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COURS DE
INTRODUCTION GENERALE
Il est important tout au début de notre étude de situer le droit pénal général dans
l’ensemble des sciences criminelles afin de mieux le définir (Paragraphe I) et d’étudier son
évolution (Paragraphe II).
1
Il existe des disciplines à vocation juridique, des disciplines à vocation scientifique 1 et
des disciplines de synthèse 2
Nous allons mettre de côté les disciplines à vocation scientifique et la discipline de
synthèse pour ne considérer que les disciplines juridiques répressives qui constituent ce qu’on
appelle le droit pénal.
Selon Levasseur, le droit pénal est la branche du droit positif qui a pour objet l’étude de
la répression et de la prévention individuelle par les pouvoirs publics des agissements de nature
à créer un trouble dans la société.
Le droit pénal ainsi défini est composé de trois disciplines fondamentales qui sont : le
droit pénal spécial, le droit pénal général et la procédure pénale.
Le droit pénal spécial (DPS) s’intéresse à la théorie de chaque infraction particulière.
Pour chacune d’elle, il définit et décrit les éléments constitutifs, la sanction prévue et les
particularités procédurales dont sa poursuite spécifique peut être affectée.
Le droit pénal général (DPG) l’ensemble des règles de fonds applicables quelle que soit
la nature particulière de l’infraction en cause. C’est au regard du DPG que la question de la
légalité sera examinée (interprétation, conflit de lois, disparition de l’élément légal). C’est au
regard du DPG que l’on s’interrogera si l’infraction est consommée tentée et si la tentative est
punissable. C’est au regard du DPG que vont s’apprécier les questions de la culpabilité et de
l’imputabilité. C’est encore au regard du DPG que va s’apprécier le degré de participation
criminelle du délinquant (auteur, coauteur, complice). C’est enfin au regard du DPG que le juge
précisera la mesure de la sanction (circonstances aggravantes, circonstances atténuante, excuses
etc.).
La procédure pénale quant à elle est l’ensemble des règles qui définissent la manière de
procéder pour la constatation des infractions, l’instruction préparatoire, le jugement et les voies
de recours.
1
Les disciplines scientifiques sont la criminalistique et la criminologie. La criminalistique est l’ensemble des disciplines faisant
appel à des considérations médicales ou des sciences exactes pour établir les infractions : anthropométrie (étude des
caractéristiques extérieures telles que la photo, les signes particuliers, empreintes digitales). La criminologie est l’étude
scientifique du phénomène criminel (on retrouve l’anthropologie de Lombroso, la classification des délinquants selon les signes
physiques).
2
- La discipline de synthèse : C’est la science pénitentiaire (branche du droit pénal régissant l’exécution des peines).
2
exprimée par un célèbre criminaliste de l’époque, Mr ARGOU qui a dit : « La vengeance est
interdite aux hommes. Il n’y a que le roi qui puisse exercer par ses officiers, en vertu du pouvoir
qu’il tient de Dieu ».
L’égalité : tous doivent être traité de la même façon. Il faut qu’un texte (expression de la volonté
populaire = loi) qui définissent les infractions et fixe les peines encourues soit porté à la
connaissance des citoyens. C’est le célèbre principe de la légalité des peines et des délits de
Montesquieu (contrat social).
La modération : la peine n’a de raison d’être que par son utilité. Il na s’agit plus de faire expier le
coupable. Il faut l’empêcher de rechuter dans l’avenir. Désormais toute personne poursuivie est
présumée innocente. La procédure doit être accusatoire : publique et contradictoire.
La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 a consacré ce courant de pensée à
travers les articles 53, 64, 85 et 96.
3
« La loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société … ».
4
« La loi est l’expression de la volonté générale. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse … »
5
« La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi
établie et promulguée antérieurement au délit … ».
6
« Tout homme est présumé innocent jusqu’à c qu’il ait été déclaré coupable … »
7
Voir article 4 CPF « Nulle contravention, nul crime, nul délit ne peuvent être puni de peines qui étaient prononcées par la loi
avant qu’ils ne fussent commis ».
3
Trois écoles successives ont influencé l’évolution du droit pénal depuis 1810. Il s’agit de
l’école néo-classique, positiviste et de la défense nouvelle sociale.
1°) – Ecole néo-classique :
L’école néo-classique qui s’est développée de 1830 à 1870 se résume par la maxime
« punir pas plus qu’il n’est juste, et pas plus qu’il n’est nécessaire ». Elle a prôné la modération
de la peine (Beccaria) ; mais celle-ci doit être modulée en fonction du degré de responsabilité
morale du délinquant (on redonne aux juges un large pouvoir d’appréciation). Cette école fut un
échec. Le nombre de crimes commis augmente et l’effet intimidant de la peine fut nul.
PREMIER PARTIE
L’INFRACTION PENALE ET LA PARTICIPATION CRIMINELLE
Trois grandes rubriques seront étudiées dans cette première partie du cours. Ce sont : la structure
de l’infraction (Tire I), la classification des infractions (Tire II) et la participation criminelle (Tire III).
L’infraction est une action ou une omission prévue et punie par la loi. On suppose que cette
action a été accomplie matériellement ou réputée accomplie par une personne douée d’une volonté libre,
consciente et éclairée. De cette définition, il en résulte trois conditions qui doivent être remplies pour
qu’un fait soit qualifié d’infraction. Il s’agit des éléments constitutifs qui sont : l’élément légal (Chapitre
I), l’élément matériel (Chapitre II) et l’élément moral ou intentionnel (Chapitre III). Une tendance
moderne tend à admettre à côté de la trilogie classique, un quatrième élément : l’élément injuste.
L’article 2 NCPCA, qui une fidèle reproduction de l’ancien article 4 CPF dispose : « Nul crime,
nul délit, nulle contravention, ne peuvent être puni de peines qui étaient prononcées par la loi avant
qu’ils ne fussent commis ». C’est l’affirmation formelle du principe de la légalité des peines et délits
(Section I). L’étude du principe de la légalité nous conduira à aborder successivement les différentes
expressions de l’élément légal (Section II) et les cas de disparition de l’élément légal (Section III).
4
Le principe de la légalité des peines et des délits est l’un des principes fondamentaux du droit
pénal. Ce principe est appliqué probablement depuis des temps fort anciens. Il n’a cependant été identifié
et conceptualisé qu’au Siècle des Lumières; il est généralement attribué à Cesare Beccaria. On notera
pourtant que Montesquieu, dès 1748, indique dans l'Esprit des lois (Livre XI, ch. VI, De la Constitution
d'Angleterre) : « Les juges de la Nation ne sont que la bouche qui prononce les paroles de la loi ».
Compte tenu de son importance, le principe de la légalité délits et des peines a eu des échos sur le plan
international8.
Le principe de la légalité des délits et des peines mérite d’être précisé dans son contenu (Paragraphe I).
Les conséquences qui s’en dégagent sont très importantes (Paragraphe II). Cependant il convient de noter
que ce principe au fil du temps a connu une évolution (Paragraphe III).
Le principe de la légalité des délits et des peines est la règle selon laquelle la répression pénale doit
être l’œuvre du législateur. Il est exprimé traditionnellement par l’adage latin « nullum crimen nulla
poena sine lege ». Il signifie que :
1. nul ne peut être poursuivi qu’en vertu d’une règle de loi préexistante à son acte ;
2. cette règle doit être une loi au sens formel du terme c’est-à-dire un texte voté par le parlement,
censé exprimer la volonté populaire9.
3.
Le principe est donc une conjugaison de la crainte de l’arbitraire exprimée par BECCARIA, et
l’exaltation de la volonté populaire chère à MONTESQUIEU. En cela il est protecteur tant des intérêts de
la personne poursuivie que de ceux de la société.
D’une part, l’exigence d’une règle préalable à la poursuite est une garantie des libertés individuelles ;
le délinquant en puissance doit être suffisamment averti sur les conséquences de ses actes, sur leur
caractère licite ou illicite.
D’autre part, le pouvoir d’intimidation attaché à la loi préalablement établie pourrait déterminer le
délinquant en puissance à maîtriser ses inhibitions préjudiciables à la société.
Le principe entraîne des conséquences à l’égard du législateur (A) et à l’égard du juge (B).
8
- Le principe de légalité s'est répandu et a fait l'objet d'une certaine reconnaissance au niveau international, avec
une sanction juridique plus ou moins efficace : Article 11, alinéa 2 de la Déclaration universelle des droits de
l'homme de 1948 « Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises,
ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune
peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis. » ; Pacte international
relatif aux droits civils et politiques « Nul ne sera condamné pour des actions ou des omissions qui ne constituaient
pas un acte délictueux d'après le droit national ou international au moment où elles ont été commises. » ; Convention
européenne des droits de l'homme (article 7§1) « Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui,
au moment où elle a été commise, ne constituait pas une infraction d'après le droit national ou international » ; En
Allemagne(article 103, al. 2 de la Loi fondamentale) « Un acte n'est passible d'une peine que s'il était punissable
selon la loi en vigueur avant qu'il ait été commis. » aux États-Unis (le Ve amendement à la Constitution de 1787)
« Nul ne pourra, dans une affaire criminelle, être obligé de témoigner contre lui-même, ni être privé de sa vie, de sa
liberté ou de ses biens sans procédure légale régulière ».
9
- Le principe de légalité donne le pouvoir de définition des infractions et des peines au parlement. Cette attribution
correspond à la foi parlementariste des révolutionnaires : le parlement, exprimant la volonté générale, ne peut mal
faire ; c’est à lui que doit être confiée la sauvegarde des libertés. Cette vision diffère beaucoup de l’approche anglo-
saxonne, et plus particulièrement nord-américaine, dans laquelle le juge est perçu comme le protecteur des citoyens
contre le pouvoir étatique et ses dérives tyranniques.
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Les conséquences du principe à l’égard du législateur sont au nombre de trois. Ce sont
l’obligation de faire des lois non rétroactives, l’obligation de rester maître de la répression et l’obligation
de faire des textes clairs.
a) – L’obligation de faire des lois non rétroactives : Le principe de légalité ne serait rien sans son
corollaire : le principe de la non-rétroactivité pénale. En effet, où serait la sécurité juridique si des lois,
votées par le parlement et très précises, venaient régir des situations antérieures à leur publication ou
étaient étendues par les juges à des cas qu’elles ne visent pas ? Il est inconcevable d’incriminer ou de
poursuivre des faits antérieurs commis avant l’entrée en vigueur de la loi. Le contraire serait exposer le
justiciable à l’arbitraire, la répression manquerait d’objectivité car la loi s’appliquerait à des personnes
déjà identifiées. De plus, le délinquant n’aurait pas été prévenu des conséquences de son acte. La non
rétroactivité s’applique rigoureusement aux lois de fond car elles f ixent les limites de la liberté
individuelle. Il est donc essentiel que chaque citoyen puisse, à tout moment, connaître les limites
de sa liberté sans être par la suite surpris dans ses prévisions par une loi rétroactive.
b) – L’obligation de rester maître de la répression : un procès pénal est une menace aux libertés
fondamentales de l’individu. Il est donc normal que l’incrimination et la détermination de sanctions
applicables en tant que prérogatives essentielles d’un Etat soient l’œuvre du législateur
c) – L’obligation de faire des textes clairs : le législateur a le devoir de préciser les éléments constitutifs
de l’infraction, c’est-à-dire indiquer la nature précise et la liste des faits susceptibles de constituer une
infraction sans oublier de déterminer le quantum des peines applicables à chaque infraction.
Les conséquences du principe à l’égard du juge sont au nombre de deux. Ce sont l’obligation de
qualification et l’obligation d’interprétation restrictive.
a) - Obligation de qualification : Tout comme le médecin qui avant d’administrer un traitement pose son
diagnostic, le juge pénal avant de poursuivre ou condamner doit qualifier les faits qui lui sont exposés en
les rattachant à un texte de loi. En pratique, il s’agit pour lui de qualifier ou encore de donner un nom
pénal aux faits reprochés. La qualification est une question de droit soumise au contrôle de la Cour de
cassation10.
b) - Obligation d’interprétation restrictive :
La séparation entre les fonctions législatives et judiciaires au sein des pouvoirs publics interdit en
principe au juge sous prétexte d’interpréter la loi, d’y ajouter quelque chose ou de la combler. Le juge ne
peut donc en aucun cas créer de nouvelles incriminations et de nouvelles peines. De
même, le juge ne peut pas compléter une loi qui a des lacunes ou appliquer une autre
sanction que celle prévue. Il est également interdit au juge d’étendre le champ d’application
d’une infraction (Exemple : Crim., 3 juin 2004 est cassé l’arrêt appliquant l’abus de bien sociaux, ne
concernant que les dirigeants de certaines sociétés, au dirigeant d’une société étrangère).
