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DROIT PENAL GENERAL

Première partie: INTRODUCTION


Chapitre I : GENERALITE

Section I : Définition

Le droit pénal est une branche du droit qui a pour objet de prévenir et de réprimer les actions ou omissions
portant atteinte à l’ordre social.
Il a pour objet essentiel de sauvegarder la tranquillité publique face aux actions ou omissions tendant à la
trouble.
Ces actions ou omissions constituent les infractions à la loi pénale.
Pour assurer la tranquillité et l’ordre public, le droit pénal dispose deux moyens : les peines et les mesures de
sûreté.

§1 : Les peines
Toute en étant infamante, la peine est un châtiment. Elle est ressentie par l’individu comme quelque chose
de pénible. C’est la fonction répressive de la peine.
La peine frappe le coupable mais elle n’a pas pour unique objet de punir ou de châtier, elle a aussi une
fonction répressive :
•    l’exemple du malfaiteur puni fait réfléchir les autres personnes candidates
éventuelles à la délinquance en détournant les autres à suivre l’exemple – c’est la prévention spéciale.
•    La prévention est dite spéciale lorsque la peine peut servir de leçon à l’individu
Poursuivi.

Remarque : La fonction préventive et la fonction répressive de la peine ne s’opposent pas.

§2 : Les mesures de sûreté


Elles sont des simples précautions et de protection sociale imposées aux individus dangereux afin de
prévenir les infractions que leur état rend probable.
Elles ne sont pas fondées sur la culpabilité de l’individu en question mais sur l’état dangereux qu’il présente
On peut ainsi prendre des mesures de sûreté même si l’infraction n’est pas encore constituée.
Dans la nuit du temps, on éliminait le criminel parce que :

 La société craignait que sa présence au sein du groupe provoqua la colère de


Dieu et les ancêtres.

 Il constituait une menace d’insécurité permanente  et de contamination pour les


autres membres du groupe.

Il y avait toujours l’exécution publique de la peine comme la pendaison du condamné à mort. Cette pratique
avait pour but d’intimider les autres avec le temps. Grâce à cette évolution, la fonction répressive de la peine
va progressivement s’estomper et le centre d’intérêt va se déplacer au profit de la fonction répressive.

Section II : L’évolution du droit pénal.  

Au début, le droit pénal était le droit de la vengeance privée. Cette idée s’est ensuite substituée par la
vengeance publique c’est à dire le citoyen abandonna son droit de vengeance à l’Etat.
Enfin, sous l’influence du christianisme, il y avait la pénétration des idées  morales dans la justice pénale.   

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§1 : La vengeance privée

a-    La justice privée


La première réaction de la victime d’une infraction et de sa famille est de riposter en infligeant à l’auteur un
mal aussi grave ou plus grave que celui qu’elle a subi.
En général, une véritable guerre privée était déclarée par les membres du groupe offensé à ceux du groupe
de l’offenseur.

La vengeance était à la fois un droit et un devoir pour la victime et sa famille.

Néanmoins, si le devoir de la vengeance contre le groupe adverse se faisait sans aucune limite imposée par
la morale, aucun être du groupe adverse n’était épargné.
La pratique de la vengeance privée constituait une garantie sommaire du maintien de l’ordre social dans les
relations entre clans parce que la crainte de la vengeance garantissait un certain respect de l’étranger.

Dans la mise en œuvre de la vengeance privée,


-    on dit qu’il y a solidarité active lorsque tous les membres du
groupe de la victime sont prêts à assister le vengeur
-    on dit qu’il y a solidarité passive lorsque tous les membres du
groupe du l’agresseur doivent s’apprêter à subir la vengeance qui cherchera à atteindre non seulement le
coupable mais aussi les proches et les autres membres du groupe.

b-    La renonciation à la pratique de la vengeance privée

ά) les causes :
* Les principales causes de la renonciation à la pratique de la vengeance privée c’est l’affermissement de
l’autorité étatique.
Le membre du groupe et la famille de la victime, en constatant  le caractère épuisant des luttes interminables
qu’ils menaient les uns contre les autres, renoncèrent progressivement au droit de vengeance et y
substituèrent un système de dédommagement sous forme d’amende.

*  Au sein de chaque groupe, au fur et à mesure de son extension, la cohésion se relâchait progressivement
pour laisser la place à un lieu purement territorial.
     Le pouvoir du chef de famille se transférait aux mains de l’autorité politique de la cité.

β) Le cheminement de la renonciation à la pratique de la vengeance

•    auparavant, on appliquait la loi de Talion « oeil pour œil, dent pour dent » qui
contenait une notion de proportionnalité entre la faute commise et la peine à infliger.

•    Plus tard, le système de l’abandon Noxal était apparu c'est-à-dire lorsqu’un
membre du groupe avait commis une infraction à l’extérieur, ce groupe livrait le coupable au groupe
offensé. Il y avait donc le passage de responsabilité individuelle du coupable.

 • Sous l’influence du christianisme, il est venu à interdire l’exercice de la vengeance  privée dans certains
lieux et à certaines époques de l’année
Exemple : Durant le prix de Dieu, il était interdit aux seigneurs de s’attaquer au non combattants.

•   Enfin, il y avait la convention entre les parties sur l’indemnité pécuniaire en
réparation du dommage causé par le délinquant.
Le montant de cette rançon et proportionnel à la fortune de ce dernier.

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§2 : La substitution de la justice publique a la justice privée

Il faut remarquer que la justice répressive de l’époque était privée par son déclenchement, son déroulement
et même par le but poursuivi qui était essentiellement de satisfaire la victime et ses proches.
Mais au fur et à mesure de l’affermissement de son autorité, l’Etat abandonnait progressivement son rôle
d’arbitre pour monopoliser la répression.
Par ailleurs, le souverain, au moment de leur succession au trône, prenait l’engagement solennel de
maintenir la paix dans la royauté.

a)    La justice privée est interdite pour la victime ou sa famille. Toute infraction entraîne obligatoirement
une intervention de la judiciaire.

b) L’action répressive appartient à la société toute entière. Elle cesse d’être


une action privée pour devenir une action publique parce que c’est la société entière qui est atteinte par
l’infraction.

c) La peine est infligée au nom de la société et au bénéfice de celle-ci.

§3 : La moralisation du droit pénal


   
Il faut noter l’absence presque totale de la morale dans les règles de la justice répressive ancienne.
La seule fonction du droit pénal était d’assurer la cohésion sociale par la répression pure et simple de
l’infraction.
Mais progressivement, sous l’influence du christianisme, des idées morales vont pénétrer la justice pénale.

1)    L’idée d’expiration


♦ Joseph de Maîstre estime que les souverains n’exercent leur autorité et ne rendent la justice qu’en vertu
d’une délégation divine.
La formule Latine « PUNITUR QUI A PECCATUM EST » (doit être puni celui qui a pêché) exprime cette
idée.
La faute doit être effacée par le châtiment

♦ L’église dont l’influence fut si forte sur les conceptions pénales de l’ancien régime français considère la
pénitence comme les moyens d’effacer la faute.

♦ Se plaçant p lus tard sur le plan philosophique, KANT a affirmé lui aussi la nécessité morale de
l’expiation.
Kant a illustré sa théorie par l’exemple célèbre de « l’île abandonnée » : Supposer, écrit Kant, qu’une société
vivant sur une île doit se dissoudre et abandonner l’île. Avant que la société ne la quitte, il faut que le dernier
condamné à mort soit exécuté.
Le châtiment est inutile pour la société dans cette hypothèse puisque cette dernière disparaît. Il serait
possible d’y laisser le criminel.
Portant, l’idée d’expiration commande sa mort donc il doit sanctionner.

2)    L’idée d’amendement


Elle a pour objectif de transformer le criminel en honnête homme.
Quelques philosophes et juristes de l’Antiquité assignaient déjà à la peine la fonction de transformer le
criminel en honnête homme.

•    A la fin du 17ème siècle, le moine Bénédictin MABILLON, dans ses « réflexions
sur les prisons des ordres religieux, a fait des comparaisons intéressantes entre la justice séculière et la
justice ecclésiastique et a dégagé les caractéristiques de ces deux juridictions.

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- pour la justice séculière, le but était de conserver et de rétablir le bon ordre en
imprimant la tuteur aux méchants ; d’où une justice sévère et rigoureuse.            

- en matière de justice ecclésiastique par contre on a « égard sur toutes choses au salut des âmes »
Cette justice devait mettre en œuvre l’esprit de charité, de compassion, de miséricorde.

•    Au début du 18ème siècle ; la tendance à la réalisation concrète de cette idée était
apparue.
Des prisons de type cellulaire furent construites sur le modèle de celles des ecclésiastiques, en vue de
favoriser la méditation et le repentir du délinquant.
Depuis, l’idée fit son chemin et s’est fortement développé.
Plusieurs pénalistes français de la fin du 19ème siècle, dont Salleiles et Cuche insistaient sur la nécessité
d’individualiser la peine en fonction des perspectives d’amendement.
Le souci de réadapter le délinquant n’est jamais absent dans l’esprit des auteurs du code pénal.C’était le but
essentiel des peines sanctionnant les délits. C’est pourquoi elles furent appelés correctionnelles.
Corriger signifie dans la langue courante « amender, aussi, bien punir, redresser par le châtiment.
On cherchera donc à transformer le délinquant en honnête homme afin qu’il ne retombe pas dans sa faute.

Chapitre II : LA DOCTRINE EN DROIT PENAL

Section I : La doctrine classique

§1 : L’œuvre de BECCARIA

          a)A l’époque royale (18ème siècle), il y avait le caractère abstrait du droit pénal.
Arbitraire résultant du caractère hétérogène des sources du droit pénal malgré les efforts de codification.

    arbitraire du roi qui disposait de la justice retenue c'est-à-dire


qu’il pouvait mettre fin à la peine par la lettre de pardon (et surtout d’abolition de procédure) et faire
incarcérer sans procès par la lettre de cachet.

    Arbitraire du juge doté des pouvoirs très large dans la définition
des infractions et inflictions des peines.

