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PRESIDENCE REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

Piyau nesta wilfried


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COORDINATION Unité – Dignité – Travail
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DIRECTION DES ETUDES
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DEUXIEME ANNEE DE LICENCE EN DROIT

COURS DE

DROIT PENAL GENERAL

INTRODUCTION GENERALE

Il est important tout au début de notre étude de situer le droit pénal général dans
l’ensemble des sciences criminelles afin de mieux le définir (Paragraphe I) et d’étudier son
évolution (Paragraphe II).

Paragraphe I – Droit pénal et sciences criminelles


Dans tous les pays et à toutes époques, il se commet un certain nombre d’infractions à ce
que le groupe social considéré estime être les règles fondamentales de la vie. Ce phénomène
qualifié de phénomène criminel est étudié par diverses disciplines. On groupe sous le nom de
sciences criminelles, l’ensemble des disciplines qui étudient, avec des méthodes variées le
phénomène criminel.

1
Il existe des disciplines à vocation juridique, des disciplines à vocation scientifique 1 et
des disciplines de synthèse 2
Nous allons mettre de côté les disciplines à vocation scientifique et la discipline de
synthèse pour ne considérer que les disciplines juridiques répressives qui constituent ce qu’on
appelle le droit pénal.
Selon Levasseur, le droit pénal est la branche du droit positif qui a pour objet l’étude de
la répression et de la prévention individuelle par les pouvoirs publics des agissements de nature
à créer un trouble dans la société.
Le droit pénal ainsi défini est composé de trois disciplines fondamentales qui sont : le
droit pénal spécial, le droit pénal général et la procédure pénale.
Le droit pénal spécial (DPS) s’intéresse à la théorie de chaque infraction particulière.
Pour chacune d’elle, il définit et décrit les éléments constitutifs, la sanction prévue et les
particularités procédurales dont sa poursuite spécifique peut être affectée.
Le droit pénal général (DPG) l’ensemble des règles de fonds applicables quelle que soit
la nature particulière de l’infraction en cause. C’est au regard du DPG que la question de la
légalité sera examinée (interprétation, conflit de lois, disparition de l’élément légal). C’est au
regard du DPG que l’on s’interrogera si l’infraction est consommée tentée et si la tentative est
punissable. C’est au regard du DPG que vont s’apprécier les questions de la culpabilité et de
l’imputabilité. C’est encore au regard du DPG que va s’apprécier le degré de participation
criminelle du délinquant (auteur, coauteur, complice). C’est enfin au regard du DPG que le juge
précisera la mesure de la sanction (circonstances aggravantes, circonstances atténuante, excuses
etc.).
La procédure pénale quant à elle est l’ensemble des règles qui définissent la manière de
procéder pour la constatation des infractions, l’instruction préparatoire, le jugement et les voies
de recours.

Paragraphe II – L’évolution du droit pénal


Des origines de l’humanité à nos jours, le droit pénal a connu une longue et complexe
évolution que les praticiens du droit ont pris l’habitude de diviser en deux grandes périodes : des
origines à 1810 (A) et après 1810 (B).

A – L’évolution du droit pénal jusqu’en 1810


Cette première période assez longue peut être subdivisée en diverses phases : déclin de la
justice privée, ancien droit, conquêtes légalistes et codes napoléoniens.

1°) - Déclin de la justice privée


Au commencement fut le règne de la force car au sein du groupe social primitif existait
une autorité domestique qui imposait ses préceptes et en réprimait les violations sous forme de
guerre ou de vengeance non organisée (règlement de compte). Cette forme de réaction sociale
vis-à-vis du crime devait menacer la survie des clans qui ont réagi par l’organisation d’une
justice privée rendue par les intéressés eux-mêmes.
L’évolution de la vengeance privée a pris plusieurs formes : abandon noxal (le coupable d’un
crime injustifié était abandonné au clan adverse) ; loi du Talion (œil pour œil, dent pour dent) ;
composition pécuniaire (tarification de la vengeance : tel somme d’argent pour un œil) ; lieux
d’asile (interdiction de la vengeance dans certains endroits).
Avec l’organisation de l’Etat, la justice privée connaît un déclin surtout en France dès le
XVIème siècle selon l’adage « toute justice émane du roi ». Cette réalité était clairement

1
Les disciplines scientifiques sont la criminalistique et la criminologie. La criminalistique est l’ensemble des disciplines faisant
appel à des considérations médicales ou des sciences exactes pour établir les infractions  : anthropométrie (étude des
caractéristiques extérieures telles que la photo, les signes particuliers, empreintes digitales). La criminologie est l’étude
scientifique du phénomène criminel (on retrouve l’anthropologie de Lombroso, la classification des délinquants selon les signes
physiques).
2
- La discipline de synthèse : C’est la science pénitentiaire (branche du droit pénal régissant l’exécution des peines).

2
exprimée par un célèbre criminaliste de l’époque, Mr ARGOU qui a dit : « La vengeance est
interdite aux hommes. Il n’y a que le roi qui puisse exercer par ses officiers, en vertu du pouvoir
qu’il tient de Dieu ».

2°) - L’ancien droit


L’ancien droit est la phase de l’évolution du droit pénal qui va du XVIème siècle à la
Révolution. Il se caractérise par l’arbitraire et sa rigueur.
L’arbitraire : les coutumes ont déterminé les infractions et les peines conséquentes. Donc le juge
ne condamnait pas pour n’importe quel fait et à n’importe quelle peine. Le roi pouvait à sa guise
faire emprisonner (lettre de cachet) ou faire cesser les poursuites (lettre de grâce, lettre
d’abolition de procédure). Certaines catégories de personnes, nobles, ecclésiastiques,
bénéficiaient de privilèges quant aux juridictions et quant aux peines encoures.
La rigueur : la répression se manifestait dans la cruauté de certaines peines (fouet, galère, mort
par le feu) ou dans l’oppression de la procédure qui cherche l’aveu, preuve décisive par la
torture. La procédure est secrète, non contradictoire ; l’accusé est à la merci du juge, il ignore ce
qu’on lui reproche et doit se taire quand on ne le fait pas parler. C’est ce qu’on appelle
l’inquisition qui fut dénoncée par les partisans des conquêtes légalistes.

3°) - Les conquêtes légalistes


Les conquêtes légalistes ont trouvé leur origine dans la publication du traité de l’italien Beccaria
en 1764. L’ouvrage fut un réel succès et a contribué à la révolution française. En réaction contre
les vices du système inquisitoire, il préconise l’égalité et la modération dans la répression.

L’égalité : tous doivent être traité de la même façon. Il faut qu’un texte (expression de la volonté
populaire = loi) qui définissent les infractions et fixe les peines encourues soit porté à la
connaissance des citoyens. C’est le célèbre principe de la légalité des peines et des délits de
Montesquieu (contrat social).

La modération : la peine n’a de raison d’être que par son utilité. Il na s’agit plus de faire expier le
coupable. Il faut l’empêcher de rechuter dans l’avenir. Désormais toute personne poursuivie est
présumée innocente. La procédure doit être accusatoire : publique et contradictoire.
La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 a consacré ce courant de pensée à
travers les articles 53, 64, 85 et 96.

4°) - Les codes napoléoniens


Il est question d’étudier ce que Napoléon 1 er a fait de ces grands principes. Les codes
napoléoniens ont concilié l’ancien droit vieux de 2 siècles et les idées issues de la révolution.
Quant à la répression, la modération fut quelque peu laissée de côté. On est revenu à la rigueur
des peines avec les châtiments corporels (carcan, marque au fer rouge, amputation du poing). Ce
retour à la rigueur s’explique par le fait que durant la période révolutionnaire avec ses
tourmentes le brigandage et les pillages se sont répandus, ajouté au fait que certains auteurs
comme Kant défendait la justice absolue pour une bonne intimidation.
Par contre le principe de la légalité a gardé toute sa force7.

B – L’évolution du Droit Pénal depuis 1810

3
« La loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société … ».
4
« La loi est l’expression de la volonté générale. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse … »
5
« La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi
établie et promulguée antérieurement au délit … ».
6
« Tout homme est présumé innocent jusqu’à c qu’il ait été déclaré coupable … »
7
Voir article 4 CPF « Nulle contravention, nul crime, nul délit ne peuvent être puni de peines qui étaient prononcées par la loi
avant qu’ils ne fussent commis ».

3
Trois écoles successives ont influencé l’évolution du droit pénal depuis 1810. Il s’agit de
l’école néo-classique, positiviste et de la défense nouvelle sociale.
1°) – Ecole néo-classique :
L’école néo-classique qui s’est développée de 1830 à 1870 se résume par la maxime
« punir pas plus qu’il n’est juste, et pas plus qu’il n’est nécessaire ». Elle a prôné la modération
de la peine (Beccaria) ; mais celle-ci doit être modulée en fonction du degré de responsabilité
morale du délinquant (on redonne aux juges un large pouvoir d’appréciation). Cette école fut un
échec. Le nombre de crimes commis augmente et l’effet intimidant de la peine fut nul.

2°) – Ecole positiviste :


Le médecin italien Lombroso en fut le promoteur dans son ouvrage publié en 1876 :
l’homme criminel. L’idée dominante est le déterminisme. Le destin de chaque homme est scellé
à l’avance. On ne peut reprocher à l’homme ce qui ne dépend pas de lui. Par conséquent toute
responsabilité morale est à bannir. On ne parlera plus de peine, mais de mesure de sûreté décidée
en raison de l’état dangereux (témérité). On institua en 1891 le sursis pour le délinquant
primaire.

3°) – Ecole de la défense nouvelle sociale :


Le promoteur en France est Mr Marc ANCEL dans son livre : Défense sociale nouvelle
qui fut publié en 1954. Il s’agit de définir une politique criminelle humaniste. Reprenant certains
principes de l’école positiviste, elle rejette cependant le déterminisme. La peine est un traitement
nécessaire à la défense de la société tout en permettant au délinquant de retrouver ses droits et
ses responsabilités. L’apport de cette école a été essentiel dans le développement des mesures
protectrices en faveur des délinquants mineurs (mesure d’assistance, de surveillance et
d’éducation)

PREMIER PARTIE
L’INFRACTION PENALE ET LA PARTICIPATION CRIMINELLE

Trois grandes rubriques seront étudiées dans cette première partie du cours. Ce sont : la structure
de l’infraction (Tire I), la classification des infractions (Tire II) et la participation criminelle (Tire III).

TITRE I – LA STRUCTURE DE L’INFRACTION

L’infraction est une action ou une omission prévue et punie par la loi. On suppose que cette
action a été accomplie matériellement ou réputée accomplie par une personne douée d’une volonté libre,
consciente et éclairée. De cette définition, il en résulte trois conditions qui doivent être remplies pour
qu’un fait soit qualifié d’infraction. Il s’agit des éléments constitutifs qui sont : l’élément légal (Chapitre
I), l’élément matériel (Chapitre II) et l’élément moral ou intentionnel (Chapitre III). Une tendance
moderne tend à admettre à côté de la trilogie classique, un quatrième élément : l’élément injuste.

CHAPITRE 1 – L’ELEMENT LEGAL DE L’INFRACTION

L’article 2 NCPCA, qui une fidèle reproduction de l’ancien article 4 CPF dispose : « Nul crime,
nul délit, nulle contravention, ne peuvent être puni de peines qui étaient prononcées par la loi avant
qu’ils ne fussent commis ». C’est l’affirmation formelle du principe de la légalité des peines et délits
(Section I). L’étude du principe de la légalité nous conduira à aborder successivement les différentes
expressions de l’élément légal (Section II) et les cas de disparition de l’élément légal (Section III).

SECTION I – LE PRINCIPE DE LA LEGALITE DES PEINES ET DELITS

4
Le principe de la légalité des peines et des délits est l’un des principes fondamentaux du droit
pénal. Ce principe est appliqué probablement depuis des temps fort anciens. Il n’a cependant été identifié
et conceptualisé qu’au Siècle des Lumières; il est généralement attribué à Cesare Beccaria. On notera
pourtant que Montesquieu, dès 1748, indique dans l'Esprit des lois (Livre XI, ch. VI, De la Constitution
d'Angleterre) : « Les juges de la Nation ne sont que la bouche qui prononce les paroles de la loi ».
Compte tenu de son importance, le principe de la légalité délits et des peines a eu des échos sur le plan
international8.
Le principe de la légalité des délits et des peines mérite d’être précisé dans son contenu (Paragraphe I).
Les conséquences qui s’en dégagent sont très importantes (Paragraphe II). Cependant il convient de noter
que ce principe au fil du temps a connu une évolution (Paragraphe III).

Paragraphe I – Signification et justification du principe

Le principe de la légalité des délits et des peines est la règle selon laquelle la répression pénale doit
être l’œuvre du législateur. Il est exprimé traditionnellement par l’adage latin « nullum crimen nulla
poena sine lege ». Il signifie que :
1. nul ne peut être poursuivi qu’en vertu d’une règle de loi préexistante à son acte ;

2. cette règle doit être une loi au sens formel du terme c’est-à-dire un texte voté par le parlement,
censé exprimer la volonté populaire9.

3.
Le principe est donc une conjugaison de la crainte de l’arbitraire exprimée par BECCARIA, et
l’exaltation de la volonté populaire chère à MONTESQUIEU. En cela il est protecteur tant des intérêts de
la personne poursuivie que de ceux de la société.
D’une part, l’exigence d’une règle préalable à la poursuite est une garantie des libertés individuelles ;
le délinquant en puissance doit être suffisamment averti sur les conséquences de ses actes, sur leur
caractère licite ou illicite.
D’autre part, le pouvoir d’intimidation attaché à la loi préalablement établie pourrait déterminer le
délinquant en puissance à maîtriser ses inhibitions préjudiciables à la société.

Paragraphe II – Les conséquences du principe

Le principe entraîne des conséquences à l’égard du législateur (A) et à l’égard du juge (B).

A – Les conséquences à l’égard du législateur

8
- Le principe de légalité s'est répandu et a fait l'objet d'une certaine reconnaissance au niveau international, avec
une sanction juridique plus ou moins efficace : Article 11, alinéa 2 de la Déclaration universelle des droits de
l'homme de 1948 « Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises,
ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune
peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis.  » ; Pacte international
relatif aux droits civils et politiques « Nul ne sera condamné pour des actions ou des omissions qui ne constituaient
pas un acte délictueux d'après le droit national ou international au moment où elles ont été commises. » ; Convention
européenne des droits de l'homme (article 7§1) « Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui,
au moment où elle a été commise, ne constituait pas une infraction d'après le droit national ou international » ; En
Allemagne(article 103, al. 2 de la Loi fondamentale) « Un acte n'est passible d'une peine que s'il était punissable
selon la loi en vigueur avant qu'il ait été commis. » aux États-Unis (le Ve amendement à la Constitution de 1787)
« Nul ne pourra, dans une affaire criminelle, être obligé de témoigner contre lui-même, ni être privé de sa vie, de sa
liberté ou de ses biens sans procédure légale régulière ».
9
- Le principe de légalité donne le pouvoir de définition des infractions et des peines au parlement. Cette attribution
correspond à la foi parlementariste des révolutionnaires : le parlement, exprimant la volonté générale, ne peut mal
faire ; c’est à lui que doit être confiée la sauvegarde des libertés. Cette vision diffère beaucoup de l’approche anglo-
saxonne, et plus particulièrement nord-américaine, dans laquelle le juge est perçu comme le protecteur des citoyens
contre le pouvoir étatique et ses dérives tyranniques.

5
Les conséquences du principe à l’égard du législateur sont au nombre de trois. Ce sont
l’obligation de faire des lois non rétroactives, l’obligation de rester maître de la répression et l’obligation
de faire des textes clairs.
a) – L’obligation de faire des lois non rétroactives : Le principe de légalité ne serait rien sans son
corollaire : le principe de la non-rétroactivité pénale. En effet, où serait la sécurité juridique si des lois,
votées par le parlement et très précises, venaient régir des situations antérieures à leur publication ou
étaient étendues par les juges à des cas qu’elles ne visent pas ? Il est inconcevable d’incriminer ou de
poursuivre des faits antérieurs commis avant l’entrée en vigueur de la loi. Le contraire serait exposer le
justiciable à l’arbitraire, la répression manquerait d’objectivité car la loi s’appliquerait à des personnes
déjà identifiées. De plus, le délinquant n’aurait pas été prévenu des conséquences de son acte. La non
rétroactivité s’applique rigoureusement aux lois de fond car elles f ixent les limites de la liberté
individuelle. Il est donc essentiel que chaque citoyen puisse, à tout moment, connaître les limites
de sa liberté sans être par la suite surpris dans ses prévisions par une loi rétroactive.
b) – L’obligation de rester maître de la répression : un procès pénal est une menace aux libertés
fondamentales de l’individu. Il est donc normal que l’incrimination et la détermination de sanctions
applicables en tant que prérogatives essentielles d’un Etat soient l’œuvre du législateur
c) – L’obligation de faire des textes clairs : le législateur a le devoir de préciser les éléments constitutifs
de l’infraction, c’est-à-dire indiquer la nature précise et la liste des faits susceptibles de constituer une
infraction sans oublier de déterminer le quantum des peines applicables à chaque infraction.

B – Les conséquences à l’égard du juge

Les conséquences du principe à l’égard du juge sont au nombre de deux. Ce sont l’obligation de
qualification et l’obligation d’interprétation restrictive.
a) - Obligation de qualification : Tout comme le médecin qui avant d’administrer un traitement pose son
diagnostic, le juge pénal avant de poursuivre ou condamner doit qualifier les faits qui lui sont exposés en
les rattachant à un texte de loi. En pratique, il s’agit pour lui de qualifier ou encore de donner un nom
pénal aux faits reprochés. La qualification est une question de droit soumise au contrôle de la Cour de
cassation10.
b) - Obligation d’interprétation restrictive :
La séparation entre les fonctions législatives et judiciaires au sein des pouvoirs publics interdit en
principe au juge sous prétexte d’interpréter la loi, d’y ajouter quelque chose ou de la combler. Le juge ne
peut donc en aucun cas créer de nouvelles incriminations et de nouvelles peines. De
même, le juge ne peut pas compléter une loi qui a des lacunes ou appliquer une autre
sanction que celle prévue. Il est également interdit au juge d’étendre le champ d’application
d’une infraction (Exemple : Crim., 3 juin 2004 est cassé l’arrêt appliquant l’abus de bien sociaux, ne
concernant que les dirigeants de certaines sociétés, au dirigeant d’une société étrangère).
Ce principe de légalité formelle interdit au législateur de renvoyer au pouvoir réglementaire la
définition d’une infraction ou d’une peine. Ainsi dans sa décision sur la loi RESEDA en 1998 le Conseil
constitutionnel a censuré la disposition qui prévoyait que ne pourraient être poursuivies pour aide au
séjour d’étrangers en situation irrégulière les associations humanitaires figurant sur une liste dressée par
le ministre de l’Intérieur. En effet, cette disposition faisait dépendre l’application de la loi pénale d’une
décision du pouvoir exécutif.
De plus, il faut ajouter que cette obligation d’interprétation restrictive n’est pourtant
pas absolue, car il est permis au juge d’appliquer un texte de loi prévue pour une situation
donnée à une situation non prévue pourvu qu’elle entre dans la formule légale (voir infra). Il
convient de rappeler à juste titre les idées de Portalis : « En matière criminelle, il faut des lois
précises et pas de jurisprudence ».
Ce n’est pas seulement la compétence formelle du parlement qui est en jeu. La prévisibilité est un élément
essentiel dans le principe. Le droit pénal doit être accessible et prévisible, comme le soulignait déjà
Portalis au début du XIXe siècle : « Le législateur ne doit point frapper sans avertir : s’il en était

10
- Il peut arriver que les juges du fonds se trompent dans la qualification La Cour de Cassation utilise la théorie de la peine
justifiée si la peine prononcée est celle encourue par rapport à la qualification légale. Elle casse la décision des juges du fonds par
retranchement sans renvoi car l’erreur de qualification ne porte pas préjudice aux intérêts du délinquant.

6
autrement, la loi, contre son objet essentiel, ne se proposerait donc pas de rendre les hommes meilleurs,
mais seulement de les rendre plus malheureux » 11.

Paragraphe III – L’évolution du principe de la légalité des délits et des peines

Quoique bien fondé, le principe de la légalité a connu quelques tempéraments.


Pour les positivistes la priorité doit être accordée au délinquant dans le traitement du crime. Or le
législateur n’est pas capable de déterminer tous les actes qui troublent l’ordre public notamment l’état
dangereux. Pour ce faire, il convient de laisser le juge libre de prendre toute mesure appropriée en
fonction de la personnalité du délinquant.
Pour les totalitaires l’intérêt de la collectivité doit primer sur celui de l’individu. Le délinquant
pourrait échapper à toute poursuite par son ingéniosité ou son imagination. Il convient de laisser la
latitude au juge de punir en fonction d’un acte non incriminé
Ces critiques ont amené quelques tempéraments au principe de la légalité des délits et des peines.
Evoquant ce fait, certains auteurs parlent même du déclin du principe du principe car s ous la révolution,
le juge devait appliquer tout un système de peines fixes, et ce système était très rigoureux.
Aujourd'hui, l'application est beaucoup plus simple, cependant, elle va toujours dans le sens
de l'indulgence et toujours dans les limites légales. Selon ces auteur, le déclin du principe se
manifeste d'une façon plus grave par la diminution du nombre des infractions "étroites"
(exemple d'infraction étroite : le vol, la soustraction frauduleuse de la chose appartenant à
autrui.) au profit de définitions plus vagues (Exemple d'infraction large : Tout acte qui d'une
manière quelconque…).

