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Equipe pédagogique :
Chargée de cours : Pr. Ndeye Sophie DIAGNE NDIR
Coordonnateur : M. Abdou Yade SARR
©2023
TABLE DES MATIERES
(Interactive)
TABLE DES MATIERES....................................................................................................................... 1
Bibliographie indicative .......................................................................................................................... 3
Ouvrages.............................................................................................................................................. 3
Droit sénégalais ............................................................................................................................... 3
Droit français ................................................................................................................................... 3
Articles de doctrine ............................................................................................................................. 3
Droit sénégalais ............................................................................................................................... 3
Droit français ................................................................................................................................... 5
Séance n° 2 ............................................................................................................................................ 14
Thème : Les faits générateurs de la responsabilité civile .................................................................. 14
Sous-thème : Le fait personnel ...................................................................................................... 14
I. Exercice à faire : Commentaire d’arrêt .................................................................................. 14
Pour les groupes du lundi : Commentaire de l’arrêt de la chambre civile et commerciale
de la Cour suprême, du 18 novembre 2015, arrêt n° 127, aff. CBAO, groupe attijariwafa
bank Sénégal c/ Serigne Mbaye Badiane, Bulletin des arrêts de la Cour suprême, numéros 9
et 10, année judiciaire 2015, p. 140. ...................................................................................... 14
Pour les groupes du mardi : Commentaire de l’arrêt de la Cour suprême, chambre civile
et commerciale, 21 novembre 2012, arrêt n° 94, Aff. Idrissa François Paye c/ Lalla Touré,
Bulletin des Arrêts de la Cour suprême, nos 4 et 5, année judiciaire 2012, p. 149. .............. 15
II. Documents ............................................................................................................................ 16
III. Pour aller plus loin .............................................................................................................. 20
Séance n° 3 ............................................................................................................................................ 21
Thème : Les faits générateurs de la responsabilité civile .................................................................. 21
Sous-thème : Le fait d’autrui ......................................................................................................... 21
I. Exercice à faire : Commentaire d’arrêt .................................................................................. 21
Pour les groups du lundi : Commentaire de l’arrêt de la 2e Chambre correctionnelle de
la Cour d’appel de Dakar, 23 avril 2008, arrêt n° 324, inédit ............................................... 21
1
Pour les groupes du mardi : Commentaire de l’arrêt de l’assemblée plénière de la Cour
de cassation française, 29 mars 1991, pourvoi n° 89-15.231, Association des centres
éducatifs du Limousin et autre c/ Consorts Blieck, GAJC, tome 2, Dalloz, 13e éd., 2015, pp.
462-476.................................................................................................................................. 22
II. Documents ............................................................................................................................ 23
III. Pour aller plus loin .............................................................................................................. 30
Séance n° 4 ............................................................................................................................................ 31
Thème : La réparation ....................................................................................................................... 31
I. Exercice à faire : Commentaire d’articles .............................................................................. 31
Pour les groupes du lundi : Commentaire de l’article 133 du Code des obligations
civiles et commerciales.......................................................................................................... 31
Pour les groupes du mardi : Commentaire de l’article 134 du Code des obligations
civiles et commerciales.......................................................................................................... 31
II. Méthodologie du commentaire d’articles ............................................................................. 31
III. Documents ........................................................................................................................... 34
IV. Pour aller plus loin .............................................................................................................. 39
2
Bibliographie indicative
Ouvrages
Droit sénégalais
• TOSI Jean Pierre, Le droit des obligations au Sénégal, Paris, LGDJ, collection « Bibliothèque
africaine et malgache », t. XXXVI, 1981.
Droit français
• DELEBECQUE Philippe et PANSIER Fréderic-Jérôme, Droit des obligations, Responsabilité
civile, délit et quasi-délit, LexisNexis, 5e édition, 2011.
• MALAURIE Philippe, AYNÈS Laurent et STOFFEL-MUNCK Philippe, Droit des
obligations, LGDJ, 8e édition, 2016.
• TERRE François, SIMLER Philippe, LEQUETTE Yves et François CHENEDE, Droit civil :
Les obligations, Dalloz, 12e édition, 2019.
• TERRE François, SIMLER Philippe, LEQUETTE Yves, Droit civil : Les obligations, Dalloz,
10e édition, 2009.
Articles de doctrine
Droit sénégalais
• BERTHE Abdoul Wahab, « Les conditions de réparation du dommage par ricochet en droit
sénégalais », Revue sénégalaise de droit, n° 33, 1984, pp. 9 et s.
• BIAYE Fatimatou Bineta Dia,
« L’unité des responsabilités contractuelle et délictuelle : état de la question », in Code
des obligations civiles et commerciales du Sénégal (COCC) : cinquante ans après, I.
Y. NDIAYE, J.-L. CORREA, A. A. DIOUF (Dir.), Harmattan Sénégal, 2018, Volume
1, p. 179.
« Réflexion sur l’action en réparation de la concubine en droit sénégalais », Annales
Africaines, Nouvelle série, Revue de la FSJP/UCAD, Volume 2, décembre 2017, n° 7, pp. 119
et s.
• BOYE Abdel Kader, « L’article 121 du Code des obligations civiles et commerciales ou le
bouleversement du droit commun sénégalais de la responsabilité civile », Revue sénégalaise
de droit, 1984, pp. 14 et s.
• CORREA J. Jean-Louis, « L’incidence de la définition légale de la faute en droit du travail
sénégalais », Annales Africaines, Nouvelle série, Revue de la FSJP/UCAD, Volume 1, Avril
2015, pp. 37 et s.
3
• DABO Samba, « Les discriminations entre les répondants du fait d’autrui en droit sénégalais
», Annales africaines, Nouvelle Série, Revue de la FSJP/UCAD, n° spécial, Janvier 2021, pp.
209 et s.
• DIAGNE Ndèye Sophie,
« Vers la consécration d’un principe général de responsabilité du fait d’autrui en droit
sénégalais ? A propos de l’arrêt de la Cour d'Appel de Dakar du 23 avril 2008, arrêt n° 324,
Revue sénégalaise de droit, n° 37, août 2023, pp. 237- 258.
« Causes d’exonération de responsabilité civile : scepticisme à propos du fait du tiers », in le
droit africain à la quête de son identité, Mélanges offerts au Professeur Isaac Yankhoba
Ndiaye, Mohamed Bachir Niang, Abdoul Aziz Diouf (Dir.), L’Harmattan Sénégal, 2021, pp.
283 et s.
« De l’anticipation en droit pénal », in Justice et Intégration, Mélanges en l'honneur du
Professeur Ndiaw DIOUF, tome 2, Intégration, Les Editions du CREDIJ, 2020, p
• DIAGNE Sidy Nar, « La responsabilité des commettants en droit sénégalais », Annales
africaines, Nouvelle Série, Revue de la FSJP/UCAD, n° spécial, Janvier 2020, pp. 99 et s.
• DIOUF Abdoul Aziz,
« L’article 142 du code des obligations civiles et commerciales et l’existence d’un principe
général de responsabilité du fait d’autrui en droit positif sénégalais », in le droit africain à la
quête de son identité, Mélanges offerts au Professeur Isaac Yankhoba NDIAYE, sous la
direction de Ndiaw DIOUF, Mohamed Bachir Niang et Abdoul Aziz DIOUF, L’Harmattan,
2021, pp. 387 et s.
« La peine privée en droit sénégalais de la responsabilité civile extracontractuelle », in Code
des obligations civiles et commerciales du Sénégal (COCC) : cinquante ans après, I. Y.
NDIAYE, J.-L. CORREA, A. A. DIOUF (Dir.), Harmattan Sénégal, 2018, Volume 1, pp. 268
et s.
• ISSA-SAYEGH Joseph, « Commentaire de l’article 146, dernière phrase du Code des
obligations civiles et commerciales (COCC) du Sénégal », Revue EDJA n° 26, 1995, pp. 7 -15.
• NDIAYE El Hadji Samba, « Retour sur le civilement responsable du fait d’autrui : l’exemple
de la responsabilité parentale », in Code des obligations civiles et commerciales du Sénégal
(COCC) : cinquante ans après, I. Y. NDIAYE, J.-L. CORREA, A. A. DIOUF (Dir.),
Harmattan Sénégal, 2018, Volume 1, pp. 439 et s.
• RIVES Georges, « Théorie générale des Obligations au Sénégal », Revue Sénégalaise de
Droit, n° 10, 1971, pp. 5 et s.
• SARR Geneviève Bremond, « Vers un élargissement des fondements de la responsabilité
civile au Sénégal », Annales africaines, Nouvelle Série, Revue de la FSJP/UCAD, Volume 2,
Décembre 2015, pp. 255 et s.
4
Droit français
5
• SINDRES David, « L'introuvable abus de fonctions du préposé », Recueil Dalloz 2011,
pp.1530 et s.
• THIBIERGE Catherine,
« Avenir de la responsabilité, responsabilité de l'avenir », Recueil Dalloz 2004, pp. 577 et s.
« Libres propos sur l'évolution du droit de la responsabilité (vers un élargissement de la
fonction de la responsabilité civile ?) », RTD Civ. 1999, pp. 561 et s.
• TRAULLE Julie, « La réparation de la perte de chance, entre clarification et interrogations
persistantes », Recueil Dalloz 2017, pp. 46 et s.
• VINEY Geneviève, « Principe de précaution et responsabilité civile des personnes privées »
Recueil Dalloz 2007, pp. 1542 et s.
