Vous êtes sur la page 1sur 104

DROIT PENAL/DEUXIEME GRADUAT DROIT

Plan
I. Infractions
II. La personne pénalement responsable
III. Les peines

.0INTRODUCTION
I. Définition du droit pénal
D’une manière générale, on peut dire que le droit pénal est une branche du droit ayant
pour objet l’étude des infractions et des peines y afférant. Commettre une infraction consiste à
enfreindre l’ordre social, c'est-à-dire l’ordre établi par la société qui protège certaines valeurs
qu’elle considère comme essentielles.
Le droit pénal est aussi appelé droit criminel. Ces deux expressions s’utilisent
indifféremment à la seule différence que quand on parle de droit pénal, on met l’accent sur la
peine alors que quand on parle de droit criminel, on met l’accent sur le crime.
Plusieurs auteurs ont essayé d’exprimer chacun de sa façon la définition du droit
pénal.
1) DONNEDIEU DE VABRE définit le droit pénal comme étant : « l’ensemble de lois qui
règlementent dans un pays l’exercice de la répression de l’Etat ». Cette définition met surtout
en évidence l’aspect répressif lorsqu’il y a infraction. De ce fait elle ne peut rendre compte
des lois de défenses sociales, plus nombreuses aujourd’hui qui viserait plutôt la réinsertion
des délinquants pour des soins adéquats.
2) Pour compléter cette définition, Roger MERLE et André VITU définissent le droit pénal
comme étant : «des règles juridiques qui organisent la réaction d’Etat vis-à-vis des infractions
et des délinquants et qui traduisent en normes obligatoires les solutions positives appliquées
par chaque nation au problème criminel». Le terme réaction contenue dans cette définition est
plus large car il n’y a pas seulement la répression comme dans la définition précédente, la
réaction peut également comporter des mesures d’insertion.
3) NYBIRUNGU MWENE SONGA propose pour sa part la définition suivante : « le droit
pénal est la branche du droit qui traite des infractions et des peines et dont l’objet essentiel est
de déterminer les faits punissables et de fixer les sanctions qui doivent leur être appliqué.

II. L’évolution du droit pénal


A) L’époque des origines
A cette époque, la société n’était pas organisée ou elle l’était de façon embryonnaire.
Une infraction était d’abord considérée comme une agression dirigée comme un clan. Le clan
agressé ripostait par la vengeance privée et des représailles étaient dirigées comme n’importe
quel membre du clan ennemi. C’est ce qu’on appelait : la responsabilité pénale collective. Les
représailles décimaient les clans et pour survivre, un effort a été tenté pour limiter les
1
règlements de compte et organiser la justice, mais c’était une justice privée parce qu’elle est
encore rendue par les intéressés eux-mêmes.
La société va essayer d’imposer un minimum des règles pour limiter la vengeance et procède
par vérifier si la victime n’a pas commencé par être agresseur.
Plusieurs procédés ont été inventés :
- l’abandon noxal : le coupable d’une agression injustifiée est abandonné par les siens
au clan adverse et ce geste interdit la vengeance sur les autres membres de clan ;
- le Talion : «œil pour œil, dent pour dent» : on sanctionnait proportionnellement à la
faute ;
- la composition pécuniaire : c’est une tarification qui découle du Talion grâce à la
monnaie. Ce n’est plus l’œil mais une somme d’argent pour l’œil. La victime et les
membres de son clan sont invités à accepter la somme d’argent dont le montant est
fixé par la coutume. La vengeance n’a lieu que si la composition n’est pas versée.
- lieux d’asile : vengeance est strictement interdit dans certains lieux. Ex : Eglise, les
cimetières ;
- trêves de Dieu : vengeance interdite à certains moments. ex : les grandes fêtes
religieuses : Noël, Pâques …
Si derrière les procédés tels que les lieux d’asile, les trêves de Dieu on sent l’influence de
religion sur l’évolution de société, il faut également remarquer que cette époque est marquée
par le début d’un pouvoir central ou de l’autorité politique qui essaie de regrouper sous la loi
commune toutes les tribus en continuelles rivalités.
Dès lors, on considère que la commission d’une infraction ne porte pas seulement attente aux
intérêts du clan mais de toute la collectivité.
Les organes judiciaires commencent à être organisés et prononcent la sentence au nom de
l’intérêt général. L’action publique se distingue de l’action privée. C’est ainsi que le droit
romain distinguait entre : les delecta privata» (délits privés qui témoignait de la survivance de
la vengeance privée et les «crimina» ou délit public dont les poursuites pouvaient être
déclenchées par tout citoyen devant les juridictions appliquant la procédure criminelle et
prononçant des sanctions au nom de la société.
Dans les sociétés médiévales occidentales, les peines avaient leur origine dans les
coutumes locales. Cette période fut surtout influencée par le droit Canon et les Juridictions
ecclésiastiques qui, avec la théorie du libre arbitre soulignait plus l’importance de la faute
intentionnelle comme condition de la responsabilité pénale. L’accent était surtout mis sur le
délinquant que sur l’infraction elle-même, c’est-à-dire que la peine va être déterminée non en
fonction du fait dommageable mais en vue de servir de leçon au délinquant qui doit se
corriger et expier ses péchés.
Dès le 16e S, la justice est caractérisée par 2 traits :
- l’arbitraire de la répression, c’est-à-dire qui ni si la coutume déterminait les infractions et les
châtiments, juge avait le pouvoir de garder la peine (d’après les particularités du crime et la
perversité du coupable).
2
Cet arbitraire n’était pas seulement l’apanage du juge, mais aussi celui du Roi. Selon ses
caprices, le Roi pouvait soit remettre les « lettres de cachet», c’est-à-dire emprisonner soit
pardonner par « des lettres de grâce » ou « lettres d’abolition de procédure». Certaines
catégories des personnes telles que les nobles et les clercs bénéficiaient des privilèges quant
aux juridictions et quant aux peines encourues. Ces inégalités étaient tellement ressenties
d’autant plus que la répression était tellement rigoureuse pour ceux qui la subissaient. La
rigueur se manifestait dans la cruauté de certaines peines : fouet, galère, roue, la mort par le
feu ou la torture pour obtenir l’aveu.
La procédure était secrète et non contradictoire, c’est-à-dire que l’accusé était à la merci du
juge, il ignorait parfois ce qu’on lui reprochait et devait se taire quand on ne le faisait pas
parler. C’est qu’on appelle la procédure «inquisitoire» (on a longtemps et on continue
aujourd’hui à reprocher l’Eglise Catholique pour sa pratique d’inquisition au cours des siècles
passés.
L’arbitraire et la rigueur ont provoqué des critiques violentes dès le 17 e S. Cette prise
de conscience est surtout due à un livre publié en 1764 par l’Italien Cesare BECCARIA
intitulé «Le traité des délits et des peines». Ce livre, en réactions contre les vices du système
judiciaire en vigueur préconisait l’égalité au lieu d’arbitraire, et la modération au lieu de
rigueur dans la répression.
BECCARIA partant du constat de l’arbitraire et surtout du fait que même l’atrocité des
peines ne parvenait pas à freiner la criminalité, au contraire ils entraînaient l’asservissement
des citoyens par «une multitude des petits tyrans» et il affirme que seule la loi est en mesure
de déterminer les délits et les peines.
La loi conduirait à l’égalité et à la modération. Le principe de légalité des délits et des peines
procède donc de la recherche de l’égalité.
1) L’ égalité
- L’égalité de la répression signifie que tous soient traités de la même façon. Dès lors, il faut
que le citoyen connaisse d’avance et la liste des infractions et le taux des peines y afférant.
Cela exige qu’il y ait un texte et pas n’importe lequel, mais une loi votée qui est l’expression
de volonté générale.
2) La modération
- La modération de répression  part de l’idée qu’un fait ne doit constituer une infraction que
s’il inflige des préjudices à la société. La peine ne doit pas servir à expier le coupable en
considération de son passé, il faut qu’elle ait par fonction d’empêcher de recommencer à
l’avenir le même acte et aussi de dissuader les autres. Dès lors, les peines atroces ou les
tortures, les procédures inquisitoires devraient être abolies. La procédure deviendrait donc
accusatoire, c’est-à-dire publique, contradictoire.
Ces idées ont conduit à la Révolution Française jusqu’au Code Napoléonien de 1810 :
ancêtre du Code Congolais.

3
III. La spécificité du droit pénal
Comme toute matière juridique, le droit pénal établit des normes, c’est-à-dire il ne se
contente pas d’observer ce qui est mais impose des règles en vue de l’intérêt commun.
Il a élaboré avec rigueur des concepts tels que : infraction, tentative, complicité … et aussi un
raisonnement juridique. Mais ce juridisme ne l’empêche pas de tenir compte d’un réalisme
face à l’infraction et à la responsabilité pénale.
Mais par ses règles, il vise à promouvoir l’ordre social en utilisant des sanctions
répressives. Il doit donc trouver un juste milieu entre la protection de la société et celle de
liberté. C’est ce qui permet de distinguer :
- les systèmes totalitaires : quand il faut passer la défense de société avant toute
considération jusqu’à sacrifier les droits des individus : l’interdit pénal est règle ;
- les systèmes libéraux sont ceux qui vont essayer d’établir l’équilibre entre la lutte de
criminalité & la protection de libertés. Et ce qui n’est pas interdit est permis. L’interdit
pénal devient exceptionnel.
- Le droit pénal se veut également un garant de l’ordre public, c’est-à-dire qu’il doit
veiller à la protection des victimes. Ce principe a été adopté dans notre pays mais sur
papier car souvent on est loin de l’indemnisation des victimes ;
- Par le rôle qu’il est appelé à jouer, le droit pénal ne s’intègre pas facilement dans la
grande division (summa divisio) séparant le droit privé et le droit public. Il se
rapproche du droit public dans la mesure où il tend à définir les relations entre l’Etat et
les particuliers. Il s’apparente généralement au droit privé car l’infraction lèse des
intérêts privés. Exemple : vol.
- En même temps, le droit pénal peut utiliser et faire siens des concepts et des
qualifications élaborés par d’autres matières juridiques.
Exemple : Pour l’abus de confiance : il faut un contrat au départ, et pour prouver ce contrat, la
preuve se fait comme en matière civile. Mais en même temps, le droit pénal peut également
innover par ses propres règles lorsque l’application des règles des autres matières juridiques
risquent de ne pas rendre efficace la lutte contre la criminalité, on parle alors de l’autonomie
technique du droit pénal. Ex. : le code de la famille préconise l’obligation de cohabitation
alors que le code pénal outrepasse cette exigence car il punit des peines de proxénétisme
quiconque vit avec une personne se livrant à la prostitution sans tenir compte des liens
matrimoniaux.

IV. Les doctrines ayant influencé le droit pénal


On distingue 3 écoles qui ont influencé la politique criminelle.
A) L’école néo-classique
Entre 1830-1870 elle est représentée par des auteurs suivants : GUIZOT, ORTOLAN,
ROSSI, …
Leur devise : «Punir pas plus qu’il n’est juste et pas plus qu’il n’est nécessaire». Elle est
influencée par les idées de BECCARIA parce qu’elle entend modérer les peines. En même
4
temps elle prône l’idée que : «bien que la peine puisse égale pour tous les auteurs d’une même
infraction, elle doit tenir compte du degré de responsabilité de chaque délinquant des peines
du fait que les hommes n’ont pas tous le même discernement et que les données économiques
changent à l’infini : c’est qu’on appelle l’individualisation
Avec cette doctrine qui a prévalu en occident au 19e S, on adoucit les peines, on
restaure le système d’emprisonnement cellulaire, on a accentué les domaines des
circonstances atténuantes. Mais l’expérience ne fut pas concluante car le nombre de
récidivistes n’a fait qu’accroitre.
B) L’école positiviste
Inspirée par le Livre de LOMBROSO, dans la même mouvance, cette école a été
soutenue par deux de ses compatriotes : Enrico FERRI et Rafaelo GAROFALO.
Le maître mot de cette école : c’est le déterminisme : c’est à dire que destin de chaque
homme serait déjà établi, les actes qu’il pose ne dépendent pas de sa liberté : ainsi, la
responsabilité morale doit être bannie. La notion de la peine doit être abolie car on ne punit
pas un malade, on le soigne. Il faut parler des mesures de sûreté. Ces mesures ne sont pas
nombreuses :
Il s’agira de l’élimination pour criminels-nés et pour les criminels occasionnels,
l’exécution de peine va être suspendue à la récidive.
. Ces auteurs envisagent également des mesures préventives des situations délictuelles.
Ex.: La lutte contre l’alcoolisme. D’après eux, comme il est sûr qu’un criminel-né passera
nécessairement à l’acte, il faudrait prendre des «mesures ante delictum».
Cette influence fut très grande en France comme dans d’autres pays occidentaux. Les droits
positifs de ces pays instituèrent pour les multi-recidivistes les «bagnes» ou la relégation dans
les Territoires d’Outre Mer (TOM) et au profit des délinquants primaires : des sursis à
exécution ou des condamnations conditionnelles.
C) L’école de défense sociale nouvelle
En France, elle a été initiée pour Marc ANCEL (1956) face aux excès des séjours en
prison des personnes honorables, cette école entend préconiser une politique criminelle
humaine c'est-à-dire celle qui protège la personne humaine et sa dignité en même temps
qu’elle assure la défense sociale.
Cette école prend en compte certains éléments de l’école classique et aussi ceux de
l’école positiviste :
- elle prône l’atténuation de réaction sociale à sa seule utilité. Elle envisage également
l’application et l’individualisation des peines non pas en considérant le passé du
délinquant, mais en cherchant un traitement qui lui soit adéquat grâce à l’examen
scientifique de sa personnalité.
- Mais elle n’adhère pas au déterminisme de l’école positiviste, elle suggère que le
traitement nécessaire à la défense de société doit aboutir à la «réinsertion» du
délinquant.

5
- Enfin, pour cette école, toute atteinte à la liberté individuelle, que ce soit en vue de la
resocialisation ou de l’application d’une peine ne peut intervenir que dans les limites
préalables précisées par la loi.
Le juge ne pourra que proclamer que la personne poursuivie a commis une infraction
ou qu’elle est dangereuse seulement en suivant la procédure et en lui ménageant le droit de
défense. Pour le faire en toute impartialité, il devrait bénéficier du concours des médecins, des
psychologues etc. C’est ce qu’on appelle = la déjuridiction. Cette théorie a beaucoup
influencé le droit des pays occidentaux où
- aux mineurs délinquants, on applique des mesures de sûreté, de protection à but non
répressif.
- Pour les condamnations à des peines d’emprisonnement, le sursis est accordé
largement.
- Pour les détenus, diverses mesures sont prises pour favoriser leur reclassement social.
Pour arriver à réaliser des tels objectifs, ça suppose que l’on connaît les raisons de
délinquance et les moyens de resocialiser le délinquant. C’est ainsi que sont apparus les
sciences criminelles.
V. Aperçu des sciences criminelles
A la différence de droit pénal qui édicte des normes de conduite sociale, ces sciences
n’édictent pas leurs règles mais elles cherchent à découvrir par l’observation ou par
l’expérimentation de phénomène criminel.
Il s’agit de la criminalistique et de la criminologie.
A) La criminalistique : désigne quelques techniques ayant pour objet la détection des
infractions. Il s’agit :
1°) De la médecine légale : qui renseigne sur les causes et les circonstances du décès.
2°) La toxicologie : qui renseigne sur la présence et la nature du poison.
3°) La chimie : qui rend compte de la fraude des aliments.
4°) La balistique : qui permet de découvrir l’arme utilisée.
5°) Il existe également des techniques spéciales pour identifier les suspects :
- la dactyloscopie qui permet de comparer les empreintes digitales ;
- les empreintes génétiques ;
- les repérages de l’iris ;
- ordinateurs superpuissants pour détection des crimes.
B) La criminologie
Ici, on étudie les phénomènes criminels pour en dégager les causes. Elle fait donc appel
aux sciences médicales et aux sciences sociales.
1) Les sciences médicales considèrent les causes endogènes de la criminalité : ce qu’on
appelle l’anthropo-criminologie. LOMRBROSO a cherché les causes de la
délinquance dans la constitution anatomique du délinquant, dans sa physiologie ou
dans son système endocrinien. Dans la criminologie, on fait aussi appel à la

6
psychologie ou à la psychiatrie pour rendre compte du fonctionnement normal ou
pathologique des processus mentaux.
2) Les sciences sociales quant à elles considèrent les causes externes dans les milieux
géographiques, démographiques, sociales (influence de famille, de profession, des
études …). L’un des fondateurs est Enrico FERRI.

TITRE I : L’INFRACTION

CHAPITRE I : LE CONCEPT DE L’INFRACTION PENALE

L’infraction pénale est un fait antisocial sanctionné par la loi, mais tous les faits punis
par la loi ne sont pas des infractions pénales.
Exemple : Celui qui a causé un préjudice à autrui va le réparer en lui allouant des dommages
et intérêts ; on dit qu’il a commis un délit civil.
Dans les professions libérales organisées en ordre (médecin, avocats, …) tout
groupement qui ne respecte pas des règles déontologiques entraîne des sanctions
disciplinaires. On parlera du délit disciplinaire.

I. Différence entre infraction et délit civil


* Le délit civil est le fait fautif qui cause à autrui un dommage et il n’existe pas de liste établie
à l’avance, alors les infractions sont définies en avance et décrites d’une façon précise.
* Le délit civil n’existe pas sans dommage alors que la sanction d’infractions est toujours
prévue indépendamment du résultat. Au civil, il s’agit des dommages et intérêt qui profitent à
la victime alors que la peine vise à protéger la société, et à resocialiser le délinquant.
Lorsqu’un délit est à la fois civil et pénal, il donne lieu à deux actions : action publique pour
l’application de peines et action civile pour la réparation.
II. Différence entre infraction et délit disciplinaire
Le délit disciplinaire est un délit interne à un groupe social délimité car il porte atteinte
aux intérêts collectifs de ce groupe. La sanction est surtout prononcée par la juridiction.
Exemple : La sanction pouvant être prononcée par le conseil de l’Ordre des Avocats. Et la
sanction la plus grave est l’exclusion du groupe ou la radiation.

Section 2 : Critères de détermination d’une infraction

Il existe 3 critères : objectif, subjectif et mixte.


I. Critère objectif
On considère que l’infraction est la transgression d’un interdit pénalement sanctionné.
L’infraction est un acte anormal mais tout acte anormal n’est pas l’infraction. Il devient
infraction lorsque son anormalité excède un certain seuil de gravité au point que son auteur ne
mérite pas une sanction juridique quelconque (civile ou une sanction disciplinaire).

7
Alors comment détermine-t-on le seuil très élevé d’anormalité ? C’est en se référant à la
notion de l’ordre public. Aussi lorsqu’un acte est de nature à causer un trouble à l’ordre
public, son incrimination est justifiée.
Lorsque la loi incrimine un comportement, la société veut éviter, par les peines qu’elle
prévoit que l’acte socialement nuisible ne perturbe l’ordre public. La méthode consiste à partir
du résultat que l’on redoute et on inventorie différents actes qui sont aptes à aboutir à ce
résultat et on les incrimine.
Exemple : A partir d’un même résultat sociologique tel que l’atteinte à la propriété d’autrui, le
législateur va incriminer le vol, l’escroquerie, la grivèlerie.
Avec cette méthode objective, le critère le plus important est le lien étroit entre l’acte
incriminé et le résultat. Autrement, l’acte n’est pas anormal en soi, il ne l’est que par rapport
au résultat nuisible.
Ce critère est certes séduisant car comme le souligne BECCARIA : «La vraie mesure
des crimes est le tort qu’ils font à la nation et à non l’intention du coupable.
Partant de ce critère, ce qu’on appelle l’élément moral de l’infraction n’est pas pris en
compte. On pourra même engager la responsabilité pénale d’un dément, d’un jeune enfant et
aussi aucune différence ne pourra être établie entre les infractions intentionnelles et non
intentionnelles.
De plus, la recherche du lien de causalité entre l’acte et le résultat exclut incrimination
de l’abstention.
Enfin, l’accent mis dans la détermination objective de l’infraction conduit à ne
concevoir que l’infraction instantanée. Le projet criminel ou la tentative n’est pas incriminée.
- La conception objective peut également être critiquée quant aux peines qui sont déterminées
d’une façon abstraite et identique pour tous. Et le juge n’a aucun pouvoir de les modifier.
Tous les participants : auteur principal & complice seront punis de mêmes peines. Dès lors, la
peine ne vise qu’à supprimer le trouble à l’ordre public, la sanction est conçue comme un mal
infligé au condamné en réparation du mal résultant d’infraction. La primauté donnée dans la
détermination de l’infraction au trouble à l’ordre public est certes justifiée, mais la notion de
l’ordre public est une notion floue. Exemple : Le droit punit l’homicide et non le suicide, le
proxénétisme et non la prostitution.
Le danger dans cette conception est que le procès pénal va consister à juger plus l’acte
que l’homme. Or la responsabilité pénale ne peut être retenue d’une personne qui ne distingue
pas le bien du mal ou n’a pas conscience de l’illicéité de son acte (dément, jeune. enfant).
Face aux écueils de détermination objective des infractions ou est tenté d’adopter la
détermination subjective.

II. La détermination subjective des infractions


C’est le mouvement contraire. On ne va pas déterminer des actes comme infractions,
mais on identifie les délinquants. Est donc infraction, l’acte commis par un délinquant. L’acte
est jugé anormal dès lors qu’il révèle la personnalité de son auteur, une personne qui a des
8
tendances criminelles. Ce n’est pas l’attitude psychologique de la personne par rapport à
l’acte donné, mais sa psychologie dans son ensemble, sa personnalité toute entière. Dès lors,
il appartient aux sciences criminelles de déterminer la psychologie de l’individu, le rôle du
juriste devient secondaire.
Cette conception entraîne comme conséquence une extension des infractions. Tout
acte, dès lors qu’il révèle la personnalité criminelle, doit être incriminé. Le droit doit
remonter plus haut dans la chaîne de causalité même s’il y a un lien très éloigné entre l’acte et
le résultat sociologique. Et même si l’acte en lui-même est inoffensif, il sera incriminé en
raison de personnalité de son auteur.
Avec une telle conception, on pourrait envisager qu’un système pénal incrimine l’alcoolisme
ou le vagabondage car il est facteur criminogène, il en va de même des comportements qui
dénotent d’une inadaptation sociale telle que le vagabondage, la prostitution. On veut dans ce
système intervenir d’une façon préventive = Antedelectum en mettant en place des mesures
contre les asociaux.
La sanction en conséquence va être redéfinie car elle doit viser à changer la
personnalité de l’individu afin qui guéri de sa criminalité, qu’il devienne un être socialement
adapté.
Alors la sanction ne va pas être choisie en fonction de gravité de résultat qui ne se sera
pas produit mais en fonction de personnalité de l’individu.
La sanction peut même être décidée au stade de l’instruction de l’affaire ou même dès
la constatation de l’état dangereux. Aux USA, par exemple ; le concept de l’état dangereux
est parfois mis en œuvre et permet de condamner des criminels réputés dangereux à une
sentence de durée indéterminée appelée à se prolonger aussi longtemps que leur état
dangereux n’aurait pas disparu. (Art. 720. Al. CPP américain).
L’une ou l’autre de ces deux conceptions n’étant satisfaisante car elles aboutissent à
des solutions irréalistes et excessives, on est amené à envisager la détermination mixte des
infractions.
III. La détermination mixte des infractions
Opter pour cette vision, c’est tenir compte des réalités concrètes. La détermination
mixte entraîne donc une combinaison à prédominance tantôt objective tantôt subjective. Ce
qui ressort le plus souvent est que la personnalité du délinquant, souvent occultée à l’origine
par l’infraction, sera prise en compte notamment pour la détermination des sanctions. C’est le
critère adopté par notre droit positif en référence aux droits français et belge dont il s’inspire.
Au départ, une infraction souvent un acte interdit entraînant le trouble de l’ordre public. C’est
ce qu’on appelle = l’élément matériel ou le résultat d’une infraction. Dans cette logique,
lorsque la personne a accompli l’acte sans arriver au résultat illicite, l’infraction n’est pas
constituée. C’est ainsi que la tentative qui est l’échec du délinquant dans son entreprise n’est
pas systématiquement punie :
C’est la raison par laquelle le législateur ne connaissant pas d’avance le futur
délinquant ne peut que déterminer la gravité des infractions que par rapport aux conséquences
9
qu’elles entraînent. A côté de cet élément matériel doit figurer l’élément moral ou
psychologique. C’est pourquoi lorsque le prévenu était en état de démence au moment de
l’action, l’infraction ne peut lui être imputée.
Mais, il peut arriver dans certaines infractions que l’on prenne en compte la
prééminence de l’élément moral pour condamner un délinquant.
Exemple 1 : un comportement neutre peut être érigé en infraction à partir du moment où, s’il
est répété, révèle la personnalité dangereuse du délinquant. C’est le cas des «infractions
d’habitudes». Exemple : exercice illégal de la médecine.
Exemple 2 : «Crime impossible».
Meurtre sur le cadavre.
Avortement sur une femme qui n’est pas enceinte.
Dans tous ces cas, la criminalité de l’acte découle de la seule intention criminelle d’auteur.
Quant à la peine, elle est prévue de façon abstraite car dans l’impossibilité de connaître la
psychologie de chaque délinquant, on ne peut prévoir des peines adaptés à chacun. On
propose au juge un éventail de possibilité avec l’espoir que parmi elle, il choisira celle que
sera appropriée à chaque cas particulier.

CHAPITRE II : LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS


Les infractions sont classées selon plus modalités. Il faut retenir 6 critères :
1) La gravité – on parlera des crimes, délits et contraventions.
2) La nature de l’infraction : on parlera des infractions de droit commun qui seront à
distinguer des infractions politiques, militaires, et des infractions de presse.
3) L’élément moral de l’infraction : infraction intentionnelles et infractions non-
intentionnelles ;
4) Le mode d’exécution :
- les infractions d’action ou de commission ;
- les infractions d’abstention ou d’omission ;
- infractions continues – infraction d’habitude ;
- infractions collectives – infraction complexes ;
- infractions connexes.
5) Le moment de la constatation :
- infractions flagrantes – infractions non flagrantes.
6) Le moment de la consommation ou le résultat. Infractions matérielles et infraction
formelles.
§1. Classification fondée sur la gravité
Cette classification qui comporte la division tripartite des infractions en crimes, délits
et contraventions et qui caractérise le droit pénal européen n’a pas été retenue par le droit
pénal congolais. Le droit congolais qualifie tous les actes incriminés de même façon sans faire
des distinctions sur leur gravité.
10
Le droit congolais a voulu consacrer l’unicité conceptuelle en utilisant un terme
globalisant : tout est infraction. Cette conception peut être critiquée car toutes les infractions
ne s’équivalent pas et toutes ne sont pas punies de mêmes peines. Entre la servitude pénale et
la peine de mort, on peut déceler la gravité d’une infraction.
Pour avoir une idée de la division tripartite, considérons l’Article1 du Code Pénal
français.
Article 1 : L’infraction que les lois punissent des peines de police est une contravention.
L’infraction pénale que les lois punissent des peines correctionnelles est un délit :
- l’infraction que les lois punissent par des peines afflictives ou infâmante est un crime.
Les peines de police vont de l’emprisonnement d’un jour à deux mois et d’une amende
≥ 2.000 euros.
- Peines correctionnelles : emprisonnement 2 mois à 5 ans et d’une amende > 20.000
euros.
- Crimes sont punis d’une réclusion criminelle à temps ou à perpétuité.
§2. Classification fondée sur la nature d’infraction
Dans cette classification, on distingue d’une part les infractions de droit commun et les
infractions politiques, et d’autre part, les infractions militaires.
A) Les infractions de droit commun sont celles pouvant être commises par toute personne.
Ex.: le vol.
B) Les infractions politiques
Pour identifier une infraction politique, on peut partir d’un critère objectif ou critère
subjectif.
1) D’une façon objective, certaines infractions sont considérées comme politiques à cause de
la nature de résultat. Elles sont commises dans le but de porter atteinte à l’ordre politique.
On distinguera :
* Infractions politiques pures : ce sont des infractions qui visent à modifier le régime en place
ou qui remettent en cause l’organisation ou le fonctionnement des pouvoirs publics. C’est le
cas également des infractions qui entravent les libertés politiques fondamentales.
Exemple : Infractions électorales.
Aussi le cas des infractions qui menacent gravement la sécurité nationale comme la
trahison, l’espionnage, le coup d’Etat, le complot.
* Infractions politiques mixtes ou complexes. Sont celles relèvent d’une situation délicate car
elles mêlent le politique et le non-politique. Elles ont pour objet l’atteinte de l’ordre politique
par le truchement des infractions de droit commun.
Exemple : Le terrorisme : les actes terroristes sont dirigés contre le particuliers afin d’attirer
l’attention des pouvoirs politiques sur le mécontentement de la population.
* des infractions connexes à une infraction ou à un événement politique.
Exemple : la guerre civile, l’insurrection, les manifestations. Elles deviennent politiques
même si le mobile des auteurs n’est pas politique. Exemple : Quand on profite du désordre
politique pour piller les magasins, détruire les propriétés privées, massacrer les adversaires.
11
2) La conception subjective d’une infraction politique
Ici, la nature politique de l’infraction ne découle pas de son résultat mais du mobile du
délinquant. On parle alors de l’infraction complexe.
Exemple : Assassinat d’un Chef d’Etat, ici, la qualité de la victime fait déduire le mobile
politique tel que celui de l’obtention du changement du régime.
Les infractions politiques ont un régime juridique spécifique par des dispositions
tantôt sévères tantôt indulgentes.
Le législateur est très rigoureux dans la définition de ces infractions. Il réprime le
complot dès que la résolution d’agir est arrêtée entre 2 ou plusieurs personnes. Cela ferait
penser qu’il n’est pas loin de réprimer la seule intention criminelle. La plupart des infractions
politiques sont d’ailleurs des «délits obstacles», c’est-à-dire des incriminations qui se situent
très amont sur l’« iter criminis» (le chemin du crime).
En faisant intervenir la répression de façon anticipée, le législateur tend à prévenir la
commission d’infractions matérielles qui porteraient atteinte à des valeurs importantes.
 Exemple : Livraison d’informations sensibles à une puissance étrangère.
On les exprime par : les actes de natures à
Si l’incrimination est si rigoureuse, on observe une certaine indulgence quant au prononcé et à
l’exécution de la sanction.
- Le régime d’incarcération est contraignant. Le droit d’asile leur est facilement reconnu et
l’extradition ne peut jouer contre eux.
N.B. : Les infractions de la presse, c’est-à-dire des infractions de droit commun portant
atteinte aux personnes mais se perpétrant par voie de presse ont la spécificité d’être assimilées
et d’avoir un régime de faveur accordé aux infractions politiques en application du principe
du respect d’expression de l’opinion d’autrui et du principe de la tolérance.
Pour les délits de presse, on suit une procédure particulière.
Exemple : imputation d’un fait à un individu par voie de presse, la victime pourra demander
seulement le droit de réponse pour écourter la procédure.
C’est ainsi que Nyabirungu écrit : «en tenant compte de leur objet, les infractions
peuvent constituer des infractions politiques réalisent les atteintes graves aux intérêts
fondamentaux de la Nation.
Il s’agit de la participation délictueuse à un attroupement en particulier armé, les délits
électoraux, les infractions à la législation.
La liberté de presse, les infractions de complot, de toute trahison, d’attentat à la sûreté de
l’Etat»(1).
B) Infraction de droit commun et infraction militaire
Les infractions militaires sont celles prévues par le Code pénal militaire du 18
novembre 2002, qui ne peuvent être commises que par les militaires ou assimilés. Ce sont des
infractions disciplinaires mais qui vont être rattachées au droit pénal par la nature répressive
1
() Nyabirungu (M.), «Le sens et la portée de l’amnistie présidentielle» in le Potentiel n°
2818, mercredi 7/05/2003, p. 8.
12
de leurs sanctions. C’est donc le manquement du devoir de l’état militaire qui est militaire :
d’après le droit pénal militaire congolais : un militaire est celui qui fait partie des forces
armées nationales : officiers, sous-officiers, hommes de rang, les réservistes, militaires en
congé.
Les assimilés sont les membres de Police nationale. Il exige plusieurs catégories des
infractions militaires.
* Infraction tendant à soustraire leur auteur de ses obligations militaires : c’est le cas de
l’insoumission. (Article 41 CPM), absences régulières, désertion.
Infraction c) l’honneur et le devoir
- Outrage au drapeau, Article 87.
- Complot militaire, Article 62.
- Pillage, Article 63.
- Infraction contre la discipline. Exemple : Insubordination par la révolte militaire,
Article 89 CPM.
- Infraction aux consignes : Exemple 2 : Abandon de poste : Article : 116 CPM.
Exemple 1 : Violation de consigne : Article 113 CPM.
Quand au régime juridique.
Les peines et sûreté sont prévenues à l’Article 26 & surtout CPM.

§3. Classification fondée sur l’élément maternel

La seule pensée coupable n’est pas punissable. Le droit pénal n’intervient qu’à partir
du moment om cette pensée s’est extériorisée par une loi pénale.
Cet acte, qui matérialise l’infraction est appelée = élément matériel.

1) Une infraction peut consister en un acte positif de commission ou à une abstention.


Exemple : omission de porter secours à une personne en danger.