A l’égard du législateur : depuis la constitution du 4 octobre 1958, il n’est plus maître de la répression.
La matière est disputée entre le pouvoir exécutif et législatif, notamment les contraventions sont du
domaine du règlement (voir supra).
1. La non rétroactivité ne s’applique pas aux lois de fond plus douces qui sont favorables aux
personnes poursuivies. C’est ce que l’on appelle la rétroactivité « in mitius » énoncée par l’article
112-1 al. 3 NCPF : « les dispositions nouvelles s’appliquent aux infractions commises avant leur
entrée en vigueur et n’ayant pas donné lieu à une condamnation passée en force de chose jugée
lorsqu’elles sont moins sévères que les dispositions anciennes ». Lorsque la condamnation est
passée en force de chose jugée lors de l’entrée en vigueur de la loi nouvelle, cette condamnation
doit être exécutée sauf cas de l’article 112-4 al. 2 NCPF lorsque la condamnation a été prononcée
pour un fait qui n’est plus incriminé (la loi nouvelle ayant supprimé l’incrimination). C’est le cas
des lois d’amnistie (oubli).
2. Quant aux lois de procédure ou de forme : le principe est l’application immédiate de la loi
nouvelle. Par exemple lois de compétence et d’organisation judiciaire, lois fixant les modalités de
poursuite et les formes de la procédure, lois relatives au régime d’exécution et d’application des
peines, lois relatives à la prescription de l’action publique et à la prescription de la peine, lois
relatives à la nature et aux cas d’ouverture de voies de recours ainsi qu’aux délais de leur exercice

A l’égard du juge : dans son rôle d’interprétation de la loi, il a des pouvoirs élargis. Il faut malgré tout
lui reconnaître un certain pouvoir d'appréciation. Le texte peut être absurde. Dans ce cas, il est
par exemple admis que le juge n’est pas lié par la lettre du texte et qu’il peut se référer à la
volonté du législateur lorsque le texte manque de précision. Un célèbre décret de 1917 interdisait
aux voyageurs de « descendre des trains ailleurs que dans les gares et lorsque le train est
complètement arrêté », ce qui, littéralement, obligeait les voyageurs à sauter du train en marche.
Par arrêt du 8 mars 1930, la Cour de cassation a approuvé la condamnation d’un voyageur qui
était descendu d’un train en marche, considérant qu’il fallait redonner au texte son sens évident.
Il s’agit d’une interprétation téléologique, stricte, d’un texte pourtant clair et précis.
Dans le cas du texte obscur, le juge doit rechercher l'intention du législateur. S'il n'y parvient pas, il doit
appliquer le texte dans le sens le plus favorable au prévenu. Le raisonnement par analogie n'est pas admis,
11
- On lirait avec intérêt les dispositions de l’arrêt Sunday Times de 1979 de la Cour européenne des Droits de l’Homme, mettant
en évidence les « qualités » de la loi pénale. Le Conseil constitutionnel a également repris l’exigence de prévisibilité, qui impose
une certaine précision de la loi pénale, dans sa décision du 18 janvier 1985 (censure du délit de malversation - faute de définition
de la malversation). Voir aussi arrêt Cantoni contre la France de 1996 ; arrêt « Perben II » du Conseil constitutionnel du 2 mars
2004 ; Cass. Crim. 20 février 2001.

7
ainsi en fût-il des grivèleries : une personne se fait servir un repas dans un restaurant sans pouvoir payer.
Avant le vote d'une loi réprimant ce comportement en 1815, la Cour de cassation cassa systématiquement
les décisions de condamnation. Ce n'était pas un vol, il a donc fallu le vote d'une loi prévoyant la
répression de la filouterie d'aliment et d'hôtel. De même dans les années 1830, l'usage de l'automobile se
répandant, des personnes font remplir leur réservoir et ne peuvent pas payer. La cour de cassation casse
les décisions élargissant la filouterie d'aliments à celle des carburants, d'où vote d'une nouvelle loi. En
revanche, le juge peut appliquer un texte à des cas que la loi ne pouvait prévoir au moment ou elle fût
votée en raison de l'évolution de la science et de la technique ex : le vol d'électricité. De même, les appels
téléphoniques intempestifs se voient qualifier de voix de fait. Le juge peut moduler les peines entre un
minimum et un maximum. Il peut même par le biais des circonstances atténuantes descendre en dessous
du minimum. De plus, le juge a pu s’aménager une politique de répression qui lui laisse quelques libertés
de manœuvre (par exemple la théorie de la complicité co-respective).

SECTION II – LES DIFFERENTES EXPRESSIONS DE L’ELEMENT LEGAL

La notion de légalité en ce qui concerne les sources de la règle de droit comporte plusieurs
étages : les normes supra-législatives (Paragraphe I), la loi au sens strict (Paragraphe II) et les règlements
(Paragraphe III).

Paragraphe I – Les normes supra-législatives

Les normes supra-législatives sont au nombre de deux. Il s’agit de la constitution et des traités
internationaux.

A – La Charte Constitutionnelle de Transition du 18 juillet 2013

La Charte Constitutionnelle de Transition, norme fondamentale l’emporte sur la loi. Sur le


modèle de la Constitution française, la CCT du 18 juillet 2013 a renforcé l’autorité de la norme
fondamentale sur les actes législatifs par le contrôle effectif de la conformité de la loi à la constitution aux
termes de l’article 76 CCT : « Il est institué une Cour Constitutionnelle de Transition chargée de:

- juger de la Constitutionnalité des lois organiques et ordinaires, déjà promulguées ou


simplement votées, des règlements, ainsi que du Règlement intérieur du Conseil National de
Transition; … ».

Il faut ajouter que la Loi fondamentale qu’est la CCT, en tant que source du droit pénal pose
certains principes fondamentaux qui sous tendent la loi au sens strict. Ces principes
constitutionnellement consacrés sont :
 Le droit à la vie et à l’intégrité physique ;
 L’interdiction du viol, de la soumission à la torture, aux sévices, traitements cruels,
inhumains, dégradants ou humiliants ;
 La prohibition de l’arrestation et de la détention arbitraire ;
 La présomption d’innocence ;
 Le principe de la non rétroactivité de la loi pénale ;
 Le droit à la défense devant toutes les juridictions ;
 Le droit pour tout détenu de se faire examiner et soigner par un médecin de son choix ;
 L’inviolabilité de la liberté de la personne.

B – Les traités internationaux

Aux termes de l’article 97 CCT : « Les Traités ou Accords régulièrement ratifiés ou


approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour
chaque Accord ou Traité de son application par l'autre partie ».

8
Par conséquent, le juge pénal doit refuser d’appliquer une loi qui contredirait un traité
international. Dans le même ordre d’idées, les actes de procédure posés en violation d’une convention
internationale sont nuls12.
En ce qui concerne le droit pénal et la procédure pénale, un certain nombre de traités internationaux,
visés par le préambule de la Constitution sont à signaler. Il s’agit de :
 la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 1 er décembre 1948 ;
 les Pactes internationaux du 16 décembre 1966 relatifs aux droits économiques, sociaux et
culturels d’une part et des pactes relatifs aux droits civils et politiques d’autre part ;
 la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples du 27 juin 1981.

Paragraphe II - Les lois au sens strict

Sont lois au sens strict du terme les lois votées par le parlement. En matière pénale, elles
interviennent dans la détermination des crimes et des délits ainsi que les peines applicables et en matière
d’amnistie (article 58, 1, 7° CCT).
Les différentes dispositions légales reproduites sous forme d’articles sont regroupées dans le
Code pénal.

A – Le Code pénal de 1961

Le premier Code pénal centrafricain a été créé en 1961 par la loi 61/239 du 18 juillet 1961. Ce
Code puise son origine dans le vieux Code français de 1810 et n’a pas du tout été influencé par les idéaux
de l’après-guerre. On peut lui reprocher ce qui a été reproché au Code de 1810. Il est attaché à l’étude de
l’infraction alors que la répression doit être calquée sur la personnalité du délinquant à punir en fonction
du danger qu’il représente pour la société (Ecole positiviste). On reproche également au code de 1810 de
n’avoir pas mis l’accent sur la réinsertion sociale du délinquant (Mouvement de la défense sociale
nouvelle). Il en résulte que le Code de 1961 était vétuste et ne répondait plus aux exigences actuelles
caractérisées par l’apparition de multiples infractions nouvelles liées au développement de la société, de
la technologie et à l’évolution des mœurs.

B) – Le nouveau Code pénal

De ce qui précède, les pouvoirs publics ont adopté un nouveau Code pénal, promulgué par la Loi
n° 10.001 du 6 janvier 2010, portant Code pénal centrafricain. Ce nouveau Code apporte des innovations
remarquables. Il permet d’aligner la législation de notre pays sur les instruments juridiques internationaux
notamment : le statut de Rome, le traité OHADA, les différentes conventions internationales ratifiées.
Les principales innovations concernent :
1. Les crimes et les délits contre les personnes (délaissement d’enfant, pédophilie, acte de
pornographie, l’avortement thérapeutique, la traite des personnes)
2. Les crimes et délits contre la personne humaine (les génocides, les crimes contre l’humanité, les
crimes de guerre)
3. Les crimes et délits contre les biens (blanchiment d’argent)
4. Les infractions en matière commerciales (précisons d’incriminations relatives au droit pénal des
affaires en conformité avec le Traité de l’OHADA)
5. Quelques infractions particulières (Drogues et stupéfiants, appels téléphoniques malveillants,
provocation au suicide, exposition d’autrui à un risque de mort, recherches biomédicales illicites,
trafic illicite de migrants, infractions relatives à la fabrication, détention, introduction et usage
d’armes à feu et de munitions)
6. Les crimes et délits contre la Nation, l’Etat et la paix publique (atteintes à la navigation aérienne
et aéroportuaire, les navires, les personnes jouissant de protection internationale, les prises
d’otages, les infractions commises à l’explosifs, les matières nucléaires et autres engins
meurtriers, le financement du terrorisme etc., les fraudes dans les examens et concours publics).
12
- L’on peut citer 2 exemples d’arrêts rendus par la Cour européenne le 24 avril 1990 (affaire Huvig et Kruslin
contre la France) qui ont déclaré contraires à la Convention européenne (notamment son article 8 qui protège la vie
privée de toute personne) des écoutes téléphoniques même ordonnées judiciairement. Ces solutions ont conduit à
l’adoption en France de la loi du 10 juillet 1991 relative au secret des correspondances réalisées par la voie des
télécommunications.

9
Paragraphe III – Les règlements administratifs

Les règlements administratifs sont des textes émanant de l’administration (pouvoir exécutif) :
Président de la République, Premier Ministre, Ministres, Préfets, Maires. Ils sont classés selon leur forme
et selon la hiérarchie en décrets, arrêtés. La régularité des règlements administratifs est appréciée par les
tribunaux administratifs.
En ce qui concerne la force de ces règlements, une distinction mérite d’être faite selon qu’ils traitent de
crimes et des délits ou des contraventions.

A- En matière de crimes et des délits

Normalement c’est la loi seule qui peut les édicter (article 58, 1, 8° CCT). Ainsi, il peut arriver
que la loi renvoie pour la définition des éléments constitutifs à des règlements administratifs. Ce fut le cas
pour les délits de chasse. Des décrets et des arrêtés ont été pris pour préciser les hypothèses dans
lesquelles la chasse est prohibée (le gibier, le lieu et la période). Ces règlements sont subordonnés entre
eux et aussi à la loi de laquelle ils tirent leur source. Le juge répressif est en droit de refuser de retenir une
incrimination résultant d’un règlement contraire à un règlement supérieur, à la loi ou à une norme supra-
législative.

B – En matière de contravention

Par une lecture combinée des articles 58, 1, 8° et 62 de la CCT, un règlement peut prévoir une
incrimination contraventionnelle et en fixer les peines dans les limites prévues par la loi (art 19 NCPCA -
emprisonnement de 1 jour à 1 mois et une amande de 1.000 F à 100.000 F CFA). N’ayant pas valeur de
loi, ils sont susceptibles de recours pour excès de pouvoir et peuvent se voir opposer une exception
d’illégalité ou d’anticonstitutionnalité devant le juge répressif.

SECTION III – LA DISPARITION DE L’ELEMENT LEGAL

L’élément légal de l’infraction peut disparaître sous l’effet des circonstances dont la réalisation
d’après la loi elle –même justifie l’infraction et lui fait ôter son caractère illégal. L’infraction est ici
justifiée parce que l’acte est commis dans l’intérêt de la société elle-même et son auteur ne peut faire
l’objet de poursuite. C’est à cause de cet effet justificatif du comportement anti social que les auteurs qui
préconisent l’existence d’un quatrième élément constitutif (élément injuste) fondent leur argumentation.
Il existe 4 faits justificatifs dont trois déterminés par la loi (Sous-section I) et un qui est d’origine
jurisprudentielle.
Dans un souci de simplification de leur présentation, il convient d’aborder successivement les faits
justificatifs de l’article 48 NCPCA (Sous-Section I), la légitime défense prévue à l’article 49 NCPCA
(Sous-Section II) et le consentement de la victime (Sous-Section III)

SOUS-SECTION I – LES FAITS JUSTIFICATIFS DE L’ARTICLE 48 NCPCA

Deux faits justificatifs sont prévus à l’article 48 NCPCA. Il s’agit de l’ordre de la loi et le
commandement de l’autorité légitime (Paragraphe I) et l’état de nécessité (Paragraphe II).

Paragraphe I – L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime

Aux termes de l’article 48, al. 1er, 1° NCPCA, il n’y a ni crime, ni délit lorsque l’homicide, les
blessures et les coups étaient ordonnés par la loi et commandés par l’autorité légitime. Ce fait justificatif
sera étudié dans ses conditions et dans son domaine d’application.

A – Les conditions d’application


La justification des faits prévus par l’article 48, al 1 er,1° NCPCA est subordonnée à la réalisation de 2
conditions, en principe cumulative : L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime.
1°) – L’ordre de la loi

10
Il s’agit d’abord d’un ordre formel de loi. Il s’agit ensuite d’une permission de la loi. Par exemple, un
médecin astreint au secret professionnel ne sera pas puni s’il dénonce une maladie endémique. La
solution sera la même si cité en justice, il apporte le témoignage d’un avortement dont il a eu
connaissance dans l’exercice de sa profession (article 148 al 3 NCPCA).
Il peut s’agir enfin d’une permission de la coutume. C’est par la coutume que se justifie le droit de
correction des parents sur leurs enfants 13 ou des instituteurs sur les élèves (Crim 4 décembre 1908 D
1910. 160, Paris 24 mai 1972 GP 1972 II 260). C’est encore par la permission des coutumes qui se
justifient les coups et blessures infligés dans la pratique des sports violents, de façon saine et dans un
esprit de compétition. Il en est de même de la mort survenue à la suite d’une intervention chirurgicale
pratiquée selon les règles de l’art. En revanche, l’observation d’une simple règle d’usage d’un corps de
métiers ne vaut pas ordre de la loi.
2°) – Le commandement de l’autorité légitime
L’autorité visée par le texte ici est l’autorité qui a pour mission de commander l’application de la loi dans
la situation invoquée. Le commandement doit émaner d’une autorité légitime et l’ordre donné doit être
légal.
Autorité légitime : Il s’agit d’une autorité civile politique et militaire compétente au regard de la
Constitution. Ce qui est différent de l’autorité privée : commandement des parents, du conjoint, du patron
etc. (Crim 31 mars 1933 GP 1933. 193).
Ordre légal : Pour autant qu’il émane d’une autorité légitime, un ordre illégal ne peut justifier une
infraction. La question est plus difficile en pratique lorsque le subalterne doit apprécier la légalité de
l’ordre qu’il reçoit de son chef hiérarchique. Les auteurs sont partagés sur cette question. Deux théories
ont été élaborées. La première est la théorie de l’obéissance passive. Le subalterne doit au nom de
l’efficacité du service public exécuter sans discuter les ordres qu’il reçoit. L’acte serait ici justifié à
l’égard de l’agent et seule la responsabilité du supérieur hiérarchique serait retenue. La seconde théorie
est celle des baïonnettes intelligentes. Selon cette doctrine, un ordre illégal ne doit pas être exécuté et
l’agent qui l’applique encourt sanction. La doctrine moderne a opté pour une position intermédiaire et
distingue selon le degré d’illégalité de l’ordre. Un ordre en apparence légal justifie l’acte de l’agent ;
tandis qu’un acte manifestement illégal ne vaut pas fait justificatif.

B – Le domaine d’application

L’article 48 NCPCA a une portée bien plus étendue. Bien que classé dans la section « homicides,
coups et blessures », ce texte ne s’applique pas seulement aux crimes et délits de sang. De l’avis unanime
de la doctrine et de la jurisprudence, ce texte établit un fait justificatif de portée générale et vaut pour
toutes les infractions quelles que soient leur nature et leur gravité.

Paragraphe II – L’état de nécessité

Avant la réforme du 2010, l’état de nécessité était un fait justificatif jurisprudentiel. Le nouveau
Code pénal, promulgué par la Loi n° 10.001 du 6 janvier 2010, portant Code pénal centrafricain en a fait
un fait justificatif par détermination de la loi (art 48 al1er, 2°).
L’état de nécessité résulte de la situation dans laquelle une personne est obligée de commettre une
infraction afin de sauver un droit ou un bien. L’exemple classique est celui de la femme qui a dérobé du
pain pour donner à ses enfants qui n’ont pas mangé depuis 2 jours ou encore du médecin qui tue un enfant
à naître pour sauver la vie de la mère. Dans toutes ces situations, il n’y a pas d’infractions au sens de la
loi, car le bien sauvegardé ici par l’effet de l’infraction est de valeur supérieur selon l’adage « nécessité
n’a pas de loi ». Il convient ainsi d’analyser les conditions d’application (A) avant de voir son effet
justificatif (B).

A – Les conditions de l’état de nécessité

13
Il convient cependant de noter que la Cour de cassation a pris position contre ce prétendu droit de correction
(Crim 21 févr. 1967 Bull. n°73). Fidèle à la haute cour, le Tribunal correctionnel de Châteaudun (27 avr. 1972 G.P.,
1972, 2, 561) a affirmé « Il n'est pas permis aux parents d'ériger en système d'éducation de leurs enfants le recours
à la correction ». Cependant les juges du fonds se montrent tolérants mais à condition de ne pas dépasser ce qui est
strictement nécessaire pour l'éducation (Trib. de Police de Bordeaux 18 mars 1981 D.1981.182).

11
Les conditions de l’état de nécessité sont au nombre de 3.
 La nécessité de l’infraction : Le danger auquel est exposé l’agent doit être un péril actuel et
imminent. Il doit être certain sans toutefois être nécessairement grave. Peu importe la nature
physique, matérielle ou morale du péril. La nécessité veut dire que le prévenu n’avait d’autre
choix (c’est la seule voie possible pour éviter le péril).
 L’infraction doit être proportionnelle à la gravité du péril : C’est la condition essentielle de l’état
de nécessité. Le bien sacrifié doit être de valeur moindre que le bien sauvegardé. C’est l’exemple
de l’automobiliste qui pour éviter de renverser un piéton franchit un sens interdit. L’appréciation
de la proportionnalité de l’infraction et du péril est une question de fait qui relève de la
compétence souveraine des tribunaux.
 L’absence de faute préalable de l’agent : Le caractère exceptionnel de l’état de nécessité a amené
la jurisprudence à l’exclure lorsque l’agent a par une faute préalable créée les conditions de la
réalisation du danger. Ainsi n’est pas en état de nécessité le chauffeur d’un camion poids lord qui
s’est aventuré sur un passage à niveau à un moment interdit et qui pour échapper à la collision
avec un train a défoncé la barrière (Rennes 12 02 1954 S. 1954 II 185).

B – Les effets de l’état de nécessité

L’état de nécessité fait obstacle à l’application des peines. Il n’y a pas d’infraction et la
responsabilité pénale ne peut être encourue. On peut légitimement penser que comme sous l’empire du
Code pénal de 1961, l’agent reste tout de même responsable car il serait contraire à l’équité de laisser la
victime seule supporter les conséquences d’une infraction tant qu’elle n’a rien à se reprocher.

N B : Les faits justificatifs prévus à l’article 48 NCPCA (l’ordre de la loi et le commandement de
l’autorité légitime, et l’état de nécessité) ne peuvent être invoqués valablement en cas de commission de
crime de génocide, de crime contre l’humanité et de crime de guerre car ils ne leurs sont pas applicables
(alinéa 2)

SOUS-SECTION II – LA LEGITIME DEFENSE

La légitime défense est prévue par l’article 49 NCPCA. Aux termes de l’alinéa 1 er dudit texte
« L'homicide, les blessures et les coups sont justifiés et n'entraînent pas condamnation lorsqu'ils étaient
commandés par la nécessité actuelle de la légitime défense de soi ou d'autrui ». Par conséquent, il y a
légitime défense lorsque l’infraction a été commise en se défendant ou en défendant autrui contre un fait
injuste. La justification de la légitime défense repose sur le bon sens et les arguments avancés en sa
faveur reposent sur trois idées :
1. La personne qui réagit contre l’attaque a cédé à la contrainte parce qu’elle a perdu son sang froid
et ne fait pas preuve de perversité. L’application d’une peine à l’encontre de l’agent serait donc
injuste ;
2. Lorsqu’une personne est attaquée, il y a deux intérêts en présence : celui de l’agresseur et celui de
l’agressé. Il est conforme à l’intérêt social que la victime soit préférée à l’agresseur.
3. La personne qui a réagi à une attaque contre son intégrité physique ou pour défendre autrui a
exercé non seulement un droit mais un devoir. Elle a suppléé à la défaillance de la société censée
défendre les individus tant dans leur intégrité physique que dans leurs biens. Cette troisième
justification a reçu l’aval de la jurisprudence et de la majorité des doctrines.
Il convient ainsi d’analyser les conditions générale de la légitime défense (Paragraphe I ) avant de
voir les cas de présomption de légitime défense (Paragraphe II), le domaine d’application et les effets de
la légitime défense (Paragraphe III).