• VINEY Geneviève, « L'espoir d'une recodification du droit de la responsabilité civile »,
Recueil Dalloz 2016, pp. 1378 et s.
• WALTZ-TERACOL Bélinda, « Regard critique sur les causes d'exonération de la
responsabilité », Recueil Dalloz 2017, pp. 16 et s.
6
Séance n°1
Thème : Introduction au droit de la responsabilité civile
II. Documents
7
(…)
25. Théories du risque et de la garantie. – 1º) Ce qui a conduit à chercher ailleurs que dans la faute
le fondement de la responsabilité : dans le fait objectif du dommage causé. Est alors apparue une idée
nouvelle : chacun doit supporter les risques de son activité. Ce qu’on appela la théorie du risque. Le
droit public a connu la même évolution ; il a, à ce même moment, admis largement une responsabilité
sans faute de l’Administration pour les dommages qu’elle a causés. La théorie apparut aussi en droit
pénal où le rôle croissant de la défense sociale et la crainte de ne juger un homme qu’à travers ses
actes ont entraîné le développement d’infractions non intentionnelles. 2º) Une nouvelle étape fut
atteinte lorsqu’a été partiellement substituée à la notion de responsabilité celle de garantie. S’ajouterait
à la responsabilité un principe général et subsidiaire de « droit à la sécurité » permettant d’indemniser
les préjudices anormaux et spéciaux que ne réparent pas les responsabilités fondées sur la faute et sur
le risque.
Ainsi, la responsabilité revient à sa position objective initiale. La préoccupation exclusive devient la
réparation, voire une répartition collective du dommage, plus que la réprobation morale et la
culpabilité de l’auteur. Tout et à toute occasion a été remis en question : chaque problème de
responsabilité civile fait apparaître un conflit entre deux tendances, la responsabilité subjective et la
responsabilité objective. En réalité, l’opposition n’est pas aussi tranchée, et on passe souvent par
degrés de la notion de faute à celle de risque. Il y a cependant une évidence, l’extension constante de la
responsabilité.
A quoi nous sert le droit de la responsabilité civile extracontractuelle ? A cette question, les articles
118 à 156 du Code des obligations civiles et commerciales y répondent de la façon suivante : réparer
le dommage subi par la victime. En d’autres mots, les instruments qui constituent le droit de la
responsabilité civile sont mobilisés substantiellement que pour remettre la victime dans la situation
antérieure où elle se trouvait avant la survenance du préjudice, tout en ne se préoccupant pas du
comportement de l’auteur du dommage, et ce, quelle que puisse être sa gravité ou sa dangerosité.
L’admission de la responsabilité des incapables, le régime juridique de la garde des choses, les
régimes de responsabilité objective, l’instrumentalisation de la preuve de la causalité… semblent
topiques de cet état de fait. L’essentialisation de la victime dans la responsabilité civile contemporaine
a pour corollaire d’ériger la fonction indemnitaire en modèle dominant, marginalisant ainsi les
fonctions préventive et normative que ladite discipline cherche par ailleurs à assumer.
(…)
(…)
Le principe de précaution a été repris par le législateur sénégalais à l’article 4 de la loi portant le Code
de l’environnement adoptée le 12 avril 2001. L’article 4 ne définit pas ce principe de précaution mais
l’accole dans la loi au principe de prévention.
(…)
8
Ce principe introduit dans la protection de l’environnement oblige non seulement de répondre des
conséquences dommageables de ses actes, mais crée aussi une obligation d’anticiper le dommage en
l’empêchant d’apparaitre (…).
Ce principe exige l’anticipation, il intervient a priori avant la prise de décision tandis que la
responsabilité civile telle qu’elle a été prévue par le Code civil et le COCC intervient a posteriori
lorsque le dommage est survenu.
9
l’environnement. Attendre que les désastres du réchauffement climatique se fassent sentir, que des
catastrophes causées par l’homme comme la marée noire dégradent l’environnement, ou encore que la
déforestation soit irréversible avant d’agir compromettrait toute existence sur terre. Les sanctions
exclusivement d’ordre pécuniaire ont fini par montrer leurs limites car ne permettant nullement de
régler définitivement l’équation, les grands pollueurs étant souvent prêts à payer, leur grande capacité
financière leur en donnant largement la possibilité. Des mesures répressives uniquement peuvent avoir
la prétention de décourager certaines pratiques, le chemin étant toutefois assez long entre prétention et
effectivité.
Fonction d'indemnisation. - L'histoire enseigne qu'un équilibre permanent est recherché entre la
fonction d'indemnisation du droit de la responsabilité civile et sa fonction normative. La fonction
d'indemnisation se rapporte à l'idée que tout dommage doit être réparé. Il s'agit sinon de rétablir le
statu quo ante, réparation au sens strict, du moins de compenser ce qui ne peut être effacé ; le tout dans
le respect du principe de réparation intégrale. On sait avec le temps que cette fonction indemnitaire est
devenue un principe premier lorsqu'un mouvement victimologiste a fait de la réparation du préjudice
la fonction fondamentale du droit de la responsabilité civile, entraînant parfois une torsion et une
distorsion des notions fondamentales, accompagnées du développement de régimes et fonds
d'indemnisation.
Les fonctions normatives. - La fonction normative est plurielle et plus difficile à appréhender. Pour
synthétiser, il est question, tout d'abord, de la fonction morale de rétribution et de régulation du droit
de la responsabilité civile : sanctionner les comportements anormaux et assurer le châtiment du
responsable.
(…)
À fonctions distinctes... Selon le ministère de la justice, parmi ses points forts, « l'avant-projet
envisage de renforcer la fonction préventive de la responsabilité civile ».
Ses rédacteurs ont en effet innové en plaçant en tout premier, dans un chapitre préliminaire, un article
1232 qui, implicitement, reconnaît plusieurs fonctions à la responsabilité.
En énonçant qu’« indépendamment de la réparation du préjudice éventuellement subi, le juge peut
prescrire les mesures raisonnables propres à prévenir ou faire cesser le trouble illicite auquel est
exposé le demandeur », cet article va au-delà de la seule fonction réparatrice de la responsabilité et de
l'exigence d'un préjudice. Il ouvre au juge la possibilité de prescrire des mesures en amont, sans que le
préjudice soit une condition nécessaire.
Ces mesures visent, selon le texte actuel, à « prévenir ou faire cesser le trouble illicite ». L'emploi de
ces deux verbes différents invite à bien distinguer les deux fonctions de la responsabilité civile
auxquelles ils renvoient. En effet, la cessation du trouble ne se confond pas avec la prévention du
dommage. Cette clarification permettrait d'accorder une juste place à la fonction préventive de la
responsabilité, en complément de sa fonction correctrice de cessation de l'illicite.
Cela présenterait en outre l'avantage de mettre l'avant-projet en cohérence avec le droit positif. En
effet, la loi n° 2016-1087 du 8 août 2016, par un article 1252 nouveau du code civil, dispose : «
Indépendamment de la réparation du préjudice écologique, le juge (...) peut prescrire des mesures
raisonnables propres à prévenir ou faire cesser le dommage ». Ainsi, dans une rédaction très proche de
celle de l'article 1232 de l'avant-projet, ce texte consacre déjà dans le code civil la fonction préventive
de la responsabilité, pour le dommage écologique.
10
En allant plus loin, pourquoi ne pas faire de ce premier article (art. 1232) le lieu de la reconnaissance
des différentes fonctions de la responsabilité, en y ajoutant aussi la fonction punitive consacrée
également dans l'avant-projet. En effet, celle-ci se démarque maintenant clairement de la fonction de
réparation comme le montre le choix des rédacteurs de l'article 1266 de sanctionner la faute lucrative
non par des dommages-intérêts punitifs, mais par une amende civile.
(…)
C’est par contre l’idée de garantie qui sert de fondement à la responsabilité des commettants
ou patrons du fait de leurs préposés (articles 146 à 149). Il s’agit ici, comme en droit français,
d’une responsabilité particulièrement stricte qui ne peut être écartée par la preuve de l’absence
de faute dans le choix ou la direction.
(…)
11
Qu’il y a lieu de confirmer le jugement querellé en ce qu’il a retenu sa responsabilité ;
(…)
Par ces motifs,
(…)
Déclare Gérard Calixte FAYEMI et la Clinique de la Madeleine responsable du décès de Hassiatou
DIA REITHMAIER survenu le 24 mars 2008 ;
Les condamne solidairement à payer la somme de 50000000 FCFA à titre de dommages et intérêts ;
(…)
✓ Document n° 13 : Cour de cassation française, troisième chambre civile, 3 mars 2010, n° 08-
19108, Bull. civ. III, n° 53.