2) On peut aussi prendre en compte la durée de l’élément matériel : ça peut être la


durée de l’acte d’exécution de l’infraction ou celle du résultat.
a) Partant de durée de l’exécution
- Infraction = instantanées.
- Infraction = continues.
On parle d’infractions instantanées pour des infractions qui peuvent s’exécuter en un
instant.
Ex. : Meurtre par un coup unique, vol par soustraction, non assistance à une personne en
danger par un défaut d’assistance.
Il peut arriver que le temps d’exécution soit plus ou moins long mais l’infraction sera toujours
qualifiée d’instantanée si cette durée n’est pas incluse dans la définition légale de l’infraction.
Exemple : Escroquerie : Article 98 C.P.
13
Exemple 2 : Homicide par utilisation des moyens multiples et successifs.
Exemple 3 : Refus persistant de porter secours à une personne en danger.
D’autres infractions par contre ne peuvent s’exécuter que sur une durée de façon qu’un
acte fugitif ne puisse permettre de les caractériser.
Exemple : - séquestration arbitraire : Article 67 CP.
- recèlement : Article 101 CP.
L’exécution de ces types d’infraction se prolonge dans le temps et il y a également la
persistance de l’intention coupable pendant toute cette durée.
L’intérêt de la distinction de l’infraction instantanée et continue tient à leur localisation dans
le temps et dans l’espace.
Par rapport au temps :
- Pour la prescription de l’action publique des infractions continues, le délai court à
partir de jour ou l’activité délictueuse a pris fin, c’est-à-dire du jour où le receleur par
exemple a cessé d’obtenir la chose et non le jour où il est entré en possession. Alors
que pour les infractions instantanées, la prescription court dès l’instant où le fait initial
a été commis.
- Quant à l’application d’une loi pénale plus rigoureuse, elle ne s’applique pas pour les
juridictions instantanées mais s’applique par contre aux infractions continues parce
que la volonté coupable continue à persister.
Par rapport à la localisation dans l’espace :
La seule juridiction où a été commise l’infraction instantanée est compétente. Par contre, tout
tribunal du ressort duquel est commise une infraction continue est compétent.
b) Partant de la durée du résultat → On parle des infractions permanentes.
Une infraction est permanente lorsqu’elle provoque un résultat matériel durable, son
résultat suivit à la disparition de la volonté coupable sans qu’il y ait une nouvelle intervention
de cette volonté. Ce sont donc des infractions qui se prolongent au-delà de l’instant précis de
la commission «par la seule force des choses».
C’est le cas de vol : il est une infraction instantanée car il entraîne une atteinte à la
propriété aussi longtemps que le propriétaire n’a pas recouvré son bien.
Ex. 2 : la bigamie.
Ex.3 : la Construction sur un site interdit.
L’intérêt de la distinction est d’éviter de confondre la durée de l’exécution et celle de résultat.

3) Classifications fondées sur la complexité de l’élément matériel


Pour définir une infraction, le législateur exige l’accomplissement des actes tantôt
identiques tantôt différents. D’où on va distinguer :
a) Les infractions simples et infractions complexes
Une infraction simple  est celle dont l’accomplissement suppose 1 seul acte matériel. Ex. : le
vol.

14
Une infraction complexe  suppose l’accomplissement des faits différents mais concourant tous
à l’objectif unique. Parfois les actes nécessaires proviennent de la victime et d’autres du
délinquant.
Exemple : dans le cas de l’escroquerie : la tromperie émane de l’escroc et la remise
consécutive de la victime. Idem pour l’abus de confiance : il y a la remise préalable par la
victime et le détournement par le coupable.
b) Infractions d’habitude et infractions collective par unité de but et infractions connexes
Infractions ; continue

* Infraction d’habitude
On parle de l’infraction d’habitude si les faits accomplis sont identiques, mais chaque fait pris
isolement n’est pas punissable.
Exemple : Exercice illégale de la médecine ; il faut que l’auteur établisse d’une façon
habituelle le diagnostic ou traite les malades, un acte unique n’est pas punissable. L’habitude
commence dès le second acte.
L’intérêt de la distinction entre les infractions d’habitude et les infractions complexes est que
pour l’infraction complexe, la prescription de l’action publique court à partir de jour où
l’ensemble des différents actes ont été accomplis même s’ils sont séparés de plusieurs années
alors que la prescription de l’infraction d’habitude court au jour om est apparu l’habitude.
* Infraction collective par unité de but ou infraction continue
Elle s’apparente aux infractions complexes par la pluralité d’actes matériels, elle s’en
éloigne dans la mesure où chaque fait constitue une infraction. Tous ces actes non identiques
ne sont réitérés que dans la mesure où ils se rattachent à une infraction unique.
Exemple 1 : Un cambrioleur s’empare du coffre-fort & de son contenu = il est l’auteur du vol.
Exemple 2 : Un faux monnayeur qui fabrique des centaines des faux billets ne commet pas de
centaines d’infractions, mais une seule :
Cette notion présente un intérêt : l’unicité de l’infraction interdit de prononcer plusieurs
déclarations de culpabilité et plusieurs peines.
Le point de départ de la prescription de l’action publique est l’issue de tous ces actes.
* L’infraction connexe est celle où il n’y a ni unicité d’intention, ni unicité de fait.
Il y a plus tôt plus faits ou infraction remis par un lien étroit qui les fait dépendre les
uns des autres.
Exemple : 1 voleur qui tue pour faciliter le vol sera considéré comme auteur d’infractions
connexes. On parlera du concours des infractions.

4) Classifications fondées sur le résultat de l’exécution de l’infraction  : Infractions


matérielles et formelles.

a) Une infraction matérielle est celle qui est consommée par la réalisation du résultat
nuisible. Le résultat est donc défini comme un élément constitutif de l’infraction.
15
Exemple : meurtre, vol, empoisonnement.
b) Une infraction formelle  est celle qui existe indépendamment du résultat. Le législateur
incrimine le procédé peu importe que le résultat ne soit pas atteint. Les infractions formelles
sont punies même si le résultat des agissements n’est pas atteint.
Exemple : Admission des substances nuisibles ; l’article 50 Code Pénal punit des peines
d’empoisonnement même si les substances n’ont pas donné la mort mais ont altéré la santé de
victime.
Incendie volontaire : Articles 103 & 104 CP. Emprisonnement des eaux et durées : Article
170 CPM.
L’intérêt de la distinction tient à la tentative (on le verra plus loin).
La tentative est punissable lorsqu’il y a le commencement d’exécution et désistement
involontaire. Mais si l’auteur renonce à son action par un désistement volontaire : la tentative
cesse d’être punissable. Cela se conçoit dans le cas des infractions matérielles. Ex. :
Quelqu’un qui se pointe avec une arme et se désiste avant l’arrivée de victime. Ce qui ne
peut être le cas dans l’infraction formelle parce que l’infraction est déjà consommée même si
le résultat n’est pas atteint. Ex. : si l’empoisonneur donne l’antidote, on parlera du repentir
actif, une circonstance atténuante sans pour autant supprimer l’infraction.

5) Classification fondées sur le moment de constatation de l’infraction  : Infractions


flagrantes et non flagrantes

- Une infraction flagrante est celle qui se commet actuellement ou qui vient d’être commise.
- L’infraction est réputée flagrante lorsqu’une personne est poursuivie par la clameur
publique, ou lorsqu’elle est trouvée porteuse d’effets, d’armes, d’instruments, de papiers
faisant présumer qu’elle est l’auteur ou le complice pourvu que ce soit dans un temps plus
proche de celui de la commission.
- Une infraction non flagrante : est celle qui a été commise depuis un certains temps et dont
les preuves commencent à disparaître.

§3. Classification d’après l’élément moral : Infractions intentionnelle et non-


intentionnelle.
Une infraction est intentionnelle lorsque son auteur a voulu le résultat illicite de son
acte.
Exemple : Dans le vol, la faute consiste en une appropriation intentionnelle de la chose
d’autrui.
Exemple : Dans le meurtre : c’est le désir de causer la mort à la victime.
Dans les infractions non-intentionnelles : Il n’y a pas eu une recherche du résultat illicite
reproché à l’auteur. Cela peut être causé par son insouciance, son imprudence, absence des

16
précautions suffisantes. Les infractions sont en principe incompatibles avec la tentative qui
suppose l’intention de consommer l’infraction.
Cette distinction se fait par rapport à l’élément psychologique ou moral de l’infraction.
I. L’infraction intentionnelle : requièrent chez l’agent l’intention.
⇒ Il le fait exprès.
⇒ L’infraction non intentionnelle = est celle qui est indépendante de la volonté de l’agent.
S’agissant de ce type d’infraction, il n’y a pas eu une recherche du résultat illicite reproché à
son auteur, cela peut être causé par son insouciance, son imprudence, l’absence des
précautions suffisantes. Ces infractions sont en principes incompatibles avec la tentative qui
suppose l’intention de commettre une infraction.
Exemple : Article 52 homicide involontaire.

CHAPITRE III : LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION


Les éléments constitutifs d’une infraction
Il existe 3 éléments : - l’élément légal ;
- l’élément matériel ;
- l’élément moral ou économique.
S/ Chapitre I : L’élément légal de l’infraction
L’élément légal est exprimé par le principe de la légalité de délits et des peines :
«nullum crimen, nulla poena sine lege».
Les lois pénales congolaises sont :
▪ le Code Pénal (Décret du 30 janvier 1940) constitue l’essentiel du droit pénal congolais. Il
est constitué de 2 livres :
- le Livre Ier traite des infractions et de leur répression. Il est composé de 42 articles.
C’est le droit pénal général où l’on trouve les concepts de base pour comprendre le droit
pénal. Ex. : la complicité Article 22 Code pénal, le concours de plusieurs infractions Article
20, les circonstances atténuantes, Article 18, 19, etc.
- le Livre II traite des particularités de chaque infraction ainsi que de leur répression.
C’est le droit pénal spécial. Il est divisé en 8 titres qui rendent compte des actes incriminés
parce que contraires aux valeurs sociales protégées par la société.
▪ Il existe également des lois complémentaires non inclues matériellement dans le Code Pénal.
C’est le cas par exemple : du Décret de 25 juin 1948 incriminant la bigamie et l’adultère.
▪ Il faut également ajouter des lois pénales particulières qui répriment des infractions qui ne
sont pas contenues dans le Code Pénal. C’est le cas du Code de la Justice Militaire, le Code de
la route, …

17
Section I. Signification du principe de la légalité

Ce principe était ignoré du droit romain et même des législations de l’antiquité. Son
origine tient de la quête de l’égalité exprimée par BECARRIA contre l’arbitraire des juges
dans son ouvrage «Traite des délits et des peines».
Le principe de la légalité procède aussi des de l’influence des idées de Jean-Jacques
ROUSSEAU qui exaltent la loi comme étant l’expression de volonté générale et aussi celles
de MONTESQUIEU qui prônent la séparation de pouvoir lorsqu’il affirme dans « l’Esprit des
lois » : « il n’y a plus de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance
législative».
Ce principe est repris dans l’Article Ier Code Pénal Congolais : Nulle infraction ne
peut être punie des peines qui n’étaient pas portées par la loi avant que l’infraction fut
commise».
Article 17 Alinéa 2 : Nul ne peut être poursuivi, arrêté, détenu ou condamné qu’en vertu de la
loi et dans les formes qu’elle prescrit.
Ce principe se justifie par le fait qu’il faut que la loi avertisse avant de frapper que le
citoyen sache avant d’agir ce qui est permis et ce qui est interdit.
Ce principe limite également les abus du pouvoir de société de façon à garantir la
liberté de chacun.
Enfin, il assure les séparations des pouvoirs avec prééminence de la volonté générale.
Le pouvoir législatif l’emporte sur l’exécutif et sur le judiciaire.

I. Conséquence du principe de légalité

Ce principe s’impose au législateur et au juge.


A) Conséquence par rapport au législateur
C’est le législateur qui a le monopole de l’incrimination, de répression ainsi que des
normes procédurales. Ce qui implique des textes précis et pas des définitions des infractions
par des formules vagues dans lesquelles on peut faire entrer n’importe quoi, ou actes
susceptibles de plusieurs interprétations. La nature et le taux des peines doivent être précis
ainsi que la procédure.
B) Conséquence pour le juge
La légalité impose aux magistrats de déterminer la qualification exacte des faits
poursuivis, c’est-à-dire de rechercher quel texte peut leur être applicable. Le juge doit vérifier
l’existence d’un texte antérieur aux faits poursuivis et vérifier que tous les éléments
constitutifs soient réunis. S’il n’existe pas un texte, au niveau d’instruction, le ministère
public peut ordonner un non-lieu ou un classement sans suite, au niveau du tribunal, le juge va
purement et simplement prononcer l’acquittement.
Les magistrats répressifs ne doivent pas interpréter la loi d’une façon extensive ni par
un raisonnement par analogie. Il leur est aussi interdit de faire rétroagir des lois nouvelles
18
surtout quand elles sont plus sévères. Ils doivent appliquer des pénalités que dans les limites
fixées par la loi.

II. Critique du principe de la légalité


- On a reproché à ce principe de ne pas toujours donner une définition complète et
satisfaisante des infractions et par là, il laisserait échapper certains actes immoraux et
dangereux que la loi n’a pas expressément incriminés. On suggérait même d’atténuer
la rigidité ce que principe en interprétant les lois par analogie.
- Le principe de la légalité aurait également le défaut de déterminer les incriminations et
les peines sans tenir compte de la personnalité plus ou moins perverse de certains
délinquants. En effet, il existe des individus dangereux qui devraient être incarcéré
avant toute commission de l’infraction, de même ceux dont le caractère nuisible ne
disparaît pas malgré la peine prévue par la loi. Pour des tels individus ni la loi ni le
juge ne devrait fixer la durée de la peine. Ils ne devraient être remis en liberté que
lorsque leur était dangereux aurait disparu.
Ces critiques ont exercé une influence considérable sur la légalité dans certains pays qui l’ont
purement supprimé (URSS, Allemagne Nazie, Italie). Un tel recul a soulevé des vives
inquiétudes parmi ceux qui tenaient à la légalité. C’est ainsi que le Congrès International du
Droit Pénal tenu à Paris en 1937 (juillet) et le Congrès International du Droit comparé tenu à
La Haye en août 1937 ont réaffirmé la nécessité de ce principe car le supprimer serait une
façon de restituer au juge le pouvoir arbitraire qu’ils avaient autrefois.
Mais l’on constate tout de même le déclin de ce principe car il existe des infractions
créées par Décret-loi ou Décret. Bref, par le pouvoir exécutif.

Section 2 L’interprétation de lois pénales


Interpréter les lois pénales consiste à chercher la signification exacte de la loi de
manière à permettre son application correcte aux faits.
Les principes d’interprétation en droit pénal sont différents de celles du droit civil ou du droit
commercial parce qu’en matière pénale, la défense de l’intérêt public ne va toujours de pair
avec la sauvegarde des libertés individuelles.
L’interprétation des lois peut être judiciaire. C’est l’œuvre des juges éclairés par la
doctrine.
Elle peut également provenir du législateur lui-même. C’est qu’on appelle l’interprétation
authentique. Dans ce cas, elle a un caractère obligatoire pour le juge.
L’interprétation authentique peut figurer dans le corps de la loi. Mais le plus souvent, c’est
après promulgation lorsqu’on rencontre des difficultés d’interprétation. C’est qu’on appelle la
loi interprétative. Elle est différente des errata qui sont des corrections des fautes matérielles.

Méthodes d’interprétation de lois pénales

19
Il existe trois méthodes d’interprétation qui sont l’œuvre de la Doctrine ou du juge.
I. La méthode littérale ou restrictive
C’est la méthode traditionnelle qui s’attache à la lettre de la loi et non à son esprit.
Comme elle écarte tout ce qui n’est pas texte de loi et ce, en réaction contre l’arbitraire et le
pouvoir exorbitant des juges, elle a été longtemps pratiquée en application de l’adage :
«ODIOSA SUNT RESTRINGENDA» (les choses odieuses doivent être restreintes). On fait
appel à la logique par le syllogisme et le raisonnement a contrario.
Les brocards latins expriment bien cette méthode d’interprétation.
- ubi lex vulut dixit, ubi noluit tacuit = «quand la loi a voulu quelque chose, elle l’a dit ; quand
elle ne l’a pas voulu, elle s’est tue»
- ubi lex non distinguit, nec nos distinguere debemus = «quand la loi ne distingue pas, nous ne
devons pas distinguer».
- inclusio unus, inclusio alterius = «la mention d’une chose exclut nécessairement tout autre
chose.
Certes, le juge peut se référer aux travaux préparatoires ou aux circonstances du
moment de la promulgation de la loi, mais la lettre de la loi reste primordiale et s’il y a
contradiction entre ce qu’a voulu dire le législateur et le texte, la lettre seule fait foi.
Si le texte est obscur, le juge doit choisir la situation la plus favorable au délinquant en
appliquant le principe : «  in dubio pro reo ». (Le doute profite à l’accusé).
L’interprétation littérale procède des idées de BECARRIA et de MONTESQUIEU. Dans son
livre sur les délits et les peines, BECCARIA écrit : «Les jugements de crimes ne peuvent
avoir le droit d’interpréter la loi pénale, par la seule raison qu’ils ne sont pas législateurs.
Conséquences de cette méthode :
- elle est inexacte car elle suppose que la loi est parfaite. Or celle-ci peut contenir des
erreurs ou comporter des contradictions ;
- elle limite rôle du juge seulement à l’application des peines. C’est ainsi que
Montesquieu a écrit : « le juge ne doit être que la bouche qui prononce les paroles de
la loi » 
- cette interprétation est stérilisante car le droit n’est pas une matière figée. Elle
conduirait donc à ne considérer que ce qu’a voulu le législateur, même un siècle
plutôt, doit demeurer immuable et ce même si de les faits sociaux ont évolué. Or, c’est
au juge qu’il appartient d’assurer avec prudence l’adaptation de droit pénal aux
impératifs de chaque époque.
-
II. La méthode téléologique

Cette méthode ne nie pas la lettre de la loi car elle l’envisage comme une frontière que
juge ne doit franchir que pour motif grave. Elle attribue une grande importance au but de loi.
D’ailleurs, téléologique vient du telos signifiant but.
A) Principe de la méthode téléologique
20
On ne nie pas la lettre de loi : la loi pénale doit être appliquée à tous les cas prévus par ses
termes. Le juge ne doit rien ajouter aux termes de l’incrimination, ni créer des causes
justificatives ou celle d’exonération de la responsabilité non prévue par la loi.
B) Méthodes de l’interprétation téléologique
On va procéder par plusieurs étapes :
a) L’étude grammaticale
Le juge va dégager le sens de la loi à partir de l’analyse grammaticale du texte, c’est-à-
dire des termes utilisés par le législateur dans leur sens ordinaire sauf si le législateur donne à
certains termes un sens technique, s’il le fait, il le dit dans le texte.
b) La recherche de ratio logis
C’est-à-dire la volonté déclarée ou présumée du législateur, l’objectif poursuivi par le
législateur en édictant une loi. Si le texte est clair, le juge doit l’appliquer. Mais dans le
doute, ce ne sera plus l’adage «in dubitio pro reo» qui aura à s’appliquer, le juge doit
rechercher la volonté des auteurs du texte en tenant compte des travaux préparatoires de
l’évolution scientifique, historique du droit comparé, etc.
c) La consultation des travaux préparatoires
Le juge pourra se référer à l’exposé des motifs, aux rapports des commissions et aux
interventions des rapporteurs ou d’autres orateurs visant à proposer des amendements. Mais il
faudrait se méfier des interventions improvisées car n’étant pas l’œuvre des spécialistes.
Exemple de l’interprétation téléologique : Art 112 CP concernant les dispositions relatives à
la dégradation d’arbres dispose : «se punit des peines portées à l’article précédent, …
Si on fait une interprétation grammaticale, l’article précédent est l’article 111 alors qu’on veut
parler ici de l’article 110.
d) La prise en compte d’évolution historique ou interprétation évolutive
Prendre en compte l’évolution historique permet au juge de sanctionner certains faits
qui se seront produits après l’entrée en vigueur d’une loi et qui entrent dans le champ
d’application de celle-ci alors que le législateur les avait pas expressément visés parce qu’à
l’époque de la rédaction de la loi il ne pouvait se les imaginer.
Ex. : l’article 79 CP qui sanctionne le vol, le définit comme la soustraction frauduleuse d’une
chose appartenant à autrui. Par chose, on a toujours visé des biens matériels. Mais avec
l’évolution, il est apparu des biens immatériels pouvait être volé. C’est le cas de l’électricité,
des unités téléphoniques. Si on s’en tenait donc à la première définition, les voleurs de ces
biens ne tomberaient jamais sous le coup pénal. L’interprétation évolutive sanctionne ainsi de
tels comportements.
e) La prise en compte du contexte général du texte ou l‘ argument a rubrica
Cette technique permet au juge d’établir la vraie interprétation d’un article de loi en
tenant compte de place qu’elle occupe dans le texte, c’est-à-dire on considère le plan et les
rubriques de ce plan.

21
Ex. : l’article 85 CP qui est situé dans le Titre II et qui traite des infractions contre les
propriétés dispose : « le meurtre commis, soit pour faciliter le vol ou l’extorsion, soit pour en
assurer l’impunité, est puni de mort ».
Il existe en doctrine une discussion d’interprétation : celle de savoir quelle est l’infraction qui
aggrave l’autre. Est-ce le vol ou le meurtre ?
Pour la position dominante, c’est le vol qui est l’infraction principale parce que cet article
figure dans le titre aux infractions contre les propriétés et clôture les différents faits aggravant
le vol.
f) Les données historiques
Ce sont ceux qui donnent des renseignements sur le sens de loi en se référant au
contexte historique de sa rédaction.
g) Le droit comparé
Il est la solution ultime lorsque le juge épuise tous les moyens d’interprétation et
n’arrive pas à la compréhension exacte de la loi. Il peut donc s’inspirer et pas copier les
solutions proposées ailleurs car même si les textes peuvent être les mêmes, les réalités sont
souvent différentes.

III. La méthode analogique


Elle est celle qui consiste à raisonner sur un cas d’espèce donné à partir d’une loi
existante qui régit un cas semblable. On parle d’analogie intra legem parce qu’il s’agit
d’intégrer dans la loi un cas non prévu.
Mais, il existe aussi un autre type d’analogie : l’analogie juridique ou extra-legem ou
contra legem : c’est le fait pour un juge de résoudre un cas non prévu par la loi en se fondant
sur l’esprit général du système répressif. En fait, il ne prend pas appui sur un texte, mais il
s’inspire de l’éthique sociale, religieuse de son pays pour créer lui-même une incrimination ou
pénalité non prévue dans son système légal. Ici, le juge en interprétant par analogie se
substitue donc au législateur. Cette interprétation est dangereuse car elle implique la
concentration des pouvoirs législatif et judiciaire entre les mains du juge. Ce qui est contraire
à la sauvegarde des libertés car il faut un texte précis des lois qui avertisse les citoyens de ce
qui est interdit.
De ces deux types d’analogies, l’analogie légale est tout de même acceptée selon que
l’interprétation soit favorable au délinquant. Ce qu’on appelle analogie in favoren ou in
bonam partem. C’est par exemple une interprétation par analogie des faits justificatifs ou des
causes de non responsabilité non prévues par la loi en faveur du délinquant. Tel est le cas
d’un fait justificatif issu de la loi en cas d’homicide ou coups et blessures volontaires qui
pourrait être appliqué à n’importe quelle infraction : démolition, arrestation arbitraire...
Par contre, s’agissant de l’interprétation analogique en défaveur du délinquant :
l’analogie in malam partem, celle par exemple qui élargirait les conditions d’application des
lois d’incrimination ou de pénalité, les tribunaux restent toujours attachés au principe de
22
légalité. C’est aussi que parce qu’elle ne trouvait dans la grivèlerie ni les éléments constitutifs
du vol ni ceux de l’escroquerie que la Cour de cassation française n’avait jamais admis
l’interprétation en défaveur du délinquant et relaxait les prévenus faute d’élément légal
(aucun texte n’incriminait ce comportement. Il a fallu cette position pour amener le législateur
à adopter la loi du 26 juillet 1873 incriminant la grivèlerie, et qu’on retrouve à l’article 102
bis CP congolais
Que penser de la méthode analogique ?
La méthode analogique est très dangereuse car elle conduit à la concentration entre les
mêmes mains du pouvoir législatif et du pouvoir judiciaire. ⇒ Un danger pour la liberté des
citoyens. Mais cette appréciation doit être nuancée quant à l’analogie légale qui est admise
quand elle est avantageuse à la personne poursuivie. On ne doit jamais admettre l’analogie in
malam partem.
En conclusion, on constate dans la pratique judiciaire que c’est l’interprétation analogique
in favorem et l’interprétation téléologique qui sont les méthodes utilisées.
Section 3 : Le principe d’application de la loi pénale

Le problème de l’application des lois se pose dans le temps et dans l’espace.

S/ section I : L’application de la loi pénale dans le temps

L’application des lois pénales dans le temps fait nécessairement appel à la difficulté des
conflits des lois. Si une loi nouvelle qui crée une infraction, qui abroge l’incrimination
existante, qui modifie une règle de procédure ou qui modifie les pénalités s’applique à tous les
faits survenus après sa promulgation, qu’en sera-t-il des infractions commises sous l’empire
de l’ancienne loi et qui seront jugées après la promulgation de la nouvelle loi ?
Cette question se pose seulement pour les procédures déjà commencées sous
l’ancienne loi et qui ne sont pas encore achevées.
Faudra-t-il appliquer à ces faits la nouvelle loi ou doivent-ils continuer à être régis par la loi
ancienne.
Ce problème a été désigné au 19e S par l’expression de la non rétroactivité de la loi
pénale. Dans certaines législations tel le cas de la législation française par exemple, on
préfère aujourd’hui parler des conflits des lois criminelles dans le temps ou du droit criminel
transitoire.
La non rétroactivité des lois est consacrée :
A l’article 1 Code pénal : «  Nulle infraction ne peut être punie des peines qui n’étaient pas
portées par la loi avant que l’infraction fut commise ».
A l’article 17, al. 3 de la Constitution : « Nul ne peut être poursuivi pour une action ou une
omission qui ne constitue pas une infraction au moment où elle est commise et au moment des
poursuites ».
Pour traiter de l’application de loi pénale dans le temps, on va distinguer :
23
- les lois pénales de fond ;
- les lois pénales de forme.
-
I. L’application dans le temps des lois pénales de fond
Des lois pénales de fond sont celles qui définissent une infraction ou bien celles qui
déterminent la peine applicable à l’auteur de cette infraction.
Lorsque deux lois sont en conflit, il sera préconisé :
A) La non rétro activité des lois pénales plus sévères
C’est le cas d’une nouvelle loi qui punit un fait déjà punissable en majorant la peine
encourue lors de son accomplissement. La loi plus sévère ne sera applicable qu’aux faits
postérieurs à son entrée en vigueur.
Ce principe connait une dérogation pour les faits infractionnels qui s’étalent dans le temps,
c’est le cas des infractions continues qui supposent une exécution qui s’étalent dans le temps
et la persistance de la volonté coupable ex. : séquestration arbitraire, le recel, la détention
arbitraire (art. 67 CP). Il en va de même des infractions d’habitude pour lesquelles l’infraction
n’est pas consommée par l’acte isolé mais il doit y avoir une réitération. Ex. : Exercice illégal
de l’article de guérir. Dans ces cas d’espèce, la loi nouvelle plus sévère aura à s’appliquer du
fait de la persistance de la volonté coupable.
B) La rétroactivité des lois pénales plus douces
Ce principe est l’exception du précédent car la loi nouvelle peut rétroagir si elle est
plus douce que celle qu’elle remplace. C’est ce qu’on appelle : la rétroactivité in mitius » ou
la rétroactivité de la « lex mitio».

C) Comment choisir entre la non rétroactivité & la rétro activité in mutius ?

C’est par la comparaison de la sévérité des lois à deux niveaux :


- au niveau de l’incrimination
- au niveau de la répression.
a) Au niveau de l’incrimination
Une loi plus douce est celle qui supprime une incrimination, ou qui supprime une
circonstance aggravante, ou encore celle qui augmente le nombre des éléments constitutifs
d’une infraction. Par contre, une loi sévère, c’est le contraire. C’est par exemple celle qui
ajoute une circonstance aggravante ignorée de la loi antérieure ou qui augmente le champ
d’application d’une incrimination préexistante, c’est-à-dire que le législateur, au lieu de créer
une incrimination nouvelle, modifie la définition d’une situation punissable.
Si les deux lois sont égales au niveau de l’incrimination et qu’on n’arrive pas à établir
celle qui est plus sévère ou plus douce, on va comparer les pénalités.

b) Au niveau de la répression

24
Au niveau des peines, le juge chargé de choisir entre les deux lois prendra en compte
la hiérarchie des peines prévues l’Article 5 CP.
La peine de mort est la plus grave. Après ce sont les travaux forcés, la servitude
pénale (SP) à perpétuité ou à temps. Enfin, l’amende qui est la peine la plus faible quel que
soit son montant.
Deux peines de même nature seront comparées par la longueur de leur durée ou leur
taux plus élevé.
Pour deux peines égales, on prendra en compte la présence des peines accessoires ou
complémentaires.
D) L’effet de la loi plus douce sur le procès en cours
Le principe est que la loi plus douce est d’application immédiate. On doit faire une
distinction selon que le jugement soit devenu définitif ou pas.
*) Pour un jugement définitif, la situation juridique du condamné est constituée. La loi
nouvelle plus douce est inopérante. Cette conclusion acceptable au niveau du principe peut
parfois conduire à des conséquences choquantes : deux infractions identiques commises le
même jour seront soumises à des législations différentes parce que le hasard de procédure a
fait que l’une soit jugée plutôt que l’autre. On peut corriger cette injustice en demandant la
grâce.
Certains codes pénaux étrangers = (danois art. 3 al. 2). Code espagnol (art. 24), code
italien (art. 2, al. 2), code polonais (art. 2, al. 2), code portugais (art. 6, al. 3) organisent la
révision du procès.
Le Congrès international pénal et pénitentiaire organisé à Berlin en 1935 a dolopté une
résolution allant dans le sens de la révision du procès.
*) Lorsque le jugement n’est pas encore définitif
C’est l’application de loi nouvelle plus douce.
Celle-ci ne pose pas de problème pour un jugement rendu par défaut car l’opposition
l’anéantit. Il en va de même d’un jugement susceptible d’appel car l’effet dévolutif de l’appel
transmet au juge du second degré tout le procès. Il va statuer sur les faits et le droit.
Le problème se pose pour une affaire pendante devant la Cour de Cassation (CS) qui
n’est pas un 3e degré de juridiction mais qui vérifie la conformité de la décision aux textes en
vigueur au jour où elle a été rendue.
En principe, elle ne devrait pas tenir compte de la mitior lex. Mais par bienveillance pour le
délinquant, la Cour de cassation française par exemple a fini par admettre l’application de
nouvelle loi aux affaires pendantes devant elles.
Plusieurs questions peuvent être posées :
- La loi nouvelle qui supprime ou réduit  une peine peut-elle être appliquée aux personnes
irrévocablement condamnées ? La réponse est positive car le châtiment que la société elle-
même a déclaré inutile ne peut plus continuer à recevoir exécution.
Il en va de même pour une loi qui supprime une infraction.

25
L’Article 17 al. 3 de la Constitution est explicite  quand il dispose que « la peine cesse d’être
exécutée lorsqu’en vertu d’une loi postérieure au jugement :
- elle est supprimée ;
- le fait pour lequel elle était prononcée n’a plus le caractère infractionnel.
E. Exception aux règles de conflit
1) Les lois nouvelles interprétatives
Ce sont celles qui sont adoptées pour préciser une loi obscure. Elles font de corps avec
la loi interprétée dont elle précise la signification sans toutefois en modifier le contenu.
Qu’elles soient plus douces ou plus sévères, elles rétroagissent.
On doit être attentif car sous couvert d’interprétation, le législateur peut ajouter un élément
nouveau.
2) Les lois instituant des mesures de sûreté
La mesure de sûreté est une notion qu’il faut distinguer de la peine. La peine a deux
buts : le but rétributif qui concerne le coupable, c’est-à-dire on lui fait payer sa faute et le but
dissuasif qui concerne les autres citoyens : en leur montrant la peine infligée au coupable, on
espère les détourner (dissuader) d’agir de la même façon.
Par contre les mesures de sûreté sont celles forgées par l’Ecole positive et qui sont
décidées non d’après la faute du délinquant mais d’après son état dangereux appelé
«témébilité ».
Des mesures de sûreté ne supposent donc pas une infraction et leur but ne vise pas à infliger
une souffrance, un blâme comme pour la peine, mais elles tendent à la protection de la
société. Et contrairement à la peine dont la durée est fixée par une décision judiciaire, la
mesure de sûreté doit être révisable en fonction de l’état dangereux de l’individu. Elle peut
donc être écourtée ou durer indéfiniment. C’est le cas par exemple des cures désintoxications
(des alcooliques ou des toxicomanes), des soins médicaux ordonnés à l’égard des certains
délinquants sexuels etc.
Il appert donc que des lois instituant des mesures de sûreté, étant édictées avant tout dans
l’intérêt des délinquants, doivent donc rétroagir c’est-à-dire être appliquées aux délinquants
dont les agissements sont antérieurs à la promulgation du nouveau texte.
Même si la doctrine dominante admet ce principe, certains auteurs préconisent qu’il faille
faire la distinction entre les mesures favorables et celles défavorables aux délinquants.
En effet, il existe des mesures qui s’apparentent à des peines parce que :
- elles frappent l’individu dans son corps. Ex. : la castration et la stérilisation pratiquées dans
certaines législations étrangères. Ce sont de mesures attentatoires à la dignité humaine par
lesquelles on doit être réticent et au cas où elles sont adoptées, ne doivent pas rétroagir.
3) Le problème des lois temporaires et des lois de circonstance
- Les lois temporaires sont celles qui assignent un terme à leur application dans le temps.
- Les lois de circonstance proches des premières sont celles qui réglementent une situation
provisoire.

26
Si une loi adoptée pour un temps bien déterminé vient d’être abrogée, le prévenu peut-
il être condamné pour des faits commis au temps où la loi était encore en vigueur ? La
réponse à cette question peut être trouvée à l’art. 17, al. 3 de la Constitution : «Nul ne peut
être poursuivi pour une action ou une omission qui ne constituait pas une infraction au
moment où elle est commise et au moment des poursuites. Autrement dit l’acte n’est donc
punissable que si elle constitue une infraction au moment des faits et au moment des
poursuites. Par conséquent : l’individu pourra donc être condamné pour des faits commis
sous l’emprise de la loi temporaire ou de la loi de circonstance, mais à condition qu’il y ait
pas prescription de l’action publique.
4) Problème de la rétroactivité légale
Question : Pour une nouvelle loi nouvelle plus sévère que l’ancienne, le législateur
peut-il disposer expressément qu’elle rétroagisse ?
La réponse est négative car dans notre droit positif, le principe de la non rétroactivité et son
exception l’application des lois pénales plus douces sont des principes constitutionnels. En
plus, il faut noter la réaffirmation dans le préambule de la Constitution de notre adhésion et
attachement à la Déclaration Universelle de Droits de l’Homme (DUDH) qui consacre ce
principe à son art. 11, al. 2. Dans la hiérarchie des normes, les conventions internationales
ratifiées ayant une valeur supérieure à celle de la loi, art. 215 de la Constitution), il en découle
qu’une loi qui dérogerait à ce principe violerait la Constitution et les engagements
internationaux du pays.