Paragraphe I – Les conditions générales de la légitime défense

Ces conditions concernent l’attaque et la défense.


A – Les conditions relatives à l’attaque (agression)

La légitime défense ne peut opérer un effet justificatif que lorsque l’attaque ayant entraîné la riposte
est grave, actuelle et injuste.

12
Attaque = G A I
Riposte = I N M

 Gravité de l’attaque : La gravité est nécessaire à l’appréciation de l’attaque à laquelle on a


riposté. La gravité de l’attaque ne pose pas de problème lorsqu’elle est dirigée contre l’intégrité
physique car ici un simple danger physique contre soi-même peut permettre de recourir à la
légitime défense. En revanche, la légitime défense ne peut être invoquée en cas d’atteinte à
l’honneur (Crim 4 avril 1956 D 1956 I 191).
 L’actualité de l’attaque : C’est une condition requise par la lettre même de la loi. La menace doit
être imminente, réelle et ne doit pas seulement exister dans l’imagination de la personne. C’est
pourquoi, l’on ne peut valablement invoquer la légitime défense dans le cas d’infraction commise
préventivement contre une attaque même si l’on a de bonne raison de s’inquiéter (Nancy 9 mars
1979 D 1979 462).
 Le caractère injuste de l’attaque : L’agression ne doit pas être fondée en droit. Elle est supposée
n’avoir pas été ordonnée par la loi ni commandée par l’autorité légitime. Par conséquent celui qui
agresserait un policier procédant à son arrestation régulière ne serait pas justifié 14. De même n’est
pas justifié par la légitime défense, la riposte à une perquisition effectuée par un officier de police
judiciaire en vertu d’un mandat. Un problème peut se poser lorsque l’autorité a agi illégalement.
La question est de savoir si un individu illégalement arrêté ou passé à tabac et qui riposte est en
état de légitime défense. Après des hésitations et de querelles doctrinales la jurisprudence a
décidé qu’il n’y aurait jamais légitime défense contre un acte de l’autorité publique même si
l’acte qu’elle pose est illégal. Dans le même ordre d’idée, une riposte constitue une rébellion ou
une résistance et voie de fait sur les autorités publiques.

B – Les conditions relatives à la riposte

La riposte ou l’acte de défense, pour justifier l’infraction commise doit être immédiate, nécessaire et
mesurée.
 Le caractère immédiat de la riposte : La riposte doit avoir lieu plus ou moins sur le champ,
accompli dans le même laps temps. La plus ou moins longue période de décalage entre
l’agression et la riposte s’analyserait comme un acte de vengeance incompatible avec la légitime
défense.
 La nécessité de la riposte : La riposte doit se révéler comme le seul moyen de se défendre contre
l’agression. La personne menacée doit être dans l’urgence absolue de commettre l’infraction pour
se soustraire à un péril immédiat. Quand l’attaque est simplement éventuelle, future, la défense
est prématurée. Il faut savoir que la menace réitérée contre une personne constitue un délit prévu
aux articles 63 à 66 NCPCA. La personne qui subit la menace doit alors saisir les autorités
judiciaires, et non pas, comme on dit parfois en anglais, prendre la loi entre ses mains. Il faut
donc une agression telle que l’on puisse craindre pour sa personne, et sans pouvoir s’enfuir ni
bénéficier d’un secours efficace. L’urgence exige une défense immédiate.
 La mesure de la riposte : La riposte doit être proportionnelle à la gravité de l’acte. L’infraction
commise ne doit pas être disproportionnée par rapport au mal auquel l’agent était exposé.
L’appréciation de la proportionnalité de la riposte est une question de fait laissée à l’appréciation
souveraine des juges du fond. Ont été disproportionnés le fait de tirer sur une personne en riposte
à une gifle, de tirer à hauteur d’homme sur quelqu’un qui pénètre dans un jardin (Crim 7
décembre 1971 D 1972 somm. 25 ; Crim 28 novembre 1972 D 1973 somm. 20). La preuve de la
disproportion doit être rapportée par le Ministère public. A lui de démontrer qu’en dépit des
apparences, la personne attaquée pouvait se défendre à moindre violence. Par exemple, il a tiré et
tué tandis qu’un coup de semonce aurait suffit à faire fuir l’agresseur sans armes.

Paragraphe II - Les cas de présomption de légitime défense

14
- Il convient d’ajouter la Déclaration de l’Homme et du Citoyen de 1789 exprimait déjà cette pensée : « Ceux qui
sollicitent, expédient ou font exécuter des ordres arbitraires doivent être punis ; mais tout citoyen appelé ou saisi en
vertu de la loi doit obéir à l’instant ; il se rend coupable par la résistance.

13
Une discussion a été soulevée à un moment en doctrine à propos de l’ancien article 329 CPF
(article 49 al 2 NCPCA). En effet aux termes de cet article : «  Sont compris dans les cas de nécessité
actuelle de défense les deux cas suivants :
1° - Si l'homicide a été commis, si les blessures ont été faites ou si les coups ont été portés en
repoussant pendant la nuit l'escalade ou l'effraction des clôtures, murs ou entrée d'une maison ou d'un
appartement habité ou de leurs dépendances.
2° - Si le fait a eu lieu en se défendant contre les auteurs de vol ou de pillage exécuté avec
violence ».
Certains auteurs ont pensé que l’article 329 CPF (article 49 al 2 NCPCA) posait des cas privilégiés de
légitime défense. D’autres ont au contraire estimé qu’il s’agissait de présomption de légitime défense. La
personne qui se trouve dans l’une des situations prévues paraît en état évident de danger et qu’elle est
présumée avoir agi en état de légitime défense. C’est cette 2 ème opinion qui a été suivie par la
jurisprudence pour les raisons suivantes :
 Le législateur a voulu présumer la légitime défense dans les cas d’intrusions nocturnes pour
faciliter la défense individuelle contre les intrusions dont on ignore le véritable but et qui sont
particulièrement menaçantes ;
 La présomption de légitime défense contre les vols et pillages exécutés avec violence remonte à
une époque où le pouvoir défendait mal la société contre les bandes d’agresseurs.
Il se pose cependant la question de la nature de cette présomption (simple ou irréfragable). Après un
moment d’hésitation et depuis l’arrêt de la Chambre criminelle du 29 février 1959 (D 1959 51), la
jurisprudence est fixée sur le caractère simple de la présomption 15. La conséquence est que cette
présomption perd toute sa valeur devant la preuve contraire. C’est pourquoi, celui qui tue la nuit un
homme escaladant le mur de son domaine, en sachant que l’intrus voulait simplement rejoindre, à des fins
câlines, une employée de maison ne peut bénéficier de légitime défense.
Toutefois, il convient de reconnaître que bien que simple, la présomption conserve sa force jusqu’à
preuve du contraire rapportée. Il s’en suit que le bénéfice de la légitime défense doit être accordé à celui
qui tire sur un intrus ayant pénétré chez lui par escalade ou effraction, ne sachant pas si l’intrus entendait
plaisanter, voler ses biens, le battre ou le tuer. Le doute profitera au défenseur (art. 122-6 NCPF).

Paragraphe III – Le domaine d’application et les effets de la légitime défense

La légitime défense justifie toutes les infractions quelles que soient leur nature et leur gravité,
commises contre l’intégrité physique de soi-même ou d’autrui.
En ce qui concerne la légitime défense des biens se reporter aux solutions jurisprudentielles
consacrées par la réforme du Code pénal français 16. Dans les cas où l’on a posé des engins automatiques
de défense qui réagissent à l’aveugle contre toute irruption extérieure, il serait difficile d’invoquer
valablement la légitime défense surtout s’il y a eu mort d’homme. De l’avis de certains auteurs, il y aurait
légitime défense si toutefois la riposte n’est pas disproportionnée par rapport à l’attaque (dommage
mineur).
La légitime défense comme l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime ont un
effet absolu : les infractions commises ne donnent lieu ni aux poursuites ni aux sanctions. La
responsabilité de l’agent ne peut être retenue.

Sous-Section III – Le consentement de la victime

15
- Selon la Cour : « La présomption de l’article 329 CPF, loin de présenter un caractère absolu et irréfragable est
susceptible de céder devant la preuve contraire ».
16
- Aux termes de l’article 12265 NCPF : « n’est pas pénalement responsable la personne qui pour interrompre
l’exécution d’un crime ou d’un délit contre un bien accomplit un acte de défense, autre qu’un homicide volontaire
lorsque cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors que les moyens employés sont proportionnés à la
gravité de l’infraction ». Ce texte admet la légitime défense des biens en apportant des différences par rapport à la
légitime défense des personnes.
- dans la légitime défense des personnes la preuve de la disproportion incombe au Ministère public ; dans la légitime
défense des biens la preuve incombe à celui qui invoque le fait justificatif ;
- l’homicide volontaire n’est jamais justifié par la légitime défense des biens (article 2 de la Convention européenne
des droits de l’homme).

14
Seul le consentement de la victime est demeuré un fait justificatif jurisprudentiel depuis la
réforme de 2010. En règle générale le consentement de la victime ne peut justifier une infraction. La loi
pénale a vocation pour protéger l’ordre social et non les intérêts particuliers. Le consentement donné par
la victime à l’accomplissement d’un acte délictueux n’empêche nullement l’infraction de troubler l’ordre
public. Toutefois, le consentement de la victime vaut fait justificatif dans des cas particuliers.
Quant au domaine d’application : Le consentement de la victime est exclut en ce qui concerne les
infractions portant atteinte à la vie, la santé et l’intégrité physique. Le problème s’est posé à propos de
l’euthanasie. La jurisprudence a posé ici clairement que le mobile est sans influence sur l’intention
criminelle (Crim 1er 07 1937 S 1938 I 193). Tout au plus le consentement donné ici par la victime pourra
jouer comme circonstance atténuante.
Il y a cependant des situations dans lesquelles le consentement de la victime fait disparaître l’infraction.
C’est notamment le cas dans les infractions où le consentement de la victime est élément constitutif. Le
consentement donné dans ce cas supprime un élément de l’infraction. Par exemple : la remise volontaire
fait échec au vol, le consentement d’un adulte empêche les poursuites pour viol ou attentat à la pudeur.
Quand aux conditions de disparition de la responsabilité, pour justifier l’infraction, le consentement de la
victime doit :
 être antérieur ou concomitant à l’infraction ; le consentement donné après coup est inefficace et
se confond au pardon ;
 émaner d’une personne capable ;
 être donné librement et en toute connaissance de cause.
Quant aux effets du consentement de la victime, lorsqu’il remplit toutes les conditions, le consentement
de la victime efface l’infraction.

CHAPITRE II – L’EMEMENT MATERIEL DE L’INFRACTION

L’élément matériel de l’infraction est la traduction physique de la pensée délictueuse. Il se


manifeste par un fait ou un acte dont la réalisation perturbe l’ordre social et qui appelle une réaction
punitive. Cependant, si l’infraction dans sa forme matérielle consiste dans un acte consommé (Section 1),
l’ordre social n’est pas moins menacé par celui qui, sans aller jusqu’au bout de son acte pour une raison
ou pour une autre, a manifesté tout de même une intention plus ou moins explicite de violer les règles qui
protègent l’ordre social (Section 2).

SECTION I – L’ELEMENT MATERIEL CONSTITUE PAR UNE ACTION CONSOMMEE


Il est d’un principe classique que la société ne peut intervenir préventivement. L’intervention « ante
delictum » est donc prohibée en matière pénale. Cette prohibition entraîne deux conséquences :
 La phase conceptuelle ou la résolution criminelle (moment où l’auteur prend la décision de
commettre l’infraction) est sans conséquence pénale. Le simple projet criminel n’est pas
punissable car l’ordre social n’est pas troublé.
 La phase des actes préparatoires est également non punissable. Le fait de se procurer des moyens
nécessaires à l’accomplissement de l’acte délictueux ou le fait de se mettre dans un état limite du
passage à l’acte sont indifférents à une appréhension pénale.
Ainsi ne sont punis que les actes de commission ou d’omission coupable (Paragraphe I). Une question est
cependant posée : celle de savoir si le délit d’action par inaction existe (Paragraphe II).

Paragraphe I – Les infractions de commission ou d’omission


L’infraction est dite de commission lorsque l’acte matériel qui le réalise constitue une action
positive prohibée par la loi. Les infractions de commission sont les plus importantes ; par exemple le
meurtre, la diffamation, le vol etc.
Les infractions de commission supposent pour leur consommation :
1. Une initiative physique de la part du coupable. C’est le geste du meurtrier qui appuie sur la
gâchette, du voleur qui s’empare de l’objet convoité ;
2. Un résultat qui va constituer le dommage ;
3. Un lien de causalité entre l’acte et le résultat (excepté les infractions formelles).
Cependant l’élément matériel de l’infraction peut consister quelque fois dans un acte négatif. L’agent
s’abstient de faire ce qui est commandé par la loi. Il y a alors délit d’inaction. Exemple : la non assistance

15
à personne en danger, l’abstention de témoigner en faveur d’une personne innocente, la non dénonciation
de certaines infractions.
En résumé, dans la commission, la loi interdit et l’agent accomplit ce qui est interdit ; dans
l’omission la loi oblige de faire quelque chose et l’agent ne fait rien. Ainsi allumer les phares d’un
véhicule le jour est une commission, ne pas allumer les phares la nuit est une abstention.

Paragraphe II – Le délit de commission par omission


Il faut retenir que le résultat matériel généralement provoqué par une action positive peut résulter
d’une commission ou une omission. La question a été posée en doctrine de savoir si celui qui au lieu de
tuer une personne par une arme la laisse mourir en la privant de nourriture ou de soins est coupable de
meurtre. L’ancien droit assimilait l’auteur d’une omission à celui d’une commission selon l’adage «  qui
peut et n’empêche pèche ». Mais la doctrine et la jurisprudence ne sont pas favorables à cette
assimilation. L’abstention n’équivaut pas à la commission (Poitiers 20 novembre 1901 DP 1902 V 81).
C’est ainsi que la jurisprudence a décidé que les abstentions et les privations de soins, d'aliments
ou de secours ne peuvent être retenues comme réalisant l'élément matériel du meurtre simple
(commission). L’auteur de tels faits ne peut être poursuivi que pour non-assistance à personne en danger
(omission). Voir Crim. 23 juin 1949 Bull. crim. n° 218.
Toutefois, les poursuites peuvent être engagées sur le terrain du meurtre (commission) lorsque
l’omission est précédée d’un acte de commission. C’est le cas d’un maître nageur qui engage sciemment
sa victime à nager dans un endroit où elle doit nécessairement se noyer et qui ne fait rien pour lui prêter
secours.

SECTION II – L’ELEMENT MATERIEL CONSTITUE PAR UNE ACTION TENTEE


D’une manière générale, le cheminement criminel va de la simple résolution psychologique du
crime à la réalisation du résultat envisagé en passant par la résolution, la préparation, la mise en exécution
et l’exécution proprement dite. S’il est vrai que l’infraction consommée reste punissable, une question
reste posée : celle de savoir si l’infraction préparée dont l’exécution a commencé et qui n’a pas produit
son résultat est punissable. C’est la problématique de la tentative qui ne se pose pas dans les mêmes
termes selon l’infraction est matérielle (Paragraphe I) ou formelle (Paragraphe II). Nous étudierons par la
suite le régime juridique de la tentative (Paragraphe III).

Paragraphe I – La notion de tentative en matière d’infraction matérielle


Si l’ordre social est troublé quand l’infraction a pu produire un résultat, l’agent dont la volonté
criminelle n’a pas atteint son objectif n’est pas moins dangereux pour la société. Ce qui montre que la
répression de la tentative a été très controversée. Deux conceptions se sont affrontées.
Dans une conception dite objective, certains auteurs ont pensé que l’infraction n’est punissable
qu’en fonction de ses manifestations et du trouble causé à la société. Il en découle que la tentative ne doit
pas être punie.
Dans une seconde conception dite subjective, on prend en considération l’état dangereux de
l’agent. La tentative dans cette conception révèle bien une intention criminelle et l’action n’a échoué
qu’en dehors de la volonté de celui-ci.
Le droit centrafricain a une position transactionnelle : « Toute tentative qui aurait été manifestée
par un commencement d’exécution, si elle n’a été suspendue ou elle n’a manqué son effet que par suite
indépendante de la volonté de son auteur reste punissable » (article 3 NCPCA, ancien article 2 CPF).
Comme toute infraction, la tentative a un élément matériel (A) et un élément intentionnel (B). Il y
a cependant des cas où l’existence de l’élément matériel est impossible ou improbable (C).

A – L’élément matériel de la tentative : le commencement d’exécution


Le commencement d’exécution se distingue de la résolution criminelle et des actes préparatoires.
En l’absence de critères légaux, la doctrine a élaboré des théories.
Dans une première théorie dite objective, le commencement d’exécution doit faire partie de la définition
légale de l’infraction, soit comme élément constitutif, soit comme circonstance aggravante. C’est ainsi
qu’il y a commencement d’exécution de vol dans le fait de s’introduire à pas feutrés, sans chaussures, la
nuit, dans une maison habitée ou lorsque le voleur surpris au moment où il tend la main vers l’objet. Cette
conception punit des actes équivoques car l’infraction par exemple peut bien préparer d’autres infractions.
Dans une conception dite subjective, le commencement d’exécution se distingue de l’acte préparatoire
parce qu’il est constitué d’actes matériels proches et liés au but recherché par l’agent . Le Professeur

16
GARRAUD parlait d’acte ayant pour conséquence immédiate et directe de causer l’infraction. Par
exemple, le voleur surpris entrain d’empocher les bijoux ou le cambrioleur surpris entrain de forcer le
coffre-fort.
La jurisprudence, après un moment de flottement a opté pour une solution intermédiaire. En effet, selon la
Chambre criminelle (Crim 8 nov. 1972 Bull n° 72), constitue un commencement d’exécution tout acte qui
tend directement au délit (conception objective) lorsqu’il a été accompli avec l’intention de le commettre
(conception subjective).
NB : Il n’y a pas commencement d’exécution dans le fait de donner des instructions à un tiers en lui
remettant des fonds pour commettre un crime (Crim. 21 oct. 1962 D 1963 221).

B – L’élément moral de la tentative


La tentative n’est pas nécessairement constituée même lorsque l’agent a commencé la mise en
exécution son action. Il faut encore que l’acte ait été suspendu ou manqué ses effets à cause des
circonstances extérieures à la volonté de son auteur.
Est considéré comme le désistement volontaire, le désistement provoqué par le remord, la pitié, la peur
spontanée ou les sages conseils d’un ami.
Mais le désistement déterminé par la crainte du châtiment n’est pas au contraire spontanée mais
involontaire car intervenu sous l’effet des circonstances extérieures à l’agent. Exemple : intervention de la
police, présence d’un tiers, bruits de pas.
En tout état de cause, le désistement volontaire doit intervenir avant que l’infraction soit
consommée. Les tentatives postérieures à l’acte sont sans incidences sur la criminalité de l’acte et ne
constituent qu’un repentir actif tardif. L’appréciation du caractère volontaire du désistement est une
question de fait relevant donc du juge du fond.

C – Résultat improbable (délit manqué et délit impossible


L’impossibilité du résultat de l’infraction a pendant longtemps fait l’objet d’une controverse
doctrinale. La question est de savoir s’il y avait tentative punissable lorsque l’action a été infructueuse.
Les hypothèses d’exécution stériles sont au nombre de deux. Il s’agit du délit impossible et du délit
manqué.
1. Le délit manqué : Il y a délit manqué le résultat matériel recherché pouvait être atteint et n’a
manqué son effet par que par l’inexpérience ou la maladresse de l’agent. Par exemple l’agent a
tiré et a raté sa victime.
2. Le délit impossible : Il y a délit impossible lorsque l’agent a mis en œuvre tous les moyens et les
pouvoirs dont il dispose pour parvenir à un résultat qui s’est avéré négatif pour des circonstances
extérieures à sa volonté. Les causes de l’échec peuvent être diverses : l’objet de l’infraction
n’existe pas ou les moyens utilisés sont inefficaces. Par exemple : avortement sur une femme
qu’on croyait être enceinte, tirer sur une personne déjà morte, vouloir assassiner quelqu’un en
tirant sur lui avec des balles blanches, vouloir empoisonner quelqu’un avec un produit non
toxique.
Quant aux solutions préconisées, trois thèses doctrinales opposées sont avancées. Pour les
objectivistes, le délit impossible ou manqué ne doit pas être puni car l’ordre social n’a pas été perturbé.
Les subjectivistes au contraire assimilent les infractions infructueuses à la tentative. Ceux-ci invoquent à
l’appui de leurs arguments l’état dangereux de l’agent. Une troisième opinion doctrinale a été proposée.
Cette dernière distingue entre l’impossibilité absolue entraînant une impunité et l’impossibilité relative
non exclusive de la répression.
La jurisprudence, après un moment d’hésitation s’est prononcée pour une assimilation du délit
manqué ou du délit impossible au délit tenté. Pour la Chambre criminelle, la possibilité du résultat n’est
pas un élément constitutif de l’infraction. De plus le nouveau Code pénal français assimile le délit
manqué au délit tenté.