La Cour,
Sur le moyen unique :
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Nîmes, 10 juin 2008) que les époux X..., propriétaires d'un terrain à
proximité d'une source d'eaux minérales naturelles exploitée par la Société d'économie mixte Vals (la
SEM) ont fait réaliser courant 2001 un forage pour l'arrosage de leur jardin ; que la SEM les a assignés
en fermeture de ce forage, en se prévalant d'une violation du principe de précaution et d'un abus du
droit de propriété ;
Attendu que la SEM fait grief à l'arrêt de rejeter sa demande alors, selon le moyen :
1° / que le principe de précaution, qui impose d'anticiper et de prévenir tout risque même non encore
identifié, doit conduire le juge à ordonner la fermeture d'un forage réalisé à proximité d'un captage
d'eau minérale naturelle destiné à la consommation humaine, quand bien même le risque de pollution
n'est pas encore établi ; qu'en s'abstenant de rechercher, comme il le lui était demandé, si le principe de
précaution n'imposait pas la fermeture du forage des époux X..., au regard des conclusions de l'expert
judiciaire qui, bien qu'excluant a priori tout risque de pollution des eaux minérales par le forage des
époux X..., avait néanmoins rappelé la nécessité de protéger le captage et préconisé la condamnation
du forage, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard des articles 1382 et 1383 du
code civil ;
2° / que le droit du propriétaire de capter sur son fonds les eaux souterraines qui s'y infiltrent ou
s'écoulent dans son héritage dégénère en abus lorsque, agissant sans utilité pour lui-même, ce forage
est susceptible de porter atteinte à la qualité d'une eau minérale naturelle destinée à la consommation
humaine et exploitée depuis plus de cent ans ; qu'en jugeant que la réalisation du forage litigieux
n'était pas constitutive d'un abus de leur droit de propriété par les époux X..., bien que l'expert ait
constaté l'improductivité de ce forage dont il a préconisé la fermeture en application du principe de
précaution, la cour d'appel a violé les articles 552 et 642 du code civil ;
Mais attendu, d'une part, que selon l'article L. 110-1 II 1° du code de l'environnement, le principe de
précaution est celui selon lequel l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et
techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à
prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût économiquement
acceptable ; qu'ayant relevé, par motifs propres et adoptés, que le forage, qualifié d'improductif par
l'expert, avait été exécuté par une entreprise spécialisée dans les règles de l'art et le respect des
autorisations administratives, et que l'expert avait conclu que ce forage se situant à l'aval du captage
des eaux minérales de Saint-Jean Lachaud sans lien direct par faille avec celui-ci, n'avait aucune
possibilité de polluer les eaux exploitées par le captage, même si l'on y précipitait des produits nocifs
ou des germes délétères, la cour d'appel qui a retenu, à bon droit, que le risque de pollution ayant été
formellement exclu par l'expert judiciaire, le principe de précaution ne pouvait trouver application, a
pu en déduire que les époux X... n'avaient pas commis de faute ;
12
Attendu, d'autre part, que la cour d'appel, qui a retenu que la valeur d'un forage à productivité réduite
relevait de la seule appréciation des époux X... et qu'il ne résultait de ce forage ni absence d'utilité, ni
intention de nuire, ni dommage causé à la SEM, a pu en déduire qu'aucun abus du droit de propriété
n'était établi ;
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ;
BOUTONNET M., SINTEZ C. et THIBIERGE C., « Consacrons les fonctions et les effets de
la responsabilité civile ! », Recueil Dalloz 2016, pp. 2414 et s.
13
Séance n° 2
Thème : Les faits générateurs de la responsabilité civile
Sous-thème : Le fait personnel
La Cour suprême,
Vu la loi organique n° 2008-35 du 8 août 2008 sur la Cour suprême ;
Après en avoir délibéré conformément à la loi ;
Attendu, selon l’arrêt attaqué (Dakar, 10 octobre 2014 n° 544), que par une correspondance
du 30 novembre 2001, la CBAO, Groupe Attijriwafa Bank Sénégal SA (CBAO) avait
demandé à Maître Serigne Mbaye BADIANE, notaire, de faire inscrire une hypothèque de
premier rang sur l’immeuble offert en garantie par un client ; que par une autre lettre du 12
décembre 2001, la banque a demandé au notaire de surseoir aux formalités d’inscription de la
garantie ; que le 20 décembre 2001, la CBAO a signé l’acte d’ouverture de crédit au profit de
son client, mentionnant une hypothèque de second rang au profit de la banque ; que celle-ci,
estimant que le notaire a violé la correspondance du 30 novembre 2001, l’a assigné en
déclaration de responsabilité ;
Sur le moyen unique pris en ses deux branches réunies tirées de la violation des articles
118, 119, 120 et 123 du code des obligations civiles et commerciales (COCC) : Attendu
que la banque fait grief à l’arrêt d’écarter la faute du notaire, alors selon le moyen :
1°) qu’en dressant un acte portant promesse d’hypothèque en lieux et places d’une
hypothèque ferme contrairement aux instructions de la lettre du 30 novembre 2001 tandis
qu’il a effectivement reçu paiement des frais d’inscription de l’hypothèque, le notaire a
commis un manquement qualifié de faute professionnelle ;
2°) que la signature de l’acte notarié du 20 décembre 2001 en connaissance de cause invoquée
par la Cour sans aucune référence au comportement du notaire ne peut constituer un fait
justificatif surtout que celui-ci mentionnait expressément que l’inscription devait être faite par
acte à établir par le notaire soussigné ;
3°) que le notaire n’est pas déchargé de son devoir de conseil du fait de la compétence de son
client comme tente de le faire croire l’arrêt attaqué ;
Mais attendu qu’ayant constaté « qu’après avoir, par correspondance du 30 novembre 2001,
demandé à Maître Serigne Mbaye BADIANE, notaire, de faire inscrire, à son profit une
hypothèque de premier rang, la banque a, par une correspondance du 12 décembre 2001
demandé audit notaire de surseoir aux formalités d’inscription de la garantie », puis relevé «
que ce n’est que le 20 décembre 2001 qu’elle signait sans réserve l’acte d’ouverture de crédit
portant, cette fois, une promesse d’hypothèque de second rang à son profit, la banque est
malvenue à reprocher au notaire instrumentaire d’avoir violé la correspondance du 30
novembre 2001 portant instruction à ce dernier de faire inscrire une hypothèque de premier
rang ; qu’en effet, les instructions contenues dans ladite correspondance ont été suspendues
par le courrier en date du 12 décembre 2001 adressé au notaire lui demandant de suspendre
les formalités de prise de garantie », avant d’ajouter « qu’en outre, la banque en faisant sur la
lettre du 10 décembre 2001 que lui a adressée l’appelante, les annotations des 14 et 15
14
décembre 2001 suivantes : « notaire doit revoir à la baisse ses honoraires ainsi que le contenu
de l’acte d’ouverture de crédit, car il ne s’agit plus d’une inscription hypothécaire, mais d’une
simple promesse d’hypothèque », pour en retenir « qu’en signant le 20 décembre 2001,
postérieurement à ces annotations, l’acte d’ouverture de crédit comportant promesse
d’hypothèque, la banque a agi en connaissance de cause eu égard surtout à sa qualité de
professionnel », la cour d’appel a pu en déduire que le notaire n’a commis aucune faute ;
D’où il suit que le moyen est mal fondé ;
Par ces motifs, Rejette le pourvoi ;
LA COUR SUPRÊME,
Vu la loi organique n° 2008-35 du 8 août 2008 sur la Cour suprême ;
Vu les moyens annexés ;
Après en avoir délibéré conformément à la loi ;
Attendu que Paye, qui a introduit son pourvoi le 18 novembre 2001, l’a signifié le 3 janvier
2012, soit dans le délai de deux mois ;
D’où il suit que la déchéance n’est pas encourue ;
Attendu, selon l’arrêt confirmatif attaqué, que le docteur Idrissa François Paye a été déclaré
responsable du dommage subi par Lalla Touré et condamné à payer à cette dernière
l’équivalent de la somme de 6978,42 dollars en francs CFA ;
Sur le premier moyen pris de la violation des articles 118 et 119 du Code des obligations
civiles et commerciales (COCC) ;
Mais attendu qu’après avoir relevé « qu’il n’est pas discuté que lors de l’intervention
chirurgicale visant à desceller la couronne céramo-métallique infectée de la dame Lalla Touré,
implantée par un autre médecin exerçant aux États-Unis, le tiers supérieur de la dent s’est
cassé causant à la patiente un préjudice certain consécutif à la perte de sa dent et des débours
(…) » et énoncé « qu’en pareille occurrence, le médecin traitant avait l’obligation de se faire
délivrer le dossier médical de sa patiente afin de pouvoir apprécier les conditions dans
lesquelles la dent infectée a été scellée et de procéder à une radiographie de la dent infectée
avant de procéder à l’opération chirurgicale entreprise », la Cour d’Appel en a exactement
déduit que, « faute par lui d’y avoir procédé, il a commis une faute de nature à engager sa
responsabilité… » ;
D’où il suit que moyen n’est pas fondé ;
15
II. Documents
✓ Document n° 2 : extrait de TOSI Jean Pierre, Le droit des obligations au Sénégal, Paris,
LGDJ, collection « Bibliothèque africaine et malgache », t. XXXVI, 1981, page 182.
(…)
Tout système de responsabilité civile doit arbitrer entre deux intérêts en conflit. Celui de l’auteur du
dommage devrait conduire à ce que la responsabilité soit limitée par l’exigence d’une preuve préalable
de sa faute. Celui de la victime au contraire impose que, puisqu’un dommage a été causé, une
réparation soit due automatiquement, même sans faute.
Responsabilité pour faute, responsabilité sans faute : la responsabilité civile balance entre ces deux
fondements et les mêle largement.
16
Cette solution assez naturelle résulte, dans notre droit, de l'article 1240 (anc. art. 1382) du Code civil :
« Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il
est arrivé, à le réparer ». Bien que le terme de faute ne figure que dans une proposition incidente et
quels qu’aient été ensuite les efforts déployés pour tirer argument de cette position subordonnée, la
lettre et l’esprit de la loi ne sont pas, à ce sujet, douteux.