    Par ailleurs, les nobles et ecclésiastiques bénéficiaient des


privilèges quant aux juridictions et aux peines encours.

        b)  L’exécution des peines était très rigoureuse


La peine de mort était prodiguée, et souvent entourée de supplices très affreux.
La répression visée à l’intimidation collective conçoit que de tel excès en est subi.
C’est pourquoi VOLTAIRE, MONTESQUIEU préconisaient un adoucissement général de la répression
mais ce mouvement d’idée resta sans influence sur le droit positif jusqu’au succès sensationnel de l’ouvrage
de BECCARIA.
C’était en 1764, alors qu’il avait 26 ans, que ce jeune avait étudié à Paris.
Il critiquait vivement la rigueur des peines et l’emploi de la torture. IL combattait la peine de mort et
soulignait qu’une peine modérée, à laquelle on ne pouvait échapper, aurait plus d’effets préventifs qu’une
sanction atroce dont l’application serait incertaine.

§2 : La doctrine néo-classique
Elle condamne les sévérités exagérées du système utilitariste d’une part et rejette toute tentative d’extension
de la justice à la morale et à la religion d’autre part.
Une maxime résume cette doctrine « punir pas plus qu’il n’est juste et pas plus qu’il n’est nécessaire ».

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D’après la doctrine néo-classique, la peine dépend du degré de la responsabilité morale de chaque
délinquant.

   Section II : Le positiviste

Les principaux représentants de la tendance sont : le Docteur César LOMBROSO, Enrico FERRI, Rafael
GAROFALO.

§1 : Criminologie

D’après ces auteurs, les faits humains et sociaux doivent être analysés de
manière scientifique.
Le positivisme est caractérisé par:

a-    Le déterminisme
Le positivisme nie le libre arbitre, la libre disposition de soi-même.
Le malfaiteur est un être déterminé par une double série de causes endogènes et exogènes.

•    Les facteurs endogènes sont ceux inhérents au tempérament du délinquant, à son
constitution psychophysique caractère héréditaire (facteurs héréditaires).

•    Les facteurs exogènes sont dus au milieu physique et social dans lequel a vécu
le malfaiteur.

•    Le  déterminisme exclut l’idée de responsabilité morale comme fondement de la


répression. Le seul fondement reconnu au droit pénal par les positivistes est la défense de la société

b-    La conception positiviste de la sanction


Pour bien marquer cette innovation capitale, les positivistes ne parlent plus de la peine mais de mesure de
sûreté décidée d’après son état dangereux.

§2 : La classification des délinquants

Les délinquants sont classés en 5 catégories selon leur caractère plus ou moins dangereux.
 Parmi les plus dangereux, il y a :
o    le criminel né qui se reconnaît par des
-    caractéristiques anatomiques : individu de petite taille, front étroit
crâne petit…

-    caractéristiques physiologiques ou diabolique : insensible à la


douleur, imprévoyant, incorrigible. Il s’agit d’un fou moral c'est-à-dire jouissant de ses facultés
intellectuelles mais ne discerne pas les biens du mal.
Les positivistes préconisent pour ce type de délinquant l’application des mesures d’élimination : peine de
mort, déportation perpétuelle, internement à vie.

o    le criminel aliéné constitue un danger aussi grave que les précédents.
Il devient criminel en raison de la maladie mentale qui l’affecte. C’est un malade qu’il faudrait traité dans un
établissement approprié : Hôpital psychiatrique.

o    le criminel d’habitude a été conduit au crime sous l’influence du milieu


social.
Il doit être assimilé au criminel né, toutefois, les mesures d’élimination ne doivent pas être appliquées

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immédiatement, mais en fonction de récidives.

 Parmi les criminels les moins dangereux, on cite les criminels d’occasion et les criminels passionnels.

o    les criminels d’occasion : ils n’ont pas une tendance naturelle à la
délinquance mais y ont été poussés par les circonstances extérieures (misère, chômages…)
Ils ont été les victimes des ces circonstances, dans un moment de faiblesse morale qu’ils peuvent regretter
d’ailleurs.
Mais ils peuvent évoluer vers la criminalité d’habitude du fait d’un mauvais système pénitencier.
Il convient de leur appliquer une peine modérée.

o    les criminels passionnels


Ils agissent sous l’impulsion d’une passion violente (amour contrarié, jalousie, colère).
Ils commettent des crimes imprévisibles, sans préméditation et sont pris de remords après. Ils tentent
souvent de se suicider.
Il n’est pas nécessaire de leur appliquer une peine, le remords suffit. Il faut cependant exiger la réparation
des dommages causés.
La refonte de nombreux codes étrangers a été inspirée par l’école positiviste : code pénal Italien de 1889,
C.P Soviétique de 1926…
Sur le plan pratique, il faut cependant reconnaître que comme pour l’école classique, des suggestions de
l’école positiviste n’ont pas donné les résultats escomptés.

Section III : L’école de la défense sociale nouvelle

Le terme de défense sociale n’est pas nouveau mais depuis la dernière guerre mondiale, l’expression a été
reprise dans une perspective différente : la défense sociale nouvelle.
Les congrès internationaux ont fait apparaître 2 tendances au sein du mouvement de la défense nationale
sociale, une tendance extrémiste, celle de l’Italien GRAMATICA et une tendance modérée de Marc
ANCEL.

§1 : La tendance extrémiste de GRAMATICA

Cette doctrine préfère de remplacer le système de droit pénal traditionnel par un système défense sociale.
D’après cet auteur, il faut donc éliminer, du vocabulaire les notions d’infraction, de délinquant, de
responsabilités, de peine et les remplacer par l’anti-sociabilité  subjective, mesures curatives ou préventives.
Il faut aussi changer totalement les institutions du droit pénal, la procédure pénale et le système
pénitentiaire.
Ce programme étant trop hardi, très peu de gens ont cru à la possibilité de sa réalisation.

§2 : La tendance de Marc ANCEL

La doctrine de la « défense sociale nouvelle » rejette un certain nombre d’idées reçues des écoles antérieures
telles que l’idée de substituer totalement les mesures de sûretés aux peines, l’idée d’élimination…
Elle affirme l’existence d’une responsabilité individuelle concrète.
Elle prône le maintien des notions juridiques d’infractions et le délinquant.
Le but de cette tendance est d’établir un système de droit pénal essentiellement concret fondé sur la
connaissance de la personnalité du délinquant et aboutissant à un système de sanctions destinées à assurer la
réinsertion sociale, du délinquant.
Notons pour terminer que la doctrine en droit positif n’a autorité que celle  lui assure son art de convaincre
et son aptitude à orienter l’évolution de la législation ou la justice.
C’est à la doctrine d’interpréter les lois nouvelles, pour en déceler et si possible, résoudre par avance les
difficultés d’application des lois nouvelles. La doctrine prépare donc la jurisprudence à venir et critique la

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règle établie en suggérant, soit de modification de jurisprudence soit de reforme en matière de la législation.

Chapitre III : LE PROBLEME DE L’AUTONOMIE DU DROIT PENAL

Section I : Les rapports du droit pénal avec les autres disciplines juridiques

                            §1 : Le droit pénal est un droit sanctionateur

Il fournit des sanctions aux obligations édictées par d’autres droits.


Il ne crée pas par lui-même une obligation nouvelle. Il se contente d’apporter une sanction aux règles déjà
posées dans quelques autres branches du droit.

Exemple 1 : A l’égard du droit public, le droit pénal contribue à la défense de l’organisation et du


fonctionnement de l’Etat. Ainsi, il réprime les atteintes à la sûreté de l’Etat.

Il prévoit des peines contre les fonctionnaires qui manquent leur devoir,
le faux en écriture publique, la corruption…

Exemple 2 : A l’égard du droit privé, le droit pénal frappe d’une peine l’inobservation d’une certaine
disposition du droit civil et du droit commercial :
-    l’adultère contribue une infraction pénale
-    L’émission d’un chèque sans provision constitue une infraction

                           §2 : Le droit pénal complète les autres droits

En droit civil, il n’existe pas de définition des agissements et d’abstentions répréhensibles.


Par contre, le droit pénal établit une liste d’actes et d’omissions considérés comme répréhensibles par la loi
et détermine des obligations positives ou négatives que la loi met à la charge de tout individu membre  de la 
société et dont l’inobservation constitue une infraction, source de responsabilité civile.

Exemple : la non assistance à une personne en danger constitue une infraction pénale.

Section II : Particularisme et autonomie du droit pénal

Quelques soient ses rapports avec les disciplines voisines, le droit pénal a une autonomie indiscutables.
Malgré la diversité des règles que le droit pénal sanctionne la législation pénale se caractérise par un
ensemble homogène de principes et d’institutions qui lui sont propres.
Ce particularisme, cette autonomie du droit pénal se découvre d’une part dans l ‘objet même du droit pénal
et d’autre part dans sa technique.

§1 : L’autonomie du droit pénal quand à son objet

De nos jours, le but du droit pénal n’est pas limité à PUNIR : son but est tout autant d’amender que de
prévenir :
La peine n’est plus considérée comme la rétribution exclusive de la faute mais aussi et surtout comme un
moyen de prévenir les infractions, d’amender le fautif, de lui permettre de retrouver une place normale dans
la société.
D’autre part, le droit pénal, lorsqu’il apporte aux autres droits le secours de ses peines, il détermine seul les
conditions dans lesquelles celles-ci seront appliquées.
La répression pénale est fondamentalement différente des sanctions du droit civil tels que : les nullités, les
dommages intérêts, elle est un moyen de défense sociale.   
La répression pénale est la sanction de l’intention criminelle considérée par rapport à un individu déterminé.

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Dès que cette intention criminelle  est nettement établie et que les éléments constitutifs de l’infraction sont
réunis, le juge répressif doit condamner l’auteur.

§2 : L’autonomie technique du droit pénal.


Pour les juridictions civiles, l’obligation sans cause ou dont la cause est illicite sont sans effets juridiques.
En droit pénal, par contre, l’obligation sans cause ou ayant une cause illicite peut avoir des conséquences
juridiques.

Exemple : Depuis longtemps, la chambre criminelle a accordé à la prostituée, des dommages intérêts a titre
de réparation du dommage résultant du délit de proxénétisme pour l’argent versé à son souteneur dont elle
réclame le remboursement.