Paragraphe II – La notion de tentative en matière d’infraction formelle


L’infraction formelle est celle dont la réalisation est constituée par l’usage du seul moyen
déterminé par la loi indépendamment du résultat. Par exemple, le faux, l’empoisonnement.
La tentative de l’infraction formelle se distingue de celle de l’infraction matérielle en ce que le
commencement d’exécution de la première est pleinement réalisé ici où ces mêmes actes ne seraient
considérés que comme des simples actes préparatoires sur le terrain de la seconde. Ainsi charger une
arme, se munir de l’emploi du temps de la victime ne constituent que des actes préparatoires non

17
punissables. Alors que préparer une potion empoisonnée dans l’intention de l’administrer à une victime
est un commencement d’exécution (Crim 20 mars 1974 GP 1974 I 499). De même le désistement
volontaire est assez difficile à concevoir. Par exemple : jeter le poison avant de l’administrer. Mais
donner un antidote à la victime n’est qu’un repentir actif tardif non constitutif d’un désistement
volontaire.

Paragraphe III – Le régime juridique de la tentative


Toutes les tentatives ne sont pas punissables en droit centrafricain. La tentative du crime est punie
comme le crime lui-même (art 3 NCPCA)17. La tentative du délit ne l’est que parfois notamment
lorsqu’un texte le prévoit expressément 18. Tel est le cas en matière de vol (art 163 al 2 NCPCA). La
tentative n’est jamais punissable en matière de contravention. De plus la tentative de complicité n’est pas
punissable. Par exemple, je fournis une arme et des munitions à un agent pour tuer et ce dernier au dernier
moment déiste volontairement.

CHAPITRE III – L’ELEMENT MORAL

L’infraction n’existe pas pour autant quand quelqu’un a commis un acte prévu et puni par la loi.
Le trouble à l’ordre public ne peut être sanctionné que lorsque l’auteur des faits a eu la conscience
d’enfreindre l’interdit. C’est cette volonté de nuire à l’ordre social qui constitue le dénominateur commun
de l’infraction et qui rend l’infraction imputable à son auteur entraînant ainsi la punition. Cet élément
moral n’est pas déterminé de la même manière par la loi (Section I) et il s’efface en cas de force majeure
et pour certaines causes tenant à l’état psychologique ou physique de l’agent (Section II).

SECTION I – LES DIFFERENTES EXPRESSIONS DE L’ELEMENT MORAL


La loi n’a pas défini de la même manière l’élément moral suivant les situations. Celui-ci est soit
déterminé à partir de l’acte voulu et posé par l’agent, soit présumé à partir d’un acte probablement même
non recherché dans ses conséquences. Ces actes présentent deux traits essentiels :
 Toute infraction requiert un élément psychologique purement abstrait, dol général c’est-à-dire la
conscience et la volonté d’enfreindre la loi ;
 Le mobile c’est-à-dire le sentiment qui a déterminé l’acte est sans conséquence sur la
qualification. En effet, il est d’un principe certain en droit pénal que le mobile ne fait pas partie
de la définition légale de l’infraction et n’influence guère la peine que par le jeu des circonstances
atténuantes.
Hormis ces éléments, l’élément moral est spécifié tandis que pour de nombreuses infractions celui-ci est
présumé à partir de la faute.

Paragraphe I – L’élément moral est circonstancié par une intention criminelle : dol général
Etymologiquement, la volonté criminelle est manifestée par le délinquant à travers un acte
contraire à la loi pénale. Par exemple : s’approprier frauduleusement d’un bien appartenant à autrui. On
parle ainsi de faute intentionnelle lorsque l’élément moral requis s’est traduit par des actes
intentionnellement voulus.
En droit pénal l’intention criminelle comprend plusieurs degrés. On distingue ainsi le dol général du dol
spécial, le dol simple et le dol aggravé, le dol indéterminé et le dol déterminé, dol éventuel et dol praeter
intentionne.

A - Le dol général et le dol spécial


Le dol général est la volonté d’accomplir et en toute circonstance un acte que l’on sait défendu
par la loi. Cette volonté est quelque fois insuffisante pour retenir certaines qualifications. Il faut alors que
17
- Art. 3 : Toute tentative de crime qui aura été manifestée par un commencement d'exécution, si elle n'a pas
été suspendue ou si elle n'a manqué que pour des circonstances indépendantes de la volonté de son auteur, est
considérée comme le crime lui-même.
18
- Art. 4 : Les tentatives de délits ne sont considérées comme délits que dans les cas déterminés par une
disposition spéciale de la Loi.

18
celle-ci se précise à travers les conséquences de l’acte posé. Les auteurs parlent ici du dol spécial. Ainsi
l’homicide est constitué non seulement par la volonté de violer la loi pénale (dol général) mais surtout par
la volonté de donner la mort (dol spécial).

B - Le dol simple et le dol aggravé


La simple volonté d’enfreindre la loi pénale est dite dol simple. Cette volonté est sanctionnée par
une peine ordinaire. Mais il y a des infractions dont la perpétration nécessite une longue préparation
pendant laquelle le délinquant a mûri et médité les conséquences de son acte. L’élément intentionnel est
donc aggravé par cette circonstance et l’on parle dans cd cas de dol aggravé. La préméditation et le guet
apens aggravent l’intention homicide et transforment la qualification d’homicide simple en assassinat.

C - Le dol indéterminé et le dol déterminé


Le dol est indéterminé lorsque l’agent a voulu causer un préjudice général sans rechercher un but
spécifique au départ. Exemple, le terroriste qui pose un explosif ne sait au départ le nombre de personnes
à tuer ou blesser. La jurisprudence applique la théorie de la prévisibilité au résultat en sanctionnant non
pas l’intention mais le résultat matériel constaté. Le dol est au contraire déterminé lorsque l’agent a voulu
d’une manière précise commettre telle ou telle infraction sur telle victime.

D – Le dol éventuel et le dol praeter intentionne.


Le dol éventuel se rapproche du dol praeter intentionne en ce que dans les deux cas, le résultat
obtenu n’a pas été recherché. Une différence subsiste cependant car dans le dol praeter intentionne l’agent
a voulu partiellement le résultat. Une personne qui tue alors qu’au départ elle voulait seulement molester.
Le Code pénal incrimine ces violences sous les qualifications dont la peine est moins sévère que celle des
homicides volontaires.

Paragraphe II – L’élément moral est présumé dans une faute de l’agent : faute pénale
La détermination de l’élément moral ne se fait pas de la même manière suivant qu’il s’agit d’une
infraction intentionnelle et non intentionnelle. Dans les infractions non intentionnelles, l’élément moral
est constitué par une faute ; mais ici aussi cette faute n’a pas les mêmes caractères selon qu’il s’agit d’un
délit d’imprudence ou d’une contravention.

A – Faute d’imprudence ou faute pénale


La faute d’imprudence vise toutes les hypothèses dans lesquelles l’agent a consciemment et
volontairement posé un acte qu’il sait anormal mais sans en vouloir les conséquences. Le Code pénal
parle à cet effet de faute de maladresse, d’imprudence, d’inattention, de défaut de précautions et
d’inobservation des règlements. Ainsi commet une faute d’imprudence l’automobiliste qui excède de
vitesse, brûler un stop et tue un piéton ; c’est aussi le cas du chasseur qui tire à visibilité réduite. Le
résultat dommageable bien que non voulu sera tout de même sanctionné. La jurisprudence a posé depuis
les arrêts de la Cour de cassation : Crim. 18 décembre 1912 (S 1914 I 249) et Civ. 12 juin 1914 (D 1915 1
17) le principe de l’identité de la faute civile et pénale 19.
B – La faute contraventionnelle
La faute est dite contraventionnelle dans tous les cas où l’intention de l’agent est présumée du fait
de la violation par lui des prescriptions légales ou réglementaires. Il n’est point besoin que cette violation
ait été intentionnelle, car commise par imprudence ou par ignorance des règlements. De ce qui précède,
on peut conclure que la faute pénale se distingue de la faute contraventionnelle du point de vue de la

19
- Cette solution va entraîner des conséquences nouvelles:
1 - Les prescriptions établies par les lois criminelles s'appliquent aux actions civiles en responsabilité,
toutes les fois que cette action a réellement et exclusivement pour cause une infraction.
2 - Les décisions de justice criminelle ont au civil l'autorité de chose jugée à l'égard de tous.
3 - Le juge criminel ne peut, sans que sa décision soit entachée de contradiction de motifs relaxer le
prévenu du chef de blessures par imprudence tout en relevant à sa charge une faute dont les conséquences
dommageables sont de nature à donner lieu à réparation civile. Dans une espèce (Crim 6 juillet 1934 DH 1934 446),
Gouron qui poursuivait Antony a tiré sur ce dernier pour des motifs légitimes. La balle a cependant traversé la porte
pour atteindre une dame qui était assise dans sa maison. La cour d'appel relaxe le prévenu des poursuites pour délits
d'imprudence, mais estime cependant que les conséquences dommageables peuvent donner lieu à réparation civile.
La Cour de cassation casse et annule l'arrêt pour contradiction de motifs puisque la Cour d'appel a distingué les deux
fautes qui devront désormais être confondues.

19
preuve. Alors que dans la faute pénale l’intention doit être prouvée, la faute contraventionnelle n’a pas à
être prouvée. Il y a donc une présomption de faute en matière contraventionnelle et d’une manière
générale la faute contraventionnelle est punie indépendamment de l’existence d’un dommage. Cependant
le prévenu en matière contraventionnelle peut alléguer la force majeure.

SECTION II : LA NEGATION D’ELEMENT MORAL : LE RÔLE DE NON IMPUTABILITE

L’élément moral de l’infraction disparaît chaque fois qu’on ne peut mettre au passif de l’agent
une faire quelconque. Ces hypothèses sont prévues par la loi. En effet, aux termes de l’article 8 NCPCA
alinéa 2 : « Il n’y a ni crime ni délit lorsque les faits ont été commis sous l’empire d’un trouble psychique
ou neuropsychique ayant aboli le discernement ou le contrôle des actes ou lorsque son auteur était sous
l’empire d’une force extérieure ou d’une contrainte à laquelle il n’a pu résister ». il s’agit du trouble
psychique ou neuropsychique (Paragraphe I) et la contrainte et la force extérieure (Paragraphe II). A côté
de ces causes légales de mon imputabilité, la jurisprudence a ajouté une troisième qui est l’erreur
(Paragraphe III).

Paragraphe I - Le trouble psychique ou neuropsychique


L’article 8 alinéa 2 NCPA a consacré une solution de principe, car le droit pénal ne sanctionne
que des actes accomplis en pleine conscience. La responsabilité pénale supposant le libre arbitre, la
sanction ne peut produire son effet d’intimidation lorsque l’auteur n’a pas conscience de son acte. Ainsi
convient-il de déterminer la notion de trouble psychique ou neuropsychique (A) et ses effets (B) avant
de voir les états périphériques (C).

A- La notion de trouble psychique ou neuropsychique


Conception essentiellement médical et psychiatrique, le trouble psychique ou neuropsychique
dans son sens étroit est une aliénation mentale caractérisée par l’abolition des facultés intellectuelles. Il
s’agit en fait de la démence de l’ancien article 64 CPF. Le trouble est envisagé dans sa forme populaire,
c'est-à-dire toute sorte d’aliénation mentale autrement dit la folie mentale cause d’irresponsabilité totale.
Quelle qu’en soit son origine, le trouble doit présenter un certain caractère.
Il doit être contemporain à l’acte : Ce caractère n’est pas formellement n’est pas mentionné. Mais on
suppose que le trouble doit avoir existé au moment de l’action. L’agent qui se trouvait dans un laps de
temps de lucidité au moment de l’acte ne peut invoquer l’art 8 alinéa 2. Il en est du trouble survenu avant
ou après l’acte.
Il doit être total : Le trouble doit être de nature à aliéner complètement toutes les facultés mentales du
prévenu. Selon les termes de l’article 8 alinéa 2, le trouble a « aboli le discernement ou le contrôle des
actes ». Ainsi, de simples alternations mentales (défiance mentale, hystérie) sont en principe indifférentes
du point de vue juridique à l’imputabilité de l’acte. La détermination du trouble est une question de fait
laissée à l’appréciation souveraine du juge du fond.

B - Les Effets du trouble


Cause de non imputabilité ou de non culpabilité, le trouble entraîne la disparition de l’élément
moral. Il ne donne lieu ni à la poursuite ni à l’application de peines. L’auteur de l’acte reste néanmoins
civilement responsable de son acte. L’exonération de la responsabilité est personnelle et ne profite pas
aux complices, aux co-auteurs ou aux receleurs. Enfin si le soumis à l’état de trouble est inaccessible à
une peine, il présente cependant un état dangereux susceptible de donner lieu à une mesure de sûreté.

C - Les Etats périphériques de la démence.


Le trouble lorsqu’il est total et contemporain à l’acte fait disparaître l’élément moral. Il y’a
cependant des états patologico-morbides qui sans être prévus par la loi constituent des perturbations
psychiques qui suppriment le discernement et pour lesquels la jurisprudence attache quelques effets. Ce
sont le somnambulisme matériel ou provoqué, l’ivresse, la folie morale, les troubles obsessionnelles telles
que l’exhibitionnisme, la paranoïa (c’est celui qui croit que tout le monde lui veut du mal). Ces états
périphériques du trouble psychique ou neuropsychique ne sont pas d’une manière générale causes de mon

20
imputabilité. La loi et la jurisprudence dans certains cas les considèrent tantôt comme des circonstances
aggravantes, tantôt les retient comme circonstances attenantes.

Paragraphe II - La contrainte ou force extérieure


La contrainte est une cause psychologique de mon imputabilité qui enlève de libre arbitre de
l’agent. L’article 8 NCPCA l’assimile à la démence quant à ses effets. La contrainte est donc une violence
exercée sur la volonté du prévenu. Il convient ainsi de déterminer les différentes formes de la contrainte
(A) avant de voir leurs effets (B).

A- Les différentes formes de la contrainte


La contrainte selon la doctrine et la jurisprudence peut être physique ou morale.

La contrainte physique peut avoir une origine externe lorsque l’agent a été poussé à la faute par une force
brutale de la nature ou par le fait de l’homme. Les civilistes parlent ici de force majeure. Par exemple le
banni rejette par la tempête sur les côtes du territoire national ou encore le faux commis par un individu à
qui on tient la main. La contrainte peut être interne lorsqu’elle provoquée par des causes propres a l’agent
et pour lesquelles la volonté n’a pas été libre. Exemple le voyageur endormi qui dépasse l’arrêt pur lequel
il a payé son billet.

La contrainte morale résulte ici d’une pression exercée sur les facultés ou la volonté de l’agent. Cette
pression peut être d’origine interne ou externe.
 La contrainte morale est d’origine externe lorsqu’elle est due à une pression, à des menaces
exercées sur l’agent ou ses proches ou lorsqu’elle est due à une provocation d’un tiers. Il faudrait
dans ces derniers cas qu’elle soit illégitime. La simple contrainte révérencielle du fils à l’égard de
son père, de la femme pour son mari, de l’employé pour son employeur n’est pas exclusive de
responsabilité.
 La contrainte morale est d’origine interne lorsqu’elle a sa source dans la personne même de
l’auteur de l’infraction. Exemple les infractions commises par passion, par conviction morale ou
religieuse, politique ou sous l’effet d’une émotion provoquée par un événement externe physique
ou morale.

Qu’elle soit d’origine interne ou externe, la contrainte doit être irrésistible, c'est-à-dire que l’agent s’est
trouvé dans une impossibilité absolue de respecter la loi. Elle ne doit pas résulter d’une faute préalable de
l’agent.

B- Les effets de la contrainte :


Lorsqu’elle est établie la contrainte entraîne une irresponsabilité totale de l’agent. Il n’y a lieu ni à
la poursuite ni à l’application de la peine ou de mesures de sûreté. L’agent ne peut donc plus être
condamné à des dommages intérêts car la Chambre criminelle assimile la contrainte à la force majeure
civile. La contrainte étant une cause de non imputabilité, elle reste personnelle à l’agent et ne peut
bénéficier aux autres participants à l’acte.

21
TITRE II – LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS
Les différentes infractions ne sont pas rangées dans une catégorie homogène par la loi. Selon leur
nature, celles-ci- sont soumises à des règles particulières de poursuite et les peines applicables ne sont pas
les mêmes. Ainsi, on peut distinguer les différentes infractions suivant leur gravité objective. C’est la
classification opérée par le Code pénal. Elle se fonde sur l’élément légal (Chapitre I). Mais il existe une
autre classification basée sur le mode d’exécution de (Chapitre II)

CHAPITRE I – LA CLASSIFICATION SUIVANT L’ELEMENT LEGAL

La classification suivant l’élément légal de l’infraction est celle retenue par le Code pénal. Elle
est d’une part fondée sur la gravité objective de l’infraction (Section I), et sur leur nature d’autre part
(Section II).

SECTION I – LA CLASSIFICATION FONDEE SUR LA GRAVITE OBJECTIVE


Aux termes de l’article 1 er du Code pénal, les infractions se divisent en crimes, délits et
contraventions. Le crime est l'infraction que la loi punit d'une peine afflictive et infamante ou d'une peine
infamante seulement (Loi 61.280 du 15.01.62). Le délit est l'infraction que la Loi punit de peines
correctionnelles. La contravention quant à elle, est l'infraction que la Loi punit de simple peine de police.
Cette distinction des infractions selon l’échelle de gravité (Paragraphe I) présente des intérêts sur
le plan pratique (Paragraphe II).

Paragraphe I – L’échelle de gravité des infractions


La classification tripartite de l’infraction nous vient du droit intermédiaire qui distinguait les
délits de police municipale des délits correctionnels et des délits de police de sûreté . Cette classification
restait cependant très théorique. C’est le Code pénal de 1810 qui a distingué les infractions en
contravention, délit et crime.
La nomenclature des peines applicables est celle reproduite dans le tableau ci-après.

Infractions Peines prévues en France Peines prévues en RCA


Contravention Emprisonnement de 1 j à 2 mois Emprisonnement de 1 jour à 1 mois
Amende de 1 à 20.000 FF Amende de 100 F à 50.000 F CFA
Délit Emprisonnement de 2 mois et 1 jour à 5 Emprisonnement de 1 mois et 1 jour à
ans 10 ans
Amende > 25.000 FF Amende de > 100.000 F CFA
Crime Réclusion criminelle à temps Travaux Forcés à Temps
Réclusion criminelle à Perpétuité Travaux forcés à Perpétuité
Peine de Mort

Para graphe II - L’intérêt de la classification fondée sur l’échelle de gravité objective


Les intérêts de la distinction tripartite des infractions sont multiples et concernent plusieurs
domaines.
1° - Au point de vue de la procédure
a) – Règles de compétence : La nature des infractions détermine la juridiction compétente.
Infractions France RCA

22
Crime Cour d’assises Cour criminelle
Délit Tribunal correctionnel Tribunal correctionnel
Contravention Tribunal de police (jugement sur procès Tribunal de police (jugement sur
verbal sans débat préalable) procès verbal sans débat préalable)

b) Délai de prescription de l’action publique : Le délai de prescription de l’action publique est le délai
dont l’écoulement fait échec à l’exercice de toute poursuite contre le ou les auteurs.
Ce délai varie suivant que l’infraction est un crime, un délit ou une contravention .
Infractions Délai de prescription de l’action publique
Crime 10 ans
Délit 3 ans
Contravention 1 an

c) – L’instruction : En principe les formalités et les garanties sont d’autant plus nombreuses que
l’infraction est grave
Procédure d’instruction préparatoire
Crime L’instruction préparatoire est obligatoire en principe
L’instruction préparatoire a deux niveaux : juge d’instruction et chambre
d’accusation
Délit L’instruction préparatoire est facultative. Elle n’est obligatoire que pour
quelques cas (par exemple pour les infractions commises par les mineurs). De
plus l’instruction ne comporte qu’un seul niveau
Contravention L’instruction préparatoire n’est pas requise sauf réquisition du Procureur de la
République

d) – Les voies de recours : Elles sont organisées de manière différente selon le genre d’infraction en
cause.
Infractions Procédure d’appel
Crime Pas d’appel
Délit Appel possible
Contravention Appel restreint

e) – En matière d’extradition
Procédure d’extradition
Crime Possible en principe
Délit parfois
Contravention impossible
2° - Au point de vue de l’incrimination

a) - Quant à la tentative
Infractions Tentative
Crime La tentative du crime est toujours punissable
Délit La tentative du délit n’est punissable que parfois (quand un texte le prévoit
expressément, par exemple l’article 227 alinéa 21 CPCA pour ce qui concerne
la tentative de vol).
Contravention La tentative de contravention n’est jamais punissable.

b) - Quant à la complicité
Infraction Complicité
Crime La complicité du crime est toujours punissable.
Délit La complicité du délit est toujours punissable.
Contravention La complicité de la contravention n’est punissable que parfois (quand un texte
le prévoit expressément, par exemple l’article 292, 6° CPCA pour ce qui
concerne la complicité de rixes, attroupement injurieux et tapage nocturne).

23
3° - Au point de vue de la peine
a) – Les circonstances et les excuses atténuantes ont des effets variables selon la gravité de l’infraction.
b) – Le non cumul des peines ne joue pas en matière de contravention
c)- Les règles de la récidive sont différentes selon le cas.
d) – Le casier judiciaire varie dans son contenu selon l’infraction commise.
e) – Le sursis ne fonctionne que pour les peines correctionnelles et de police dans certains cas.
f) – La réhabilitation ne joue pas pour les contraventions.
g) – La prescription de peine est le délai dont l’écoulement ne permet plus de rechercher les personnes
poursuivies en vue de les amener à exécuter la sentence prononcée. Ce délai varie suivant que l’infraction
est un crime, un délit ou une contravention.