Ce principe de légalité formelle interdit au législateur de renvoyer au pouvoir réglementaire la
définition d’une infraction ou d’une peine. Ainsi dans sa décision sur la loi RESEDA en 1998 le Conseil
constitutionnel a censuré la disposition qui prévoyait que ne pourraient être poursuivies pour aide au
séjour d’étrangers en situation irrégulière les associations humanitaires figurant sur une liste dressée par
le ministre de l’Intérieur. En effet, cette disposition faisait dépendre l’application de la loi pénale d’une
décision du pouvoir exécutif.
De plus, il faut ajouter que cette obligation d’interprétation restrictive n’est pourtant
pas absolue, car il est permis au juge d’appliquer un texte de loi prévue pour une situation
donnée à une situation non prévue pourvu qu’elle entre dans la formule légale (voir infra). Il
convient de rappeler à juste titre les idées de Portalis : « En matière criminelle, il faut des lois
précises et pas de jurisprudence ».
Ce n’est pas seulement la compétence formelle du parlement qui est en jeu. La prévisibilité est un élément
essentiel dans le principe. Le droit pénal doit être accessible et prévisible, comme le soulignait déjà
Portalis au début du XIXe siècle : « Le législateur ne doit point frapper sans avertir : s’il en était
10
- Il peut arriver que les juges du fonds se trompent dans la qualification La Cour de Cassation utilise la théorie de la peine
justifiée si la peine prononcée est celle encourue par rapport à la qualification légale. Elle casse la décision des juges du fonds par
retranchement sans renvoi car l’erreur de qualification ne porte pas préjudice aux intérêts du délinquant.
6
autrement, la loi, contre son objet essentiel, ne se proposerait donc pas de rendre les hommes meilleurs,
mais seulement de les rendre plus malheureux » 11.
A l’égard du législateur : depuis la constitution du 4 octobre 1958, il n’est plus maître de la répression.
La matière est disputée entre le pouvoir exécutif et législatif, notamment les contraventions sont du
domaine du règlement (voir supra).
1. La non rétroactivité ne s’applique pas aux lois de fond plus douces qui sont favorables aux
personnes poursuivies. C’est ce que l’on appelle la rétroactivité « in mitius » énoncée par l’article
112-1 al. 3 NCPF : « les dispositions nouvelles s’appliquent aux infractions commises avant leur
entrée en vigueur et n’ayant pas donné lieu à une condamnation passée en force de chose jugée
lorsqu’elles sont moins sévères que les dispositions anciennes ». Lorsque la condamnation est
passée en force de chose jugée lors de l’entrée en vigueur de la loi nouvelle, cette condamnation
doit être exécutée sauf cas de l’article 112-4 al. 2 NCPF lorsque la condamnation a été prononcée
pour un fait qui n’est plus incriminé (la loi nouvelle ayant supprimé l’incrimination). C’est le cas
des lois d’amnistie (oubli).
2. Quant aux lois de procédure ou de forme : le principe est l’application immédiate de la loi
nouvelle. Par exemple lois de compétence et d’organisation judiciaire, lois fixant les modalités de
poursuite et les formes de la procédure, lois relatives au régime d’exécution et d’application des
peines, lois relatives à la prescription de l’action publique et à la prescription de la peine, lois
relatives à la nature et aux cas d’ouverture de voies de recours ainsi qu’aux délais de leur exercice
A l’égard du juge : dans son rôle d’interprétation de la loi, il a des pouvoirs élargis. Il faut malgré tout
lui reconnaître un certain pouvoir d'appréciation. Le texte peut être absurde. Dans ce cas, il est
par exemple admis que le juge n’est pas lié par la lettre du texte et qu’il peut se référer à la
volonté du législateur lorsque le texte manque de précision. Un célèbre décret de 1917 interdisait
aux voyageurs de « descendre des trains ailleurs que dans les gares et lorsque le train est
complètement arrêté », ce qui, littéralement, obligeait les voyageurs à sauter du train en marche.
Par arrêt du 8 mars 1930, la Cour de cassation a approuvé la condamnation d’un voyageur qui
était descendu d’un train en marche, considérant qu’il fallait redonner au texte son sens évident.
Il s’agit d’une interprétation téléologique, stricte, d’un texte pourtant clair et précis.
Dans le cas du texte obscur, le juge doit rechercher l'intention du législateur. S'il n'y parvient pas, il doit
appliquer le texte dans le sens le plus favorable au prévenu. Le raisonnement par analogie n'est pas admis,
11
- On lirait avec intérêt les dispositions de l’arrêt Sunday Times de 1979 de la Cour européenne des Droits de l’Homme, mettant
en évidence les « qualités » de la loi pénale. Le Conseil constitutionnel a également repris l’exigence de prévisibilité, qui impose
une certaine précision de la loi pénale, dans sa décision du 18 janvier 1985 (censure du délit de malversation - faute de définition
de la malversation). Voir aussi arrêt Cantoni contre la France de 1996 ; arrêt « Perben II » du Conseil constitutionnel du 2 mars
2004 ; Cass. Crim. 20 février 2001.
7
ainsi en fût-il des grivèleries : une personne se fait servir un repas dans un restaurant sans pouvoir payer.
Avant le vote d'une loi réprimant ce comportement en 1815, la Cour de cassation cassa systématiquement
les décisions de condamnation. Ce n'était pas un vol, il a donc fallu le vote d'une loi prévoyant la
répression de la filouterie d'aliment et d'hôtel. De même dans les années 1830, l'usage de l'automobile se
répandant, des personnes font remplir leur réservoir et ne peuvent pas payer. La cour de cassation casse
les décisions élargissant la filouterie d'aliments à celle des carburants, d'où vote d'une nouvelle loi. En
revanche, le juge peut appliquer un texte à des cas que la loi ne pouvait prévoir au moment ou elle fût
votée en raison de l'évolution de la science et de la technique ex : le vol d'électricité. De même, les appels
téléphoniques intempestifs se voient qualifier de voix de fait. Le juge peut moduler les peines entre un
minimum et un maximum. Il peut même par le biais des circonstances atténuantes descendre en dessous
du minimum. De plus, le juge a pu s’aménager une politique de répression qui lui laisse quelques libertés
de manœuvre (par exemple la théorie de la complicité co-respective).
La notion de légalité en ce qui concerne les sources de la règle de droit comporte plusieurs
étages : les normes supra-législatives (Paragraphe I), la loi au sens strict (Paragraphe II) et les règlements
(Paragraphe III).
Les normes supra-législatives sont au nombre de deux. Il s’agit de la constitution et des traités
internationaux.
Il faut ajouter que la Loi fondamentale qu’est la CCT, en tant que source du droit pénal pose
certains principes fondamentaux qui sous tendent la loi au sens strict. Ces principes
constitutionnellement consacrés sont :
Le droit à la vie et à l’intégrité physique ;
L’interdiction du viol, de la soumission à la torture, aux sévices, traitements cruels,
inhumains, dégradants ou humiliants ;
La prohibition de l’arrestation et de la détention arbitraire ;
La présomption d’innocence ;
Le principe de la non rétroactivité de la loi pénale ;
Le droit à la défense devant toutes les juridictions ;
Le droit pour tout détenu de se faire examiner et soigner par un médecin de son choix ;
L’inviolabilité de la liberté de la personne.
8
Par conséquent, le juge pénal doit refuser d’appliquer une loi qui contredirait un traité
international. Dans le même ordre d’idées, les actes de procédure posés en violation d’une convention
internationale sont nuls12.
En ce qui concerne le droit pénal et la procédure pénale, un certain nombre de traités internationaux,
visés par le préambule de la Constitution sont à signaler. Il s’agit de :
la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 1 er décembre 1948 ;
les Pactes internationaux du 16 décembre 1966 relatifs aux droits économiques, sociaux et
culturels d’une part et des pactes relatifs aux droits civils et politiques d’autre part ;
la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples du 27 juin 1981.
Sont lois au sens strict du terme les lois votées par le parlement. En matière pénale, elles
interviennent dans la détermination des crimes et des délits ainsi que les peines applicables et en matière
d’amnistie (article 58, 1, 7° CCT).
Les différentes dispositions légales reproduites sous forme d’articles sont regroupées dans le
Code pénal.
Le premier Code pénal centrafricain a été créé en 1961 par la loi 61/239 du 18 juillet 1961. Ce
Code puise son origine dans le vieux Code français de 1810 et n’a pas du tout été influencé par les idéaux
de l’après-guerre. On peut lui reprocher ce qui a été reproché au Code de 1810. Il est attaché à l’étude de
l’infraction alors que la répression doit être calquée sur la personnalité du délinquant à punir en fonction
du danger qu’il représente pour la société (Ecole positiviste). On reproche également au code de 1810 de
n’avoir pas mis l’accent sur la réinsertion sociale du délinquant (Mouvement de la défense sociale
nouvelle). Il en résulte que le Code de 1961 était vétuste et ne répondait plus aux exigences actuelles
caractérisées par l’apparition de multiples infractions nouvelles liées au développement de la société, de
la technologie et à l’évolution des mœurs.
De ce qui précède, les pouvoirs publics ont adopté un nouveau Code pénal, promulgué par la Loi
n° 10.001 du 6 janvier 2010, portant Code pénal centrafricain. Ce nouveau Code apporte des innovations
remarquables. Il permet d’aligner la législation de notre pays sur les instruments juridiques internationaux
notamment : le statut de Rome, le traité OHADA, les différentes conventions internationales ratifiées.
Les principales innovations concernent :
1. Les crimes et les délits contre les personnes (délaissement d’enfant, pédophilie, acte de
pornographie, l’avortement thérapeutique, la traite des personnes)
2. Les crimes et délits contre la personne humaine (les génocides, les crimes contre l’humanité, les
crimes de guerre)
3. Les crimes et délits contre les biens (blanchiment d’argent)
4. Les infractions en matière commerciales (précisons d’incriminations relatives au droit pénal des
affaires en conformité avec le Traité de l’OHADA)
5. Quelques infractions particulières (Drogues et stupéfiants, appels téléphoniques malveillants,
provocation au suicide, exposition d’autrui à un risque de mort, recherches biomédicales illicites,
trafic illicite de migrants, infractions relatives à la fabrication, détention, introduction et usage
d’armes à feu et de munitions)
6. Les crimes et délits contre la Nation, l’Etat et la paix publique (atteintes à la navigation aérienne
et aéroportuaire, les navires, les personnes jouissant de protection internationale, les prises
d’otages, les infractions commises à l’explosifs, les matières nucléaires et autres engins
meurtriers, le financement du terrorisme etc., les fraudes dans les examens et concours publics).
12
- L’on peut citer 2 exemples d’arrêts rendus par la Cour européenne le 24 avril 1990 (affaire Huvig et Kruslin
contre la France) qui ont déclaré contraires à la Convention européenne (notamment son article 8 qui protège la vie
privée de toute personne) des écoutes téléphoniques même ordonnées judiciairement. Ces solutions ont conduit à
l’adoption en France de la loi du 10 juillet 1991 relative au secret des correspondances réalisées par la voie des
télécommunications.
9
Paragraphe III – Les règlements administratifs
Les règlements administratifs sont des textes émanant de l’administration (pouvoir exécutif) :
Président de la République, Premier Ministre, Ministres, Préfets, Maires. Ils sont classés selon leur forme
et selon la hiérarchie en décrets, arrêtés. La régularité des règlements administratifs est appréciée par les
tribunaux administratifs.
En ce qui concerne la force de ces règlements, une distinction mérite d’être faite selon qu’ils traitent de
crimes et des délits ou des contraventions.
Normalement c’est la loi seule qui peut les édicter (article 58, 1, 8° CCT). Ainsi, il peut arriver
que la loi renvoie pour la définition des éléments constitutifs à des règlements administratifs. Ce fut le cas
pour les délits de chasse. Des décrets et des arrêtés ont été pris pour préciser les hypothèses dans
lesquelles la chasse est prohibée (le gibier, le lieu et la période). Ces règlements sont subordonnés entre
eux et aussi à la loi de laquelle ils tirent leur source. Le juge répressif est en droit de refuser de retenir une
incrimination résultant d’un règlement contraire à un règlement supérieur, à la loi ou à une norme supra-
législative.