En droit civil, en matière de responsabilité, la faute de la victime constitue une cause d’exonération totale ou
partielle de responsabilité civile au bénéfice de l’auteur du dommage.
En droit pénal, cette faute ne supprime pas le droit à réparation de la victime ou de ses héritiers.

Deuxième partie : L’INFRACTION

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On peut définir l’infraction comme l’action ou l’omission qui se manifeste extérieurement
comme une atteinte à l’ordre, où la tranquillité publique et que la loi pour cette raison sanctionne pour une
peine.
Cette définition nous permet de dégager les trois éléments constitutifs de l’infraction : l’élément légal,
l’élément matériel et l’élément moral.

a) L’élément légal : un acte constitue une infraction punissable que s’il a été
prévu et puni par la loi.

b) L’élément matériel : l’acte (l’omission) a été accompli matériellement ou


tout au moins, son exécution a été commencée.

c) L’élément moral : l’acte a été accompli par une personne humaine douée
d’une volonté libre et consciente.

Chapitre I- L’ELEMENT LEGAL DE L’INFRACTION

Sous-Chapitre I-l’application de l’élément légal

L’élément légal de l’infraction signifie que pour qu’un acte soit punissable ; il faut qu’il ait été prévu et puni
par un texte. Il s’exprime par la maxime célèbre : « NULLUM CRIMEN, NULLA POENA, SINE LEGE »
(Nulle infraction, Nulle peine sans loi).
L’article 04 du code pénal Malgache reprend ce principe :

« Nulle contravention, Nul délit, nul   crime, ne peuvent être punis de peines qui n’étaient pas prononcées
par la loi avant qu’ils fussent commis ».

Il en résulte que :
 Le législateur doit prévoir lui-même l’infraction et déterminer pour chaque
infraction la peine applicable.

 - Le juge ne peut prononcer que les peines prévues pour l’infraction dont il est
saisi.
   
- Il doit se tenir à l’intérieur des limites posées par la loi
       
    - Il n’applique que les peines en vigueur au jour de la commission de l’infraction.

Il y a ainsi ce qu’on appelle la qualification légale des faits qui consiste à la fois à :
o    vérifier si les faits reprochés à une personne correspondent à l’un des
qualifications pénales prévues par les textes.

o     choisir celles qui s’appliquent au cas d’espèce


Exemple : Rakoto vient de tuer Rabe
     
Ca peut être :
◘ Un meurtre, infraction prévue et punie par l’art 295 du CPM.
◘ Un homicide par imprudence, une infraction prévue et punie par l’art 319 du CPM.
◘ Un assassinat qui est une infraction prévue et punie par l’art 296 du CPM.
Section I- Les conséquences de l’application du principe de la légalité de l’infraction.

La nécessité de l’existence d’un texte de loi pour que l’infraction soit punissable résulte deux conséquences :

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- a) L’interprétation restrictive de la loi pénale
- b) La non rétroactivité de la loi pénale

Sous section 1- L’interprétation restrictive de la loi Pénale

Elle signifie que le juge ne peut, sous prétexte d’interprétation, ajouter à la loi des actes que le législateur n’a
expressément ni prévus ni punis.

§1 : L’application de l’interprétation restrictive de la loi pénale

Il faut faire une distinction entre les lois pénales favorables au prévenu et celles qui lui sont défavorables.

A-Les lois pénales favorables au prévenu

Le juge répressif peut avoir interprété de manière large et extensive les lois pénales favorables au prévenu.
Exemple : La loi pénale n’a prévu comme faits justificatifs que le commandement de l’autorité légitime et
l’ordre de la loi d’une part et la légitime défense d’autre part mais grâce à l’interprétation extensive de la loi
pénale par le juge, l’état de nécessité et quelquefois, le consentement de  la victime sont devenus faits
justificatifs.

B-Les lois pénales défavorables au prévenu


 
Le juge n’a pas le droit d’étendre par analogie la portée d’un texte répressif.
Le juge est ainsi tenu d’interpréter strictement les lois pénales favorables au prévenu

§2 : La portée de l’application du principe d’interprétation  restrictive de la loi pénale

Interpréter une loi consiste à rechercher la signification exacte d’un texte pour en faire une application au
cas qui se présente.
Lorsque la loi pénale est obscure ou douteuse au absurde, il appartient au juge de déterminer son sens
véritable. Même si la loi est claire, l’interprétation existe toujours.
Toute loi doit être interprétée pour le passage de la règle abstraite à la solution pratique du litige soumis au
juge. Ce dernier fait appel à l’une des trois méthodes d’interprétation suivantes :
o    Méthode d’interprétation littérale
o    Méthode d’interprétation analogique
o    Méthode d’interprétation Téléologique

A)    Le rejet des méthodes d’interprétation littérale et analogique

a-    La méthode d’interprétation littérale


Cette méthode s’attache essentiellement à la lettre de la loi.
Elle tend à mettre en œuvre une logique abstraite qui s’applique d’une manière aveugle et rigide alors que la
loi est faite par des êtres humains, elle peut ainsi contenir des erreurs, des lacunes et même des
contradictions.
Pour rectifier des erreurs matérielles ou grammaticales d’un texte, le juge peut toujours s’inspirer de la
pensée et des intentions du législateur.

Exemple : A propos des règlements sur la police de chemin de fer qui stipulait de descendre ailleurs que
dans les gares et lorsque le train est complètement arrêté.
Ce texte était invoqué à la lettre par un voyageur poursuivi pour avoir sauter d’un train avant l’arrêt.
(Criminel 08 mars 1930- Dalloz- 1930 1ère partie P. 101)
Mot à mot, ce texte semblait défendre de descendre autrement qu’en marche.

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Ce qui était ridicule et manifestement contraire au but visé par ce règlement.
C’est pourquoi, la chambre criminelle française a approuvé la condamnation du voyageur.
Le juge est ainsi obligé de faire prévaloir le sens évident et logique de la loi sur la rédaction formelle.

b-    La méthode par analogique


Raisonner par analogie c’est d’étendre l’application de la loi dans des cas qu’elle a expressément prévu à
d’autre cas qu’elle n’a pas prévu mais qui présente une certaine ressemblance.
La méthode par analogie consiste à assimiler un cas inconnu à un cas connu.
Le raisonnement par analogie est admis en matières civile et commerciale.
En revanche, la jurisprudence l’a toujours écarté en matière pénale.
Le problème s’était posé au 19ème siècle en France : A propos de l’application de l’article du code pénal au
vol, qui définit le vol comme étant la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui.
Si on peut étendre cet article par analogie : est considéré comme un voleur celui qui se fait servir un repas
dans un restaurant alors qu’il n’a pas le moyen d’en payer.
En fait et en droit, c’est la FILOUTERIE d’aliment qui se diffère du vol.

B)    L’acceptation de la méthode téléologique.

Avec cette méthode, le juge interprète la loi en fonction de son but.


Il donne à la loi sa capacité maximale d’extension dans la limite de ce que le législateur  a voulu.
L’interprétation téléologique a pour but de déterminer le domaine d’application des dispositions légales.
C’est pourquoi, la jurisprudence a pu combler les différentes lacunes que présentent parfois les dispositions
de la loi en procédant à l’extension de leurs limites d’application parce qu’il est certain qu’au moment où le
législateur rédigeait la loi, il n’avait pas à l’esprit toutes les formes sous lesquelles les infractions peuvent
être perpétrées.

Exemple : - Le rédacteur du code civil français de 1810 n’avait pas pu penser au vol du courant électrique au
moyen de trucage d’un compteur ou d’un branchement direct.
La Jurisprudence a appliqué l’article du code pénal relatif au vol à celui qui soustrait du courant électrique
en considérant que le courant est une chose mobilière susceptible d’appropriation.
(Chambre criminelle 03 – 08 – 1812, Siley 1813 1ère partie p. 337).
Dans ce cas, le juge interprète la loi en fonction de son but qui   est de réprimer le vol, il y a alors lieu de
frapper toutes les formes qui peut revêtir le vol.
    - En matière de Presse, la loi ne vise expressément que la diffamation par voie de presse ou d’affichage
mais la Jurisprudence l’a étendue à la diffamation par image, par voie de dessin, par radio et par cinéma .
(Crim.8/01/1936)

  - Le code pénal ne prévoit que la violation des correspondances par lettre, alors  qu’aujourd’hui, il y a
différents moyens de violer la correspondance telle que l’interception des communications téléphoniques…

Sous section 2- Le principe de la non-rétroactivité de la loi pénale.

Lorsqu’une loi nouvelle intervient pour modifier ou remplacer une loi ancienne, la première peut modifier
l’incrimination, transformer la compétence ou la procédure judiciaire.

A)    Le principe :
C’est la non rétroactivité de la loi pénale, c'est-à-dire la loi ne doit pas s’appliquer aux infractions commises
avant sa promulgation si elle est plus sévère que la loi ancienne même si le cas ne fait pas encore l’objet
d’une condamnation définitive. C’est le principe de la non-rétroactivité de la loi nouvelle plus sévère.
Une loi nouvelle est dite plus sévère lorsqu’elle prévoit une peine sévère ou élevée, supprime un fait
justificatif ou une cause de non imputabilité.

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B)    La portée de ce principe.
La loi nouvelle est applicable aux infractions commises avant la promulgation si elle est plus douce que la
loi ancienne.
C’est le principe de la rétroactivité de la loi nouvelle plus douce.
Ce dernier principe est applicable lorsque le fait était commis avant la promulgation de la loi nouvelle mais
n’ayant pas encore fait l’objet d’une condamnation définitive parce que les voies de recours ordinaire et
extraordinaire sont encore possibles.

Exemple : Si un fait a été puni d’une peine de 5 ans d’emprisonnement et que la loi nouvelle prescrite que
cette peine est réduite à 2 ans, il est évident que le délinquant doit bénéficier de cette atténuation de la peine
lorsque sa condamnation n’est pas encore définitive.

C)    La notion de loi plus douce

1-    Sur le plan de l’incrimination.


La loi est dite plus douce lorsqu’
 elle fait disparaître une circonstance aggravante
 elle cesse de punir un fait, antérieurement punissable.
 elle établit une excuse atténuante
 elle donne au juge le pouvoir d’accorder des circonstances atténuantes ou des
sursis pour des infractions qui, antérieurement ne pouvaient en bénéficier.

