effet, à la différence du Droit civil qui, sur la base de l’article 1098 du code civil
guinéen, donne une grande latitude au Juge civil de sanctionner tout fait
dommageable quelconque de l’homme, le Juge pénal quant à lui, ne peut punir que
sur la base d’une incrimination décrite avec précision.
Cependant, cela ne signifie pas que le rédacteur de la loi (législateur) doit tout
prévoir avec détail ou qu’il ne peut utiliser des formules générales. Ainsi, le
législateur n’a pas à décortiquer ce que c’est que la dignité ou encore l’outrage à la
pudeur, de même qu’il n’a pas à expliciter ou à illustrer des expressions telles que
« par tous moyens », ou encore « de quelque manière que ce soit ». Il peut se
contenter d’indiquer les éléments constitutifs de l’infraction et il appartiendra au Juge
de les interpréter.
B- La légalité des peines
Cette légalité des peines est prévue par le même article 5 en son alinéa2 qui
dispose: « Nul ne peut être puni d’une peine qui n’est pas prévue par la loi…».
On retrouve à ce niveau le second terme du même adage latin : « Nulla poena sine
lege » qui signifie ’’il n’y a pas de peine sans texte de loi’’.
De même qu’il n’y a pas d’infraction sans texte de loi, il ne peut y avoir application
d’une peine qui n’a pas été prévue ou déterminée par la loi.
Là encore, la peine doit être fixée de façon précise. Le législateur doit prévoir lui-
même une peine bien déterminée ou une gamme de peines pour chaque infraction
définie.
A noter que ce principe s’applique également aux mesures de sûreté, pas
uniquement aux peines pénales.
Il faut rappeler l’intérêt de l’exigence de ces différentes prévisions. Nous l’avons
déjà mentionné ci-haut, c’est une mesure de garantie à double sens.
2
D’un point de vue individuel, l’application d’un texte de loi préexistant et connu à
l’avance est une précieuse garantie pour chaque individu contre l’arbitraire du
pouvoir exécutif et de l’autorité judiciaire.
D’un point de vue général, la peine prévue dans le texte renseigne sans ambiguïté
sur le degré de gravité que la société attache à l’infraction. Dans ce cas on peut
espérer que l’ordre public sera mieux protégé du fait de cette connaissance
préalable qui constitue une sorte de menace légitime contre quiconque offense les
interdits de la société.
Ce principe de la légalité des infractions et des peines s’impose non seulement au
créateur de l’infraction (bien entendu au législateur) mais également au Juge. Ce
dernier ne peut alors prononcer que des peines attachées à l’infraction dont il est
saisi, et ce, dans les limites prévues par la loi et dans le respect strict des règles
d’application de la loi pénale dans l’espace et dans le temps.
Il s’impose également aux autorités de l’administration pénitentiaire qui sont tenues
de respecter la légalité dans l’exécution des peines en ne faisant exécuter que les
peines prononcées par le Juge (sauf à en modifier certes les conditions d’exécution,
mais là aussi, uniquement en faveur du condamné).
Paragraphe 2 : L’interprétation de la loi pénale par le Juge
A- Le principe d’interprétation
Découlant du principe de la légalité des infractions et des peines, l’interprétation de
la loi pénale par le Juge est régie par le principe de l’interprétation stricte.
Comme il ressort des dispositions du nouveau code pénal guinéen en son article 3
alinéa 1 qui dispose que: « la loi pénale est d’interprétation stricte».
Il faut tout d’abord rappeler que le pouvoir d’interprétation de la loi qui, d’ailleurs,
constitue en réalité une obligation pour le Juge, a plusieurs fondements légaux.
Il constitue effectivement une obligation pour le Juge au sens du code civil guinéen
qui dispose en son article 10 : « Le Juge qui refusera de juger, sous prétexte du
silence, de l’obscurité ou de l'insuffisance de la loi, pourra être suivi comme coupable
de déni de Justice ».
Et le manquement à cette obligation est sanctionné par le nouveau code pénal
guinéen qui dispose en son article 714 que: « Le fait, par un magistrat, toute autre
personne siégeant dans une formation juridictionnelle ou toute autorité
administrative, de dénier de rendre la justice après en avoir été requis et de
persévérer dans son déni après avertissement ou injonction de ses supérieurs, est
puni de 10.000.000 de francs guinéens d'amende et de l'interdiction de l'exercice des
fonctions publiques pour une durée de 1 à 5 ans ou de l’une de ces deux peines
seulement ».
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Si l’interprétation des textes relatifs aux infractions et aux peines était laissée au
libre vouloir du Juge, le risque de mise en cause des garanties de protection offertes
par le principe de la légalité au droit de la défense et à la société serait très élevé.
C’est pourquoi dans le processus d’interprétation de la loi, le Juge doit demeurer
entre raison juridique et autorité de pouvoir.
En effet, à la différence du Juge civil (détenteur d’un pouvoir prétorien de création de
droits), le Juge pénal est soumis à une règle rigoureuse: celle de l’interprétation
stricte de la loi pénale.
Cette règle voudrait dire que les lois d’incrimination et de pénalité doivent être
appliquées sans extension ni restriction. C'est-à-dire que le Juge doit pouvoir donner
le sens exact de la loi au fait dont il est saisi.
Pour y arriver, le Juge peut faire recours à plusieurs méthodes pour vue qu’il ne
s’écarte de la règle.
B- Les méthodes d’interprétation
- la méthode littérale : elle permet au Juge de prendre en compte la lettre même de
la loi. C’est à dire de procéder à une sorte de lecture mot après mot les dispositions
de la loi (l’explication grammaticale et étymologique du texte suivie de son
interprétation);
- la méthode téléologique ou l’exégèse, cette méthode permet au Juge de
rechercher l’esprit de la loi, c'est-à-dire l’intention même du législateur et de dire le
droit même lorsqu’un terme n’apparaît pas littéralement dans les dispositions du
texte. Voir l’article 274 du nouveau code pénal ’’au sujet de la répression de
l’homosexualité en guinée’’;
- la méthode analogique qui consiste à appliquer un texte selon une hypothèse
voisine. Celle-ci est en principe interdite en matière pénale.
La solution adoptée par le Droit positif guinéen est celle de l’interprétation stricte.
Le Juge doit donc à l’issue de tout, respecter le caractère du texte. Son rôle est
d’une part : d’interpréter les termes (mots, expressions et silences). C'est-à-dire il
doit éclaircir les lois obscures ou douteuses (en sachant comme principe important
que l’obscurité ou le doute doivent toujours profiter au délinquant); d’autre part : le
Juge a pour mission d’adapter le texte pénal à la situation en espèce sans pour au
tant s’écarter de son sens.
2
C’est ainsi par exemple que la Cour de cassation se refuse (sur la base de
l’interprétation stricte de la loi) à assimiler le fœtus à une personne humaine, pour
prononcer une condamnation pour homicide commis sur la personne d’autrui. Pour
elle autrui n’est pas un fœtus, et le fœtus n’est pas autrui.
Une chose est sûre en tout cas : le Juge doit se coller au caractère de la loi. Si la loi
est répressive, le Juge doit être répressif. Si la loi est généreuse, le Juge doit être
clément. C’est pourquoi pour trop dire, certains qualifient le Juge pénal d’un obsédé
textuel.
Après tous les détails sur l’oeuvre du législateur dans la constitution de l’infraction, il
ya lieu de voir maintenant les deux derniers éléments qui concernent directement et
particulièrement la personne qui a franchi les règles établies par le premier élément.
Il s’agit des éléments tenant au délinquant.
Section 2 : L’élément tenant à l’état psychologique du délinquant : l’élément moral
Cet élément est clairement prévu par l’article 15 alinéa1 du nouveau code pénal
qui dispose: « Il n’y a point de crime ou de délit sans intention de le commettre »;
Pour qu’un acte (action ou une omission) matériellement constitutif d’une infraction
conduise au prononcé d’une peine prévue par la loi, il est nécessaire que ceci
constitue une faute de la part de son auteur. Mais la notion de faute pénale avec
toute l’ambiguïté qu’elle peut renfermer connaît des degrés différents.
En réalité celui-ci est un élément décisif car le caractère répréhensible de l’acte en
dépend. C’est cet élément qui doit être pris en considération pour décider si oui ou
non l’infraction est imputable au délinquant.
L’idée d’intention est le pivot de cet élément moral, et l’intention consiste dans la
volonté d’accomplir un acte avec la conscience qu’il est défendu par la loi pénale, ou
encore de s’abstenir d’accomplir un acte avec la conscience qu’il est ordonné par la
loi.
A noter que cette intention ne doit pas être confondue avec les motifs ou le mobile
qui ont conduit l’agent pénal à agir de la sorte. A quelques exceptions près, ceux-ci
importent peu (du moins au stade de la réalisation de l’infraction) car ils pourraient
en effet être pris en compte lors du jugement, et pourraient parfois (ces motifs ou
mobiles), s’ils sont jugés honorables, conduire à une certaine indulgence, voire à un
abaissement considérable de la peine. C’est le cas des crimes passionnels.
2
Que l’on tue par haine ou par cupidité, ou que l’on tue par pitié et à la demande
même de la victime (cas d’euthanasie), il y a toujours meurtre, même si au finisse la
sanction sera sans doute différente. Le mobile est indifférent au stade de la
constitution de l’infraction : la conscience d’accomplir un acte antisocial suffit pour
déterminer la raison de la répression.
A partir de la compréhension des notions ci-dessus, il est nécessaire d’examiner la
différence entre la conscience et le dol chez le délinquant car dans les infractions
graves comme le meurtre, le dol est un élément déterminant dans la qualification.
Mais qu’est ce que le dol en Droit pénal ? et quelles en sont ses variétés ?
Le dol est traditionnellement défini comme étant l’attitude psychologique d’un
délinquant consistant pour sa part de savoir et de vouloir commettre une infraction.
C’est la volonté du délinquant d’accomplir un acte défendu par la loi. Cette volonté
est donc tendue vers un certain but : la recherche d’un résultat qui est
répréhensible. Et le législateur exprime à la fois cette exigence du dol en utilisant
dans les textes d’incrimination, des expressions telles que « volontairement », ou
« sciemment », ou « en connaissance de cause », ou « frauduleusement », ou
encore « de mauvaise foi ».
Mais ce dol pénal, qui peut être prouvé par tous moyens, connaît des formes et des
degrés différents et variant le plus souvent en fonction de l’intensité de la volonté
criminelle ou des effets qui en résultent.
Paragraphe 1: La distinction des dols selon leur étendue et leur gravité
A- La distinction des dols selon leur étendue
- le dol général : c’est la simple volonté consciente de violer la loi pénale. C’est-à-
dire c’est lorsque l’auteur a voulu non seulement l’acte causal du dommage
mais également le résultat dommageable lui-même. Ex: vouloir tirer un coup de
feu et vouloir la mort d’autrui caractérise l’intention d’homicide dans le crime qui
lui donne le caractère de meurtre. Mais la loi exige parfois, en plus de ce dol
général, un dol spécial;
- Le dol spécial : c’est l’intention criminelle inscrite dans un but spécial. En
d’autres termes, c’est la conscience qui ne se limite pas seulement à
l’accomplissement d’un acte illégal, mais à viser par cet acte un domaine spécial
de préjudice ou de victime. C’est à dire lorsque l’auteur a été animé d’un mobile
ou a poursuivi un but précis.
2
Ex1: tuer un témoin pour l’empêcher de dénoncer certains faits.
Ex2 : acte sexuel commis sur une personne en considération de son âge ‘’mineure’’
(pédophilie).