B – En matière de contravention
Par une lecture combinée des articles 58, 1, 8° et 62 de la CCT, un règlement peut prévoir une
incrimination contraventionnelle et en fixer les peines dans les limites prévues par la loi (art 19 NCPCA -
emprisonnement de 1 jour à 1 mois et une amande de 1.000 F à 100.000 F CFA). N’ayant pas valeur de
loi, ils sont susceptibles de recours pour excès de pouvoir et peuvent se voir opposer une exception
d’illégalité ou d’anticonstitutionnalité devant le juge répressif.
L’élément légal de l’infraction peut disparaître sous l’effet des circonstances dont la réalisation
d’après la loi elle –même justifie l’infraction et lui fait ôter son caractère illégal. L’infraction est ici
justifiée parce que l’acte est commis dans l’intérêt de la société elle-même et son auteur ne peut faire
l’objet de poursuite. C’est à cause de cet effet justificatif du comportement anti social que les auteurs qui
préconisent l’existence d’un quatrième élément constitutif (élément injuste) fondent leur argumentation.
Il existe 4 faits justificatifs dont trois déterminés par la loi (Sous-section I) et un qui est d’origine
jurisprudentielle.
Dans un souci de simplification de leur présentation, il convient d’aborder successivement les faits
justificatifs de l’article 48 NCPCA (Sous-Section I), la légitime défense prévue à l’article 49 NCPCA
(Sous-Section II) et le consentement de la victime (Sous-Section III)
Deux faits justificatifs sont prévus à l’article 48 NCPCA. Il s’agit de l’ordre de la loi et le
commandement de l’autorité légitime (Paragraphe I) et l’état de nécessité (Paragraphe II).
Aux termes de l’article 48, al. 1er, 1° NCPCA, il n’y a ni crime, ni délit lorsque l’homicide, les
blessures et les coups étaient ordonnés par la loi et commandés par l’autorité légitime. Ce fait justificatif
sera étudié dans ses conditions et dans son domaine d’application.
10
Il s’agit d’abord d’un ordre formel de loi. Il s’agit ensuite d’une permission de la loi. Par exemple, un
médecin astreint au secret professionnel ne sera pas puni s’il dénonce une maladie endémique. La
solution sera la même si cité en justice, il apporte le témoignage d’un avortement dont il a eu
connaissance dans l’exercice de sa profession (article 148 al 3 NCPCA).
Il peut s’agir enfin d’une permission de la coutume. C’est par la coutume que se justifie le droit de
correction des parents sur leurs enfants 13 ou des instituteurs sur les élèves (Crim 4 décembre 1908 D
1910. 160, Paris 24 mai 1972 GP 1972 II 260). C’est encore par la permission des coutumes qui se
justifient les coups et blessures infligés dans la pratique des sports violents, de façon saine et dans un
esprit de compétition. Il en est de même de la mort survenue à la suite d’une intervention chirurgicale
pratiquée selon les règles de l’art. En revanche, l’observation d’une simple règle d’usage d’un corps de
métiers ne vaut pas ordre de la loi.
2°) – Le commandement de l’autorité légitime
L’autorité visée par le texte ici est l’autorité qui a pour mission de commander l’application de la loi dans
la situation invoquée. Le commandement doit émaner d’une autorité légitime et l’ordre donné doit être
légal.
Autorité légitime : Il s’agit d’une autorité civile politique et militaire compétente au regard de la
Constitution. Ce qui est différent de l’autorité privée : commandement des parents, du conjoint, du patron
etc. (Crim 31 mars 1933 GP 1933. 193).
Ordre légal : Pour autant qu’il émane d’une autorité légitime, un ordre illégal ne peut justifier une
infraction. La question est plus difficile en pratique lorsque le subalterne doit apprécier la légalité de
l’ordre qu’il reçoit de son chef hiérarchique. Les auteurs sont partagés sur cette question. Deux théories
ont été élaborées. La première est la théorie de l’obéissance passive. Le subalterne doit au nom de
l’efficacité du service public exécuter sans discuter les ordres qu’il reçoit. L’acte serait ici justifié à
l’égard de l’agent et seule la responsabilité du supérieur hiérarchique serait retenue. La seconde théorie
est celle des baïonnettes intelligentes. Selon cette doctrine, un ordre illégal ne doit pas être exécuté et
l’agent qui l’applique encourt sanction. La doctrine moderne a opté pour une position intermédiaire et
distingue selon le degré d’illégalité de l’ordre. Un ordre en apparence légal justifie l’acte de l’agent ;
tandis qu’un acte manifestement illégal ne vaut pas fait justificatif.
B – Le domaine d’application
L’article 48 NCPCA a une portée bien plus étendue. Bien que classé dans la section « homicides,
coups et blessures », ce texte ne s’applique pas seulement aux crimes et délits de sang. De l’avis unanime
de la doctrine et de la jurisprudence, ce texte établit un fait justificatif de portée générale et vaut pour
toutes les infractions quelles que soient leur nature et leur gravité.
Avant la réforme du 2010, l’état de nécessité était un fait justificatif jurisprudentiel. Le nouveau
Code pénal, promulgué par la Loi n° 10.001 du 6 janvier 2010, portant Code pénal centrafricain en a fait
un fait justificatif par détermination de la loi (art 48 al1er, 2°).
L’état de nécessité résulte de la situation dans laquelle une personne est obligée de commettre une
infraction afin de sauver un droit ou un bien. L’exemple classique est celui de la femme qui a dérobé du
pain pour donner à ses enfants qui n’ont pas mangé depuis 2 jours ou encore du médecin qui tue un enfant
à naître pour sauver la vie de la mère. Dans toutes ces situations, il n’y a pas d’infractions au sens de la
loi, car le bien sauvegardé ici par l’effet de l’infraction est de valeur supérieur selon l’adage « nécessité
n’a pas de loi ». Il convient ainsi d’analyser les conditions d’application (A) avant de voir son effet
justificatif (B).
13
Il convient cependant de noter que la Cour de cassation a pris position contre ce prétendu droit de correction
(Crim 21 févr. 1967 Bull. n°73). Fidèle à la haute cour, le Tribunal correctionnel de Châteaudun (27 avr. 1972 G.P.,
1972, 2, 561) a affirmé « Il n'est pas permis aux parents d'ériger en système d'éducation de leurs enfants le recours
à la correction ». Cependant les juges du fonds se montrent tolérants mais à condition de ne pas dépasser ce qui est
strictement nécessaire pour l'éducation (Trib. de Police de Bordeaux 18 mars 1981 D.1981.182).
11
Les conditions de l’état de nécessité sont au nombre de 3.
La nécessité de l’infraction : Le danger auquel est exposé l’agent doit être un péril actuel et
imminent. Il doit être certain sans toutefois être nécessairement grave. Peu importe la nature
physique, matérielle ou morale du péril. La nécessité veut dire que le prévenu n’avait d’autre
choix (c’est la seule voie possible pour éviter le péril).
L’infraction doit être proportionnelle à la gravité du péril : C’est la condition essentielle de l’état
de nécessité. Le bien sacrifié doit être de valeur moindre que le bien sauvegardé. C’est l’exemple
de l’automobiliste qui pour éviter de renverser un piéton franchit un sens interdit. L’appréciation
de la proportionnalité de l’infraction et du péril est une question de fait qui relève de la
compétence souveraine des tribunaux.
L’absence de faute préalable de l’agent : Le caractère exceptionnel de l’état de nécessité a amené
la jurisprudence à l’exclure lorsque l’agent a par une faute préalable créée les conditions de la
réalisation du danger. Ainsi n’est pas en état de nécessité le chauffeur d’un camion poids lord qui
s’est aventuré sur un passage à niveau à un moment interdit et qui pour échapper à la collision
avec un train a défoncé la barrière (Rennes 12 02 1954 S. 1954 II 185).
L’état de nécessité fait obstacle à l’application des peines. Il n’y a pas d’infraction et la
responsabilité pénale ne peut être encourue. On peut légitimement penser que comme sous l’empire du
Code pénal de 1961, l’agent reste tout de même responsable car il serait contraire à l’équité de laisser la
victime seule supporter les conséquences d’une infraction tant qu’elle n’a rien à se reprocher.
N B : Les faits justificatifs prévus à l’article 48 NCPCA (l’ordre de la loi et le commandement de
l’autorité légitime, et l’état de nécessité) ne peuvent être invoqués valablement en cas de commission de
crime de génocide, de crime contre l’humanité et de crime de guerre car ils ne leurs sont pas applicables
(alinéa 2)
La légitime défense est prévue par l’article 49 NCPCA. Aux termes de l’alinéa 1 er dudit texte
« L'homicide, les blessures et les coups sont justifiés et n'entraînent pas condamnation lorsqu'ils étaient
commandés par la nécessité actuelle de la légitime défense de soi ou d'autrui ». Par conséquent, il y a
légitime défense lorsque l’infraction a été commise en se défendant ou en défendant autrui contre un fait
injuste. La justification de la légitime défense repose sur le bon sens et les arguments avancés en sa
faveur reposent sur trois idées :
1. La personne qui réagit contre l’attaque a cédé à la contrainte parce qu’elle a perdu son sang froid
et ne fait pas preuve de perversité. L’application d’une peine à l’encontre de l’agent serait donc
injuste ;
2. Lorsqu’une personne est attaquée, il y a deux intérêts en présence : celui de l’agresseur et celui de
l’agressé. Il est conforme à l’intérêt social que la victime soit préférée à l’agresseur.
3. La personne qui a réagi à une attaque contre son intégrité physique ou pour défendre autrui a
exercé non seulement un droit mais un devoir. Elle a suppléé à la défaillance de la société censée
défendre les individus tant dans leur intégrité physique que dans leurs biens. Cette troisième
justification a reçu l’aval de la jurisprudence et de la majorité des doctrines.
Il convient ainsi d’analyser les conditions générale de la légitime défense (Paragraphe I ) avant de
voir les cas de présomption de légitime défense (Paragraphe II), le domaine d’application et les effets de
la légitime défense (Paragraphe III).
La légitime défense ne peut opérer un effet justificatif que lorsque l’attaque ayant entraîné la riposte
est grave, actuelle et injuste.
12
Attaque = G A I
Riposte = I N M
La riposte ou l’acte de défense, pour justifier l’infraction commise doit être immédiate, nécessaire et
mesurée.
Le caractère immédiat de la riposte : La riposte doit avoir lieu plus ou moins sur le champ,
accompli dans le même laps temps. La plus ou moins longue période de décalage entre
l’agression et la riposte s’analyserait comme un acte de vengeance incompatible avec la légitime
défense.
La nécessité de la riposte : La riposte doit se révéler comme le seul moyen de se défendre contre
l’agression. La personne menacée doit être dans l’urgence absolue de commettre l’infraction pour
se soustraire à un péril immédiat. Quand l’attaque est simplement éventuelle, future, la défense
est prématurée. Il faut savoir que la menace réitérée contre une personne constitue un délit prévu
aux articles 63 à 66 NCPCA. La personne qui subit la menace doit alors saisir les autorités
judiciaires, et non pas, comme on dit parfois en anglais, prendre la loi entre ses mains. Il faut
donc une agression telle que l’on puisse craindre pour sa personne, et sans pouvoir s’enfuir ni
bénéficier d’un secours efficace. L’urgence exige une défense immédiate.
La mesure de la riposte : La riposte doit être proportionnelle à la gravité de l’acte. L’infraction
commise ne doit pas être disproportionnée par rapport au mal auquel l’agent était exposé.
L’appréciation de la proportionnalité de la riposte est une question de fait laissée à l’appréciation
souveraine des juges du fond. Ont été disproportionnés le fait de tirer sur une personne en riposte
à une gifle, de tirer à hauteur d’homme sur quelqu’un qui pénètre dans un jardin (Crim 7
décembre 1971 D 1972 somm. 25 ; Crim 28 novembre 1972 D 1973 somm. 20). La preuve de la
disproportion doit être rapportée par le Ministère public. A lui de démontrer qu’en dépit des
apparences, la personne attaquée pouvait se défendre à moindre violence. Par exemple, il a tiré et
tué tandis qu’un coup de semonce aurait suffit à faire fuir l’agresseur sans armes.