Infractions Délai de prescription de la peine


Crime 20 ans
Délit 5 ans
Contravention 2 ans

SECTION 2 : CLASSIFICATION FONDEE SUR LA NATURE DES INFRACTION


Tous les systèmes pénaux ont toujours opposés des infractions de droit commun aux infractions
politiques ; les dernières bénéficiant soit d’un traitement de faveur soit d’un sévère traitement. L’idée de
base reposerait sur un sentiment erroné que le délinquant politique n’aurait rien de commun avec le
délinquant vulgaire et il s’attaquerait plus à une certaine forme de société dans sa structure politique, alors
que les grandes valeurs qu’elle défend ne lui seraient pas opposables. Ainsi à côté des infractions dites
politique (Paragraphe I) il existe des infractions militaires (Paragraphe II) et un courant nouveau de la
doctrine distingue les infractions à caractère terroriste aux infractions du droit commun (Paragraphe III).

Paragraphe I - Les infractions de droit commun et les infractions politiques


Cette distinction s’opère à partir de certains critères dont la mise œuvre permet de dégager les
intérêts.

A- Les critères de distinctions


Plusieurs types de critères ont été dégagés tant par la loi que par le la doctrine et la jurisprudence.
Les critères légaux s’appliquent à la nature et le mode d’exécution des peines prévues par le Code pénal.
Législateur de 1810 avait déjà instauré à l’égard des délinquants politiques des peines particulières
(déportation, bannissement, dégradation civile). En 1831, le législateur créa une catégorie particulière de
peine politique à savoir la détention perpétuelle. Cependant la seul critère de peine ne suffit pas à
distinguer les infractions politiques des infractions de droit commun. On ne saurait non plus dresser une
liste des infractions politiques à partir de la compétence juridictionnelle moins rigoureuse. C’est pourquoi
la doctrine et la jurisprudence ont dégagé d’autres critères.
A défaut de critère rigoureusement définit par la loi, la doctrine et la jurisprudence ont dégagé d’autres
critères de définition. En doctrine, deux conceptions se sont opposées. Selon une 1 ère conception dite
objective, l’infraction politique se distingue de l’infraction de droit commun par son objet qui est donc
politiques. Selon cette conception, toute infraction qui porte atteinte à l’organisation et au fonctionnement
des pouvoirs publics ou à un intérêt de l’Etat ou encore à un droit politiques des citoyens est une
infraction politique. En revanche selon la conception subjective, la nature politique d’une infraction
dépend de son mobile. Est donc politiques toute infraction de droit commun inspiré par un motif politique
ou commis dans un but politique. Par exemple la séquestration d’un homme politique, pillage d’un
immeuble au cours d’une insurrection.
Pendant longtemps la jurisprudence a appliqué la conception objective. Pour la Chambre
criminelle, l’infraction qui porte atteinte à un intérêt privé, à la vie d’une personne ou à son intégrité
physique, les dégradations et les destruction matérielles sont donc les infraction du droit commun même
si leur mobile à été politique (Crim 12 mars 1962 Bull. n°116). En revanche, les infractions connexes à
une infraction politique sont toujours considérées comme présentant dans leur ensemble un caractère
politique (Crim 18 novembre 1959 JCP 1960 II n°11475, note du prof LEGAL).

B. Les intérêts de la distinction

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L’intérêt de la distinction se présente tant au niveau de la peine qu’au niveau de la compétence
des juridictions.
Au niveau de peine, la peine criminelle en matière politique et la détention criminelle a perpétuité
ou à temps.
En matière correctionnelle les peines applicables sont les peines du droit commun. Mais toutefois,
le régime de détention n’est pas le même. D’autre part, les condamnations pour infraction politiques
n’entraînent pas les mêmes conséquences que pour les condamnations de droit commun. Ainsi, ces
infractions ne font obstacle à l’octroi d’un sursis et l’inexécution de la peine n’entraîne pas la révocation
du sursis obtenu. Il y’a pas enfin de contrainte par corps pour les condamnations politiques. Au niveau de
la compétence et de la procédure, les crimes politiques tels que les crimes à la sûreté de l’Etat sont
passibles des juridictions militaires en temps de guerre. D’autre part, la procédure de comparution
immédiate n’est pas applicable en matière d’infraction politique et les mandats de dépôt ou d’arrêt ne
peuvent être déposés contre un délinquant politique. Enfin au plan international, la procédure
d’extradition ne peut être décernée à l’endroit d’un délinquant politique.

Paragraphe II – Les infractions militaires et les infractions du droit commun


La distinction infraction militaire et infraction du Dt commun doit être faite à partir de certains
critères (A) dont la détermination nous révèle un intérêt pratique (B).

A- Les critères de distinction


Les infractions militaires s’apparentent aux infractions disciplinaires parce qu’elles constituent
un manquement aux disciplines de l’armée. Elles se rapprochent cependant des infractions de droit
commun par la nouvelle vocation de la discipline militaire qui à pour but d’assurer la cohérence et la
discipline de l’armée.
Est militaire toute infraction qui est constituée par un manquement à la discipline et aux
obligations militaires. Par exemple, la désertion, l’insoumission, l’abandon de poste. Est également
militaire les infractions de droit commun par leur nature mais commis par un militaire de l’exercice de
son service.

B - Les intérêts de la distinction


Au niveau de la compétence, les infractions purement militaires et les infractions mixtes sont passibles de
juridiction militaire. La procédure en temps de paix est celle du droit commun. En temps de guerre se sont
les juridictions militaires qui sont compétentes. La complicité en matière d’infraction militaire est
toujours compétence juridictionnelle de droit commun.
Au niveau de la peine, le régime répressif des infractions militaire se distingue de celui des
infractions de droit commun. Ainsi à côté des peines de droit commun qui leurs sont applicables, les
infractions militaires peuvent être punies des peines purement militaires (perte de grade). De plus, une
condamnation pour infraction militaire n’empêche pas l’octroi d’un sursis à l’exécution de la peine. La
révocation du sursis déjà obtenue reste possible.
En fin la récidive n’est pas applicable en matière d’infraction militaire et sauf cas de dissertation à
terre des marins. Les infractions militaires ne donnent pas lieu à une extradition.

Paragraphe III : Les infractions du droit commun et les infractions infractions terroristes
Cette distinction résulte d’une définition par la loi des infractions dites terroristes (A), distinction
qui présent un régime particulier (B).

A - La Notion d’infraction Terroriste


Le législateur a dressé une liste des infractions de droit commun qui sont susceptibles de donner lieu à un
régime particulier.
Premièrement (les infractions du droit commun) L’art 706-16 C.P.P donne une liste des
infractions susceptible d’entraîner la mise en œuvre du régime dérogatoire de droit commun fixé par la loi
du 19 septembre 1986. Il s’agit d’abord de l’atteinte à l’intégrité physique (homicides, toutes infractions
commises avec actes de barbaries, coupes et blessures entraînant une mutation ou privation d’un usage
d’un membre etc. Il s’agit en effet de toutes infractions qualifiées de violence par la loi spéciale de 1981.
Il y a ensuite les atteintes graves aux biens ; par exemple les dégradations par explosifs de monuments ou
d’immeubles, de statues, de destruction ou détérioration volontaire des objets mobiliers ou immobiliers
avec effraction, outrage à l’encontre des magistrats, jurés, avocats ou témoins, le détournement

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d’aéronef, de navire ou tout autre moyen de transport collectif, l’association des malfaiteurs, l’acquisition
des substances explosives…
Deuxièmement : Il faut un mobile spécifique. Les infractions que nous venons d’énumérer
doivent être en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler
dangereusement l’ordre public par l’intimidation et la terreur. Le terme entreprise vise toute organisation
au plan d’action formé à l’avance. L’agent doit avoir en vue l’idée de troubler gravement l’ordre public
par l’intimidation ou la terreur, c'est-à-dire une peur collective afin d’amener le pouvoir public à céder.

B- Intérêt de la distinction
Il se rapporte à la sanction et à la procédure premièrement au niveau de la procédure.
Quant à la procédure, les règles particulièrement s’appliquent aussi bien aux poursuites qu’au jugement.
Les perquisitions, visites domiciliaires et saisies peuvent être effectuées au cours des visites particulières
sans le consentement des intéressés. La garde à vue peut durer jusqu’à 4 jours. Les accusés sont passibles
d’une cour d’assise spéciale composée essentiellement de magistrats professionnels.
En matière de peines, la loi a prévu des peines complémentaires telles que l’interdiction de séjour
obligatoire allant jusqu’à 10 ans. Une excuse absolutoire est prévue au bénéfice des personnes ayant
participés aux faits et qui auront avertis les autorités administratives et judiciaires, ou toutes personnes qui
par leur dénonciation ont permis d’éviter la réalisation de l’infraction ou la dénonciation des auteurs. Une
réduction de peine de moitié est accordée en cas de dénonciation tardive.

CHAPITRE II - LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS SELON LEUR MODE


D’EXECUTION

D’après l’élément matériel, les infractions peuvent être classées en deux catégories principales.
Certaines infractions ne sont sanctionnées que lorsqu’elles produisent un résultat dommageable tandis que
d’autres le sont du seul fait de l’emploi des moyens déterminés par la loi. Il y a également des infractions
qui s’accomplissent par des actes simples déterminables sans grande difficulté, tandis que d’autres
supposent la réalisation d’actes complexes de nature diverses.

SECTION I - LES INFRACTIONS SIMPLES ET LES INFRACTIONS COMPLEXES


L’infraction est simple lorsqu’elle se réalise par l’accomplissement d’un acte unique et incriminé.
Elle se manifeste instantanément et peut être saisie à un moment précis. Par exemple le vol ou le meurtre.
A cette catégorie d’infractions la doctrine en a opposé d’autres dites infractions d’habitude ou infractions
continues (para 2) et continuée.

Paragraphe I - Les infractions complexes et les infractions d’habitude


Il convient de présenter les différentes notions avant de voir l’intérêt de la distinction.

A – Les notions d’infraction complexes et d’habitude


L’infraction complexe est celle dont l’accomplissement matériel suppose l’exécution de plusieurs
actes de nature diverses. Par exemple l’escroquerie (qui suppose d’abord l’usage de moyen frauduleux
pouvant tromper la victime afin d’obtenir la remise de la chose désirée).
L’infraction est dite d’habitude lorsqu’elle est constituée par la réalisation de plusieurs actes identiques.
Par exemple l’exercice illégal de la médecine ou encore l’incitation des mineurs à la débauche.

B- L’intérêt de la distinction
L’intérêt de la distinction se mesure sur le terrain de la compétence et de la prescription.
Quant à la prescription, la prescription de l’action publique court en ce qui concerne les infractions
simples à partir du moment où infractions est constituée. Elle est cependant retardée jusqu’à la
consommation du deuxième acte en ce qui concerne les infractions d’inhabitude indépendamment du
temps qui les sépare.
Quant à la compétence, l’infraction simple est de la compétence de la juridiction dans le ressort de
laquelle elle a été commise. Tandis que les infractions complexes et les infractions d’habitude peuvent
être poursuivies devant les juridictions dans le ressort desquelles un des actes constitutifs a été accompli.

Paragraphe II - Les infractions continues, permanentes et continuées

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Comme pour les autres classifications, il convient de présenter les différentes notions avant de
voir l’intérêt de la distinction.

A - Les Notions
L’infraction est continue lorsque l’acte qui la réalise se prolonge dans le temps. C’est par exemple
le cas du port illégal de la décoration, du le recel de chose ou de la séquestration de personnes.
L’infraction permanente se réalise par contre en un trait de temps mais les effets incriminés sont
durables. Par exemples l’affichage prohibé, les constructions illégales. Le délit est réalisé par un seul
geste mais l’effet condamné par la loi persiste dans le temps.
L’infraction continuée est une infraction instantanée par nature mais qui est réalisée par une série
d’actes non identiques se prolongeant sur une certaine période. Par exemple la caissière qui organise sur
une longue période des détournements de somme d’argent dans sa caisse. Chaque détournement constitue
en principe un cas d’infraction distincte avec des délais de prescription autonome. Mais la jurisprudence
pour des raisons de bon sens n’admet pas cette distinction.

B- L’intérêt de la distinction
La prescription de l’acte public court à partir de la cessation de l’acte délictueux en ce qui
concerne les infractions continues, et à partir des derniers actes en ce qui concerne les infractions
continuées. De plus, la règle non bis in idem « on ne peut pas juger 2 fois un même acte » ne s’applique
pas en matière d’infraction continuée. Si le délinquant condamné une première fois éitère l’acte
délictueux, il peut à nouveau être condamné. La solution est identique en matière d’amnistie. Une loi
d’amnistie qui éteint les faits antérieurs à sa promulgation n’empêche pas une nouvelle poursuite si l’état
délictueux continue après sa promulgation.

SECTION II – LES INFRACTIONS FORMELLES ET MATERIELLES


Etudions les notions et l’intérêt de la distinction.

Paragraphe I - Les notions


D’une manière générale l’infraction matérielle est celle qui se réalise par des actes positifs
produisant un résultat dommageable. Par exemple le vol, l’homicide. L’infraction est formelle au
contraire lorsqu’elle est réalisée par le seul usage des moyens prohibés par la loi indépendamment du
résulta dommageable. Par exemple l’empoisonnement dans lequel le seul fait d’administrer des
substances toxiques à un individu suffit et peu importe que l’individu soit ou non mort.

Paragraphe II – L’intérêt de la distinction


Il se manifeste sur le terrain de la tentative. Alors que la tentative d’infraction matérielle est
constituée par un commencement d’exécution et un désistement involontaire, le commencement
d’exécution étant considéré comme l’acte univoque ayant un lien direct avec l’infraction. Le
commencement d’exécution en matière d’infraction formelle est pleinement réalisé là où il ne serait que
des actes préparatoires en ce qui concerne les infractions matérielles. Par exemple le fait de mélanger les
produits toxiques aux aliments et de les tenir à la disposition de la victime.

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TITERE III - LE DELINQUANT ET LA RESPONSABILITE PENALE
D’une manière générale, la conception classique du code pénale rattache la notion du délinquant
au délit, c'est-à-dire que pour être délinquant il faut avoir commis une infraction. Or l’infraction comme
fait prévu et puni par la loi suppose qu’elle ait été commise avec l’intention de nuire, attitude que seules
les personnes douées d’une intelligence et d’une volonté peuvent avoir. Aussi seules les personnes
physiques peuvent être auteurs actifs d’une infraction (Chapitre I) parce qu’elles sont accessibles à la
peine. Mais la jurisprudence admet aujourd’hui la responsabilité pénale de la personne morale (Chapitre
II).

CHAPITRE I - LE DELINQUANT ORDINAIRE

Le délinquant ordinaire est celui qui a personnellement accompli tous les actes constitutifs de
l’infraction ou en a commencé l’exécution. C’est l’auteur principal (Section I). Mais le délinquant peut
être celui qui sans savoir la direction maternelle de l’acte a tout de même concouru ou participé à son
exécution. Ce dernier est considéré par la loi comme complice et sanctionné comme tel (Section II).

SECTION I - L’AUTEUR PRINCIPAL


L’auteur principal est celui qui a agi seul (Paragraphe I) ou celui qui a agi de concert avec une ou
plusieurs personnes à titre de co-auteurs (Paragraphe II). La loi et la jurisprudence retiennent dans
certains cas la responsabilité de l’auteur intellectuel ou de l’instigateur (Paragraphe III)

Paragraphe I - L’auteur matériel


C’est la personne à laquelle on peut rattacher l’infraction. Par exemple celui qui a volontairement
donné un coup de poignard et qui a tué ou celui qui a fracassé un coffre-fort et qui a soustrait de l’argent.
Peu importe qu’il ait conçu et décidé de l’opération à seul ou assisté. Sa responsabilité est retenue dès lors
qu’il à accompli lui-même les actes matériels de l’infraction. Il n’est pas nécessaire que l’auteur matériel
d’une infraction soit celui qui a commencé l’exécution. Il n’est pas nécessaire non plus que l’exécution ait
produit son effet. L’auteur d’une infraction tentée ou manquée est également l’auteur de l’infraction.

Paragraphe II – Le co-auteur
Est co-auteur celui qui a personnellement accompli les actes matériels constitutifs de l’infraction avec
une ou plusieurs autres personnes. Celui qui avec un autre a soustrait la chose d’autrui est co-auteur d’un
vol. Alors que s’il s’était contenté de l’aider ou de l’assister sans accomplir personnellement les actes
matériels, il demeure complice. Du principe que le co-auteur doit être considéré comme auteur principal il
en résulte 3 conséquences :
 Sa situation juridique est différente de celle du complice : sa responsabilité est strictement
personnelle et ne dépend de celle des autres co-auteurs.
 Il peut être poursuivi seul et doit être condamné dès lors que l’acte est punissable et que les autres
co-auteurs bénéficient d’une cause personnelle d’impunité.
 La peine qui peut être prononcé contre lui ne dépend pas de celle des autres co-auteurs.

Paragraphe III - L’auteur intellectuel

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Dans sa conception classique matérialiste, le droit pénal ne considère comme auteur que
celui a matériellement accompli tous les actes constitutifs de l’infraction. A titre exceptionnel
cependant, l’auteur principal ou le co-auteur peuvent être celui qui sans avoir accompli
personnellement l’acte constitutif de l’infraction a seulement été la cause intellectuelle. Les
exemples sont nombreux à travers la jurisprudence et la loi. Il en est ainsi des articles 103 al 1 er
NCPCA (Sera puni de la peine d’emprisonnement de cinq à dix ans, quiconque, par fraude ou
violence, aura enlevé ou fait enlever des mineurs de dix huit ans ou les aura entraînés, détournés
ou déplacés, ou les aura fait entraîner, détourner ou déplacer des lieux où ils étaient mis par ceux
sous l’autorité ou sous la direction desquels ils étaient soumis ou confiés), 106 al 2 (Sera puni de
la même peine, celui qui, même sans fraude ou violence, l’enlèvera ou le détournera, ou le fera
enlever ou détourner des mains de ceux auxquels sa garde aura été confiée), 107 al 1 er
(Quiconque aura exposé ou fait exposer, délaissé ou fait délaisser en un lieu solitaire un enfant
hors d’état de se protéger lui-même en raison de son état physique, sera pour ce seul fait
condamné à un emprisonnement d’un à trois ans et une amende de 100.002 à 1.000.000 de
francs), 114 (celui qui favorisé l’excision ou toutes méthodes de mutilations génitales
féminines), 322 (celui qui indirectement, illicitement et délibérément, fournit ou réunit des fonds
dans l’intention de les voir utilisés ou en sachant qu’ils seront utilisés pour commettre des actes
de terrorisme …), 323 a et b (celui qui : a) - organise la commission d’une des infractions
prévues à l’article 322, ou donne l’ordre à d’autres personnes de la commettre ; b) - contribue à
la commission de l’une ou plusieurs des infractions prévues à l’article 303 par un groupe de
personnes agissant de concert), 331 al 1er (plan concerté en vue d’attroupement, voies de fait ou
menaces, dans le but d’empêcher ou tenter d’empêcher un ou plusieurs citoyens d’exercer leurs
droits civiques), 340 et 341 (participation à l’émission ou exposition de monnaies contrefaites ou
altérées, ou à leur introduction en RCA qu’elles aient cours légal en RCA ou à l’étranger).
L’instigateur ou le provocateur du crime est considéré comme auteur intellectuel. Il en ait ainsi
des instigateurs ou provocateurs d’insurrections.

SECTION II - LA COMPLICITE
La loi pénale punit non seulement l’auteur matériel (auteur, co-auteur ou auteur intellectuel) mais
aussi celui qui a participé à la réalisation de l’infraction. La complicité est donc ainsi punie.
D’après Gustave Le Bon, Psychologie des Foules, par le seul fait qu’il fait partie d’une foule, l’homme
descend de plusieurs degrés sur l’échelle de la civilisation. Il a la violence et la férocité des êtres primitifs.
La force d’un groupe est de pouvoir métamorphoser la conscience des individus qui le compose. Pris
isolément, l’individu n’est pas forcément capable de commettre une infraction. Avec l’élan d’un groupe,
il adopte plus facilement un comportement délictueux. La force de persuasion du groupe sur des individus
influençables présente un réel danger pour l’ordre public. Plus les membres d’un groupe sont nombreux,
plus les dommages qu’ils risquent de causer à la société sont importants. Pour endiguer cette criminalité
collective, dès 1810, deux concepts ont été introduits dans le Code Pénal. Il s’agit de la complicité et de la
coaction. La complicité et la coaction pouvant en pratique être des comportements proches, la question
des critères de leurs distinctions paraît essentielle. Même si en principe cette distinction est fondée sur un
critère objectif, un critère subjectif a été introduit. Par ce critère la doctrine invite à distinguer suivant que
l’individu a voulu s’associer à l’infraction d’autrui, auquel cas il est complice, ou bien a entendu
accomplir sa propre infraction, auquel cas il est auteur. Ce critère est difficile à mettre en œuvre, car il
ignore en partie la matérialité de l’acte du complice ou du coauteur. Le critère objectif semble être plus à
même de respecter la volonté du législateur. Il considère comme coauteurs les individus qui réunissent en
leur personne tous les éléments constitutifs de l’infraction.
Il convient de dégager la notion de complicité (Paragraphe I) et les conditions de punissabilité
(Paragraphe II) avant de voir les peines applicables (Paragraphe III).