2-    Sur le plan de la qualification


o    En cas de correctionnalisation légale c'est-à-dire une loi nouvelle
transforme un crime en un simple délit.
Exemple :
- La loi du 17 février 1933 a changé la peine applicable à la bigamie, punie autrefois de
travaux forcés à temps, en une peine d’emprisonnement de 6 mois à 3 ans et à une amande de 100 000 Ar à
6 000 000 Ar.

o    en cas de contraventionnalisation légale, une loi nouvelle transforme un délit en une simple
contravention.

Remarques :
- Seules les lois nouvelles plus douces sont rétroactives ou applicables immédiatement
- Les lois nouvelles plus sévères ne rétroagissent pas.

D)    La qualification de l’infraction dans le temps

Elle permet de savoir la loi applicable au délinquant en cas de conflit de lois dans le temps parce qu’elle
consiste à déterminer le moment précis de la commission de l’infraction.

1-    L’INFRACTION INSTANTANEE

Elle qui s’est accomplie en un seul trait de temps ne pose pas de problème. La loi applicable c’est celle qui
est en vigueur au moment de la commission de l’infraction ou la loi nouvelle lorsque cette dernière est plus
douce que la loi ancienne.

2-    L’INFRACTION CONTINUE

 Elle suppose l’accomplissement d’une action ou d’une omission qui se prolonge dans le temps.

27
On peut distinguer 2 cas d’infraction continue.

o    L’infraction continue successive


          Elle se prolonge dans le temps par le renouvellement de la volonté de l’Agent, par la réitération
constante de la volonté coupable de l’agent.

Exemples :
a.    Le port illégal de la décoration
b.    La séquestration
c.    Les recels des choses volées
Elle est une infraction qui se renouvelle d’une manière constante avec les trois éléments constitutifs de
l’infraction.
En cas de conflit de lois dans le temps, pour que la loi nouvelle frappe l’infraction continue successive, il
suffit que l’un quelconque des moments délictueux coïncide avec la date de la mise en vigueur de la loi
nouvelle.   

Remarque :
Pour l’infraction continue successive, la loi nouvelle va s’appliquer même si elle est plus sévère !que la loi
ancienne.

o    l’infraction continue permanente


Elle ne pose aucun problème quant à sa localisation dans le temps car elle se commet une fois pour toutes.
La conséquence qu’elle entraîne qui persiste
Exemples :

 a. La construction d’une maison sans permis de conduire

 b. L’établissement d’un barrage à un cours d’eau sans autorisation administrative.


 
c. L’apposition d’une affiche dans un lieu prohibé
L’infraction continue permanente est régie par la loi en vigueur au moment où l’auteur a commis
l’infraction.

3-    LES INFRACTIONS D’HABITUDE

Elles comportent l’accomplissement de plusieurs actes semblables dont chacun pris isolement n’est pas
punissable, mais la répétition constitue une infraction.

Exemple : l’exercice illégal de la médecine


Selon la loi pénale « exerce illégalement la médecine la personne qui habituellement, prend part à
l’établissement de diagnostics ou au traitement de maladies sans être titulaire du diplôme de docteur en
médecine »
La jurisprudence considère généralement qu’il y a habitude dès le deuxième acte semblable.
Mais comment va déterminer l’habitude lorsqu’une nouvelle loi intervient après l’accomplissement du
premier acte ?

Dans ce cas, la Jurisprudence tient compte des faits antérieurs à la promulgation de la loi nouvelle pour
concrétiser l’habitude.
Il en résulte que le fait délictueux doit être puni selon la loi en vigueur au jour du dernier acte qui le
caractérise.

Section 2- le principe de la rétroactivité des lois pénales de forme.

27
On appelle lois de forme les lois de procédures et d’organisation judiciaire.

A-Le principe
     Les lois de procédures sont l’application immédiate, même en ce qui concerne ce les procédures  relatives
aux faits commis avant leur promulgation parce que les lois de procédures ne modifient en rien ni
l’incrimination ni les peines qui s’attachent à une infraction.

B-La portée de ce principe


D’après la jurisprudence :
1-    La loi nouvelle ne peut pas avoir pour effet de priver le prévenu ou
même l’individu déjà condamné d’un droit acquis

Exemple : La loi nouvelle de procédure qui prive le prévenu d’un droit de recours (appel, pourvoi en
cassation…) ne va pas s’appliquer à des faits qui lui sont antérieurs.

2-    L’application d’une loi nouvelle ne peut jamais entraîner la nullité des
actes régulièrement accomplis sous l’empire de la loi ancienne.

Sous-chapitre II- la neutralisation de l’élément légal

Nous savons bien que l’infraction est constituée lorsque ses trois éléments sont réunis. L’auteur est ainsi
punissable.
Pourtant, l’auteur d’une infraction pénale n’est pas punissable lorsqu’il y a des circonstances qui justifient la
commission de l’infraction et interdisent la répression.
Ces circonstances sont appelées FAITS JUSTIFICATIFS.
Ils ont pour effet de neutraliser l’élément légal de l’infraction. Dans ce cas, l’infraction sera réputée
inexistante d’où, l’auteur ne sera pas punissable.
o    L’Art 327 du code Pénal Malgache dispose que « il n’y a ni crime ni délit, lorsque
l’homicide, les blessures et les coups étaient ordonnés par la loi et commandés par l’autorité légitime ».

o    L’art 328 du même code prévoit que « il n’y a ni crime ni délit, lorsque l’homicide,
les blessures et les coups étaient commandés par la nécessité actuelle de la légitime défense de soi-même ou
d’autrui »

D’après ces deux articles, l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime défense sont des faits
justificatifs légaux.
Mais il y a encore d’aut re faits justificatifs qui ne sont pas prévus par la loi mais issus de la jurisprudence à
savoir l’état de nécessité et le consentement de la victime
Ils sont appelés faits JUSTIFICATIFS JURISPRUDENTIELS.

Section I- LES FAITS JUSTIFICATIFS LEGAUX

§1- L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime.

L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime justifient l’infraction.


Exemple : Le bourreau qui, sur l’ordre de l’autorité légitime, procède à l’exécution d’une personne
condamnée à mort ne commet aucune infraction.
D’après l’art 327 du code pénal, il y a fait justificatif lorsqu’il y a simultanément l’ordre de la loi ET le
commandement de l’autorité légitime.
La question qui se pose c’est de savoir si l’une de ces deux conditions fait défaut, l’infraction est-elle encore
justifiée ?

27
A)    Ordre de la loi  sans le commandement de l’autorité  légitime

1)    L’ordre de la loi qui s’adresse directement à l’agent


L’ordre de la loi à lui seul est capable de justifier l’infraction lorsqu’il s’adresse directement à l’agent ou
lorsque celui-ci n’est soumis à aucune autorité hiérarchique.
Exemple : En vertu de l’art 378 du code pénal, le médecin qui déclare la maladie contagieuse ne viole pas le
secret professionnel lorsque la loi  l’oblige ou l’autorise à faire cette déclaration.

2)    L’ordre de la loi qui ne s’adresse pas directement à l’agent


Lorsque l’agent n’est autorisé à agir qu’en vertu d’un acte formel délivré par son supérieur hiérarchique, le
défaut de cet acte ne permet pas de retenir un fait justificatif.
Dans ce cas, l’ordre de la loi doit être accompagné d’un commandement de l’autorité légitime.

Exemple : Un officier de police judiciaire ne peut procéder aux perquisitions qu’en vertu d’un mandat du
juge d’instruction.
Sinon, il sera coupable du délit de violation de domicile à moins que l’infraction soit flagrante puisqu’aux
termes de l’article 143 CPPM
« Dans les cas de crime flagrant ou délit flagrant puni d’une peine d’emprisonnement, toute personne a
qualité pour appréhender l’auteur et le conduire dans les délais les plus  brefs devant l’officier de police
judiciaire le plus proche ou le remettre aux agents de la force publique »

Remarque 1 :
La simple permission de la loi est assimilée à l’ordre de la loi : D’après l’art 378 du CPM, les médecins, les
chirurgiens… sont tenus au secret professionnel, hors le cas où la loi les oblige ou les autorise à se porter
dénonciateurs.

Remarque 2 :
Les tribunaux ont refusé d’assimiler l’autorisation administrative à l’ordre de la loi ;
Il s’agissait d’un produit pharmaceutique dangereux qui a obtenu le visa du ministère de la santé.
Les fabricants de ce produit ont été poursuivis devant le tribunal pour blessures par imprudence.
Ils se sont retranchés derrière l’autorisation administrative, mais la cour de Paris, statuant en matière civile, a
répondu que le législateur n’a pas du tout « entendu par la formalité du visa, substituer la responsabilité de
l’Etat à celle du pharmacien ». Paris 30 Mai 1957 D. 1957, p.550 note Gollet – JPC 57II  N° 10088.
Conclusion Lindon.

D’après cette jurisprudence, le visa ou l’autorisation administrative ne constitue pas un fait justificatif.

Remarque 3 :
La permission de la coutume

Grâce à cette permission, la jurisprudence justifie :

    La correction manuelle légère donnée par les parents et les instituteurs à un
enfant ou à un élève.

    Les blessures résultant de la pratique des sports qu’elle soit conforme aux  règles de jeu.

    La mort et les infirmités provoquées par une opération chirurgicale exécutée  conformément aux
percepts de l’art de chirurgie.

B) Le commandement de l’autorité légitime sans l’ordre de   la loi

27
1) Notion de l’autorité légitime

    L’autorité légitime doit être une autorité publique, civile ou militaire :
* Elle doit avoir reçu une investiture régulière

* L’autorité, lorsqu’elle a donné l’ordre d’enfreindre la loi, doit avoir agi dans le
cadre de l’exercice de ses fonctions et dans le cadre de sa compétence.

* Il faut qu’il existe entre l’agent qui a exécuté l’ordre et l’autorité qui l’a donnée
un lien de subordination hiérarchique.