II. Application dans le temps des lois pénales de forme ou lois de procédure

A) Le principe : l’application immédiate des lois nouvelles de procédure


Les lois de forme sont des lois qui régissent soit la procédure qu’il faut suivre pour
arriver à une condamnation ou celle de l’exécution d’une peine ou d’une mesure de sécurité.
Elles sont d’application immédiate.
Cette solution ne s’est dégagée qu’au 19 e S en Doctrine. Cela signifie que les instances régies
par la procédure de l’ancienne loi ne sont pas remises en causes. Mais dès la promulgation, la
loi nouvelle va devoir s’appliquer aux procédures en cours et à toutes celles qui naîtront.
Les lois de la procédure étant adoptées pour une meilleure administration de justice,
les solutions qui préconiseraient la survie de l’ancienne loi, c’est-à-dire qu’elle continuerait à
régir les procédures commencées sur son empire, sont à écarter. Il en va de même de celles
qui suggèrent la rétroaction de la loi nouvelle qui abolirait même pour le passé les effets de
l’ancienne procédure.
B) Dérogation à l’application immédiate des lois de forme
1) Les lois relatives à la compétence
Les lois nouvelles de compétence s’appliquent immédiatement aux instances pénales
en cours sauf si l’affaire a déjà été jugée au fond en première instance. On estime que si un
jugement a été rendu pour ou contre un individu, ce dernier a le droit acquis de demeurer
27
justiciable du même ordre que jusqu’à la fin de son procès. Ex. : la modification de la
compétence d’appel pour une affaire déjà jugée au fond au premier degré : une loi nouvelle
de forme relative à la compétence ne peut s’appliquer pour le procès en question qui reste régi
par la loi ancienne. En d’autres termes, les lois applicables au recours ainsi qu’aux délais dans
lesquelles ils doivent être exercés sont applicables aux recours formés après leur entrée en
vigueur. Mais, la nouvelle loi qui supprime une voie de recours ne peut s’appliquer
immédiatement car elle remet en cause les droits acquis par les parties au procès.
- Les lois applicables aux prescriptions (écoulent d’un temps pour enclencher une action ou
pour subir une peine) sont applicables immédiatement sauf si il est adopté une loi nouvelle sur
la prescription qui aurait pour résultat d’aggraver la situation de l’intéressé : elle ne sera pas
applicable à la prescription en cours.

Section 2 : L’application de la loi pénale dans l’espace

Aujourd’hui on assiste tellement aux contacts entre Nations facilitées par le tourisme,
les activités intellectuelles, économiques, les techniques modernes de la communication, les
guerres… que la criminalité a pris des dimensions nouvelles à l’échelle mondiale.
Actuellement, il existe des associations des malfaiteurs internationaux au point que les
frontières soient pour eux un avantage qu’une gêne parce qu’elles les mettent à l’abri des
recherches plus coordonnées. Les infractions telles que le trafic des stupéfiants, le trafic
d’armes, le faux-monnayage, le détournement d’avion, le terrorisme … en témoignent
Trois séries de problèmes nous amènent à nous interroger :
1) Le conflit des lois et des juridictions pénales dans l’espace  : quelle loi doit-on
appliquer lorsque l’auteur d’une infraction est appréhendé du moment des poursuites
dans un pays autre que celui dans lequel l’infraction a été commise ? Serait-ce la loi
du pays de la commission de l’infraction ou celle du pays d’appréhension ?
2) Quelle loi doit appliquer le juge lorsque l’infraction est perpétrée dans plusieurs pays
différents ?
3) Quelle loi doit être appliquée lorsqu’une infraction commise à l’étranger porte attente
aux intérêts vitaux d’un Etat déterminé ? Ex : le faux- monnayage.
Pour répondre à ces questions, la doctrine a élaboré 3 types des systèmes. 

I. Le système de territorialité de la loi pénale


Dans ce système, la loi pénale d’un pays s’applique à toutes les infractions commises
sur le territoire quelle que soit la nationalité des délinquants. A contrario, la loi de ce pays ne
peut s’appliquer hors de son territoire même à ses ressortissants.
Ce système compte des avantages et des inconvénients.

28
A) Les avantages
- Ce système permet la protection de l’intérêt de la société du fait que l’infraction est jugée et
sanctionnée plus près de l’endroit où elle a été commise. Les témoins de l’infraction assistent
également à la sanction. Ce qui implique la prévention collective de l’infraction par la
dissuasion.
- Ce système permet une meilleure administration de la justice par le juge dans l’Etat où
l’infraction est commise car il connaît mieux la loi de ce pays.
- Il permet l’exercice de la répression par l’Etat dont le rôle essentiel est le maintien de l’ordre
à l’intérieur de ses frontières.
B) Les inconvénients
Ce système appliqué rigoureusement peut conduire à l’impunité de certains
délinquants. C’est le cas d’un délinquant qui après avoir commis l’infraction à l’étranger
regagne son propre pays. Ce dernier ne pourra le punir car l’infraction n’a pas été commise
sur son territoire et ne pourra non plus l’extrader car on ne peut extrader ses propres
ressortissants.
C) Limites au principe de territorialité
1) Les Immunités diplomatiques
Pour respecter les souverainetés étrangères, il existe une coutume qui fait bénéficier
une immunité aux représentants diplomatiques, à leur famille et aux personnels administratifs
pendant toute la durée de leur mission. L’immunité couvre aussi les bagages et l’ambassade
qui sont inviolables. Ces accords ont été étendus aux personnels des grands organismes
internationaux : UNESCO, ONU, …
2) La présence des troupes étrangères sur le territoire national
Ici, on doit distinguer entre :
- l’occupation pacifique ou belliqueuse. Le principe est que la sûreté de l’Etat occupé doit
rester intacte.
* En cas de présence pacifique : cela suppose une entente entre deux Etats, l’un accordant
aux troupes étrangères un droit de passage ou de stationnement sur son territoire.
En principe et sauf accord contraire, les infractions commises par les personnes dépendant
de l’armée d’occupation voire celles perpétrées par des étrangers contre les forces occupantes,
leurs établissements où leurs matériels relèvent de la compétence du pays occupant.
3) Pendant l’occupation belliqueuse (pendant les hostilités ou même pendant l’exécution
d’une convention d’amnistie ou d’un Traité de paix) : la compétence de l’occupant est
encore plus accrue, en plus de celle citée plus haut, elle recouvre également tous les
faits de nature à porter atteinte aux intérêts de l’Etat occupant et toute les infractions
contre les mesures prises par l’occupant en vue de rétablir l’ordre.

II. Le système de la personnalité de la loi pénale


Dans ce système, la loi d’un pays ne s’applique qu’aux nationaux à l’intérieur de
territoire et à tous ses ressortissants même ;quand ils sont à l’étranger.
29
Ce principe est double selon qu’on considère la nationalité du délinquant : la personnalité
active ou la nationalité de la victime : la personnalité passive.
A) Principe de la personnalité active
Ici, l’agent est jugé d’après sa loi d’origine et relève des tribunaux de son pays.
Ce principe, appelé aussi le principe de la compétence personnelle active a été justifié par
l’idée que la loi nationale est mieux adaptée à la personne du délinquant et que le juge
national sera plus juste qu’un juge étranger.
B) Principe de la personnalité passive
Ce principe veut que la loi pénale d’un pays s’applique à toutes les infractions dont ses
ressortissants sont victimes où qu’ils se trouvent. Il se justifie par le fait que la loi pénale de
la victime la protège mieux. Or il y a inconvénient que le juge de la victime soit partial.

N.B. : Si la victime de l’infraction est l’Etat, le principe de la personnalité est appelé :


«Principe de la réalité».

III. Système de l’universalité du droit de punir


C’est le tribunal du lieu de l’arrestation du délinquant qui est compétent pour connaitre
de l’infraction. Ici, on ne tient compte ni du lieu de la commission de l’infraction, ni de la
nationalité de l’auteur ni de celle de la victime. C’est un principe appliqué actuellement par
plusieurs pays dont la Belgique. Il a l’avantage de permettre l’efficacité de la répression et
aussi la collaboration entre Etats en matière de criminalité.

IV. Solution adoptée par le droit positif congolais


* C’est le système territorial auquel on ajoute certains éléments du système de la personnalité
et aussi ceux de l’universalité.
Le système territorial est bien exprimé à l’article 2 Code Pénal. : « l’infraction commise sur le
territoire de la RDC est punie conformément à la loi ». Par territoire, on entend l’espace
terrestre, maritime, aérien, les navires, les aéronefs, les ambassades congolaises.
Relèvent de la compétence congolaise, toutes les infractions dont un des éléments constitutifs
a été réalisé au Congo à condition qu’aucun jugement définitif n’ait été rendu à l’étranger
pour les mêmes faits car notre droit positif a intégré le principe «non bis in idem».
* Le recours au système de la personnalité
Ce recours est mis en œuvre dans l’hypothèse de la personnalité active et celle de la
personnalité passive.
Article 3 CP = Toute personne qui hors du territoire de la République s’est rendue coupable
d’une infraction pour laquelle la loi congolaise prévoit une peine de SP de plus de deux mois
pouvant être poursuivie et jugée en RDC.
Ce système a été adopté pour permettre également au droit pénal militaire de continuer
à régir les militaires en stationnement dans un pays étranger non ennemi.

30
En ce qui concerne la personnalité passive, les al 4 et 5 de l’art. 3 CP traitent des
infractions contre l’Etat. Ces alinéas disent substantiellement que le juge congolais est
compétent pour connaitre les infractions commises à l’étranger et qui portent atteinte à la
sûreté de l’Etat même si elles ont déjà été jugées. Vu les intérêts en jeu, le juge congolais
exclut le principe «non bis ni idem».
*Le recours au principe de l’universalité
Ce principe est prévu à l’art. 3, alinéa 1 du Code Pénal. Cet article donne pouvoir au
juge congolais de poursuivre toute personne arrêtée sur le territoire congolais pour avoir
commis une infraction grave même se celle-ci est commise à l’étranger.
Pour appliquer cette disposition, il faut que l’infraction soit punie d’une peine de SP
de plus de deux mois et les poursuites ne peuvent être déclenchées qu’à la requête du
Ministère Publique.
Le prévenu ne doit pas avoir été jugé définitivement à l’étranger, ni avoir subi ou
prescrit sa peine, ni avoir obtenu la grâce.

Section II. La coopération internationale contre le crime

Aujourd’hui, on ne peut prétendre combattre la criminalité sans une collaboration


entre Etats, laquelle se traduit par l’extradition.
I. L’extradition
L’extradition est une procédure internationale par laquelle un Etat appelé «Etat requis»
accepte de livrer un individu réfugié sur son territoire à un autre Etat appelé «  Etat
requérant » qui en a fait la demande et qui se propose soit de juger cet individu, soit l’ayant
déjà jugé de lui faire exécuter sa peine.
Pour qu’il y ait extradition, les Etats concluent des Traités entre eux dans le but de se
livrer mutuellement les délinquants dangereux.
A) Conditions de l’extradition
Pour arriver à extrader un délinquant, il faut réunir plusieurs conditions.
1) Par rapport à l’Etat requérant
Ça doit être :
- l’Etat sur le territoire duquel l’infraction a été commise (principe de territorialité) ;
- l’Etat de l’auteur de l’infraction est ressortissant (principe de la personnalité active) 
- l’Etat dont les intérêts supérieurs ont été lésés par l’infraction : principe de la réalité.
L’Etat présentant un quelconque intérêt ne peut requérir l’extraction que si ses juridictions
nationales avaient déjà engagées des poursuites contre le délinquant ou l’avaient déjà
condamné.
2) Par rapport à l’Etat requis
Il doit être l’Etat où séjourne le délinquant recherché.
3) Par rapport à la personne recherchée

31
Le principe est que toute personne peut être livrée à l’Etat requérant dès lors qu’elle est
l’auteur ou le coauteur voire le complice d’une infraction ou d’une tentative d’infraction que
l'Etat requérant recherche.
Exception au principe de l’extradition

- Un Etat ne peut extrader ses propres ressortissants.


Cette disposition se trouve dans la plupart des traités d’extradition et se fonde sur la
méfiance à l’égard des juridictions répressives étrangères. Cette attitude s’explique mal car
aujourd’hui, la plupart des Etats appliquent des principes juridiques identiques ou voisins et
même si l’Etat requis accepte de juger ses propres nationaux pour des crimes commis à
l’étranger, une telle attitude empêche à l’Etat le mieux placé d’assurer une répression plus
exacte et plus efficace. C’est face à ces inconvénients qu’un vœu a été émis en 1880 par
l’Institut du Droit Pénal à Copenhague. En 1979, le 10ème Congrès International du Droit pénal
tenu à Rome préconisait non pas la disparition du principe d’après lequel on ne peut extrader
ses propres ressortissants mais son assouplissement visant à permettre la livraison pour le
jugement et aussi la livraison dans le cas des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité
ou dans le cas des infractions graves contre les civils ou les blessés pendant la guerre.
Pour éviter que le refus d’extrader ne devienne pour certains délinquants un motif
d’impunité, on se réfère, pour ceux ayant changé de nationalité à la nationalité qu’avait le
délinquant à l’époque de l’infraction pour laquelle on demande l’extradition.
Une autre question peut être posée : peut-on extrader une personne qui a obtenu la qualité de
réfugié ? La convention de Genève du 21/07/1951 interdit aux Etats adhérant d’expulser ou de
refouler de quelque manière que ce soit un réfugié sur les frontières du territoire où sa vie et
sa liberté seraient menacées.

4) Par rapport aux infractions


La procédure d’extradition étant internationale et coûteuse ne peut être engagée pour des faits
mineurs. Il existe une liste d’infractions bien déterminées d’après leur gravité : le faux-
monnayage, le trafic des stupéfiants et de la drogue, génocide, les infractions contre les civils
et les blessés de guerre, la traite des êtres humains et l’exploitation de la prostitution, etc.
Cependant, certaines infractions sont non extraditionnelles de part de leur nature : il s’agit des
infractions militaires et des infractions politiques.
- Les infractions militaires : sont des infractions commises par les militaires et leurs
assimilés qui se soustraient de leurs obligations militaires. Ex : Abandon de poste,
désertion.

Quant aux infractions politiques, on doit distinguer entre :

- les infractions politiques pures ; leurs auteurs échappent à l’extradition en vertu du


droit d’asile car on pense que le livrer pourrait provoquer des difficultés en cas du
changement de régime.

32
- Quant aux infractions complexes, c’est-à-dire celles qui lèsent les intérêts privés pour
des fins essentiellement politiques, comme c’est le cas de l’assassinat d’un Chef de
l’Etat : des telles infractions sont considérées comme des faits d’une particulière
gravité et doivent donner lieu à l’extradition.
- Il en va de même pour des infractions connexes aux infractions politiques, c’est-à-dire
des infractions qui se commettent lors d’une insurrection ou lors des troubles internes
car elles constituent des actes de barbarie ou de vandalisme défendus par les lois de la
guerre.
- La solution d’extradition vaut aussi pour des actes terroristes.

II. Autres formes de collaboration internationale en matière de criminalité


Ici, il s’agit de la collaboration policière et de collaboration judiciaire.

A) Collaboration policière internationale

Cette collaboration a commencé avec les polices des pays limitrophes. Elle est devenue par la
suite coordonnée avec les conclusions des Conventions internationales suivantes : la
convention de 1929 contre le faux-monnayage, la Convention de 1936 contre le trafic des
stupéfiants, les conventions de 1910, 1949 contre la traite des êtres humains et l’exploitation
de la prostitution. Il a donc été décidé de créer dans plusieurs pays adhérents des Offices
Centraux qui doivent étudier les techniques utilisées par les malfaiteurs, centraliser tous les
renseignements et les diffuser aux autres pays. La coopération policière est devenue très
poussée depuis la création de l’Organisation Internationale de la Police Criminelle, en
O.I.P.C. ou Inter POL depuis 1956 et dont le siège est à Paris.

B) La coopération judiciaire internationale

Ici, nous avons la Cour Pénale Internationale (CPI) instaurée par le Statut de Rome du 17
juillet 1998. La RDC est parmi le 60 premiers Etats en ratifiant ce Traité par le Décret n°
0013/2002 du 30 mars 2002. La CPI connait des infractions très graves qui touchent à
l’ensemble de la communauté internationale. C’est le cas des crimes de génocide, crimes de
guerre etc.
Pour saisir la CPI, il faut que :
B) L’une des parties soit un Etat ;
C) L’accusé doit être ressortissant d’un Etat partie au Statut ;
D) Le crime doit être commis dans un Etat partie.

Ces conditions sont alternatives et non cumulatives.

33
S/Chapitre 2 : L’élément matériel de l’infraction

L’élément matériel appelé aussi corps du délit (infraction) consiste en une


manifestation extérieure de la volonté délictueuse. C’est un acte par lequel l’auteur extériorise
sa pensée criminelle car si la morale punit les mauvaises pensées, le Droit pénal ne punit pas
les mauvaises intentions d’où l’adage « nemmo cogitationnis poenem tatitut » (Nul ne peut
être puni pour des pensées).
La manifestation de la pensée peut se traduire par un acte positif, ça sera une action.
Cette manifestation peut aussi être négative ; elle va consister en une omission ou une
abstention.
La plupart des infractions exigent une certaine maturation intellectuelle appelée « Iter
criminis » ou le chemin du crime. Mais, il existe aussi des infractions non intentionnelles,
c’est-à-dire celles qui existent du seul fait qu’elles ont provoqué un résultat dommageable.
Même si le principe consiste à dire qu’il n’y a pas des infractions sans acte matériel, il
existe des situations intermédiaires au cours desquels le processus délictuel est déjà entamé.
Ex. les menaces de mort, l’association des malfaiteurs, la préparation matérielle d’une
infraction, la tentative interrompue par l’arrivée de la police. Ces actes constituent des
infractions car la défense de la société exige qu’on puisse incriminer la volonté criminelle dès
qu’elle se manifeste ouvertement avant qu’elle n’ait occasionnée des dommages.
Tantôt, le législateur va ériger en infraction pénale certaines attitudes qui constituent la
première manifestation du projet d’une infraction. Ex : l’article 156 du CP incrimine
l’association des malfaiteurs : toute association formée dans le but d’attenter aux personnes ou
aux propriétés. C’est une infraction qui existe par le seul fait de l’organisation de la bande.
- L’article 159 du CP incrimine les menaces de mort, il en va de même de certaines pratiques
criminogènes ou dangereuses. Ex : la conduite du véhicule ou de la moto en état d’ébriété
(article 104 du code de la route). On appelle ces infractions : les délits-obstacles, ceci pour
signifier que la répression intervient à titre préventif avant la commission proprement dite de
l’infraction.

SECTION 1 : Les actes d’exécution d’une infraction

Ce sont des opérations matérielles qui constituent chaque infraction et sont détaillées par le
législateur. On considère qu’une infraction est consommée lorsque tous les éléments exigés
sont réunis. On va alors se poser le problème d’une infraction inachevée. On prend en compte
deux cas de figure :
1° Le délinquant a entrepris son projet criminel mais il n’a pas eu le temps, parfois la
persévérance ou l’envie d’aller jusqu’au bout ; c’est ce qu’on appelle la tentative interrompue

34
2° Le délinquant a vainement effectué tous les actes qui dans sa pensée devraient conduire de
l’infraction. C’est ce qu’on appelle la tentative infructueuse.
Doit-on oui ou non punir des tels actes alors que l’infraction n’est pas consommée ?
Sur ce point, il y a eu deux conceptions : l’une objective et l’autre subjective.
- Conception objective : Elle est celle inspirée par la doctrine allemande du 19 ème Siècle.
D’après celle-ci, la consommation effective de l’infraction nécessite
l’accomplissement de l’acte matériel. En conséquence, la peine dans cette conception
n’est rien d’autre que la sanction du trouble social causé par cet acte.
- Conception subjective : cette conception par contre trouve absurde l’attitude qui
consiste à attendre la production d’un acte irréparable pour sanctionner. Dans ce cas,
la peine doit frapper la volonté criminelle dès qu’elle a commencé à se manifester par
des actes quelles qu’en soient les conséquences.
E) Notre Droit positif est à mi-chemin entre ces deux conceptions.

I. La tentative interrompue

A) Définition de la tentative punissable

L’article 4 du CP dispose : « il y a tentative punissable lorsque la résolution de commettre


l’infraction a été manifestée par des actes extérieurs qui forment un commencement
d’exécution de cette infraction et qui n’ont pas été suspendus ou qui n’ont manqué leur effet
que par des circonstances indépendantes de la volonté de l’auteur. La tentative est punie de
la même peine que l’infraction consommée ». Toutes les législations qui punissent la
tentative exigent que la tentative ne soit pas trop éloignée de la consommation de l’infraction.
Or les étapes qui constituent l’iter criminis sont nombreuses. On peut les subdiviser en 4
phases :
1ère phase : l’extériorisation verbale ou manuscrite du projet criminel ex. : article 159 du code
pénal à propos des menaces, article 156 du CP à propos de l’association des malfaiteurs, le
complot, …
2ème phase : la phase des actes préparatoires : les bris de clôture par exemple, la contrefaçon
des clés (art. 81 1°). Dans ces deux cas, des tels actes ne sont pas punis en tant que tentative,
ils sont déjà érigés en infractions.
3ème phase : la tentative proprement dite : commence à partir de cette phase qu’on appelle le
commencement de l’exécution. ? 
4ème phase : l’interruption involontaire :
Donc, la tentative signifie : commencement d’exécution et l’interruption involontaire.

1)Le Commencement d’exécution

L’article 4 du CP préconise que la tentative doit être caractérisée par un commencement


d’exécution. Le législateur congolais n’a pas résolu toutes les difficultés car il faut définir ce
35
qu’on entend par le commencement d’exécution qui est punissable et le distinguer des actes
préparatoires qui ne sont pas punissables.

a) Définition d’un commencement d’exécution d’après un critère objectif

Il y a commencement d’exécution lorsque l’agent a accompli ou a commencé d’accomplir


l’une des opérations matérielles qui figurent parmi les éléments constitutifs d’une infraction.
Par contre, les actes préparatoires sont ceux qui ne figurent pas parmi les éléments matériels
définis par le législateur. Ex. le vol est défini comme étant la soustraction frauduleuse de la
chose d’autrui. Il y a commencement d’exécution du vol lorsque l’agent a posé sa main sur
l’objet convoité.
On considère aussi comme élément constitutif du vol tous les actes que la loi qualifie de
circonstances aggravantes. Toujours dans l’exemple du vol, il faut donc considérer comme
commencement d’exécution du vol avec circonstance aggravante : l’escalade d’un mur privé,
l’effraction d’une porte.
Le mérite de cette conception objective est de définir avec précision le commencement
d’exécution Mais elle aboutit à l’impunité de certains actes proches du résultat final. Ainsi un
voleur munis de tous les instruments nécessaires pour fracturer une porte peut se prévaloir du
non commencement d’exécution.
C’est ainsi que la doctrine a précisé qu’il s’agit non pas du commencement de
l’exécution de l’infraction mais du commencement de l’exécution de la tentative  : ce qu’on
appelle : la tentative en action.

b) Définition du commencement d’exécution d’après un critère subjectif


Pour une partie de la doctrine, les poursuites pénales doivent être caractérisées
beaucoup plus par l’état d’esprit du délinquant que par les opérations matérielles qu’il
accomplit.
Le délinquant est réputé en action à partir du moment où il est irrévocablement décidé
d’aller jusqu’au bout.
Plusieurs auteurs ont essayé de définir subjectivement le commencement de
l’exécution
D’après DEGOIS : le commencement d’exécution est « l’acte par lequel l’agent a
subjectivement conscience de commencer l’exécution de l’infraction qu’il a projetée ».
Pour DONNEDIEU DE VABRES : la tentative est punissable lorsqu’il «existe entre le mal
qu’a commis l’agent et le but qu’il se proposait une distance morale si faible que, laissé à lui-
même, il l’aurait presque certainement franchie».
D’après VIDAL et PAGNOL : il y a tentative : « quand l’agent s’est montré décidé à courir
les risques de l’entreprise …».

36
Ce critère subjectif permet certes d’élargir le concept de la tentative et de réprimer un grand
nombre de comportements. On peut cependant lui reprocher son manque de certitude car on
ne se base que sur l’observation de la psychologie du délinquant.
Quant à savoir s’il est décidé ou pas d’aller jusqu’au bout, on fait confiance à l’intime
conviction du juge ; ce qui peut conduire à l’arbitraire. D’où on a songé à un critère qui
combine les éléments objectifs et subjectifs.
b) Définition du commencement d’exécution d’après un critère mixte
Ce critère a été adopté pour éviter l’arbitraire. D’après GARRAUD : le
commencement d’exécution voudrait dire : «l’acte tendant directement et immédiatement à la
perpétration de l’infraction».
D’après VIDAL et PAGNOL, on parle de la tentative punissable « toutes les fois que
l’acte ne présente pas un caractère vague et douteux et qu’il a un rapport direct avec
l’infraction à laquelle il tend, qu’il s’y rattache par un lien visible et étroit ».
Dans le même sens, la doctrine italienne opère une distinction entre : « l’acte
univoque» et «  l’acte équivoque ».
L’acte univoque est celui qui ne peut s’expliquer que par l’intention criminelle de son
auteur. Ex. 1 : La tentative d’un vol est caractérisée par le fait d’escalader le mur et de
s’introduire avec une fausse dans la maison d’autrui.
Ex. 2 : La tentative d’un avortement est caractérisée par la stérilisation des sondes et le fait de
s’enduire les mains de vaseline à proximité d’une femme enceinte allongée dans la position
gynécologique.
Les actes équivoques sont par contre des actes préparatoires. Ex. : le fait d’acheter une arme
est un acte équivoque car une arme peut servir à la chasse ou à commettre un meurtre.
Dans ce critère, on exige donc un lien de causalité entre la tentative et l’infraction. En
d’autres termes, ce lien permet de situer le commencement d’exécution dans un temps plus
proche des opérations de consommation.

2) L’interruption involontaire

D’après l’article 4 du CP : la tentative est punissable que si elle a été interrompue par des
circonstances indépendantes de la volonté de son auteur. Sera donc impuni celui qui
volontairement et librement s’est ressaisi à temps.
a) Différence entre désistement volontaire et interruption involontaire
Le désistement volontaire est celui qui est spontané, étranger à toute circonstance
extérieure et provoquée par un sentiment personnel (remords, pitié, crainte de la répression,
etc.). Dans ce cas, l’agent échappera à la peine.
En revanche, l’agent sera puni si l’interruption a été provoquée par une cause externe ou
physique.

37
Ex. Arrestation, riposte de la victime, défaillance physique de l’agent, un bruit quelconque, la
survenance d’une personne.
b) Différence entre désistement volontaire et repentir actif
Le désistement volontaire se situe au stade du commencement de l’exécution
Le repentir actif intervient après la consommation de l’infraction et consiste à réparer
le dommage causé à la victime.
Ex.: restitution de l’objet. Soin prodiguée à la personne empoisonnée.
Le repentir actif laisse subsister la responsabilité pénale du délinquant mais avec la
réduction de peine.

II. La tentative infructueuse

Les problèmes posés par la tentative infructueuse sont analogues à ceux de la tentative
interrompue car dans les 2 cas, le délinquant n’atteint pas le résultat recherché. Dans le cas de
la tentative interrompue, on constate l’inachèvement des opérations matérielles d’exécution.
Et pour la tentative infructueuse, l’agent a poussé les actes d’exécution jusqu'à la
consommation de l’infraction mais n’est pas arrivé au succès escompté. C’est le cas de
l’infraction manquée et de l’infraction impossible.
A) L’infraction manquée 
On parle de l’infraction manquée lorsque, par suite d’une circonstance imputable à sa
maladresse ou à son étourderie ou encore à une cause fortuite, le délinquant n’a obtenu aucun
résultat.
Ex.1: un meurtrier qui a mal visé et a manqué sa victime.
Ex.2: L’agent a placé une bombe à l’endroit où la victime devrait passer et celle-ci a explosé
avant le passage de la victime.
Un tel agent ne mérite aucune indulgence, il sera donc puni car ce n’est pas parce que la
victime a échappé au danger que la culpabilité est neutralisée.
L’Article 4 du Code Pénal assimile l’infraction manquée à la tentative interrompue quand il
dispose que la tentative punissable est constituée par un commencement d’exécution qui n’a
été suspendue ou qui n’a manqué son effet que par des circonstances indépendantes de la
volonté de l’auteur.
Il arrive aussi que le législateur assimile l’infraction manquée à une infraction
consommée. C’est l’hypothèse des infractions matérielles, celles qui existent
indépendamment du résultat.
C’est le cas de l’article 50 Code Pénal LII : ayant trait à l’administration des substances
nuisibles. D’après cet article : Sera puni d’une servitude pénale d’un an à vingt ans et d’une
amende…quiconque aura administré volontairement des substances qui peuvent donner la
mort ou des substances qui, sans être de nature à donner la mort, peuvent cependant
gravement altérer la santé ». Il en va de même des articles 103 et 104 du Code Pénal LII qui
disposent : « Seront punis d’une servitude pénale de 15 à 20 ans,, ceux qui auront mis le feu
38
soit à des édifices, navires, magasins, tout autre lieu quelconque servant à l’habitation, et
contenant un ou plusieurs personnes au moment de l’incendie,, soit tout autre lieu même
inhabité si d’après les circonstances, l’auteur a dû présumer que s’y trouvaient une ou
plusieurs personnes au moment de l’infraction… »
NB Il ne faut pas confondre l’infraction manquée avec l’hypothèse de l’erreur sur la
personne (error personae) cf. l’article 43 Code Pénal
On distingue 2 types d’erreurs
- L’erreur intellectuelle ou psychologique qui consiste pour l’agent à se méprendre sur une
identité de la personne.
Ex. : L’agent tue Monsieur X qu’il a confondu par erreur à Monsieur Y.
- L’erreur matérielle : aberratio ictus qui consiste en une maladresse physique, une déviation
malencontreuse d’un coup qui atteint une autre personne que celle visée. Dans ce cas, ce n’est
pas une infraction manquée, il y a meurtre consommée et l’Etat chargé de sanctionner n’a pas
à préférer telle personne à la place d’une autre.
D’ailleurs en plus du meurtre consommé, le juge peut retenir l’homicide volontaire
manqué sur la personne que l’agent visait C’est ce qui est prévu à l’art. 43 Code Pénal qui
dispose : « sont qualifiés volontaires l’homicide commis et les lésions causées avec le dessein
d’attenter à la personne d’un individu déterminé ou de celui qui se sera trouvé ou rencontré,
quand bien même ce dessein serait indépendant de quelques circonstances ou de quelques
conditions et même que l’auteur se serait trompé dans la personne de celui qui a été victime
de l’attentat. »

B) L’infraction impossible
La notion de l’infraction impossible est apparue en 1808 sous la plume de
FUERBACH. Par cette infraction, l’agent n’a obtenu aucun résultat :
- parce qu’à son insu, l’objet de l’infraction n’existait plus
Ex. : Dans un bus bondé ou dans un marché, on introduit la main dans la poche d’un passant
mais malheureusement celle-ci est vide.
Ex. 2 : le fait de pratiquer l’avortement sur une femme non enceinte
Ex. 3 : un homicide sur un cadavre (fait incriminé dans notre droit positif : mutilation du
cadavre).
- Ou soit parce qu’à son insu les moyens utilisées étaient inefficaces.
Ex. : Utilisation des substances ne pouvant faire avorter telles que les vitamines
Ex. 2 : le fait de tirer un coup de feu alors que le fusil n’est pas chargé.
Question : une telle infraction peut-elle être punie ?
La répression de l’infraction impossible a donné lieu à des vives controverses doctrinales et
de longues hésitations jurisprudentielles au 19e S.

39
Plusieurs thèses se sont affrontées.
1) La thèse de l’impunité
C’est une thèse qui tire son origine de la conception objectiviste nécessitant le trouble
social ou individuel comme condition de la répression. Pour les partisans de cette thèse, par
suite de manque de trouble, l’infraction ne peut être punissable.

2) La thèse de répression systématique : c’est une thèse qui fait apparaître le bon sens.
Dès lors qu’il y a une manifestation de la volonté criminelle de l’agent : des tels actes
doivent être sanctionnés.