14
- Il convient d’ajouter la Déclaration de l’Homme et du Citoyen de 1789 exprimait déjà cette pensée : « Ceux qui
sollicitent, expédient ou font exécuter des ordres arbitraires doivent être punis ; mais tout citoyen appelé ou saisi en
vertu de la loi doit obéir à l’instant ; il se rend coupable par la résistance.
13
Une discussion a été soulevée à un moment en doctrine à propos de l’ancien article 329 CPF
(article 49 al 2 NCPCA). En effet aux termes de cet article : « Sont compris dans les cas de nécessité
actuelle de défense les deux cas suivants :
1° - Si l'homicide a été commis, si les blessures ont été faites ou si les coups ont été portés en
repoussant pendant la nuit l'escalade ou l'effraction des clôtures, murs ou entrée d'une maison ou d'un
appartement habité ou de leurs dépendances.
2° - Si le fait a eu lieu en se défendant contre les auteurs de vol ou de pillage exécuté avec
violence ».
Certains auteurs ont pensé que l’article 329 CPF (article 49 al 2 NCPCA) posait des cas privilégiés de
légitime défense. D’autres ont au contraire estimé qu’il s’agissait de présomption de légitime défense. La
personne qui se trouve dans l’une des situations prévues paraît en état évident de danger et qu’elle est
présumée avoir agi en état de légitime défense. C’est cette 2 ème opinion qui a été suivie par la
jurisprudence pour les raisons suivantes :
Le législateur a voulu présumer la légitime défense dans les cas d’intrusions nocturnes pour
faciliter la défense individuelle contre les intrusions dont on ignore le véritable but et qui sont
particulièrement menaçantes ;
La présomption de légitime défense contre les vols et pillages exécutés avec violence remonte à
une époque où le pouvoir défendait mal la société contre les bandes d’agresseurs.
Il se pose cependant la question de la nature de cette présomption (simple ou irréfragable). Après un
moment d’hésitation et depuis l’arrêt de la Chambre criminelle du 29 février 1959 (D 1959 51), la
jurisprudence est fixée sur le caractère simple de la présomption 15. La conséquence est que cette
présomption perd toute sa valeur devant la preuve contraire. C’est pourquoi, celui qui tue la nuit un
homme escaladant le mur de son domaine, en sachant que l’intrus voulait simplement rejoindre, à des fins
câlines, une employée de maison ne peut bénéficier de légitime défense.
Toutefois, il convient de reconnaître que bien que simple, la présomption conserve sa force jusqu’à
preuve du contraire rapportée. Il s’en suit que le bénéfice de la légitime défense doit être accordé à celui
qui tire sur un intrus ayant pénétré chez lui par escalade ou effraction, ne sachant pas si l’intrus entendait
plaisanter, voler ses biens, le battre ou le tuer. Le doute profitera au défenseur (art. 122-6 NCPF).
La légitime défense justifie toutes les infractions quelles que soient leur nature et leur gravité,
commises contre l’intégrité physique de soi-même ou d’autrui.
En ce qui concerne la légitime défense des biens se reporter aux solutions jurisprudentielles
consacrées par la réforme du Code pénal français 16. Dans les cas où l’on a posé des engins automatiques
de défense qui réagissent à l’aveugle contre toute irruption extérieure, il serait difficile d’invoquer
valablement la légitime défense surtout s’il y a eu mort d’homme. De l’avis de certains auteurs, il y aurait
légitime défense si toutefois la riposte n’est pas disproportionnée par rapport à l’attaque (dommage
mineur).
La légitime défense comme l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime ont un
effet absolu : les infractions commises ne donnent lieu ni aux poursuites ni aux sanctions. La
responsabilité de l’agent ne peut être retenue.
15
- Selon la Cour : « La présomption de l’article 329 CPF, loin de présenter un caractère absolu et irréfragable est
susceptible de céder devant la preuve contraire ».
16
- Aux termes de l’article 12265 NCPF : « n’est pas pénalement responsable la personne qui pour interrompre
l’exécution d’un crime ou d’un délit contre un bien accomplit un acte de défense, autre qu’un homicide volontaire
lorsque cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors que les moyens employés sont proportionnés à la
gravité de l’infraction ». Ce texte admet la légitime défense des biens en apportant des différences par rapport à la
légitime défense des personnes.
- dans la légitime défense des personnes la preuve de la disproportion incombe au Ministère public ; dans la légitime
défense des biens la preuve incombe à celui qui invoque le fait justificatif ;
- l’homicide volontaire n’est jamais justifié par la légitime défense des biens (article 2 de la Convention européenne
des droits de l’homme).
14
Seul le consentement de la victime est demeuré un fait justificatif jurisprudentiel depuis la
réforme de 2010. En règle générale le consentement de la victime ne peut justifier une infraction. La loi
pénale a vocation pour protéger l’ordre social et non les intérêts particuliers. Le consentement donné par
la victime à l’accomplissement d’un acte délictueux n’empêche nullement l’infraction de troubler l’ordre
public. Toutefois, le consentement de la victime vaut fait justificatif dans des cas particuliers.
Quant au domaine d’application : Le consentement de la victime est exclut en ce qui concerne les
infractions portant atteinte à la vie, la santé et l’intégrité physique. Le problème s’est posé à propos de
l’euthanasie. La jurisprudence a posé ici clairement que le mobile est sans influence sur l’intention
criminelle (Crim 1er 07 1937 S 1938 I 193). Tout au plus le consentement donné ici par la victime pourra
jouer comme circonstance atténuante.
Il y a cependant des situations dans lesquelles le consentement de la victime fait disparaître l’infraction.
C’est notamment le cas dans les infractions où le consentement de la victime est élément constitutif. Le
consentement donné dans ce cas supprime un élément de l’infraction. Par exemple : la remise volontaire
fait échec au vol, le consentement d’un adulte empêche les poursuites pour viol ou attentat à la pudeur.
Quand aux conditions de disparition de la responsabilité, pour justifier l’infraction, le consentement de la
victime doit :
être antérieur ou concomitant à l’infraction ; le consentement donné après coup est inefficace et
se confond au pardon ;
émaner d’une personne capable ;
être donné librement et en toute connaissance de cause.
Quant aux effets du consentement de la victime, lorsqu’il remplit toutes les conditions, le consentement
de la victime efface l’infraction.
15
à personne en danger, l’abstention de témoigner en faveur d’une personne innocente, la non dénonciation
de certaines infractions.
En résumé, dans la commission, la loi interdit et l’agent accomplit ce qui est interdit ; dans
l’omission la loi oblige de faire quelque chose et l’agent ne fait rien. Ainsi allumer les phares d’un
véhicule le jour est une commission, ne pas allumer les phares la nuit est une abstention.
16
GARRAUD parlait d’acte ayant pour conséquence immédiate et directe de causer l’infraction. Par
exemple, le voleur surpris entrain d’empocher les bijoux ou le cambrioleur surpris entrain de forcer le
coffre-fort.
La jurisprudence, après un moment de flottement a opté pour une solution intermédiaire. En effet, selon la
Chambre criminelle (Crim 8 nov. 1972 Bull n° 72), constitue un commencement d’exécution tout acte qui
tend directement au délit (conception objective) lorsqu’il a été accompli avec l’intention de le commettre
(conception subjective).
NB : Il n’y a pas commencement d’exécution dans le fait de donner des instructions à un tiers en lui
remettant des fonds pour commettre un crime (Crim. 21 oct. 1962 D 1963 221).
17
punissables. Alors que préparer une potion empoisonnée dans l’intention de l’administrer à une victime
est un commencement d’exécution (Crim 20 mars 1974 GP 1974 I 499). De même le désistement
volontaire est assez difficile à concevoir. Par exemple : jeter le poison avant de l’administrer. Mais
donner un antidote à la victime n’est qu’un repentir actif tardif non constitutif d’un désistement
volontaire.
L’infraction n’existe pas pour autant quand quelqu’un a commis un acte prévu et puni par la loi.
Le trouble à l’ordre public ne peut être sanctionné que lorsque l’auteur des faits a eu la conscience
d’enfreindre l’interdit. C’est cette volonté de nuire à l’ordre social qui constitue le dénominateur commun
de l’infraction et qui rend l’infraction imputable à son auteur entraînant ainsi la punition. Cet élément
moral n’est pas déterminé de la même manière par la loi (Section I) et il s’efface en cas de force majeure
et pour certaines causes tenant à l’état psychologique ou physique de l’agent (Section II).
Paragraphe I – L’élément moral est circonstancié par une intention criminelle : dol général
Etymologiquement, la volonté criminelle est manifestée par le délinquant à travers un acte
contraire à la loi pénale. Par exemple : s’approprier frauduleusement d’un bien appartenant à autrui. On
parle ainsi de faute intentionnelle lorsque l’élément moral requis s’est traduit par des actes
intentionnellement voulus.
En droit pénal l’intention criminelle comprend plusieurs degrés. On distingue ainsi le dol général du dol
spécial, le dol simple et le dol aggravé, le dol indéterminé et le dol déterminé, dol éventuel et dol praeter
intentionne.
18
celle-ci se précise à travers les conséquences de l’acte posé. Les auteurs parlent ici du dol spécial. Ainsi
l’homicide est constitué non seulement par la volonté de violer la loi pénale (dol général) mais surtout par
la volonté de donner la mort (dol spécial).
Paragraphe II – L’élément moral est présumé dans une faute de l’agent : faute pénale
La détermination de l’élément moral ne se fait pas de la même manière suivant qu’il s’agit d’une
infraction intentionnelle et non intentionnelle. Dans les infractions non intentionnelles, l’élément moral
est constitué par une faute ; mais ici aussi cette faute n’a pas les mêmes caractères selon qu’il s’agit d’un
délit d’imprudence ou d’une contravention.
19
- Cette solution va entraîner des conséquences nouvelles:
1 - Les prescriptions établies par les lois criminelles s'appliquent aux actions civiles en responsabilité,
toutes les fois que cette action a réellement et exclusivement pour cause une infraction.
2 - Les décisions de justice criminelle ont au civil l'autorité de chose jugée à l'égard de tous.
3 - Le juge criminel ne peut, sans que sa décision soit entachée de contradiction de motifs relaxer le
prévenu du chef de blessures par imprudence tout en relevant à sa charge une faute dont les conséquences
dommageables sont de nature à donner lieu à réparation civile. Dans une espèce (Crim 6 juillet 1934 DH 1934 446),
Gouron qui poursuivait Antony a tiré sur ce dernier pour des motifs légitimes. La balle a cependant traversé la porte
pour atteindre une dame qui était assise dans sa maison. La cour d'appel relaxe le prévenu des poursuites pour délits
d'imprudence, mais estime cependant que les conséquences dommageables peuvent donner lieu à réparation civile.
La Cour de cassation casse et annule l'arrêt pour contradiction de motifs puisque la Cour d'appel a distingué les deux
fautes qui devront désormais être confondues.
19
preuve. Alors que dans la faute pénale l’intention doit être prouvée, la faute contraventionnelle n’a pas à
être prouvée. Il y a donc une présomption de faute en matière contraventionnelle et d’une manière
générale la faute contraventionnelle est punie indépendamment de l’existence d’un dommage. Cependant
le prévenu en matière contraventionnelle peut alléguer la force majeure.
L’élément moral de l’infraction disparaît chaque fois qu’on ne peut mettre au passif de l’agent
une faire quelconque. Ces hypothèses sont prévues par la loi. En effet, aux termes de l’article 8 NCPCA
alinéa 2 : « Il n’y a ni crime ni délit lorsque les faits ont été commis sous l’empire d’un trouble psychique
ou neuropsychique ayant aboli le discernement ou le contrôle des actes ou lorsque son auteur était sous
l’empire d’une force extérieure ou d’une contrainte à laquelle il n’a pu résister ». il s’agit du trouble
psychique ou neuropsychique (Paragraphe I) et la contrainte et la force extérieure (Paragraphe II). A côté
de ces causes légales de mon imputabilité, la jurisprudence a ajouté une troisième qui est l’erreur
(Paragraphe III).
20
imputabilité. La loi et la jurisprudence dans certains cas les considèrent tantôt comme des circonstances
aggravantes, tantôt les retient comme circonstances attenantes.