L’importance de cette règle traditionnelle se manifeste à plus d’un titre. D’une part, on doit, en
principe, considérer que le fait de nature à engager la responsabilité personnelle de son auteur n’est pas
n’importe quel fait, mais seulement le fait fautif ; le principe a subsisté même si, dans des cas de plus
en plus nombreux, à partir et au-delà des textes du Code civil, la responsabilité d’une personne a pu
être engagée alors même qu’elle n’avait pas commis de faute, au sens classique et naturel du mot.
D’autre part, dans les cas où la responsabilité d’une personne pourrait être engagée même sans faute
de sa part, mais bien entendu à certaines conditions, spécialement en cas de responsabilité du fait des
choses inanimées, il demeure toujours possible d’établir sa responsabilité en établissant sa faute sur le
fondement de la disposition précitée de l’article 1240 (anc. art. 1382).
17
juridiction d’annulation aura un pouvoir de contrôle ». C’est ainsi que des auteurs ont estimé que la
notion de faute ne désignerait rien d’autre que le lien de causalité entre le préjudice et l’activité du
tiers responsable. Mais cette thèse confondant la faute avec la causalité a fait l’objet de vives critiques
doctrinales. C’est pourquoi la faute doit plutôt être considérée comme une notion conceptuelle
caractérisée par un certain nombre d’éléments soumis à un contrôle de droit.
✓ Document n° 7 : extrait de BOYE Abdel Kader, « L’article 121 du Code des obligations
civiles et commerciales ou le bouleversement du droit commun sénégalais de la responsabilité
civile », Revue sénégalaise de droit, 1984, p. 16.
(…) pour venir au bout des contradictions manifestes qu’entraine la loi de 1977 dans le système de la
responsabilité civile de droit commun qu’elle laisse intact, celle-ci instaure une nouvelle définition de
la faute qui ne serait opératoire que pour le dément et l’infans : c’est l’acte objectivement illicite. C’est
la seule façon de comprendre son affirmation : « il semble donc qu’il faudrait conclure que l’article
121 al. 3 élimine tout élément subjectif de la faute civile du dément et de l’infans » (…).
18
doctrinales. C’est pourquoi la faute doit plutôt être considérée comme une notion conceptuelle
caractérisée par un certain nombre d’éléments soumis à un contrôle de droit.
(…)
✓ Document n° 10 : Cour suprême, Première section statua tuant en matière civile, 28 février
1976, arrêt n° 25, Agence Havas Afrique contre la société Publitam, (Revue sénégalaise de
droit, n° 30, 1983, p. 60).
Statuant sur le pourvoi n° 49/74 formé par l’Agence Havas Afrique, suivant requête de Mes Bonifay et
Geni, enregistrée au Greffe de la Cour suprême le 26 juillet 1974 contre l’arrêt n° 96, du 17 mai 1974,
rendu par la chambre civile de la Cour d’appel de Dakar dans le litige opposant la demanderesse à la
Société Publitam ;
(…)
LA COUR,
(…)
Sur le moyen substitué d’office à celui proposé et pris de la violation de l’article 122 du Code des
obligations civiles et commerciales :
Attendu qu’aux termes de ce texte « commet une faute par abus de droit celui qui use de son droit
dans la seule intention de nuire à autrui ou qui en fait un usage contraire à sa destination » ;
Attendu que tout en constatant que l’Agence Havas Afrique bénéficiait d’un droit exclusif
d’exploitation de toute publicité locale faite tant dans le quotidien « Le Soleil » que par la
Radiodiffusion Nationale, l’arrêt déféré a, néanmoins, décidé que le fait par cette même agence d’avoir
refusé, en tant que contraire à son droit d’exclusivité, l’insertion dans ledit quotidien et pour le compte
de la société Publitam d’un avis publicitaire devait être considéré comme constitutif d’une faute
commise par abus de droit ;
Attendu qu’en statuant ainsi sans préciser si l’abstention reprochée à l’Agence Havas Afrique
constituait un acte de malice ou de mauvaise foi ni constaté que ladite abstention apparaissait comme
anormale et inutile à la défense des intérêts de la société requérante, l’arrêt attaqué n’a pas satisfait aux
exigences du texte visé au moyen ;
PAR CES MOTIFS,
Casse et annule l’arrêt n° 96 rendu par la chambre civile de la Cour d’Appel de Dakar, le 17 mai
1974 ;
Ordonne la restitution de l’amende consignée ;
Condamne le défendeur aux dépens ;
Et pour être statué à nouveau, renvoie la cause et les parties devant la Cour d’Appel autrement
composée ;
19
III. Pour aller plus loin
AVRIL Yves, « La faute intentionnelle de l'avocat », Recueil Dalloz 2011, pp. 355 et s.
BIAYE Fatimatou Bineta DIA, « L’unité des responsabilités contractuelle et
délictuelle : état de la question », in Code des obligations civiles et commerciales du
Sénégal (COCC): cinquante ans après, I. Y. NDIAYE, J.-L. CORREA, A. A. DIOUF
(Dir.), Harmattan Sénégal, 2018, Volume 1, p. 179.
BOYE Abdel Kader, « L’article 121 du Code des obligations civiles et commerciales ou le
bouleversement du droit commun sénégalais de la responsabilité civile », Revue sénégalaise
de droit, 1984, pp. 14 et s.
BRIGNON Bastien, « Le karaté : art martial ou art juridique ? », Recueil Dalloz 2005, pp. 551
et s.
BRUN Philippe, « Responsabilité du fait personnel – Fait personnel générateur du
dommage », Répertoire de droit civil, Mai 2015, (actualisation mai 2022)
CORREA J. Jean-Louis, « L’incidence de la définition légale de la faute en droit du travail
sénégalais », Annales Africaines, Nouvelle série, Revue de la FSJP/UCAD, Volume 1, Avril
2015, pp. 37 et s.
DELEBECQUE Philippe, « La culpa levis ne serait-elle plus une faute au sens de l'article
1382 du code civil ? », Recueil Dalloz 2002, pp. 1318 et s.
20
Séance n° 3
Thème : Les faits générateurs de la responsabilité civile
Sous-thème : Le fait d’autrui
La Cour
Vu le jugement du Tribunal correctionnel de Dakar en date du 22 mars 2007 ;
(…)
Après en avoir délibéré conformément à la loi ;
(…)
Considérant qu’il résulte de la procédure et des débats les faits suivants :
« Dans la nuit du dimanche 16 Juillet 2006, vers 2 heures du matin, la dame K. D, revenant
d’une boutique située dans le quartier G. N. tenait à la main sa fille S. M., âgée de 4 ans ;
Profitant d’un moment d’inattention de sa mère, la petite S. s’éloigna et un voisin du quartier,
M. B., né le ...1973, la fit entrer chez lui et éjacula entre ses jambes avant de la laisser partir ;
Suite à la plainte initiée par la dame D., M. B. a été traduit devant le juge des flagrants délits
du tribunal régional hors classe de Dakar ;
Ledit juge ordonna le 14 Août 2006 une expertise médico - légale sur la personne de M. B.
avant de le déclarer coupable de pédophilie en son audience du 22 Mars 2007 et de le
condamner à une peine de deux ans d’emprisonnement ferme ;
Le prévenu a été également condamné à payer à la partie civile la somme d’un million de
francs CFA, à titre de réparation ;
Suite à l’appel interjeté par le prévenu et le ministère public, les parties comparaissent devant
la Cour de céans ; qu’il échet de statuer contradictoirement à leur égard ;
(…)
Considérant que le conseil du prévenu a plaidé l’infirmation du jugement attaqué et la relaxe
en faisant valoir que M. B. étant un malade mental, il ne peut encourir aucune responsabilité
pénale du fait de ses actes, invoquant en cela les dispositions de l’article 50 du code pénal ;
(…)
Considérant cependant qu’en vertu de l’article 55 du code pénal il y a lieu en l’espèce, sur le
plan de la responsabilité civile de se conformer aux dispositions du code des obligations
civiles et commerciales ;
Considérant qu’un dément doit être surveillé, encadré et dirigé par la personne qui en assure
la garde ; qu’en l’espèce la dame S. F., mère du prévenu, présente à la barre de la Cour a
reconnu que c’est elle - même qui s’occupe de la garde de celui - ci ;
Qu’elle a soutenu, par devant la Cour, qu’elle savait que son fils qui vit chez elle est un
malade mental ;
Qu’en conséquence, elle est débitrice d’une obligation de surveillance et de direction sur la
personne de ce dernier ;
21
Qu’ayant laissé ledit fils sans surveillance dans sa maison où ne se trouvait aucun adulte, elle
doit répondre de l’acte commis par M. B. ;
Que cet acte étant la cause directe du dommage invoqué, il y a lieu de dire qu’elle est
civilement responsable des conséquences dommageables du préjudice dont la réparation est
demandée par la partie civile, en vertu de l’article 142 du COCC ;
(…)
Par ces motifs,
Statuant publiquement, contradictoirement, en matière pénale et en dernier ressort ;
Déclare les appels recevables ;
Infirmant partiellement le jugement entrepris et statuant à nouveau,
Constate que le prévenu était en état de démence au moment des faits ;
Dit en conséquence que le délit n’est pas constitué ;
Condamne M. B., sous la responsabilité civile de sa mère la dame S. F., à payer à la partie
civile la somme de 600.000 francs CFA, toutes causes de préjudice confondues ;
Met les dépens à la charge du Trésor Public.