Ainsi, la diffamation requiert pour son existence la volonté de nuire à l’honneur ou à
la considération d’une personne;
B- La distinction des dols selon leur degré de gravité
- le dol peut être simple, ce qui n’entraînera aucune conséquence particulière tant
sur le plan de la qualification que celui de la répression ; il conduira au prononcé
d’une peine ordinaire. Exemple : Frapper violemment une personne jusqu’à mort
s’en suive mais au cours d’une bagarre inopinée.
- Il peut parfois être aggravé, c’est lorsqu’il y a une volonté avérée accompagnée
d’une intention réitérée jusqu’à l’aboutissement au résultat recherché. C’est le cas
du guet-apens ou de la préméditation dans le meurtre qui le traduit en assassinat. Il
y a une antériorité et une persistance dans l’intention criminelle par rapport à
l’action. Une sorte de prolongement de cette intention. Cela peut tenir à la période
pendant laquelle l’assassin a pris du temps de la réflexion pour mûrir son projet ou
au lieu où le délinquant est resté à attendre la victime ou encore à l’efficacité des
moyens employés pour le réaliser.
Voir des exemples en comparant le meurtre simple au meurtre aggravé au niveau
de l’article 206 pour le meurtre simple (dol simple) et l’article 207 alinéa2 pour le
meurtre aggravé (dol aggravé).
- A l’inverse du dol aggravé, il y a aussi le dol atténué qui va ici conduire en principe
à une diminution de peine. C’est notamment le cas lorsque l’auteur de l’infraction est
mineur (cas le plus fréquent).
Par ailleurs, quelque fois au lieu de prendre en considération l’intensité de la
volonté, le résultat de cette volonté peut être pris en compte.
Paragraphe 2: La distinction des dols selon leurs résultats
Cette distinction s’intéresse à la question du mobile, c'est-à-dire l’intérêt égoïste
personnellement recherché par l’agent pénal.
- le dol déterminé: Il y a dol déterminé lorsque le délinquant a voulu de façon
précise, commettre telle ou telle infraction en se fixant à l’avance un résultat bien
déterminé. Exemple: les coups tirés sur les pieds de la victime, détermine le
résultat de blessure visé par le délinquant.
2
- le dol indéterminé: Il y a dol indéterminé lorsque l’intention de l’agent pénal était
simplement de faire du mal, peu important la gravité du résultat, ou l’identité de
la victime. Exemple : le bandit qui, en pourchassant un véhicule, tire dessus
dans l’intention d’immobiliser le véhicule, ou d’élimer le chauffeur.
En cas de dol indéterminé, le délinquant est en principe tenu pour responsable de
toutes les conséquences de l’acte, y compris celles qu’il n’a pas souhaitées.
Celui qui va provoquer un incendie dans un lieu public mais ne sait pas s’il va tuer,
blesser, ou simplement faire des dégâts matériels. Le juge fixe la peine
proportionnellement à la gravité du préjudice subi par la victime, et non pas en
fonction de l’intention de l’auteur.
En cas d’indétermination de l’identité de la victime cette fois, et non pas du résultat,
la loi assimile le dol indéterminé au dol déterminé, dans la mesure où cela ne
change en rien l’intention criminelle ou dolosive de l’auteur. L’individu est considéré
comme tout autant dangereux même s’il y a eu une confusion sur l’identité de la
victime.
- Le dol est dit praeterintentionnel lorsque l’agent pénal exprime une volonté
dolosive bien déterminée, il poursuit un objectif précis, mais le résultat dépasse
l’intention initiale. L’exemple le plus parlant est celui des coups et blessures
volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Le délinquant est allé
au-delà de ce qu’il avait l’intention de faire au départ. Dans ce cas, la sanction sera
modérée. Confère l’article 243 NCP: « Les coups, blessures, violences volontaires,
exercés sans intention de donner la mort, mais l’ayant cependant occasionnée, sont
punis de la réclusion criminelle à temps de 5 à 20 ans».
- S’agissant du dol éventuel, ici l’agent pénal a pris simplement un risque sans
avoir aucun esprit de résultat dommageable, mais celui-ci s’est malheureusement
produit. On parle alors de faute de « mise en danger délibérée d’autrui ». C’est par
exemple le cas de l’automobiliste qui double en haut d’une côte sans visibilité, et va
causer un accident grave. Le dol ici n’était qu’éventuel.
L’élément moral est le deuxième des éléments fondamentaux pour la constitution
d’une infraction. Le troisième et dernier est l’élément matériel de l’infraction.
Section 3 : L’élément tenant aux faits: L’élément matériel de l’infraction
Cet élément extérieur est nécessaire, puisque notre Droit pénal à quelques
exceptions près n’incrimine pas les simples intentions ou les seules résolutions de
2
commettre une infraction. Il faut un acte matériel pouvant traduire l’existence de
l’infraction.
On peut résumer en disant que pour qu’il y ait infraction, un acte est nécessaire,
mais il n’est pas obligatoire qu’il y ait un résultat. Ce sera tout le problème de la
tentative que nous allons voir après.
Il convient de déterminer le degré minimum de réalisation de l’infraction qui permet
de poursuivre et de punir un délinquant, car l'individu qui veut commettre une
infraction, franchit plusieurs étapes : on parle alors de ‘’chemin du crime’’. Au départ,
il y a la simple pensée criminelle, suivie de la résolution criminelle qui est la pensée
arrêtée de manière définitive et irrévocable, ainsi que des actes préparatoires qui
consistent pour le délinquant de se doter des moyens pour l'accomplissement de
l'infraction (exemple: acheter un fusil), accompagnés du commencement de l'acte et
qui se termine par la consommation de l'infraction.
Une chose est certaine : il n'y a pas d'infraction s'il n’y a eu qu’une simple pensée
criminelle. La raison est simple, c’est parce qu'il serait difficile voire impossible d’en
apporter la preuve.
Dans un premier temps il sera question d’étudier les deux catégories d’infraction
dans lesquelles la découverte de l’élément matériel ne pose pas assez de
problèmes. Il s’agit de la matérialité des actes de commission et d’omission (§1),
ensuite il conviendra d’échafauder les différents aspects liés à l’infraction
simplement tentée appelée tentative punissable (§2).
2
Article 297 : « Le fait d’entraver volontairement l’arrivée de secours destinés à faire
échapper une personne à un péril imminent ou à combattre un sinistre présentant un
danger pour la sécurité des personnes, est puni d’un emprisonnement de 1 à 3 ans
et d’une amende de 500.000 à 5.000.000 de francs guinéens» ;
Article 298: « Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque
pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la
personne s’abstient volontairement de le faire, est puni d’un emprisonnement de 1 à
5 ans et d’une amende de 1.000.000 à 5.000.000 de francs guinéens.
Est puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une
personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui
prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours ».
2
La tentative est prévue et punie par notre nouvel arsenal répressif en son article 18
qui dispose que: « La tentative d’une infraction consiste en un commencement
d’exécution traduisant la résolution de l’auteur de l’acte de commettre l’infraction,
même si une cause étrangère en empêche la réalisation…».
L’absence de désistement volontaire voudrait dire que le délinquant n’a pas renoncé
de lui-même à ses actes délictueux entrepris. Soit il y a été incité ou contraint avant
d’en abandonner.
Cependant, même si cela est fait de façon spontanée, il faut que ce soit avant l’acte
interdit, sinon il s’agirait d’un simple repentir actif ou d’un remords tardif (c’est le
cas pour le délinquant qui répare les conséquences de son l’infraction) ce qui n’a
2
aucun effet sur sa responsabilité pénale. Ex : Le voleur qui restitue l’objet qui a été
volé à son propriétaire. Précisons de passage que ‘’absence de désistement
volontaire et repentir actif ne conduisent pas aux mêmes conséquences pénales’’.
L’état d’âme peut jouer un rôle décisif pour celui qui en est animé.
Résoudre le cas suivant : projetant un meurtre, un homme jette sa victime à l’eau.
Mais pris de remords et de pitié, il le repêche et lui sauve la vie. Ya-t-il tentative
punissable de meurtre ou pas? Justifiez votre réponse !
C- La répression de la tentative
Tel est le cas d’un bagarreur qui tente de tuer son antagoniste, il tire et rate sa cible
par maladresse.
- L’infraction impossible
Très voisine à la précédente, l’infraction impossible est celle dont le résultat est
irréalisable soit par ‘’absence d’objet’’ ou par ‘’inadéquation de moyens employés’’.
Exemple: le fait de vouloir tuer une personne qui est déjà morte.
-Dans l’infraction manquée, l’atteinte du résultat est bien possible, il suffit que le
délinquant mette un peu de vigilance et d’habileté dans ses actes. En se référant à
notre exemple ci-dessus, on comprendra que n’eut été la maladresse du délinquant,
il réussirait à tuer.
2
-Tandis que dans l’infraction impossible, quelle que soit son habileté, le délinquant
ne pourra jamais atteindre ce qu’il recherche. Regardons le même cas d’espèce. Il
est pratiquement impossible d’enlever la vie d’une personne qui l’a déjà perdue !
Tout d’abord, l’infraction est dite de Droit commun lorsqu’elle est susceptible d’être
commise par toute personne et que pour son jugement il n’y a pas un texte de
réglementation particulière. Exemple: Les coups et blessures volontaires.
Pour ce qui est des infractions politiques, il y a lieu de faire une distinction selon deux
critères.
Selon ce critère, l’infraction politique est celle dont l’objet est politique. Ainsi est
qualifiée de politique, l’infraction dont le but est de porter atteinte à l’organisation et
au fonctionnement des institutions établies par la constitution.
-Critère subjectif:
Pour ce critère, on parle d’infraction politique lorsque le mobile de son auteur (c'est-
à-dire de son sujet) est un mobile politique. Peu importe la nature de l’infraction.
2
Sont également politiques, les infractions de Droit commun mais connexes à une
infraction politique. Exemple: le vol d’une arme dans une armurerie lors d’une
insurrection.
Les infractions militaires sont de deux ordres. Il ya des infractions purement militaires
et des infractions de Droit commun commises par des militaires. Intéressons-nous
aux premières (a) avant de voir les intérêts de la distinction (b).
Est appelée infraction purement militaire, toute infraction ne pouvant être ainsi
qualifiée que lorsqu’elle est commise par un militaire. Elles sont visées aux articles
2
- Des infractions tendant à soustraire l’auteur à ses obligations militaires
(insoumission, abandon de poste…);
- Des infractions contre l’honneur et le devoir (trahison, pillage…);
- Des infractions contre la discipline (insubordination, abus d’autorité…);
- Des infractions aux consignes (violation de consigne, sommeil en faction…).
b- Les intérêts de la distinction:
Pour ces infractions, il faut dire que les auteurs bénéficient de beaucoup de
protections de la part de la loi par rapport à ceux des infractions de Droit commun:
Constituent des actes de terrorisme, lorsqu’ils sont en relation avec une entreprise
individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par
l’intimidation ou la terreur toutes les infractions énumérées par le nouveau code
pénal en son article 574 qui dispose : « Est coupable d’acte de terrorisme et
encourt la réclusion criminelle à perpétuité, quiconque :
1- Commet tout acte ou menace d’acte, quelle que soit sa motivation, politique,
religieuse, idéologique perpétré en violation des lois pénales, de nature à mettre
en danger la vie, l’intégrité physique, les libertés d’une personne ou d’un groupe
de personnes…».
Intérêts de distinction
2
entrant dans le champ d’application de l’article 844 l’exigent, la garde-à-vue d’une
personne majeure peut faire l’objet d’une prolongation supplémentaire de 48
heures…» ;
Pour les infractions douanières, il faut signaler que l’essentiel de cette matière se
trouve dans le code douanier de la République de Guinée.
Il convient de donner un détail sur le sens des mots employés par l’article suscité.