La contrainte physique peut avoir une origine externe lorsque l’agent a été poussé à la faute par une force
brutale de la nature ou par le fait de l’homme. Les civilistes parlent ici de force majeure. Par exemple le
banni rejette par la tempête sur les côtes du territoire national ou encore le faux commis par un individu à
qui on tient la main. La contrainte peut être interne lorsqu’elle provoquée par des causes propres a l’agent
et pour lesquelles la volonté n’a pas été libre. Exemple le voyageur endormi qui dépasse l’arrêt pur lequel
il a payé son billet.
La contrainte morale résulte ici d’une pression exercée sur les facultés ou la volonté de l’agent. Cette
pression peut être d’origine interne ou externe.
La contrainte morale est d’origine externe lorsqu’elle est due à une pression, à des menaces
exercées sur l’agent ou ses proches ou lorsqu’elle est due à une provocation d’un tiers. Il faudrait
dans ces derniers cas qu’elle soit illégitime. La simple contrainte révérencielle du fils à l’égard de
son père, de la femme pour son mari, de l’employé pour son employeur n’est pas exclusive de
responsabilité.
La contrainte morale est d’origine interne lorsqu’elle a sa source dans la personne même de
l’auteur de l’infraction. Exemple les infractions commises par passion, par conviction morale ou
religieuse, politique ou sous l’effet d’une émotion provoquée par un événement externe physique
ou morale.
Qu’elle soit d’origine interne ou externe, la contrainte doit être irrésistible, c'est-à-dire que l’agent s’est
trouvé dans une impossibilité absolue de respecter la loi. Elle ne doit pas résulter d’une faute préalable de
l’agent.
21
TITRE II – LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS
Les différentes infractions ne sont pas rangées dans une catégorie homogène par la loi. Selon leur
nature, celles-ci- sont soumises à des règles particulières de poursuite et les peines applicables ne sont pas
les mêmes. Ainsi, on peut distinguer les différentes infractions suivant leur gravité objective. C’est la
classification opérée par le Code pénal. Elle se fonde sur l’élément légal (Chapitre I). Mais il existe une
autre classification basée sur le mode d’exécution de (Chapitre II)
La classification suivant l’élément légal de l’infraction est celle retenue par le Code pénal. Elle
est d’une part fondée sur la gravité objective de l’infraction (Section I), et sur leur nature d’autre part
(Section II).
22
Crime Cour d’assises Cour criminelle
Délit Tribunal correctionnel Tribunal correctionnel
Contravention Tribunal de police (jugement sur procès Tribunal de police (jugement sur
verbal sans débat préalable) procès verbal sans débat préalable)
b) Délai de prescription de l’action publique : Le délai de prescription de l’action publique est le délai
dont l’écoulement fait échec à l’exercice de toute poursuite contre le ou les auteurs.
Ce délai varie suivant que l’infraction est un crime, un délit ou une contravention .
Infractions Délai de prescription de l’action publique
Crime 10 ans
Délit 3 ans
Contravention 1 an
c) – L’instruction : En principe les formalités et les garanties sont d’autant plus nombreuses que
l’infraction est grave
Procédure d’instruction préparatoire
Crime L’instruction préparatoire est obligatoire en principe
L’instruction préparatoire a deux niveaux : juge d’instruction et chambre
d’accusation
Délit L’instruction préparatoire est facultative. Elle n’est obligatoire que pour
quelques cas (par exemple pour les infractions commises par les mineurs). De
plus l’instruction ne comporte qu’un seul niveau
Contravention L’instruction préparatoire n’est pas requise sauf réquisition du Procureur de la
République
d) – Les voies de recours : Elles sont organisées de manière différente selon le genre d’infraction en
cause.
Infractions Procédure d’appel
Crime Pas d’appel
Délit Appel possible
Contravention Appel restreint
e) – En matière d’extradition
Procédure d’extradition
Crime Possible en principe
Délit parfois
Contravention impossible
2° - Au point de vue de l’incrimination
a) - Quant à la tentative
Infractions Tentative
Crime La tentative du crime est toujours punissable
Délit La tentative du délit n’est punissable que parfois (quand un texte le prévoit
expressément, par exemple l’article 227 alinéa 21 CPCA pour ce qui concerne
la tentative de vol).
Contravention La tentative de contravention n’est jamais punissable.
b) - Quant à la complicité
Infraction Complicité
Crime La complicité du crime est toujours punissable.
Délit La complicité du délit est toujours punissable.
Contravention La complicité de la contravention n’est punissable que parfois (quand un texte
le prévoit expressément, par exemple l’article 292, 6° CPCA pour ce qui
concerne la complicité de rixes, attroupement injurieux et tapage nocturne).
23
3° - Au point de vue de la peine
a) – Les circonstances et les excuses atténuantes ont des effets variables selon la gravité de l’infraction.
b) – Le non cumul des peines ne joue pas en matière de contravention
c)- Les règles de la récidive sont différentes selon le cas.
d) – Le casier judiciaire varie dans son contenu selon l’infraction commise.
e) – Le sursis ne fonctionne que pour les peines correctionnelles et de police dans certains cas.
f) – La réhabilitation ne joue pas pour les contraventions.
g) – La prescription de peine est le délai dont l’écoulement ne permet plus de rechercher les personnes
poursuivies en vue de les amener à exécuter la sentence prononcée. Ce délai varie suivant que l’infraction
est un crime, un délit ou une contravention.
24
L’intérêt de la distinction se présente tant au niveau de la peine qu’au niveau de la compétence
des juridictions.
Au niveau de peine, la peine criminelle en matière politique et la détention criminelle a perpétuité
ou à temps.
En matière correctionnelle les peines applicables sont les peines du droit commun. Mais toutefois,
le régime de détention n’est pas le même. D’autre part, les condamnations pour infraction politiques
n’entraînent pas les mêmes conséquences que pour les condamnations de droit commun. Ainsi, ces
infractions ne font obstacle à l’octroi d’un sursis et l’inexécution de la peine n’entraîne pas la révocation
du sursis obtenu. Il y’a pas enfin de contrainte par corps pour les condamnations politiques. Au niveau de
la compétence et de la procédure, les crimes politiques tels que les crimes à la sûreté de l’Etat sont
passibles des juridictions militaires en temps de guerre. D’autre part, la procédure de comparution
immédiate n’est pas applicable en matière d’infraction politique et les mandats de dépôt ou d’arrêt ne
peuvent être déposés contre un délinquant politique. Enfin au plan international, la procédure
d’extradition ne peut être décernée à l’endroit d’un délinquant politique.
Paragraphe III : Les infractions du droit commun et les infractions infractions terroristes
Cette distinction résulte d’une définition par la loi des infractions dites terroristes (A), distinction
qui présent un régime particulier (B).
25
d’aéronef, de navire ou tout autre moyen de transport collectif, l’association des malfaiteurs, l’acquisition
des substances explosives…
Deuxièmement : Il faut un mobile spécifique. Les infractions que nous venons d’énumérer
doivent être en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler
dangereusement l’ordre public par l’intimidation et la terreur. Le terme entreprise vise toute organisation
au plan d’action formé à l’avance. L’agent doit avoir en vue l’idée de troubler gravement l’ordre public
par l’intimidation ou la terreur, c'est-à-dire une peur collective afin d’amener le pouvoir public à céder.
B- Intérêt de la distinction
Il se rapporte à la sanction et à la procédure premièrement au niveau de la procédure.
Quant à la procédure, les règles particulièrement s’appliquent aussi bien aux poursuites qu’au jugement.
Les perquisitions, visites domiciliaires et saisies peuvent être effectuées au cours des visites particulières
sans le consentement des intéressés. La garde à vue peut durer jusqu’à 4 jours. Les accusés sont passibles
d’une cour d’assise spéciale composée essentiellement de magistrats professionnels.
En matière de peines, la loi a prévu des peines complémentaires telles que l’interdiction de séjour
obligatoire allant jusqu’à 10 ans. Une excuse absolutoire est prévue au bénéfice des personnes ayant
participés aux faits et qui auront avertis les autorités administratives et judiciaires, ou toutes personnes qui
par leur dénonciation ont permis d’éviter la réalisation de l’infraction ou la dénonciation des auteurs. Une
réduction de peine de moitié est accordée en cas de dénonciation tardive.
D’après l’élément matériel, les infractions peuvent être classées en deux catégories principales.
Certaines infractions ne sont sanctionnées que lorsqu’elles produisent un résultat dommageable tandis que
d’autres le sont du seul fait de l’emploi des moyens déterminés par la loi. Il y a également des infractions
qui s’accomplissent par des actes simples déterminables sans grande difficulté, tandis que d’autres
supposent la réalisation d’actes complexes de nature diverses.
B- L’intérêt de la distinction
L’intérêt de la distinction se mesure sur le terrain de la compétence et de la prescription.
Quant à la prescription, la prescription de l’action publique court en ce qui concerne les infractions
simples à partir du moment où infractions est constituée. Elle est cependant retardée jusqu’à la
consommation du deuxième acte en ce qui concerne les infractions d’inhabitude indépendamment du
temps qui les sépare.
Quant à la compétence, l’infraction simple est de la compétence de la juridiction dans le ressort de
laquelle elle a été commise. Tandis que les infractions complexes et les infractions d’habitude peuvent
être poursuivies devant les juridictions dans le ressort desquelles un des actes constitutifs a été accompli.
26
Comme pour les autres classifications, il convient de présenter les différentes notions avant de
voir l’intérêt de la distinction.
A - Les Notions
L’infraction est continue lorsque l’acte qui la réalise se prolonge dans le temps. C’est par exemple
le cas du port illégal de la décoration, du le recel de chose ou de la séquestration de personnes.
L’infraction permanente se réalise par contre en un trait de temps mais les effets incriminés sont
durables. Par exemples l’affichage prohibé, les constructions illégales. Le délit est réalisé par un seul
geste mais l’effet condamné par la loi persiste dans le temps.
L’infraction continuée est une infraction instantanée par nature mais qui est réalisée par une série
d’actes non identiques se prolongeant sur une certaine période. Par exemple la caissière qui organise sur
une longue période des détournements de somme d’argent dans sa caisse. Chaque détournement constitue
en principe un cas d’infraction distincte avec des délais de prescription autonome. Mais la jurisprudence
pour des raisons de bon sens n’admet pas cette distinction.
B- L’intérêt de la distinction
La prescription de l’acte public court à partir de la cessation de l’acte délictueux en ce qui
concerne les infractions continues, et à partir des derniers actes en ce qui concerne les infractions
continuées. De plus, la règle non bis in idem « on ne peut pas juger 2 fois un même acte » ne s’applique
pas en matière d’infraction continuée. Si le délinquant condamné une première fois éitère l’acte
délictueux, il peut à nouveau être condamné. La solution est identique en matière d’amnistie. Une loi
d’amnistie qui éteint les faits antérieurs à sa promulgation n’empêche pas une nouvelle poursuite si l’état
délictueux continue après sa promulgation.
27
TITERE III - LE DELINQUANT ET LA RESPONSABILITE PENALE
D’une manière générale, la conception classique du code pénale rattache la notion du délinquant
au délit, c'est-à-dire que pour être délinquant il faut avoir commis une infraction. Or l’infraction comme
fait prévu et puni par la loi suppose qu’elle ait été commise avec l’intention de nuire, attitude que seules
les personnes douées d’une intelligence et d’une volonté peuvent avoir. Aussi seules les personnes
physiques peuvent être auteurs actifs d’une infraction (Chapitre I) parce qu’elles sont accessibles à la
peine. Mais la jurisprudence admet aujourd’hui la responsabilité pénale de la personne morale (Chapitre
II).
Le délinquant ordinaire est celui qui a personnellement accompli tous les actes constitutifs de
l’infraction ou en a commencé l’exécution. C’est l’auteur principal (Section I). Mais le délinquant peut
être celui qui sans savoir la direction maternelle de l’acte a tout de même concouru ou participé à son
exécution. Ce dernier est considéré par la loi comme complice et sanctionné comme tel (Section II).
Paragraphe II – Le co-auteur
Est co-auteur celui qui a personnellement accompli les actes matériels constitutifs de l’infraction avec
une ou plusieurs autres personnes. Celui qui avec un autre a soustrait la chose d’autrui est co-auteur d’un
vol. Alors que s’il s’était contenté de l’aider ou de l’assister sans accomplir personnellement les actes
matériels, il demeure complice. Du principe que le co-auteur doit être considéré comme auteur principal il
en résulte 3 conséquences :
Sa situation juridique est différente de celle du complice : sa responsabilité est strictement
personnelle et ne dépend de celle des autres co-auteurs.