Paragraphe I – La notion de complicité


La notion de complicité relève d’une conception criminologique beaucoup plus vaste qui est celle
de la participation criminelle. En effet l’infraction est plus souvent l’œuvre d’une entente entre plusieurs
individus plus ou moins organisés, mais très souvent aussi sans concertation préalable. C’est le cas d’une
foule surexcité des manifestants qui commettent un crime (meurtre). La jurisprudence admet qu’il y a

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autant de poursuites que de manifestants et chacun peut être condamné dans les limites de sa complicité.
La complicité résulte la plupart d’une participation de deux ou plusieurs individus à une infraction
préalablement concertée. Toutes les personnes ayant participé directement à la commission d’une telle
infraction, sont auteurs ou co-auteur tandis que celles qui n’ont fait qu’aider l’auteur ou le co-auteur ne
sont que des complices. Les notions de complicité et d’auteur principal restent tout de même distinctes
malgré leur assimilation (A) distinction qui présente un intérêt pratique (B).

A - L’auteur et le complice
L’auteur de l’infraction est celui qui réunit en sa personne tous les éléments constitutifs de cette
infraction. Il a personnellement accompli les actes constitutifs. Tandis que celui qui n’a fait que coopérer
ou concourir à la réalisation de celle-ci n’est que complice. La distinction entre auteur et complice n’est
pas pour autant étanche en jurisprudence. Elle considère quelque fois comme co-auteur celui qui est
objectivement complice. Ainsi punit-elle le complice d’une contravention comme co-auteur (Crim. 24
juin 1922 S 1923 I 41).
A l’inverse elle considère parfois comme complice celui qui n’a été en principe qu’un auteur. Pour la
Chambre criminelle en effet le co-auteur d’un crime, est nécessairement l’autre coupable dans les faits qui
consomment l’action et devient par la force des choses son complice. C’est la théorie dite de la complicité
co-respective. Par cette théorie la Chambre criminelle inflige au co-auteur une peine aussi grave que celle
qu’il aurait encourue s’il était complice.

B - Les intérêts de la distinction


La distinction auteurs, complice ne présente pas moins d’intérêt malgré leur assimilation.
 La complicité de la contravention n’est pas en principe punissable alors que le co-auteur est
toujours punissable.
 Certaines qualifications pénales dépendent de la qualité personnelle de l’auteur et non de celle de
complice. Ainsi le meurtre commis par un fils sur son père est un parricide. Si le fils n’est que
complice, la circonstance aggravante disparaît ; le parricide devient simple meurtre en principe.
 Indépendamment de l’acte principal la complicité doit être démontrée dans ces éléments
constitutifs.

Paragraphe II – Les conditions de la complicité


Les conditions de la complicité sont relatives à l’infraction principale (A), à l’acte matériel de
complicité (B).

A- L’infraction principale
La seule participation à un crime ou à un délit ne suffit pas pour retenir la complicité. Il faudrait
que l’acte principal soit punissable, c'est-à-dire qu’il tombe sous le coup de la loi pénale. En dehors de
toute incrimination de l’acte principal, la complicité ne peut être retenue. Par exemple le suicide.
L’acte principal doit être un délit ou un crime consommé ou tenté. Si l’auteur de l’infraction n’est
qu’à la phase préparatoire, le complice ne peut être puni.
La complicité n’est pas punissable lorsque le crime ou le délit est justifié ou lorsque l’auteur bénéficie
d’une amnistie.
La complicité non plus n’est pas punissable lorsque l’infraction principale est prescrite.
Si la complicité ne peut être retenue qu’autant que l’infraction principale est punissable, le
complice peut être poursuivi et puni lorsque l’auteur principal n’est pas poursuivi et puni ou lorsqu’il est
inconnu, mort ou bénéficie d’une cause subjective de non punissabilité, d’une excuse de minorité ou
d’une excuse absolutoire (Crim. 18 novembre 1976 Bull. n°332 ; Crim. 8 janvier 1991 Bull. n°15).

B – L’acte de complicité
La complicité suppose un élément matériel et un élément intentionnel.
1°) – L’élément matériel de la complicité
L’acte matériel de complicité est un acte de préparation dont les modalités sont définies par l’article 12
NCPCA. Sont incriminés la provocation, la fourniture de moyens, la fourniture d’instructions, l’aide ou
l’assistance.
a) La complicité par provocation  ou instruction (art 12 1° NCPCA): En ce qui concerne la
complicité par provocation, il s’agit d’une pression exercée sur une personne en vue de

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l’emmener à commettre une infraction. De simples conseils, encore moins des récompenses
données après coup ne rentrent pas dans l’énumération légale. Il doit s’agir de don, menace, abus
d’autorité ou de pouvoir, machination, artifices coupables ayant provoqué à l’action. La
provocation doit être en outre circonstanciée c'est-à-dire réalisée par des actes positifs destinés à
leur donner une certaine influence. Elle doit être directe (tendre directement et concrètement à
suggérer la commission de l’infraction et non à faire naître dans l’idée dans l’esprit de l’auteur).
L’acte de provocation doit être enfin individuel. Elle doit être adressée à l’auteur et suivi d’effets.
La complicité par instruction désigne tous les actes visant la fourniture d’indications précises de
nature à rendre possible ou faciliter l’exécution de l’infraction. Peu importe que ces indications
soient données à l’auteur lui-même ou par personne interposée. Par exemple la fourniture des
indications sur les lieux à cambrioler, les horaires de rentrée ou sortie d’une personne.
b) La complicité par fourniture de moyen (art 12, 2° NCPCA) : Il s’agit de tout moyen de quelque
nature qu’elle soit, destiné à commettre ou faciliter l’exécution d’une infraction. Par exemple
fourniture d’échelle, de fausse clef, arme, voiture. Peu importe si ces moyens n’ont pas été
indispensables à la réalisation de l’infraction.
c) La complicité par aide ou assistance (art 12, 3° NCPCA) : cette forme de complicité vise les cas
de personnes qui ont participé à l’infraction ou en ont facilité l’exécution. Par exemple
hébergement des délinquants avant l’infraction, détention des moyens ayant permis l’exécution,
surveillance, neutralisation du gardien
d) La complicité par fourniture habituelle de logement, lieu de retraite ou de réunion (art 12, 4°
NCPCA)  : la loi punit ceux qui, connaissant la conduite criminelle des malfaiteurs exerçant des
brigandages ou des violences contre la sûreté de l’Etat, la paix publique, les personnes ou les
propriétés, leur fournissent habituellement logement, lieu de retraite ou de réunion. 

Quelle que soit sa forme, la complicité doit consister en un acte positif consommé et non tenté car la
tentative de complicité n’est pas punissable.
De plus, l’acte de complicité doit être antérieur ou concomitant à l’acte principal. Les actes
postérieurs ne rentrent en principe pas dans la définition de la complicité. Toutefois, ces actes postérieurs
peuvent tomber sous le coup d’incriminations particulières : recel de choses ou de malfaiteurs, de crimes
etc. Parfois la jurisprudence considère comme acte de complicité l’acte qui a un lien direct et prémédité
avec l’infraction principale. Par exemple aider les auteurs d’une infraction à s’enfuir en vertu d’une
entente préalable.
2°) – L’élément intentionnel
C’est l’élément moral de l’acte de complicité qui consiste dans la volonté de l’argent à s’associer
à l’acte délicieux de l’auteur principal. Cette volonté résulte le plus souvent d’une attente préalable avec
l’auteur principal ou au moment des faits. Ainsi n’est pas complice d’un meurtre celui qui a prêté un fusil
de chasse alors qu’il ne connaissait pas l’usage meurtrier qui allait en être fait. La jurisprudence n’exige
pas cependant que le complice ait connu les circonstances aggravantes de l’infraction à laquelle il a voulu
s’associer.
L’intention coupable doit être concomitante à l’acte. Le fait de s’associer par la suite à une
infraction principale déjà réalisée ne constitue pas la complicité punissable.

Paragraphe III - La sanction de la complicité


La répression de la complicité est soumisse au système de l’emprunt absolu de la criminalité.
D’après ce système la peine applicable au complice est strictement la même que celle de l’auteur
principal. Ainsi convient-il d’analyser d’abord le principe avant d’envisager son application.

A- Le principe de l’emprunt de la criminalité ou l’identité de peine


Aux termes l’art. 11 NCPCA, les complices d’une infraction tentée ou consommée sont punis de
la même peine que les auteurs de cette infraction sauf les cas où la loi en aurait disposé autrement. Ainsi
donc la peine applicable dans sa durée est la même que celle prévue pour l’auteur principal. Par exemple
le complice d’un vol simple encourt les peines d’emprisonnement de 1 à 5 ans et d’amende de 100.002
à 500.000 francs, tandis que le complice d’une escroquerie est passible de 2 ans à 10 ans de prison et
de 400.000 à 4.000.000 F d’amende.

31
Ce principe s’applique de la même manière pour peines associées que la loi attache de plein droit
à peine principale. Les peines complémentaires que les juges appliquent de plein droit sont applicables
également aux complices.

B- L’application du principe
La mise en œuvre du principe de l’identité de peine comporte quelque fois des exceptions.
Certaines sont liées aux circonstances aggravantes ou aux circonstances atténuantes. Dans tous les cas, les
circonstances personnelles, réelles, ou mixtes influencent la peine de la complicité.
Les circonstances personnelles : Elles sont strictement personnelles à l’auteur principal. La jurisprudence
a décidé que les circonstances personnelles à l’auteur principal et qui aggravent sa responsabilité ne sont
pas applicables aux complices. Elles ne peuvent modifier ou aggraver la peine de la complicité. Par
exemple la qualité de récidiviste de l’auteur principal, l’existence de cause de non imputabilité ou de
circonstances atténuantes, l’exemption de la peine pour l’auteur principal ne jouent pas à l’égard du
complice.
Les circonstances réelles : Ce sont des circonstances objectives qui modifient la criminalité de l’acte et
qui changent la qualification de l’infraction. Ces circonstances sont liées au temps (la nuit pour le vol),
aux moyens (fausse clé pour le vol), aux modalités de commission de l’acte (usage de véhicule motorisé,
escalade et effraction pour le vol ; minorité de la victime pour les coups, blessures et privations ; actes de
barbarie pour les meurtres etc.). Ces circonstances influencent la peine de la complicité lorsque
l’infraction commise est de même nature que celle à laquelle a voulu s’associer le complice (Crim. 21
novembre 1990 bull n°397 ; Crim. 19 juin 1984 Bull n°231). Ce principe s’applique lorsque le complice a
eu connaissance des circonstances aggravantes au moment de son acte mais aussi lorsque il les a ignorées
(Crim. 13 janvier 1955 D 55 291).
Les circonstances mixtes : Elles tiennent à la fois à la qualité de l’auteur principal et à l’acte. Par exemple
la qualité de nouveau-né transforme le meurtre en infanticide. Il en ait de même de la préméditation qui
transforme le meurtre simple en assassinat. La Chambre criminelle a décidé que les circonstances mixtes
aggravent aussi bien la peine de l’auteur principal que celle du complice (Crim. 12 mai 1970 D 1970
515).

CHAPITRE II - LA RESPONSABILITE PENALE DU FAIT D’AUTRUI

Le principe nul n’est punissable qu’à raison de son fait personnel soulève quelques difficultés
quant à son application. En effet, à la différence au Code civil qui retient la responsabilité d’une personne
pour une faute qu’elle n’a pas personnellement commise, la poursuite pénale ne peut être exercée, la
peine ne peut être appliquée qu’à une personne en raison de sa participation comme auteur co-auteur ou
complice dans une infraction. Certaines circonstances permettent cependant de déterminer l’identité
exacte de celui qui a commis l’infraction alors que la peine peut être appliquée à un tiers (Section I). De
telles hypothèses sont d’application très variable (Section II).

Section I – Les différents cas de responsabilité du fait d’autrui


Ces cas se rapportent à la participation collective à une infraction (Paragraphe I). Mais aussi à la
responsabilité pénale directe ou indirecte du fait d’autrui (Paragraphe II).

Paragraphe I - Les infractions collectives


La suppression de la responsabilité collective a laissé subsister, tant dans les textes que dans la
pratique, quelques cas de responsabilité du fait d’autrui.

A - Les cas légaux


Dans le Code pénal de 1961, les cas légaux de responsabilité de fait d’autrui sont rares. Le législateur
dans le nouveau Code pénal en a prévu un peu plus. Comme dans le Code pénal français de 1994, ces cas
concernent les faits de groupe ou crimes de foule. Quelques exemples nous sont fournis par les articles
suivants :
 Article 289 NCPCA (affiliation, adhésion de quelque manière que ce soit, participation à
l’activité d’un groupement ou organisme qui tend par ses conseils, instructions, consignes
ou par quelque moyen que ce soit à provoquer la désobéissance aux lois et règlements ou

32
aux ordres du Gouvernement ou inciter la population au refus collectif de payer l’impôt
et ses accessoires ou à en différer le paiement) ;
 Articles 383 à 385 ; 389 à 391 NCPCA (rébellion) ;
 Articles 386, 387 NCPCA (réunion d’individus armés ou non).
La même solution s’applique à la répression des infractions de coups et violences volontaires par
un groupe sur la voie publique ou du fait des rassemblements illicites vis-à-vis des instigateurs (artilce 72
NCPCA).

B - Les extensions jurisprudentielles


La jurisprudence par la théorie de la complicité co-respective transpose automatiquement au
complice toutes les circonstances aggravantes réelles.
Le même principe s’applique aux infractions commises en groupe par plusieurs personnes dont il
est impossible de déterminer l’identité et la part exacte de chaque individu à la réalisation du dommage.
Toutes les personnes ayants participé à l’acte en supportent la responsabilité pénale.
L’autre forme de responsabilité est celle de la victime qui a été atteinte par une série d’actes
d’imprudence. C’est le cas d’un groupe d’enfants ayant jeté des pierres sans intention précise dont l’une a
atteint un passant. La Chambre criminelle considère qu’il y a une faute d’imprudence imputable à tous les
enfants ayant participé au groupe.

Paragraphe II - La responsabilité pénale direct ou indirecte du fait d’autrui


Elle concerne le civilement responsable mais également la responsabilité directe d’un tiers.

A – Le civilement responsable ou la responsabilité pénale indirecte


Il s’agit des textes particuliers qui prévoient la responsabilité civile du chef d’entreprise pour les
condamnations civiles contre leurs gérants ou préposés pour des infractions sur la législation du travail. Il
en est de même pour les amendes ou les frais de justice prononcés pour les contraventions aux règles de
circulation routière contre le commettant du fait de son préposé. Ce même principe s’applique en matière
de délit de presse (Art 44 al 2 Loi du 22 juillet 1881).

B – La responsabilité pénale directe du fait d’autrui


C’est la véritable exception au principe de nul n’est responsable qu’à raison de son fait personnel
et celui de la personnalité de la peine. Cette responsabilité peut incomber à une personne physique ou
morale.
Responsabilité des personnes physiques : Cette responsabilité est encourue lorsqu’à la suite d’une
infraction commise matériellement par une personne, la condamnation pénale est prononcée contre une
autre personne. Ces différents cas sont prévus soit expressément par la loi soit par la jurisprudence. C’est
le cas en France de l’article L 263 1-2 C trav. qui pour la violation des prescriptions relatives à la
protection des salariés étend la sanction au chef d’entreprise.
Responsabilité des personnes morales : En République Centrafricaine, l’article 10 du NCPCA, prévoit
que les personnes morales, à l’exclusion de l’Etat, sont pénalement responsables dans les cas
prévus par la loi ou le règlement, des infractions commises pour leur compte, par leurs organes
ou représentants. Les sanctions applicables sont prévues à l’article 20 NCPCA.
Il faut ajouter que la jurisprudence en l’absence de tout texte a déclaré que « La responsabilité
peut cependant naître du fait d’autrui dans tous les cas exceptionnels où certaines obligations légales
imposent le devoir d’exercer une action directe sur les faits d’un subordonné » (Crim. 28 février 1956
JCP 1956 II 19904).

Section II – La mise en œuvre de la responsabilité du fait d’autrui


En dehors de la responsabilité collective, tous les cas de responsabilité du fait d’autrui ne peuvent
être mis en œuvre que sous certaines conditions (Paragraphe I). Des cas d’exonération sont admis
(Paragraphe II).

Paragraphe I – Les conditions

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Les conditions sont relatives à l’infraction commise par autrui (A) et à la faute de l’employeur
(B).

A – La nécessité d’une infraction commise par autrui


La base objective de la responsabilité pénale du fait d’autrui est l’exécution matérielle de
l’infraction par autrui. Il s’agit le plus souvent des infractions non intentionnelles (contraventions). Mais
les infractions intentionnelles peuvent aussi être concernées (exemple tromperie sur la qualité des
marchandises). D’après la Chambre criminelle, qu’il s’agisse d’infractions intentionnelles ou non, la
responsabilité du chef n’exclut pas celle de l’auteur matériel de l’infraction (préoccupations prise en
compte par le législateur centrafricain : article 10 alinéa 3 NCPCA), l’un ou l’autre pouvant être
poursuivi. La responsabilité du chef d’entreprise reste entière lorsque l’employé n’était qu’un simple
instrument entre les mains de son patron ou que le patron connaissant l’état défectueux du véhicule qui lui
a été confié.

B – La nécessité d’une faute du chef d’entreprise


La faute résulte d’une négligence ou du non-respect des prescriptions légales ou réglementaires. Cette
négligence est présumée et l’accusation n’a pas à le démontrer. Certaines incriminations exigent parfois
une faute personnelle résultant de l’inobservation des prescriptions légales ou réglementaires d’hygiène
ou de la sécurité des travailleurs. Dans tous les cas, il faudra que les agissements du travailleur aient été
rendus possibles par la négligence ou la faute du chef d’entreprise.

Paragraphe II – Les causes d’exonération


Admise en matière de responsabilité du chef d’entreprise, la délégation ou l’exonération doit être
étudiée dans son domaine, ses conditions et ses effets.

A – Le domaine de la délégation
La délégation est admise dans le domaine de violation des prescriptions légales et réglementaires
notamment en matière d’hygiène, de sécurité du travailleur et pour les délits de coups et blessures ou
d’homicides involontaires (accidents de travail). La délégation n’est pas admise dans le domaine des
infractions économiques ; pas plus qu’elle ne l’est pour les obligations afférant au pouvoir
d’administration générale qu’assument les mandataires sociaux (Crim. 17 juillet 1990 Bull n° 287).

B – Les conditions de la délégation


Pour s’exonérer de sa responsabilité, le chef d’entreprise doit apporter la preuve qu’il a placé à la
tête du service dans lequel l’infraction a été commise un préposé doté des compétences, de l’autorité et
des moyens nécessaires pour veiller efficacement au respect de la réglementation (Crim. 18 octobre 1977
D 1978 470 Note Benoît).
La délégation doit être certaine, non ambiguë et antérieure à la commission de l’infraction. La
preuve de la délégation n’est soumise à aucun formalisme particulier. En matière des infractions au Code
de Séc. Soc., la délégation n’est admise que lorsqu’elle a été portée à la connaissance des organismes de
la sécurité sociale.

C – Les effets de la délégation


La délégation a un effet exonératoire de responsabilité lorsqu’elle intervient dans des conditions
précitées. Le chef d’entreprise ou le commettant est entièrement exonéré pour les délits commis par
l’employé. Seul le délégué sera poursuivi pour cette infraction. En cas de pluralité de délégations, le chef
d’entreprise reste seul responsable car selon la jurisprudence, le cumul de délégations est de nature à
restreindre l’autorité et à entraver les initiatives de chacun. La délégation serait dans cette hypothèse
irrégulière.

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DEUXIEME PARTIE
LA SANCTION PENALE

La sanction pénale consiste généralement, lorsque l’infraction est établie et la responsabilité retenue,
dans application d’une peine ou d’une mesure de sûreté. L’analyse de la sanction en matière pénale
s’articule autour de deux idées : l’une s’appuyant sur la philosophie de la sanction, envisage la peine dans
ses différente formes et variétés (Titre 1) ; l’autre approche plus pratique expose la mesure de la sanction
et les différentes circonstances de fait et de droit pouvant avoir une incidence sur son application (Titre
2).

TITRE I - LA SANCTION PENALE : NATURE ET VARIETE


L’examen de la nomenclature des peines (chapitre II) suppose une analyse préalable des différentes
formes de la sanction pénale (chapitre I).

CHAPITRE 1 - LES DIFFERENTES FORMES DE LA SANCTION PENALE

La réaction sociale au phénomène criminel peut prendre soit la forme d’une peine lorsque l’infraction
est établie, soit la forme d’une mesure de sûreté s’il y a seulement l’élément dangereux. Cependant la
distinction n’est pas facile à faire en pratique en raison de la double vocation de la sanction à l’époque
moderne. Il convient ainsi de présenter la sanction pénale dans sa forme punitive (section I) et préventive
(section II) tout en reconnaissant que les deux types de sanction ont de traits communs (section III).

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SECTION 1 - LA SANCTION PENALE PROPREMENT PUNITIVE : LA PEINE
La peine ou mesure privative de liberté est destinée à priver le délinquant ou le condamné de la
jouissance de certains droits. Son objet (Paragraphe I) et ses caractères (Paragraphe II) traduisent une
réaction sociale indubitablement répulsive.

Paragraphe I - L’objet de la peine


Les buts que poursuit la peine en droit pénal moderne sont multiples. La peine en droit pénal
contemporain à vocation à la fois de permettre la réadaptation du délinquant (C) de l’intimider (B) et de le
punir (A).

A- Le but de rétribution
Ce but reste inhérent à la peine même s’il provient de la conception néoclassique. La peine est
une réparation, une juste sanction de la faute commise. « La mort est le salaire du péché » dit la Bible.
C’est en considération de cet élément que l’intention criminelle reste un élément déterminant dans la
recherche de la faute et de la sanction à appliquer au délinquant. C’est le cas en matière de minorité ou
encore la recherche sur la personnalité du délinquant désormais obligatoire dans toute matières. La
rétribution explique le pouvoir d’appréciation laissé au juge dans la détermination de la sanction. Il en est
de même du passé du délinquant (primaire ou récidiviste).