- La contravention est l’infraction qui est punie de peines de police. Aux termes
de l’article 68 du même code: Constituent des contraventions, les infractions
que la loi punit d'une amende n'excédant pas 500.000 francs guinéens.
2
500.000 francs guinéens au plus pour les contraventions de la 5ème classe…;
Ces contraventions ainsi que leurs différentes classes sont clairement visées par le
septième livre du nouveau code pénal guinéen.
Dans tous les cas, contrairement à l’ancien code pénal, les contraventions ne font
plus l’objet de peines privatives de liberté. Confère l’article 118 du nouveau code
pénal qui dispose : « En matière de contravention, la peine d’amende est inférieure
au minimum légal et aucune peine privative de liberté ne peut être prononcée ».
- En matière correctionnelle: Aux termes du nouveau code pénal, les délits sont
des infractions qui sont punies des peines d’emprisonnement, d’amende et
d’interdiction à temps de l’exercice de certains droits. Confère l’article 33 :« Les
peines correctionnelles sont :
1. l'emprisonnement;
2. l'amende;
3. la détention criminelle. »
La situation peut cependant paraître un peu difficile lorsque la peine est située entre
deux bornes de qualifications différentes.
2
Dans ce cas, il convient de rappeler que la solution se trouve dans l’esprit même du
texte qui incrimine. La peine normalement encourue peut être modifiée pour cause
de circonstances soit aggravantes ou atténuantes, mais cela ne donnera pas
nécessairement de transformation du degré d’infraction, plutôt que de légère
qualification pouvant aboutir à un changement de peines tout en maintenant
l’infraction dans la même catégorie.
Tel est le cas prévu au dernier alinéa de l’article 404 du même code pénal qui
dispose :«….Les peines sont portées à 10 ans d'emprisonnement et de 100.000.000
à 150.000.000 de francs guinéens ou à l’une de ces deux peines seulement lorsque
l'escroquerie est commise en bande organisée.». Ici l’escroquerie demeure un délit
quand bien même que la peine se trouve dans le rang des peines criminelles.
Seulement est-il que la qualification retenue dans ce cas est celle de l’escroquerie
aggravée.
A- Principe de la distinction
Quant à l’infraction continue encore appelée infraction successive, elle est celle
dont la matérialité se prolonge dans le temps avec l’idée renouvelée du délinquant
de pérenniser l’acte criminel. Exemple : la séquestration arbitraire ou encore le recel.
2
Cas illustratif: Pour la situation d’une personne séquestrée arbitrairement depuis le
15 Avril 2010 et mise en liberté le 20 Juillet 2013, son agresseur peut être poursuivi
pendant dix (10) ans à compter du 20 Juillet 2013.
La loi nouvelle ne régit pas l’infraction instantanée tant que celle-ci n’a pas été
commise sous son empire ; cependant, l’infraction continue même si elle fut
commise sous l’empire de l’ancienne loi, elle demeure régie par la loi nouvelle dès
lors qu’elle s’est prolongée sous l’autorité de celle-ci.
A- Le principe de la distinction
L’infraction d’occasion est celle qui consiste à l’accomplissement d’un fait matériel
unique pour justifier l’application d’une sanction pénale. Il en est ainsi du vol.
La loi nouvelle s’applique à l’infraction d’habitude dès lors qu’un seul de ses actes
matériels est réalisé sous son empire même si les autres (premiers) actes ont été
accomplis sous l’emprise de l’ancienne loi.
2
Paragraphe 3 : Distinction infractions simples et infractions complexes
Cette distinction est basée sur le nombre d’acte matériels exigé pour retenir la
qualification de l’infraction.
A- Le principe de la distinction
L’infraction simple est celle qui consiste à la commission d’un seul acte matériel.
Exemple : l’acte de pénétration sexuelle dans le viol;
2- La compétence juridictionnelle
A- Le critère de la distinction
L’infraction matérielle est celle dont le résultat redouté est exigé parmi les éléments
constitutifs de l’infraction spéciale qui est en cause, de sorte que sans ce résultat
l’infraction ne saurait être constituée.
2
Exemple: l’homicide. Il n’y a d’homicide que lorsque la vie a existée avant l’acte qui
a provoqué la mort. Donc le corps humain sans vie (matériellement) est la condition
pour qu’on parle d’homicide.
Par contre, l’infraction formelle est celle qui est considérée consommée
indépendamment de la réalisation du résultat recherché par le délinquant.
B- L’intérêt de la distinction
Un seul élément constitue l’intérêt de démarcation entre ces deux types d’infraction.
Il s’agit de la question de ‘’tentative’’.
Disons que ce principe ne s’applique qu’aux infractions matérielles, mais n’a pas de
valeur considérable quant aux infractions formelles. Dans l’infraction formelle, la
tentative n’a pas assez de considération pour la simple et bonne raison que le
délinquant aura déjà dépassé le seuil de la tentative en ayant posé des actes
nuisibles, ce qui veut dire que le désistement volontaire n’aura plus sa place. Tout de
même, dans l’exemple de l’empoisonnement, le délinquant pourrait bénéficier de la
clémence du Tribunal en cas de repentir actif. Par exemple lorsqu’il a donné des
antidotes à sa victime.
A- L’infraction intentionnelle est celle par laquelle l’agent pénal a bien voulu et
obtenu avec intention le résultat de l’acte qu’il a accompli. Elle se traduit par des
expressions courantes comme ‘’il l’a fait exprès’’, ‘’il l’a fait sciemment’’ ou encore
‘’il l’a fait en connaissance de cause’’. Confère l’article 208: « Le meurtre
commis avec préméditation ou guet-apens constitue un assassinat. Il est puni de
la réclusion criminelle à perpétuité…»;
B- Les infractions non intentionnelles, elles ne se vérifient pas par rapport à
l’intention de l’agent pénal mais plutôt à cause de la simple violation de la loi
pénale (donc pour simple faute). Il s’agit des actes (délits ou contraventions)
commis par négligence, imprudence, maladresse ou inobservation de règlements
et qui conduisent à l’application d’une sanction pénale. Confère l’article 216 :
« Le fait de causer, dans les conditions et selon les distinctions prévues à l'article
15, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une
2
obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement, la mort
d'autrui constitue un homicide involontaire puni de 1 à 5 ans d'emprisonnement et
de 1.000.000 à 10.000.000 de francs guinéens d'amende…».
C- L’infraction praeter intentionnelle située à l’intermédiaire des deux
précédentes, c’est une infraction intentionnelle légalement considérée comme
ayant dépassée la volonté du délinquant dans les résultats obtenus. L’auteur agit
avec volonté et conscience en commettant l’infraction, seulement le résultat
dépasse le but (volonté) qu’il se proposait d’atteindre. C’est pourquoi la
responsabilité pénale de l’auteur est sans équivoque, seulement il peut bénéficier
d’allègement de peine. Ainsi que le législateur prévoit qu’il lui sera appliqué une
peine inférieure à celle normalement applicable au résultat obtenu. Il ya
simplement lieu de distinguer le degré de gravité entre la volonté et l’intention
chez le délinquant.
Exemple : L’auteur des coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans
intention de la donner, est puni de la réclusion criminelle à temps de 5 à 20 ans.
Confère l’article 243 : « Les coups, blessures, violences volontaires, exercés sans
intention de donner la mort, mais l’ayant cependant occasionnée, sont punis de la
réclusion criminelle à temps de 5 à 20 ans ».
Paragraphe 2: Les intérêts de la distinction
D’une part, la tentative n’est admise et réprimée que dans les infractions
intentionnelles et exclue dans les infractions non intentionnelles.
D’autre part, on ne peut parler de légitime défense que seulement au niveau des
infractions intentionnelles car elle suppose une riposte volontaire.
Pour qu’il ait responsabilité pénale au sens strict du terme, il faut que le délinquant
ait commis une faute délictueuse. C’est la question de ‘’Culpabilité’’ (B) et que cette
faute puisse lui être reprochable. C’est la théorie d’‘’Imputabilité’’(A).
A- L’imputabilité
La question qui se pose le plus souvent après un acte, c’est de savoir qui en est
l’auteur ? D’autres disent clairement qui en est coupable ou responsable de cet acte?
Précisons qu’il ya bien des cas où une personne peut poser des actes délictueux
alors qu’elle n’en est pas responsable. C'est-à-dire que ces actes ne lui sont pas
imputables. C’est pourquoi il convient de savoir qui doit subir la loi quand il ya un
acte antisocial.
Alors pour que l’infraction soit retenue sous la base de l’élément moral afin de
déterminer la responsabilité d’une personne reconnue coupable, il faudrait que l’acte
émane directement de cette personne et que cette personne ait agit avec ’’
discernement et bon gré’’.
2
Ainsi, si une personne commet un acte antisocial mais sous le coup de la contrainte
ou pendant qu’elle a une mentalité complètement altérée, on dira certes qu’elle a fait
un acte antisocial (acte coupable) mais on dira qu’elle est irresponsable (intention
non coupable). C'est-à-dire l’infraction ne lui est pas imputable.
B- La culpabilité
Le sens réel de la culpabilité suppose que la faute au sens large, soit intentionnelle
ou d’imprudence ou de négligence. C'est-à-dire qu’un individu n’est coupable d’une
infraction que s’il en a été préalable convaincu. C’est lorsqu’il a agi soit par mépris
contre les valeurs sociales protégés (volontairement), ou il a causé un acte coupable
(punissable) même en dehors de toute volonté.
Il s’agit ici du fondement moral de l’infraction qui amène le juge à infliger une peine
mais aussi à mesurer le degré de la peine.
Après ces détails, il convient maintenant d’aborder la responsabilité pénale dans ses
différents aspects tant à l’égard des personnes physiques que morales avant de voir
les cas dans lesquels cette responsabilité peut être dégagée ou atténuée.
Tout d’abord, il est à rappeler que dans l’ancien Droit pénal quand on parlait de
responsabilité pénale, nul ne se perdait de vue sur la personne de l’être humain.
C'est-à-dire que la personne morale est longtemps restée sans figurer parmi ceux qui
étaient épinglés par l’arsenal répressif. Il y avait une boutade à ce sujet qui disait « je
n’ai jamais déjeuné avec une personne morale ». Mais avec l’évolution de l’humanité
et surtout avec l’influence que les personnes morales se font réservée dans la vie
active, il est désormais nécessaire de ne plus jamais passer sous silence certains de
leurs agissements. Il convient donc dans un premier temps de mettre un accent sur
la responsabilité pénale des personnes physiques (Chapitre I) avant de décortiquer
les aspects essentiels de la responsabilité pénale des personnes morales et pour
autrui (Chapitre II).
2
Par ailleurs, relativement aux conditions sans lesquelles l’infraction ne saurait être
constituée, il est à retenir qu’il ya bien des cas dans lesquels le caractère délictueux
de l’acte défendu soit écarté ou couverte par la loi et cela ayant pour corolaire
l’anéantissement total ou l’amoindrissement de la responsabilité pénale. On parle de
causes d’irresponsabilité et d’atténuation de la responsabilité pénale (Chapitre III).
Chapitre I : La responsabilité pénale des personnes physiques
Enonçons tout d’abord le principe traditionnel selon lequel ‘’ en matière pénale, nul
ne peut être tenu pour responsable d’une infraction que celle qu’il a personnellement
commise’’. Confère l’article 14 NCPG: «Nul n’est responsable pénalement que de
son propre fait… ».
Point de responsabilité pénale pour autrui comme cela est possible en Droit civil.
Toutefois, une exception aussi éloquente que ça, fera l’objet de détails dans le
chapitre qui suivra.