L’ordre donné par une autorité légitime constitue un fait justificatif lorsque ces  3 conditions sont réunies.
Mais sur le plan pratique quelques problèmes apparaissent :
* Qui doit en décider lorsque l’agent a exécuté de bonne foi les ordres
d’une autorité incompétente ?

* En cas de changement de régime politique, précédé du coup d’Etat, il se peut


qu’un fait légitime sous l’ancien régime devienne illégitime sous le nouveau.
Face à ses problèmes,  il y a la solution jurisprudentielle qui est la théorie de l’apparence.
    L’ordre donné par un agent est justifié lorsque son autorité revêt les
apparences.

    Un commandement émanant d’une autorité illégitime peut être considéré comme constitutif de fait
justificatif.
Lorsque ladite autorité présente toutes les apparences de la légitimité, et que l’agent qui a exécuté l’ordre
social s’est contenté d’obéir.

2) Le commandement illégal
La question qui se pose c’est de savoir : est ce qu’un commandement illégal donné par une autorité légitime
constitue un fait justificatif pour l’agent ?

a)    Solution légale

D’après l’article 190 du code pénal relatif à l’abus de l’autorité et l’art 114 du même code, concernant les
attentats à la liberté individuelle, prévoient que si l’agent a agi par ordre de ses supérieurs hiérarchiques, il
sera exempté de peine, laquelle sera dans ce cas appliquée aux supérieurs  qui ont donné l’ordre.
Dans les cas visés par ses 2 articles, il n’y a pas de fait justificatif, il n’y a qu’une exemption de la peine.
C’est ainsi une cause d’une excuse absolutoire dont bénéficie l’agent exécutant.

Remarque : Les faits justificatifs et l’excuse absolutoire sont différents :


o    Le fait justificatif efface l’infraction.
o    En cas d’excuse absolutoire, l’infraction est parfaitement constituée, une
peine est ainsi prononcée mais l’agent exécutant ne la subit pas.
C’est celui qui a donné l’ordre qui  va subir la peine.

b)    Solutions doctrinales


•    L’obéissance passive : d’après cette solution, les militaires n’ont jamais apprécié la
régularité des ordres qu’ils reçoivent de leurs supérieurs hiérarchiques. D’où, lorsqu’ils ont obéi l’ordre reçu,
ils sont justifiés à l’égard de la loi pénale lorsque l’exécution de l’ordre les a conduit à commettre une
infraction.

27
•    Les baïonnettes intelligentes. Par cette solution, les inférieurs ont le droit et le devoir
d’apprécier les ordres qu’ils reçoivent. D’où ils ne peuvent être justifiés que lorsqu’ils ont subi une véritable
contrainte de la part de leurs supérieurs.
C’est aussi une solution dangereuse.

•    La solution intermédiaire qui permet de distinguer l’ordre manifestement illégal et


illégalité.
C’est seulement que dans l’illégalité non manifeste de l’ordre donné qu’on admet le fait justificatif

§2: La légitime défense

Elle consiste dans le droit de se défendre par la force contre une agression imminente et illicite.

I) Les différents cas de la légitime défense

•    Aux termes de l’art 328 du code pénal « il n’y a ni crime ni délit, lorsque l’homicide, les
blessures et les coups étaient commandés par la nécessité actuelle de la légitime défense de soi-même ou
d’autrui ».

•    L’art 329 du code pénal prévoit aussi que sont compris dans les cas de nécessité actuelle de
légitime  défense, les quatre cas suivants :

1)    Si les coups ont été portés, si les blessures ont été faites, si l’homicide a été
commis en repoussant pendant la nuit l’escalade ou l’effraction des clôtures, murs ou entrée d’une maison
ou d’un appartement ou de leur dépendance, ou d’un magasin, d’un entrepôt, d’un édifice religieux, d’une
école, d’un hôpital, d’un bureau, d’une usine, d’une banque, d’un pavillon de commerce, d’un parc à boeufs,
d’une étable, d’une porcherie ou d’une basse-cour, en empêchant le vol dans le champs des récoltes ou
autres productions utiles de la terre, déjà détachées du sol, ou des meules de grains faisant partie des
récoltes.

2)    Si les coups ont été portés, si les blessures ont été faites, si l’homicide a été
commis en repoussant pendant le jour tout vol avec effraction, tout vol avec port d’armes apparentes par
nature ;

3)    Si les coups ont été portés, si les blessures ont été faites, si l’homicide a été
commis sur les malfaiteurs au moment des faits ou au cours de leur poursuite par les membres du
fokonolona ou des agents de la force publique, en défendant contre les auteurs de vols, ou de pillage ou de
tout autre acte de banditisme, exécutés avec violence, ou en bande ou avec port d’armes apparentes ou
cachées sans qu’il y ait lieu de distinguer à cet égard entre les armes par nature et les instruments qualifiés
armes par l’usage qui en est fait ou à l’aide de véhicule motorisé ;

4)    Si les coups ont été portés, si les blessures ont été faites, si l’homicide a été
commis sur les malfaiteurs au moment des faits ou au cours de leur poursuite par les membres du
fokonolona ou des agents de la force publique en se défendant contre les auteurs de violation de tombeaux
ou sépulture.

 II : L’agression

 L’acte de défense n’est convenable que s’il y a agression. Cette dernière présente certains caractères.
 A : Caractères de l’agression

27
1)    Agression actuelle
L’agression est dite actuelle lorsqu’elle est imminente et réelle.
* L’agression est imminente
Seule une attaque immédiate ou du moins très prochaine, imminente, et qui met la personne visée dans
l’impossibilité de se mettre sous la protection de la loi, ou des autorités publiques, justifie la défense :
o  Si le danger est passé, une défense n’est plus nécessaire.
Dans ce cas, la violence n’est plus un acte de défense qui rentre dans le cadre légale de la
légitime défense.
C’est un acte de vengeance privée sanctionné par la loi pénale.

o   Si l’agression n’est encore qu’éventuelle ou future, celui qui se prétend


menacé n’a que le droit de prévenir les autorités et de se placer sous leur protection.

o   L’appréciation du caractère actuel de la défense appartient au juge.

* L’agression est réelle


o    Pour certains cas, le problème d’appréciation de la réalité du danger ne
se pose pas.
Exemple : Rabe a mis à mort un voleur qui est déjà maîtrisé par le fokonolona.

o   L’agression est dite putative lorsqu’elle n’existe que dans l’imagination
de l’auteur.

Dans ces deux cas, il n’y a pas de légitime défense.

Par contre, les gestes menaçant du supposé agresseur peuvent constituer des indices révélateurs d’une
véritable agression.

Exemple : Rabe a menacé Rakoto de le mettre à mort en prenant une hache.


En cas de riposte, il y a légitime défense parce qu’on a pu raisonnablement croire à l’existence du péril.

B : Objet de l’agression
- Agression contre la vie ou l’intégrité physique d’un être humain.
- Agression contre la vertu, la pudeur ou l’honneur (viol)
- Attaque contre les biens (vol)

* L’agression est illicite


Lorsque l’agression est opérée sur l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime, on dit qu’elle
est juste d’où la défense n’est plus légitime.
Par conséquent, la personne qui résiste à des agents publics chargés de l’exécution des ordres de l’autorité
publique ou des décisions judiciaires sera coupable de rébellion qui est une infraction prévue et punie par le
code pénal malgache.

D’après la jurisprudence, il n’y a jamais de légitime défense contre un acte de l’autorité publique même si
cet acte est illégal.
Exemple : La juridiction répressive française a refusé le bénéfice de la légitime défense à un individu qui a
commis des violences contre un huissier procédant à une saisie sans autorisation judiciaire.
En fait, la solution qu’on pourrait adopter consiste à faire la distinction entre l’illégalité manifeste et
illégalité non manifeste.

Dans le premier cas, la riposte est légitime

27
Remarque : l’art 324 al. 2 du code pénal prévoit que : «  Le meurtre commis par l’époux sur son épouse,
ainsi que sur le complice et inversement par l’épouse sur son époux ainsi que sur la complice à l’instant où
ils sont surpris en flagrant délit dans la maison conjugale est excusable ».
Dans ce cas, lorsque sa femme ou son complice qui se retourne contre l’époux agresseur, elle ou il doit
bénéficier de la légitime défense parce que l’agression commise par le mari n’est pas légitimé par la loi. Elle
n’est qu’excusée.

C: La défense légitime.

1)    les différents caractères de la défense

 a-  La défense doit être nécessaire.


On dit que la défense est nécessaire lorsque l’acte de défense s’avère le seul moyen permettant à son auteur
d’échapper à un danger imminent.

b-La défense doit être mesurée.


La défense est dite mesurée lorsqu’elle est proportionnelle à l’agression.
Exemple : un coup de poignard pour répondre un coup de point serait excessif.

Remarques :
- La défense mesurée ne signifie pas que le mal causé par celui qui s’est défendu ne puisse jamais être plus
grave que le mal qui serait résulté de l’agression.
Exemple : Lorsqu’une femme tue l’homme qui tente de la violer, elle est en état de légitime défense.

- L’excès volontaire dans l’exercice du droit de la défense neutralise ce droit et fait disparaître son caractère
de fait justificatif.

- En cas d’excès involontaire dans l’exercice de droit de la défense, les juges ont condamné les auteurs de
ces actes pour homicide ou coups et blessures involontaires.
Exemple : Un homme importuné par un ivrogne, qui avait l’air menaçant, pousse l’ivrogne qui tombe, se
fracture le crâne et meurt par la suite. C. d’Ass. Haut Rhin 30 Avril 1952 rev.sc.crim.1953, P.308,
observation de Hugueney.

- Un passant, voyant un enfant qui lançait des pierres sur ses camarades de jeu, a voulu
désarmer l’enfant, mais le faisant, il lui a tordu et cassé le bras. Alger 9 nov.1953 D. 1954 p.369, note
Pageaud.

2)     La preuve de la légitime défense.

a) La charge de la preuve.
L’art 328 du code pénal prévoit qu’  « il n’y a ni crime ni délit lorsque l’homicide, les blessures et les coups
étaient commandés par la nécessité actuelle de la légitime défense de soi-même ou d’autrui ».
D’où, il appartient à l’auteur de la riposte ou de la défense de démontrer l’existence des conditions posées
par cet article pour échapper à toute condamnation  pénale.

b) La présomption de la légitime défense

Principe : la légitime défense ne se présume pas, elle doit être prouvée.