Il peut être poursuivi seul et doit être condamné dès lors que l’acte est punissable et que les autres
co-auteurs bénéficient d’une cause personnelle d’impunité.
La peine qui peut être prononcé contre lui ne dépend pas de celle des autres co-auteurs.
28
Dans sa conception classique matérialiste, le droit pénal ne considère comme auteur que
celui a matériellement accompli tous les actes constitutifs de l’infraction. A titre exceptionnel
cependant, l’auteur principal ou le co-auteur peuvent être celui qui sans avoir accompli
personnellement l’acte constitutif de l’infraction a seulement été la cause intellectuelle. Les
exemples sont nombreux à travers la jurisprudence et la loi. Il en est ainsi des articles 103 al 1 er
NCPCA (Sera puni de la peine d’emprisonnement de cinq à dix ans, quiconque, par fraude ou
violence, aura enlevé ou fait enlever des mineurs de dix huit ans ou les aura entraînés, détournés
ou déplacés, ou les aura fait entraîner, détourner ou déplacer des lieux où ils étaient mis par ceux
sous l’autorité ou sous la direction desquels ils étaient soumis ou confiés), 106 al 2 (Sera puni de
la même peine, celui qui, même sans fraude ou violence, l’enlèvera ou le détournera, ou le fera
enlever ou détourner des mains de ceux auxquels sa garde aura été confiée), 107 al 1 er
(Quiconque aura exposé ou fait exposer, délaissé ou fait délaisser en un lieu solitaire un enfant
hors d’état de se protéger lui-même en raison de son état physique, sera pour ce seul fait
condamné à un emprisonnement d’un à trois ans et une amende de 100.002 à 1.000.000 de
francs), 114 (celui qui favorisé l’excision ou toutes méthodes de mutilations génitales
féminines), 322 (celui qui indirectement, illicitement et délibérément, fournit ou réunit des fonds
dans l’intention de les voir utilisés ou en sachant qu’ils seront utilisés pour commettre des actes
de terrorisme …), 323 a et b (celui qui : a) - organise la commission d’une des infractions
prévues à l’article 322, ou donne l’ordre à d’autres personnes de la commettre ; b) - contribue à
la commission de l’une ou plusieurs des infractions prévues à l’article 303 par un groupe de
personnes agissant de concert), 331 al 1er (plan concerté en vue d’attroupement, voies de fait ou
menaces, dans le but d’empêcher ou tenter d’empêcher un ou plusieurs citoyens d’exercer leurs
droits civiques), 340 et 341 (participation à l’émission ou exposition de monnaies contrefaites ou
altérées, ou à leur introduction en RCA qu’elles aient cours légal en RCA ou à l’étranger).
L’instigateur ou le provocateur du crime est considéré comme auteur intellectuel. Il en ait ainsi
des instigateurs ou provocateurs d’insurrections.
SECTION II - LA COMPLICITE
La loi pénale punit non seulement l’auteur matériel (auteur, co-auteur ou auteur intellectuel) mais
aussi celui qui a participé à la réalisation de l’infraction. La complicité est donc ainsi punie.
D’après Gustave Le Bon, Psychologie des Foules, par le seul fait qu’il fait partie d’une foule, l’homme
descend de plusieurs degrés sur l’échelle de la civilisation. Il a la violence et la férocité des êtres primitifs.
La force d’un groupe est de pouvoir métamorphoser la conscience des individus qui le compose. Pris
isolément, l’individu n’est pas forcément capable de commettre une infraction. Avec l’élan d’un groupe,
il adopte plus facilement un comportement délictueux. La force de persuasion du groupe sur des individus
influençables présente un réel danger pour l’ordre public. Plus les membres d’un groupe sont nombreux,
plus les dommages qu’ils risquent de causer à la société sont importants. Pour endiguer cette criminalité
collective, dès 1810, deux concepts ont été introduits dans le Code Pénal. Il s’agit de la complicité et de la
coaction. La complicité et la coaction pouvant en pratique être des comportements proches, la question
des critères de leurs distinctions paraît essentielle. Même si en principe cette distinction est fondée sur un
critère objectif, un critère subjectif a été introduit. Par ce critère la doctrine invite à distinguer suivant que
l’individu a voulu s’associer à l’infraction d’autrui, auquel cas il est complice, ou bien a entendu
accomplir sa propre infraction, auquel cas il est auteur. Ce critère est difficile à mettre en œuvre, car il
ignore en partie la matérialité de l’acte du complice ou du coauteur. Le critère objectif semble être plus à
même de respecter la volonté du législateur. Il considère comme coauteurs les individus qui réunissent en
leur personne tous les éléments constitutifs de l’infraction.
Il convient de dégager la notion de complicité (Paragraphe I) et les conditions de punissabilité
(Paragraphe II) avant de voir les peines applicables (Paragraphe III).
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autant de poursuites que de manifestants et chacun peut être condamné dans les limites de sa complicité.
La complicité résulte la plupart d’une participation de deux ou plusieurs individus à une infraction
préalablement concertée. Toutes les personnes ayant participé directement à la commission d’une telle
infraction, sont auteurs ou co-auteur tandis que celles qui n’ont fait qu’aider l’auteur ou le co-auteur ne
sont que des complices. Les notions de complicité et d’auteur principal restent tout de même distinctes
malgré leur assimilation (A) distinction qui présente un intérêt pratique (B).
A - L’auteur et le complice
L’auteur de l’infraction est celui qui réunit en sa personne tous les éléments constitutifs de cette
infraction. Il a personnellement accompli les actes constitutifs. Tandis que celui qui n’a fait que coopérer
ou concourir à la réalisation de celle-ci n’est que complice. La distinction entre auteur et complice n’est
pas pour autant étanche en jurisprudence. Elle considère quelque fois comme co-auteur celui qui est
objectivement complice. Ainsi punit-elle le complice d’une contravention comme co-auteur (Crim. 24
juin 1922 S 1923 I 41).
A l’inverse elle considère parfois comme complice celui qui n’a été en principe qu’un auteur. Pour la
Chambre criminelle en effet le co-auteur d’un crime, est nécessairement l’autre coupable dans les faits qui
consomment l’action et devient par la force des choses son complice. C’est la théorie dite de la complicité
co-respective. Par cette théorie la Chambre criminelle inflige au co-auteur une peine aussi grave que celle
qu’il aurait encourue s’il était complice.
A- L’infraction principale
La seule participation à un crime ou à un délit ne suffit pas pour retenir la complicité. Il faudrait
que l’acte principal soit punissable, c'est-à-dire qu’il tombe sous le coup de la loi pénale. En dehors de
toute incrimination de l’acte principal, la complicité ne peut être retenue. Par exemple le suicide.
L’acte principal doit être un délit ou un crime consommé ou tenté. Si l’auteur de l’infraction n’est
qu’à la phase préparatoire, le complice ne peut être puni.
La complicité n’est pas punissable lorsque le crime ou le délit est justifié ou lorsque l’auteur bénéficie
d’une amnistie.
La complicité non plus n’est pas punissable lorsque l’infraction principale est prescrite.
Si la complicité ne peut être retenue qu’autant que l’infraction principale est punissable, le
complice peut être poursuivi et puni lorsque l’auteur principal n’est pas poursuivi et puni ou lorsqu’il est
inconnu, mort ou bénéficie d’une cause subjective de non punissabilité, d’une excuse de minorité ou
d’une excuse absolutoire (Crim. 18 novembre 1976 Bull. n°332 ; Crim. 8 janvier 1991 Bull. n°15).
B – L’acte de complicité
La complicité suppose un élément matériel et un élément intentionnel.
1°) – L’élément matériel de la complicité
L’acte matériel de complicité est un acte de préparation dont les modalités sont définies par l’article 12
NCPCA. Sont incriminés la provocation, la fourniture de moyens, la fourniture d’instructions, l’aide ou
l’assistance.
a) La complicité par provocation ou instruction (art 12 1° NCPCA): En ce qui concerne la
complicité par provocation, il s’agit d’une pression exercée sur une personne en vue de
30
l’emmener à commettre une infraction. De simples conseils, encore moins des récompenses
données après coup ne rentrent pas dans l’énumération légale. Il doit s’agir de don, menace, abus
d’autorité ou de pouvoir, machination, artifices coupables ayant provoqué à l’action. La
provocation doit être en outre circonstanciée c'est-à-dire réalisée par des actes positifs destinés à
leur donner une certaine influence. Elle doit être directe (tendre directement et concrètement à
suggérer la commission de l’infraction et non à faire naître dans l’idée dans l’esprit de l’auteur).
L’acte de provocation doit être enfin individuel. Elle doit être adressée à l’auteur et suivi d’effets.
La complicité par instruction désigne tous les actes visant la fourniture d’indications précises de
nature à rendre possible ou faciliter l’exécution de l’infraction. Peu importe que ces indications
soient données à l’auteur lui-même ou par personne interposée. Par exemple la fourniture des
indications sur les lieux à cambrioler, les horaires de rentrée ou sortie d’une personne.
b) La complicité par fourniture de moyen (art 12, 2° NCPCA) : Il s’agit de tout moyen de quelque
nature qu’elle soit, destiné à commettre ou faciliter l’exécution d’une infraction. Par exemple
fourniture d’échelle, de fausse clef, arme, voiture. Peu importe si ces moyens n’ont pas été
indispensables à la réalisation de l’infraction.
c) La complicité par aide ou assistance (art 12, 3° NCPCA) : cette forme de complicité vise les cas
de personnes qui ont participé à l’infraction ou en ont facilité l’exécution. Par exemple
hébergement des délinquants avant l’infraction, détention des moyens ayant permis l’exécution,
surveillance, neutralisation du gardien
d) La complicité par fourniture habituelle de logement, lieu de retraite ou de réunion (art 12, 4°
NCPCA) : la loi punit ceux qui, connaissant la conduite criminelle des malfaiteurs exerçant des
brigandages ou des violences contre la sûreté de l’Etat, la paix publique, les personnes ou les
propriétés, leur fournissent habituellement logement, lieu de retraite ou de réunion.
Quelle que soit sa forme, la complicité doit consister en un acte positif consommé et non tenté car la
tentative de complicité n’est pas punissable.
De plus, l’acte de complicité doit être antérieur ou concomitant à l’acte principal. Les actes
postérieurs ne rentrent en principe pas dans la définition de la complicité. Toutefois, ces actes postérieurs
peuvent tomber sous le coup d’incriminations particulières : recel de choses ou de malfaiteurs, de crimes
etc. Parfois la jurisprudence considère comme acte de complicité l’acte qui a un lien direct et prémédité
avec l’infraction principale. Par exemple aider les auteurs d’une infraction à s’enfuir en vertu d’une
entente préalable.
2°) – L’élément intentionnel
C’est l’élément moral de l’acte de complicité qui consiste dans la volonté de l’argent à s’associer
à l’acte délicieux de l’auteur principal. Cette volonté résulte le plus souvent d’une attente préalable avec
l’auteur principal ou au moment des faits. Ainsi n’est pas complice d’un meurtre celui qui a prêté un fusil
de chasse alors qu’il ne connaissait pas l’usage meurtrier qui allait en être fait. La jurisprudence n’exige
pas cependant que le complice ait connu les circonstances aggravantes de l’infraction à laquelle il a voulu
s’associer.
L’intention coupable doit être concomitante à l’acte. Le fait de s’associer par la suite à une
infraction principale déjà réalisée ne constitue pas la complicité punissable.
31
Ce principe s’applique de la même manière pour peines associées que la loi attache de plein droit
à peine principale. Les peines complémentaires que les juges appliquent de plein droit sont applicables
également aux complices.
B- L’application du principe
La mise en œuvre du principe de l’identité de peine comporte quelque fois des exceptions.
Certaines sont liées aux circonstances aggravantes ou aux circonstances atténuantes. Dans tous les cas, les
circonstances personnelles, réelles, ou mixtes influencent la peine de la complicité.
Les circonstances personnelles : Elles sont strictement personnelles à l’auteur principal. La jurisprudence
a décidé que les circonstances personnelles à l’auteur principal et qui aggravent sa responsabilité ne sont
pas applicables aux complices. Elles ne peuvent modifier ou aggraver la peine de la complicité. Par
exemple la qualité de récidiviste de l’auteur principal, l’existence de cause de non imputabilité ou de
circonstances atténuantes, l’exemption de la peine pour l’auteur principal ne jouent pas à l’égard du
complice.