22
II. Documents
✓ Document n° 1 : Extrait de Jean Pierre TOSI, Le droit des obligations au Sénégal, Paris,
LGDJ, collection « Bibliothèque africaine et malgache », t. XXXVI, 1981, p. 257
710. – La responsabilité du fait d’autrui n’intéresse que ces trois catégories de personnes. Il n’y a pas
de principe général rendant responsable du fait d’autrui quiconque aurait une autre personne sous sa
dépendance. L’article 142 pourrait se prêter à pareille généralisation (son texte est repris textuellement
du fameux article 1384, alinéa 1er, du Code civil français…), mais il a toujours été considéré comme
une simple annonce des trois cas particuliers à quoi il introduit.
23
champ d’application de la responsabilité du fait d’autrui fondée sur l’article 1384, alinéa 1er, pour les
fautes que leurs adhérents commettent à l’occasion des manifestations qu’ils coordonnent.
En effet, estimant d’abord qu’un dément devait être surveillé, encadré et dirigé par la personne qui en
assure la garde, qu’ensuite la qualité de gardien était endossée par la mère du dément qui vivait avec
lui, et qu’enfin le gardien, débiteur d’une obligation de surveillance et de direction sur la personne du
dément, devait répondre de l’acte commis par ce dernier pour l’avoir laissé sans surveillance dans sa
maison où ne se trouvait aucun adulte, la Cour d’appel en a déduit que la dame S. F., mère du prévenu,
était civilement responsable des conséquences dommageables du préjudice dont la réparation était
demandée par la partie civile, en vertu de l’article 142 du code des obligations civiles et commerciales.
En ajoutant un quatrième cas de responsabilité du fait d’autrui au code des obligations civiles et
commerciales, le juge sort de sa réserve habituelle en cas de silence du législateur. La responsabilité
d’une personne du fait de l’acte dommageable d’un dément majeur résulte d’une originalité et
revendique conséquemment une véritable autonomie même si par endroits, un rapprochement avec la
responsabilité du fait du mineur est perceptible.
(…)
L’on peut se réjouir de l’intervention de cette décision à ce moment propice où la doctrine se propose
d’apporter une réponse définitive à la question de la consécration d’un principe général de
24
responsabilité du fait d’autrui. Cette dernière reste tout de même en suspens du fait de la portée limitée
de l’extension de responsabilité du fait d’autrui.
✓ Document n° 7 : extrait de Abdoul Aziz DIOUF, « L’article 142 du code des obligations
civiles et commerciales et l’existence d’un principe général de responsabilité du fait d’autrui
en droit positif sénégalais », in le droit africain à la quête de son identité, Mélanges offerts au
Professeur Isaac Yankhoba NDIAYE, sous la direction de Ndiaw DIOUF, Mohamed Bachir
Niang et Abdoul Aziz DIOUF, L’Harmattan, 2021, pp. 387 et s.
L’arrêt Blieck de l’Assemblée plénière de la Cour de cassation française en date du 29 mars 1991
marqua le prologue de l’élargissement8 du champ ratione personae de la responsabilité du fait
d’autrui. Constituant le pendant de l’alinéa 1er de l’article 1384 du Code civil, l’article 142 COCC9
renferme la même énigme relative à l’existence ou pas en droit positif sénégalais d’un principe général
de responsabilité du fait d’autrui.
(…)
Les recherches à mener pour répondre à cette question ne devraient être fondées aucunement sur une
interprétation exégétique de l’article 142 COCC.
Une telle attitude serait puérile et naturellement inféconde. En effet, vouloir extraire dans la lettre de
ce texte une connaissance dépourvue de toute ambiguïté de la position du législateur sénégalais quant
à l’admission d’un principe général de responsabilité du fait d’autrui, attesterait d’un positivisme
primaire impropre à la complexité de la responsabilité civile. La filiation que le droit sénégalais de la
responsabilité civile entretient avec le droit français (Code civil, jurisprudence et doctrine) témoigne
d’abord d’un désengagement idéologique du législateur. Cette dépossession épistémologique
délégitime toute tentative consistant à interroger la sphère des « personnes dont on doit répondre »
strictement dans les ressources phraséologiques de l’article 142 COCC.
(…)
25
1976, D.1977.595, et la note), celui-ci, opérant un revirement remarquable, affirme implicitement qu'il
existe un principe général de responsabilité du fait d'autrui, lequel repose, comme le principe général
de responsabilité du fait des choses, sur l'art. 1384, al. 1er, c. civ.
Ce revirement peut être expliqué par les espérances déçues du côté du législateur. Si celui-ci s'abstient,
il appartient au juge de faire évoluer le droit lorsque cela lui apparaît nécessaire.
2. - Il n'était pas contestable que les cas de responsabilité du fait d'autrui étaient trop limités en droit
français, contrairement à d'autres systèmes juridiques très proches du nôtre par l'organisation sociale et
la culture juridique. La lacune de la loi était particulièrement gênante en ce qui concerne les
dommages causés par les handicapés ou les mineurs délinquants confiés à des établissements éducatifs
privés pratiquant le régime de la liberté surveillée. Certes, en ce qui concerne les mineurs délinquants,
la responsabilité de l'établissement pouvait être recherchée en application de l'art. 1384, al. 6 et 8, c.
civ. (cf. Rép. civ. Dalloz, v° Responsabilité du fait d'autrui, n° 55 s.). Cependant, on sait que ce texte
n'édicte qu'une responsabilité fondée sur la faute prouvée des éducateurs, ce qui est tout le contraire
d'une responsabilité du fait d'autrui. Il ne répondait donc pas à l'attente des victimes qui avaient
d'autant plus de mal à prouver la faute que le régime adopté pour la rééducation supposait que soit
laissée au délinquant une liberté de mouvement. Quant aux dommages causés par des majeurs
handicapés en régime de liberté surveillée, ils ne pouvaient davantage relever d'un régime favorable
aux victimes qui n'avaient d'autre ressource que d'invoquer les art. 1382 et 1383 c. civ. et, par
conséquent, ici encore, se heurter à l'impossibilité, sauf cas exceptionnels, de prouver une faute de
l'établissement d'éducation ou de placement pour handicapés.
Le droit public n'avait pas du tout la même approche du problème. En effet, depuis l'arrêt Thouzellier
du 3 févr. 1956 (D. 1956.596, note Auby ; S. 1956.153 ; JCP 1956.II.9608, note Lévy), le Conseil
d'Etat admet une responsabilité objective fondée sur la notion de risque spécial pour les tiers.
Cependant, le juge administratif est d'autant moins lié par les dispositions du code civil que la
responsabilité de la puissance publique est une pure création jurisprudentielle, qui n'a même pas
besoin du paravent de l'interprétation de la loi, comme celle du juge judiciaire.
3. - En dépit des approches différentes par le droit public et par le droit privé de la responsabilité du
fait d'autrui, l'opposition radicale entre les établissements privés et les établissements publics, quant au
régime de leur responsabilité pour les dommages causés par les handicapés en liberté surveillée, était
difficilement tolérable. Le législateur n'étant pas intervenu, c'est l'opposition des deux régimes de
responsabilité qui constitue la raison essentielle du revirement de la jurisprudence judiciaire par l'arrêt
rapporté. En d'autres termes, le juge administratif avait ouvert au juge judiciaire une voie que celui-ci a
finalement décidé d'emprunter. Il faut se féliciter d'une harmonisation des jurisprudences des deux
ordres de juridictions.
Toutefois, si, en droit privé comme en droit public, la responsabilité d'un établissement pratiquant le
régime de la liberté surveillée pour les dommages causés par les handicapés qui lui sont confiés est
une responsabilité sans faute fondée sur l'idée de risque, il n'en demeure pas moins que le régime
juridique de cette responsabilité pourra ne pas être totalement le même en droit privé et en droit public,
car la responsabilité de plein droit fondée sur le risque n'y est pas toujours construite techniquement de
la même façon. En particulier, en droit public, c'est l'idée de risque spécial pour les tiers qui fonde la
responsabilité. En droit privé, c'est l'idée de pouvoir de l'établissement qui justifie son obligation de
réparation en dehors de toute faute, la charge du risque étant plutôt la contrepartie du pouvoir. Cela
ressort clairement de la décision de l'Assemblée plénière, pour laquelle, si l'établissement est de plein
droit responsable, c'est parce qu'il avait « accepté la charge d'organiser et de contrôler le mode de vie
de ce handicapé ».
4. - De l'approche différente de la responsabilité de plein droit des établissements pour handicapés en
droit public et en droit privé, il résulte, en particulier, que le domaine de la responsabilité ne saurait
26
être le même. Parce qu'elle est fondée sur le risque spécial pour les tiers, la responsabilité de la
puissance publique est limitée aux cas où un tel risque peut être caractérisé. Parce qu'elle est fondée
sur le pouvoir exercé par une personne sur une autre personne, la responsabilité civile doit
normalement avoir un domaine plus étendu que la seule obligation de réparation des établissements
hébergeant des handicapés en régime de liberté surveillée.