3) La thèse de compromis
Les 2 thèses précédentes étant radicales alors que l’infraction impossible soulève des
problèmes complexes, certains auteurs ont distingué divers cas d’impossibilités. Il s’agit de
l’impossibilité absolue et de l’impossibilité relative
L’impossibilité absolue
C’est lorsque l’objet de l’infraction n’existe pas.
Ex.1 : Meurtre pratique sur un cadavre.
Ex.2: Etranglement d’un mort-né.
D’après ces auteurs, le fondement du droit de punir disparaît en cette circonstance.
L’impossibilité relative
C’est lorsque les moyens auraient pu produire le résultat voulu s’ils avaient été mieux
utilisés.
Ex1. : un coup de fusil tiré hors de portée de la victime.
EX. 2 : La victime fortuitement absente de la pièce où le coup de fusil a été tiré par la fenêtre.
Dans ces hypothèses de l’impossibilité relative, l’infraction impossible ressemble à
l’infraction manquée et doit être punie dans les mêmes conditions.
Cette distinction peu convaincante a été perfectionnée par GARRAUD et ROUX qui eux
distinguent l’impossibilité de droit et l’impossibilité de fait.
L’impossibilité de droit
→ Dans cette hypothèse, on parle de l’impossibilité de droit lorsqu’on constate qu’il y
a l’absence de l’élément légal de l’infraction. Dans les cas cités ci-haut de l’infanticide d’un
mort-né, ou du meurtre d’un cadavre, l’infraction est impossible car d’après l’expression de
GARRAUD, la «matière criminelle» requise par la loi fait défaut. Dans la même perspective,
ROUX fait observer que le droit pénal, en tant que droit répressif, il sanctionne « l’atteinte à
un droit». Dans les exemples cités, l’atteinte au droit à la vie. La vie n’existant plus, on ne
peut pas sanctionner «les fantômes du droit».
L’impossibilité de fait
Pour comprendre ce type d’impossibilité, reprenons l’exemple cité plus haut ayant trait à
l’introduction de la main dans la poche vide de la victime : une telle infraction doit être
réprimée.
40
NB Il faut dire que dans la pratique, il est souvent difficile d’opérer des distinctions
entre ces différents types d’impossibilités. Les tribunaux apprécient la répression au cas par
cas.
L’infraction impossible, souvent assimilée à l’infraction manquée est, lorsqu’elle est
poursuivie qualifiée d’infraction tentée.
Dans le cadre des infractions impossibles, ne sont pas punies les infractions dites
absurdes et celles dites putatives.
* Les infractions absurdes ou surnaturelles sont celles qui consistent à tenter d’attirer le
malheur sur autrui en invoquant Dieu (pèlerinage) ou même le diable (sortilège, magie,
envoûtement). L’impunité s’explique en raison de l’absurdité des moyens utilisés, ou en
raison de la simplicité d’esprit de l’agent.
* Les infractions putatives : c’est lorsque l’illégalité des faits n’existe que dans l’imagination
de l’agent.
Exemple : - quelqu’un a vendu du diamant croyant que c’était un trafic interdit. Or c’est déjà
autorisé par l’O.L. N° 82-039 du 5/11/82 modifiant et complétant O.L. N° 81-013 du 2/4/81,
portant législation générale des mines & hydrocarbures.
- Quelqu’un a enlevé une jeune fille majeure croyant qu’elle était mineure de 16 ans.
⇒ Aucune sanction ne peut être prononcée parce que l’infraction n’existe pas, et le principe
de la légalité s’oppose à la répression.

S/chapitre 3 : L’élément moral ou psychologique de l’infraction


C’est la connaissance intellectuelle ou la conscience qu’a un individu de commettre
une infraction.
Cette conscience est plus ou moins poussée selon les hypothèses.
1°. L’individu a une connaissance parfaite des éléments matériels de l’infraction et du
caractère délictueux de l’acte qu’il va poser : ce qu’on appelle «le dol général».
EX. : avoir conscience que la strangulation entraîne le décès et que l’homicide est puni par
la loi.
2°. L’agent a l’intention de provoquer le résultat puni par la loi. Ce qu’on appelle : «  le dol
spécial » : je veux tuer ou voler.
3°. L’agent a conscience d’éventuelles conséquences dommageables de son action ou de son
omission : ce qu’on appelle «  la faute pénale » Ex. : le chauffeur qui double par la droite.

Section 1 : Le dol général

Le mot du dol général a été mis au point par la doctrine classique. Emile GARCON le
définit comme étant la volonté de commettre l’infraction telle qu’elle est déterminée par la loi
et la conscience d’enfreindre les prohibitions légales.
I. Le dol et l’élément matériel
41
L’agent sera coupable lorsque les actes matériels qu’il a réalisés consciemment
coïncident avec ceux prohibés par la loi.
Exemple : l’agent est conscient qu’il détourne une mineure, qu’il administre un poison.
Une partie de la doctrine actuelle reproche à la théorie classique d’avoir inutilement
compliqué le problème de l’élément matériel en inventant la notion du dol général. Au fond,
ce que cette doctrine appelle dol général n’est que l’absence de l’erreur de fait, laquelle
constitue une cause de non-imputabilité. A contrario, l’erreur de fait ou l’erreur matérielle
détruit le dol général.
Alors qu’entend-on par l’erreur de fait ?
L’erreur de fait : c’est une méprise sur la matérialité de l’acte accompli. L’agent ne se rend
pas compte que l’acte matériel qu’il réalise correspond aux prohibitions de la loi pénale.
Exemple : un individu arbore à sa boutonnière un insigne qu’il ramassé ignorant qu’il s’agit
d’une décoration officielle alors que ce fait est puni à l’Article 123 bis Code Pénal : «Toute
personne qui aura publiquement porté une décoration, un ruban ou autres insignes d’un ordre
que ne lui appartient pas sera punie d’une servitude pénale de 7 jours maximum et d’une
amende 50 à 500Fc ou l’une de ces peines seulement.
Ex.2 : un étudiant confond son vélo ou son téléphone de même marque avec celui de son
collègue, s’en empare croyant que c’était le sien donc trompé. Ainsi, la méprise sur la
matérialité de l’acte supprime le dol général.
Mais l’agent ne peut être exonéré de sa responsabilité si l’erreur de fait n’a pas porté sur
les éléments matériels essentiels de l’infraction.
Exemple : un voleur, au lieu d’emporter l’objet en or, emporte un objet en cuivre ou en
argent. Ou un agent qui se trompe sur l’efficacité des moyens utilisés pour commettre une
infraction. Une telle erreur ne détruit pas la mauvaise foi
- La conscience d’enfreindre les dispositions légales
Pour être coupable, il faut que l’agent ait connu l’incrimination et en ait saisi toute sa
portée. Il existe une présomption irréfragable de la connaissance de la loi exprimée par le
principe général du doit «Nemo censetur ignorare legem» (nul n’est censé ignorer la loi). Cet
adage implique que tous les citoyens, quel que soit leur degré d’instruction ou d’intelligence
sont censés connaître ou comprendre les lois et personne ne peut se soustraire à l’application
de la loi pénale en invoquant qu’il en ignorait l’existence ou qu’il s’est trompé sur sa
signification. Mais untel principe est-il réaliste ?
A vrai dire, ce principe a été imposé pour des raisons de nécessité de discipline
sociale. A y voir de près, il n’est ni très réaliste, ni très juste non plus.
- Tout de même, c’est un principe qui peut fonctionner dans un Etat minuscule où il y
aurait peu des lois adoptées et où le peuple rassemblé sur la place public par exemple
se ferait expliquer minutieusement toutes ces lois par le législateur.
- Ce principe peut également être applicable dans un grand Etat où les lois pénales
n’incriminent que les infractions au droit naturel telles que le vol, le meurtre car ce
sont des infractions que chacun peut percevoir dans sa conscience. Mais aujourd’hui,
42
il y a tellement d’infractions qui ne relèvent pas nécessairement du droit naturel. C’est
le cas des infractions économiques. En plus, ils sont rares les gens qui peuvent
prétendre aujourd’hui être à jour avec le journal officiel pour connaître toutes les lois.
Or, la présomption de la connaissance de la loi n’a pas les mêmes implications au civil et
au droit pénal.
Au civil par exemple, une personne qui ignore la loi qui oblige à choisir une des régimes
matrimoniaux se verra appliquer celui de la communauté réduite aux acquêts. Cela ne met en
jeu ni son honneur ni sa liberté. En revanche au pénal, cette présomption de la connaissance
de la loi est génératrice de culpabilité. C’est ainsi que l’explication de la nécessité de la
discipline sociale n’est pas satisfaisante pour expliquer le maintien du principe : « nul n’est
censé ignorer la loi ».
On propose d’expliquer la présomption de la connaissance de la loi sous l’angle contractuel.
Quand on suggère l’adage «nullum crimen sine lege», on suppose qu’il y aurait un contrat
social entre le législateur et les citoyens. Le législateur prévient qu’il ne peut punir ceux-ci
sans les avoir préalablement informés de ce qu’il interdit. En conséquence, il leur impose
l’obligation de se renseigner avant d’agir. Si par une faute de négligence, on ne s’acquitte pas
de ce devoir d’information qui pèse sur tous les citoyens, on devient coupable et on ne peut
invoquer l’erreur de droit ou la bonne foi pour se disculper.
Mais toutefois, on peut être exonéré de sa responsabilité en invoquant l’erreur invincible. Par
erreur invincible, on voudrait dire que «lorsque le délinquant n’a pas été en mesure d’éviter
une erreur alors qu’il s’est renseigné lui-même, ou qu’il s’était informé auprès des tiers c’est-
à-dire l’agent a pris le soin de s’informer mais a partagé l’erreur commise par les autorités
qualifiées qu’il a consultées. Dans pareil cas, il va être exonéré de sa responsabilité parce qu’il
n’a pas failli a son obligation de renseignement en vue de connaître la loi.
On se rend compte qu’il est abusif de qualifier toutes les infractions caractéristiques par le dol
général de l’infraction intentionnel en ne présumant que la connaissance de la loi.

Section 2 : Le dol spécial

Par dol spécial, on voudrait dire que l’agent a l’intention de provoquer le résultat puni par la
loi. C’est ici qu’on peut vraiment parler de l’infraction intentionnelle.
Le dol spécial est défini comme une intention précise qui est exigée par la loi dans la
production d’un résultat obtenu.
Exemples : L’intention de tuer dans l’homicide volontaire.
L’intention de blesser ou de meurtrir dans les coups et blessures.
L’intention de causer un déshonneur dans la diffamation.
Dans le dol spécial, l’erreur n’a aucune incidence sur l’exonération de la
responsabilité. L’erreur matérielle détruit le dol général (exemple : se tromper de vélo).
Mais ici, dans le cas de l’erreur sur la personne victime d’un homicide volontaire (Art. 43
Code Pénal), le meurtrier ou l’assassin a toujours l’animus necandi et demeure responsable.
43
Il en va de même du cas d’abberatio ictus, l’agent ne peut évoquer l’erreur en cas de
déviation du coup.
I. Modalités du dol spécial
L’intention de produire un résultat prohibé par la loi se présente sous des aspects
différents :
A) Dol simple et dol aggravé
Le dol simple est l’expression d’une détermination spontanée de commettre une infraction.
De ce fait, il va entrainer l’application de la peine normalement prévue par la loi.
Ex. : l’article 46 Code Pénal : quelqu’un qui a volontairement fait des blessures ou porté des
coups est puni d’une servitude pénale de 8 jours à 6 mois et d’une amende…
Le Dol aggravé ou prémédité : c’est celui qui manifeste l’intention criminelle plus
longuement mûrie. ⇒ La préméditation aggrave la peine.
Ex.: toujours à l’art. 46 al. 2 : en cas de préméditation, le coupable sera condamné à une
servitude d’un mois à deux ans.
La préméditation devient donc une circonstance aggravante.

B) Dol déterminé et dol indéterminé


Ici on prend en compte le résultat de volonté.
- Le dol est déterminé dès lors que l’agent a voulu d’une façon précise commettre telle
infraction. (Exemple : vol, meurtre, viol, …) et cela à l’encontre d’une personne bien
déterminée.
- Le dol indéterminé : c’est lorsque l’agent, tout en recherchant un effet à son infraction ne
peut à l’avance se représenter en ce qu’il consistera.
Ex.: un agent qui donne des coups à une personne a simplement la volonté de la faire souffrir.
Mais il ignore le mal qui s’en suivra. Ca peut être des contusions, une simple douleur, des
blessures ou même le décès. L’agent sera condamné comme s’il avait voulu le résultat qui
s’est produit : «dolus indeterminatus determunatur eventu».
Exemple : l’Art. 46 CP punit les coups et blessures volontaires de 8 jours à 6 mois et d’une
amende. Mais la notion du dol indéterminé intervient à l’art. 47 CP : « si les coups et les
blessures volontaires ont causé une maladie ou une incapacité de travail personnel ou s’il en
est résulté la perte de l’usage absolu d’un organe ou une mutilation grave, les peines sont : la
servitude Pénale de 2 à 5 ans plus l’amende.
Et à l’art. 48CP : les coups et blessures faites volontairement mais sans l’intention de
donner la mort mais qui l’ont pourtant causée seront punis d’une servitude Pénale 5 à 20 ans
plus amende. Dans ce cas, le meurtre causé n’est pas passible des peines prévues pour
l’homicide aux articles 44-45, c'est-à-dire de la peine de mort. C’est ce qu’on appelle une
infraction praeter intentionnelle, c’est-à-dire celle qui entraîne des conséquences plus graves
que celles qui étaient prévues ou prévisibles par l’agent dont l’intention n’a porté que sur un
résultat moins grave.
Exemple 2 : coups à une femme enceinte ⇒ avortement.
44
C) Le dol direct et le dol indirect
Le dol direct : c’est lorsque l’agent recherche le résultat prohibé par la loi.
* Le dol direct peut être déterminé. Ex. : l’agent veut tuer une personne précise.
* Le dol direct peut être indéterminé. Ex. : un agent tire dans la foule et tue un individu.

Le dol indirect : se présente sous deux formes : le dol nécessaire et le dol éventuel.

* Le dol nécessaire, c’est lorsque l’agent accepte le résultat d’une infraction comme
nécessairement lié au but qu’il recherche. Ex. : l’élimination d’un homme qui est conduit par
son chauffeur mais avec la même arme, il ne peut l’atteindre sans atteindre nécessairement le
chauffeur.
A l’encontre de l’homme visé, le délinquant aura commis un homicide avec le dol
direct vis-à-vis du chauffeur, un homicide avec le dol nécessaire vis-à-vis du chauffeur (2).

* Le dol éventuel
Il y a dol éventuel lorsque l’agent, sans rechercher le résultat, a envisagé qu’il pouvait
intervenir. Et même s’il était conscient du risque, il a tout de même persisté dans son action.
Ex. : un chauffeur qui prend le risque de doubler par la droite ou de rouler alors que les freins
sont défectueux. S’il y accident, il va répondre de l’homicide volontaire.
Le dol éventuel se rapproche de l’infraction praeter intentionnelle parce que le résultat tel
qu’il s’est produit n’a pas été recherché. Il s’en éloigne du fait que le résultat survenu n’a ni
été envisagé de la façon dont il s’est réalisé ni sous une forme grave.
Remarques
Quand on prend en compte l’élément moral ou psychologique, on considère que le dol
éventuel et le délit praeter intentionnel constituent une catégorie intermédiaire entre
l’intention criminelle et la faute.
Selon STEFANI, LEVASSEUR & BOULOC, le dol éventuel est considéré comme une faute.
Et d’après HAUS l’infraction praeter intentionnelle comprend le dol et la faute.
Exemple : Coups et blessure volontaire : le dol porte sur l’infraction elle-même qui a été
voulue. Et la faute sur le résultat non attendu. (Exemple : mort de la victime).

N.B. : Il ne faut pas confondre dol civil et le dol pénal.


Le dol civil est un mensonge ou une réticence émanant du cocontractant sur les
qualités essentielles de l’objet du contrat. Cf. l’art. 9 CCC LIII : « il n’y a point de
consentement valable si le consentement n’a été donné que par erreur, ou s’il a été extorqué
par violence ou surpris par dol ».
D’après l’art. 16 CCCLIII : Le dol est défini comme des manœuvres pratiquées par l’une des
parties sans lesquelles l’autre partie n’aurait pas contracté
() JIMENEZ DE ASUA
2

45
Le dol pénal : c’est l’intention de commettre l’infraction. Au plan pénal, un mensonge
accompagné des manœuvres frauduleuses est qualifié d’escroquerie.

La différence entre le dol et le mobile


Quand on parle du dol, on veut dire que l’agent est coupable parce qu’il a
consciemment accompli une action ou une omission sanctionnée par la loi pénale. Dès lors, il
devient un délinquant parmi tant d’autres.
On peut distinguer plusieurs types des délinquants :
- il y en a qui connaissent l’incrimination et qui n’hésitent pas à l’enfreindre ;
- il y en a qui ignorent la loi alors qu’ils avaient l’obligation professionnelle de la
connaissance ;
- il y en a qui ont négligé de s’informer sur les dispositions légales.
Devant cette typologie, le juge se rend compte de l’hostilité ou de l’indifférence de l’agent
devant les valeurs sociales protégées.
Mais en droit, on néglige le mobile, c’est-à-dire l’intérêt ou le sentiment qui a déterminé
le délinquant à agir comme il l’a fait. Ca peut être la cupidité, la vengeance, la jalousie, la
pauvreté, la cruauté, la pitié, l’amour …… En principe, le droit pénal ne tient pas compte du
mobile. Même s’il est honorable, il ne supprime pas la culpabilité. Mais on peut en tenir
compte pour accorder des circonstances atténuantes.
Section 3 : La faute d’imprudence et de négligence
C’est une notion très ancienne car elle figure déjà dans le droit romain.

I) Définition de la faute d’imprudence


Le législateur congolais ne définit pas la faute d’imprudence. Il y fait seulement
allusion dans le code pénal Livre II section II intitulé : «De l’homicide et des lésions
corporelles involontaires» car il utilise des terminologies telles que :
- involontairement (Art. 53, 55 Code Pénal) ;
- défaut de prévoyance ou de précaution (Art. 53, 109 Code Pénal) ;
- imprudemment (Art. 56 Code Pénal).
Quand on se réfère à la doctrine classique, la faute pénale consiste soit :
- à ne pas prévoir les conséquences dommageables de l’acte qu’on accomplit ;
- à ne pas croire qu’elle peut se produire ;
- à ne pas prendre des précautions nécessaires pour empêcher que surviennent ces
conséquences.
Le résultat n’est donc pas imputable à la volonté de l’agent.
C’est la doctrine classique qui qualifie ces infractions des «délits involontaires». Cette
expression est aujourd’hui critiquée car si les effets de l’acte sont involontaires, l’acte lui-
même est volontaire. C’est pourquoi certains auteurs dont HERZOG sont allés jusqu’à
affirmer qu’il n’existe pas de différence entre infraction intentionnelles et non intentionnelles.
Il affirme que ces deux types d’infraction supposent une manifestation de volonté :
46
- dans l’infraction intentionnelle, il y a unité de volonté sur l’acte et sur son résultat.
- dans la faute non intentionnelle par contre, il y a dissociation de la volonté ; c'est-à-
dire que la volonté est inhérente à l’acte et étrangère aux conséquences.
HERZOG va même plus loin en disant  que : « si l’agent pouvait et devait prévoir les
conséquences de son acte et qu’il ne l’a pas fait, ce qu’il n’a pas voulu». C’est un acte qui est
beaucoup plus près d’un délit intentionnel.
Ces deux points de vue comportent une part de vérité car il existe deux types
d’imprévoyance : l’une consciente et l’autre inconsciente.
* L’imprévoyance consciente
C’est le fruit d’un acte de volonté consciente et délibérée.
Exemples : - un conducteur pressé qui d’une façon délibérée n’obéit pas au signalement du
policier de roulage ;
- un individu qui jette un objet par la fenêtre sans se soucier des passants qui
pourront être blessés ;
- un parent qui remet un objet dangereux à son enfant ;
- un chirurgien qui refuse à compter les compresses avant de refermer l’abdomen.
Tous ces individus sont conscients des dangers que comporte leur attitude, mais ont pris le
risque de provoquer un dommage en espérant que ce dommage ne surviendrait pas.
L’acte générateur du dommage est volontaire et il n’est pas possible d’affirmer que le
dommage soit absolument involontaire. Il y a dans ce cas dol éventuel.
L’imprévoyance consciente est plus proche du dol que de la faute.
* L’imprévoyance inconsciente
Ici, le comportement dangereux de l’agent est dû à l’inattention, à la maladresse ou à
une simple méprise.
Tout est involontaire : l’acte et le dommage : c’est ce qu’on peut appeler : infraction
involontaire. Le résultat dommageable est dû à une erreur de fait.
Exemple : un chasseur voulant nettoyer son fusil tue un passant parce qu’il le croyait
déchargé. Va-t-il s’abriter derrière l’erreur imputable à sa négligence ? La réponse est
négative car c’est cette négligence qui va le condamner. La prudence la plus élémentaire lui
impose de vérifier si aucune cartouche n’est restée dans l’arme.

Titre II : LA PERSONNE PENALEMENT RESPONSABLE

Il sera question d’analyser «  l’aptitude à répondre pénalement des conséquences de


son comportement délictueux. C’est ce qu’on appelle = l’imputabilité : terme dont la
définition varie d’un auteur à l’autre.
L’imputabilité vient du latin = «imputare» = c’est la possibilité de mettre une action sur le
compte du délinquant. Certains auteurs trouvent que cette définition classique favorise

47
certaines équivoques car elle pourrait signifier recenser tous les éléments qui prouvent qu’il
existe une relation entre l’acte délictueux et l’agent.
L’imputabilité se confondrait donc avec la culpabilité avec laquelle elle a des rapports très
étroits. D’où ils ont proposé de parler de «l’imputation» de la responsabilité qui est définie
comme l’existence chez l’agent d’une volonté et d’une intelligence lucide.
Autrement dit pour être responsable, il doit avoir eu la capacité de comprendre ce qu’il faisait
et de le vouloir.
Dans l’imputabilité, on se réfère à une qualité fondamentale de la structure mentale de
l’agent, il s’agit du libre arbitre c’est-à-dire la faculté de discerner le bien et le mal et de
choisir pour l’un ou l’autre.
Or, lorsque le libre arbitre fait défaut, la sanction pénale est inconcevable. Sont donc
pénalement irresponsables : les animaux, les déments, les enfants en bas âge, les personnes
morales.

CHAPITRE I : LES CAUSES DE NON IMPUTABILITE

Pour qu’une personne réponde pénalement de son comportement délictueux il faut


deux conditions
1°. Ses actes délictueux doivent être réalisés en toute liberté.
2°. Ses actes délictueux doivent être réalisés avec toute la lucidité de son intelligence.

Section 1 : L’absence de la liberté du comportement pénal ou la contrainte


Il y a contrainte lorsque l’agent n’a pas pu ou ne pouvait faire autrement que
commettre l’infraction.
La question qu’on peut se poser est la suivante : la contrainte supprime-t-elle la culpabilité ou
seulement l’imputabilité. La contrainte n’étant pas incompatible avec la conscience, l’individu
soumis à la contrainte se rend compte des actes qu’il pose et en mesure les conséquences.
Donc il ne viole pas volontairement la loi pénale.
Si l’agent qui a agi par contrainte n’est pas coupable, la contrainte ne supprime pas pour
autant l’infraction comme un fait justificatif, mais elle supprime seulement la responsabilité
individuelle du délinquant.
Il existe 2 types de contraintes : la contrainte physique et la contrainte morale

I. La contrainte physique
Elle peut être externe ou interne
A) La contrainte externe 
La contrainte externe est définie comme « la mainmise sur le corps d’une personne par une
force de la nature telle qu’un ouragan, une tempête ou par la force d’un animal ou d’un tiers,
qui enlève à cette personne l’exercice de son activité.

48
L’intervention de ces événements est plus concevable dans les délits involontaires et dans les
infractions d’omission, non pas dans les infractions de commission car on ne peut commander
la main d’agent par un tiers pour tuer ou pour voler.
Exemple : - accident à cause de tempête, inondation.
- 1 militaire omet de se présenter (désertion) suite à une forte tempête.
B) La contrainte interne.
C’est le cas de la maladie de l’agent.
Exemple 1 : 1 témoin ne peut pas se présenter à la justice pour maladie grave (maladie
cardiaque).

Pour être retenue, la contrainte physique doit répondre aux mêmes conditions que la
notion civile de la force majeure
1°) La contrainte doit avoir un caractère irrésistible, c’est-à-dire l’agent n’a pu y résister, il
s’est trouvé dans l’impossibilité absolue de se conformer à la loi.
Question : cette impossibilité absolue doit-elle être appréciée in abstracto c’est-à-dire par
rapport à la capacité de résistance d’un «homme normal » placé dans les mêmes conditions ou
doit-elle être appréciée in concreto, c’est-à-dire par rapport à l’agent concernée ?
La doctrine soutient l’appréciation in concreto en vertu du principe d’individualité de
la peine.
Mais le délinquant qui éprouverait seulement des difficultés à observer la loi, peut-il
être exonéré de sa responsabilité ?
Ici, il faut établir la différence entre les difficultés de fait et les difficultés de droit.
* Difficulté de fait : l’agent se trouve devant un obstacle important, qui ne lui enlève pas
absolument la possibilité d’éviter l’infraction mais qui rend difficile l’observation de la loi.
Exemple 1 : En principe l’absence d’égouts communaux n’autorise pas les particuliers à
laisser couler leurs eaux usagers dans la rue.
Exemple 2 : La fermeture d’une banque ne dispense pas le détenteur précaire de ces fonds de
les restituer à leur propriétaire.
Donc, les difficultés de fait ne suppriment pas l’imputabilité.
* Par contre en cas de difficulté de droit : si la violation de la loi est imputable à une «erreur
invincible», elle exonère l’agent de sa responsabilité.
2°) La contrainte doit avoir un caractère imprévisible
Toujours dans le cadre de la comparaison entre la notion civiliste de la force majeure
et la contrainte, on peut dire que le droit pénal n’admet pas la contrainte lorsqu’elle était
prévisible par celui qui l’a subie.
Exemple : la météo a annoncé des forts orages et l’agent prend le risque de sortir avec le
véhicule à l’heure annoncée. S’il y a accident, il ne peut évoquer la force majeure

Section 2 : L’absence de la lucidité du comportement pénal

49
Pour être pénalement responsable, il ne suffit pas d’être coupable ou de n’avoir pas agi
sous la contrainte, mais faudrait-il aussi jouir d’une intelligence lucide. Plusieurs cas d’espèce
peuvent être évoqués
I. Les malades mentaux
A. La démence
La situation de la démence était déjà connue dans le droit Romain où les déments
étaient considérés comme des malades ne pouvant répondre pénalement dans leurs
infractions.
Au Moyen-âge, les fous sont soupçonnés de possession démoniaque imputable à leurs
péchés. Il a fallu attendre les travaux des psychiatres PINEL, ESQUIROL pour que l’on sache
avec certitude que la folie est une maladie aliénante de l’esprit qui exclut tout discernement et
toute liberté de décision.
La démence détruit désormais l’imputabilité subjective mais ne supprime pas
l’infraction qui demeure objectivement punissable pour les coauteurs et les complices du
dément qui sont sains d’esprit.
Par démence, on entend : la folie et d’autres formes de défaut de développement des
facultés mentales (idiotie, imbécillité, crétinisme, ….), des formes de dissociation d’esprit
telles que la schizophrénie, la confusion mentale, les délires de persécution (paranoïa) Donc,

toutes ces situations entrainent la non imputabilité.


Quant aux «états voisins de la démence», certains entrainent l’irresponsabilité pénale : c’est
le cas de :
- la surdi-mutité qui prive au sourd-muet non éduqué l’acquisition des connaissances
humaines.
- le somnambulisme naturel ou provoqué (hypnose).
- l’épilepsie mais on peut reprocher à un épileptique l’homicide involontaire s’il a
conduit le véhicule alors qu’il se sentait perdre le contrôle de ses mouvements.
Mais les troubles tels que l’émotivité, l’hyper sensibilité, la folie morale (qui n’affecte pas les
facultés intellectuelles, mais neutralise le sens moral, l’infraction sera imputable à l’agent.
Une question se pose quant à l’ivresse : elle provoque certes l’inconscience. En s’enivrant, le
délinquant pouvait prévoir d’éventuelles conséquences de son état. Il se rend coupable d’un
dol éventuel dont il doit répondre.
Donc, sont responsables seuls les fous intégraux. Cependant, il existe des nombreux
délinquants dont l’état mental est entre la raison et la folie. On les appelle les «demi-fous» ou
les «psychopathes». Ils sont responsables au même titre que les sujets normaux mais bénéficie
des circonstances atténuantes.
* Conditions requises pour l’irresponsabilité pénale du dément
Principe

50
C’est au jour de l’infraction qu’il faut rechercher l’existence de la responsabilité. Peu
importe que le délinquant soit atteint de la démence avant ou après. Au moment où il a agi, il
doit répondre si on prouve un intervalle de lucidité.
Mais le bon sens et l’équité ont amené les tribunaux à appliquer ce principe avec
souplesse. La démence antérieure à l’infraction constitue une circonstance atténuante. Celle
postérieure fait suspendre les actes de poursuite ou l’exécution de la peine. Le dément est
alors interné. A ce propos, la célèbre loi Belge du 9 avril 1930 dite la loi de défense sociale
propose de mesures dites de «détention de défense sociale» comptant :
- le traitement médical ;
- la rééducation morale et la réadaptation sociale.

II. Les jeunes délinquants


Aujourd’hui, dans les pays où existent les tribunaux pour enfants, les juges des enfants
reçoivent les mineurs qui commettent des infractions. S’ils sont reconnus responsables, le
juge leur applique non pas des peines, mais un traitement ou une mesure de rééducation.
Dans notre droit positif, la loi applicable aux enfants est la loi du 06 décembre 1950 qui régit
la délinquance juvénile et non le Code Pénal.
NB :
- Si le Code Pénal Congolais prend en compte l’âge du délinquant, c’est seulement la
minorité.
- La vieillesse ne constitue pas une excuse malgré l’affaiblissement des facultés mentales de
certains individus mais le juge procède au cas par cas et peut prononcer une peine atténuée à
cause du grand âge.
- En ce qui concerne le sexe, il n’y a aucune différence entre l’homme et la femme dans
l’étendue de leur responsabilité pénale. Mais au niveau de l’exécution des peines, la femme
se voit parfois accorder un sursis C’est le cas d’une femme enceinte condamnée à la peine
capitale, qui ne pourra être exécutée d’après la délivrance car elle seule est auteur de
l’infraction et l’enfant devra être protégé.

CHAPITRE II : LES FAITS JUSTIFICATIFS DE L’INFRACTION

Dans les chapitres précédents, nous avons vu que la responsabilité pénale repose :
- sur la culpabilité de l’agent ;
- sur son imputabilité.
Or ici, on admet qu’un acte qui enfreint à la loi pénale soit considéré comme licite et n’expose
pas son auteur à des poursuites ou à une condamnation judiciaire. On dit qu’un tel acte est
légitime du fait de l’existence d’un fait justificatif.
Définition des faits justificatifs :

51
Ce sont des circonstances objectives, indépendantes de la psychologie du délinquant qui
neutralisent la réaction sociale contre l’infraction et par le même fait suppriment l’élément
légal de sorte que l’infraction n’est plus constituée.
Exemple 1 : Un bourreau qui exécute une condamné à mort sur l’ordre régulier des autorités
compétentes viole certes les articles 43, 44-45 Code Pénal traitant de l’homicide mais ne
commet cependant pas une infraction car son acte est justifié par des textes relatifs à
l’application de la peine capitale :
- article 6 Code Pénal : « le condamné est exécuté suivant les modes déterminés par le
Président de la République
- article 26 Code Pénal militaire : «  les peines applicables pour les juridictions
militaires  sont : la mort par les armes…
Exemple 2 : Une personne brutalement attaquée par un individu est autorisée à tuer ou à
blesser son agresseur s’il n’existe à sa disposition aucun moyen de défense immédiat.
Avec l’étude des faits justificatifs, on se rend compte de la relativité de la loi pénale
car ce que le législateur considère comme un acte anti-social, le même législateur peut
l’envisager dans certaines situations comme une nécessité sociale protégée ou tolérée par le
droit.
Section 1 : Les causes de justification
Le principe du départ préconise que c’est le législateur qui seul peut créer des
infractions et c’est à lui qu’il appartient de les supprimer. La plupart des codes pénaux
énumèrent des faits justificatifs.
Question : Le juge pouvait-il dans l’interprétation de la loi pénale dégager un fait justificatif
que la loi n’a pas expressément prévu ? La doctrine au du 19ème siècle a répondu à cette
question par l’affirmative.
La doctrine et la pratique prétorienne ont observé toutes les hypothèses de justification
admises par la loi pour essayer d’en extraire un principe général. Ils sont parvenus à la
conclusion suivante : la violation de la règle pénale est le résultat soit :
- de l’accomplissement d’un devoir (l’ordre de la loi et le commandement de
l’autorité) ;
- l’exercice d’un droit (légitime défense).
Le fait de justification s’explique comme étant une solution logique d’un conflit des lois car
le législateur ne peut sans contradiction vis- à -vis de lui-même punir ce que d’autres
dispositions législatives non abrogées ordonnent ou permettent de faire. Sinon, il
contredirait lui-même.
La loi énumère diverses circonstances pouvant justifier l’infraction. C’est d’une part l’ordre
de la loi et le commandement de l’autorité légitime et d’autre part la légitime défense. Ce
cadre légal est étriqué car il laisse de côté les hypothèses qui peuvent nécessiter la justification
de l’infraction. C’est ainsi que la pratique prétorienne a essayé d’élaborer un principe général
de justification pénale.

52
La doctrine part du constat général que : dans toutes les hypothèses où la justification est
admise par la loi. La violation de la règle pénale est le résultat de l’accomplissement d’un
devoir (ordre de la loi et commandement de l’autorité ou de l’exercice d’un droit (la légitime
défense). Cette constatation met en évidence l’idée supérieure selon laquelle, la justification
est la solution logique d’un conflit de lois car le législateur ne peut sans contradiction vis-à-
vis de lui-même punir ce que d’autres dispositions des législateurs non abrogées ordonnent ou
permettent de faire. Donc, en plus de l’accomplissement d’un devoir et de l’exonération d’un
droit, la doctrine a entendu les faits justificatifs à la permission législative qui ne figure pas
expressément dans la liste légale des faits justificatifs.
Il faut distinguer les faits justificatifs des autres causes d’irresponsabilité telles que la
contrainte la contrainte ou la démence. On dit qu’ils opèrent in Rem, c’est-à-dire
objectivement. Contrairement aux causes d’irresponsabilité subjective qui sont strictement
personnelles, les faits justificatifs justifient l’auteur et tous ceux qui ont participé à l’acte. De
plus le dommage causé sur l’ordre de la loi ou un commandement d’autorité ne peut être
compatible avec une faute civile et donner lieu à des dommages et intérêts.
Idem pour la légitime défense qui ne peut donner lieu à des dommages intérêts sauf
s’il y a eu excès.