Les circonstances réelles : Ce sont des circonstances objectives qui modifient la criminalité de l’acte et
qui changent la qualification de l’infraction. Ces circonstances sont liées au temps (la nuit pour le vol),
aux moyens (fausse clé pour le vol), aux modalités de commission de l’acte (usage de véhicule motorisé,
escalade et effraction pour le vol ; minorité de la victime pour les coups, blessures et privations ; actes de
barbarie pour les meurtres etc.). Ces circonstances influencent la peine de la complicité lorsque
l’infraction commise est de même nature que celle à laquelle a voulu s’associer le complice (Crim. 21
novembre 1990 bull n°397 ; Crim. 19 juin 1984 Bull n°231). Ce principe s’applique lorsque le complice a
eu connaissance des circonstances aggravantes au moment de son acte mais aussi lorsque il les a ignorées
(Crim. 13 janvier 1955 D 55 291).
Les circonstances mixtes : Elles tiennent à la fois à la qualité de l’auteur principal et à l’acte. Par exemple
la qualité de nouveau-né transforme le meurtre en infanticide. Il en ait de même de la préméditation qui
transforme le meurtre simple en assassinat. La Chambre criminelle a décidé que les circonstances mixtes
aggravent aussi bien la peine de l’auteur principal que celle du complice (Crim. 12 mai 1970 D 1970
515).
Le principe nul n’est punissable qu’à raison de son fait personnel soulève quelques difficultés
quant à son application. En effet, à la différence au Code civil qui retient la responsabilité d’une personne
pour une faute qu’elle n’a pas personnellement commise, la poursuite pénale ne peut être exercée, la
peine ne peut être appliquée qu’à une personne en raison de sa participation comme auteur co-auteur ou
complice dans une infraction. Certaines circonstances permettent cependant de déterminer l’identité
exacte de celui qui a commis l’infraction alors que la peine peut être appliquée à un tiers (Section I). De
telles hypothèses sont d’application très variable (Section II).
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aux ordres du Gouvernement ou inciter la population au refus collectif de payer l’impôt
et ses accessoires ou à en différer le paiement) ;
Articles 383 à 385 ; 389 à 391 NCPCA (rébellion) ;
Articles 386, 387 NCPCA (réunion d’individus armés ou non).
La même solution s’applique à la répression des infractions de coups et violences volontaires par
un groupe sur la voie publique ou du fait des rassemblements illicites vis-à-vis des instigateurs (artilce 72
NCPCA).
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Les conditions sont relatives à l’infraction commise par autrui (A) et à la faute de l’employeur
(B).
A – Le domaine de la délégation
La délégation est admise dans le domaine de violation des prescriptions légales et réglementaires
notamment en matière d’hygiène, de sécurité du travailleur et pour les délits de coups et blessures ou
d’homicides involontaires (accidents de travail). La délégation n’est pas admise dans le domaine des
infractions économiques ; pas plus qu’elle ne l’est pour les obligations afférant au pouvoir
d’administration générale qu’assument les mandataires sociaux (Crim. 17 juillet 1990 Bull n° 287).
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DEUXIEME PARTIE
LA SANCTION PENALE
La sanction pénale consiste généralement, lorsque l’infraction est établie et la responsabilité retenue,
dans application d’une peine ou d’une mesure de sûreté. L’analyse de la sanction en matière pénale
s’articule autour de deux idées : l’une s’appuyant sur la philosophie de la sanction, envisage la peine dans
ses différente formes et variétés (Titre 1) ; l’autre approche plus pratique expose la mesure de la sanction
et les différentes circonstances de fait et de droit pouvant avoir une incidence sur son application (Titre
2).
La réaction sociale au phénomène criminel peut prendre soit la forme d’une peine lorsque l’infraction
est établie, soit la forme d’une mesure de sûreté s’il y a seulement l’élément dangereux. Cependant la
distinction n’est pas facile à faire en pratique en raison de la double vocation de la sanction à l’époque
moderne. Il convient ainsi de présenter la sanction pénale dans sa forme punitive (section I) et préventive
(section II) tout en reconnaissant que les deux types de sanction ont de traits communs (section III).
35
SECTION 1 - LA SANCTION PENALE PROPREMENT PUNITIVE : LA PEINE
La peine ou mesure privative de liberté est destinée à priver le délinquant ou le condamné de la
jouissance de certains droits. Son objet (Paragraphe I) et ses caractères (Paragraphe II) traduisent une
réaction sociale indubitablement répulsive.
A- Le but de rétribution
Ce but reste inhérent à la peine même s’il provient de la conception néoclassique. La peine est
une réparation, une juste sanction de la faute commise. « La mort est le salaire du péché » dit la Bible.
C’est en considération de cet élément que l’intention criminelle reste un élément déterminant dans la
recherche de la faute et de la sanction à appliquer au délinquant. C’est le cas en matière de minorité ou
encore la recherche sur la personnalité du délinquant désormais obligatoire dans toute matières. La
rétribution explique le pouvoir d’appréciation laissé au juge dans la détermination de la sanction. Il en est
de même du passé du délinquant (primaire ou récidiviste).
B- Le but d’intimidation
Le but d’intimidation a toujours soutenu la peine car l’on pense que la crainte du châtiment
exemplaire était de nature à dissuader. Le droit pénal doit servir même si l’on pense que le juge ne doit
céder devant l’horreur pour tomber dans un sentiment de vengeance.
C- Le but de Réadaptation
Inspirée par le mouvement de la défense sociale, la réadaptation sociale du délinquant n’a jamais
été absente du dessein du législateur car la justice moderne doit être humaine et conciliant à la fois les
nécessités de protection de l’ordre social et la réinsertion sociale du délinquant.
36
C’est la conséquence de l’autorité de la chose jugée. En effet une fois les voies de recours
épuisées, la sentence prononcée n’est plus susceptible de modification. Le caractère définitif de la peine
est cependant atténué par le jeu de la réhabilitation censée participer à la réinsertion sociale du délinquant.
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C’est la garantie la plus fondamentale pour les libertés individuelles car la révolution et les
auteurs du Code pénal ont redouté l’arbitraire en limitant le juge dans ces pouvoirs au profit d’une
certaine spécialisation. En effet le juge professionnel éclairé, impartial et inamovible est le seul garant des
libertés individuelles. C’est pourquoi la Cour de cassation a décidé que c’est au juge et à lui seul que
revient la décision de déterminer la sanction à appliquer. Et c’est aussi au juge que revient le soin de
prononcer les mesures de sûreté fonctionnant comme des peines accessoires ou complémentaires.
La sanction pénale est constituée essentiellement par la peine (section I) même si la distinction
entre la peine et la mesure de sûreté n’est pas souvent nette (section II).
A- La distinction de base
Elle oppose les peines principales, complémentaires et accessoires.
Les peines principales sont prévues par des textes d’incrimination. Ce sont l’emprisonnement et ou
l’amende.
Les peines accessoires désignent les peines complémentaires facultatives ; par exemple l’interdiction de
droit (art. 17 C Pénal) ou la dégradation civique.
Les peines complémentaires accompagnent la peine principale. Elles ne sont pas souvent automatiques et
ne peut être prononcées que dans les cas prévus par la loi. Par exemple la confiscation ou l’interdiction de
certaines fonctions publiques, la suspension ou le retrait.
B- Atténuation à la distinction
Elle est liée à la possibilité qu’offre la loi au juge de permuter dans certains cas le contenu et le
rôle de certaines peines. C’est le cas lorsqu’il transforme la peine d’emprisonnement accessoire ou
complémentaire. Le juge peut également dispenser le condamné d’une peine accessoire obligatoire.
38
B- Les peines atteignant le patrimoine du condamné
Elles sont constituées essentiellement par l’amende. L’amende consiste dans l’obligation faite au
condamné de payer au profit du trésor publique une certaine somme d’argent. L’amende doit être
distinguée des dommages intérêts et des frais de justice.
D’une manière générale le juge après avoir retenu la qualification se reporte aux textes
d’incrimination pour vérifier la sanction prévue : peine ou mesure de sûreté. Cette sanction n’est pas la
même suivant que la qualification retenue (Section I) comporte ou non certaines circonstances pouvant
jouer sur la mesure de la sanction à appliquer (Section II).
A – La récidive
1) – La notion de récidive
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Il y a récidive chaque fois qu’après une 1 ère condamnation devenue définitive, l’auteur commet un autre
délit dans un délai déterminé par la loi. La récidive n’est réprimée que sous 3 conditions appelées termes
de la récidive.
- Le 1er terme, une condamnation devenue définitive : la récidive suppose une condamnation ayant
acquis force de chose jugée. Cette condamnation doit donner lieu à une peine et non une mesure
de sûreté. Enfin en application du principe de la territorialité du droit pénal, cette condamnation
doit émaner d’une juridiction de la RCA.
- Le 2ème terme, une nouvelle infraction : un individu n’est en état de récidive que lorsque après
une 1ère condamnation devenue définitive, il commet une nouvelle infraction. La récidive n’est
pas constituée si la seconde infraction est la conséquence de la 1 ère. Exemple l’interdiction de
séjour pour un banni.
- Le 3ème terme, la concordance entre les deux premiers termes : une certaine concordance
(correspondance) entre les 1 er et 2ème termes est nécessaire. Cette correspondance est relative au
délai écoulé depuis la 1ère condamnation et à la nature de l’infraction commise. La preuve de la
récidive est assurée par le casier judiciaire du délinquant.
2) - La répression de la récidive
Elle consiste essentiellement à l’aggravation de la peine en courue. Les conséquences à dégager
sont au nombre de 5.
a- La récidive criminelle : Le 1er terme est une condamnation criminelle. Un 1 er crime condamné par
une peine correctionnelle ne constitue pas un état de récidive. Cette récidive est générale et
perpétuelle et transforme la peine des travaux forcés à temps de 10 à 20 ans en travaux forcés à
perpétuité. Lorsque la peine encourue est la perpétuité, la récidive la transforme en peine de mort
(art. 29 CPCA).
b- La récidive de crime à délit : le 1er terme est ici un crime puni indifféremment de 10 ans au
moins. L’individu doit avoir commis dans un délai de 10 ans un délit puni de la même peine ou
de 5 ans. La condamnation sera dans ce cas élevée au double.
c- La récidive correctionnelle : le 1er terme est une condamnation correctionnelle. La seconde
condamnation doit intervenir dans un délai de 5 ans après exécution de la 1 ère. La seconde
condamnation doit l’être pour un même délit ou pour un délit assimilé. Il y a assimilation selon la
jurisprudence entre les délits de vol, d’escroquerie, d’abus de confiance, le recel de choses. La
récidive correctionnelle a pour effet de doubler la peine d’emprisonnement et l’amende.
d- La récidive contraventionnelle : Elle existe entre 2 contraventions (et non entre un délit et une
contravention). Elle est temporaire car la seconde contravention doit intervenir dans l’année qui
suit la première condamnation et cette contravention doit être une contravention de 5 e classe.
L’effet principal de la récidive est de doubler la peine encourue.
e- Les récidives à régime exceptionnel : Il existe de nombreux textes particuliers prévoyant des cas
de récidive à délai exceptionnellement court ou long par rapport au 2 e régime du droit commun.
Exemple 1 an en matière de délit de chasse, et 10 ans en ce qui concerne le proxénétisme.
B- La pluralité d’infractions
La pluralité d’infractions ou concours réel d’infractions doit être présenté dans sa notion et à travers les
règles applicables.
1) - La Nation de concours réel d’infraction
Il y a concours réel d’infractions lorsqu’un individu dans un laps de temps plus ou moins court a commis
plusieurs actes délictueux sans qu’ils soient séparés d’une condamnation définitive. Les infractions en
concours doivent être distinguées des cas particuliers
a - Les infractions réputées en concours : Ce sont les hypothèses dans lesquelles un individu commet
simultanément plusieurs infractions qui sont poursuivies ensemble. Par Exemple, il y a concours réel
d'infractions quand un individu se voit reprocher une pluralité d'actes anti sociaux commis simultanément
ou successivement mais poursuivis ensemble. Par exemple : un individu pris de boissons, blesse un
consommateur dans un café. A l'arrivée des policiers, il les injurie et les frappe. Il y a concours réel
d'infractions : Ivresse publique (art. 292 11° CPCA), coups et violences volontaires (art 181-191 CPCA),
outrage à agent de force publique (art. 135-138 CPCA), rébellion (art. 119-129 CPCA).