En d'autres termes, et c'est la raison pour laquelle l'arrêt du 29 mars 1991 constitue un revirement de
jurisprudence dont la portée est vaste, la responsabilité de plein droit étant la contrepartie du pouvoir
exercé par une personne sur une autre, elle doit être admise chaque fois qu'un tel pouvoir existe. C'est
pour cela qu'il existe dorénavant, en droit français, un principe général de responsabilité sans faute du
fait d'autrui.
5. - Un tel revirement est lourd de conséquences dont on peut supposer qu'elles n'ont pas toutes été
aperçues par la Cour de cassation. En effet, l'art. 1384 c. civ. organise différents régimes de
responsabilité dits du fait d'autrui qui, non seulement n'en sont pas toujours, mais encore vont de la
faute prouvée (instituteurs) jusqu'à la responsabilité de plein droit (commettants), en passant par la
faute présumée (parents et artisans). Si le nouveau principe général est en harmonie avec le régime de
la responsabilité des commettants pour les dommages causés par leurs préposés, il est en totale
opposition avec la responsabilité du fait d'autrui fondée sur la faute.
Comment continuer à exiger la preuve d'une faute d'un instituteur dans la surveillance de ses élèves ou
présumer la faute des parents dans la surveillance ou l'éducation de leurs enfants, alors qu'on admet,
d'une façon générale, que celui qui exerce un pouvoir sur autrui est de plein droit responsable des
dommages causés par autrui ? La différence n'est pas justifiable. En effet, l'obligation de surveillance
de l'instituteur manifeste l'existence d'un pouvoir sur les élèves. De la même façon, le devoir
d'éducation des parents n'est que la conséquence de l'autorité parentale et de l'exercice du droit de
garde. Il n'est pas niable que c'est la tradition et elle seule qui explique le maintien d'une responsabilité
fondée sur la faute des instituteurs, des parents et des artisans. Or, la tradition supposait aussi, quoi
qu'on ait pu dire, qu'il ne pouvait pas y avoir de principe général de responsabilité du fait d'autrui (V.
la note sous Civ. 2e, 24 nov. 1976, D. 1977.595). A partir du moment où un principe inverse est établi,
il n'y a plus aucune raison de décider que le pouvoir des parents, des artisans et des instituteurs ne les
oblige à réparation que s'il a été mal exercé, alors que le principe général est que le pouvoir oblige à
réparation sans qu'il y ait à porter de jugement sur la façon dont il a été exercé. Le maintien de la
solution actuelle fondée sur la faute pour ceux qui sont visés dans l'art. 1384 c. civ. conduit à
l'incohérence.
Prétendrait-on que le nouveau principe général de responsabilité du fait d'autrui ne concernerait que le
pouvoir qu'une personne exerce sur une autre qui serait dangereuse ? Deux raisons pourraient militer
en faveur d'une telle interprétation. D'abord, l'Assemblée plénière a statué dans une espèce relative à
un handicapé mental, c'est-à-dire une personne a priori dangereuse. Ensuite, le Conseil d'Etat, dont la
solution aurait inspiré la Cour de cassation, exige un risque spécial pour les tiers, ce qui suppose
l'exercice d'une activité présentant des dangers pour autrui, telle que l'hébergement de handicapés ou
de mineurs délinquants. On retrouve, en réalité, pour le fait d'autrui, ce qui avait été autrefois invoqué
pour le fait des choses : limiter la responsabilité générale de plein droit de l'art. 1384, al. 1er, c. civ.
aux personnes dangereuses et aux choses dangereuses.
Cependant, en ce qui concerne les choses, on sait que la Cour de cassation a fini par refuser une telle
limitation. Elle a eu raison, car il est difficile sinon impossible de considérer qu'une chose est a priori
dangereuse. Toute chose est dangereuse dès lors qu'elle peut être à l'origine d'un dommage, que ce soit
par son fait autonome ou en raison du fait de l'homme qui l'utilise. Il en va de même pour les
personnes et pour les mêmes raisons. Au surplus, comment pourrait-on prétendre qu'un handicapé
mental est plus dangereux qu'un enfant ou un écolier ? Pourquoi, dès lors, exiger encore la faute des
27
parents et de l'éducateur alors qu'elle n'est point nécessaire en ce qui concerne l'établissement
hébergeant des handicapés ?
6. - Indépendamment de l'incohérence à laquelle conduit l'énoncé d'un principe général de
responsabilité du fait d'autrui, il est évident qu'il ne pouvait être question de porter atteinte à un autre
principe selon lequel la responsabilité civile est essentiellement individuelle. Parce qu'on est
responsable seulement de ses actes, avec ou sans faute, selon les cas, on ne saurait affirmer que
n'importe qui pourrait être responsable de n'importe qui. Par conséquent, une fois affirmée la règle
selon laquelle la responsabilité est la contrepartie du pouvoir, il convenait d'en enfermer l'application
dans un certain nombre de conditions.
Il résulte de l'arrêt de l'Assemblée plénière qu'il y a deux conditions. La première tient à ce que le
responsable du fait d'autrui doit avoir accepté une obligation. La seconde consiste en l'obligation
d'organiser et de contrôler à titre permanent le mode de vie de celui dont il devra répondre. Cette
seconde condition en comporte, en réalité, autant qu'il y a d'éléments différents dans son énoncé.
Cependant, les conditions mises à l'application du principe général de responsabilité du fait d'autrui ne
vont pas manquer de poser de sérieux problèmes quant aux limites exactes de ce principe.
7. - D'abord, le pouvoir sur autrui doit résulter, d'après l'arrêt, d'une obligation acceptée par celui qui
l'exerce. Est-il légitime d'exiger une telle acceptation ? On peut en douter d'autant plus que, comme on
l'a vu, on ne comprend pas la différence de régime avec les parents, auxquels une obligation est
imposée par la loi, et les instituteurs dont l'obligation résulte de leurs fonctions. Faut-il alors
considérer que l'acceptation ne saurait viser le seul accord en vertu d'un contrat pour concerner aussi
bien les obligations légales, auxquelles on est nécessairement soumis du seul fait qu'on accepte une
situation (par exemple, d'avoir des enfants) ou les obligations résultant d'une fonction, laquelle a été
acceptée par celui qui l'exerce ? Qu'en est-il, en particulier, de la personne à laquelle un enfant est
confié pendant la journée par les parents ? Faudra-t-il admettre qu'elle relèvera de l'application du
principe général, tandis que les parents devraient avoir commis une faute s'ils exerçaient eux-mêmes
leur pouvoir sur l'enfant ? Qu'en est-il d'un membre de la famille qui se charge de l'éducation d'un
enfant ?
Au surplus, le pouvoir pourrait-il n'être que de fait ou faudrait-il exiger qu'il résulte d'une obligation
juridique, c'est-à-dire légale, contractuelle ou statutaire ? De toute façon, une personne pourrait
parfaitement se charger d'autrui sans en avoir l'obligation. Faudra-t-il alors admettre qu'elle a créé une
obligation par un acte unilatéral de sa volonté ?
Ensuite, le pouvoir doit être celui d'organiser et de contrôler le mode de vie. Les situations litigieuses
risquent d'être nombreuses. Si le membre de la famille auquel un enfant est confié exerce
effectivement un tel pouvoir, en va-t-il de même de celui auquel les parents confient un jeune enfant
pendant la journée ? Son pouvoir d'organiser et de contrôler le mode de vie de l'enfant est réel.
Cependant, cette personne n'est qu'un préposé des parents, tenu d'appliquer leurs directives. Son
absence d'autonomie empêcherait-elle de considérer qu'elle n'a pas véritablement ce pouvoir ?
L'exigence du pouvoir d'organiser et de contrôler le mode de vie d'autrui devrait exclure le simple
pouvoir de surveillance. Pourtant, un tel pouvoir peut autant être la source d'une responsabilité de
plein droit que le pouvoir d'organisation et de contrôle.
Enfin, la nécessité d'un pouvoir à titre permanent ne serait pas non plus sans poser des problèmes. A
partir de quand y a-t-il permanence ? La frontière entre le permanent et l'occasionnel est, à la rigueur,
assez facile à tracer. Mais, il n'en va pas de même entre le permanent et le temporaire. On peut douter
de ce que l'enfant confié pendant la journée à une personne ne le soit qu'à titre temporaire.
8. - En fin de compte, il n'est pas sûr que le fait, par l'Assemblée plénière, d'avoir, dans une formule
condensée, énoncé les conditions mises à l'application d'un principe général de responsabilité du fait
28
d'autrui puissent correspondre à tous les cas de figure qui seront nécessairement envisagés d'espèce en
espèce. Il est vrai que l'élaboration du droit jurisprudentiel est lente et que la précision de la règle ne
peut être dégagée qu'à travers les espèces successives. La preuve en est bien que l'énoncé d'un principe
général de la responsabilité du fait des choses par l'arrêt Jand'heur de 1930 n'a pas tout réglé. Il a fallu,
jusqu'à nos jours, de nombreuses espèces pour permettre à la Cour de cassation d'affiner le régime et la
portée du principe affirmé et cela ne s'est pas fait sans hésitation, coups d'arrêts et revirements. Il en ira
nécessairement de même du principe général de la responsabilité du fait d'autrui.
29
Il faut enfin considérer, semble-t-il, que la responsabilité de plein droit des associations sportives du
fait des dommages causés par leurs membres amateurs est, à l'instar de celle des parents du fait de leur
enfant mineur (Cass. ass. plén. 13 déc. 2002, Bull. crim. 2002, n° 3 ; D. 2003, Jur. p. 231, note P.
