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Le tribunal juge:
Les juges sont des hommes de métier qui travaillent sous l'œil du public. Ils
ont l'intégrité morale et la volonté nécessaire pour surmonter leurs émotions et
juger selon les faits et le droit. Et puis, « un voleur n'a pas à se plaindre de subir un
procès devant un jury d'honnêtes citoyens » (Lord Wright).
Le tribunal n'a pas compétence pour juger des crimes commis avant la
création de l'État d'Israël, à l'extérieur de ses frontières, et sur des personnes qui
forcément n'étaient pas citoyens d'Israël. C'est contraire au droit international.
Le tribunal juge:
Le tribunal juge :
L’accusé est jugé d’après une loi rétroactive promulguée en 1950, donc
après le fait (ex post facto). C’est contraire au principe nullum crimen nulla poena
sine lege, qui est une règle de droit fondamentale. Cette règle dispose que le texte
doit préexister à l’infraction. Ici, pas de texte, donc pas de crime. D’autant que
l’État d’Israël n’existait pas au moment des faits, lesquels ne pouvaient donc pas
être dirigés contre lui, ou ses citoyens.
Le tribunal juge :
3- Enfin l’État d’Israël représente les Juifs, parle en leur nom et il a le droit
de punir les crimes commis contre eux, même avant sa fondation.
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Un acte accompli par un agent de l’État dans ses fonctions est un acte de
l’État lui-même et dont seul l’État est responsable. Aucun autre État ne peut
s’arroger le droit de le punir, ce qui serait intervenir dans les affaires internes du
premier État. Dans l’espèce, les actes de l’accusé s’inscrivent dans la politique dite
de solution finale du problème juif. C’était un fait du prince, et l’accusé n’en était
pas responsable. D’ailleurs les actes commis par l’accusé étaient dûment prescrits
par la loi. Ils ne pouvaient donc pas être illégaux.
Le tribunal juge :
1- Les États sont soumis au droit international, tout comme les particuliers.
L’État a droit à son indépendance, sa conservation et sa protection, mais
dans le respect des droits d’autrui.
2- Les chefs d’État sont les premiers responsables des crimes commis dans
l’exécution de leur politique. Ils en sont les auteurs et leur fonction de
chef d’État, loin d’être une source d’immunité, est une circonstance
aggravante du fait que leur politique devient celle de l’État et qu’ils sont
ainsi en position de déclencher des vagues de crimes sans précédent.
4- Et puis il existe telle chose que le droit injuste (lawless law). En cas de
conflit entre la justice et la loi, la loi doit l’emporter sauf en cas de
conflit intolérable ou la loi doit alors céder devant la justice. Ainsi
quand la loi s’attaque à la justice et contredit la loi naturelle, elle perd
son caractère de loi.
6- C’ÉTAIT UN ORDRE
Le tribunal juge :
Le tribunal juge :
Le tribunal juge :
L’appelant exécutait des ordres supérieurs sans pouvoir s’y dérober, lié
qu’il était par le devoir d’obéissance et le respect du serment.
Le tribunal juge :
L’appelant était contraint d’agir conformément aux ordres reçus sous peine
de mort. C’est la défense de nécessité.
Le tribunal juge :
« L’accusé était étroitement lié par les instructions de Muller, son supérieur, à qui
il demandait constamment des instructions. Il le faisait pour se mettre à l’abri du
reproche d’avoir agi de son propre chef, dans les questions importantes, et d’avoir
pris des mesures fausses. »
« Il a bien fait car il fallait trouver un coupable après la catastrophe et l’accusé se
prêtait particulièrement bien au rôle de bouc émissaire. Ses activités étaient
connues partout. On ne connaît pas le tireur de ficelles, mais on connaît la
marionnette. » (…)
« Jusqu’en 1944, l’article du British Manual of Military Law disait ce qui suit :
« Les membres des forces armées ayant commis des infractions aux règles
reconnues de la conduite de la guerre qui ont été ordonnées par leur
commandement, ne sont pas des criminels de guerre, et ne peuvent donc pas être
punis par l’ennemi. »
De même l’article 347 des Rules of Lands Warfare de 1915 des États-Unis
disait : « Les membres des forces armées ne sont pas punis pour ces infractions, si
elles ont été commises sur ordre, ou avec l’approbation de leur gouvernement ou
de leur commandement. Les chefs qui ont commandé de telles infractions, ou sous
le commandement desquels elles ont été commises, peuvent être punie par les
belligérants entre les mains desquels ils sont tombés. »
« Ces dispositions, qui étaient en vigueur en 1944, n’ont été modifiées que
conformément à la loi de contrôle no 10 de 1945, lorsque la victoire était assurée;
ce n’est qu’alors que fut introduite une responsabilité pénale pour les actes
commis sur ordre supérieur. »
PROCÈS DE BARBIE
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Trois accusations:
Non bis in idem: Barbie a déjà été jugé par contumace en 1954 pour l'ensemble de
ses activités à Lyon de 1942 à 1944. Ce jugement, aujourd'hui frappé de
prescription, interdit toute nouvelle poursuite, un accusé ne pouvant pas être jugé
deux fois pour les mêmes actes. Cette décision a l'autorité de la chose jugée.
Barbie quitte son procès, se disant détenu de façon illégale, ayant été victime d'un
enlèvement.
Les juges vont prononcer leur sentence au nom d'un peuple qui, lui aussi, a du
sang sur les mains: après tout, nous en avons fait autant.
Barbie: « Rien à dire », pour chacun des témoins. Et il précise : « Je suis ici d’une
manière illégale, victime d’un enlèvement, et contraint par la force de venir devant
vous. Étant donné que, de toute façon, je suis juridiquement absent, je ne
répondrai pas, non, je ne répondrai rien. »
« Cette femme est trop allée au cinéma, et elle raconte maintenant le film qu’elle y
a vu. »
Vergès essaie d’assimiler les crimes reprochés à Barbie aux exactions commises
pendant les guerres coloniales par les militaires français.
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La déportation du 11 août 1944 : Barbie a assuré tout à la fois qu’il n’en fut pas
l’ordonnateur, qu’il n’y participa en rien, et qu’il ignora toujours ce qui se passait
à Auchwitz ou ailleurs (…) la réalité ne lui fut révélée que par les débats du procès
de Nuremberg.
Vergès : « N’oubliez pas, tribunal français, que Klaus Barbie, dans son lugubre
travail, avait la légalité pour lui. Que cette légalité soit ensuite devenue illégale n’y
change rien. »
Atteinte à la vérité : Barbie est étranger aux faits qu’on lui impute : « Je n’ai pas
commis la rafle d’Izieu. Je n’ai jamais eu le pouvoir de décider des déportations.
J’ai combattu la résistance, que je respecte, avec dureté. Mais c’était la guerre, et
la guerre est finie. »
impétueux, qui charrie tout et n’importe quoi, quelques rares pépites et beaucoup
de boue. » (Jean-Marc Théolleyre-Le Monde).