Rappelons aussi que la délinquance comme toute autre activité humaine, s’effectue
plus généralement à travers une répartition de tâches à exécuter entre les acteurs.
Et dans cette répartition de besognes, il y a certaines personnes qui sont chargées
d’exécuter l’infraction dans sa matérialité ayant à leur côté immédiat d’autres qui y
coopèrent (S1) et aussi un autre groupe dit de deuxième zone ou encore appelé
bailleurs de fonds d’infraction (S2) qui y contribuent.
2
Ainsi on peut retenir que l’auteur à proprement parler est l’individu qui réalise
personnellement l’infraction dans tous ses éléments constitutifs. On dit qu’il est celui
qui accomplit l’infraction dans sa matérialité.
Ainsi, est l’assassin ou le meurtrier selon les cas, celui qui tue de ses propres mains.
Dans le cas d’une infraction par omission, c’est alors celui qui s’est abstenu d’agir
qui est l’auteur de l’infraction car c’est sur lui que pesait l’obligation énoncée par la
loi.
L’auteur matériel est responsable en principe de son fait personnel et seulement de
son fait personnel qu’il y ait action ou abstention.
Dans les sociétés primitives on comprenait mal cette notion. Les membres d’une
famille, d’un clan, d’un groupe, pouvaient voir leur responsabilité retenue pour des
faits auxquels ils étaient étrangers. Mais la sanction était non seulement appliquée
à l’auteur direct de l’acte mais également contre son entourage au titre d’une sorte
de coresponsabilité sans aucun fondement juridique.
L’évolution du Droit pénal a permis aujourd’hui d’abandonner cette pratique de
responsabilité collective au profit d’une responsabilité exclusivement personnelle.
D’où la nécessité de faire certains démêlements sur la notion de coaction.
Parargaphe2 : Le coauteur
Comme mentionné plus haut, il arrive souvent que deux ou plusieurs personnes
aient agi ensemble, ce qui devient compliqué car il faut démêler les responsabilités
respectives des uns et des autres. En effet, chacun des participants peut ne pas
forcement jouer le même rôle que les autres. Si plusieurs personnes sont en cause
dans la commission d’un même acte, elles sont considérées comme des coauteurs
et selon cette terminologie, chacun d’eux aura commis sa propre infraction. Confère
l’article 52 du Code Pénal guinéen de 1998 qui dispose: « Est réputé coauteur,
l’individu qui coopère à la réalisation matérielle de l’infraction, agit en même temps
que l’auteur principal, donne à celui-ci et en reçoit une assistance réciproque ».
Pour qu’il soit ainsi qualifié, le coauteur doit avoir véritablement participé aux
éléments constitutifs de l‘infraction. Par exemple en cas d’assassinat à l’arme
blanche, le coauteur sera celui qui a lui-même asséné des coups dans le corps de la
victime. Il ne sera cependant pas coauteur mais complice s’il s’est contenté de
fournir l’arme ou de faire le guet. Le coauteur est responsable de son fait personnel
(action ou abstention) et ce, indépendamment de la responsabilité ou de l’absence
de responsabilité du ou des autres auteurs. Ainsi, dans un cas d’immunité dont peut
bénéficier l’auteur principal, ses coauteurs seront quant à eux, retenus dans les
liens de culpabilité et sanctionnés indépendamment de celui qui est couvert
d’immunité. Il en est ainsi du cas de vol entre proches parents. Confère l’article
2
385 :« Ne peuvent donner lieu qu'à des réparations civiles les soustractions
commises par :
1. des époux au préjudice de leurs épouses, des épouses au préjudice de leurs
époux, un veuf ou une veuve quant aux choses qui avaient appartenu à l'époux
décédé;
2. des enfants ou autres descendants au préjudice de leurs pères ou mères ou
autres ascendants, des pères ou mères ou autres ascendants au préjudice de leurs
enfants ou autres descendants;
3. des alliés aux mêmes degrés à condition que les soustractions soient commises
pendant la durée du mariage et en dehors d'une période pendant laquelle les époux
sont autorisés à vivre séparément;
4. des collatéraux entre eux qu’ils soient germains, utérins ou consanguins. Tous
autres individus qui recèlent ou appliquent à leur profit tout ou partie des objets volés
sont punis comme coupables de recel. »;
A côté de ces deux catégories d’acteurs, il ya une autre qu’il convient d’éclaircir.
Paragraphe3: L’auteur intellectuel ou moral
Bien qu’il ne soit pas directement traité par notre Droit positif comme tel, il convient
néanmoins pour notre propre culture, d’éclaircir la situation pénale de ceux qui
agissent en coulisse, qui n’apparaissent pas sur le devant de la scène mais qui
tirent les ficelles dans les détroits. Ici l’idée est de punir non seulement celui qui fait
(auteur ou coauteur matériel) mais également celui qui fait faire. C’est à dire
l’auteur intellectuel. Cet autre participant est souvent pris sous l’angle de la
complicité même s’il est le cerveau de l’infraction. En guinée ce comportement
relève de l’article 20 point 1° qui prévoit la complicité par provocation en ses
dispositions: « Sont punis comme complices d'un fait qualifié crime ou délit : 1. ceux
qui par dons, promesses, abus d'autorité ou de pouvoir, machinations ou artifices,
provoquent ce fait ou donnent des instructions pour le commettre;….».
Il s’agit donc de l’individu qui inspire en l’auteur matériel l’idée de passer à l’acte.
C’est le cas du commanditaire d’un tueur à gage.
C’est pourquoi d’ailleurs pour élargir le grappin à l’égard de tous les participants et
éviter de tomber dans le risque d’exonération banale pour manque d’infraction
principale pour immunité comme c’est le cas souvent pour la complicité, les Juges
répressifs de fond empruntent souvent la qualification d’ ‘’association de malfaiteurs’’.
Dispose l’article 784: « Constitue une association de malfaiteurs, tout groupement
formé ou entente établie, quelle que soit sa durée ou le nombre de ses membres, en
2
vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d’un ou
plusieurs crimes ou d’un ou plusieurs délits».
2
1- Un acte positif
Pour être punissable la complicité doit s’extérioriser, se manifester et prendre la
forme d’un des actes énumérés à l’article 20 du Nouveau Code Pénal Guinéen.
On parle d’élément matériel de la complicité.
A ce niveau le législateur a pris le soin de caractériser les actes concernés en
dressant une liste limitative des actes répréhensibles au titre de la complicité, dont
entre autres: le don, la promesse, l’aide ou l’assistance, la provocation, les
instructions…. ;
Dans l’interprétation de ce texte on peut conclure que certains concours sont certes
punissables mais pas au titre de la complicité. C’est le cas par exemple du
concours passif (le silence en présence du crime) ou encore du concours
postérieur à l’infraction (recel).
Il faut nécessairement une action et non une abstention et il faut en principe que les
actes de concours soient antérieurs ou concomitants à l’infraction. Ainsi, ceux qui
font sciemment des apports aux délinquants postérieurement leurs actions, ils
tombent sous le coup de la loi non pas au titre de la complicité mais au titre d’une
autre infraction autonome qu’est le recel. Voir l’article 485 alinéa1: « Le recel est le
fait de détenir, de dissimuler ou de transmettre une chose, ou de faire office
d'intermédiaire afin de la transmettre, en sachant que cette chose provient d'un crime
ou d'un délit…». A ce niveau on comprend qu’il ne s’agit pas de la complicité parce
que les actes cités ne sont ni antérieurs ni concomitants mais plutôt postérieurs à
l’action.
2
délictueux à l’acte principal (le fait de tuer) qui n’est pas punissable en soit et
subsidiairement celui qui s’y est grevé (le fait d’aider) n’est plus répréhensible.
3- Une intention criminelle
Pour qu’il soit donc retenu dans les liens de la culpabilité pour complicité, l’individu
doit avoir agi en sachant ou en étant censé savoir la conduite criminelle de l’auteur.
Il doit connaitre le dessein criminel de l’auteur et lui apporter dans ces circonstances
aide ou assistance voire provoquer la préparation ou la consommation de
l’infraction. Ainsi, une simple aide ou assistance par naïveté ou par mégarde, ne
suffit pas pour réprimer la complicité. Tout de même, l’appréciation de bonne foi du
complice est réservée au Juge répressif de fond.
2
L’inverse en va tout autrement. Ainsi, la tentative de la complicité n’est pas
punissable faute de fait principal. Restons dans la même hypothèse. Si Francky ne
posait aucun acte de commencement d’exécution, il n’y aurait aucune punition.
Dans ce cas, Bouba aurait simplement tenté d’être complice mais de quoi? En
réalité de rien! car aux yeux de la loi à ce stade, Francky n’était pas encore
délinquant, il n’avait posé aucun acte criminel d’abord. C’est la théorie de la
(tentative de complicité). Si la tentative n’est pas suivie d’effet, elle n’est jamais
punissable.
Est complice par collaboration d’un crime ou d’un délit, celui qui, par aide ou
assistance facilite la préparation ou la consommation de cette infraction. Il ya
préparation, lorsque l’acte du complice est antérieur aux agissements de l’auteur.
Exemple : le fait de prêter une arme au meurtrier, pour qu’il accomplisse le meurtre;
Est complice par instigation, celui qui, par promesse, don, abus d’autorité ou de
pouvoir…aura provoqué une infraction ou donné des instructions pour la commettre.
Rappelons que le domaine de cette complicité est plus large. Il englobe toutes les
infractions (crime, délit et contravention).
Par rapport au temps d’action, il faut dire ici que le complice intervient
nécessairement avant l’auteur. C'est-à-dire que son acte est toujours antérieur au fait
principal punissable.
2
Il le fait soit par provocation ou par instruction. Mais que signifient ces deux
termes ? Le fait par exemple de « recruter un tueur » à gages est une complicité
par instigation mais de provocation. Car le criminel était tranquillement assis
lorsque le complice est venu le voir. Ce n’est qu’à l’issue de leur entretien que
l’auteur matériel aura entrepris l’acte criminel auquel il est instigué par son complice.
2
La réponse à toutes ces questions nécessite d’une part, la détermination du domaine
d’application de la responsabilité pénale des personnes morales, ensuite les actes
qui y sont incriminés, le mécanisme de mise en œuvre de cette responsabilité ainsi
que sa sanction (S1) avant de passer au peigne fin la notion de responsabilité pénale
pour autrui (S2) d’autre part.
Soulignons déjà que notre nouveau code pénal a, au niveau de son livre I, en son
titre II, chapitre I, précisément en son article 16, traité de la responsabilité pénale
des personnes morales de façon générale. Ainsi qu’il convient de détailler.
Il s’agit de toutes les personnes morales de Droit privé, à savoir : les sociétés, les
groupements, les associations, les fondations,… ;
Ainsi que les autres personnes morales de Droit public dont entre autres : les
collectivités territoriales, les établissements publics…;
Contrairement au code pénal de 1998 qui avait trop restreint le domaine d’application
de cette responsabilité en ce qui concerne les infractions (seules les infractions en
matière de drogues étaient visées), le nouveau code pénal a su faire une extension à
toutes les infractions.
2
C’est toute la question d’imputabilité de l’infraction à la personne morale. En effet, la
personne morale n’a pas de volonté pour agir. Le législateur se devait donc de jouer
avec l’impossibilité pour elle de commettre matériellement une infraction.
Face à cette difficulté due à l’intangibilité d’esprit chez la personne morale, le
législateur a su régler la question de mise œuvre de la responsabilité pénale de la
personne morale en prévoyant des conditions cumulatives en ces termes:
Les personnes morales sont responsables pénalement des infractions commises
pour leur compte et par leurs organes ou représentants.
Toutefois, ces personnes morales ne sont responsables pénalement que si les faits
sont commis dans l’exercice d’activités susceptibles de faire l’objet de conventions
de délégations de services.