I. Les justifications fondées sur l’injonction ou l’accomplissement d’un devoir


Il existe plusieurs infractions susceptibles d’être justifiés par l’ordre de la loi et le
commandement de l’autorité. C’est le cas de :
- l’homicide commis par le bourreau
-des coups et blessures volontaires commis par un policier qui ceinture un malfaiteur
- la violation du domicile effectuée dans le cadre d’une perquisition
- la soustraction de la chose d’autrui dans le cadre d’une saisie
- la séquestration d’une personne régulièrement détenue.
A) L’ordre de la loi
Lorsqu’une loi ordonne à un citoyen d’accomplir l’acte qu’une autre loi qualifie
d’infraction, on se retrouve en présence d’un conflit des lois et l’une doit l’emporte. Si les
deux lois en conflit sont des lois pénales, on applique le principe selon lequel les lois dérogent
aux lois générales.
Exemple : L’Art. 73 réprime la divulgation du secret professionnel sauf au cas où la loi
«oblige ou autorise les dépositaires du secret».
Exemple : L’ordre de la loi peut justifier qu’un médecin déclare aux autorités sanitaires le
nom d’une personne atteinte d’une infraction sexuelle transmissible en période de contagion.
Deux questions peuvent être posées : qu’en est-il lorsque l’ordre de la loi a été appliqué
spontanément sans l’intervention d’un commandement de l’autorité ou lorsqu’il a été
outrepassé par l’exécutant ?

53
Pour répondre à la première question ayant trait à l’application spontanée, on doit
distinguer deux cas de figure.
1°) Il y a des catégories d’individus qui n’ont d’ordre à recevoir de personnes et qui ne
doivent obéissance qu’à la loi elle-même.
Exemple : C’est le cas par exemple du magistrat qui peut décerner un mandat d’arrêt ou un
mandat de dépôt sans qu’il ait commis un délit d’arrestation ou de détention arbitraire sauf s’il
maintient l’agent plus de 48 heures dans une maison d’arrêt sans l’avoir entendu (art. 188
Code Pénal Militaire).
2°) On doit constater que prescriptions légales requièrent expressément ou implicitement un
commandement de l’autorité. Ce sont celles qui mettent en péril la vie humaine ou la liberté
individuelle.
Les mesures à appliquer sont considérées comme tellement graves qu’il faille
interposer un écran humain entre les ordres des législateurs et l’activité ordonnée à
l’exécutant.
Exemple : On ne peut pas admettre qu’un bourreau exécute un assassin sans qu’il ait été
condamné ou sans que l’exécution ait été condamnée par les autorités étatiques. Il en va de
même en matière d’arrestation, de perquisition, de saisies …… Tous ces actes ne deviennent
légitimes que lorsqu’elles sont subordonnées à des mandats réguliers des magistrats.
Par contre, dans les circonstances moins graves comme le cas de la révélation du secret
professionnel cité plus haut, le législateur adresse directement des ordres aux agents
d’exécution sans passer par l’intermédiaire d’une autorité de commandement.
Pour revenir à la question concernant le dépassement de l’ordre légal, il est clair que
les infractions justifiées reprennent vigueur.
Exemple : Un commandant saisi par une réquisition légale et qui fait agir les forces de l’ordre
en déployant des moyens disproportionnées par rapport à la situation et même contre l’avis de
ses supérieurs hiérarchiques ne pourra jamais voir son acte justifié.

B) Le commandement de l’autorité légitime


L’autorité légitime est celle qui dispose légalement du pouvoir de commander. Ca
peut être une autorité publique, civile ou militaire. Mais faudrait-il aussi que cette autorité
agisse dans l’exercice de ses fonctions et dans le cadre de sa compétence et qu’il y ait un lien
de subordination entre cette autorité et l’agent appelé à obéir.
En conséquence : - l’infraction ne serait pas justifiée si elle est commandée par une
autorité privée
Exemple : Un chef de famille commandant à ses enfants, un mari commandant à sa femme ou
un patron à son employé.
- Il faut que le commandement émane d’une autorité compétente, c’est-à-dire habilité.
Exemple : Ne serait pas justifié un mandat d’incarcération délivré par un officier de police.
Une question : L’agent qui a ainsi obéi, est-il moralement responsable de son acte ? La
question va être appréciée d’après chaque espèce.
54
- La question a déjà été posée lorsque l’agent a obéi à un commandement privé.
- Le problème réside dans le commandement illégal d’une autorité légitime.
Ainsi, si on considère le problème du côté du donneur d’ordres, ci-haut placé soit-il dans
la hiérarchie, son commandement ne peut justifier l’infraction.
Du côté de l’exécutant surgit aussi une difficulté car il est tenu au devoir d’obéissance.
(C’est le cas des fonctionnaires, des militaires). Il fut une époque où l’obéissance passive
était encouragée de la part des subalternes.
Aujourd’hui, il est exigé des inférieurs d’apprécier la légalité des ordres reçus = ce qu’on
appelle la théorie des bayonnettes intelligentes.
Théorie difficile à être appliquée dans l’armée parce que le refus d’obéir constitue une
infraction militaire. L’article 93 Al 1 er CPM dispose : «Quiconque, militaire ou civil,
embarqué ou employé par le Ministère de la défense, refuse d’obéir aux ordres de son
supérieur ou s’abstient à dessein de les exécuter, ou hors cas de force majeure, n’exécute pas
l’ordre reçu est puni d’une servitude pénale de 10 ans maximum
Heureusement que la Constitution du 18 février 2006 a apporté une précision à ce propos
quand elle dispose à son article 28 : « nul n’est tenu d’exécuter un ordre manifestement
illégal »
N.B. : L’ordre de commettre de crimes contre l’humanité, les crimes de guerre, le génocide…
ne peut exonérer de la responsabilité pénale. (Voir statut de la CPI et cours du droit pénal
international L1)

II. La justification fondée sur l’exercice d’un droit


Deux situations particulières peuvent justifier le comportement de l’agent. Il s’agit de
la légitime défense et de l’état de nécessité.
Disons d’emblée en droit congolais, le législateur ne s’est pas penché sur ces deux notions.
Elles sont considérées par la jurisprudence que les retient à titre de principes généraux de
droit.
A) La légitime défense
La légitime défense est considérée en termes identiques aux Articles 416 & 417 Code
Pénal Belge à l’art. 122-5 du code pénal français : «Il n’y a ni crime ni délit lorsque
l’homicide, les blessures & les coups étaient commandés par la nécessité actuelle de la
légitime défense de soi-même ou d’autrui».
1) Le fondement de la légitime défense
La doctrine classique a essayé d’expliquer l’impunité du délinquant en état de légitime
défense.
- elle est d’abord partie d’une conception subjective de la psychologie de la personne attaquée
qui ne peut être responsable car l’attaque dont elle est objet est assimilée à la contrainte
morale. La personne agirait donc par instinct de conservation. Cette opinion a été vite
abandonnée car la légitime défense est aussi admise pour la défense d’autrui.

55
- on est enfin arrivé à proposer que la légitime défense est une situation objectivement
compatible avec le droit c’est-à-dire qu’en cas d’urgence, si les moyens habituels de la justice
n’arrivent pas à assurer la sécurité des personnes ou leurs biens, un citoyen qui se défend,
coopère en lieu et place de l’autorité du maintien de l’ordre. Cet acte accompli ne peut donc
être critiquable au regard du droit.
2) Les conditions de la légitime défense
Il faut une agression à laquelle il faut riposter.
a) L’agression
L’acte de la défense n’est pas conservable sans une agression. L’agression doit en
outre répondre à certains critères.
- L’agression doit être actuelle ou imminente
Il est clairement postulé que seule une attaque immédiate ou très prochaine met la
personne visée dans l’impossibilité de se placer sous la protection de la loi et des autorités
publiques. En conséquence, la défense n’est pas justifiée s’il s’est écoulé un temps entre
l’agression et la riposte. Elle devient en ce cas une vengeance. La défense ne peut non plus
être justifiée pour une agression future car on ne peut se rendre justice d’une façon préventive.
Il est donc interdit à une personne qui redoute une attaque de prendre les devants et d’attaquer
le premier mais elle peut prendre des précautions par exemple en se munissant d’une arme. Si
le moment venu, elle tue son agresseur, elle ne peut être condamnée pour assassinat. Il a
seulement prémédité la légitime défense. Mais faudrait-il aussi que les moyens de défense
préparés soient proportionnels à l’agression.
Exemple : un propriétaire qui, pour sauvegarder sa sécurité et celle de ses biens, met en
permanence un engin conçu pour exploser automatiquement au moindre contact. Si l’intrus
est tué ou blessé, le propriétaire peut-il s’abriter derrière la légitime défense ? La réponse est
négative car la légitime défense suppose une attaque et bien plus, un individu ne peut pas
payer de sa vie pour un simple vol. En outre, la légitime défense exige une intervention
personnelle, réfléchie de la personne attaquée et on ne doit pas autoriser les procédés de
défense mécanique ou automatique susceptibles de conférer aux riches propriétaires le droit
de tuer ou de blesser ceux qui franchiront le seuil de leur porte.
- L’agression doit être dirigée contre les personnes et aussi contre les biens.
Quand on reconsidère les textes de référence sur la légitime défense, elle ne concerne que la
défense de soi-même et d’autrui, c’est-à-dire qu’elle est subordonnée à une agression contre
les personnes. L’idée du départ était de pouvoir justifier des attaques ou menaces qui sont
génératrices d’un danger physique telles que la mise en péril de la vie, de la locomotion, de
l’intégrité corporelle ou sexuelle.
Par la suite, on s’est aussi posé la question de l’idée de la légitime défense des biens. Au
19 S, les auteurs réfutaient cette idée en invoquant le silence de loi et en soulignant
e

également qu’une atteinte à la protection des biens ne peut jamais être considérer comme une
cause d’irresponsabilité car la victime d’un vol par exemple a toujours la possibilité de

56
recourir à la justice. Le préjudice encouru n’étant pas si grave pour autoriser l’homicide ou
les blessures.
Avec l’évolution, il est apparu d’autres arguments selon lesquels le recours à la justice ne
permet pas toujours au propriétaire d’obtenir la restitution de chose ou même d’être indemnisé
si le voleur est insolvable. Il se trouve donc dans la nécessité de défendre son bien menacé
mais à condition que les moyens employés respectent la vie de l’agresseur et ne dépasse pas la
stricte nécessité du but poursuivi.
- L’agression doit être injuste
La légitime défense est incompatible avec une agression licite, c'est-à-dire celle
autorisée par la loi (ordre de loi ou de commandement de l’autorité légitime). Ex : un
condamné à mort ne peut exercer une légitime défense contre son bourreau ni un voleur vis-à-
vis des policiers qui lui passent des menottes.
Mais lorsque l’illégalité des agissements de l’autorité ou de l’agent exécuteur d’ordre est
manifeste, ou leur incompétence notoire, la résistance est légitime.
b) la riposte ou une défense justifiée
L’infraction commise dans la situation d’auto-défense est toujours justifiée quelle que
soit sa qualification, pourvu qu’elle ait été nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du
bien attaqué. La justification n’est pas limitée aux homicides et coups et blessures
volontaires, on peut se défendre par une séquestration momentanée de la personne, par la
profération des menaces, etc.
Il faut bien noter que :
- l’infraction commise pour répondre à une attaque actuelle ou pour prévenir une attaque
imminente ne peut être justifiée que si elle est nécessaire, indispensable et que les moyens
utilisés n’étaient pas disproportionnées par rapport à la l’intensité de l’agression ;
- La nécessité de défense ou de la riposte
L’infraction commise pour répondre à une attaque actuelle ou pour prévenir une
attaque imminente doit être nécessaire car nul ne peut se faire justice à lui-même s’il a la
possibilité de se placer sous la protection de la justice.
Question : Est-ce la justification peut cesser lorsque la victime pouvait éviter le danger en
prenant la fuite par exemple ? La doctrine est opposée à cette manière de penser. Emile
Garçon écrit à ce propos : «le droit n’est pas tenu de céder devant l’injustice, la fuite, souvent
honteuse, ne peut être une obligation légale». Mais, dans certaines situations, on peut refuser
le bénéfice du fait justificatif à celui qui repoussent les spectateurs pouvant le protéger préfère
se défendre. Dans ce cas, il y a abus du droit de légitime défense.
- La proportionnalité de la riposte
Pour être justifiée, la riposte doit être proportionnelle à l’attaque subie ou dont on est
menacée. La plupart des tribunaux condamnent la victime qui a utilisé les moyens excessifs.
Exemple : celui qui répond à un coup de poing par un coup de revolver ou lorsqu’on tue ou on
blesse un vagabond qui n’avait aucune intention d’homicide.

57
Dans certaines circonstances, on peut sanctionner non pas seulement l’excès mais
aussi l’imprudence dans l’exercice du droit de la légitime défense.
Ex. : - Un propriétaire qui veut effrayer les voleurs qui escaladent la clôture de sa maison tire
sans visibilité le coup de fusil à la hauteur de l’homme.
- Un homme importuné par un ivrogne le repousse violement. Celui-ci tombe et meurt
de suite de fracture du crâne.
- Un passant veut séparer un enfant qui attaque un autre violemment. Il le tord le bras si
violemment qu’il le lui fracture.
Il appartient donc au juge d’apprécier le caractère mesuré ou démesuré de la riposte.
N.B. :
1) La légitime défense peut être exercée pour autrui et même pour un inconnu, sinon on
risque d’être poursuivi de l’infraction de non assistance à personne en danger.
2) En outre, l’obligation de porter secours aux personnes en péril peut justifier les
infractions qui nécessitent l’accomplissement de ce devoir. Exemple : L’excès de vitesse ou
l’inobservation d’un signal de roulage par un médecin appelé en urgence.
Il existe aussi des permissions de la loi qui justifie certaines infractions
- Ex.: La gifle à un enfant mineur est implicitement contenue dans les prérogatives de la
l’autorité parentale.
- Ainsi que la permission de commettre des violences conformes à la règle de jeu de
sports (boxe, judo…) Ces pratiques sont justifiées par la valeur sociale du sport.
Donc, les adversaires qui se donnent des coups ou se blessent ne sont pas sanctionnés.
Sauf s’ils dépassent les limites prévues par la loi et les règles spécifiques du sport
auquel ils s’adonnent.

III. L’Etat de nécessité


Le droit congolais ne définit pas non plus l’état de nécessité. Cette tâche revient donc
à la doctrine et à la jurisprudence qui ont reconnu une valeur justificative à certaines
circonstances qui ne relèvent ni de l’accomplissement d’un devoir ni de l’exercice d’un
droit.
Il arrive parfois qu’une personne se trouve dans la nécessité de commettre
volontairement une infraction pour échapper à un danger que la menace ou pour sauver une
tierce personne d’un danger imminent.
Exemple : Une mère de famille, dépourvue de ressources qui vole les aliments pour nourrir
ses enfants.
Exemple : Un chauffeur qui décide de détourner son véhicule contre une voiture en
stationnement régulière ou contre un animal parce qu’il n’y a pas d’autre moyen d’éviter
d’écraser un piéton imprudent.
L’état de nécessité ressemble à la légitime défense car les deux notions font appel au
caractère nécessaire de l’infraction. Il s’en éloigne car celui qui invoque la légitime défense
est victime alors que celui qui se réfugie derrière l’état de nécessité est l’agresseur.
58
A. Fondement de l’état de nécessité

1) Explication subjective de l’impunité


La jurisprudence au 19e S a, pour expliquer l’impunité de l’infraction nécessaire,
assimilé l’état de nécessité à la contrainte morale ou à la force majeure car, on disait que
l’agent avait été privé de sa liberté de décision et qu’il avait été contraint par une force
irréversible. Ce raisonnement a été beaucoup critiqué. Le juge était parfois conduit à forcer
les contours de la définition à la contrainte morale pour arriver à y faire entrer les cas de l’état
de nécessité. Mais lorsque le caractère irrésistible de l’infraction ne pouvait être affirmé, ils
condamnaient l’auteur. Or, partant de cette analogie, lorsqu’il y a contrainte, la liberté de
décision n’existe pas alors qu’en cas d’état de nécessité, il existe une liberté de choix.
A la fin de 19e S, la jurisprudence a recouru à une autre explication : l’auteur de l’infraction
nécessaire n’a pas l’intention délictueuse. Il doit être relaxé du fait de l’absence de culpabilité.
On voit qu’ici il y a confusion entre intention délictueuse et le mobile.
Intention délictueuse (dol) : c’est la conscience d’accomplir les faits décrits par la loi pénale.
Exemple : la conscience de tuer, de soustraire la chose d’autrui. Dans le cas d’espèce,
l’intention délictueuse existe, seuls les mobiles poursuivis par l’agent sont honorables car
l’individu ne cherche pas à nuire à autrui (homicide par exemple) ni à s’enrichir au détriment
des autres (vol pour nourrir ses enfants en péril), il obéit à une nécessité. Ce raisonnement
comporte des limites car les mobiles en droit congolais n’ont aucune incidence sur la
responsabilité pénale.

2) Explication objective de l’impunité


Aujourd’hui, les pénalistes cherchent à trouver une explication rationnelle de l’état de
nécessité. Ils préconisent que la répression n’a pas de raison d’être lorsque sous l’empire de la
nécessité, le délinquant choisit de sauvegarder un bien dont la valeur est supérieure à celle du
bien qu’il sacrifie, ou à la rigueur un bien de valeur équivalente à celle sacrifiée.

II. Les conditions de la justification de l’état de nécessité


L’état de nécessité est une notion dangereuse qui doit être enfermée dans des limites
rigoureuses. Comme tous les autres faits justificatifs, il peut justifier toute sorte d’infractions :
atteinte à l’intégrité de la personne humaine ou à la vie des animaux, vol, infraction au code la
route, etc. Mais il doit répondre à des conditions suivantes :
- Perspective d’un danger réel et éminent
Ça doit être un danger qui menace l’agent ou un tiers peu importe qu’il s’agisse d’un
danger physique, un danger de santé, et ce danger doit être actuel et imminent.
- Le mal redouté par l’agent n’est justificatif que dans la mesure où il est injuste,
contraire au droit. Si l’agent avait l’obligation de le subir, il ne peut évoquer l’état de

59
nécessité. Ex. : Un soldat ne peut fuir le combat sous prétexte de l’état de nécessité car
l’éventuel sacrifice de sa vie lui est imposé par ses obligations militaires.
- Il faut que ce danger ait nécessité l’infraction. Si le délinquant avait d’autres moyens de
sauvegarder ses intérêts, il sera condamné.
La jurisprudence décide également que l’infraction ne peut être justifiée par l’état de
nécessité si l’auteur avait lui-même créé par sa faute le danger dont il est menacé. Certains
critiquent cette décision en suggérant que la faute antérieure doit distinctement imputable à
l’agent et que l’infraction nécessite soit justifiée en elle-même.
III. Les cas d’application de l’état de nécessité
Il y en a 2 : - l’avortement thérapeutique ;
- les manœuvres d’évitement de roulage.
- L’avortement thérapeutique : c’est le cas où le médecin provoque l’avortement pour des
raisons de santé de la mère ou de l’enfant.
- les manœuvres d’évitement lors de la circulation routière → dans le cas, les accidents
survenus doivent avoir pour but d’éviter des collisions qui causeraient des dégâts plus graves.
N.B. : L’état de nécessité, même s’il justifie l’infraction n’exclut pas des dommages et
intérêts.

IV. Le consentement de la victime


La notion du consentement de la victime n’est pas non plus définie par le Code Pénal
mais toujours par la doctrine et la jurisprudence. On voudrait dire par là qu’il peut arriver
pour des motifs variés que la victime accepte de subir une infraction.
Ex. : - Une personne tuée ou blessée dans un combat parce qu’il avait accepté de se battre en
duel.
- Un malade incurable supplie le médecin pour qu’il abrège ses souffrances en mettant
fin à ses jours.
L’opinion générale dans les pays occidentaux voudrait que lorsque la victime a
consenti, l’infraction disparaisse.
Mais le consentement de la victime indifférente à la répression de l’infraction. Il en va de
même du pardon de la victime qui ne justifie pas non plus l’infraction car en effet, la
répression a pour but non pas de protéger la victime mais de protéger la société en général.
Ex.: L’infraction demeure pour un avortement sur une femme enceinte même si elle a
consenti
Exception à ce principe

1) il existe une exception où le consentement de la victime fait disparaître l’infraction. C’est


lorsque la loi pénale intervient pour punir l’atteinte frauduleuse à un droit.
Exemple : En matière, de vol, de viol, de séquestration arbitraire, l’infraction consiste à se
passer du consentement. Si le consentement est donné un des éléments constitutifs de
l’infraction n’existent pas. ⇒ L’infraction disparaît.

60
Idem pour la révélation du secret professionnel, les nombreux auteurs estiment que
l’infraction disparaît lorsque le confident l’a autorisé.

2) Mais certains cas posent des sérieux problèmes et les avis sont très partagés. C’est le cas
de l’euthanasie, c’est-à-dire «la bonne mort» qui délivre de ses souffrances un malade
incurable. Quelques fois le malade supplie qu’on abrège ses jours. Ici le problème du
consentement ne pose pas.
Mais que penser au cas où la pitié de l’assassin ou de meurtrier a suppléé au consentement
que la victime n’est pas capable d’exprimer ? Ex. : Un médecin qui tuerait un enfant né
monstrueux, un débile mental torturé par la souffrance. Ce sont des cas qui se posent dans

certains pays occidentaux où les cours d’assisses acquittent de tels délinquants ou


prononcent des condamnations indulgentes parce qu’ils sont sensibles aux mobiles du
délinquant alors que les magistrats professionnels prononcent des condamnations en arguant
l’absence des faits justificatifs.
Donc, le consentement de la victime ne peut donc justifier l’euthanasie comme il ne le
peut pour d’autres infractions. C’est un homicide qui n’est conforme ni à l’intérêt général ni à
l’intérêt de la victime.
Poussons un peu loin notre réflexion au regard de l’éthique : si l’on considère les
choses du point de vue matérialiste, la vie d’un malade incurable est une charge et une source
de dépense pour l’entourage. Idem pour la vie d’un vieillard devenu improductif. Faudrait-il
pour autant les supprimer ? Demain, ceux qui ont la force aujourd’hui peuvent devenir
malades et vieux. Vont-ils accepter un tel traitement ? Et puis le progrès de la médecine
permet de plus en plus d’alléger les souffrances ou de guérir.
Bien plus, personne ne peut affirmer que la vie d’un grand infirme et d’une personne
handicapée mentale ou d’un vieillard ne vaut pas la peine d’être vécu quoi qu’il en coûte à
l’entourage ou à lui-même quand il désespère.
Voilà donc autant des raisons qui font enlever à l’euthanasie la valeur justificative.

3) Le problème des interventions chirurgicales


Ce n’est pas le consentement du malade qui justifie à lui seul l’atteinte à l’intégrité
corporelle. C’est la loi qui, par une autorisation spéciale, permet à un titulaire du diplôme de
médecin d’accomplir des actes nécessaires au traitement des malades.
Dans ce cas, on considère que les interventions médicales ont une valeur supérieure car la
guérison éventuelle du patient doit l’emporter sur les blessures et lésions que subit le malade ..
Mais il faut bien préciser les choses : tous les actes du médecin ne seront pas justifiés surtout
lorsqu’il n’agit pas dans un but curatif : il s’agit des actes qui procurent au patient un avantage
appréciable. Exemple : la chirurgie plastique ou esthétique : ces actes ne nuisent pas à
l’intérêt général mais à condition qu’elle ne soit génératrice d’aucun dommage.

61
Il existe aussi d’autres interventions qui comportent des préjudices irréparables mais utile à
l’intérêt général. Ex. le don des organes. Mais la victime doit être ici protégée et il est exigé
son consentement ou le consentement de ses proches si la victime est hors d’état de manifester
sa volonté.

CHAPITRE 3 : LA RESPONSABILITE DU FAIT PERSONNEL

Contrairement au droit civil qui consacre non pas seulement la responsabilité


personnel mais aussi la responsabilité pour des dommages causés à autrui par des tiers, le
droit pénal consacre le principe de la responsabilité personnelle.
L’article 17 Code Pénal avant dernier alinéa dispose : «  la responsabilité pénale est
individuelle. Nul ne peut être poursuivi, arrêté, détenu ou condamné pour fait d’autrui ».
Ce principe répond aux exigences du rôle rétributif de la peine car on ne peut punir une
personne dont la conduite est étrangère à l’infraction.
Exemple : Les parents d’un délinquant mineur ne peuvent être condamnés pour les infractions
imputables à l’enfant (vol, dégradation, …). Si on peut leur reprocher une faute, ça peut être
en raison de leur négligence.
Exemple : les parents qui ont laissé une arme à la portée des enfants. ⇒ Ils ont occasionné
l’homicide involontaire dont leur enfant s’est rendu coupable.
Si la recherche du fait personnel est aisée dans le cas où l’infraction est le fait d’un
seul délinquant, la question devient compliquée lorsque l’infraction a été commise par
plusieurs personnes. On va essayer d’individualiser la part de chacun dans le fait collectif.

Section 1 : La participation criminelle


Il existe trois façons de commettre une infraction :
- la commettre soi-même ;
- soit participer à l’infraction commise par une autre ;
- soit s’associer à l’infraction après qu’elle ait été commise.
Ces trois cas mettent en évidence 3 personnes : l’auteur, le complice et le receleur.
L’auteur d’une infraction : on dit que l’auteur d’une infraction est celui qui exécute
l’infraction. Il peut agir seul. En cas de pluralité d’agents, il est celui qui joue le rôle
principal.
Cette présentation de l’auteur ne correspond qu’à l’auteur matériel. Or, il existe aussi
l’auteur moral appelé le cerveau d’infraction par rapport à celui qui exécute appelé le bras
de l’infraction.

I. L’auteur matériel
C’est celui qui réunit en sa personnalité tous les éléments constitutifs de l’infraction et
c’est lui qui exécute l’élément matériel. Autrement dit son comportement correspond à

62
l’action ou à l’omission incriminée. C’est celui qui atteint le résultat illicite, qui commet ou
tente de commettre une infraction.
Si plusieurs personnes ont commis une même infraction, elles sont coauteurs car chacun à
exécuté l’acte correspondant à la définition de l’infraction.
Exemple : Des cambrioleurs qui dévalisent ensemble la maison ou des agresseurs qui rouent
des coups la même victime. Leur action consiste en une juxtaposition de plusieurs actes
exécutés de façon concomitante. Il faut vérifier que chacun ait accompli tous les actes
caractérisant l’infraction.
Entre coauteurs, la responsabilité pénale n’est pas divisée en proportion de l’intensité
causée de l’intervention de chacun. En d’autres termes, quelle que soit l’influence de l’action
personnelle sur la question du résultat, chaque coauteur encourt la totalité de la peine prévue
par la loi. Cette question a été souvent soulevée lors des scènes de violence collectives à la
suite desquelles la victime décède ou subit une infirmité permanente. Tous les membres du
groupe ont porté les coups, mais on ne peut déterminer avec certitude qui a porté le coup
meurtrier. La jurisprudence décide tous répondent des conséquences de l’acte sans qu’il soit
nécessaire de déterminer le rôle de chacun car même ceux qui n’ont pas donné des coups
suffisamment forts sont complices des coups plus graves donnés par le coupable.

II. L’auteur moral ou le cerveau


C’est celui qui fait commettre l’infraction par l’autre. Contrairement à l’auteur
matériel, il n’atteint pas personnellement le résultat illicite. Juridiquement, on ne peut pas
l’assimiler à l’auteur matériel car faire commettre l’infraction n’est pas synonyme de la
commettre soi-même.
C’est pourquoi on le traite comme un complice par procuration.
L’article 21 du Code Pénale dispose : sont considérés comme auteurs d’une infraction :
- Ceux qui l’auront exécuté ou auront coopérée directement à son exécution ;
- Ceux qui par un fait quelconque, auraient prêté pour l’exécution une aide telle que, sans leur
assistance, l’infraction n’eut pu être commise ;
- Ceux qui, par offres, dons, promesses, menaces, abus d’autorités ou de pur, machination, ou
artifices coupables, auront directement provoqué cette infraction ;
- Ceux qui par des discours, tenus dans des réunions ou des lieux pouvant, soit par des
placards d’affiches, soit par des écrits, imprimés on non en vendus ou distribués, soit par des
dessins ou des emblèmes auront provoqués à la commettre, etc.
D’après cet article 21 Code Pénal, la loi détermine d’une façon limitative les actes, les modes
par lesquels la participation collective à l’infraction appelée aussi «la coactivité ou la coréité».
- L’exécution matérielle & la coopération directe (1 & 2) ;
- L’aide indispensable ;
- La provocation privée ou publique.
1) L’exécution matérielle : c’est le fait pour l’agent de poser les actes constituant
l’infraction.
63
2) La coopération directe : c’est l’intervention directe de l’agent dans la commission de
l’infraction même s’il n’a pas posé les actes matériels.
Exemple 1 : L’agent qui avec son arme intimide les occupants d’une maison pendant qu’un
autre vole.
Exemple 2 : L’agent qui immobilise la victime pendant que l’autre l’égorge.
3) L’aide indispensable : c’est l’aide dans laquelle l’infraction n’aurait jamais pu être
commise.
4) La provocation privée et publique
Est celle qui intéresse le plus l’auteur moral car elle consiste à faire naître la résolution
criminelle ou la renforcer.
Dans ce contexte de coactivité, agir par provocation consiste pour l’agent à inciter l’auteur
principal à commettre l’infraction. La coréité par provocation ne peut être sanctionnée
pénalement que si elle a été suivi d’effets, c’est-à-dire l’agent provoqué a soit consommé
l’infraction, soit tenté celle-ci.
L’Article 21 propose 2 sortes de provocation privée et publique :
a) La provocation privée :
D’après l’Article 21 Alinéa 4, la provocation privée se réalise selon 4 modalités :
1°) Les offres, les dons et les promesses : un individu qui incite un autre à commettre
l’infraction en le faisant des dons, des promesses, des offres, agit par provocation privée. En
ce cas, l’essentiel, ce sont les promesses même si l’auteur moral ne les réalise pas.
Ce type de provocation est qualifié en droit pénal de mandat criminel, c’est-à-dire les deux
individus (l’auteur moral et l’auteur matériel) agissent d’égal à égal.
2°) L’utilisation des menaces
Celui qui par menace détermine un autre à commettre l’infraction agit également par
provocation privée.
Exemple : Un garçon qui incite sa copine à faire l’avortement sous menace de l’abandonner.

3°) Abus d’autorité ou du pouvoir


Il y a abus d’autorité lorsque l’agent exerçant une certaine puissance sur l’individu
l’incite à commettre une infraction. Cette autorité peut être légale ou une autorité de fait.
Exemple : Autorité de l’instituteur sur les élèves. Souvent, on parle de l’abus de l’autorité
dans le cadre privé.
S’agissant de l’abus du pouvoir, le législateur vise l’autorité hiérarchique s’exerçant sur le
subordonné dans un cadre officiel
4°) Mise en œuvre des machinations ou artifices coupables
Par ces termes, il faut entendre les intrigues, les ruses, les cabales, les tromperies qui
sont imaginés par l’auteur moral pour déterminer l’auteur matériel. Donc, par des histoires
montées de toute pièce, le provocateur arrive à inciter l’agent à commettre l’infraction.
b) La provocation publique

64
Elle se distingue de celle privée parce qu’elle s’adresse à un nombre déterminé
d’agents et ce, au moyen de communication de masses.
Il s’agit donc d’une publicité utilisée dans un lieu public ou dans une réunion publique. Le
lieu peut être public par nature, c’est-à-dire un lieu destiné ou ouvert au public de manière
permanente.
Exemple : rue, marché, place publique, Eglise, …
Un lieu peut être public par destination, c’est-à-dire que le public y est admis
temporairement, à certaines occasions, à certaines heures ⇒ dans ce cas, un lieu privé peut
devenir public. La provocation publique s’exerce selon l’Article 21 par :
- les discours dans les lieux publics ou réunions publiques, placards affichés ou mobiles,
écrits, disons emblèmes portés par décret ou arrêtés comme les auteurs de provocation à des
infractions, même dans le cas où ces provocations ne seraient pas suivi d’effets. On aboutit à
la répression de l’auteur moral même si le 1/3 par l’intermédiaire duquel il entend agir n’est
pas passé à l’acte.
Exemple : La subordination des témoins est punissable même si elle n’est pas suivie de faux
témoignage.
Article 129 : L’auteur moral est aussi punissable même si l’acte par lui provoque ne l’est pas.
Exemple : La provocation au suicide.
Article 129 : Le coupable de subordination des témoins est passible de la même peine que les
faux témoins.
Article 23 : Sauf disposition particulière établissant d’autres peines, les coauteurs et les
complices seront punis comme suit :
- Les coauteurs, de la peine établie par la loi à l’égard des auteurs.
Question1 : Quelle est l’étendue de la responsabilité du provocateur ?
* Etendue de la responsabilité de provocateur ?
La responsabilité de l’auteur moral ou provocateur est identique à celle de l’auteur
matériel lorsque celui-ci est resté dans les limites du mandat ou de l’ordre reçu.
Là, on peut distinguer 3 hypothèses :
- L’auteur moral avait précisé le mode d’exécution, le choix des moyens à utiliser, il répondra
de l’infraction qu’il aura ordonnée ;
- Si le provocateur a donné un ordre indéterminé, il faut se poser la question de savoir si
l’agent avait ou non des raisons de croire qu’il a agi selon l’ordre ;
- Si l’ordre est précis mais l’agent commet une infraction différente, on ne peut déclarer
punissable le provocateur car le concours de volonté fait défaut dans l’infraction que l’auteur
intellectuel a commis.

Question 2 Le désistement volontaire du provocateur a-t-il une incidence sur la


punissabilité de la participation ?

* Le désistement du provocateur
65
Après avoir incité à commettre l’infraction, l’auteur moral peut changer d’avis. Pour
que ce changement puisse être considéré comme ayant rompu la solidarité entre lui et l’auteur
matériel, il faut qu’il l’ait averti à temps et de manière expresse. Ainsi, si l’auteur a connu ce
désistement mais poursuit néanmoins la réalisation de l’infraction, il agit exclusivement pour
son propre compte.