B- Le but d’intimidation
Le but d’intimidation a toujours soutenu la peine car l’on pense que la crainte du châtiment
exemplaire était de nature à dissuader. Le droit pénal doit servir même si l’on pense que le juge ne doit
céder devant l’horreur pour tomber dans un sentiment de vengeance.

C- Le but de Réadaptation
Inspirée par le mouvement de la défense sociale, la réadaptation sociale du délinquant n’a jamais
été absente du dessein du législateur car la justice moderne doit être humaine et conciliant à la fois les
nécessités de protection de l’ordre social et la réinsertion sociale du délinquant.

Paragraphe II - Les caractères de la peine


Les caractères de la peine sont invariables. Quelle que soit la forme de la peine, la peine est
afflictive, infamante, fixe et définitive.

A- La peine est afflictive


Comme châtiment la peine est ressentie par la souffrance la punition si non une gêne sensible car
par son but d’intimidation et de réinsertion, la peine sera une punition aménagée. C’est pourquoi les
peines atteignent l’individu dans les points réputés sensibles : sa liberté, ses droits, son patrimoine, son
honneur ou sa réputation et quelle que fois sa vie.

B- La peine est infamante


En sanctionnant une infraction la société traduit sa réprobation. Le blâme participe de la nature
même de la peine infligée. Et celle –ci a toujours destiné le condamné à la réprobation publique.
Cependant ce caractère infamant constitue un obstacle à la réinsertion sociale du délinquant. L’opprobre
social attaché à la peine marquera la vie de délinquant.

C- La peine à un caractère fixe


C’est la conséquence du principe de la légalité car pour mettre le délinquant à l’abri de tout
arbitraire, la peine doit être déterminée dans son quantum et le délinquant doit savoir au jour du jugement
quand il sortira de la prison. Cependant le juge peut modifier la peine. Et l’administration pénitentiaire
peut, par le jeu des remises de peines, réduire la durée de l’emprisonnement.

D- La peine est définitive

36
C’est la conséquence de l’autorité de la chose jugée. En effet une fois les voies de recours
épuisées, la sentence prononcée n’est plus susceptible de modification. Le caractère définitif de la peine
est cependant atténué par le jeu de la réhabilitation censée participer à la réinsertion sociale du délinquant.

SECTION II - LA REINSERTION SOCIALE PREVENTIVE : LES MESURES DE SURETE


Les mesures de sûreté ou mesure de police ou de sécurité sont les mesures individualisées
coercitives qui appliquées à un individu ont pour but de prévenir une activité criminelle probable en
tenant compte de son état dangereux. Il convient de voir le but de la mesure de sûreté (Paragraphe 1)
avant de voir leurs caractères (Paragraphe 2).

Paragraphe I – Le but de la mesure de sûreté


Elle a une fonction essentiellement préventive par le traitement et par la surveillance. La fonction
de traitement est inhérente à la réadaptation (réinsertion) sociale poursuivie par la mesure de sûreté.
Cependant à la différence de la peine, elle n’est pas une mesure de rétribution et elle doit tendre
essentiellement à la réadaptation lorsqu’elle réalise une prévention en faveur des mineurs et des
alcooliques dangereux. La fonction de neutralisation (surveillance) a été proposée par les positivistes afin
d’empêcher le délinquant de nuire : internement des délinquants d’habitude, castration des délinquants
sexuels, maison de travail pour les délinquants vagabonds et interdiction de séjour.

Paragraphe II - Les caractères de mesure de sûreté


La mesure de sûreté est dépourvue de toute coloration morale, indéterminée et révisable.

A - La mesure de sûreté est dépourvue de toute coloration morale.


Contrairement à la peine, la mesure de sûreté est débarrassé de toute condamnation affective ou
infamante afin d’éviter le blâme et le châtiment. Les législations modernes ont recours à des méthodes
médico-prophylactiques.

B - La mesure de sûreté est indéterminée


La mesure de sûreté est destinée à prévenir la commission d’une infraction. A ce titre elle
dépendant quant à sa durée non seulement de l’état dangereux constaté mais aussi de la manière dont se
déroulera le traitement prévu. Cependant dans un souci de sauvegarde des libertés individuelles les
tendances modernes sont enclines à enfermer la mesure de sûreté dans une durée déterminée.

C - La mesure de sûreté est révisable


A la différence de la peine dont le taux est fixé, la mesure de sûreté est fonction de l’état
dangereux et peut subir de modification suivant l’évolution constatée. Le juge qui l’a ordonnée n’est pas
dessaisi de la sentence prononcée ; il doit en surveiller l’exécution.

SECTION III – LES GARANTIES COMMUNES AUX PEINES ET MESURES DE SURETE


Ces garanties découlent des fondements du droit pénal moderne : le respect du principe de la
légalité, le respect de la dignité humaine et l’intervention du juge.

Paragraphe I – La nécessité du respect de la légalité


Afin d’éviter tout arbitraire l’individu doit savoir les faits qui lui sont reprochés et les sanctions
encourues. Le principe de la légalité s’applique de la même manière tant pour les peines que pour les
mesures de sûreté. Cependant une certaine souplesse demeure quant à l’application des mesures de sûreté
car pour atteindre son objet, celle-ci doit être modifiée dans le sens de l’indulgence.

Paragraphe II - La nécessité du respect de la dignité humaine


La réaction sociale pour répulsive qu’elle soit doit toujours gardée une proportion d’humanisme.
Le délinquant ne doit pas perdre sa dignité d’homme quoi qu’il soit passé à l’acte. C’est pourquoi les
conventions internationales prohibent aujourd’hui toutes formes de sanctions qui ne tiennent pas compte
du respect de la personne humaine. D’autre part, certaines pratiques telles que la castration ou la
stérilisation en vigueur dans certains pays sont condamnées par le droit pénal moderne.

Paragraphe III - La nécessité de l’intervention judiciaire

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C’est la garantie la plus fondamentale pour les libertés individuelles car la révolution et les
auteurs du Code pénal ont redouté l’arbitraire en limitant le juge dans ces pouvoirs au profit d’une
certaine spécialisation. En effet le juge professionnel éclairé, impartial et inamovible est le seul garant des
libertés individuelles. C’est pourquoi la Cour de cassation a décidé que c’est au juge et à lui seul que
revient la décision de déterminer la sanction à appliquer. Et c’est aussi au juge que revient le soin de
prononcer les mesures de sûreté fonctionnant comme des peines accessoires ou complémentaires.

CHAPITRE II - LA NOMENCLATURE DE LA SANCTOIN PENALE

La sanction pénale est constituée essentiellement par la peine (section I) même si la distinction
entre la peine et la mesure de sûreté n’est pas souvent nette (section II).

SECTION I - LES PEINES


Elles sont nombreuses d’où nécessité de les classes. Le Code pénal distinctes les peines en
fonction de leur gravité objective, de leur rôle et de leur objet.

Paragraphe I - La classification en fonction de la gravité objective


On distingue les peines criminelles, peines correctionnelles et peines de police
Les peines criminelles : Elles sont de deux natures : les peines criminelles de droit commun et les peines
criminelles politiques.
Les peines criminelles de droit commun : Ce sont la peine de mort, les travaux forcés à perpétuité et les
travaux forcés temps de 10 à 20 ans.
Les peines criminelles politiques : Ce sont la détention perpétuelle, la détention à temps et le
bannissement.
Les peines correctionnelles : Ce sont l’emprisonnement de 1 mois et 1 jour à 10 ans sauf récidive et
l’amende supérieur à 100.000 F.
Peines de Police : Elles sanctionnent les contraventions ou les délits par le jeu des circonstances
atténuantes. Ce sont l’emprisonnement de 1 jour à 1 mois et l’amende et l’amende de 1000F à 100.000F.

Paragraphe II – La classifications des peines en fonction de leur rôle


Cette distinction doit être précisée dans son contenu et dans ses attributions.

A- La distinction de base
Elle oppose les peines principales, complémentaires et accessoires.
Les peines principales sont prévues par des textes d’incrimination. Ce sont l’emprisonnement et ou
l’amende.
Les peines accessoires désignent les peines complémentaires facultatives ; par exemple l’interdiction de
droit (art. 17 C Pénal) ou la dégradation civique.
Les peines complémentaires accompagnent la peine principale. Elles ne sont pas souvent automatiques et
ne peut être prononcées que dans les cas prévus par la loi. Par exemple la confiscation ou l’interdiction de
certaines fonctions publiques, la suspension ou le retrait.

B- Atténuation à la distinction
Elle est liée à la possibilité qu’offre la loi au juge de permuter dans certains cas le contenu et le
rôle de certaines peines. C’est le cas lorsqu’il transforme la peine d’emprisonnement accessoire ou
complémentaire. Le juge peut également dispenser le condamné d’une peine accessoire obligatoire.

Paragraphe III - Les classifications fondées sur l’objet


On distingue les peines qui atteignent liberté et les peines qui atteignent le patrimoine du
condamné.
A- Les peines atteignant la liberté
Il y a les peines privatives de liberté et les peines restrictives de liberté. Les peines privatives de liberté
sont constituées par l’emprisonnement tandis que les peines restrictives de liberté prive l’individu de sa
liberté d’aller et de venir et n’atteignent le condamné que dans des droits particuliers ; par exemple
bannissement.

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B- Les peines atteignant le patrimoine du condamné
Elles sont constituées essentiellement par l’amende. L’amende consiste dans l’obligation faite au
condamné de payer au profit du trésor publique une certaine somme d’argent. L’amende doit être
distinguée des dommages intérêts et des frais de justice.

SSECTION II – LES MESURES DE SURETE


Elles sont très variées et on distingue les mesures de sûreté judiciaire et les mesures de sûreté
administrative.

Paragraphe I – Les mesures de sûreté judiciaires


Elles fonctionnent comme des peines et sont axées sur le traitement et l’éducation du délinquant.
Les mesures de sûreté sont de plusieurs types. Il y a les mesures de sûreté disjonctives (interdiction
professionnelle, fermeture d’établissement) curatives (désintoxication) et d’assistance en faveur des
mineurs, des vagabonds et des prostitués.

Paragraphe II – Les mesures de sûreté administratives


Elles sont prises par l’administrative de l’état dangereux de certains individu afin d’éviter les
infractions futures. Ces mesures sont multiples et variées. Ce sont l’internement des aliénés, l’expulsion
d’un étranger, la reconduite à la frontière.

TITRE II - L’APPLICATION DE LA SANCTION


L’application de la sanction en matière pénale pose les problèmes de la détermination de la
sanction à appliquer (Chapitre I), de la suspension et de l’extinction de la sanction applicable (Chapitre II)

CHAPITRE I - LA DETERMINATION DE LA SANCTION APPLICABLE

D’une manière générale le juge après avoir retenu la qualification se reporte aux textes
d’incrimination pour vérifier la sanction prévue : peine ou mesure de sûreté. Cette sanction n’est pas la
même suivant que la qualification retenue (Section I) comporte ou non certaines circonstances pouvant
jouer sur la mesure de la sanction à appliquer (Section II).

SECTION I - LA QUALIFICATION RETENUE


L’infraction retenue peut être une infraction unique (Paragraphe I) ou une série d’actes perpétrés
dans un temps relativement proche (Paragraphe II).

Paragraphe I - La peine en cas d’infraction unique


La peine à appliquer ici résulte d’un choix entre un minimum et un maximum légal. Cette
sanction peut être une peine de prison, une amende ou une mesure de sûreté. Le juge les déterminera, en
fonction du trouble causé à la l’ordre publique, de la gravité de la faute et de la personnalité du
délinquant. Cependant la personnalité du délinquant peut présenter les éléments pouvant jouer en faveur
d’une répression beaucoup plus sévère.

Paragraphe II - La peine applicable en cas de pluralité d’infractions


Les hypothèses de pluralité d’infractions sont variées. Un individu condamné pour le viol en
1983 commet trois après un abus de confiance. Un autre condamné pour vol commet le même délit 2 ans
après. Enfin dans un temps voisin, un individu commet plusieurs autres actes délictueux. Toutes ces
hypothèses recouvrent le concept de pluralité d’infractions, mais n’obéissent pas à la même règle. Dans la
1ère hypothèse il y à réitération d’infractions parce que la 1 ère condamnation devenue définitive est sans
rapport avec la seconde. Dans la seconde hypothèse il y a récidive (A) et pluralité d’infractions dans la
3ème hypothèse (B).

A – La récidive
1) – La notion de récidive

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Il y a récidive chaque fois qu’après une 1 ère condamnation devenue définitive, l’auteur commet un autre
délit dans un délai déterminé par la loi. La récidive n’est réprimée que sous 3 conditions appelées termes
de la récidive.
- Le 1er terme, une condamnation devenue définitive : la récidive suppose une condamnation ayant
acquis force de chose jugée. Cette condamnation doit donner lieu à une peine et non une mesure
de sûreté. Enfin en application du principe de la territorialité du droit pénal, cette condamnation
doit émaner d’une juridiction de la RCA.
- Le 2ème terme, une nouvelle infraction : un individu n’est en état de récidive que lorsque après
une 1ère condamnation devenue définitive, il commet une nouvelle infraction. La récidive n’est
pas constituée si la seconde infraction est la conséquence de la 1 ère. Exemple l’interdiction de
séjour pour un banni.
- Le 3ème terme, la concordance entre les deux premiers termes : une certaine concordance
(correspondance) entre les 1 er et 2ème termes est nécessaire. Cette correspondance est relative au
délai écoulé depuis la 1ère condamnation et à la nature de l’infraction commise. La preuve de la
récidive est assurée par le casier judiciaire du délinquant.
2) - La répression de la récidive
Elle consiste essentiellement à l’aggravation de la peine en courue. Les conséquences à dégager
sont au nombre de 5.
a- La récidive criminelle : Le 1er terme est une condamnation criminelle. Un 1 er crime condamné par
une peine correctionnelle ne constitue pas un état de récidive. Cette récidive est générale et
perpétuelle et transforme la peine des travaux forcés à temps de 10 à 20 ans en travaux forcés à
perpétuité. Lorsque la peine encourue est la perpétuité, la récidive la transforme en peine de mort
(art. 29 CPCA).
b- La récidive de crime à délit : le 1er terme est ici un crime puni indifféremment de 10 ans au
moins. L’individu doit avoir commis dans un délai de 10 ans un délit puni de la même peine ou
de 5 ans. La condamnation sera dans ce cas élevée au double.
c- La récidive correctionnelle : le 1er terme est une condamnation correctionnelle. La seconde
condamnation doit intervenir dans un délai de 5 ans après exécution de la 1 ère. La seconde
condamnation doit l’être pour un même délit ou pour un délit assimilé. Il y a assimilation selon la
jurisprudence entre les délits de vol, d’escroquerie, d’abus de confiance, le recel de choses. La
récidive correctionnelle a pour effet de doubler la peine d’emprisonnement et l’amende.
d- La récidive contraventionnelle : Elle existe entre 2 contraventions (et non entre un délit et une
contravention). Elle est temporaire car la seconde contravention doit intervenir dans l’année qui
suit la première condamnation et cette contravention doit être une contravention de 5 e classe.
L’effet principal de la récidive est de doubler la peine encourue.
e- Les récidives à régime exceptionnel : Il existe de nombreux textes particuliers prévoyant des cas
de récidive à délai exceptionnellement court ou long par rapport au 2 e régime du droit commun.
Exemple 1 an en matière de délit de chasse, et 10 ans en ce qui concerne le proxénétisme.

B- La pluralité d’infractions
La pluralité d’infractions ou concours réel d’infractions doit être présenté dans sa notion et à travers les
règles applicables.
1) - La Nation de concours réel d’infraction
Il y a concours réel d’infractions lorsqu’un individu dans un laps de temps plus ou moins court a commis
plusieurs actes délictueux sans qu’ils soient séparés d’une condamnation définitive. Les infractions en
concours doivent être distinguées des cas particuliers
a - Les infractions réputées en concours : Ce sont les hypothèses dans lesquelles un individu commet
simultanément plusieurs infractions qui sont poursuivies ensemble. Par Exemple, il y a concours réel
d'infractions quand un individu se voit reprocher une pluralité d'actes anti sociaux commis simultanément
ou successivement mais poursuivis ensemble. Par exemple : un individu pris de boissons, blesse un
consommateur dans un café. A l'arrivée des policiers, il les injurie et les frappe. Il y a concours réel
d'infractions : Ivresse publique (art. 292 11° CPCA), coups et violences volontaires (art 181-191 CPCA),
outrage à agent de force publique (art. 135-138 CPCA), rébellion (art. 119-129 CPCA).
Beaucoup plus complexe sont les cas du concours réel qui mettent en situation les infractions
découvertes et poursuivies dans l’ordre dont ont été exécuté mais sans condamnation définitive. C’est le
cas d’un vol flagrant commis le 1 er janvier. Cette infraction donne lieu à lieu à un emprisonnement le 15

40
janvier. Le lendemain (16) cette même personne commet un nouveau cas de vol. Cette seconde infraction
est en concours avec la première parce que la première condamnation n’est pas encore devenue définitive.
L’autre cas est celui où les infractions sont découvertes et poursuivies dans l’ordre inverse en
commençant par la dernière en date. Par exemple, un individu jugé le 1 er mars pour une escroquerie
commise le 1er janvier. On découvre plus tard qu’il avait commis le 1 er octobre de l’année précédente une
autre escroquerie. Cette première (1 er octobre) est en concours avec l’autre. Il importe peu que la
condamnation du 1er mars ait acquis l’autorité de la chose jugée.
b- Le concours réel et la situation voisine : Les situations voisines se rapportent au conflit de
qualification. Il y a conflit de qualification ou concours idéal d’infractions lorsqu’un acte unique (même
acte) est susceptible de tomber sous le coup de plusieurs textes d’incrimination. Par exemple un attentat à
la pudeur commis sur la voie publique est également constitutif d’un outrage public à la pudeur. De même
celui qui se présente au guichet d'une banque pour obtenir le paiement d'un chèque falsifié peut être
poursuivi pour usage de faux en écriture de commerce (art. 100, et 101 CPCA) et pour escroquerie (art.
241 CPCA). Dans les cas sus cités, il n’y a pas concours réel mais cumul idéal d’infractions. La solution
dans le cas du concours idéal est que le juge doit choisir la qualification la plus élevée (attentat à la
pudeur dans le 1er exemple, l'escroquerie dans le second exemple).
2) - Le régime des infractions en concours
La règle est le nom cumul de peine : Le principe découle de l’art 5 Code pénal « En cas de conviction de
plusieurs crimes ou délits, la peine la plus forte est la seule prononcée. Concrètement toutes les poursuites
seront exercées et une seule, la plus élevée des peines sera prononcée.
Domaine d’application la règle : Elle s’applique aux crimes et délits et depuis la loi du 2 Février 1987 à
la contravention de 5e classe. La règle ne s’applique pas pour les crimes et délits commis par les détenus,
aux peines complémentaires et amendes fiscales ainsi qu’aux dommages intérêts alloués aux victimes.
La mise en œuvre de la règle : Quelque difficulté prouvent surgir. Si les poursuites sont exercées
simultanément, elles donnent lieu à un seul débat et devant la Cour d’assise. Les infractions en concours
donnent lieu à des questions distinctes. Une seule peine pour l’infraction la plus grave sera retenue et les
circonstances sont accordées de manière globale. Lorsque les poursuites sont exercées successivement,
c’est l’hypothèse dans laquelle une nouvelle infraction à été commise alors qu’une condamnation non
encore définitive a été prononcée ou lorsqu’une condamnation définitive a été prononcée on découvre une
infraction qui a été commise avant celle-ci. Si la 2 nde est plus grave que la 1 ère, il y a lieu de poursuite et la
première peine sera imputée sur la seconde. Si au contraire la 2 nde est moins grave que la 1 ère ou de même
degré, l’opportunité de poursuite parait douteux mais se révèle utile pour les victimes.

SECTION II - LA MESURE DE LA SANCTION


La mesure de la sanction se rapporte aux situations où le juge est amené à dépasser le maximum
prévu par la loi (Paragraphe II) ou à descendre en dessous du minimum (Paragraphe I).

Paragraphe I : Les causes d’atténuation de la sanction


Il faut distinguer les excuses atténuantes des circonstances atténuantes.

A - Les Excusés atténuantes


Les excuses atténuantes sont prévues par la loi. Il convient ainsi de les présenter avant de voir
leurs effets.
1°) - Les différentes excuses atténuantes
La loi prévoit deux cas d’excuses atténuantes : l’excuse de minorité et l’excuse de provocation.
a) - L’excuse de minorité : Il s’agit en fait ainsi de l’excuse atténuante de minorité. Elle est générale et
spéciale ; car elle s’applique à toutes les infractions et bénéficie à tous les mineurs lorsque le juge
n’applique pas la présomption d’irresponsabilité des mineurs de 7 à 16 ans.
b- L’excuse atténuante de provocation : Elle est accordée lorsque l’infraction commise peut s’expliquer
soit par l’attitude de la victime ou d’un tiers. Par exemple les violences graves envers les personnes qui
excusent les meurtres ou les coups et blessures infligés à la victime ou encore l’outrage violant à la
pudeur qui atténue les peines de castration.
2°) - Les effets des excuses atténuantes

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Les excuses atténuantes sont causes de diminution de la peine. En matière de provocation, elle abaisse la
peine perpétuelle jusqu’à l’emprisonnement de 1 an à 5 ans. L’excuse de minorité abaisse les travaux
forcés à perpétuité à l’emprisonnement de 10 à 20 ans. Et en cas de peines temporaire (travaux forcés à
temps ou emprisonnement) la peine applicable ne doit pas dépasser la moitié de la peine encourue.