Mais que faut-il entendre par organe ou représentant ?
S’agissant des organes ce peut être des structures mises en place pour agir au
nom et pour le compte de la personne morale. Il en est ainsi de l’assemblée
Générale d’une société, du conseil d’administration, du conseil général… ;
Quant aux représentants, ce sont des individus nommés ou élus comme dirigeants
de la personne morale, notamment : (le gérant d’une société, le PDG, le maire,
l’administrateur provisoire, le liquidateur…).
Aux termes de la loi guinéenne on peut résumer ces conditions comme suit :
2
C’est donc au niveau de la personne physique que doivent être constatés les
différents éléments constitutifs de l’infraction.
Paragraphe 4 : La répression de la responsabilité pénale des personnes morales
Le caractère intangible de la personne morale fait que la peine qui lui est applicable
ne saurait être une peine d’emprisonnement.
Tout de même, elle peut être assujettie à plusieurs autres peines privatives ou
restrictives de droits, dont entre autres:
1. l’amende ;
2. la dissolution ;
6. l’exclusion des marchés publics à titre définitif ou pour une durée de 5 ans au plus;
7. la confiscation de la chose qui a servi ou était destinée à commettre l’infraction ou
la chose qui en est le produit ;
Elles ne sont pas non plus applicables aux partis ou groupements politiques, ni aux
syndicats professionnels. Confère l’article 84 du nouveau code pénal.
2
2- La sanction des personnes physiques:
Nous l’avons souligné plus haut, la responsabilité pénale des personnes morales et
celle des personnes physiques pour les mêmes faits ne sont pas supplétives mais
plutôt sélectives. C'est-à-dire qu’elles sont sanctionnées séparément. Ainsi, les
personnes physiques auteures ou complices desdites infractions, au-delà de la
sanction de la personne morale, s’exposent à des sanctions prévues contre les
infractions concernées. Ainsi, la personne physique peut subir des peines comme:
- L’emprisonnement ;
- L’ amende ;
- Des peines privatives ou restrictives de droits…, selon le cas.
Rappelons tout d’abord que notre Droit positif semble ne pas s’intéresser à ce sujet
pour la simple raison que le Droit français dont il est tributaire exclut ce sujet à cause
du principe de la personnalité des peines. A travers la doctrine nous pouvons tout de
même élucider son élément type qui est la responsabilité pénale du chef
d’entreprise. Par définition, c’est l’obligation pour une personne de répondre devant
les juridictions répressives des actes délictueux d’une autre personne.
Il s’agit d’un principe de responsabilité très large. Le dirigeant d’une entreprise est
responsable pénalement, non seulement de ses fautes personnelles - en tant
qu’auteur direct et personnel de l’infraction, mais également des agissements fautifs
de ses préposés dans l’exercice de leurs fonctions professionnelles.
La délégation de pouvoirs est un instrument juridique par lequel une autorité dite le
délégant se dessaisit d’une fraction des pouvoirs qui lui sont conférés et les
transfère à une autorité subordonnée dite délégataire pendant une durée
déterminée. Le délégataire assume les obligations et les responsabilités liées aux
pouvoirs qui lui ont été délégués et un véritable transfert de responsabilité s’opère
entre le délégant et le délégataire.
Tout de même, le dirigeant devra prouver par tout moyen l’existence et le contenu
de la délégation de pouvoirs. Précisions qu’en la matière, la délégation écrite est
vivement recommandée pour faciliter sa preuve.
Quant aux conditions de validité de la délégation de pouvoirs, il faut dire qu’elles sont
très strictes. Ainsi pour être valable, la délégation doit :
2
-Être faite à un subordonné ayant les moyens et la formation nécessaires pour
accomplir sa mission ;
-Être précise et limitée dans le temps (la délégation n’est jamais totale et
permanente);
-Le chef d’entreprise doit justifier ne pas pouvoir assurer personnellement cette
surveillance et ;
Les causes objectives d’irresponsabilité pénale peuvent s’entendre comme étant des
faits justificatifs de la commission de l’infraction.
On les qualifie de faits justificatifs à l’image de l’ancien Droit qui les qualifiait ainsi à
cause du fait que l’acte délictueux est justifié par l’absence de l’élément légal de
l’infraction. Il s’agit d’une sorte de neutralisation de la loi vis-à-vis de l’acte qu’elle
devait punir.
Ces causes sont au nombre de quatre (04) et elles sont visées aux points 3 et 4 de
l’article 21 du nouveau code pénal guinéen qui dispose que: « Il n'y a ni crime ni
délit, lorsque:..
3. le prévenu agit en vertu d'un commandement de la loi ou d'un ordre de l'autorité
légitime, sauf si cet ordre est manifestement illégal;
4. l'action du prévenu est commandée par la légitime défense ou l’état de nécessité»;
Paragraphe 1 : Le commandement de la loi ou l’ordre de l’autorité légitime
2
Bien que ces deux circonstances aient le même effet d’irresponsabilité pénale, mais
le texte qui les prévoie nous permet de faire une nette démarcation entre elles.
1- Le commandement de la loi :
Il faut entendre par commandement de la loi lorsque celle-ci permet à une personne
directement de violer une autre loi sans pour autant s’inquiéter. Il s’agit plus
clairement d’autorisation ou de permission accordée par la loi à des personnes de
violer une autre loi en toute légitimité.
Exemple: le médecin qui, pour une opération chirurgicale, porte des coups et
blessures volontairement sur son patient pour le soigner. Dans ce cas il ne saurait
être poursuivi pour coups et blessures volontaires;
Egalement l’Huissier de justice qui fait démolir les bâtiments d’autrui en vertu d’une
décision de justice ordonnant cette démolition. Il ne saurait être poursuivi pour
destruction d’édifices privés car il n’aura fait qu’obéir au rôle qui est le sien de par la
loi.
Une autorité est dite légitime, lorsqu’elle est régulièrement investie d’un pouvoir
qu’elle exerce directement sur une autre personne appelée subordonné. Il s’agit pour
le supérieur hiérarchique de faire faire légitimement un acte qui, de nature est
délictueux. Toutefois, quatre (4) conditions sont à respecter pour retenir l’ordre de
l’autorité légitime comme cause d’irresponsabilité pénale:
-le supérieur doit le faire dans le cadre de ses compétences et dans l’exercice de ses
fonctions et;
Mais posons-nous la question de savoir qu’est ce qui peut advenir lorsque l’ordre est
donné par le supérieur hiérarchique?
2
-La première, il s’agit de la théorie de ‘’l’obéissance passive’’ selon laquelle, le
subordonné doit toujours exécuter l’ordre de son supérieur sans discussion. Dans ce
cas si l’ordre est légal, le refus d’en exécuter constituera l’infraction
d’insubordination;
Exemple: le militaire qui commet du viol sous ordre de son chef hiérarchique, ne
saurait s’exonérer sous prétexte d’avoir reçu un ‘’commandement de l’autorité
légitime’’.
C’est un fait justificatif par lequel un individu face à une atteinte injustifiée envers sa
personne, celle d’autrui ou un bien, accomplit dans le même temps un acte de
défense dont les moyens employés sont proportionnels à la gravité de l’atteinte.
Cette définition nous amènera à démêler les quatre (4) conditions pour que la
légitime défense soit retenue comme cause d’irresponsabilité pénale.
Deux de ces conditions sont relatives à l’acte d’attaque et les deux autres à l’acte de
riposte.
Elle ne doit pas être future ou éventuelle. Cela signifie qu’on ne doit pas imaginer
une attaque ou se fonder sur une menace insuffisante pour se faire justice
préventivement. Il faut que l’individu qui riposte soit victime d’une agression sérieuse
déjà née ou imminente;
Est injuste, toute agression qui n’est pas fondée en Droit. Ainsi, la résistance aux
actes d’arrestation exercés par un policier dans l’exécution d’un mandat d’amener
décerné par un Juge d’instruction n’est pas une légitime défense mais plutôt un acte
d’outrage envers un dépositaire de force publique;
Celui qui lutte contre un danger, doit agir immédiatement. C'est-à-dire pendant que le
danger menace éminemment de l’atteindre ou d’atteindre autrui. Ceci étant, si le
danger a cessé, toute riposte est une vengeance privée et donc punissable. C’est le
cas d’un bagarreur qui revient quelques heures plus tard surprendre son agresseur
avec des coups mortels.
2
4- La riposte doit être proportionnée
La riposte ne doit pas être excessive par rapport à l’acte d’atteinte. C'est-à-dire que
si les moyens de défense sont démesurés, ils ne sauraient justifier l’acte de riposte.
La proportionnalité doit se mesurer tant dans les moyens employés que dans les
résultats obtenus.
Exemple: la victime d’une paire de gifle qui tue son agresseur en le criblant de balle,
ne peut pas être fondée à invoquer la légitime défense, car les simples coups
n’équivalent pas à un homicide.
C’est une cause d’irresponsabilité pénale par justification qui consiste pour une
personne qui se trouve face à un danger actuel ou imminent qui menace sa
personne, celle d’autrui ou un bien, d’accomplir un acte nécessaire à la sauvegarde
de la personne ou du bien dans une mesure proportionnelle à la gravité du danger.
Pour qu’il y ait état de nécessité il faut que celui qui l’invoque justifie:
1- être en présence d’un danger actuel et sérieux qui menace une vie ou un bien;
2- l’acte accompli était l’unique moyen approprié pour lui d’écarter le danger;
3- l’intérêt sauvegardé est supérieur à celui qui a été sacrifié;
4- Enfin, l’absence totale de faute antérieure de la part de celui qui invoque cet état.
Les effets de l’état de nécessité:
Bien qu’ils soient tous des faits justificatifs d’infractions, l’état de nécessité produit
des effets différents de ceux de la légitime défense. Il a pour effets:
Exemple: Une femme qui vole du pain pour faire manger son enfant malade. Elle
aura sauvé une vie en sacrifiant un droit de propriété. Dans ce cas, elle est
pénalement irresponsable, mais elle demeure obligée pour la restitution de la valeur
du pain lorsqu’elle en aura les moyens;
2
Section 2 : Les causes subjectives d’irresponsabilité pénale ou causes de non-
imputabilité.
A la différence des faits justificatifs qui traitent des situations dont les effets
s’élargissent à l’égard de tous, les causes de non-imputabilité sont des circonstances
qui abolissent le discernement chez l’agent pénal qui, de ce fait, ne produisent leurs
effets qu’à l’égard de cet individu seul mais pas aux coauteurs ni aux complices.
D’où la qualification de causes subjectives.
Nous ferons recours au code pénal guinéen pour détailler progressivement ces deux
causes (démence et contrainte). La base légale de ces deux éléments demeure le
même article 21 du code pénal qui dispose que :
En guinée cette circonstance est traitée par le même article 21 point 1 : « Il n'y a ni
crime ni délit, lorsque: 1. le prévenu est en état de démence au moment de l'action…»;
Il convient d’éclaircir les conditions (1) avant de détailler les effets (2 ) de cette
circonstance.
Ces précisions méritent d’être apportées parce qu’il n’y a pas de présomption de
trouble mentale, d’ailleurs, cette question est restée à l’appréciation du Juge de fond
qui peut faire recours à une expertise psychiatrique qu’en bien même que celle-ci ne
le lie pas.
2
Néanmoins cette expertise est nécessaire pour éclairer la religion du Juge.
En tout état de cause, les peines pécuniaires et celles qui privent le délinquant des
autres droits pourront être immédiatement exécutées.