Exceptions : Il a 4 cas prévus par l’art 329 du CPM où la légitime défense est présumée.
Ainsi, dans les 4 cas prévus par cet article, l’auteur de l’homicide, ou des blessures n’est pas tenu de prouver

27
que l’attaque était actuelle, qu’elle visait sa personne ou ses biens ni que sa défense a été proportionnelle à la
gravité de l’attaque.

La loi présume que les conditions exigées par l’art 328 CPM se trouvaient réunis.  L’art 329 établit donc une
présomption de légitime défense.

* La force probante de cette présomption.


- Si la présomption est simple, la victime peut écarter le fait justificatif par la
preuve contraire.

- Si la présomption est irréfragable, la victime ne peut pas écarter le fait justificatif pour la preuve contraire.
Pour qu’on puisse déterminer la force probante de cette présomption, on va voir une évolution
jurisprudentielle.

•    Au 19ème siècle : la jurisprudence avait décidé que la présomption de la légitime


défense était irréfragable dans deux affaires célèbres :

 L’affaires Dames de Jeufosse Cour d’Assise de l’Eure 18 décembre 1957.


Le voisin de la Dame de Jeufosse avait pris l’habitude d’escalader son mur chaque nuit pour venir déposer
un billet doux sur la fenêtre de sa fille.
Agacée, sans doute, par ce manège, Mme de Jeufosse a donné l’ordre à son garde de  tirer sur le malheureux
soupirant.

 L’affaire Ponchon : Cour d’Assise de la Moselle 27 février 1858 :


circonstances et faits analogues au cas précédent.
Ponchon père a donné à son fils, l’ordre de tirer sur l’amoureux  de sa fille 
Les Dames de Jeufosse et leur garde ainsi que Ponchon père et fils ont été purement et simplement acquittés.

Les cours d’assises ont admis le caractère irréfragable de la légitime défense dans les hypothèses visées à
l’article 329 du C.P

•    Depuis 1934


La chambre criminelle de la cour de cassation française a décidé que la présomption de la légitime défense
est une présomption simple.
L’admission de la présomption absolue en matière de légitime défense risque d’entraîner rapidement la
commission de véritables abus du droit de la légitime défense.
D’après la jurisprudence malgache, la présomption de l’art 329 du code pénal est une présomption simple.

3)     Les effets de la légitime défense


Dès que l’existence de ce fait justificatif a été établie, les poursuites doivent prendre fin.
La légitime défense s’oppose à toute responsabilité civile.

Section II- LES FAITS JUSTIFICATIFS JURISPRUDENTIELS

Il y a deux sortes de faits justificatifs jurisprudentiels : l’état de nécessité et le consentement de la victime.

Sous section 1 : L’état de nécessite

C’est l’état d’une personne qui, tout en gardant sa liberté de décision, n’a d’autre moyen pour échapper à un
danger qui la menace, ou qui menace autrui, que de commettre une infraction.

27
Exemples :
- L’affaire Ménard
Il s’agissait d’une femme sans ressource et qui mourant de faim, a volé un morceau de pain à la devanture
d’une boulangerie pour se nourrir. (Amiens 22 Avril 1898 S.1899 II.P.1, note Roux.)

- Les naufragés qui, pour se sauver, repoussent à la mer, les passagers excédentaires.

A .Le fondement de l’impunité de l’infraction nécessaire

1) L’existence d’un danger actuel et imminent


L’auteur d’une infraction nécessaire doit se trouver en présence d’un danger actuel et imminent.

 Exemple : Mari en instance de divorce commettant une violation de domicile pour soustraire sa fille
mineure à une scène de débauche se déroulant dans l’appartement de sa femme.

Remarque : l’objet du danger peut viser soi-même ou autrui, physique ou moral.

2)    La nécessité de l’infraction


L’infraction doit être nécessaire pour éviter le danger.
Si le délinquant avait à sa disposition  d’autres moyens de sauvegarder les intérêts menacés, il n’y avait pas
d’infraction nécessaire.

B. L’intérêt social de l’infraction


C’est le problème de la proportionnalité entre la gravité de l’infraction commise et celle du mal évité.

1) Il faudrait que l’intérêt sacrifié soit de moindre valeur que l’intérêt


sauvegardé.
Exemple : On peut violer le code de la route pour sauver la vie d’un piéton.

2) On peut considérer qu’il y a état de nécessité lorsque les intérêts en conflit sont de valeur égale
Pourtant certains auteurs comme BOUZAT et PINATEL rejette l’idée  d’impunité lorsque les deux intérêts
en conflit sont de valeur équivalente..
Pour eux, il n’y a qu’une contrainte morale dont atténuation de responsabilité
L’exemple célèbre est celui des naufragés de la Mignonnette qui en 1884, mourrant de faim et soif à bord de
leur navire avaient tué un jeune matelot pour manger son chair et boire son sang.

                 Sous section 2 :   Le consentement de la victime

B)    Règles générales

1) Principe :
Le code pénal n’a pas posé de règle générale en cette matière.
On peut seulement noter que l’art 317 C.P, qui réprime l’avortement, rejette expressément l’impunité pour
consentement de la victime.

Mais malgré l’absence de texte de portée générale, on peut dégager dans la pratique des tribunaux le
principe suivant : «  Ni le consentement, ni la tolérance habituelle, ni le pardon de la victime ne justifie
l’infraction pénale ».
La raison en est que la répression n’est pas seulement organisée dans l’intérêt de la victime mais aussi dans
l’intérêt général, intérêt de la société.
La loi pénale étant d’ordre public, la victime ne peut par sa volonté en paralyser l’application.
Le consentement de la victime est inefficace par les infractions qui portent atteinte à la vie, à la santé et à

27
l’intégrité physique de la personne : meurtre, coups et blessures…

2) Exception
On va voir dans cette exception l’admission exceptionnelle du consentement de la victime comme fait
justificatif car la loi pénale n’intervient que pour sanctionner l’atteinte frauduleuse ou violente à la libre
disposition d’un droit :
En cas de vol, de séquestration arbitraire, de viol d’une femme majeure, de tromperie, l’infraction n’existe
pas à partir du moment où la victime a accepté volontairement de la subir. En dehors de ces cas, le
consentement de la victime ne constitue pas un fait justificatif.

B) Cas discuté

1)    Les opérations chirurgicales, les traitements médicaux et paramédicaux

Il peut arriver que les chirurgiens, au cours d’une intervention chirurgicale, faite conformément aux règles
de l’art, aient accidentellement infligé à leurs patients des blessures ayant des conséquences graves.
Mais dans ce cas, l’activité du chirurgien n’est pas punissable. Elle est doublement justifiée :

- d’une part, par le consentement du malade à l’opération

- d’autre part, en raison d’une permission implicite de la loi

Condition:
Il faut que le chirurgien ait agi dans un but curatif et non d’expérimentation scientifique.
•    En matière de chirurgie esthétique
La jurisprudence refuse d’admettre le fait justificatif lorsqu’au cours de leur opération, le chirurgien inflige
des blessures à une patiente.
Mais certains auteurs soutiennent que le consentement de la victime devrait être admis comme fait
justificatif à partir du moment où l’opération n’a pas entraîné un dommage disproportionné.

•    Pour les prélèvements d’organes humains en vue d’une greffe


- le prélèvement est illicite lorsque le donneur est vivant.
Il convient de distinguer les produits détachables du corps humain comme le sang, les cheveux et les organes
non-reconstituables.

*Dans le premier cas, le prélèvement est licite lorsque les donneurs sont consentants.

* Dans le deuxième cas c'est-à-dire le prélèvement des organes non-reconstituables, le problème n’est pas
encore résolu mais l’évolution des idées paraît être dans
le sens de l’admission.

2)    L’euthanasie

C’est une pratique qui consiste à abréger la vie d’un malade pour lui épargner des souffrances inutiles.
Pourrait-on abréger les souffrances du malade incurable en mettant fin à ses jours ?

a)    Si l’on admet la primauté de la société sur l’individu, il apparaîtra légitime d’éliminer les inutiles  
Les médecins de la République idéale de Platon, n’aurait pas soigné un malade incurable.
Francis Bacon créateur du mot Euthanasie a remis cette idée en honneur.

b)    Lorsqu’on affirme la primauté de l’individu sur la société, l’Euthanasie constitue une infraction :
Le grand danger de l’euthanasie c’est l’abus qu’elle pourrait conduire.

27
Malgré l’évolution technique des procédés d’investigation, on constate que pratiquement, ni le diagnostic, ni
le pronostic ne peuvent être établis avec une certitude absolue.
                des erreurs ont été commises par des médecins expérimentés et des
malades abandonnés par la médecine présentant toutes les symptômes d’une mort imminente ont trouvé
miraculeusement la santé.

c)    Sur le plan juridique. Le consentement de la victime ne peut pas constituer un fait justificatif en matière
d’euthanasie.
L’euthanasie est un meurtre ou un assassinat selon le cas. Mais il faut reconnaître que l’auteur de cet
homicide volontaire ne peut être jugé avec la même rigueur qu’un meurtrier ou assassin ordinaire.

C’est ainsi qu’en droit malgache, l’euthanasie, si elle est prouvée, pourrait être considérée comme une
circonstance atténuante.

* Notion de circonstance atténuante

- Point commun entre circonstance atténuante et excuse atténuante : elles réduisent les peines normalement
applicables.

- Différence entre elles :


* Les excuses atténuantes sont prévues par la loi

* Les circonstances atténuantes sont appréciées par le juge.


Le juge apprécie en toute liberté ce qui lui paraît constituer dans chaque cas d’espèce une circonstance
atténuante.

Ça peut être :
- Soit une circonstance extérieure à l’infraction : faible préjudice causé…
- Soit une circonstance postérieur : réparation de préjudice causé.
- Soit une circonstance psychologique personnelle à l’auteur de l’infraction : éducation, caractère….
Les circonstances atténuantes peuvent être accordées à tous les délinquants : majeur ou
mineur, primaire ou récidiviste…..