Sous/ section II
LE COMPLICE
On peut définir le complice comme étant l’individu qui, sans accomplir
personnellement les éléments constitutifs d’une infraction en a facilité ou provoqué l’action
par des agissements d’une importance matérielle secondaire : aide ou assistance, fourniture
des moyens, instigation, …
L’Article 21 Code Pénal dispose : Seront considérés comme complices d’une infraction :
- ceux qui, auront donné des instructions pour la commettre ;
- ceux qui, auront procuré des armes des instruments ou toute autre moyen qui a servi à
l’infraction sachant qu’ils devaient y servir ;
- ceux qui, hors le cas prévu à l’alinéa précédent auront avec connu aidé ou assisté l’auteur ou
les auteurs d’infraction dans les faits qui l’ont préparée ou facilitée ou dans ceux qui l’ont
consommée ;
- ceux qui, connaissant la conduite criminelle des malfaiteurs exerçant des brigandages ou des
violences comme la sûreté de l’Etat, la paix publique, les personnes ou les propriétés, leurs
auront fourni.
I. Les fondements de la répression de la complicité
Deux systèmes ont été mis au point pour justifier la répression de la complicité. Il
s’agit du système de l’unité de l’infraction et celui de la pluralité de l’infraction.

a) Système de l’unité de l’infraction


Ce système a donné naissance à la théorie de la criminalité d’emprunt. Cela veut dire
que les actes accomplis par le complice «empruntent» la criminalité de l’acte réalisé par
l’auteur ou les coauteurs.
Exemple : La fourniture de l’arme qui va servir à commettre le meurtre, le guet ou la
surveillance autour de la maison où on viole une mineure, la conduite d’un véhicule ou d’une
moto qui amène l’auteur principal sur le lieu de l’infraction, etc.
Par cette théorie de la criminalité d’emprunt, on considère que le complice n’a pas
personnellement commis une infraction autonome qui serait juxtaposé à celle de l’auteur,
mais il a favorisé l’infraction.
Ce principe entraîne comme conséquences :
- du fait que le complice s’est volontairement associé à l’infraction, on dit qu’il a lié son sort à
celui de l’auteur, c’est-à-dire qu’il aurait d’avance accepté par une sorte de blanc-seing ou de
mandat tacite d’assumer la responsabilité pénale de l’activité des participants principaux. Par
66
ce fait, il tombe sous le même coup pénal même si l’acte principal est plus grave qu’il ne
l’avait prévu.
Exemple : si l’agent est complice de vol et que l’auteur principal a commis le meurtre, il sera
complice de ce meurtre. Par contre, si l’acte principal échappe à la répression, il en sera de
même pour le complice.
Cette théorie est critiquable car elle assimile le complice à l’auteur et consacre une sorte de
responsabilité collective. Or, il existe une différence entre les particularités matérielles,
psychologiques du complice et celles de l’auteur principal.
Le rôle joué par le complice dans la question du résultat n’est pas le même que celui
de l’auteur.
Pour tenir compte de cette distinction et du caractère accessoire de l’acte, certaines
législations ont recours à un système d’emprunt relatif de la criminalité, c’est-à-dire la peine
applicable aux complices est atténuée par rapport à celle de l’auteur et coauteurs. C’est la
solution adoptée par notre Code Pénal.
Article 23 alinéas 2 & 3 :
- les complices seront punis d’une peine qui ne dépassera pas la moitié de la peine qu’ils
auraient encourue s’ils avaient été eux-mêmes auteurs ;
- lorsque la peine prévue par la loi est la mort ou la servitude pénale à perpétuité, la peine
applicable au complice sera la servitude de 10 à 20 ans.
Ce système est aussi critiquable car on ne peut pas présumer que le rôle du complice a été
moins déterminant que celui de l’auteur. Tout dépend de chaque cas d’espèce.
Exemple : d’après l’article 22 alinéa 1 : sont complices « ceux qui auront donné des
instructions pour commettre une infraction».
Le rôle de ces individus n’est pas à négliger car ils sont des véritables moteurs de l’infraction.

b) Le système de la pluralité d’infraction


Dans ce système, la complicité est considérée comme une infraction distincte de
l’infraction principale. Une partie de la doctrine au 19 e S à la suite du juriste scandinave
GETZ ont considéré la complicité comme une infraction autonome. Pour eux, le fait accompli
collectivement par plusieurs personnes doit être fractionnée en autant d’infractions qu’il y ait
des délinquants. Il faut donc supprimer toute distinction entre auteurs, coauteurs et complices.
Chacun doit être jugé en fonction de son activité réelle, c’est-à-dire en fonction des opérations
qu’il a matériellement et intentionnellement accomplies sans référence au cas des autres.
Cette analyse rompt le lien qui rattache à l’acte principal. Ce système efface la notion
même de la complicité qui consiste en l’accomplissement des faits accessoires qui facilitent
l’action criminelle d’autrui. Il est donc impossible de faire abstraction de l’acte principal ou
de perdre de vue l’unité de but poursuivie par tous les participants.
Cette vision a été nuancée par la doctrine actuelle, entre autre par l’analyse du Doyen
CARBONIER. Celui-ci ne conteste pas que la complicité puisse être considérée comme une
infraction autonome. Mais il suggère que c’est un délit conditionné par l’infraction
67
principale. La complicité serait donc une infraction qui comporterait : un élément moral (la
mauvaise foi) et un élément matériel (aide, assistance, fournitures des moyens, etc.). A ces
éléments, on ajouterait un élément surnuméraire par rapport à la généralité des infractions «le
caractère délictueux de l’action d’autrui avec laquelle les agissements du complice ont été
en relation».
En conséquence : - il ne peut exister de complicité en l’absence d’un acte principal
délictueux.

II. Les éléments constitutifs de la complicité

A) L’élément légal de la complicité


Pour caractériser la complicité, il faut :
1°) un fait principal correspondant d’une manière abstraite à une incrimination de la loi
pénale. En d’autres termes, la complicité n’existe que dans la mesure où l’action principale est
une infraction. Cette action principale communique à l’acte de complicité sa qualification.
Exemple : complicité de meurtre, complicité d’assassinat, complicité de vol, complicité
d’escroquerie …
2°) il faut que l’acte principal soit susceptible d’être sanctionné. Si l’infraction principale est
restée au niveau de la tentative non punissable, par exemple au niveau des actes préparatoires,
ou si une infraction bénéficie d’un fait justificatif, de la prescription, ou une infraction
d’habitude mais dont l’auteur n’a accompli qu’un acte unique ⇒ la complicité ne sera pas
susceptible de sanction.
Cette impunité est une conséquence de la théorie d’emprunt de la criminalité. Mais on peut
regretter qu’elle laisse échapper à la répression certains complices dangereux et d’une
moralité déplorable.
Exemple : le vol n’existe pas entre époux. Ce sont des agissements que la loi veut ignorer car
elle ne juge pas opportun de s’immiscer dans ces types de conflits. Une personne qui va aider
un conjoint en instance de divorce à voler l’argent de l’autre conjoint séparé en biens
s’associe à un comportement que la loi a décidé de ne pas punir.
Exemple classique
L’instigateur d’un assassinat qui est l’abri de sanction parce que l’homme de main
choisi et payé s’est abstenu de passer à l’acte. C’est le cas de l’affaire Lacour, crim, 25
octobre 1962 : M. Lacour, instigateur d’un assassinat a été mis à l’abri de la sanction parce
que l’homme de main choisi et payé s’est abstenu de passer à l’acte
3°) Les causes de modification de la peine, c’est-à-dire les causes d’aggravation, d’atténuation
ou d’exemption de la peine ont de répercutions sur le complice. Dans ce cas, il faudra
distinguer entre les causes de modification de la peine à caractère personnel ou celles à
caractère réel.
- Les causes à caractère personnel par exemple des circonstances aggravantes personnelles
telles que la qualité de récidiviste, ou des circonstances atténuantes par rapport à l’âge du
68
délinquant, ou l’excuse absolutoire = celle qui est accordé à celui qui dénonce une infraction.
- Causes d’exemption de peines pour minorité
Ces causes ne modifient pas la criminalité de l’acte principal, donc n’ont aucun impact
sur la situation du complice. Par conséquent, les causes de modification ou d’exemption de
peine qui présentent un caractère réel, c’est-à-dire touchant à la criminalité de l’acte sont
communicables au complice.
Exemple : des circonstances aggravantes réelles : vol en réunion, avec port d’armes, vol par
effraction …

Si la complicité consiste dans le fait de donner des instructions aide ou assistance, fourniture
des moyens :
- Les instructions données à l’auteur sont différentes des simples renseignements.
Exemple : instruction = le fait de donner des détails sur le mode de vie et les habitudes de la
victime. Mais donner des renseignements vagues.
Exemple : telle personne habite tel quartier ne constitue pas une instruction susceptible d’être
qualifiée de complice.
- Quant à la complicité par fourniture des moyens
C’est le cas de la fourniture des fausses clés, fourniture de la salle où a eu lieu le duel, celui
qui accepte que l’avortement ait lieu à son domicile. En matière de tapage nocturne, le
propriétaire qui a laissé se produire le vacarme dans sa maison.
- la complicité par aide ou par assistance, c’est le cas le plus fréquent de la complicité
et peut révéler plusieurs formes. L’aide ou l’assistance doit être positive et doit être
antérieure ou contemporaine de l’infraction. - L’aide ou l’assistance doit être fourni au
stade des actes préparations, du commencement d’exécution, ou pendant l’exécution
de l’infraction.
Les actes postérieurs sont en principe exclus. Mais ce principe est à nuancer car une
assistance postérieure avec l’accord de volonté antérieur au délit en vertu duquel il a été
convenu une aide tardive constitue une complicité punissable.
Exemple : Une personne qui moyennant une rémunération attend au volant de sa voiture pour
assurer la fuite des voleurs.

Question1 : peut-il y avoir une complicité par abstention ?


L’individu qui assiste impassible à l’accomplissement d’une infraction et qui ne fait rien pour
empêcher les auteurs d’agir, peut-il être considéré comme un assistant ou une aide ? C’est
dans le cadre des infractions par omission que cette attitude peut être réprimée.
Exemple : la non-assistance à personne en danger.
La non-dénonciation de crime.
Certains auteurs souhaitent une distinction entre le spectateur neutre et celui dont l’attitude
suppose une adhésion morale à l’infraction. Dans ce dernier cas, ce n’est plus la passivité,
69
mais une assistance morale qui soutient et encourage l’auteur du délit même si ce n’est pas
matériellement une action positive au sens de l’article 22.
Exemple : l’agent de police qui, au cours d’une ronde n’empêche pas son collègue de voler
des objets dans son cercle de surveillance.
Question 2 : peut-il y avoir une complicité indirecte ?
Les avis sont partagés à propos de la complicité indirecte ou la complicité de complicité.
Exemple : Désirant commettre un vol, un individu demande à son complice de se renseigner
sur le plan de la maison auprès du domestique et ce dernier, instruit du projet criminel le
fournit.
Le deuxième complice n’est pas associé à l’acte de l’auteur mais à celui du premier
complicke. Certains prétendent que la complicité n’étant associé qu’à une infraction, cet acte
n’est pas répressible. Cet argument n’est pas très convainquant car le fait d’agir en
connaissance de cause du projet criminel de l’auteur. On est associé, quoi qu’indirectement à
l’acte principal.
2) Différence entre complice & coauteur
Même si les deux notions sont confondues. La distinction nette entre complice et
coauteur présente une infraction dans tous les cas ou la qualification de l’infraction dépend de
la qualité de l’auteur ou de complice de telle personne. Ainsi l’homicide est qualifié de
parricide si le fils de la victime est l’auteur ou coauteur. Il n’est qu’un simple meurtre si le
fils est complice. Le parricide étant une circonstance aggravante s’apprécie en fonction de la
personne de l’auteur principal.
- En cas de pluralité des auteurs, on ne sait pas trop bien où finit la complicité et où
commence la coactivité ? Là-dessus il y a deux courants :
* Le courant subjectiviste (très minoritaire) tend à négliger l’aspect matériel de la
participation à l’infraction pour scruter l’intention réelle de l’agent ? Celui-ci a-t-il voulu
commettre sa propre infraction ou a-t-il voulu s’assurer à l’infraction d’autrui ? Ce critère est
difficile à mettre en œuvre car il faudrait scruter la psychologie du délinquant. C’est pourquoi
certains auteurs ont proposé de traiter comme auteur, celui qui a assumé la direction de
l’infraction, le maître de l’action et comme complices les agents subalternes qui ont mis leur
force au service chef.
* Le courant objectiviste : cherche à distinguer l’auteur comme celui dont les agissements ont
produit le résultat infractionnel causé.
Exemple : Celui qui immobilise (complice) une personne pendant que l’autre la frappe
(auteur). Mais ce courant est nuancé par les pénalistes tels que LEVASSEUR, LEGAL qui
suggèrent que l’auteur ou le co-auteur sont des individus qui réunissent en leur personne tous
les éléments constitutifs de l’infraction.
Exemple : Les cambrioleurs qui enlèvent ensemble un coffre-fort sont tous isolement
coupables de vol tandis que leur camarade qui, pendant ce temps faisait le guet dans la rue &
n’a pas physiquement participé à la soustraction de la chose d’autrui, donc à l’élément
matériel du vol est complice.
70
Pour des raisons de répression, la jurisprudence a parfois tendance a assimiler le
complice à l’auteur & vice-versa.
Dans le 1er cas, elle a tendance à traiter l’instigateur comme auteurs lorsque les auteurs
matériels n’ont été que l’instrument de sa volonté. Elle assimile également le complice à
l’auteur si le complice peut bénéficier de l’impunité faute d’un acte principal punissable en la
personne de l’auteur. Inversement, la jurisprudence assimile le co-auteur au complice.
3) Différence entre complice & receleur
Le complice, avons-nous vu, apporte son concours à l’infraction avant sa
consommation et le receleur intervient après la consommation. Il peut arriver qu’une
personne réunisse ces deux qualités. Si la jurisprudence n’admet pas que l’auteur d’un vol ne
puisse être cumulativement un receleur, elle admet cette position pour le complice.
c) L’élément moral de la complicité
L’élément moral exige que le complice puisse avoir sciemment participé à l’infraction
principale. La notion de complicité suppose la mauvaise foi, c’est-à-dire la conscience par
l’agent d’apporter son concours à l’infraction principale. La participation consistante à
l’infraction exige également qu’il y ait correspondance entre l’intention du complice et les
faits accomplis.
Si on admet que le complice endosse la responsabilité d’un fait grave, il est plus délicat de
trancher la question lorsque l’auteur va au-delà des prévisions.
E. GARCON distingue à cet effet 4 éventualités :
1°) L’auteur principal a commis une infraction complètement différente de celle que le
complice avait prévu.
Exemple : Le complice a fabriqué des fausses clés et les a remises au délinquant pour faciliter
le cambriolage. Mais celui-ci s’introduit dans la maison et commet le viol. Quel sera le sort
du complice ? Il sera passible des peines de contrefaçon.
Un créancier a chargé un tiers de se rendre chez son débiteur pour obtenir le
remboursement de son prêt, et lui a remis un revolver pour l’intimider tout simplement, mais
celui-ci commet le meurtre.
⇒ Selon E. Garçon, le complice doit être puni d’une peine plus douce que celle prévue pour
la complicité du meurtre.
2°) Il peut arriver que l’exécution de l’infraction principale prévue puisse se compliquer avec
des circonstances aggravantes.
Exemple : Un complice avait fourni des informations pour le vol. L’ami commet le vol en
bande et avec des armes. Il est décidé en l’espèce que le complice subira les conséquences
des circonstances aggravantes car on suppose qu’il a assumé d’avance tous les risques que
comptent les modalités d’exécution de l’infraction.
3°) L’infraction prévue par le complice est indéterminée.
Exemple : une personne humiliée remet une somme d’argent à un délinquant en lui disant
«venge-moi». On suppose qu’il a donné un blanc-seing lourd de conséquences et qu’il a
accepté de s’assurer en n’importe quelle infraction.
71
4°) L’auteur principal a commis l’infraction prévue par le complice mais il a sui un mode
d’exécution différent.
Exemple : Le complice avait prévu que la victime soit étranglée, l’auteur l’a assumée des
coups. Le changement de mode d’exécution ne change rien à la situation du complice.
Question : Si l’élément moral est exigé dans la complicité, peut-on parler de complicité dans
les infractions d’imprudence ?
Une partie de la doctrine enseigne que la complicité est juridiquement inconcevable dans les
infractions constituées par faute d’imprudence ou de négligence. Cette hypothèse ne se
vérifie pas dans tous les cas car il peut arriver que l’entente préalable porte sur l’activité
dangereuse.
Exemple : Un individu à côté d’un chauffeur encourage celui-ci à des excès de vitesse et à
faire des dépassements dangereux. Par sa propre imprudence, il sera complice d’un éventuel
homicide involontaire.
Section 3 : Le receleur
Le receleur est celui qui accepte de cacher ou dissimuler soit les protagonistes de
l’infraction pour les soustraire aux recherches de la justice. (Recel de malfaiteurs), soit des
produits de l’infraction (recel des choses), soit les traces les plus compromettantes de
l’infraction (recel de cadavre). La doctrine allemande appelle le receleur : «le protecteur du
délit».
Le receleur peut avoir des mobiles divers :
- un mobile sympathique, c’est-à-dire un sentiment d’humanité ou d’attachement envers le
coupable ;
- un mobile de cupidité : partager le bénéfice illicite de l’infraction.
Le receleur de malfaiteur consiste à héberger sciemment chez soi les malfaiteurs. Il
est tantôt puni, contre cette logique comme un cas de complicité : Art. 22 Alinéa 4, tantôt
érigé en un délit spécial ;
- C’est le cas du recel des choses, il est prévu à l’Article 101 Code Pénal : «celui qui a recelé
en tout ou en partie les choses enlevées, détournées ou obtenues à l’aide d’une infraction est
puni d’une servitude pénale de 5 ans au maximum et d’une amende qui ne dépasse pas 1.000F
ou d’un de ces peines seulement.
Le recel est une infraction continue. La prescription de l’action publique ne
commence à courir qu’au jour où le receleur a cessé d’être en possession de l’objet.
- Comme c’est une infraction autonome, la complicité du recel est punissable.
- Le recel suppose une infraction principale dont il est l’accessoire, on dit qu’il est un délit de
conséquence.
C’est pour que l’article 101 énumère : il faut que les objets recélés aient été enlevés, détournés
ou obtenus suite à l’infraction. Le recel n’est punissable que si le fait à l’origine de l’objet est
lui-même punissable. En plus, le receleur doit connaître l’origine frauduleuse des objets.
Si les faits qui ont procuré les choses ont été commis avec circonstances aggravantes,
la peine du recel sera aussi aggravée.
72
Remarques : Par rapport à la pluralité des auteurs. Il faut distinguer la participation criminelle
des infractions plurales. Ce sont celles qui dans les faits exigent pour leur réalisation la
présence de deux ou plusieurs personnes, c’est-à-dire des infractions qu’un seul individu ne
peut réaliser.
Exemple : L’adultère (Articles 21-23 Code Pénal). La corruption (celui qui corrompt se rend
coupable de la corruption active & le corrompu, de la corruption passive : Articles 147 et
suivants du Code Pénal).
- L’association des malfaiteurs qui exige le concours de deux ou plusieurs personnes.
- Idem pour le complot.

CHAPITRE 4 : LA RESPONSABILITE PENALE DES PERSONNES MORALES

I. La position doctrinale au 19è siècle


1°) La doctrine au 19e S avait préconisé l’irresponsabilité pénale des groupements car les
personnes morales étant des êtres incorporels, n’ont aucune prise sur les objets matériels.
Elles doivent recourir à des organes humains. Etant dépourvu de volonté propre, elles sont
donc incapables de commettre une faute.
2°) A cet argument, on ajoute le fait que les peines prévues pour les personnes physiques
Exemple : Peine de mort, emprisonnement ne pourraient être appliqué à des personnes
morales
- Le 3e argument est que la peine qui frapperait la personne morale atteindrait sans distinction
tous les membres même ceux qui n’ont pas participé à l’infraction. Or, le principe de la
personnalité ou de l’individualité des peines interdit d’assumer, la responsabilité pénale pour
autrui.
II. Evolution doctrinale
Après ces arguments, il y a eu un courant contraire favorable à la responsabilité pénale
des personnes morales et qui suggère que :
- la personne est parfaitement capable de volonté parce qu’elle naît et vit de la rencontre des
volontés individuelles de ses membres. Cette volonté apparaît dans les réunions, la
délibération, le vote de l’Assemblée Générale ou du Conseil d’Administration, dans la
gérance ou la direction. Cette volonté qui est effective et (non pas fictive) peut commettre des
fautes tout autant que la volonté individuelle.
Certes les personnes morales sont incapables d’accomplir par elles-mêmes des
activités qui manifestent leur volonté de commettre des infractions, mais, elles sont
instigatrices de cette activité, c’est-à-dire qu’elles peuvent répondre comme auteur moral ou
complice. Dès lors, on ne porte pas atteinte au principe de la responsabilité pénale
individuelle. Ce qui serait contraire à ce principe, serait, comme le soulignait LEVASSEUR,

73
«l’opinion qui, poursuivant les dirigeants ou les exécutants, fait payer à eux seuls le prix
d’une faute qui fut peut- être collective».
- Quant aux peines, il en existe qui frappent la personne morale dans sa vie, exemple : la
dissolution, la fermeture ou dans son activité, exemple : l’interdiction d’exercer une
profession déterminée, ou encore dans son patrimoine, exemple : l’amende, la confiscation
des biens.
- Le courant doctrinal du 19è siècle contre la responsabilité pénale des personnes morales
avait également avancé l’idée selon laquelle les peines infligées aux personnes morales n’ont
aucune utilité car le but de la peine est la resocialisation des individus. A cet argument, on a
répondu que la peine joue aussi une fonction préventive & d’intimidation.
III. La mise en œuvre de la responsabilité pénale des personnes morales
Il faudrait déterminer les physiques et les actes susceptibles d’engager pénalement la
personne morale.
La responsabilité pénale ne peut se concevoir pour les personnes morales
indépendamment de celles des personnes physiques agissent en leur nom (le Président, le DG,
le Gérant, l’AG, le Bureau, etc.).
On exige que l’organe ait agi dans des conditions imposées par la loi et les statuts pour
engager valablement la personne morale.
Ex. : un président illégalement nommé qui agit ou une Assemblée Générale ou un Conseil
d’Administration auxquels un partie des membres n’a pas été convoqué n’expriment pas
valablement la volonté de l’être collectif ou la personne morale.
- il faut également que la personne morale ait agi dans les limites de ses attributions
légales ou statutaires. Ici, on établit une différence entre les fautes en faisant recours
au droit administratif qui établit la différence entre la faute de service qui implique la
responsabilité de ce service et la faute personnelle de l’agent qui engage sa propre
responsabilité.
IV Position du droit congolais
Le droit congolais est resté fidèle à l’ancienne doctrine car il pose comme principe que la
personne morale ne peut engager sa responsabilité pénale. S’il se commet des infractions qui
font penser aux personnes morales, ne vont y répondre que leurs dirigeants personnes
physiques
Exemple : A u termes de l’art. 89-92 Code traitant de la banqueroute, ce sont les
administrateurs, les dirigeants ou les gérants qui commettent de telles infractions et qui par
conséquent doivent en répondre.
Mais il existe cependant des lois particulières où la responsabilité pénale des
personnes est tout de même affirmée.
Exemple : O-L n° 68/71 du 1er mai 1968 portant réquisition des médecins punit à son article
alinéa 1, toute personne qui aura engagé ou maintenu dans son emploi tout médecin requis.
A l’Alinéa 2 il est disposé : si le coupable est une personne morale, les peines seront
appliquées aux personnes chargées de la direction ou de l’administration de l’établissemen
74
TITRE III : LA SANCTION

CHAPITRE 1 : NOTIONS


Souvent l’opinion publique confond la sanction avec la punition du coupable. La
punition est certes une sanction mais toute sanction n’est pas punition. Sanctionner un acte
c’est constater officiellement son existence et lui attribuer les conséquences de sa logique
interne.
Exemple : Le jury sanctionne l’examen d’un candidat soit en lui délivrant un diplôme soit en
l’ajournement l’usage.
Exemple : L’académie française sanctionne un néologisme soit en l’insérant dans le
dictionnaire soit en refusant de recommander l’emploi de ce mot.
En droit, la sanction peut revêtir des formes variées :
- Le fait de déclarer publiquement l’existence d’une infraction et la culpabilité du
délinquant constitue déjà une sanction car c’est déjà un jugement de réprobation de la
conduite d’un individu. En règle générale, les juridictions vont plus loin dans la
sanction et souvent il s’agit d’une peine. Mais la sanction peut aussi prendre la forme
d’une mesure de sûreté.
Section 1 : Différence entre peines et mesures de sûreté
La peine
La peine est un châtiment infligé au délinquant en rétribution de l’infraction qu’il a
commise. La peine remplit le rôle d’intimidation collective par l’exemplarité des châtiments.
Le philosophe FAUCONNET écrit à ce propos : «l’utilisation de la peine n’est pas
essentiellement dans l’action qu’elle exerce sur les criminels, mais dans l’action qu’elle
exerce sur la société elle-même.
Toute peine a un caractère afflictif et infamant.
* Le caractère afflictif veut dire que la peine a pour but de procurer au condamné une
souffrance qui peut être physique (châtiment corporel), morale (privation ou restriction de la
liberté d’aller & venir), ou même matérielle (privation d’argent).
* Le caractère infamant, c’est-à-dire que la peine reflète la réprobation sociale.
II. Les mesures de sûreté
Elles peuvent être définies comme des simples précautions de protection sociale
destinée à prévenir la récidive d’un délinquant ou à neutraliser son état de dangerosité. Elles
n’ont aucun but rétributif et n’ont pas de caractère afflictif et infamant, c’est-à-dire qu’elles ne
remplissent pas la fonction de souffrance ni d’humiliation à infliger au condamné. Exemple :
Dans le milieu pénitentiaire, il existe tout un cortège des contraintes afflictives :
l’incarcération, l’obligation de travail, voire dans certains pays le port d’un costume des
prisonniers. Par contre, même si les contraintes ne manquent pas au cours de l’internement
dans les institutions psychiatrique ou dans les établissements de soins et de rééducation , elles

ne sont pour le pensionnaire que des contraintes liées à la thérapie.


75
Le contenu du terme «  mesure de sureté a évolué.
- Au départ, avec l’école positiviste, qui préconisait qu’on ne peut appliquer le châtiment aux
délinquants présumés irresponsables, ces mesures étaient destinées à remplacer la peine.
Elles étaient conçues comme une neutralisation des individus dangereux. Il fallait éliminer
les individus dangereux en les bannissant soit en les soumettant à la ségrégation.
- Par la suite, une autre conception apparut au milieu du 20 e S, la mesure de sureté est devenu
le substitut de la peine quand celle-ci ne pouvait être légitimement utilisée.
- Une 3e étape a consisté à combiner la peine et les mesures de sûreté pour des délinquants
responsables pénalement en vue de prévenir leur récidive.
La différence entre mesure de sureté et peine tend à s’amenuiser ou même à s’estomper.

Section 2 : Rapprochement entre peine et mesure de sureté


Aujourd’hui presque partout, il n’existe aucune législation qui utilise exclusivement
les peines ou les mesures de sureté, on utilise les deux. Cette technique est appelée : «la
double voie». Mais l’application cumulative des peines et mesures de sureté peut dans
certaines hypothèses donner lieux à des difficultés soit lorsque l’exécution simultanée est très
difficile voire impossible et qu’il ne soit pas opportun de soumettre le délinquant à deux
traitements successifs. L’exemple classique est celui des malades mentaux partiellement
responsables. Il serait absurde de le châtier avant de le soigner tout comme il serait irréaliste
de le châtier après les sous. C’est parce que ce VIe Congrès International du droit pénal tenu,
on a émis le vœu que «les futures législations pénales s’inspirent des principes selon lesquels,
au lieu d’ajouter à la peine une mesure de sûreté distincte, et de soumettre le sujet à divers
traitements successifs, on fixerait dès le début, un traitement qui serait unitaire et adapté aux
diverses catégories d’individus». Malgré l’opposition lors de ce Congrès tout un courant
doctrinal actuel parait favorable à ce système. Ils avancent l’argument selon lequel,
l’opposition entre peine et mesure de sureté n’est que théorique.
Exemple : L’internement forcé dans un établissement de soins ou de rééducation n’a pas un
but afflictif ou infamant, mais n’empêche que par la force des choses, il a un certain caractère
afflictif ne fût-ce que par la privation de la liberté. D’ailleurs, les anciens pensionnaires des
maisons des soins sont toujours stigmatisés. C’est pourquoi certains tendent à garder le
secret.
Quand on compare les droits des différents pays, la frontière entre peine et mesure de sureté
devient floue.
Exemple : Un même acte peut être qualifié de peines dans un pays et de mesure de sureté dans
l’autre. C’est le cas de l’expulsion d’un étranger qui est une peine en droit Suisse alors qu’elle
est une mesure de sureté en droit Italien. Dans les pays développés, l’incarcération est
souvent accompagnée soit des mesures de rééducation des détenues, soit des soins médicaux.

76
Section 3 : Condition d’application des peines et des mesures de sureté

1°) L’application du principe de la légalité


Le principe de la légalité en matière de peines est formulée de la manière suivante : «  nulla
poena sine lege» (il n’y a pas de peine sans une loi). En conséquence, ce principe de la

légalité des peines s’applique aussi aux mesures de sureté car même si celles-ci sont
prescrites dans l’intérêt du délinquant, elles constituent néanmoins une atteinte à sa liberté
individuelle. Il n’appartient donc pas au juge de les inventer sous prétexte qu’elles
conviennent mieux au cas qui lui est soumis. Mais le législateur accorde aux juridictions de
larges possibilités de choix en matière de sureté
2°) La nécessité d’une infraction préalable
Dans la logique des choses, on ne peut concevoir une peine sans infraction préalable.
Cette même logique conduit à prendre des mesures de sûreté «ante delictum» dès les
premières manifestations de l’état dangereux et avant toute perpétration de l’infraction. Cette
logique compte un grand inconvénient d’atteinte aux libertés individuelles. C’est pourquoi le
législateur subordonne l’application des mesures de sureté à la constatation d’une infraction.
Mais conscient de certains états dangereux, le législateur passe parfois par des moyens
détournés en consacrant l’état dangereux lui-même en infraction alors qu’au fond c’est une
intervention ante delictum. Exemple : La conduite en état d’ivresse.
Il arrive même que le législateur applique effectivement des mesures de sureté «ante
delictum» en internant des aliénés ou des personnes dangereuses pour la sécurité publique.
3°) L’application du principe de la personnalité des sanctions
Contrairement aux législations primitives où la peine ne frappait pas seulement le
coupable mais aussi ses proches (sa famille et son clan), la vengeance privée a laissé à la
justice privée par des pratiques telles que l’abandon noxal, la composition pécuniaire.
Aujourd’hui, le droit pénal préconise la responsabilité pénale individuelle, c’est-à-dire que les
tiers ne doivent, en aucune manière supporter même indirectement le poids de la peine
infligée au coupable. Le résultat est difficile à atteindre car les éclaboussures de la répression
rejaillissent toujours sur les proches.
Exemple : La femme et les enfants d’un détenu peuvent se trouver dans une gêne matérielle
car le père est devenu incapable de leur fournir les mêmes ressources qu’avant son
incarcération.
Du point de vue moral, on ne peut supprimer le chagrin ou le déshonneur qui atteint toute la
famille. C’est pourquoi certains auteurs préconisent la possibilité de pallier à ces
inconvénients en supprimant par exemple les peines dites réelles, c’est-à-dire qui frappent la
fortune du candidat. Or, on ne peut les supprimer toutes. On peut par exemple garder
l’amende «qui a un rôle rétributif mais renoncer par exemple à la confiscation générale des
biens».

77
Le caractère individuel de la peine suppose que lorsque l’infraction a été commise par
plusieurs personnes, le juge ne pourra prononcer que la peine méritée par chacun d’eux.
C’est ainsi que l’article 260 CCC LIII dispose : on ne peut prononcer une peine contre
l’héritier du coupable condamné ni même contre le civilement responsable.
Les mesures de sureté doivent également répondre au principe de la personnalité et c’est le
cas pour la plupart même si certaines entrainent par exemple des conséquences fâcheuses sur
les tiers.
4°) La garantie de la dignité de la personne humaine lors de l’application des peines.
Aux termes de l’article 5 DUDH, il est disposé : «Nul ne peut être soumis à la torture
ou au traitement cruel, inhumain et dégradant. C’est en vertu des exigences de la dignité
humaine qu’on milite pour l’abolition des châtiments corporels dans la plupart des législations
modernes.
Heureusement que la RDC a voté enfin une loi portant criminalisation de la torture.
.
II) Conditions d’exécution des peines et des mesures de sureté

1°) Le titre d’exécution


Pour qu’une peine soit exécutée, il faut une décision judiciaire définitive. Cette exigence est
exprimée par l’adage : « nemo damnatus sine judicio » (on ne peut condamner quelqu’un sans
un jugement).
2°) L’immédiateté de l’exécution
Cette exigence se justifie par la nécessité d’assurer l’exemplarité de la répression. On
avance aussi le motif qu’il serait inhumain de retarder le châtiment dont le condamné sait
inéluctable. Mais, il peut arriver que l’application d’une condition soit retardée.
Exemple : La peine de mort le jour des fêtes naturelles ou religieuses, ou pour une femme
enceinte tant qu’elle n’a pas accouché, ou encore contre l’individu tant que son recours en
grâce n’a pas été rejeté.
3°) La continuité de l’exécution des sanctions
La doctrine considère que des peines à exécution successive telle la servitude pénale
par exemple  doivent être menés sans interruption jusqu’à leur terme normal, sinon l’efficacité
de la reproduction et l’exemplarité seraient détruites. Mais, ce principe n’est pas absolu car à
tout moment de l’emprisonnement, il faut qu’on puisse prendre en compte la situation
personnelle du délinquant.
4°) La durée des sanctions
Un des problèmes les plus débattus est celui des sentences à durée indéterminée et les
solutions sont différentes selon qu’il s’agisse de la peine ou de la mesure de sureté.
La peine, de par son caractère rétributif sert à compenser la faute commise par le délinquant
et le trouble social occasionné par l’infraction. Dans le langage populaire, c’est une dette que
doit payer le condamné. Il faut que le juge détermine avec précision le montant de cette dette,
c’est-à-dire la durée de la peine.
78
Par contre les mesures de sureté étant destinées à neutraliser l’état dangereux
s’accommode avec l’imprécision car elles doivent prendre fin avec la disparition de l’état
dangereux. Cet argent valable en théorie se voit confronter à la réalité.
- le respect de la liberté individuelle s’oppose à l’indétermination des mesures de sureté, sauf
pour des mesures de sureté extra pénales comme l’internement des aliénés.