Beaucoup plus complexe sont les cas du concours réel qui mettent en situation les infractions
découvertes et poursuivies dans l’ordre dont ont été exécuté mais sans condamnation définitive. C’est le
cas d’un vol flagrant commis le 1 er janvier. Cette infraction donne lieu à lieu à un emprisonnement le 15
40
janvier. Le lendemain (16) cette même personne commet un nouveau cas de vol. Cette seconde infraction
est en concours avec la première parce que la première condamnation n’est pas encore devenue définitive.
L’autre cas est celui où les infractions sont découvertes et poursuivies dans l’ordre inverse en
commençant par la dernière en date. Par exemple, un individu jugé le 1 er mars pour une escroquerie
commise le 1er janvier. On découvre plus tard qu’il avait commis le 1 er octobre de l’année précédente une
autre escroquerie. Cette première (1 er octobre) est en concours avec l’autre. Il importe peu que la
condamnation du 1er mars ait acquis l’autorité de la chose jugée.
b- Le concours réel et la situation voisine : Les situations voisines se rapportent au conflit de
qualification. Il y a conflit de qualification ou concours idéal d’infractions lorsqu’un acte unique (même
acte) est susceptible de tomber sous le coup de plusieurs textes d’incrimination. Par exemple un attentat à
la pudeur commis sur la voie publique est également constitutif d’un outrage public à la pudeur. De même
celui qui se présente au guichet d'une banque pour obtenir le paiement d'un chèque falsifié peut être
poursuivi pour usage de faux en écriture de commerce (art. 100, et 101 CPCA) et pour escroquerie (art.
241 CPCA). Dans les cas sus cités, il n’y a pas concours réel mais cumul idéal d’infractions. La solution
dans le cas du concours idéal est que le juge doit choisir la qualification la plus élevée (attentat à la
pudeur dans le 1er exemple, l'escroquerie dans le second exemple).
2) - Le régime des infractions en concours
La règle est le nom cumul de peine : Le principe découle de l’art 5 Code pénal « En cas de conviction de
plusieurs crimes ou délits, la peine la plus forte est la seule prononcée. Concrètement toutes les poursuites
seront exercées et une seule, la plus élevée des peines sera prononcée.
Domaine d’application la règle : Elle s’applique aux crimes et délits et depuis la loi du 2 Février 1987 à
la contravention de 5e classe. La règle ne s’applique pas pour les crimes et délits commis par les détenus,
aux peines complémentaires et amendes fiscales ainsi qu’aux dommages intérêts alloués aux victimes.
La mise en œuvre de la règle : Quelque difficulté prouvent surgir. Si les poursuites sont exercées
simultanément, elles donnent lieu à un seul débat et devant la Cour d’assise. Les infractions en concours
donnent lieu à des questions distinctes. Une seule peine pour l’infraction la plus grave sera retenue et les
circonstances sont accordées de manière globale. Lorsque les poursuites sont exercées successivement,
c’est l’hypothèse dans laquelle une nouvelle infraction à été commise alors qu’une condamnation non
encore définitive a été prononcée ou lorsqu’une condamnation définitive a été prononcée on découvre une
infraction qui a été commise avant celle-ci. Si la 2 nde est plus grave que la 1 ère, il y a lieu de poursuite et la
première peine sera imputée sur la seconde. Si au contraire la 2 nde est moins grave que la 1 ère ou de même
degré, l’opportunité de poursuite parait douteux mais se révèle utile pour les victimes.
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Les excuses atténuantes sont causes de diminution de la peine. En matière de provocation, elle abaisse la
peine perpétuelle jusqu’à l’emprisonnement de 1 an à 5 ans. L’excuse de minorité abaisse les travaux
forcés à perpétuité à l’emprisonnement de 10 à 20 ans. Et en cas de peines temporaire (travaux forcés à
temps ou emprisonnement) la peine applicable ne doit pas dépasser la moitié de la peine encourue.
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La dispense de la peine entraîne l’une des 2 conséquences suivantes:
L’absolution totale de la peine. Cependant, les dommages intérêts peuvent être accordés à
la victime ;
L’ajournement du prononcer de la peine. Elle n’est acquise que dans les conditions que
ci-dessous sauf qu’ici le reclassement du prévenu doit être en voie d’être acquis et que les
dommage causés doivent être en voie d’être réparés ou que le trouble va cesser.
Lorsqu’il est décidé en matière contraventionnelle ou correctionnelle, l’ajournement produit les mêmes
effets que la dispense. Cependant le juge peut appliquer une peine lorsque rien de positif ne s’est produit.
Paragraphe III – Les causes d’aggravation de la peine
Elles se rapportent en dehors de la récidive aux circonstances aggravantes. Elles peuvent être
réelles ou personnelles.
A- Les circonstances aggravantes réelles
Elles sont relatives aux faits externes ayant accompagnés l’infraction. Elles aggravent en
conséquence la criminalité de l’acte. Les circonstances de nuit, de violence, d’effraction ou de réunion
transforment le vol simple en vol aggravé. C’est aussi le cas du guet-apens ou de la préméditation qui
transforment le meurtre simple en assassinat.
B- Les circonstances aggravantes personnelles
Elles tiennent à la personnalité de l’auteur ou du complice et aggravent la culpabilité de celui-ci. Par
exemple la qualité d’ascendant ou descendant de la victime constitue une circonstance aggravante des
violences volontaires ou des crimes contre les murs.
A- Le sursis Simple
Nation : Le sursis simple est la décision prise par une juridiction de jugement de dispenser le condamné
de l’exécution de la peine prononcée si celui-ci ne commet pas une nouvelle infraction pendant certain
temps. Ce sursis a pour but d’éviter la prohibition contagieuse de la prison à certains condamnés. Le
sursis simple est accordé à tout délinquant primaire. La nature de l’infraction importe peu.
Les effets : La condamnation assortie de sursis est suspendue dans son exécution ou dite à exécution
conditionnelle. Elle figure néanmoins au casier judiciaire (bulletin 1 et 2) et ne joue pas pour le paiement
des frais de justice et les dommages-intérêts. La révocation peut néanmoins intervenir sous 2 conditions.
- Lorsque le sursitaire a commis une infraction de droit commun dans un délai de 5 ans suivant sa
condamnation.
- l’infraction doit avoir été sanctionnée par une peine sans sursis. Lorsqu’elle se produit, la révocation
confirme définitivement la condamnation sans confusion pour ses effets et conséquences. Si le sursis
n’était que partiel ou lorsque la révocation est elle-même partielle, le condamné n’exécutera que la
fraction de la condamnation prononcée au sursis.
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Cependant les mesures prises peuvent être insuffisantes inopportunes ; le juge peut alors dans ce cas les
aménager.
Les effets : Il produit les mêmes effets que le sursis simple. Lorsque le délai d’épreuve s’achève sans
incident, la condamnation est réputée non avenue. La révocation totale ou partielle entraîne les mêmes
conséquences que le sursis simple.
B- Les Effets
La libération conditionnelle n’efface pas la condamnation. Le condamné est seulement dispensé
de subir le surplus de la peine principale. Les peines accessoires et complémentaires subsistent. La
libération conditionnelle peut être remise en cause lorsque les mesures ordonnées ne sont pas respectées.
L’expiration sans incident du délai fixé rend la peine réputée exécutée depuis le jour de l’exécution et le
condamné est définitivement libéré. Elle ne rend pas caduque la condamnation qui serait inscrite au casier
judiciaire et fait obstacle au sursis.
A- La Prescription de la sanction
Cette prescription repose sur l’idée selon laquelle au bout d’un certain temps écoulé sans
exécution effective de la sanction, celle-ci ne peut être poursuivie.
Il convient de présenter le domaine de la prescription avant de voir les effets.
Domaine de la prescription : La prescription s’applique à des peines devenues exécutoires ; ce qui
épargne la peines avec sursis. Elle ne concerne pas les mesures de sûretés et les condamnations civiles. La
condition essentielle repose sur le délai. Ainsi la prescription est acquise en matière contraventionnelle au
bout de 2 ans, et 5 ans en matière de peine correctionnelle et 20 ans en matière de peine criminelle. Elle
est de 20 ans en matière de trafic des stupéfiants. La prescription court à partir de jour où le jugement ou
la décision a acquis l’autorité de la chose jugée. Le délai peut être suspendu ou interrompu en cas de force
majeur (occupation du territoire).
Effets de la prescription : La peine est réputée exécutée et la prescription s’impose à toutes les autorités
publiques. La condamnation subsiste cependant au casier judiciaire et peut constituer le 1 er terme de la
récidive ou constituer un obstacle au sursis. Elle n’affecte pas non plus la condamnation civile et les frais
de justice.
B- La Grâce
La grâce est une prérogative présidentielle en vertu de laquelle un individu reconnu coupable et
définitivement condamné se trouve soustrait en tout ou partie à l’application de la sanction. Il convient de
présenter le domaine de la grâce et ses effets.
Le domaine d’application de la grâce : Son domaine est assez vaste. Elle s’applique à toutes les peines
politiques ou de droit commun et quelle que soit la gravité des faits. Elle bénéficie à tous les délinquants
quels qu’ils soient. Elle ne peut cependant être accordée que lorsque la condamnation est devenue
définitive et exécutoire.
La procédure commence par une requête adressée par voie hiérarchique au procureur de la
République qui le transmet au Président de la République sous couvert de Ministre de la Justice, garde
des sceaux. Elle est accompagnée par le projet de décret présidentiel contresigné par le Premier Ministre.
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Les Effets de la grâce : La grâce dispense le condamné de l’exécution de la sanction prononcée. Celle-ci
est réputée exécutée mais les peines accessoires et complémentaires subsistent sauf dispositions contraires
contenues dans le décret. La condamnation initiale subsiste cependant avec toutes ses conséquences.
A- L’amnistie
Notion : Etymologiquement l’amnistie est la perte de mémoire. C’est la forme ancienne du pardon de la
société qui consiste à faire tomber dans l’oubli certains actes délictueux et leurs conséquences. Son effet
essentiel est d’ôter rétroactivement à certains faits leur caractère délictueux. Ces faits sont réputés ne
jamais avoir existé et réprimés par la loi. Toutes les conséquences pénales s’effacent. Mesure
exceptionnelle ayant trait à l’élément légal, l’amnistie ne peut être décidée que par le législateur.
L’amnistie peut être pure et simple, réelle ou personnelle. Elle peut être également conditionnelle (sous
réserve de paiement d’amende ou de frais de justice).
Les Effets : L’effet principal de l’amnistie est de faire disparaître rétroactivement le caractère délictueux
de l’infraction. Celle-ci est réputée ne jamais avoir existé. Elle rend nulle et non avenue la condamnation,
et l’exécution de la sanction devient impossible. Elle bénéficie à tous les protagonistes des faits et la
condamnation disparaît du casier judiciaire. Elle n’efface pas cependant une peine déjà exécutée et ne fait
pas obstacle à l’action en réparation civile de la victime ou de tiers.
B – La réhabilitation
La réhabilitation est une institution qui a pour but de rendre à un individu la situation légale qu’elle avait
perdue après la condamnation. Elle est sollicitée par le condamné et son octroi est conditionné.
Les conditions d’octroi de la réhabilitation : La réhabilitation est octroyée lorsque la peine est déjà
exécutée. Elle peut être légale ou judiciaire. La demande faite par l’intéressé est adressée au procureur de
la République qui, après enquête et avis du juge d’application des peines la transmet à la chambre
d’accusation seule compétente. Cette dernière peut l’accorder ou la refuser.
Les effets : La réhabilitation efface la condamnation et fait cesser toutes les incapacités pour l’avenir.
Qu’elle soit légale ou judiciaire la réhabilitation fait disparaître la condamnation du casier judiciaire et
ne fait pas obstacle au sursis. La condamnation effacée ne compte pas pour la récidive.
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PLAN DU COURS
INTRODUCTION GENERALE
PREMIER PARTIE
L’INFRACTION PENALE ET LA PARTICIPATION CRIMINELLE
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Paragraphe I - Les infractions de droit commun et les infractions politiques
Paragraphe II – Les infractions militaires et les infractions du droit commun
Paragraphe III : Les infractions du droit commun et les infractions terroristes
DEUXIEME PARTIE
LA SANCTION PENALE
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Paragraphe II - La nécessité du respect de la dignité humaine
Paragraphe III - La nécessité de l’intervention judiciaire
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BIBLIOGRAPHIE
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