Elles sont applicables à toutes les infractions : contraventions, délit et crime sauf le cas prévu par
l’Ordonnance 72-028 du 18/09/72 qui exclut l’application des circonstances atténuantes pour les infractions
qui ont un caractère particulièrement grave et anti-social : vol de bovidé, rébellion…

Chapitre II : L’ELEMENT MORAL DE L’INFRACTION

L’élément moral de l’infraction c’est le lieu entre l’acte matériel constitutif de l’infraction et l’auteur de cet
acte.

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Pour qu’il y ait infraction, il faut qu’un acte matériel prévu et puni par la loi  ait été commis et que cet acte
ait été le produit  de la volonté de son auteur.

Le lieu entre l’acte et l’auteur appelé volonté criminelle constitue l’élément moral de l’infraction.
En absence de cette volonté criminelle, il n’y a pas d’infraction.

Exemple : En cas de force majeure.


 Pour les infractions dites intentionnelles, l’élément moral consiste en une intention

Exemple : Pour les crimes et la majorité des délits.


 Pour les infractions dites non intentionnelles, l’élément moral est une simple faute.

Exemple : Pour la plupart des contraventions et pour les délits d’imprudence.

Remarque : Toute infraction suppose une volonté même pour les infractions dites involontaires.

Sous chapitre I : LE DOL PENAL

On dit qu’il y a dol pénal lorsque l’auteur de l’acte délictueux a voulu l’acte matériel et ses conséquences.
Pourtant  il faut faire la distinction entre le dol général et le dol spécial.
Le premier c’est l’élément moral commun à toutes les infractions.
Le second c’est l’élément moral que la loi exige pour la répression de certaines infractions.

Section I- LE DOL GENERAL

C’est la volonté et la conscience chez l’agent de commettre  une infraction, d’enfreindre la loi pénale.
Le dol est ainsi en rapport avec l’élément matériel et l’élément légal de l’infraction.

Sous section 1- le rapport entre le dol et l’élément matériel de l’infraction

Le dol existe dès que l’agent a la volonté d’accomplir l’infraction telle qu’elle est décrite, dans sa
matérialité, par la loi pénale.
Lorsque l’agent commet une erreur de fait c'est-à-dire, il ne se rend pas compte qu’il est en train d’accomplir
les actes matériels défendus par le code pénal, cette erreur faite disparaître  le DOL GENERAL.
Exemple : Un jeune homme avait fréquenté une jeune fille mineure en le croyant majeur à cause de
l’apparence physique.

Remarques :
1)    Pour les infractions intentionnelles et volontaires

Tels que le vol, l’assassinat, le meurtre…l’erreur de fait exonère l’auteur de l’infraction.


•    Portant, elle n’est opérante que si elle a porté sur les éléments matériels essentiels de l’infraction.

Exemple : le voleur s’est trompé sur l’objet du délit, croyant avoir emporté un bijou en or, il s’est emparé en
réalité  en plaqué or.
Une telle erreur ne peut pas être prise en considération car elle n’exclut pas la mauvaise foi du délinquant.

•    Lorsque l’erreur porte sur la personne de la victime, elle ne supprime pas la responsabilité de l’auteur.
Exemple : X veut tuer Y mais en fait, il tue Z. Il n’en est pas moins responsable d’un meurtre. Son erreur n’a
aucun effet sur l’intention criminelle.
Il en est de même dans le cas où c’est par maladresse que le coup dirigé contre une personne a atteint une

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autre.

2)    Par contre, dans l’infraction non intentionnelle ou involontaire

Où l’élément moral consiste en simple faute d’imprudence, l’erreur de fait n’est pas prise en considération.
Elle ne supprime pas l’élément moral.
Ainsi malgré son erreur, l’auteur du délit d’homicide par imprudence. D’où malgré son erreur, l’auteur de
cette infraction reste toujours punissable.

Sous-section 2- Le rapport entre le dol et l’élément légal de l’infraction.

Pour qu’il y ait infraction, il faut qu’au moment de la commission de celle-ci, l’auteur ait en conscience
d’enfreindre la loi pénale.

Grâce à la maxime «Nemo censetur ignorare legem », la connaissance de la loi pénale est toujours présumée
d’une manière irréfragable, chez l’auteur.

                                 §1 : La règle Nemo censetur ignorare legem

En principe, pour que l’auteur d’une infraction soit coupable, il doit avoir connu l’incrimination légale.
On dit qu’il y a erreur de droit lorsque l’auteur de l’infraction ignore la loi ou lorsqu’il a fait une
interprétation inexacte de la disposition légale.
Mais il faut préciser que l’ignorance ou l’interprétation inexacte de la loi pénale n’a aucune influence sur la
responsabilité de l’auteur parce que l’erreur de droit ne constitue ni un fait justificatif ni une excuse admise
par la loi.

                                   §2 : Le domaine et la limite de la règle nemo  consentur (qu’un jour franc après la
publication).
    En droit Malgache, les lois ne deviennent obligatoires qu’un jour
franc après la publication.

    La jurisprudence a fait une distinction entre erreur de droit pénal


et erreur extra-pénale.
Exemple d’erreur extra pénale :
Un ouvrier qui connaît biens les dispositions de la loi pénale relative au vol, ignore que d’après le code civil
français (art 316 CCF), le Trésor découvert sur le fonds d’autrui appartient pour moitié au propriétaire du
fonds et pour moitié à l’inventeur c'est-à-dire à celui qui a découvert le trésor, croyant que ce trésor
appartient en totalité à l’inventeur.
Il s’approprie intégralement le trésor.
S’il est poursuivi pour vol, il semble qu’il lui soit permis d’établir l’erreur extra pénale pour échapper à toute
répression. (Crim 24/01/56 –Revue de science criminelle 1957 – 369)

Sous section 1- Notion


Pour que l’infraction intentionnelle soit punissable, il faut qu’il y ait chez l’agent la conscience non
seulement d’accomplir un acte illicite mais aussi de déterminer par cet acte un préjudice pour la victime.

Exemple : Dans l’homicide volontaire prévu et puni par l’art 295 du code pénal Malgache, en plus de la
volonté consciente de violer de tuer (Dol spécial)

§1 : Le Dol spécial et l’intention criminelle


Le dol spécial est une intention précise c’est la conscience de causer un préjudice.
Exemples :

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-    L’intention de s’approprier la chose d’autrui pour le vol
-    L’intention de détruire par le feu pour l’incendie volontaire
-    L’intention de tromper autrui pour l’escroquerie.
A défaut de cette intention précise exigée par la loi, l’auteur de l’infraction va être puni sous une autre
qualification.

Exemple : Des coups ont occasionné la mort d’une personne si l’auteur de cette infraction n’a pas eu
l’intention de tuer cette victime mais seulement de la blesser, il va être condamné pour coup et blessure
volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Infraction prévue et puni par l’art 309 al3 du CPM.

§2 : Le Dol spécial et l’erreur

A-    Principe

Lorsque le Dol général se trouve exclu par la preuve d’une erreur de fait, c'est-à-dire en cas de bonne foi de
l’agent dans le cadre d’une infraction intentionnelle, on ne peut pas concevoir l’existence du DOL
SPECIAL.

Exemple : Un homme qui confond la voiture d’autrui avec la sienne, s’en empare, n’a pas conscience de
violer la loi.
Il est de bonne foi. Il y donc une erreur de fait qui fait disparaître le Dol général.
Dans ce cas, l’intention précise c'est-à-dire l’intention de s’approprier la voiture d’autrui fait défaut.

Il ne peut pas y avoir de Dol spécial.


Lorsqu’il n’y a pas de Dol général, il ne peut pas y avoir de Dol spécial.

B- Exceptions

a)    L’erreur sur la personne de la victime


Elle n’a aucune influence sur le Dol spécial.Elle laisse intact la responsabilité de l’auteur.

Exemple : si voulant tuer X, Rabe a tué Y.


Il n’en est pas moins responsable du meurtre parce que l’erreur n’a aucun effet sur son intention criminelle.

b) en cas d’abératio ictus (déviation de coup)


L’agent, en dirigeant mal son coup, a atteint une victime imprévue (cr 18 février 1922.S. 1922.1.329)

Sous section 2- les différents aspect du Dol spécial

§1 : Les modalités des Dol spécial d’après le caractère de spontanéité

1)    Le Dol simple:


Il y a Dol simple lorsque l’acte est réalisé sur le moment :
Il suppose une intention concordante à l’action.
Dans ce cas, on applique la peine normalement prévue par le code.

Exemple : l’homicide volontaire (Dol simple) est un meurtre punissable de travaux forcés à perpétuité art
304 al3
 
2)    Le Dol prémédité
Le Dol prémédité implique une antériorité de l’intention par rapport à l’action.

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Dans ce cas, il y a ceux que l’on appelle préméditation qui constitue une  circonstance aggravante.
Ainsi l’agent est plus coupable par rapport à l’auteur du dol simple parce qu’il  a mûri et réfléchi son projet
pendant un certain temps.

    Le meurtre simple (Dol simple) ne sera puni que des travaux forcés
(art 304 al3 CPM)

    L’homicide avec préméditation (dol prémédité) devient un assassinat


puni de mort (art 302 CPM)

3)    Le Dol provoqué


Il est en relation de causalité avec l’excitation imputable à une tierce personne.
L’existence de la provocation a pour effet d’atténuer la sanction de l’auteur de l’infraction.
On va rappeler que le CPM prévoit 4 cas d’excuse de provocation

§2 : Les modalités du Dol spécial d’après l’intensité criminelle de l’objet de l’intention criminelle

1)    Le Dol indéterminé


On dit qu’il y a Dol indéterminé lorsque l’auteur d’une infraction ne peut, à l’avance, déterminer exactement
le but visé.

Exemple : Rabe donne volontairement des coups à Rakoto sans intention de le tuer, mais avec la volonté de
le faire souffrir. Dans ce cas, Rabe ignore quelle sorte de mal la victime subira en définitive : simple
sensation douloureuse ou blessures légères ou blessures graves ou décès.

2)    le délit praeter-intentionnel


Dans ce cas, l’infraction a des conséquences plus graves que celles prévues par l’auteur.
Principe :
L’agent n’est pas responsable en tant qu’auteur ou complices des conséquences effectives de son acte.