5°) La révisibilité des sanctions


Le principe est qu’on oppose les peines aux mesures de sureté Celles-ci sont toujours
susceptibles de modifications postérieures car l’état dangereux qui l’a motivé peut s’atténuer,
s’aggraver ou charger de nature alors que la peine est immuable car elle intervient pour
rétribuer la faute antérieure au délinquant.
Mais, ce principe d’immutabilité de la peine n’est pas absolu. La peine peut être
réduite ou commuée par le fait de la grâce présidentielle ou de la libération conditionnelle.

CHAPITRE II : LES DIFFERENTS TYPES DES SANCTIONS

Section 1 : Les sanctions affectant la personne du condamné


I. La peine de mort
II. La privation de la liberté
Section 2 : Les sanctions affectant le patrimoine de condamné
I. L’amende
II. La confiscation
III. La fermeture d’établissement
Section 3 : Les sanctions affectant les droits ou la réputation du condamné
I. Privation des droits civils, civiques ou politiques
II. Privation des droits professionnels et des permissions administratives
L’Article 5 Code Pénal traite des peines applicables aux infractions.
Il s’agit :
1. de la mort ;
2. les travaux forcés ;
3. la servitude générale ;
4. l’amende ;
5. la confiscation fiscale
6. l’obligation de s’éloigner de certains lieux ou d’une certaine région ;
7. la résidence imposée dans un lieu déterminée ;
8. la mise à la disposition de la surveillance du Conseil Exécutif National.
Section I : Les sanctions affectant la personne du condamné
Sous-section 1 : La peine de mort
I. Le débat sur la peine capitale
79
Il existe un débat sur le maintien ou l’abolition de la peine de mort et les intellectuels
de tout bord (économistes, sociologues, littéraires, théologiens, …) essaient d’y apporter leur
contribution. Les partisans de la peine de mort (les rétentionistes) ou les adversaires (les
abolitionnistes) le sont toujours en fonction de leur adhésion à tel ou tel système doctrinal.
Exemple : Au début du 19e S, l’école positiviste préconisait l’extermination des criminels sauf
un de grands doctrinaires FERRI qui en avait manifesté une hostilité. Les écoles modernes de
défense sociale trouvent pour leur part que la peine capitale est incompatible avec la
resocialisation qu’elles préconisent.
Quant aux pénalistes classiques ; ils sont partagés. Certains contestent l’efficacité et
l’opportunité de la peine de mort.
Tout compte fait, la majorité des opinions est favorable à son abolition. Peut-être sont-elles
entraînées par la puissance médiatique du mouvement abolitionniste car en effet, il faut
beaucoup de courage et d’anti-conformisme pour soutenir actuellement le maintien de la
peine de mort qualifiée aujourd’hui de rétrograde, ou d’anti-humaniste. Ceux qui n’ont pas le
courage de leur opinion sont souvent réduits au mutisme.
La peine de mort, quel que soit le débat qu’elle entraîne est maintenu des plusieurs
législation dont la nôtre. Sa légitimation procède de deux courants d’idées philosophiques.
1°) La doctrine classique, pour légitimer la peine de mort s’est inspirée de la théorie de
rétribution et de l’expiation défendue par l’école de la justice absolue laquelle présente la
peine capitale des assassins comme une exigence de la morale et de la loi divine. Joseph de
MAISTRE a tenté de justifier la peine de mort par le rôle du bourreau en ces termes : «Toute
grandeur, toute puissance, toute subordination repose sur l’exécuteur : il est l’horreur et le lien
de l’association humaine. Otez du monde cet agent incompréhensible, dans l’instant même,
l’ordre fait place au chaos, les trônes s’abîment et la société disparaît».
Aujourd’hui encore, il existe les partisans de la peine capitale qui prétendent qu’elle
est le châtiment par excellence capable de rétablir l’ordre social détruit par le crime.
2°) Le deuxième courant d’idées plus modéré légitime l’usage de la peine de mort par
référence à l’utilité de la fonction sociale de la peine. Cette école à laquelle ont adhéré
beaucoup de juristes (entre autre GARRAUD), et aussi beaucoup de théologiens (de St
Augustin à St Thomas d’Aquin jusqu’à certains théologiens contemporains). L’enseignement
de l’Eglise catholique admet que la peine de mort est susceptible d’être légitimée par la
nécessité de défendre la société. Cependant, il y a plus de nuances entre les théologiens :
St Thomas d’Aquin voit dans la peine de mort la réelle nécessité de sauver la partie
saine du corps social en détruisant la partie malade. Pour lui, c’est un instrument
indispensable à la sauvegarde du bien commun.
Les théologiens actuels, regorgent quant à eux, la doctrine nuancée de St Augustin. Ils
insistent sur le devoir qui s’impose aux Etats de rechercher dans quelle mesure le recours à
cette solution ultime est en phase avec l’état actuel des mœurs & les connaissances
scientifiques.

80
II. Quid de l’utilité de la peine de mort ?
Les partisans de la peine de mort utilisent un argument massue qui est l’intimidation et
l’exemplarité. La crainte de ce châtiment arrêterait en chemin ceux qui sont tentés à
commettre des mêmes infractions.
Cet argument est rejeté par les abolitionnistes car certains criminels s’en moquent. A
titre d’exemple, devant l’échafaud, Arthur KOESTLER, dans une étude en Angleterre au
début du 19e S, a fait ces statistiques d’après lesquelles, sur 250 pendus : 170 avaient
auparavant assisté à un ou deux exécutions. Il raconte même qu’à l’époque où les voleurs à la
tire étaient punis de mort en Grande Bretagne, d’autres volaient dans la foule autour de
l’échafaud.
Aujourd’hui encore, en essayant d’étudier les traits spécifiques de la personnalité des
grands criminels, les criminologues démontrent qu’ils sont incapables d’être arrêtés par la
sanction pénale.
Et puis, de nombreux pénalistes font observer que la pratique actuelle de la peine de
mort lui prive toute valeur d’exemplarité. Les exécutions ne sont plus publiques donc
insusceptibles de frapper des imaginations. Il arrive aussi que des condamnations à mort ne
soient effectives car il y a toujours espoir d’obtenir la grâce présidentielle.
Toutes ces réflexions, certes satisfaisantes, sont susceptibles d’être détruits par des
preuves contraires. Il faudrait peut-être une étude scientifique qui puisse aider à se prononcer
sur la peine de mort d’une façon générale. Il y a eu certes des études mais qui n’ont pas
conduit à des conclusions très claires, qui puissent vraiment démontrer, d’une part qu’en
laissant la vie sauve à un criminel on épargne d’autres vies humaines. Et d’autre part, cette
étude devrait rechercher avec précision si l’abolition de la peine de mort n’est pas simplement
consécutive à une diminution de la criminalité. Cette étude devra aussi éclairer sur les raisons
qui poussent certains Etats à rétablir la peine de mort après une courte période d’abolition.
⇒ Il semble donc difficile de formuler une opinion définitive sur le maintien ou l’absence de
l’efficacité préventive de la peine de mort.
Et si on arrivait à résoudre scientifiquement cette difficulté, il restera à démontrer dans quelle
mesure une telle sanction est le seul moyen de protéger la société contre les grands criminels.
Le recours à ce procédé si radical n’est-il pas une solution paresseuse ?
Beaucoup d’abolitionnistes soutiennent que les peines perpétuelles privatives de
liberté rempliraient les mêmes fonctions mais à condition qu’elles soient effectivement
appliquées. Les tenants de la défense sociale suggèrent pour leur part que la généralisation de
la politique de resocialisation pourrait résoudre le problème.
Quelle que soit la position, on est en droit de mesurer l’opportunité d’une telle
sanction si les avantages avancés pour son maintien tournent autour de la défense de la
société.
La peine capitale comporte également des graves inconvénients car étant une sanction
irréversible, elle rend les erreurs judiciaires irréparables.

81
La peine de mort est aussi malsaine car elle engendre une compétition autour de la tête
d’un homme entre l’accusation et la défense. Ce débat aurait pu être plus serein et la
recherche de la vérité plus fructueuse si une telle motivation n’existe pas. Cette seule
considération peut amener à proscrire la peine de mort qui dépendrait des plusieurs facteurs :
l’éloquence ou la maladresse de l’avocat, l’influence de la presse, la prestation de l’accusé à
l’audience, …
De plus, à partir du moment où on reconnaît à l’Etat le droit de décider de la mort de
certains êtres humains, l’Etat et les citoyens sont naturellement portés à en abuser. C’est le cas
de la peine de mort en matière politique. Les statistiques démontrent que c’est en matière
politique qu’il y a le plus d’exécution sommaire.
⇒ Tout ceci pour dire que la suppression de la peine capitale est souhaitable. Mais, l’opinion
publique n’est pas favorable à la disparition d’un tel châtiment surtout à propos des crimes
odieux. Leur inquiétude se justifie car il faudrait que les gens soient rassurés qu’ils sont en
sécurité  et que les grands criminels ne sont pas libérés facilement après leur condamnation.
Considérée du point de vue criminologique, l’application de la peine de mort conduit à
sacrifier au nom de l’intérêt collectif un individu dont l’irrécupérabilité ne peut d’office être
démontrée. Qui sait si une personne tuée le matin n’aura pas dû s’amender ou se resocialiser
le soir ?
Heureusement qu’un moratoire contre la peine capitale a déjà été adopté dans notre pays. On
attend qu’une loi s’en suive.
II. Pratique de la peine de mort
Le mouvement abolitionniste a connu depuis des mouvements d’alternance de succès
et d’échecs.
L’Italie avait abrogé la peine capitale en 1899, l’a rétablie en 1930 par le Code Pénal
positiviste et l’a de nouveau abrogée en 1974.
Nouvelle Zélande : Suppression 1974 ;
Restauration 1950 ;
Nouvelle abolition 1961.
Russie Soviétique : Suppression 1947 et la peine a été progressivement rétablie pour
réprimer certains crimes (espionnage, corruption, meurtre aggravé, vol, …).
Angleterre : On est passé de l’abolition partielle vers une abolition totale.
Exemple : Il y a avait en 1917 la peine capitale dans 3 circonstances :
- crime commis afin de faciliter le vol ;
- crime commis avec une arme à feu ;
- crime sur les membres de la police ou de l’administration
En 1964 : → On a supprimé ces trois cas pour ne laisser la peine capitale qu’aux assassins.
En 1965 : Abolition totale.
Idem pour la Suède, la Suisse, l’Allemagne. Mais les USA maintiennent toujours la peine
capitale. Il n’y a que 10 Etats sur 50 qui l’ont aboli.

82
En France, la peine de mort a été aboli avec l’arrivée des socialistes au pouvoir/ François
Mitterrand. Cf. Affaire, Patrick HENRI.
IV. Les règles d’exécution de la peine de mort
Lorsque la législation décide de maintenir la peine de mort, il doit en déterminer le
mode d’exécution. Dans l’ancien droit français, par exemple, on ajoutait souvent des
supplices accessoires (tortures) qui aggravaient la sanction.
Exemple : Pour le parricide, le condamné devrait avoir le poing droit coupé avant d’être mis à
mort. Mais, dans un souci humanitaire, une loi de 1791 décida que la peine de mort
consisterait aujourd’hui en une simple privation de la vie.
Le mode d’exécution préconisée était la décapitation pour la guillotine (proposé par Dr
GUILLOTIN). Elle fut remplacée par la fusillade pour les crimes contre la sûreté de l’Etat,
crime de guerre. Les autres procédés étaient : la strangulation comme en Espagne, pendaison
en Angleterre, électrocution, asphyxie par le gaz ou fusillades en URSS, aux USA.
Remarque :
Certains ont affirmée que les procédés tels que la pendaison, la guillotine ou la
décapitation par la hache sont des procédés barbares et étaient très douloureux pour le
supplicié. Même les procédés modernes tels que l’électrocution, l’usage de gaz ne sont ni
plus rapides ni moins douloureux.
- Aux USA, en 1972, la Cour Suprême de l’Etat de New JERSEY avait déclaré la peine
capitale anti-constitrutionnelle. Bien avant cette déclaration d’inconstitutionnalité, 8 Etats
utilisaient la chambre à gaz, 1 Etat ; la fusillade et la plupart l’électrocution. Aujourd’hui
plusieurs Etats ont supprimé la peine de mort. Pour ceux qui l’ont maintenue, ils ont décidé
dans un but «humanitaire» comme ils le prétendent de donner la mort par une injection
intraveineuse donnée par l’équipe médicale. Cette médicalisation contraire au serment
d’Hippocrate a provoqué des protestations de l’«Amnistie Internationale» en 1980.

V. La peine capitale en droit congolais


Dans le Code Pénal Congolais, le mode d’exécution n’est pas déterminé à l’avance car
l’Article 6 dispose «le condamné à mort est exécuté suivant le mode déterminé par le
Président de la République». C’est l’article 26 Code Pénal Militaire où on préconise la mort
par les armes.
La peine capitale est prévue dans le code pénal et dans le code pénal militaire dans plusieurs
articles :
- Article 44 et 45 du code pénal → peine capitale meurtre & assassinat.
- Article 49 → pour empoisonnement.
- Article 81 bis → en cas de vol à mains armées.
- Article 182 → infraction de trahison.
- Article 185 → espionnage.
- Article 193 → attentat contre la vie et la personne du Chef de l’Etat.
- Article 200 → Attentat dont le but est de porter le massacre, la dévastation, le pillage.
83
Dans le code pénal militaire, il existe aussi plusieurs articles qui prévoient la sanction
de la peine capitale.
- Article 46 → désertion avec complot.
- Articles 47, 49, 50, 51 → désertion à l’étranger, à l’ennemi ou en présence de l’ennemi.
- Article 57 → infraction de lâcheté.
- Article 58 → infraction de capitulation ou de défaitisme.
- Article 62 → complot militaire en temps de guerre.
- Articles 128 & 129 → trahison & espionnage en temps de guerre.
- Articles 137 & 138 → port d’arme dans un mouvement d’insurrection ou son usage.
- Article 143 → suscitation des militaires appartenant aux FARDC à passer au service d’une
puissance étrangère.
- Article 157 → peine de mort pour l’auteur du terrorisme qui aura entraîné mort d’hommes.
- Article 164 → peine capitale pour l’auteur des crimes de génocide.
- Article 167 Alinéa 2 → auteur des crimes contre l’humanité.
- Article 171 → l’auteur de la mise à mort par représailles.
- Article 172 → l’emploi des prisonniers de guerre à des fins de protection contre l’ennemi en
temps de guerre ou des circonstances exceptionnels.
2°) Les modalités de la peine de mort
Dans notre droit positif, la peine de mort est exécutée soit par la pendaison soit par les
armes.
L’Article 26 du code pénal militaire préconise pour les militaires cette peine par les armes.
Le civil peut aussi passer par les armes s’il commet lui-même ou lorsqu’il a participé à la
perpétration de l’infraction prévue & punie de peine capitale par le code pénal militaire
(Article 28 CPM).
Le lieu d’exécution est choisi par l’organe de la loi. L’exécution doit se faire en sa présence
ainsi que celle du médecin ou du prêtre.
N.B. : - L’Article 27 CPM prévoit la remise de la peine capitale en ces termes : «dans tous les
cas punissables de mort, la juridiction militaire pourra prononcer la peine de servitude
principale ou une peine de servitude pénale principale, en précisant une durée minimale de
peine de servitude pénale principale, en précisant une durée minimale de sûreté
incompréhensible, c’est-à-dire le temps pendant lequel le condamné ne peut prétendre à
aucune remise».
- Pour éviter les exécutions massives, les institutions du Parquet obligent le Ministère Public
d’interjeter appel et de surseoir à exécution en attendant également qu’il soit statué sur le
recours en grâce.
- A travers ces dispositions se profile la tendance du législateur congolais vers l’abolition de
la peine de mort. Or, si elle est abolie, il faudrait une autre peine de substitution. On préconise
la SPP. Mais il faudrait la rendre efficace pour qu’elle joue effectivement la fonction de la
peine de mort. Or il existe également un courant dit «de la défense sociale» qui préconisent

84
que la peine doit avoir fonction éducative et qui elle ne peut être d’une durée telle que le
condamné perde tout espoir de rejoindre la société dès lors qu’a cessé son état dangereux.
Il faudrait tenir compte de ces deux pôles pour arriver à une sanction adéquate.
N.B. : Les femmes enceintes ne peuvent être exécutées avant la délivrance.

Sous section 2 : Les peines privatives de liberté


Dans cette catégorie des peines, la prison figure au premier plan car, c’est l’une de
plus vieilles institutions du monde ayant existé bien avant notre ère Mais les usages que les
sociétés se font des prisons sont variables : la prison peut être considérée comme un mur de
séparation entre la population paisible et les délinquants. Elle peut aussi être organisée sous
forme de géhenne, c’est-à-dire un lieu de souffrance et d’expiation visant à détourner le
délinquant de toute tentative de récidive.
La prison peut enfin être conçue dans une vision de rééducation des condamnées en
vue de leur réinsertion dans la vie normale. Si on prend l’exemple du droit français auquel on
s’inspire, l’ancien droit, c’est-à-dire antérieur à la révision française de 1789 ne considérait
pas l’«enferment» comme une peine mais une «simple mesure administrative» qu’on
appliquerait aux délinquants en instance de jugement. C’est le cachot qui était réservée aux
condamnés.
Les peines à l’époque étaient l’élimination des sujets indésirables (peine de mort, le
bannissement hors de la ville, de la province ou même de la nation). On applique aussi la
souffrance corporelle, l’humiliation publique par des signes d’infamie tel que (le blâme, le
carcan, le pilori, l’amende honorable) et enfin les punitions pécuniaires (l’aumône forcée,
amende, confiscation des biens …).
L’idée de la privation des libertés au premier rang des sanctions est venue combler le vide
créé par l’abolition progressive des supplices et surtout par le fait que la Révolution française
a exalté la liberté comme le plus grand des biens. Par conséquent, la privation de la liberté est
donc devenue la punition par excellence.
Pour la mise en œuvre des peines privatives de libertés, le Code Pénal Français de 1810 &
diverses lois pénales postérieures avaient établi des dénominations différentes, chacun
correspondant à divers types d’infractions. Il y avait : les travaux forcés, la réclusion, la
déportation dans une enceinte fortifiée, l’emprisonnement correctionnel, l’emprisonnement de
police. Ce n’est qu’au milieu du 19 e S que tous les pays ont unifié le régime disciplinaire de
différentes peines privatives de liberté.
En droit congolais, la peine de servitude pénale est réglementée par les articles 7, 8, 9, du
Code Pénale.
Il existe deux sortes de servitude pénale :
- SPP :la servitude pénale à perpétuité
- SP à temps → celle-ci peut varier d’un jour à 20 ans et ne peut jamais dépasser ce seuil
même en cas de concours matériel d’infractions. La servitude pénale peut être remplacée par
l’amende lorsqu’elle est prévue par le législateur.
85
- Il existe aussi ce qu’on appelle le sursis ou l’approbation.
C’est le régime de semi-liberté ou la mise en liberté sous conditions.

Section 2 : Sanction affectant le patrimoine du condamné


Sous section 1 : L’amende
L’amende est apparue avec la disparition de la vengeance privée et lorsqu’on a fixé en
argent le prix d’un délit. L’usage s’est donc instauré de frapper certaines catégories des
délinquants dans leur patrimoine. C’est ainsi qu’aujourd’hui la plupart des Etats recourent soit
à l’amende soit à la confiscation des biens.
La somme d’argent au titre d’amende est en principe versée au trésor public et selon la
loi elle doit être 1 F au moins. Elle est prononcée individuellement contre chacun des
condamnés en raison d’une même infraction. L’Article 37 du Code Pénale Militaire dispose
que : «le défaut d’exécution de la peine d’amende dans le délai fixé peut être remplacé par le
servitude pénale dont la durée sera fixée par le jugement de condamnation, d’après les
circonstances et le montant de l’amende infligée au condamné.
Il est nécessaire qu’on s’interroge sur les avantages et les inconvénients des amendes.
1°) Lorsque l’Etat prescrit les amendes, il en tire profit, c’est-à-dire il tire bénéfice de la
délinquance de ses sujets. Ne faudrait-il pas s’inspirer des législations allemandes & italiennes
ou les produits des amendes constituent «un fonds de garantie» des victimes des infractions
⇒ les peines patrimoines rempliraient peut être une fonction sociale au lieu de la fonction
répressive qu’elles remplissent aujourd’hui.
2°) L’amende a l’avantage de ne pas corrompre d’avantage le délinquant comme la prison,
mais sa force d’intimidation n’est pas absolue. Elle intimide moins les riches (à moins qu’elle
soit excessive) pour qu’elle soit légère et elle est lourde aux pauvres. Ce que porte atteinte au
principe de l’«égalité» de tous devant la loi.
3°) L’amende porte également atteinte aux principes de la personnalité des peines car en
frappant le délinquant, elle frappe aussi certains qui vivent de son patrimoine. C’est pourquoi
certains pays comme la France, la Suède ont institué le système des «jours amendes», c’est-à-
dire que le juge condamne les délinquants à des amendes dont le montant est proportionnel à
ses revenus quotidien et à ses charges.
Types d’amendes
Il en existe plusieurs :
- Les amendes pénales : sont des peines, soumises à toutes les règles du droit pénal : principe
de légalité, la prescription, l’amnistie, la grâce, …. Elles sont prévues soit à titre de peine
principale, soit comme peine complémentaire.
- Les amendes disciplinaires : qui sanctionnent certaines fautes commises dans l’exercice
d’une profession. Elles échappent aux règles de droit pénal et de procédure pénale & sont
prononcées par les juridictions disciplinaires.
- Les amendes fiscales sanctionnent des fraudes fiscales ou des infractions commises en
matière de pêche, d’eaux et des forêts.
86
Sous-Section 2 : La confiscation
I. La confiscation générale
Est une peine excessive qui frappe aussi bien le condamné que la famille. Elle consiste
à attribuer à l’Etat l’intégralité des biens appartenant au délinquant.
Au cours de l’histoire, plusieurs raisons étaient avancées pour justifier cette sanction.
Souvent prescrite en cas de crime de lèse-majesté. On supposait que des châtiments corporels
pour des tels délinquants, sont courageux au point de braver la mort étaient inefficaces. Seule
la perspective de laisser leur famille dans la misère pouvant constituer une sanction
dissuasive. Par la suite, la confiscation générale était aussi une façon d’empêcher certains
délinquants politiques réfugiés à l’étranger de jouir paisiblement de leurs biens.
Elle était prévue à l’Article 2 de la loi n° 73-017 du 5 janvier 1973 contre les auteurs de la
concussion, du détournement ou de la corruption. Mais cette loi a été abrogée.
II. La confiscation spéciale
L’Article 14 Code Pénale prévoit deux cas d’application de la peine de confiscation
spéciale. Le législateur prévoit la confiscation au profit de l’Etat comme une peine accessoire
ou une peine complémentaire. Cette confiscation peut porter soit sur les choses, objet de
l’infraction.
Exemple : Sommes remises aux fonctionnaires soit sur les instruments du délit.
Exemple : Véhicules utilisés pour la commission de l’infraction, soit sur les choses produites
par l’infraction.
Exemple : Gibier capturé de façon illicite.

Section 3 : Les peines affectant les droits ou la réputation du condamné


L’idée de priver les délinquants de la jouissance ou de l’exercice des certains droits
remonte à l’antiquité.
1°) La privation des droits était la conséquence logique de la ségrégation sociale des certains
condamnés, c’est-à-dire placé au ban de la société, le condamné à une peine perpétuelle était
également privé des liens juridiques avec la société. C’est ainsi qu’a été mise au point « la
mort civile» dans le code pénale français de 1810. Les condamnés à des peines perpétuelles
étaient réputés juridiquement morts. Leur sanction était ouverte, leur mariage était dissout et
ils ne pouvaient plus se remarier. Ils ne pouvaient non plus disposer entre vifs ou par
testament des produits de leur travail.
Cette peine a été supprimée en 1854 parce qu’étant inhumaine. Ensuite parce que de
plus en plus l’idée des peines d’élimination déclinaient et surtout à cause de l’embarras dans
lequel on se trouvait lorsqu’un condamné perpétuel bénéficiait d’une grâce ou de l’amnistie
ou lorsqu’un condamné perpétuel se trouvait transformer par le fait de réduction de la peine
en condamnation temporaire.

87
2°) Par la suite, la peine privative des droits est devenue une technique répressive et en même
temps l’expression de l’indignité morale du condamné, c’est-à-dire son forfait est si grave
qu’il le rend indigne de capacité juridique.
3°) Enfin, sous l’influence des idées pluralistes & de la criminologie contemporaine, il a paru
essentiel à la défense sociale de priver certains délinquants des droits dont le mauvais usage
facilitent l’infraction.
Exemple : Interdiction de la profession de banquier pour un escroc.
I. Privation des droits civils, civiques et politiques
A. Les incapacités civiles
Les Articles 72, 102, 106 de la Constitution posent la jouissance des droits civils &
politiques comme des conditions pour poser sa candidature. La privation de ces droits est une
peine accessoire consistant en une simple incapacité d’exercice. Le condamné conserve sa
capacité de jouissance. La personne ne peut lui-même gérer ses biens. Un tuteur est nommé.
Pendant la durée de sa peine : «il ne peut recevoir aucune somme, aucune provision de ses
revenus (Article 31 Code Pénal). On voulait par là empêcher que le condamné ne dispose de
sa fortune pour s’évader. Cependant, il peut accomplir des actes juridiques à caractère
personnel si ces facultés mentales ne sont pas mises en cause par la mesure dont il est l’objet.
Exemple : il peut valablement conclure un mariage, faire une adoption ou même reconnaitre
un enfant. Il lui est même reconnu de poser des actes juridiques patrimoniaux qui ne
produiront leur effet qu’après l’expiration de la peine.
B. Les incapacités civiques et politiques
C’est une peine afflictive et qui en même temps a pour but de protection sociale. Le
législateur veut imposer une souffrance à certains délinquants en les écartant de la vie
politique de la Nation. Dans le cadre de la protection sociale, ont veut assainir la vie politique
en y écartant des personnes jugées indignes d’un jouir un certain rôle.
II. Privation des droits professionnels
L’interdiction d’exercer une profession a souvent pour but de préserver la récidive.
On écarte le délinquant de la profession qui peut favoriser la commission de l’infraction.
Cette interdiction constitue une mesure de sûreté.
III. La publication de la condamnation
Il existe une différence entre la publicité et la publication des condamnations.
Concernant la publicité, on doit dire que tous les jugements sont en principe rendus en
audience publique. Car même s’il y a des affaires où les débats se font à huis clos, les tiers
présents dans la salle peuvent entendre la lecture du jugement ou de l’arrêt.
Mais comme beaucoup des condamnations passent inaperçues, on peut prévoir qu’elle soit
rendue publiques par voie d’affichage ou d’insertion dans la presse. La publication devient
donc une sanction complémentaire qui s’ajoute à la sanction principale.
Section 4 : Les garanties d’exécution des sanctions
Ces garanties revêtent importance capitale car il ne suffit pas de condamner le
coupable pour que justice soit faite, il faut que les sanctions prononcées soient effectivement
88
exécutées. Comme les condamnations ne sont pas exécutées spontanément, le législateur a
prévu les moyens cœrcitifs.
Exemple 1 : Pour être sûr qu’un condamné n’échappe à une peine privative de liberté avant sa
condamnation, on le place en détention provisoire.
Exemple 2 : Le législateur a aussi érigé en infraction l’évasion des détenus, la négligence des
gardiens ainsi que la connivence des gardiens ou des tiers à l’évasion.
Exemple 3 : La contrainte par corps (supprimée dans la Constitution de la transition), elle
consistait à emprisonner le débiteur pour l’obliger à payer sa dette. Supprimée en matière
civile et commerciale, elle n’existe plus qu’en matière pénale. Elle suppose une condamnation
préalable et le non payement des condamnations à des peines pécuniaires tes que les amendes
pénales, les confiscations, les frais et dépens…
Exemple 4 : Les astreintes
Est une menace à l’encontre de la partie qui ne veut pas se soumettre à une décision
judiciaire. Cette personne sera condamnée à payer un montant déterminé par le tribunal par
jour, semaine ou mois de retard. Cette somme sera versée à la partie adverse.

CHAPITRE III : LES REGLES D’INDIVIDUALISATION DES PEINES


Section I : Les excuses légales
Le code pénal congolais est muet quant à l’excuse légale. On en fait mention dans
l’Article 78 Code pénal belge qui dispose : « ni le crime ou délit ne peut être excusé si ce
n’est dans le cas déterminé par la loi».
D’après la doctrine, l’excuse est un fait, une circonstance définie par la loi qui laisse subsister
l’infraction mais qui a pour conséquence soit la diminution soit l’exécution de la peine.
Il existe deux types d’excuses :
- les excuses absolutoires ou péremptoires sont celles qui impliquent l’exemption des peines.
Elles sont aussi appelées : exemption spéciales de répression.
- les excuses atténuantes , qui lorsqu’elles sont retenues atténuent seulement la peine. Elles
sont appelées aussi les causes d’excuses.

I. Les caractéristiques de l’excuse


Elles sont au nombre de 4 :
1°) L’excuse est légale
De par le principe de la légalité, on ne peut pas proposer une excuse qui ne soit pas
contenu dans un texte de loi.
Exemple : L’excuse absolutoire ou péremptoire en cas de vol entre époux.
2°) Elle est obligatoire
Cette obligation est imposée au juge par le principe de légalité même si moralement le
juge hésite à appliquer l’excuse. C’est le cas par exemple de la dénonciation prévue à l’article
218 «sera exempté de la peine encourue celui qui, avant toute exécution ou tentative d’une
89
infraction contre la sûreté de l’Etat, en donnera le premier, connaissance aux autorités
administratives ou judiciaire.
L’exemption de la peine sera seulement facultative si la dénonciation intervient après
la consommation ou la tentative mais avant l’ouverture des poursuites. Le délinquant se
trouve excuser si les conditions posées par la loi se trouvent réunies même si la dénonciation
a été faite suite à un motif ignoble tel que la vengeance, la cupidité.
Exemple 2 : Article 164 Code Pénal : « seront punis d’une peine de 6 mois à 2 ans de
servitude pénale, ceux qui auront recelé ou fait receler des personnes qu’ils savaient être
poursuivies ou condamnées du chef d’une infraction que la loi punit de mort, des travaux ou
de 5 ans au moins de servitude pénale. Sont exemptés de la présente disposition : les
ascendants ou descendants, époux ou épouse même divorcés, frères et sœurs des détenus
évadés ou leurs alliés au même degré.
3°) L’excuse laisse persister le caractère délictuel. A ce titre, elle se rapproche des
circonstances atténuantes.
4°) L’excuse diminue ou exempte de la peine.

III. Les types d’excuse


A) Excuses absolutoires
Il en existe plusieurs dont les 3 suivantes : la parenté ou l’alliance, la dénonciation et
la soumission
1) La parenté ou l’alliance
Article 164 Code Pénal cité ci-haut. Article 54 Alinéa 2 Code Pénal Militaire.
L’infraction consiste en l’aide apporté par les « parents » pour empêcher l’œuvre de la justice.
Ceux-ci peuvent cacher juste leur fils et non toute la bande criminelle dont il fait partie.
2) La dénonciation
Article 218 Code Pénal cité plus haut. Article 184 Code Pénal Militaire : «Aucune
poursuite n’aura lieu contre ceux qui auront tenté de provoquer ou faciliter une évasion si,
avant que celle-ci ait été réalisée, ils ont donné connaissance du projet aux autorités
administratives ou judiciaires et leur en ont révélé les auteurs».
Article 150 : Code Pénal

La dénonciation est une cause d’excuse pour plusieurs infractions : étant un fait
postérieur à l’infraction, elle ne peut être excusée que lorsqu’elle est faite à temps et dans des
conditions prévues par la loi, c’est-à-dire avant toutes poursuites. Si elle est faite pendant
l’instruction préjuridictionnelle, elle devient un aveu. Elle doit être faite devant l’autorité
judiciaire ou administrative.
Elle doit être complète, c’est-à-dire on doit dénoncer les faits en entier.
3) La soumission
Article 205 Code Pénal
90
La participation à une bande séditieuse ou un attroupement des rebelles exige pour
bénéficier de l’excuse qu’on se soumette volontairement et immédiatement au premier
avertissement. Si l’intervention de la force publique a été nécessaire, il n’y a plus de
soumission mais de domination ⇒ pas d’excuses.
Seront également excusés les participants qui n’ont ni commandement, ni fonction, ni un
emploi particulier dans la bande.
B) Les excuses atténuantes ou causes d’excuses
Sont celles qui font atténuer la peine sans faire disparaître la responsabilité pénale. A
la différence des circonstances atténuantes qui sont facultatives & judiciaires, les excuses
atténuantes sont légales et obligatoires.
Les caractères des excuses atténuantes
1) Elles peuvent être générales. Ex. : La minorité est la seule cause d’excuse générale.
2) Elles peuvent être spécifiques, c’est-à-dire que la cause d’excuse se rapporte soit une
infraction soit un groupe d’infractions bien déterminées. Ex. : L’excuse de provocation n’est
valable pour les crimes de sang
2) Elles ont un caractère personnel, c’est-à-dire qu’elle porte sur la diminution de la
responsabilité de l’agent ou d’un agent parmi plusieurs.
Il existe plusieurs causes d’excuses :
a) La provocation
C’est un fait qui a suscité chez un individu un sentiment de colère ou de crainte et qui
l’a poussé à commettre une infraction par réaction contre ces faits. Le législateur accorde à
l’auteur de l’infraction une cause d’excuse car il lui reconnait une faiblesse humaine.
La provocation est spéciale au crime de sang. La cause d’excuse de provocation est
personnelle, c’est-à-dire qu’elle est liée à l’état psychologique d’un agent et ne peut servir
d’excuse à d’autres participants.
La provocation doit être constituée : des violences.
- Des violences physiques ou corporelles graves pour que la colère à la base de l’infraction
soit fondée. L’intensité de la violence sera appréciée objectivement par le juge. Les violences
doivent être illégitimes et exercées contre les personnes et pas contre les animaux ou les
objets.
Remarque : La provocation peut être admise en matière d’injures. A ce moment, elle devient
une circonstance atténuante.
b) La violation du domicile :
La violation nocturne du domicile
La violation nocturne du domicile crée une présomption de la légitime défense
Du fait que la violation du domicile entraîne une crainte, si la légitime défense n’a pas
été retenue, elle devient par ce fait une cause d’excuse de provocation pour coups et blessures
causés en voulant repousser l’intrus.
c) Le flagrant délit d’adultère :

91
Le législateur excuse la colère du conjoint qui n’a plus la liberté d’esprit ni le
sang froid nécessaire pour résister à l’offense qui lui est causée. Cette excuse est accordée à la
femme ou au mari même quand ils sont séparés de corps. L’excuse est même possible à
l’endroit d’un époux infidèle qui vient d’être provoqué par le flagrant délit de l’autre conjoint.
Pour bénéficier de l’excuse, l’infraction doit être commise au même moment que les
faits provocateurs.