Certaines notions de par la nature de leurs actes, méritent d’être éclairées pendant
les débats des cours magistraux pour les démarquer de la démence. Il s’agit de:
Paragraphe2 : La contrainte
1- La contrainte physique
2
Il s’agit de la force irrésistible exercée sur le corps même de l’agent pénal l’obligeant
ainsi à commettre une infraction contre son gré. Cette force peut provenir d’une
chose ou d’un tiers.
2- La contrainte morale
La contrainte morale est un état soit maladif, passionnel ou émotionnel qui pousse
l’auteur à commettre une infraction.
Exemple : Le cas de la mère ayant la garde de leur fils refuse de satisfaire au droit
de visite et d’hébergement du père à l’enfant qui présente pourtant un état grave de
problèmes de santé de crainte que le père du garçon, ressortissant d’un pays de
trafic d’enfants, n’y emmène l’enfant.
Toutefois, cette dernière contrainte n’est pas une cause de non-imputabilité. Puisque
dans la société, chacun est tenu de pouvoir dominer ses émotions sous la menace
de l’épée de Damoclès. Cette contrainte ne peut être qu’une simple circonstance
d’atténuation de peine;
1- L’irrésistibilité de la contrainte
La personne qui invoque la contrainte, doit justifier que celle-ci fut si pressante
qu’elle a supprimé chez elle tout autre moyen possible que celui de passer à l’acte
interdit. Toutefois, la preuve de cette irrésistibilité n’est pas facile à rapporter.
La cause qui provoque la force de contrainte ne doit pas provenir de celui qui en
invoque. Il s’agit un peu de la théorie selon laquelle ‘’Nul ne peut se prévaloir de ses
propres turpitudes.’’
Exemple : Le marin qui, en état d’ivresse, n’a pas pu rejoindre son bord. Et pour
cela, il fut poursuivi et condamné pour désertion. A ce niveau bien que ce marin soit
terrassé par la force du poids de l’alcool, mais l’on a considéré qu’il a lui-même
commis une faute qui lui est imputable, celle de boire de façon démesurée.
2
sous la base du code pénal Français notamment en son article 122. Quant aux deux
dernières causes d’excuse et d’atténuation de peines (consentement et minorité
pénale) nous les étudierons conformément à notre code pénal.
Paragraphe 1 : L’erreur
1- L’erreur de droit
Rappelons tout d’abord la règle traditionnelle selon laquelle ‘’Nul n’est censé ignorer
la loi’’. Néanmoins en France aujourd’hui, ce principe est battu en brèche.
Du moins c’est ce qui est prévu à l’article 122-3 du code pénal français qui
dispose : « N’est pas pénalement responsable la personne qui justifie avoir cru, par
une erreur sur le droit qu’elle n’était pas en mesure d’éviter, pouvoir légitimement
accomplir l’acte ».
Cependant, pour qu’elle soit retenue, l’erreur sur le droit doit être invincible. C'est-à-
dire que celui qui l’invoque doit justifier qu’à ‘’défaut de publicité ou suite à une
information erronée de l’autorité compétente’’ il ne pouvait que croire à la légitimité
de l’acte qu’il a posé. Mais bien entendu dès qu’il y avait une moindre possibilité pour
la victime de vaincre l’erreur, la thèse sera écartée et le contrevenant s’expose à des
sanctions.
2- L’erreur de fait :
De passage, il faut signaler que l’erreur de fait n’est pas prise en compte par le code
comme une cause d’irresponsabilité pénale. Néanmoins, dans certaines
circonstances, elle peut disculper le prévenu en tout ou partie de sa responsabilité
pénale.
2
En effet, l’erreur de fait consiste pour l’auteur, de confondre légitimement une chose
à une autre ou un être à un autre. Les exemples ne sont pas exhaustifs.
Exemple1 : Lors d’une chasse, l’individu qui confondrait son prochain à un gibier, tire
et atteint ce dernier qui décède.
Le dernier thème de notre présent chapitre est un élément non moins important.
Avant de l’aborder, il faut rappeler qu’il est considéré par certains à tors comme étant
une cause d’irresponsabilité pénale, alors qu’il ne constitue qu’une simple cause
d’atténuation de responsabilité.
C’est le cas de l’euthanasie (le fait de donner la mort à autrui sur sa demande pour
motif de mettre fin à ses souffrances dues à une maladie incurable).
Exemple : Le viol n’existe pas dès lors que la prétendue victime avait donné son
consentement avant l’acte. Le vol est également écarté lorsque le propriétaire avait
préalablement donné son accord.
Dans tous les cas, il ya une triple condition à respecter pour que le consentement de
la victime profite à l’auteur et l’exempte de peine:
-Les effets de l’acte doivent être bien connus et compris par la victime ;
2
A travers ces conditions, on comprend aisément que lorsque le consentement n’a
pas été donné ou qu’il a été retiré, il n’a plus de valeur exonératoire. Confère
l’article 301: « Le fait de pratiquer ou de faire pratiquer sur une personne une
recherche biomédicale sans avoir recueilli le consentement libre, éclairé et exprès de
l'intéressé, des titulaires de l'autorité parentale ou du tuteur ou d'autres personnes,
autorités ou organes désignés pour consentir à la recherche ou pour l'autoriser, dans
les cas prévus par les dispositions du Code de la santé publique est puni d’un
emprisonnement 3 ans et d’une amende de 5.000.000 à 15.000.000 de francs
guinéens ou de l’une de ces deux peines seulement.
Aussi lorsque la victime ne pouvait mesurer la teneur de l’acte auquel elle a donné
son accord, même s’il en a existé, l’auteur ne saurait bénéficier d’impunité pénale.
C’est le cas des atteintes sexuelles mêmes consenties, elles demeurent punissables
à cause du fait que la victime (mineure de son état) ne pouvait comprendre la gravité
de l’acte sexuel commis sur sa personne. Confère l’article 355 du Code de l’Enfant
Guinéen : « Constitue le crime de pédophilie et puni de 3 à 10 ans
d’emprisonnement et de 500.000 à 2.000.000 de francs guinéens d’amende, tout
acte de pénétration sexuelle ou d’attouchement sexuel de quelque nature qu’il soit,
commis sur la personne d’un Enfant de 14 ans,….ou toute exposition ou exploitation
aux fins commerciales ou touristiques de photographies, films ou dessins à caractère
pornographique mettant en scène une ou plusieurs personnes mineures âgées de
moins de 14 ans… ».
Rappelons tout d’abord qu’en guinée cette matière est à la fois traitée par le code
pénal et le code de l’enfant guinéen. Toute de même, comme il est de principe
fondamental que la norme spéciale prime sur celle générale lorsqu’elles traitent de la
même matière, le code de l’enfant guinéen nous servira de base pour le
développement du présent sujet à partir de sa deuxième partie, titre IV au chapitre
préliminaire intitulé ‘’de la responsabilité pénale des mineurs’’.
Ce code fixe l’âge de la responsabilité pénale à 18 ans. Confère son article 338 qui
dispose : « La responsabilité pénale est fixée à 18 ans… ».
Conformément à cet arsenal répressif, le simple fait que le délinquant soit moins âgé
(mineur) ne suffit pas pour qu’il soit automatiquement reconnu non coupable ou
irresponsable des actes qu’il a commis. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on ne
peut pas faire figurer entièrement la minorité pénale parmi les causes
d’irresponsabilité pénale.
2
A- Le statut du délinquant :
Comme nous l’avons mentionné plus haut, il y a des tranches d’âges prises en
compte par la loi pour déterminer le statut pénal du mineur :
- S’il est décidé qu’il a agi avec discernement, la peine prononcée contre lui ne
pourra s’élever au-dessus de la moitié de celle à laquelle il aurait pu être condamné
s’il avait eu 18 ans. Voir l’article 344 C.E.G ;
S’il est décidé qu’il a agi avec discernement, les peines suivantes lui seront
applicables :
Dans tous les cas, il pourra lui être fait défense de paraître, pendant 5 ans au moins
et 10 ans au plus dans des lieux dont l’interdiction lui sera signifiée. Voir l’article 346
C.E.G ;
2
B- Les mesures applicables aux mineurs:
Dans cette partie, nous allons voir trois grandes mesures auxquelles sont soumis les
mineurs délinquants.
2- La liberté surveillée
3- L es sanctions éducatives
Il s’agit d’une catégorie intermédiaire qui est en cheval entre les mesures
d’assistance et celles de sanctions pénales. Elles sont aussi nombreuses.
Notamment : l’interdiction de fréquenter les coauteurs et complices, l’obligation de
suivre un stage pour son insertion sociale…
- Il est à préciser que les procédures de flagrant délit et de citation directe sont
inapplicables aux enfants en conflit avec la Loi.
- L’information est obligatoire à tous les stades de la procédure. Confère l’article
312 C.E.G;
2
- A la phase policière, aucun acte de procédure ne peut être entrepris par un
agent de police judiciaire sans préalablement en avoir informé les représentants
légaux du délinquant (parents ou tuteurs), également informer à la minute, le
mineur de tous les droits dont il va bénéficier (assistance gratuite d’avocat,
présence des parents durant la procédure) enfin et surtout aviser le procureur de
la République ou le Juge des enfants;
- Même si cela est possible dans certains cas, le mineur ne peut être
provisoirement détenu dans une maison d’arrêt qu’en dernier ressort et pour une
durée maximum de six (6) mois (crimes);
- Le Tribunal pour enfants statue en chambre de conseil ;
- Dès qu’un Enfant est appréhendé, l’Officier de Police Judiciaire doit informer
immédiatement de cette mesure les parents, le tuteur, la personne ou le Service
auquel est confié l’Enfant.
- Les Officiers de Police Judiciaire ne peuvent procéder à l’audition de l’Enfant
suspecté, ni n’entreprendre aucune procédure à son encontre qu’après avoir
donné avis au Procureur de la République compétent ou au Juge des Enfants ;
- Dans tous les cas, l’Enfant ne peut être entendu par l’Officier de Police Judiciaire
qu’en présence de son répondant : Parent, tuteur, gardien ou Avocat ;
- L’Enfant doit être informé dans le plus court délai et directement des faits qui lui
sont reprochés, de son droit à être assisté d’un Avocat et de son droit de
bénéficier de la présence d’un parent ou tuteur ;
- Tout Enfant poursuivi pour une infraction pénale doit être assisté gratuitement
d’un Avocat. A défaut de choix d’un Avocat par l’Enfant ou ses représentants
légaux, le Procureur de la République, le Juge de paix, le Juge des Enfants ou le
Juge d’Instruction fait désigner par le Bâtonnier un Avocat d’office. l’article 340
C.E.G ;
Pour parachever ce noble travail il est d’une nécessité impérieuse de réserver une
bonne place à la sanction pénale dans tous ses aspects. Ainsi, cette quatrième et
dernière partie de notre programme sera consacrée à trois grands chapitres.
La peine est selon le lexique des termes juridiques, la sanction punitive infligée par
une juridiction répressive au nom de la société, à l’auteur d’une infraction en
rétribution de la faute commise. Cette définition désigne de façon trop stricte, la
2
sanction pénale. Or, le terme sanction pénale englobe toutes les mesures mises en
place par la société afin de punir les auteurs d’infractions non seulement, mais aussi
de se faire éviter de tout danger éventuel. D’où la nécessité de distinguer la peine
des mesures de sûretés (Section1) avant de procéder successivement à la
classification des peines (Section2).