B- Les circonstances atténuantes


Il convient de présenter la notion de circonstances atténuantes et leurs effets.
Les notions de circonstances atténuantes : Les circonstances atténuantes ne sont pas définies par la loi.
Contrairement aux excuses atténuantes, elles sont laissées à l’appréciation discrétionnaire du juge. Et le
juge qui les accorde n’a pas besoin de les justifier. Les circonstances atténuantes sont accordées en tenant
compte du faible préjudice subi, de la personnalité du délinquant ou des circonstances de la commission
de l’infraction.
Les effets : Les effets varient selon que l’infraction est un crime, un délit ou une contravention.
En matière criminelle les circonstances atténuantes abaissent la peine perpétuelle à un
emprisonnement de 1 an à 2 ans.
En matière correctionnelle la peine applicable est généralement soit une amende soit une peine
d’emprisonnement de police.
En matière contraventionnelle, la peine sera une peine minimum de la peine de police ou une
peine de substitution.
Les circonstances atténuantes s’appliquent également en matière de peines complémentaires
obligatoires.

Paragraphe II - L’exemption de la peine


L’exemption de la peine a pour effet de dispenser le délinquant de l’application de la peine
malgré l’infraction commise. Il faut distinguer les causes légales des causes judiciaires d’exemption de la
peine.

A- Les causes légales d’exemption de la peine


Elles sont en principe rattachées à des infractions particulières. L’on peut citer les immunités et
les excuses absolutoires.
Les immunités : Elles sont accordées chaque fois qu’une poursuite troublerait davantage l’ordre public
que l’infraction qui a été commise. On peut citer :
- L’immunité du Président de la République (art. 38 Const 2004). Cette immunité est générale et ne
s’applique qu’aux actes de la vie publique.
- L’immunité parlementaire qui interdit toute poursuite pénale pendant la durée des travaux
parlementaires.
- Les immunités familiales qui jouent en ce qui concerne les atteintes aux biens, le recel de
malfaiteurs, la non dénonciation de crime tenté et manqué, le refus de témoigner.
Les immunités font obstacle aux poursuites et bénéficient aux complices. Elles empêchement toutes
sanctions.
Les excuses absolutoires : Les excuses absolutoires sont spéciales à chaque infraction. Elles sont fondées
sur l’idée d’une prime accordée au délinquant pour une infraction que l’on considère comme socialement
utile. Par exemple, l’excuse du dénonciateur d’un délit ou crime tenté ou l’excuse d’un complice d’une
atteinte à la sûreté de l’Etat. Plus significative encore est l’excuse de minorité dont bénéfice le mineur de
7 ans et l’excuse absolutoire prévue par l’art 44 Code pénale dont bénéfice l’époux qui surprend son
épouse en flagrant délit d’adultère. Cette excuse absout l’époux pour l’homicide ou les blessures commis
sur le complice.
B- Les causes judiciaires d’exemption de la peine
Le principe de la légalité interdit au juge de différer le prononcer de la sanction lorsque la
culpabilité est établie. Cependant le politique d’individualisation de la sanction laisse la possibilité au
juge de dispenser la peine ou de la prononcer. La dispense de la peine est accordée en matière
correctionnelle ou conventionnelle lorsque 3 conditions sont réunies :
- Le reclassement du prévenu est acquis ;
- Le dommage est réparé ;
- Le trouble social est également réparé.

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La dispense de la peine entraîne l’une des 2 conséquences suivantes:
 L’absolution totale de la peine. Cependant, les dommages intérêts peuvent être accordés à
la victime ;
 L’ajournement du prononcer de la peine. Elle n’est acquise que dans les conditions que
ci-dessous sauf qu’ici le reclassement du prévenu doit être en voie d’être acquis et que les
dommage causés doivent être en voie d’être réparés ou que le trouble va cesser.
Lorsqu’il est décidé en matière contraventionnelle ou correctionnelle, l’ajournement produit les mêmes
effets que la dispense. Cependant le juge peut appliquer une peine lorsque rien de positif ne s’est produit.
Paragraphe III – Les causes d’aggravation de la peine
Elles se rapportent en dehors de la récidive aux circonstances aggravantes. Elles peuvent être
réelles ou personnelles.
A- Les circonstances aggravantes réelles
Elles sont relatives aux faits externes ayant accompagnés l’infraction. Elles aggravent en
conséquence la criminalité de l’acte. Les circonstances de nuit, de violence, d’effraction ou de réunion
transforment le vol simple en vol aggravé. C’est aussi le cas du guet-apens ou de la préméditation qui
transforment le meurtre simple en assassinat.
B- Les circonstances aggravantes personnelles
Elles tiennent à la personnalité de l’auteur ou du complice et aggravent la culpabilité de celui-ci. Par
exemple la qualité d’ascendant ou descendant de la victime constitue une circonstance aggravante des
violences volontaires ou des crimes contre les murs.

CHAPITRE II - LA SUSPENSION ET L’EXTINCTION DE LA SANCTION


La sanction pénale prononcée par l’autorité judiciaire n’est pas souvent pleinement exécutée
pendant le temps fixé par la loi. Il arrive que son exécution soit suspendue (Section I), ou qu’elle soit
déclarée définitivement non applicable (Section II)

SECTION I : LA SUSPENSION DE L’EXECUTION DE LA SANCTION


Elle peut intervenir en cas de sursis ou de libération conditionnelle.
Paragraphe I - Le sursis
Il y a condamnation avec sursis lorsque le juge décide de surseoir, c'est-à-dire qu’il ne procédera pas à
l’exécution de la peine qu’il vient de prononcer. Deux (2) formes de sursis existent : le sursis simple et le
sursis avec mise à épreuve (le sursis avec travail d’intérêt général existe seulement en France).

A- Le sursis Simple
Nation : Le sursis simple est la décision prise par une juridiction de jugement de dispenser le condamné
de l’exécution de la peine prononcée si celui-ci ne commet pas une nouvelle infraction pendant certain
temps. Ce sursis a pour but d’éviter la prohibition contagieuse de la prison à certains condamnés. Le
sursis simple est accordé à tout délinquant primaire. La nature de l’infraction importe peu.
Les effets : La condamnation assortie de sursis est suspendue dans son exécution ou dite à exécution
conditionnelle. Elle figure néanmoins au casier judiciaire (bulletin 1 et 2) et ne joue pas pour le paiement
des frais de justice et les dommages-intérêts. La révocation peut néanmoins intervenir sous 2 conditions.
- Lorsque le sursitaire a commis une infraction de droit commun dans un délai de 5 ans suivant sa
condamnation.
- l’infraction doit avoir été sanctionnée par une peine sans sursis. Lorsqu’elle se produit, la révocation
confirme définitivement la condamnation sans confusion pour ses effets et conséquences. Si le sursis
n’était que partiel ou lorsque la révocation est elle-même partielle, le condamné n’exécutera que la
fraction de la condamnation prononcée au sursis.

B- Le sursis avec mise à l’épreuve


Modalité et domaine du sursis avec mise à l’épreuve : Il bénéficie à tout délinquant primaire ou
récidiviste pour toute infraction de droit commun en cas de condamnation de crime ou délit. L’épreuve à
la condamnation peut varier de 18 mois à 3 ans et comporte des prescriptions générales et spécifiques à
chaque délinquant.

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Cependant les mesures prises peuvent être insuffisantes inopportunes ; le juge peut alors dans ce cas les
aménager.
Les effets : Il produit les mêmes effets que le sursis simple. Lorsque le délai d’épreuve s’achève sans
incident, la condamnation est réputée non avenue. La révocation totale ou partielle entraîne les mêmes
conséquences que le sursis simple.

Paragraphe II - La Libération conditionnelle


La libération conditionnelle sera présentée à travers sa définition, son domaine et ses effets.

A- Le domaine de la libération conditionnelle


C’est une institution qui permet de libérer le condamné avant l’expiration de sa peine sous réserve
de sa bonne conduite. Elle est accordée par le Ministre de la Justice lorsque la peine dépasse 3 années
d’emprisonnement ou par le juge d’application des peines pour les peines inférieures à 3 ans.

B- Les Effets
La libération conditionnelle n’efface pas la condamnation. Le condamné est seulement dispensé
de subir le surplus de la peine principale. Les peines accessoires et complémentaires subsistent. La
libération conditionnelle peut être remise en cause lorsque les mesures ordonnées ne sont pas respectées.
L’expiration sans incident du délai fixé rend la peine réputée exécutée depuis le jour de l’exécution et le
condamné est définitivement libéré. Elle ne rend pas caduque la condamnation qui serait inscrite au casier
judiciaire et fait obstacle au sursis.

SECTION II - L’EXTINCTION DE LA SANCTION


En dehors du décès ou l’âge avancé du délinquant la sanction prononcée par le juge peut
s’éteindre par la disparition de la condamnation ou par une extinction définitive.

Paragraphe I - L’extinction de la sanction par une exécution fictive


Cette extinction est liée à la prescription et à la grâce.

A- La Prescription de la sanction
Cette prescription repose sur l’idée selon laquelle au bout d’un certain temps écoulé sans
exécution effective de la sanction, celle-ci ne peut être poursuivie.
Il convient de présenter le domaine de la prescription avant de voir les effets.
Domaine de la prescription : La prescription s’applique à des peines devenues exécutoires ; ce qui
épargne la peines avec sursis. Elle ne concerne pas les mesures de sûretés et les condamnations civiles. La
condition essentielle repose sur le délai. Ainsi la prescription est acquise en matière contraventionnelle au
bout de 2 ans, et 5 ans en matière de peine correctionnelle et 20 ans en matière de peine criminelle. Elle
est de 20 ans en matière de trafic des stupéfiants. La prescription court à partir de jour où le jugement ou
la décision a acquis l’autorité de la chose jugée. Le délai peut être suspendu ou interrompu en cas de force
majeur (occupation du territoire).
Effets de la prescription : La peine est réputée exécutée et la prescription s’impose à toutes les autorités
publiques. La condamnation subsiste cependant au casier judiciaire et peut constituer le 1 er terme de la
récidive ou constituer un obstacle au sursis. Elle n’affecte pas non plus la condamnation civile et les frais
de justice.

B- La Grâce
La grâce est une prérogative présidentielle en vertu de laquelle un individu reconnu coupable et
définitivement condamné se trouve soustrait en tout ou partie à l’application de la sanction. Il convient de
présenter le domaine de la grâce et ses effets.
Le domaine d’application de la grâce : Son domaine est assez vaste. Elle s’applique à toutes les peines
politiques ou de droit commun et quelle que soit la gravité des faits. Elle bénéficie à tous les délinquants
quels qu’ils soient. Elle ne peut cependant être accordée que lorsque la condamnation est devenue
définitive et exécutoire.
La procédure commence par une requête adressée par voie hiérarchique au procureur de la
République qui le transmet au Président de la République sous couvert de Ministre de la Justice, garde
des sceaux. Elle est accompagnée par le projet de décret présidentiel contresigné par le Premier Ministre.

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Les Effets de la grâce : La grâce dispense le condamné de l’exécution de la sanction prononcée. Celle-ci
est réputée exécutée mais les peines accessoires et complémentaires subsistent sauf dispositions contraires
contenues dans le décret. La condamnation initiale subsiste cependant avec toutes ses conséquences.

Paragraphe II - L’extinction de la sanction


Elle nous revoie à l’amnistie et à la réhabilitation.

A- L’amnistie
Notion : Etymologiquement l’amnistie est la perte de mémoire. C’est la forme ancienne du pardon de la
société qui consiste à faire tomber dans l’oubli certains actes délictueux et leurs conséquences. Son effet
essentiel est d’ôter rétroactivement à certains faits leur caractère délictueux. Ces faits sont réputés ne
jamais avoir existé et réprimés par la loi. Toutes les conséquences pénales s’effacent. Mesure
exceptionnelle ayant trait à l’élément légal, l’amnistie ne peut être décidée que par le législateur.
L’amnistie peut être pure et simple, réelle ou personnelle. Elle peut être également conditionnelle (sous
réserve de paiement d’amende ou de frais de justice).
Les Effets : L’effet principal de l’amnistie est de faire disparaître rétroactivement le caractère délictueux
de l’infraction. Celle-ci est réputée ne jamais avoir existé. Elle rend nulle et non avenue la condamnation,
et l’exécution de la sanction devient impossible. Elle bénéficie à tous les protagonistes des faits et la
condamnation disparaît du casier judiciaire. Elle n’efface pas cependant une peine déjà exécutée et ne fait
pas obstacle à l’action en réparation civile de la victime ou de tiers.

B – La réhabilitation
La réhabilitation est une institution qui a pour but de rendre à un individu la situation légale qu’elle avait
perdue après la condamnation. Elle est sollicitée par le condamné et son octroi est conditionné.
Les conditions d’octroi de la réhabilitation : La réhabilitation est octroyée lorsque la peine est déjà
exécutée. Elle peut être légale ou judiciaire. La demande faite par l’intéressé est adressée au procureur de
la République qui, après enquête et avis du juge d’application des peines la transmet à la chambre
d’accusation seule compétente. Cette dernière peut l’accorder ou la refuser.
Les effets : La réhabilitation efface la condamnation et fait cesser toutes les incapacités pour l’avenir.
Qu’elle soit légale ou judiciaire la réhabilitation fait disparaître la condamnation du casier judiciaire et
ne fait pas obstacle au sursis. La condamnation effacée ne compte pas pour la récidive.

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PLAN DU COURS

INTRODUCTION GENERALE

PREMIER PARTIE
L’INFRACTION PENALE ET LA PARTICIPATION CRIMINELLE

TITRE I – LA STRUCTURE DE L’INFRACTION

CHAPITRE 1 – L’ELEMENT LEGAL DE L’INFRACTION

SECTION I – LE PRINCIPE DE LA LEGALITE DES PEINES ET DELITS


Paragraphe I – Signification et justification du principe
Paragraphe II – Les conséquences du principe
Paragraphe III – L’évolution du principe de la légalité des délits et des peines
SECTION II – LES DIFFERENTES EXPRESSIONS DE L’ELEMENT LEGAL
Paragraphe I – Les normes supra-législatives
Paragraphe II - Les lois au sens strict
Paragraphe III – Les règlements administratifs
SECTION 3 – LA DISPARITION DE L’ELEMENT LEGAL
Sous-section I – Les faits justificatifs par détermination de la loi
Paragraphe I – L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime
Paragraphe II – La légitime défense
Sous-section II – Les faits justificatifs jurisprudentiels
Paragraphe I – L’état de nécessité
Paragraphe II – Le consentement de la victime

CHAPITRE 2 - L'ELEMENT MATERIEL DE L’INFRACTION

SECTION 1 – L’ELEMENT MATERIEL CONSTITUE PAR UNE INFRACTION CONSOMMEE


Paragraphe I – Les infractions de commission ou d’omission
Paragraphe II – Le délit de commission par omission
SECTION 2 - L’ELEMENT MATERIEL CONSTITUE PAR UNE INFRACTION TENTEE
Paragraphe I - Notion de tentative en matière d’infraction matérielle
Paragraphe II - Notion de tentative en matière d’infraction formelle
Paragraphe III – Le régime juridique de la tentative

CHAPITRE 3 - L'ELEMENT MORAL DE L’INFRACTION

SECTION 1 - LES DIFFERENTES EXPRESSIONS DE L’ELEMENT MORAL


Paragraphe I – L’élément moral est circonstancié par une intention criminelle : dol général
Paragraphe II – L’élément moral est présumé dans une faute de l’agent : faute pénale
SECTION II : LA NEGATION D’ELEMENT MORAL : LE RÔLE DE NON IMPUTABILITE
Paragraphe I - La démence
Paragraphe II - La contrainte

TITRE II – LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS

CHAPITRE 1 – LA CLASSIFICATION SELON L’ELEMENT LEGAL

SECTION 1 – LA CLASSIFICATION FONDEE SUR LA GRAVITE OBJECTIVE DE L’INFRACTION


Paragraphe I – L’échelle de gravité des infractions
Para graphe II - L’intérêt de la classification fondée sur l’échelle de gravité objective
SECTION 2 - LA CLASSIFICATION FONDEE SUR LA NATURE DE L’INFRACTION

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Paragraphe I - Les infractions de droit commun et les infractions politiques
Paragraphe II – Les infractions militaires et les infractions du droit commun
Paragraphe III : Les infractions du droit commun et les infractions terroristes

CHAPITRE 2 - LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS SELON LEUR MODE D’EXECUTION

SECTION 1 – LES INFRACTIONS SIMPLES ET LES INFRACTIONS COMPLEXES


Paragraphe I - Les infractions complexes et les infractions d’habitude
Paragraphe II - Les infractions continues, permanentes et continuées
SECTION 2 - – LES INFRACTIONS MATERIELLES ET LES INFRACTIONS FORMELLES
Paragraphe I - Les notions
Paragraphe II – L’intérêt de la distinction

TITRE III – LE DELINQUANT ET LA RESPONSABILITE PENALE

CHAPITRE 1 – LE DELINQUANT ORDINAIRE (PERSONNE PHYSIQUES)

SECTION 1 – L’AUTEUR PRINCIPAL (ACTION/COACTION)


Paragraphe I - L’auteur matériel
Paragraphe II – Le co-auteur
Paragraphe III - L’auteur intellectuel
SECTION 2 – LA COMPLICITE
Paragraphe I – La notion de complicité
Paragraphe II – Les conditions de la complicité
Paragraphe III - La sanction de la complicité

CHAPITRE 2 - LA RESPONSABILITE PENALE DU FAIT D’AUTRUI

SECTION 1 – LES DIFFERENTS CAS DE RESPONSABILITE DU FAIT D’AUTRUI


Paragraphe I - Les infractions collectives
Paragraphe II - La responsabilité pénale direct ou indirecte du fait d’autrui
SECTION 2 – LA MISE EN ŒUVRE DE LA RESPONSABILITE DU FAIT D’AUTRUI
Paragraphe I – Les conditions
Paragraphe II – Les causes d’exonération

Chapitre 3 - La responsabilité pénale des personnes morales


Section 1 – Les différentes thèses en présence
Section 2 – Les solutions

DEUXIEME PARTIE
LA SANCTION PENALE

TITRE I – LA NATURE ET LA VARIETE DES SANCTIONS PENALES

CHAPITRE 1 - LES DIFFERENTES FORMES DE SANCTIONS PENALES

SECTION 1 – LA SANCTION PENALE PROPREMENT DITE : LA PEINE


Paragraphe I - L’objet de la peine
Paragraphe II - Les caractères de la peine
SECTION 2 – LES MESURES DE SURETE
Paragraphe I – Le but de la mesure de sûreté
Paragraphe II - Les caractères de mesure de sûreté
SECTION 3 – LES GARANTIES COMMUNES AUX PEINES ET AUX MESURES DE SURETE
Paragraphe I – La nécessité du respect de la légalité

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Paragraphe II - La nécessité du respect de la dignité humaine
Paragraphe III - La nécessité de l’intervention judiciaire

CHAPITRE 2 – LA NOMENCLATURE DE LA SANCTION PENALE

SECTION 1 – LES PEINES


Paragraphe I - La classification en fonction de la gravité objective
Paragraphe II – La classifications des peines en fonction de leur rôle
Paragraphe III - Les classifications fondées sur l’objet
SECTION 2 – LES MESURES DE SURETE
Paragraphe I – Les mesures de sûreté judiciaires
Paragraphe II – Les mesures de sûreté administratives

TITRE II – L’APPLICATION DE LA SANCTION

CHAPITRE 1 - LA DETERMINATION DE LA SANCTION APPLICABLE

SECTION 1 - LA QUALIFICATION RETENUE


Paragraphe I - La peine en cas d’infraction unique
Paragraphe II - La peine applicable en cas de pluralité d’infractions

SECTION 2 - LA MESURE DE LA SANCTION


Paragraphe I : Les causes d’atténuation de la sanction
Paragraphe II - L’exemption de la peine
Paragraphe III – Les causes d’aggravation de la peine

CHAPITRE 2 – LA SUSPENSION ET L’EXTINCTION DE LA SANCTION

SECTION 1 - LA SUSPENSION DE LA SANCTION


Paragraphe I - Le sursis
Paragraphe II - La Libération conditionnelle

SECTION 2 - L’EXTINCTION DE LA SANCTION


Paragraphe I - L’extinction de la sanction par une exécution fictive
Paragraphe II - L’extinction de la sanction

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BIBLIOGRAPHIE

BORRICAND J., Droit pénal, éd., Masson


BOULOC, Pénologie, Dalloz
BOUZAT P. et PINATEL J., Traité de droit pénal et de criminologie, éd., Dalloz.
DECOQ A., Droit pénal, A. Collin, Coll. « U ».
DEMAS-MARTY M., Droit pénal spécial (PUF, coll., Thémis)
GARCON E., Code pénal annoté, 2ème éd., par Rousselet M., Patin M., Ancel M.
GASSIN, Criminologie, Dalloz
GOYET F., Droit pénal spécial, 8ème éd., par Rousselet M., Arpaillange P. et Patin J.
LARGUIER J., Droit pénal des affaires, A. Collin, Coll. « U »
LEVASSEUR et CHAVANE, Droit pénal général et procédure pénale, Sirey
MERLE R. VITU A., ²Traité de droit criminel, Cujas
PRADEL, Droit pénal, Cujas
PRADEL, Procédure pénale, Cujas
RASSAT, Droit pénal, PUF
RASSAT, Procédure pénale, PUF
ROBERT, Droit pénal général, PUF (Thémis)
STEFANI G., LEVASSEUR G. et BOULOC B., Droit pénal général, précis Dalloz
VOUIN R. et RASSAT M.-L., Droit pénal spécial, Précis Dalloz

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