Section II : Les circonstances atténuantes


L’institution des circonstances atténuantes procède de l’organisation rigide des peines.
Au 19e S, il a été institué un système des peines fixes pour lutter contre l’arbitraire du juge.
Exemple : Tous les auteurs du vol par exemple étaient punis d’une même peine de prison dont
le taux était fixé de façon invariable par la loi.
Par la suite, ce système rigide a été abandonné pour être remplacé par des peines plus souples
laissant au juge l’opportunité de choisir entre les limites maxima et minima le quantum de la
peine, susceptible d’être appliquée à chaque délinquant. Le juge est lié par les textes
incriminateurs et ne peut sortir des limites légales au risque d’aggraver la peine. Il ne peut non
plus, pour des raisons d’équité ou pour satisfaire à un sentiment quelconque de justice,
appliquer des peines autres que celles prévues par la loi.
Les circonstances atténuantes apparaissent donc comme étant celles qui ont influencé la
perpétration de l’infraction. Elles relèvent de l’appréciation discrétionnaire du juge. Le juge
reçoit ce pouvoir de la loi mais la loi elle-même n’énumère ni définit ce qu’elle entend par
circonstances atténuantes.
D’après l’article 18 Code Pénal : «s’il existe des circonstances atténuantes, la peine de mort
pourra être remplacée par la servitude pénale principale et par une servitude pénale dont le
juge déterminera la durée. Les peines de servitude pénale & d’amende pourront être réduites
dans la mesure déterminée par le juge».
Le juge va donc apprécier les éléments de fait d’une façon absolue afin de relever des
circonstances atténuantes ou concomitantes ayant une relation causale avec l’infraction.
Exemple : le jeune âge (18-21 ans) du délinquant. Sa psychopathie (et pas la démence qui est
une cause de non imputabilité). Le juge peut même aussi tenir compte des faits postérieurs à
l’infraction et déterminer que le délinquant n’est pas foncièrement perverti même si la faute
commise soit répréhensible. Ex.1 : Le repentir actif après un vol par exemple.
Ex.2 : Moyens utilisés pour commettre l’infraction sont inefficaces.
Ex. 3 : L’administration d’une faible quantité de poison.
Ex. 4 : Le peu de dommage ou de gravité du trouble social.
Aujourd’hui, les circonstances atténuantes se trouvent de plus en plus appliquées avec
la doctrine de la défense sociale nouvelle qui préconise la sanction non pas seulement en
considération du passé du délinquant mais aussi en rapport avec son avenir. Le problème est

92
que les juges ont parfois tendance à en abuser en appliquant des peines trop courtes qui ne
sauraient ni intimider ni conduire à la rééducation du délinquant.
Dans notre droit positif, le juge peut descendre jusqu'à un jour de servitude pénale sans pour
autant condamner à moins de 24 h. Mais il n’est pas obligé de prononcer une peine inférieure
au minimum légal. Il peut parfaitement nager entre le minimum et le maximum.
Les circonstances atténuantes sont donc un des instruments de la politique criminelle
d’individualisation de la peine. Elles permettent aussi à l’opinion collective de faire évoluer
la justice selon les exigences changeantes.
- Elles ont 3 caractéristiques :
* Elles sont facultatives, c’est-à-dire que le juge soit libre de les retenir.
* Elles sont personnelles, c’est-à-dire même si elles sont tirées des faits, le juge peut les
appliquer à certains agents & pas à d’autres.
* Elles sont judiciaires, c’est-à-dire que la loi ne les énumère pas. Le juge est la seule autorité
compétente pour les déterminer et les retenir.

Section III : Les règles d’aggravation de la peine

I. Les circonstances aggravantes


L’aggravation d’une peine ne peut être que l’œuvre de la loi. Elle est donc
nécessairement abstraite, c’est-à-dire que le législateur prévoit d’avance la liste des
événements qui lui apparaissaient être de nature à accentuer la responsabilité et décide dans
quelle mesure la peine normale doit être aggravée par le juge.
Les circonstances aggravantes tiennent soit :
- à la matérialité des faits : elles sont qualifiées de réelles ;
- soit à la personne de l’agent : elles sont dites personnelles.
A) Les circonstances aggravantes réelles
Consistent dans le fait que le législateur attache une gravité particulière à la structure
matérielle de l’infraction. Cela peut être :
- les circonstances tenant aux modalités de l’infraction : c’est le cas de l’article 81 Code Pénal
ayant trait au vol, sont aggravantes les circonstances de violence, d’escalade, d’effraction, de
réunion, d’utilisation de fausses clés,
- circonstances tenant au lieu de l’infraction (maison habitée)
- ou encore les circonstances tenant au moment de la commission de l’infraction (exemple vol
commis pendant la nuit).
B) Circonstances aggravantes personnelles
Sont celles fondées :
- sur la nature des relations qui unissaient l’agent à la victime.
Exemple : le parricide. Devient la circonstance aggravante du meurtre.
- sur les qualités particulières de la fonction qu’exerce l’agent.

93
Exemple : vol commis par un fonctionnaire est qualifié du détournement. ( article 81 Alinéa 3
du code pénal).
- la psychologie du délinquant. Ex.1 : la préméditation modifie la qualification de l’homicide
volontaire qui devient assassinat. Articles 44-45.
Ex.2 : Article 46 Code Pénal : « quiconque a volontairement fait des blessures ou donné des
coups est puni d’une peine de servitude pénale de 8 jours à 6 mois et d’une amende ou d’une
de ces peines seulement. En cas de préméditation, l’Article 47 CP dispose : le coupable sera
condamné à une peine de servitude pénale d’un mois à deux ans et à une amende de 50 à
500Fc.
C) Les circonstances aggravantes liées au résultat
Elles sont tirées de la gravité de l’acte et même du résultat de l’infraction. Ex. : l’article 47
du CP dispose : «  si les coups et blessures volontaires ont causé une incapacité de travail
personnel ou s’il en est résulté la perte ou l’usage absolu d’un organe ou une mutilation
grave, les peines sont une servitude pénale de 2 ans à 5 ans et une amende qui ne pourra
excéder 1000FC
Ex. 2 : l’article 48 CP : « lorsque les coups et blessures faites volontairement mais sans
l’intention de donner la mort l’ont pourtant causée, le coupable sera puni d’une servitude
pénale de 5 ans à 20 ans et d’une amende qui ne pourra excéder 2000FC.

II. La récidive cause d’aggravation de la peine


La commission de plusieurs infractions successives par un même délinquant peut
engendrer un certain nombre de situations pénales différentes les unes des autres. Il s’agit :
du concours réel des infractions, de la réitération, de la récidive proprement dite et du
concours réel de l’infraction

A) Le concours réel des infractions


C’est lorsque plusieurs infractions ont été commises à des intervalles différents de
durée indifférenciée mais n’ont pas été séparées les une des autres par un jugement de
condamnation définitif.
Exemple : L’agent a commis successivement le vol, l’attentat à la pudeur, l’escroquerie et
aucun jugement n’est intervenu pour sanctionner l’une de ces infractions avant la commission
de l’autre.
⇒ L’auteur de ces infractions ne subira qu’une seule peine, celle qui frappe l’infraction la
plus sévèrement réprimée par la loi.
B) La réitération d’infraction
C’est la commission de l’infraction après un jugement définitif d’une infraction
antérieure mais pas dans les conditions qui correspondent à la récidive telle que définie (par la
loi). On peut parler d’une récidive de fait. Mais comme il n’y a pas de récidive légale, la
peine ne sera pas aggravée. Mais la condamnation antérieure est susceptible de l’empêcher de
bénéficier du sursis.
94
C) La récidive proprement dite
La récidive constitue aujourd’hui avec la délinquance juvénile deux des plus grands
problèmes de la criminalité.
Pour ce qui de la délinquance juvénile, le souci du législateur est de mettre sur pied un
système thérapeutique susceptible d’empêcher les jeunes à devenir des véritables criminels,
c’est-à-dire des récidivistes.
Il ne faut pas confondre la délinquance juvénile avec la délinquance primaire.
La délinquance primaire c’est le premier forfait infractionnel d’un jeune ou d’un adulte.
La récidive n’est pas incluse ni définie dans le Code Pénal Congolais. Ce qui constitue
une lacune grave car on ne peut laisser au juge le soin de sanctionner les récidivistes. On y fait
seulement allusion à l’Article 23 Code Pénal Militaire de 2002.comme le législateur congolais
n’a pas consacré la récidive, la jurisprudence la définit comme étant : «la rechute dans
l’infraction par un individu ayant un antécédent judiciaire.
Elle suppose une condamnation antérieure. C’est qu’on appelle «le premier terme» de la
récidive et implique aussi une rechute, c’est-à-dire une infraction postérieure : c’est qu’on
appelle = le deuxième terme de la récidive.

- Le premier terme de la récidive


Pour revenir aux notions voisines, disons que la récidive nécessite une condamnation
antérieure qui doit présenter certains caractères.
- Cette condamnation doit être pénale et non une mesure de sûreté qui ne peut être considéré
comme un antécédent pour un récidiviste. Ex. : Mesure de rééducation pour les enfants.
- Cette condamnation pénale doit être définitive au jour où la 2e infraction est commise.
Sinon, il n’y a pas récidive mais il y a un concours réel d’infraction. Cela se justifie par le fait
que tant qu’une condamnation n’est pas devenue définitive, il y a toujours espoir d’être
acquitté.
- Cette condamnation doit émaner d’une juridiction nationale. C’est la conséquence même du
principe de la territorialité de la loi pénale.
- La condition pénale antérieure ne peut constituer le premier terme de la récidive que si elle
figure encore au casier judiciaire au moment où la deuxième infraction est commise.
Ainsi donc : l’amnistie, la réhabilitation ayant pour effet d’effacer la condamnation ; ces
infractions ne peuvent être évoquées à l’encontre du récidiviste.
- Le 2e terme de la récidive
Ici, il ne s’agit pas d’une condamnation, mais d’une infraction commise
postérieurement. C’est donc cette infraction qui va aggraver la peine.
Le problème se pose par rapport au délai à prendre en compte entre les infractions en
cas de récidive. Dans ce cas, il existe plusieurs solutions :
* d’une façon unanime, on a toujours considéré que la nouvelle infraction ne constitue une
récidive que si elle est juridiquement indépendante de la première, c’est-à-dire qu’elle ne doit

95
pas être la conséquence de la première condition. C’est le cas par exemple de l’évasion ; des
infractions relatives à l’interdiction de séjour telles que le retour dans les frontières.
Des telles infractions ne sont commises que pour échapper aux conséquences de la
première condition. Elles ne constituent donc pas la récidive.
* Une question demeure : la deuxième infraction doit-elle être identique à la première pour
constituer la récidive ? Exemple : du vol à vol, des coups et blessures volontaires à coups à
blessures volontaires ? Dans ce cas on parle de la récidive spéciale  lorsqu’on considère que
la deuxième infraction puisse être identique à la première.
Mais il y a aussi des cas de la récidive générale où l’aggravation de la peine est
infligée quel que soit la nature des infractions successive. Ex du vol à coups et blessures
volontaires.
De toutes les façons, les deux systèmes sont utilisés.
* Quant au délai dans lequel doit intervenir la rechute, certains systèmes juridiques ne
tiennent pas compte de l’intervalle de temps qui a séparé les deux infractions. Dans ce cas, on
parle de la récidive perpétuelle, c’est-à-dire dès qu’un individu a déjà été conditionné, il se
trouve perpétuellement exposé à tomber dans l’état de récidive dès lors qu’il commet une
deuxième infraction.
En revanche, il existe des systèmes juridiques où le législateur exige pour aggraver les peines
que la nouvelle infraction soit commise dans un délai très court.
Exemple : Il y a récidive si l’infraction nouvelle est commise dans un délai de 5 ans maximum
qui suivent la première condition définitive et qu’au-delà il n’y a pas rechute, c’est ce qu’on
appelle la récidive temporaire.
Remarques
Il ne faut pas confondre la récidive et les circonstances aggravantes. Ces dernières
tiennent à la modalité de l’infraction alors que la récidive touche à la personnalité du
délinquant.
Exemple : Un voleur condamné précédemment récidive. Mais si le même voleur quitte du vol
simple pour perpétrer un nouveau vol cette foi-ci à main armée ou avec effraction, il commet
le vol avec circonstance aggravante.
Dans cet exemple, on trouve la récidive et la circonstance aggravante.
En matière de circonstance aggravante, l’aggravation de la peine est inhérente à l’infraction et
elle est obligatoire parce qu’elle altère dans le sens de l’amplification la nature même de
l’infraction.
Par contre, même si la récidive commande dans son essence même l’aggravation de la peine
et elle est sans influence sur la nature de l’infraction.
D) Concours idéal des infractions ou concours d’incrimination
Il s’agit du cas où par un seul acte, un individu se rend coupable de plusieurs
infractions.
Exemple : En roulant très vite et de mauvais côté, un chauffard écrase un piéton. Il est donc
auteur de trois infractions :
96
- violation du code de la route ;
- excès de vitesse ;
- homicide involontaire.
Le concours idéal suppose donc un acte unique.
S’il y a plusieurs faits : on parlera des circonstances réelles ou concours des faits
pénaux ou concours matériels des infractions.
Dans le cadre du concours matériel, le juge qui se trouve en face devra faire la
sommation des peines de toutes les infractions qui rentrent dans ledit concours.
Quant au concours idéal, le juge va tenir compte de chaque circonstance tant
aggravante qu’atténuante, des causes d’excuses, donc de toutes les peines pour pouvoir retenir
la peine la plus sévère.

Chapitre XI : Combinaison des règles d’aggravation & des règles d’atténuation des peines
Il peut arriver que la détermination de la sanction judiciaire se complique en raison
soit :
- de la multiplicité des circonstances aggravantes ;
- du concours des circonstances aggravantes et circonstances atténuantes.
Section 1 : Le concours des circonstances aggravantes
Les hypothèses les plus fréquentes sont le cumul de la récidive avec d’autres
circonstances aggravante personnelles et réelles.
* Dans le cas du concours de la récidive avec une circonstance aggravante réelle, le juge va
commencer par tenir compte de ces circonstances pour avoir la base d’une peine initiale à
partir de laquelle il va appliquer l’aggravation qui résulte de la récidive.
Cette façon de procéder tient du fait que les circonstances aggravantes réelles
modifient la nature de l’infraction et modifient les bases objectives de la répression.
* Dans le cas du concours de la récidive avec une circonstance aggravante personnelle, on
commence par aggraver l’infraction sur la base personnelle et on ajoute alors à l’aggravation
due à la récidive.
II. Le concours des circonstances aggravantes & des causes d’atténuation de la peine
Il n’existe aucune incompatibilité légale entre circonstance aggravante et les causes
d’atténuation des peines. Elles peuvent être combinées lorsqu’elles coexistent dans une même
affaire. Mais comme elles agissent en sens contraire, on doit déterminer l’ordre à suivre par
le juge. C’est surtout en matière de récidive que ce problème se pose.
Exemple : S’il existe une circonstance aggravante - une excuse légale - récidive.
On va d’abord aggraver la peine en fonction des circonstances aggravantes réelles
parce qu’elles font augmenter la peine d’une façon objective. Puis on abaisse la peine obtenue
sur base de l’excuse atténuante et enfin on applique l’aggravation due à la récidive du
délinquant.
Mais lorsque l’excuse atténuante est l’excuse de minorité, les tribunaux commencent par
aggraver la peine en fonction de la récidive et la réduise en fonction de la minorité. Cela se
97
justifie par le fait que lorsque le législateur a établi l’excuse de minorité, il a voulu atténuer la
peine par rapport à celle que peut subir un majeur. Il faut que la peine encourue par les
majeurs, en l’espèce en cas de récidive soit d’abord aggravée. Ce n’est qu’ensuite qu’on peut
l’atténuer en tenant compte de la minorité. En pratique, la jurisprudence confortée par la
doctrine estime qu’il faut d’abord aggraver la peine en fonction de la récidive car les
circonstances atténuantes étant judiciaires, elles vont jouer le rôle de correctif de la peine
fixée par la loi.
Section 3 : La règle de non-cumul des peines
Cette règle trouve son application dans le concours réel d’infraction où l’auteur a
commis plusieurs infractions distinctes et non séparées les une des autres par une
condamnation définitive et dans ce sens, un tel agent se distingue d’un délinquant occasionnel
et aussi d’un récidiviste. Sa singularité exige qu’il soit traité plus durement qu’un délinquant
occasionnel et moins durement qu’un récidiviste.
Mais les procédés utilisés pour arriver à ce but diffèrent d’un pays à l’autre.
Dans les pays anglo-saxons ou en Italie par exemple, l’auteur des infractions multiples
est apparenté au récidiviste. Tantôt, on peut le condamner à exécuter toutes les peines
afférentes à chaque infraction commise. C’est qu’on appelle = le cumul véritable des peines.
Tantôt, on va le condamner à exécuter la plus forte peine encourue pour l’infraction la plus
grave et cette peine sera encore aggravée en fonction du nombre et de la gravité des autres
infractions : c’est ce qu’on appelle : le cumul juridique des peines.
Dans d’autres pays, on est moins sévère et on assimile les multiples infractions à
l’infraction unique et le délinquant va donc exécuter une seule peine, la plus forte mais
chacune des autres infractions commises sera constatée par le juge et devront figurer dans le
casier judiciaire du délinquant et pourront entraîner certaines conséquences sur les
condamnations futures.
I. Le non-cumul des peines
Cette solution a donné lieu à diverses interprétations doctrinales :
- Au début du 19e S : certains auteurs ont enseigné que la réitération des infractions par
un même individu avait la vertu d’un vaccin qui neutralise la virulence des faits moins
graves, c’est-à-dire que les faits moins graves étaient absorbés dans l’infraction plus
grave de telle sorte qu’ils ne doivent plus produire des conséquences pénales. Pour
appuyer leur thèse, ils disaient que si la justice avait été en mesure d’arrêter le
délinquant au premier forfait, il n’aurait pas commis d’autres infractions. Cette
doctrine n’a pas eu une grande influence car dès qu’on est arrivé au milieu du 19 e S, la
jurisprudence a adopté une attitude opposée en préconisant que la règle de non-cumul
n’a qu’une conséquence : que seule la peine la plus forte puisse être exécutée par le
délinquant. Mais chacune des infractions doit garder son caractère délictueux et reste
pour l’avenir imputable à l’auteur. C’est ce qu’on appelle le principe de l’autonomie
pénale des infractions moins graves.

98
- En conséquence, les peines encourues par le délinquant pour les infractions moins
graves sont susceptibles d’être exécutées si la peine la plus forte bénéficie d’une
mesure de suspension ou d’extinction prise en considération de l’infraction la plus
grave. C’est ce qu’on appelle = le principe d’autonomie des peines plus faibles.
Ces deux principes précisent donc la portée de la règle de non-cumul des peines.
D’après celle-ci, l’auteur des infractions multiples n’exécute qu’une seul peine parce qu’il est
moins coupable qu’un récidiviste. Mais il reste toujours l’auteur de plusieurs infractions de
telle sorte que chacune d’elle est susceptible d’entrainer certaines conséquences pénales après
la condamnation.
Cette règle facile de premier abord pose des difficultés quant à sa mise en œuvre. Selon que
les différentes infractions sont jugées en mêmes temps ou qu’elles sont découvertes les unes
après les autres et jugées en plusieurs fois par des décisions des justices distinctes.
A) L’incidence de la règle de non-cumul sur les peines principales
Définition
La règle de non-cumul, limitée à l’exécution des peines encourues par le délinquant
pose le problème au juge quant à la détermination de la peine principale la plus forte ; la seule
qui sera exécutée & la prononciation des peines principale plus faibles.
La peine la plus forte se détermine in abstracto, c’est-à-dire que le juge, après avoir
comparé les textes violés par les différentes infractions doit appliquer le texte qui prévoit la
peine la plus élevée soit :
- par sa nature. Ex. : servitudes pénales principales et servitudes pénales subsidiaires
- par sa durée maximum. Ex. : Servitudes pénales à perpétuité ou à temps
- par son taux maximum. Ex. : Servitude pénale de 5 ans ou Servitude Pénale de 6 mois.
Seule donc la peine la plus forte sera prononcée et pas les peines les plus faibles
encourues pour les autres infractions.
Cette règle vaut en cas de jugement unique et non lorsque les infractions font l’objet des
poursuites distinctes et des jugements successifs. Dans ce cas, la jurisprudence autorise la
prononciation de toutes les peines. Cela est d’autant nécessaire surtout dans le cas où
l’infraction découverte est punie des peines plus fortes que la précédente.
B) Incidence de la règle de non-cumul sur les peines accessoires et complémentaires
Les peines principales sont celles qui sont imposées par le législateur et que le juge ne
peut pas se dispenser de prononcer lorsqu’il déclare le prévenu coupable à moins qu’il
retienne en sa faveur un excuse légale absolutoire. Il s’agit de la peine de mort, les travaux
forcés, la peine de servitude pénale et d’amende.
Les peines complémentaires sont celles qui sont prononcées en plus des peines principales.
Elles peuvent revêtir deux caractères : certaines sont obligatoires & d’autres facultatives.
Les peines complémentaires sont obligatoires lorsque la loi impose au juge de les
prononcer.
Elles sont facultatives lorsque le législateur donne seulement la faculté au juge de les
prononcer. Il peut dans ce cas prononcer seulement la peine principale. Mais même dans le
99
cas des peines complémentaires obligatoires, si le juge, pour une raison ou une autres a oublié
ou a omis de les prononcer, elles ne pourront être appliqué car on exécute que la peine
prononcée par un jugement.
Dans notre droit positif, les peines complémentaires sont la confiscation spéciale des biens, la
privation du droit à une liberté conditionnelle, la privation de grade, la rétrogradation, la
dégradation, la destitution (Article 14 bis Code Pénale).
Par contre, il existe une autre catégorie des peines dites accessoires : ce sont celles qui
sont automatiquement attachées à la peine principale. Elles suivent automatiquement celle-ci
même si le juge ne les a pas prononcées expressément ou aurait même oublié de les
prononcer. En cas de condamnation à certaines infractions politiques, il s’agit de
l’interdiction de droit de vote et d’éligibilité, c’est également dans le cas de condamnation au
paiement d’une amende qui sous-entend accessoirement une servitude subsidiaire en cas de
non-paiement.
Pour ce qui est d’application de la règle de non-cumul des peines : la doctrine dans la
première moitié du 19e S s’est demandé si la règle de non-cumul de peine interdisait au juge
de prononcer des peines complémentaires pour les infractions les moins graves. La réponse
était affirmative car la peine complémentaire n’est pas attachée comme la peine accessoire à
la peine principale, mais à l’infraction elle-même. Donc les peines complémentaires pouvaient
être prononcées pour les infractions moins graves. En revanche, seules les peines accessoires
attachées à la peine principale la plus forte vont frapper le condamné. On doit noter que cette
règle qui paraît facile de premier abord pose des difficultés quant à sa mise en œuvre. Cela
varie selon que les infractions soient jugées en même temps ou qu’elles soient découvertes
successivement et jugés par des décisions de justice distinctes.
II. L’application de la règle de non-cumul en cas de poursuite unique
En cas de poursuite de diverses infractions au même temps, le Ministère Public engage
contre le délinquant une seule poursuite comptant autant des chefs que d’infractions
poursuivies. Le juge va donc prononcer la seule peine, la plus forte. Or la prononciation de
cette seule peine n’est pas dépourvue de conséquences surtout en ce qui concerne les
infractions moins graves.

Le problème se pose surtout en cas de récidive.


Exemple : Une personne condamnée à 1 an pour vol & coups et blessures volontaires, et qui
commet dans un délai de moins de 5 ans l’escroquerie ou l’abus de confiance.
Dans ce cas de récidive spéciale, comment le juge va-t-il appliquer l’aggravation de la
peine parce qu’au départ il y avait deux infractions ? Pendant longtemps, les tribunaux ont
hésité jusqu’à ce que la jurisprudence a affirmé que la condamnation dans ce cas d’espèce est
une condamnation globale. La peine unique prononcée a un caractère indivisible et qui
s’applique à l’ensemble des infractions réprimées et à chacune en particulier (cas à
approfondir avec la procédure pénale et la pratique)
100
Section 6 : Les causes de suspension des peines

Dans la politique criminelle congolaise, le législateur congolais a prévu des


institutions d’individualisation des peines dans le but de la resocialisation du délinquant. Il
s’agit de la libération et de condamnation conditionnelle.

I. La libération conditionnelle
On parle de libération conditionnelle lorsqu’un condamné à une peine privative de
liberté peut être mis en liberté après certains préalables :
- pour le condamné à la servitude pénale temporaire, il doit avoir accompli le quart de la
peine, il faut que la peine subie ait dépassé trois mois ;
- pour le condamné à la servitude pénale à perpétuité, il faudrait qu’il ait passé au moins
5 ans en prison.
Cependant, en cas d’inconduite ou d’irrespect des conditions de la liberté conditionnelle,
celle-ci sera révoquée (Art 36 CP).
Aux termes de l’art 16 CPM, la liberté conditionnelle peut-être révoquée en cas
d’inconduite notoire, de punition grave, d’inexécution des obligations ou d’une nouvelle
condamnation intervenue avant la libération définitive.
Mais lorsqu’il n’y a pas eu révocation dans le détail de la liberté conditionnelle alors
que le condamné avait encore à subir la peine, la libération devient définitive.

II. La condamnation conditionnelle


En cas de condamnation à la servitude pénale, la juridiction peut, par une décision
motivée décider le sursis de l’exécution pendant un certain délai à partir de la date du
prononcé de la décision sans que ce délai ne dépasse 5 ans. Pour bénéficier de la
condamnation conditionnelle :
- le condamné ne doit pas avoir déjà subi une peine de servitude pénale supérieure à 1
an ;
- il ne doit pas avoir été condamné à la servitude pénale principale de plus de 2 mois
pour une infraction commise sur le territoire de la République indépendamment de la
peine d’amende (Art 42 CP).

Section 7 : Les causes d’extinction des peines

I. Les causes normales de l’extinction des peines sont : l’exécution de la peine est le décès du
condamné. Mais, il existe aussi des causes légales d’extinction de la peine : il s’agit de la
prescription et de la grâce.

101
II. La prescription Le droit pénal congolais distingue deux types de prescription :
- La prescription de l’action publique : c’est le fait que l’action publique s’éteint après
l’écoulement d’un certain délai parce que les poursuites n’ont pas été exercées (art 24
CP) ;
- La prescription de la peine : c’est le fait pour un délinquant d’échapper à exécuter sa
peine si celle-ci n’a pas été exécutée après l’écoulement d’un certain délai. Exemple :
un individu condamné à 2 an de servitude pénale et qui a fuit à l’étranger pour ne
revenir au pays qu’après 10 ans ne va plus exécuter sa peine.

III. La grâce présidentielle


C’est une mesure accordée par le Président de la République au délinquant condamné
définitivement et qui a pour effet de le dispenser de l’exécution en partie ou en totalité de la
peine. La dispense totale consiste soit en la remise de la peine soit en la commutation de celle-
ci en une peine plus douce tandis que la dispense partielle consiste en une réduction de la
peine.
La grâce laisse subsister la condamnation et l’on pourra ultérieurement la prendre en
compte en cas de sursis ou de condamnation conditionnelle.
Cette condamnation pourra également constituer un des termes de la récidive ou de
l’infraction d’habitude. La grâce peut porter sur les peines principales et les peines
complémentaires. Quant aux peines accessoires, elles ne peuvent bénéficier de la grâce que si
l’Ordonnance du Président de la République le mentionne expressément.

Section 8 : Les causes d’effacement de la peine


En droit congolais, les peines peuvent être éteinte par l’effacement de la condamnation
et, ce par le truchement des 3 procédés : l’amnistie, la réhabilitation et la révision.

I. L’amnistie
Du grec amnistia, signifiant le pardon : l’amnistie est une mesure qui permet à la
société de reléguer dans l’oubli les faits pénaux dont elle ne veut plus se souvenir. C’est une
mesure de clémence qui efface rétroactivement aux faits leur caractère infractionnel, qui éteint
l’action publique ainsi que les peines en cours d’exécution. Elle a pour effet l’interdiction de
se rappeler ou de laisser subsister les traces des condamnations qui sont complètement
effacées.
L’amnistie est plus avantageuse que la grâce qui ne fait que remettre, commuer ou
réduire les peines alors que la condamnation pénale subsiste et reste inscrit au casier judiciaire
du condamné au point de faire obstacle à l’octroi du sursis. Elle, par contre, n’empêche pas
l’octroi du sursis ultérieur et sera pas prise en cause en cas de récidive. Les infractions,
amnistiées ne pourront plus faire objet des poursuites, si les poursuites n’ont pas été entamées,
elles ne pourront être déclenchées, et si elles sont en cours, elles doivent être stoppées et
l’action publique ainsi s’éteint.
102
Si l’individu a été déjà condamné, sa condamnation s’efface et s’il exécute déjà sa
peine, celle-ci va être éteinte.

II. La réhabilitation
C’est un acte du pouvoir judiciaire à la demande du condamné qui vise à remettre
celui-ci dans la situation sociale qu’il a perdue suite à une condamnation juste. Prévue par le
Décret du 28 juin 1937, modifié par le Décret du 22 août 1959 et l’Ordonnance législative du
28 août 1939, elle fait cesser pour l’avenir les effets d’une condamnation en récompense de la
bonne conduite du condamné ayant exécuté sa peine totalement ou partiellement. En
conséquence, la condamnation ne figurera pas au casier judiciaire, ne sera pas prise en
considération pour l’octroi, du sursis ni ne sera prise en considération comme terme de
récidive ou pour déterminer une infraction d’habitude.

III. La révision
C’est une procédure par laquelle, moyennant les éléments nouveaux légalement
définis, peuvent être annulées les condamnations passées en force de la chose jugée pour toute
infraction punissable de plus de 2 mois de servitude pénale.
La révision est donc procédure destinée à réparer les erreurs judiciaires. Elle est
réglementée par les articles 70, 71, 72, 73, 74, 75 de l’Ordonnance-loi n° 82-017 du 31 mars
1982. Les requêtes en révision sont adressées à la Cour Suprême de Justice par le Procureur
Général de la République sur injonction du Ministre de la justice, soit par le condamné (en cas
d’incapacité par son représentant, en cas décès ou d’absence déclarée par le conjoint, les
descendants, les ascendants ou les héritiers, ou ses ayant-droits coutumiers.)
La révision a pour effet de rendre nulle la décision de condamnation et toutes ses
conséquences entre autre pour la partie civile qui perd le bénéfice des dommage-intérêts. Elle
réhabilite la mémoire du condamné décédé. Elle entraine l’allocation des dommages-intérêts
à l’innocent condamné ou à ses proches mais faudrait-il qu’ils justifient du préjudice matériel
subi suite à la condamnation.

103
BIBLIOGRAPHIE

I. TEXTES LEGAUX
1. Constitution du 18 février 2006.
2. Décret du 30 janvier 1940, portant Code Pénal Congolais tel que modifié et complété à ce
jour.
3. Nouveau Code Pénal Français.
4. Décret du 06 août 1959, portant Code de Procédure Congolais.
5. Loi N° 024/2002 du 18 novembre 2002 portant Code Pénal Militaire.
6. Loi n° 09/018 du 20 juillet 2006 portant violences sexuelles.
7. Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.

II. JURISPRUDENCE
1. C.G., le 14 octobre 1901, JUR. ET. 1.
2. Boma, 15 juillet 1902, bull, 1973, 18, RIZ.

III. DOCTRINE
A. Ouvrages
1. AKELE ADAU, Analyse et commentaire du nouveau code pénal militaire congolais,
inédit.
2. BOUZAT (P) et PINATEL (J), Traité de droit pénal et criminologie, T.1. Droit Pénal
Général, Dalloz, Paris, 1963.
3. HAUS (J.J.), Principes généraux du droit pénal belge, 3 éd., 2 T Gaud, 1869, réimprimé à
Bruxelles, 1979.
4. LARGUIER (J.), Droit pénal général, Mémento, Paris, Dalloz 1999.
5. LIKULIA BOLONGO, Droit pénal spécial zaïrois, 1ère éd., T. 1., L.G.D.J., Paris, 1985.
6. MERLE (R) et VETU (A), Traité de droit criminel, Cujas, Paris, 1984.
7. MINEUR (G), Commentaire du droit pénal congolais, 2e éd., Larcier, Bruxelles.
8. NYABIRUNGU Mwene Songa, Droit pénal général zaïrois, 2 éd., DES, Kinshasa, 1995.
9. NYABIRUNGU Mwene Songa, Traité de droit pénal général congolais, éd. DES,
Kinshasa.
10. PRADEL (J), Droit pénal général, 5e éd. Cujas, Paris, 1986.
11. STEFANI (G), LEVASSEUR (G), et BOULOG (B), Droit pénal général, Dalloz, Paris,
11e éd., Dalloz, Paris 1980, et 13e
éd., 1987.
B. Articles
1. NYABIRUNGU Mwene Songa, «Le se ns et la portée de l’amnistie présidentielle », in Le
Potentiel, N° 2818, 07 mai 2003.
2. TROUSSE (P.E.), « Principes généraux du droit positif belge », in les nouvelles, Larcier,
1972.
104

Vous aimerez peut-être aussi