1-Le caractère légal: comme la peine, la mesure de sûreté ne peut être appliquée
que lorsqu’elle est prévue par la loi. Ce principe de la légalité des mesures de sûreté
est visé à l’article 12 du code pénal guinéen, ayant comme équivalent, l’article 5 du
même code ;
Contrairement à la peine qui, pour son application, exige qu’une infraction soit
préalablement commise, la mesure de sûreté quant à elle, peut intervenir même à
l’absence de toute infraction ou de toute responsabilité pénale. Elle vise comme
référence l’état dangereux de l’individu ;
A l’opposé de la peine qui vise comme but la rétribution d’un fait passé donc ayant
pour aspect, l’idée de sanctionner. Dont entre autres: l’intimidation, la réparation du
dommage, la réadaptation ou l’élimination du délinquant, la mesure de sûreté elle, a
pour but la prévention du danger pour la protection de la société. On peut donc dire
qu’elle est orientée vers l’avenir;
2
3-Distinction du point de vue régimes:
Après cet intéressant débat sur les différentes notions, force est de reconnaitre que
la peine prise particulièrement regorge une importance capitale. Nous le
remarquerons à travers ses diverses classifications.
Il faut signaler de passage que la peine de mort a été finalement supprimée par le
législateur guinéen.
Il faut entendre par peine afflictive, toute peine criminelle qui atteint le délinquant
dans son intégrité physique.
1. l'emprisonnement;
2. l'amende;
2
de substitution aux peines d’emprisonnement. Il s’git du jour-amende; du travail
d’intérêt général et de la sanction-réparation.
1. l'amende;
Aux termes de l’article 68 NCPG, les peines d’amende prévues contre les
contraventions sont les suivantes:
La peine principale est celle qui est obligatoirement attachée à l’infraction et qui
permet de connaitre la catégorie de l’infraction selon la nature. Elle peut être
prononcée seule. C’est à elle que les autres peines s’ajoutent.
2
C- Les peines accessoires
Nous le savons bien, la peine ne s’applique qu’aux personnes. Mais elle les atteint à
différents endroits. Nous en avons six (6), qui sont les suivants:
La peine corporelle comme son nom l’indique, est celle qui atteint l’auteur dans son
corps en lui infligeant une douleur physique. En guinée l’unique peine corporelle, est
la peine de mort. Elle est exécutée par fusillade. Cf. article 14 ;
Ces peines sont plus courantes et existent en foison dans toutes les matières
(criminelles, correctionnelles et de simple police). Entre autres : l’incarcération,
l’interdiction de séjour, le retrait de pièces de transport (passeport, visa…) ;
Ainsi appelées, les peines pécuniaires sont celles qui atteignent le délinquant dans
son patrimoine. Il s’agit des peines d’amende, des allocations de dommages-intérêts,
des confiscations de biens… ;
Celles-ci sont des peines qui frappent le délinquant dans sa vie professionnelle. Il
s’agit des interdictions, des déchéances ou des incapacités à temps ou
définitivement d’exercer certaines professions ;
Cette catégorie de peine est celle qui prive le délinquant de l’exercice en tout ou
partie de certains droits civiques, civils ou politiques. Exemple : tout individu
condamné à une peine criminelle est privé de ses droits civiques, civils (vote,
éligibilité…) durant sa peine;
2
6- Les peines contre la réputation:
Cette dernière classification prend comme référence deux critères. L’un est relatif à
la durée (A) et l’autre au but de la peine (B).
Ici, la distinction est faite entre les peines perpétuelles (la réclusion criminelle à
perpétuité, la fermeture ou l’incapacité définitive…) d’une part et les peines
temporaires dont la durée est limitée dans le temps (la réclusion et la détention
criminelle à temps de 5 à 20 ans, la fermeture provisoire d’établissements…) d’autre
part.
Il s’agit des peines qui mettent en demeure le délinquant afin qu’il sache qu’il ya
l’épée de Damoclès qui menace de s’abattre sur lui en cas de répétition d’actes.
Exemple : les peines seulement pécuniaires en substitution de peines
d’emprisonnement, peines d’emprisonnement assorties de sursis ou encore la
libération conditionnelle…);
Les peines d’élimination sont celles qui ont pour but, de neutraliser le délinquant. Il
s’agit pour les personnes physiques, de la peine de mort ou de la perpétuité et pour
les personnes morales, de la dissolution.
2
plan et le Juge répressif (S2) qui fixe le délinquant sur son sort dans les limites
prescrites par le législateur.
Ce qui importe de plus à ce niveau, est que les causes d’aggravation sont de deux
ordres. Les unes sont particulières à certaines infractions. Nous avons par exemple
les huit circonstances aggravantes du vol énumérées à l’article 374 du nouveau
code pénal. Et à cause de la pléthore de ces circonstances, nous allons focaliser les
détails de notre présent paragraphe sur l’autre qui est la cause générale
d’aggravation des peines (la récidive). Tant dans ses conditions (A), ses différentes
hypothèses (B) que dans ses preuves (C), la récidive est une notion importante.
La récidive:
Selon les dispositions de l’article 99 du code pénal guinéen : « Est récidiviste celui
qui, après avoir été condamné pour crime ou délit à une peine prononcée par une
juridiction nationale et non effacée par l'amnistie, commet un second crime ou délit
qui n'est pas la conséquence de la première infraction ».
Quant à son régime juridique, il faut dire qu’il ya quatre sortes de récidive :
- La récidive perpétuelle, est celle dont la peine est aggravée sans tenir compte
du temps qui a séparé la première infraction de la suivante ;
- La récidive temporaire, c’est celle dont la peine ne sera aggravée que lorsque le
délai pour cela est arrivé. Ex : de 5 à 10 ans.
- La récidive générale, est générale la récidive dont la peine est aggravée même
si les infractions qui se sont succédées ne sont pas de même nature. Ex : le
condamné pour vol qui aggrave sa peine en commettant une escroquerie. Il suffit
qu’il ait un lien de degré (crime et crime ou délit et délit) ;
- La récidive spéciale, est dite spéciale, la récidive dont l’aggravation de la peine
exige que les infractions qui se sont succédées, soient semblables. C'est-à-dire
2
que les deux infractions aient le même instinct délictueux. Exemple: Casser la
porte (effraction) pour voler (vol).
Encore appelées termes, les conditions de la récidive sont au nombre de deux. Elles
sont regroupées en termes (1) et (2).
1- Le premier terme :
Ce dernier terme concerne la dernière exigence qui est faite par le texte de la
définition. Selon ce texte, en dépit de tout ce qui précède, il faut qu’il y ait une
nouvelle infraction qui ne résulte pas directement de la première. Pas une infraction
de cause à effet. Ainsi par exemple, si un prisonnier venait de s’évader, bien attendu,
pour ce seul fait il sera sanctionné, mais jamais, on ne saurait aggraver sa première
peine pour récidive. Dans ce cas, il n’y a pas de récidive parce que la seconde
infraction (évasion) est la conséquence directe de la première (l’infraction pour
laquelle il était déjà en prison).
Ces hypothèses sont au nombre de trois (3). Il s’agit des rapports inter infractions.
2
La récidive d’un crime a pour premier terme, une autre condamnation aussi
criminelle. Et la peine qui lui est applicable est celle qui suit la première dans
l’échelle ;
- la grande récidive correctionnelle, elle est visée à l’article 101 alinéa 1 du même
code. Elle a pour premier terme, une condamnation de peine d’emprisonnement
supérieure à une année et pour second terme, une peine d’emprisonnement. La
peine applicable à cette récidive est le double du maximum légal prévu pour la
deuxième infraction;
- la petite récidive correctionnelle, prévue au même article 101 alinéa 3. Elle a pour
premier terme, une condamnation à une peine correctionnelle et son second
terme est simplement le même délit.
Elle est consacrée par l’ article 102 du même code, au sens duquel l’individu qui est
déjà condamnée définitivement pour une contravention de la 5 ème classe, commet,
dans le délai d'un an à compter de l'expiration ou de la prescription de la précédente
peine, la même contravention. Le maximum de la peine d'amende encourue est
porté à 1.000.000 de francs guinéens.
Il faut retenir que la législation pénale guinéenne nouvelle a opté pour la récidive
générale;
Avant de rendre toute décision répressive, le Juge doit se poser la question sur
l’identité et le passé pénal de la personne qui se trouve devant lui. Ainsi, pour y
procéder le casier judiciaire semble être l’un des moyens les plus efficaces. Il porte
sur trois bulletins fondamentaux:
a- Le bulletin N°1:
Le bulletin n°1 est le relevé intégral des fiches du casier judiciaire qui n'est délivré
qu'aux autorités judiciaires.
Lorsqu'il n'existe pas de fiche au casier judiciaire, le bulletin n°1 porte la mention
"Néant".
Le bulletin n°1 peut également être délivré aux greffes des établissements
pénitentiaires afin de permettre aux directeurs des services pénitentiaires, d'insertion
et de probation de proposer un aménagement de peine comme modalité d'exécution
2
d'une fin de peine d'emprisonnement ou d'apprécier, avant la libération d'une
personne faisant l'objet d'un sursis avec mise à l'épreuve, les modalités de son suivi.
Il faut préciser que ce relevé est délivré aux autorités des juridictions du lieu de
naissance du condamné.
Toutes ces décisions doivent être définitives pour qu’elles y soient portées ;
b- Le bulletin N°2:
Le bulletin n°2 est le relevé intégral du casier judiciaire délivré à certaines autorités
nommément désignées par la loi:
2. aux autorités militaires pour les appelés des classes et de l'inscription maritime et
pour les jeunes qui demandent à contracter un engagement ainsi qu'aux autorités
publiques compétentes en cas de contestation sur l'exercice des droits électoraux ou
sur l'existence de l'incapacité d'exercer une fonction publique élective;
sociale lorsque cet exercice fait l'objet de restrictions expressément fondées sur
l'existence de condamnations pénales ou de sanctions disciplinaires.
4. aux présidents des tribunaux statuant en matière commerciale pour être joint aux
procédures de faillite et de règlement judiciaire, ainsi qu'aux greffes commis à la
surveillance du registre du commerce à l'occasion des demandes d'inscription audit
registre ;
Les dirigeants de personnes morales de droit public ou privé exerçant auprès des
mineurs une activité culturelle, éducative ou sociale au sens de la loi L2005/013/AN
du 4 juillet 2005 fixant le régime des associations en Guinée peuvent obtenir la
délivrance du bulletin n°2 du casier judiciaire, pour les seules nécessités liées au
recrutement d'une personne, lorsque ce bulletin ne porte la mention d'aucune
condamnation. Confère l’article 1214 du même code.
2
c- Le bulletin N°3:
Le bulletin n°3 est le relevé des condamnations suivantes prononcées par une
juridiction nationale pour crime ou délit, lorsqu'elles ne sont pas exclues du bulletin
n°2:
4. les décisions prononçant le suivi socio-judiciaire prévu par l'article 176 du Code
pénal ou la peine d'interdiction d'exercer une activité professionnelle ou bénévole
impliquant un contact habituel avec des mineurs, pendant la durée de la mesure. Le
bulletin n°3 contient également les condamnations prononcées par les juridictions
étrangères à des peines privatives de liberté d'une durée supérieure à 2 ans qui ne
sont assorties d'aucun sursis. Le bulletin n°3 ne peut être réclamé que par la
personne qu'il concerne, il ne doit, en aucun cas, être délivré à un tiers.
Après les causes d’aggravation, nous verrons également les circonstances qui font
abandonner en tout ou partie, certaines peines.
Il s’agit des causes d’atténuation. Elles sont de deux grandes catégories. A savoir:
A- L’excuse de minorité:
Elle joue un rôle très prépondérant comme nous l’avons étudiée plus haut.
Depuis longtemps, la question des enfants en conflit avec la loi, demeure une
préoccupation majeure du Droit pénal.