Jourdain ; Resp. civ. et assur. 2003, Chron. p. 4, par H. Groutel), une responsabilité directe, autrement
dit pouvant être retenue même en l'absence de faute de l'auteur du dommage. Si une telle solution
venait à être confirmée explicitement par la Cour de cassation, elle ferait alors peser sur de nombreux
clubs sportifs un risque indemnitaire important, que les assureurs ne sont certainement pas prêts à
assumer, en tous cas pas à n'importe quel prix...
TERRE François, SIMLER Philippe, LEQUETTE Yves et François CHENEDE, Droit civil :
Les obligations, Dalloz, 12e édition, 2019, pp. 1150 et s.
DIAGNE Ndèye Sophie, « Vers la consécration d’un principe général de responsabilité du fait
d’autrui en droit sénégalais ? A propos de l’arrêt de la Cour d'Appel de Dakar du 23 avril
2008, arrêt n° 324, Revue sénégalaise de droit, n° 37, août 2023, pp. 237- 258.
DIOUF Abdoul Aziz, « L’article 142 du code des obligations civiles et commerciales et
l’existence d’un principe général de responsabilité du fait d’autrui en droit positif sénégalais »,
in le droit africain à la quête de son identité, Mélanges offerts au Professeur Isaac Yankhoba
NDIAYE, sous la direction de Ndiaw DIOUF, Mohamed Bachir Niang et Abdoul Aziz
DIOUF, L’Harmattan, 2021, pp. 387 et s.
30
Séance n° 4
Thème : La réparation
Article 133
Le préjudice est en principe réparé par équivalence en allouant à la victime des
dommages et intérêts.
Toutefois, sous réserve du respect de la liberté des personnes ou des droits des
tiers, les juges peuvent d’office prescrire, au lieu ou en plus des dommages et
intérêts, toute mesure destinée à réparer le dommage ou à en limiter l’importance.
Article 134
Les dommages et intérêts doivent être fixés de telle sorte qu'ils soient pour la
victime la réparation intégrale du préjudice subi.
Lorsque le montant des dommages et intérêts dépend directement ou
indirectement du montant des revenus de la victime, la réparation allouée est
appréciée en tenant compte de ses déclarations fiscales relatives aux trois années
qui ont précédé celle du dommage.
Comme tout exercice juridique, le commentaire d’article obéit à une méthodologie. Il comporte
nécessairement une introduction (I) et un développement (II).
I. L’introduction
L’étudiant peut débuter l’introduction par une phrase d’accroche qui permet d’aborder le thème
général de l’article à commenter. Celle-ci n’étant pas obligatoire contrairement aux autres étapes. Dans
un commentaire, l’étudiant doit, nécessairement, exposer de façon successive, les étapes suivantes :
✓ La présentation de l’article
Présenter un article c’est préciser clairement le texte à commenter. Si celui-ci n’est pas trop long, il
peut être reproduit dans son intégralité. Dans la présentation, l’intitulé de l’article en question doit être
donné.
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Par exemple : présentation de l’article 118 du COCC
Article 118 Principe général
Est responsable celui qui par sa faute cause un dommage à autrui.
Le texte soumis à notre commentaire est l’article 118 du Code des obligations civiles et
commerciales qui dispose qu’ « est responsable celui qui par sa faute cause un dommage à
autrui ». Il est intitulé « principe général ».
✓ Situation de l’article
L’article à commenter doit être situer dans son environnement. Situer l’article dans l’espace.
Pour situer un article, l’étudiant doit répondre à la question suivante : « où se trouve l’article à
commenter ». Il doit être localiser dans le texte qui le contient, dans le lieu où il est inséré (code,
constitution, loi, décret etc.). De ce fait, l’étudiant doit saisir le plan du texte contenant l’article à
commenter. Par exemple, le Code des obligations civiles et commerciales est divisé en plusieurs
parties. La première partie qui concerne le doit commun des obligations contient une partie générale,
un livre premier et un livre deuxième, les livres contiennent des titres, les titres des chapitres, les
chapitres des sections, les sections des paragraphes etc.
Pour situer l’article, il faut partir de l’ordre décroissant.
La situation de l’article 118 :
L’article 118 se trouve dans le Code des obligations civiles et commerciales, précisément,
dans sa première partie, au livre premier intitulé « les sources d’obligations », dans son titre
2 « le délit », au chapitre premier « le droit commun de la responsabilité ».
✓ Le contexte de l’article
Donner un contexte, c’est situer l’article dans le temps (son contexte, sa date d’entrée en vigueur,
origine de l’article (l’auteur de la proposition)).
Un article peut avoir un contexte particulier. C’est, notamment, lorsqu’il a fait l’objet d’une
modification. Par exemple, l’article 121 du Code des obligations civiles et commerciales a un contexte
qui lui est particulier.
On peut profiter du contexte de l’article pour donner son intérêt.
Si la disposition à commenter n’a pas fait l’objet de modifications. Le contexte à étudier est celui du
texte global qui le contient.
L’article 118 du COCC n’a pas fait l’objet de réforme. Pour le contextualiser, il faut se
référer au contexte de la loi n°63-62 du 10 juillet 1963 relative à la partie générale.
✓ La structure de l’article
La structure de l’article c’est l’architecture de l’article à commenter, autrement dit le plan de celle-ci.
Un article peut ne comporter qu’un seul alinéa, comme celui-ci peut être subdiviser en plusieurs
alinéas. Lorsque l’article est long on peut découper l’article en plusieurs parties.
La structuration n’est pas toujours formelle, parfois, elle est substantielle. Pour retracer la structure
substantielle de l’article, il faut suivre les différentes idées exprimées dans le texte. Par conséquent,
même si la disposition ne comporte qu’un seul alinéa, elle peut comporter plusieurs idées.
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✓ L’idée générale
L’idée générale, comme son nom l’indique, est l’idée la plus fondamentale de l’article. Cependant, il
y a une différence entre le titre de l’article et son idée générale.
L’article 118 a comme intitulé « principe général » mais son idée centrale peut être la
responsabilité pour faute, le principe général de la responsabilité du fait personnel etc.
✓ Annonce le plan
Elle est la dernière étape de l’introduction. C’est comme dans une dissertation. Il faut annoncer les
deux grandes parties du développement.
II. Le développement
Le développement est le nœud du commentaire. Faire un commentaire n’est pas faire une dissertation.
L’étudiant est obligé de partir du texte, de ne pas s’éloigner du texte et de revenir au texte.
Le commentaire s’apparente à l’interprétation d’une règle de droit. Pour ce faire, l’étudiant doit
examiner le texte (la lettre), puis rechercher l’esprit, et enfin solliciter la logique juridique.
Commenter, c’est analyser, interprète, critiquer... et éventuellement proposer !
Pour l’interprétation d’une règle de droit, plusieurs méthodes peuvent être utilisées :
• La méthode exégétique : elle consiste à rester très prés du texte de lois à interpréter. La loi
écrite exprimant la volonté générale et primant toutes les autres sources de droit, le devoir du
juriste interprète consiste alors, selon cette méthode, à exploiter la lettre du texte pour
retrouver, en raisonnant, la volonté du législateur (V°. DE MUNAGORI Encinas Rafael et
LHUILIER Gilles, Introduction au droit, Flammarion 2002, p. 308).
• La recherche de l’esprit d’une règle de droit. Elle est une méthode qui attribue un rôle
essentiel à la finalité de l’article à commenter. Cette recherche de l’esprit de la loi peut prendre
des formes différentes, selon que cet esprit s’identifie à l’intention de son auteur ou bien à sa
raison d’être, qui évolue dans le temps en fonction des évolutions du système juridique.
Divers procédés permettent de retrouver cette intention. Parmi ceux-ci, il y a l’interprétation
historique qui privilégie la recherche de la volonté de son auteur par un recours aux travaux
préparatoires et aux débats parlementaires lors du vote de la loi. Il y a, également, l’interprétation
téléologique qui est fondée sur la finalité, le but de la règle.
• L’interprétation logique de la règle. C’est une méthode qui se caractérise par l’utilisation du
raisonnement juridique, des maximes et adages d’interprétation.
Exemples d’adages utiles pour le commentaire :
Les textes exceptionnels sont d’interprétation stricte.
Ce qui est spécial déroge à ce qui est général (une règle générale ne régit pas ce qui
est organisé par une règle spéciale) ;
Les lois défavorables doivent être interprétées de manière restrictive.
En commentant un article, un texte de lois, l’étudiant doit mener un raisonnement. Celui-ci est à la
fois une activité de l’esprit et le produit de cette activité. Le raisonnement est indissociable du droit.
Parmi ces raisonnements juridiques, il y a essentiellement trois : le raisonnement a contrario, le
raisonnement a fortiori et le raisonnement par analogie.
Le raisonnement a contrario ou par le contraire. Ce raisonnement consiste, par voie
d’opposition, à extraire d’un texte une solution contraire à celle qui y est inscrite.
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Le raisonnement a fortiori ou plus forte raison est un procédé d’interprétation. Ce procédé
d’interprétation conduit à une extension de la loi à un cas qu’elle n’a pas expressément prévu.
Le raisonnement par analogie. Ce raisonnement dit également a pari consiste à faire état de la
solution donnée par les textes pour un cas voisin de celui pour lequel on recherche la règle de
droit applicable, et à appliquer cette solution au cas envisagé.