Ainsi, le mineur même coupable d’une infraction qui lui est imputable, si seulement il
est âgé de moins treize 13 ans, alors il bénéficie d’une excuse absolutoire. Et
lorsqu’il n’a pas encore atteint la dizaine de son âge, l’excuse va plus loin en
dispensant le mineur délinquant, de toute responsabilité. C’est du moins ce que
l’article 64 du code pénal guinéen retrace clairement;
B- L’excuse de provocation:
2
Les excuses légales de provocation sont prévues par les articles 287 et 288 du
code pénal.
Le meurtre ainsi que les blessures et les coups sont excusables s'ils ont été
provoqués par des coups ou violences graves envers les personnes victimes desdits
coups ou violences. Confère l’article 287 : « Le meurtre ainsi que les blessures et
les coups sont excusables s'ils ont été provoqués par des coups ou violences graves
envers les personnes victimes desdits coups ou violences ».
Les crimes et délits mentionnés au précédent article sont également excusables s'ils
ont été commis en repoussant pendant le jour, l'escalade ou l'effraction des clôtures,
murs ou entrées d'une maison ou d'un appartement habité ou de leurs dépendances.
Si le fait est arrivé pendant la nuit, il n'y a ni crime ni délit.
Ces causes comme nous l’avons dit, ont pour effets, d’abaisser la peine d’un degré
ou de l’abandonner totalement.
Pourtant, force est de reconnaitre que le Juge est l’épicentre dans l’exécution de
cette noble tache. Ainsi, le caractère auxiliaire de son intervention dans la fixation de
la peine ne doit nullement porter à croire qu’il est à reléguer au second rang.
D’ailleurs, il faut rappeler que le Juge a un large pouvoir dans la fixation de la peine.
Pendant le jugement, la loi lui donne la latitude de fixer la peine du délinquant dans
la gamme qui lui est proposée. C'est-à-dire, il est libre de choisir entre le minimum et
le maximum de la peine fixée. Par exemple, lorsque la loi prévoit de 1 à 5 ans.
2
Le sort de la peine dépend soit du Juge, de l’exécutif ou même d’un simple concours
de temps.
La peine peut être suspendue dans deux hypothèses fondamentales. Ces deux
mesures sont des actes qui émanent des autorités judiciaires. C’est le sursis (§1) et
la libération conditionnelle (§2).
Paragraphe 1: Le sursis
Cette exigence est clairement édictée par l’article 136 du code pénal qui dispose
que: « Le sursis ne peut être ordonné à l’égard d’une personne physique que
lorsqu’elle n’a pas été condamnée à une peine d’emprisonnement au cours des
5 années précédant les faits constitutifs de délit de droit commun… » ;
A l’égard des peines, le sursis n’est accordé que lorsque l’infraction en cause n’est
pas frappée d’une peine criminelle ou contraventionnelle de droit commun. Confère
l’article 137 du même code qui dispose : « Le sursis est inapplicable aux peines
criminelles privatives de liberté et aux peines prononcées pour contravention ».
On peut donc en déduire sans erreur de se tromper que seuls les condamnés à des
peines correctionnelles de droit commun peuvent bénéficier du sursis.
2
Ainsi, ne peuvent accorder le sursis, que les juridictions répressives de jugement,
notamment le tribunal correctionnel, le tribunal militaire et quelques rares fois, le
Tribunal Criminel.
Rappelons de passage que le sursis n’est qu’une faveur que le Juge peut accorder
au délinquant et non un droit que ce dernier peut lui exiger. Il l’accorde lorsqu’il le
trouve légalement nécessaire.
Les effets du sursis se produisent respectivement pendant (1) et après (2) le délai
d’épreuve.
Cette période est de cinq (5) ans à compter du jour où la condamnation est devenue
définitive. Confère l’article 141: « Toute nouvelle condamnation à une peine
d’emprisonnement ou de réclusion entraine la révocation du sursis antérieurement
accordé, quelle que soit la peine qui en est assortie… » ;
Aux termes de l’article 140 du nouveau code pénal, la condamnation pour délit
assortie de sursis est réputée non avenue si le condamné qui en bénéficie n’a pas
commis dans les 5 ans suivant son prononcé, un délit de droit commun suivi d’une
nouvelle condamnation sans sursis qui emporte révocation.
Toutes les peines accessoires ainsi que les incapacités échues, disparaissent à
jamais et son casier judiciaire redevient blanc. Par conséquent, ce cas ne comptera
plus pour la récidive et ne fera non plus obstacle à l’octroi de sursis.
2
plusieurs peines privatives de liberté qui, pendant un temps donné en prison, a
présenté de gages sérieux de réadaptation sociale.
Il convient de mettre un accent particulier sur les conditions (A) avant de voir les
effets (B) de la libération conditionnelle.
Cette condition met à l’écart toutes les mesures de sûreté, les peines pécuniaires et
les peines privatives de droits. Ceci se comprend aisément parce que la loi fait
l’exigence que le condamné ait effectué une partie de sa peine en prison.
Cette durée est en général égale à la moitié de la durée totale de la peine encourue.
Pour les cas de récidive, la loi exige une durée qualifiée;
Le condamné doit accepter et respecter strictement toutes les restrictions faites pour
l’exécution de la libération conditionnelle. Notamment, lorsque la décision de
libération fixe les modalités limitativement définies (lieu d’exécution, moment et lieu
de fréquentation…).
Il faut d’abord retenir que la libération conditionnelle n’éteint pas la peine et n’efface
non plus la condamnation, elle suspend provisoirement l’exécution de la partie
restante de la peine.
2
- Au cas où il n’y a pas eu d’incidents malheureux, c'est-à-dire, si le condamné a
observé toutes les conditions jusqu’à terme, alors la peine est réputée terminée
depuis le jour où le condamné avait recouvré sa liberté conditionnée ;
- Au contraire, en cas d’incidents d’inconduite par exemple, la libération
conditionnelle sera révoquée par l’autorité compétente et le libéré conditionnel
sera réincarcéré pour purger tout ou partie du temps qui restait le jour où il a été
mis en liberté conditionnelle.
D’ores et déjà, tenons à préciser qu’en principe la peine disparait à partir de deux
évènements. Soit par son exécution en bonne et due forme ou suite à la disparition
du condamné. Cette disparition peut s’agir de la mort (personnes physiques) ou de la
dissolution (personnes morales).
Ces causes sont classées en deux grandes catégories. Les unes mettent fin à la
peine tout en laissant subsister la condamnation (§1) et les autres éteignent non
seulement la peine mais aussi la condamnation (§2).
A- La grâce
Aux termes de l’article 1192 du code de procédure pénale guinéen :« La grâce est
une dispense d’exécution de la peine, accordée par le Président de la République au
condamné frappé d’une condamnation définitive et exécutoire…».
2
Lorsqu’elle est accordée :
La prescription est un principe en vertu duquel, lorsque la peine n’a pas été mise en
exécution pendant un certain délai fixé par la loi, elle ne pourra plus être subie par le
condamné.
Ces délais changent suivant la gravité de l’infraction. Ainsi, l’article 1190 du même
code dispose clairement :
Comme l’intitulé le mentionne sans équivoque, ces circonstances mettent fin non
seulement à la peine mais aussi suppriment la condamnation. Nous verrons
successivement l’amnistie (A) et la réhabilitation (B).
A- L’amnistie:
Synonyme de pardon légal, l’amnistie est un acte qui émane du pouvoir législatif
comme le prévoit notre nouveau code de procédure pénale en son article 1242 qui
2
dispose : « L’amnistie est un acte du pouvoir législatif qui prescrit l’oubli d’une ou
plusieurs catégories d’infractions et en annule les conséquences pénales…».
Quant à ses effets civils, il faut retenir que l’amnistie laisse subsister toutes les
conséquences civiles et civiques (paiement de dommages-intérêts, d’amendes,
perte de fonction publique…). Confèrent les articles 1244 et 1245 du même code.
B- La réhabilitation:
La réhabilitation est la restitution de ses droits et de sa dignité à une personne qui les
avait perdus suite à une condamnation pénale. Il s’agit d’une mesure d’indulgence
émanant soit du pouvoir législatif ou du pouvoir judiciaire. Confère l’article 1225 du
code susvisé qui dispose : « La réhabilitation est soit acquise de plein droit…soit
accordée par la chambre de contrôle de l’instruction…».
Lorsqu’elle est acquise de plein droit, on parle de réhabilitation légale (1) et si elle est
accordée par la chambre de contrôle de l’instruction, on parle de réhabilitation
judiciaire (2).
1- La réhabilitation légale:
Nous l’avons déjà souligné, la réhabilitation légale est celle acquise de plein droit au
terme de la loi. Toutefois son acquisition est soumises à des conditions à la lecture
des dispositions de l’article177 du nouveau code pénal. Il s’agit des conditions
relatives à la question de récidive.
Les conditions
2
Pour bénéficier de cette réhabilitation, le condamné doit n’avoir subi aucune nouvelle
peine criminelle ou correctionnelle pendant une durée déterminée par la loi :
2
- Met fin aux mesures de sûreté ;
- Anéantit toutes mesures d’incapacités et de déchéances.
Questions de compréhension
2
12-Qu’est ce qu’un crime ?
13-Qu’est ce qu’un délit ?
14-Qu’est ce qu’une contravention ?
15-Quelle différence faites vous entre l’auteur, le coauteur et le complice de
l’infraction ?
16-Après les avoir définis, citez les faits justificatifs de l’infraction?
17-Qu’est ce que la légitime défense ?
18-Qu’est ce que l’état de nécessité ?
19-Qu’est ce que le commandement de la loi ?
20-Qu’est ce que l’ordre de l’autorité légitime ?
21-Après les avoir définies, citez les causes de non imputabilité ?
22-Qu’est ce que la démence ?
23-Qu’est ce que la contrainte ?
24-Qu’est ce que l’erreur ?
25-Enoncez le principe de la légalité des infractions et des peines ?
26-Enoncez le principe de la territorialité des infractions et des peines?
27-Qu’est ce que la tentative punissable ?
28-Qu’est ce qu’une infraction manquée ?
29-Qu’est ce qu’une infraction impossible ?
30-Qu’est ce qu’une infraction de Droit commun ?
31-Qu’est ce qu’une infraction militaire ?
32-L’Etat fait-il partie du domaine de la responsabilité pénale des personnes
morales ? Justifiez votre réponse !
33-Citez une sanction applicable à une personne morale pénalement responsable ?
34-Expliquez le principe de la baïonnette intelligente ?
35-Le consentement de la victime peut-il dégager la responsabilité pénale de
l’auteur ?
36-Quelle est la juridiction compétente pour juger les infractions commises par des
mineurs ?
37-Qu’est ce que la peine ?
38-Quel est le but de la peine ?
39-Qu’est ce que l’amende ?
40-Qu’est ce qu’une peine infamante ?
41-Qu’est ce qu’une peine afflictive ?
42-Quel est le sort réservé à un individu de 10 ans auteur d’une infraction ?
43- Expliquez le caractère égalitaire de la peine ?
44-Expliquez le caractère personnel de la peine ?
45-Faites la classification des peines selon leur échelle ?
46-Faites la classification des peines selon leur rapport entre elles ?
47-Quelle est la position du Droit positif Guinéen au sujet de l’application de la peine
de mort ?
48-Citez les causes d’extinction de la peine ?
49-Citez les causes de suspension de la peine ?
50-Quelles sont les causes d’extinction de la condamnation ?
2
51-Quels sont les moyens de preuve de la récidive ?
52-Qu’est ce que le sursis ?
53-Qu’est ce que la libération conditionnelle ?
54-Qu’est ce que la grâce ?
55-Qu’est ce que l’amnistie ?
56-Qu’est ce qui différencie l’amnistie de la grâce ?
57-Qu’est ce que la prescription en matière pénale ?
58-Qu’est ce que la réhabilitation ?