III. Documents
✓ Document n° 1 : Extrait de Jean Pierre TOSI, Le droit des obligations au Sénégal, Paris,
LGDJ, collection « Bibliothèque africaine et malgache », t. XXXVI, 1981, p. 276.
(…)
La réparation peut être pécuniaire, elle peut être en nature.
765. – Elle est « en principe » (…) pécuniaire. Elle consiste en l’allocation à la victime d’une somme
d’argent d’une valeur égale à la valeur dont elle a été privée : ce sont les dommages et intérêts
compensatoires.
Ces dommages-intérêts, en effet, n’ont pas pour fonction d’effacer le préjudice, mais de le
compenser. Ils constituent une réparation par équivalent.
766. – La réparation peut aussi être en nature. La réparation en nature, c’est le rétablissement de l’état
de choses antérieur au dommage.
Elle ne se conçoit pas en matière de préjudice corporel. Elle est parfois possible en cas de
préjudice matériel. (…)
Elle pose cependant un problème de principe : si elle efface, en effet, au moins en partie, le
dommage, c’est que quelqu’un est contraint à l’exécution en nature. Or, il est de principe que les
obligations de faire ou de ne pas faire sont insusceptibles d’exécution forcée (…).
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✓ Document n° 3 : Extrait de Jean-Louis CORREA, « La réparation intégrale dans le Code des
obligations civiles et commerciales », in Code des obligations civiles et commerciales du
Sénégal (COCC) : cinquante ans après, I. Y. NDIAYE, J.-L. CORREA, A. A. DIOUF (Dir.),
Harmattan Sénégal, 2018, Volume 1, p. 138.
Familiers aux arcanes et autres interstices du droit français, les juristes sénégalais peuvent
légitimement penser qu’il en était de même pour le droit sénégalais. Bien au contraire, en droit
sénégalais, le législateur consacre, expressis verbis, la règle de la réparation intégrale du préjudice.
Une telle consécration peut étonner, pas parce qu’elle est en rupture avec le droit français, - le COCC,
rappelons-le, est porteur de multiples solutions à contre - courant du Code civil français- mais parce
qu’elle peut être très problématique dans le contexte de l’élaboration d’un Code pour le
développement.
Si la réparation intégrale postule à une certaine conception morale de la justice sociale, elle n’en pose
pas moins des problèmes, dans un contexte de nécessaire développement de l’entreprise et de
l’initiative privée. En effet, il peut exister une difficulté d’articulation entre l’objectif de réparation
d’un préjudice individuel et celui de prise en compte des impératifs collectifs liés à la vie ou à la survie
d’une entreprise. Où l’on peut apercevoir que la réparation intégrale, soumise à la focale de l’analyse
économique du droit, peut révéler quelques démérites. L’option de consacrer la philosophie de la
réparation intégrale dans son droit positif est per se révélatrice d’un choix de modèle de société
mettant plus en avant des considérations de justice sociale que des considérations liées au
développement de l’entreprise.
(…)
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D'une part, la restitution au quadruple ou au quintuple revêt deux visages. Ayant pour finalité
de réparer le dommage causé à la partie offensée, elle tend également à sanctionner l'auteur de l'acte
répréhensible. La réparation intégrale témoigne, en revanche, d'un droit de la responsabilité civile
orienté vers la réparation des dommages subis et éloigné, en principe, de toute logique sanctionnatrice.
En ce sens, alors qu'elle est à la mesure du préjudice réellement subi par la victime, elle se révèle
indifférente à la gravité de la faute commise.
D'autre part et surtout, par le respect du principe de la réparation intégrale, « il ne s'agit pas de
réparer "moins" (...) ou de réparer "plus", mais de réparer le plus justement possible ». Reposant sur
une équivalence stricte entre tous les chefs de dommage subis par la victime et la réparation,
l'indemnisation ne doit ni excéder la valeur du préjudice, ni engendrer un appauvrissement de la
victime. « Tout le dommage » mais « rien que le dommage ». Telle est la manière dont on décrit
traditionnellement le principe de la réparation intégrale.
(…)
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com., 10 janv. 2012, n° 10-26.837; Cass. 3e civ., 30 juin 2015, n° 13-26.932; Cass. com., 5 mai 2015,
nos 14-11.148 et 14-15.278, Bull. civ. IV, n° 74 ; Cass. 2e civ., 10 déc. 2015, nos 14-27.243 et 14-
27.244, Bull. civ. II, n° 277) ;
— il embrasse indifféremment la responsabilité pour faute et la responsabilité sans faute (le
développement de l'assurance de responsabilité rend tolérable l'application du principe de la réparation
intégrale aux responsabilités de plein droit) ;
— il joue quelle que soit la forme de la réparation accordée, en valeur ou en nature.
Le principe de la réparation intégrale comporte structurellement deux éléments constitutifs. Réparer
intégralement le dommage subi par la victime, cela signifie, en premier lieu, que tous les préjudices
subis par la victime doivent être pris en considération dès lors qu'ils présentent les caractères requis
pour être juridiquement réparables. La réparation est à cet égard envisagée du point de vue de son
objet : réparer quoi ? Réponse : l'intégralité des préjudices juridiquement réparables subis par la
victime, sans exception. Réparer intégralement le dommage subi par la victime, cela veut dire, en
second lieu, que chacun des préjudices juridiquement réparables subis par la victime doit être réparé
de manière pleine et entière. La réparation est ici envisagée du point de vue de son étendue : réparer
dans quelle mesure ? Réponse : en intégralité chacun des préjudices juridiquement réparables subis par
la victime.
(…)
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Cour de cassation, à « rétablir aussi exactement que possible l'équilibre détruit par le dommage et à
replacer la victime dans la situation où elle se serait trouvée si l'acte dommageable n'avait pas eu lieu »
(Civ. 2e, 7 déc. 1978, Bull. civ. II, n° 269). La réparation intervenant au jour où la décision du juge
l'ordonne - c'est l'hypothèse - il faut tenir compte de la valeur des éléments constitutifs du préjudice à
ce jour. C'est, au demeurant, le seul moyen de mettre en œuvre le principe d'équivalence qui domine la
réparation pécuniaire, laquelle doit s'aligner sur le modèle que constitue la réparation en nature. Là se
trouve, d'ailleurs, l'explication de la nature de dette de valeur qui s'attache à la dette de réparation.
Cela étant, il est vrai que la décision de la cour de Paris appelait la censure de la Cour de cassation.
Les juges du fond, en effet, avaient méconnu le principe de réparation intégrale qui veut que la victime
reçoive ce dont elle se trouve privée, mais rien de plus. Sur le fondement fallacieux de la distinction de
la perte subie et du gain manqué, ils avaient, en réalité, réparé deux fois le même dommage :
l'indemnisation de la perte des récoltes à hauteur de leur valeur actuelle réparait, précisément, le gain
manqué provoqué par la perte des récoltes - la valeur de la récolte intègre nécessairement le bénéfice
qu'elle doit procurer. Une réparation complémentaire au titre du gain manqué n'aurait été concevable
que sur la justification précise d'un bénéfice particulier qui aurait été empêché par l'absence de récolte
ou de son produit financier. Aucune preuve de cette sorte n'ayant été rapportée il n'y avait pas de
réparation admissible autre que celle de la perte de récolte : valeur de la récolte manquée, réévaluée en
considération de l'indice des prix à la consommation, ou, plus justement, valeur d'une récolte
comparable contemporaine de la date du jugement.
Il est permis de regretter, dans ces conditions, que la Cour de cassation - abusée peut-être par la
référence faite à la distinction du gain manqué et de la perte subie et justement effarée par l'importance
globale de l'indemnisation - ait adopté une motivation qui remet en question le principe de l'évaluation
du préjudice au jour de la décision. Cela d'autant plus que le principal grief articulé par les demandeurs
au pourvoi visait bien la double réparation illégalement allouée par les juges d'appel : il suffisait
d'annuler l'arrêt en ce qu'il avait accordé une réparation distincte au titre de « la privation du gain de
leurs récoltes ».
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Vu ledit article ;
Attendu qu'aux termes du premier Alinéa de ce texte « les dommages et intérêts doivent être fixés de
telle sorte qu'ils soient pour la victime la réparation intégrale du préjudice subi »;
Attendu que pour infirmer le jugement du tribunal régional de Dakar ayant condamné la SGBS à payer
à Josette ENIZAN la somme de 26000000 de francs au motif qu'elle avait subi un préjudice résultant
de la perte de change du fait du changement de parité entre le franc CFA et franc français, et ramener
la réparation à 2000000 f, la Cour d'appel énonce que le premier juge en fixant le préjudice à
26000000 de francs, l'a exagérément évalué, comme s'il s'agissait de procéder à une compensation,
alors qu'il s'agit de réparer le préjudice né de la privation de jouissance et de disposer à temps souhaité
des fonds;
Attendu qu'en statuant ainsi sans s'expliquer sur la perte financière résultant de la perte de change, la
Cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision ;
PAR CES MOTIFS
Et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres branches du moyen et sur les autres moyens ;
Casse et annule l'arrêt n° 186 rendu entre les parties le 20 mars 1997 par la Cour d'appel de Dakar ;
remet en conséquence, la cause et les parties au même et semblable état ou elles étaient avant ledit
arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la Cour d'appel de Dakar autrement composée ;
Condamne la défenderesse aux dépens ;
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