Exemple : X donne des coups à une femme dont il ignore la grossesse, provoque l’avortement.
Le résultat a ainsi dépassé l’intention de X.
Il est allé au-delà de ce qu’il pouvait imaginer.

Exception
Le cas prévu par l’art 434 CPM : « est puni de mort l’auteur d’une incendie volontaire, lorsque l’incendie a
occasionné le décès de personne dont le criminel n’avait pas soupçonné la présence.

Sous - chapitre 2 : LA FAUTE PENALE

L’élément moral pour les infractions qui ne supposent pas une intention criminelle est appelé faute pénale.

Section I- La faute d’imprudence ou de négligence

§1- la notion de faute pénale

I-    La faute pénale considérée en elle-même


La faute pénale c’est l’élément moral particulier qui permet d’imputer pénalement à une personne le résultat
dommageable qu’elle n’a pas voulu provoquer.
Le code pénal utilise différents termes tels que : maladresse, imprudence, inattention, négligence,
inobservation des règlements mais la diversité de terminologie peut être réduite aux notions d’imprudence et
de négligence.

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1)    L’imprévoyance consciente
Dans ce cas, la négligence apparaît comme le produit d’un acte de volonté conscient et délibéré.

Exemples :
-    Père imprudent qui remet un objet dangereux à son enfant à bas âge.

-    Un automobiliste qui accomplit délibérément un dépassement quelques mètres avant un pont.

L’automobiliste et le père imprudent sont conscients des dangers que porte leur attitude mais ils acceptent le
risque de provoquer un dommage tout en espérant que ce dommage ne se produirait pas.

● Principe : quelque soit la gravité de la faute pénale, elle ne saurait être assimilée au dol spécial.

● Exception :
-    La jurisprudence française a admis l’équivalence entre faute pénale et dol pénal.

Exemple : La loi du 01 août 1905 sur les fraudes et tromperies en matière de vente exige un dol comme
élément moral (c’est la mauvaise foi). Mais la jurisprudence assimile au dol certaines négligences
professionnelles grossières telles que défaut de surveillance ou vérification des marchandises fabriquées ou
vendues.

2)    L’imprévoyance inconsciente


Le dommage et l’acte qu’il a occasionné sont tous involontaires
Exemple : Un chasseur qui, sans avoir procédé à une vérification préalable de son fusil de chasse, tue ou
blesse quelqu’un en nettoyant son arme.
Ce chasseur ne peut pas s’abriter derrière son erreur pour échapper à toute répression.

3)    La notion d’inobservation de règlement


Les délits d’inobservation des règlements ne constituent pas une catégorie distincte d’infraction :
L’art 319 du CP incrimine l’inobservation des règlements au même titre que la maladresse, l’imprudence,
l’inattention ou la négligence.

II-    La faute pénale et la faute civile

    La faute pénale est prévue par l’art 319 du CP. Aux termes duquel,
« quiconque, par maladresse, négligence ou inobservation de règlement… »

    La faute civile est prévue par l’art 204 de la LTGO aux termes
duquel, « chacun est responsable du dommage causé par sa faute même de négligence ou d’imprudence »

A-    La thèse de l’identité de la faute pénale et la faute civile

Cette thèse entraîne deux conséquences pratiques importantes

1)    La thèse de l’identité absolue de la faute pénale et de la faute


civile conduit par la Cour de cassation Française a affirmé comme en matière civile que toute faute même
légère entraîne la responsabilité pénale.
Il faut toutefois rappeler que l’auteur d’une faute pénale de négligence ou d’imprudence quelque soit la
gravité de celle-ci ne peut pas être condamné sous une qualification d’un dol pénale.

2)    Sur le plan procédural : En matière de prescription

27
Il y a le principe de la solidarité de l’action publique avec l’action civile :

(La prescription de l’action civile est de 30 ans) mais en vertu du principe de la solidarité ou identité de la
prescription de l’action civile et de l’action publique, la première va se prescrire de la même façon que la
dernière. C'est-à-dire, au lieu de 30 ans, la prescription de l’action civile va être aussi de 10 ans pour le
crime, 3 ans pour le délit et de 1 an pour les contraventions lorsque la victime ou sa famille décide de porter
son action devant le tribunal répressif.

Si l’action civile est portée devant le tribunal civil, on doit retenir deux règles :
1ère règle : Le criminel tient le civil en état
Cette règle signifie que : l’action civile a été intentée devant la juridiction civile mais non en même temps
que l’action publique devant la juridiction répressive, la juridiction civile doit sursoir à statuer sur la
demande en dommage intérêt de la victime tant que la juridiction répressive n’aura pas rendu elle même sa
décision concernant l’action publique.

Ce sursis à statuer se justifie par le souci d’éviter une contrariété de jugement :


 Si la juridiction répressive saisie de l’action publique reconnaît qu’il y a faute
pénale, la juridiction saisie de l’action civile doit aussi établir l’existence de la faute civile et par conséquent
octroyer des dommages intérêts à la victime.

 S’il n’y a pas faute pénale, il ne saurait y avoir faute civile.

2ème règle : Le principe de l’autorité sur le civil de la chose jugée au criminel :


La décision de relaxe ou de condamnation rendue par la juridiction répressive  va exercer une influence sur
le jugement de l’action civile.
o    Le juge répressif qui aura relaxé au pénal ne pourra pas au risque de se
contredire, condamner à des dommages intérêts.

o    L’auteur d’un dommage corporel relaxé par le tribunal correctionnel ne


pourra pas être par la suite condamné par la juridiction civile au paiement de dommage intérêts sur le
fondement de l’art 204 de la LTGO.

B-    La thèse de la dualité de la faute civile et pénale


La dualité de la faute est une solution proposée par la doctrine
D’après cette thèse, les critères d’appréciation de la faute sont différents selon qu’il s’agit de droit pénal ou
civil :
    Dans l’appréciation de la faute civile, on va éloigner de plus en plus des  idées de blâmes et répression.
    Par contre, la faute est intimement liée à l’idée de réprobation sociale.
C’est pourquoi, il n’y a pas d’identité du code pénal et civil.
Néanmoins, il faut remarquer qu’en pratique, la jurisprudence répressive a consacré le principe de l’identité
absolue des fautes pénale et civile.

        §2 : La sanction de délit d’imprudence et de négligence

A-    Nature de la sanction


Peine de prison et amende contraventionnelle ou mesure de sûreté tels que le retrait de permis de conduire,
la suspension du contrat d’assurance.

B-    La mesure de sanction


Le principe est que, les délits d’imprudence ne sont répréhensibles que s’ils ont produit un résultat
dommageable, alors de la gravité du dommage.

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Les art     - 319
                - 320           du code pénal sont relatifs aux délits d’imprudence
                - 320 bis
  

Section II- LA FAUTE CONTRAVENTIONNELLE

L’élément matériel apparaît comme élément essentiel de la contravention.


On ne cherche plus s’il y a eu négligence ou maladresse.
Le seul fait de violer une prescription légale ou réglementaire constitue cette infraction.

Remarque :
-    L’élément moral existe aussi dans la contravention parce que toute infraction même
purement matérielle telle que la contravention suppose chez son auteur une volonté libre.
En absence de volonté comme en cas de démence ou de contrainte, ou de la force majeure, il ne saurait y
avoir de sanction pénale.
 

Chapitre III : L’ELEMENT MATERIEL DE L’INFRACTION

Le fait ou l’acte extérieur par quoi se révèle l’intention criminelle ou la faute pénale constitue l’élément
matériel de l’infraction.
En principe, le droit pénal ne réprime pas les simples idées criminelles. C’est le principe de l’impunité de la
criminalité intellectuelle.
L’infraction extériorisée par son élément matériel nécessite la mise en mouvement de l’action publique.

Sous-Chapitre I- CONTENU ET MODALITE DE L’ELEMENT 


                     MATERIEL

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Section 1- LE CONTENU DE L’ELEMENT MATERIEL

On appelle élément matériel le fait extérieur par lequel, l’infraction prend corps.
La loi incrimine le comportement extérieur de l’homme :
Sa conduite, son attitude …
Ce comportement peut être actif ou passif. C’est pourquoi, il y a des infractions dites « de commission » et
celles dites « d’omission ».

                        §1 : L’infraction de commission


L’infraction de commission se réalise par un acte positif qui consiste à faire ce que la loi interdit
Exemple : L’acte de soustraction en matière de vol (art 379)
L’infraction d’omission réside dans un acte négatif qui consiste à ne pas faire ce que la loi ordonne
Exemples : La non assistance à une personne en danger .La non dénonciation de crime

A-    Le problème de l’infraction de commission pour omission


Exemple :
•    Une épouse excédée de la vie conjugale apercevant son mari en train de se noyer ne
lui porte pas secours dans l’espoir qu’il mourra.
•    Au lieu de tuer une personne par balle ou par un coup de poignard, on le laisse périr
en  le privant d’aliment.
-    Est ce que ces personnes sont-elles coupables d’un homicide volontaire du
fait de leur omission ?
-    Ou est ce qu’un délit de commission pourrait-il résulte d’un simple
omission

B-    Solutions
- L’ancien droit français réprimait cette infraction sous l’influence du droit canonique (Droit de l’église
catholique Romaine) « qui peut et n’empêche, pêche »
L’auteur d’une omission pouvait être puni comme s’il avait accompli une infraction de commission.
- La jurisprudence refuse d’assimiler purement et simplement d’abstention à une action.
Exemple : affaire « la séquestrée de Poitiers » (Poitiers 20Novembre 1901, Sirey 1902, 2ème partie p. 305)
Dans cette affaire, une jeune fille blanche, majeure, appelée dans une chambre, obscure et non aérée, dans
un état de saleté indescriptible pendant des années au point de compromettre son existence.
-    Le tribunal correctionnel avait condamné ses parents pour délit des coups et
blessures, violence et voie de fait
-    Mais, la cour de Poitiers avait reformé ce jugement en relaxant le prévenu
au motif que de tels agissements ne sauraient constitués un acte de violence prévu par l’art 311
•    Exception : Une simple omission est assimilée à une infraction de commission dans
les deux cas suivants :
1er cas : En matière de délit par imprudence parce que par nature, la faute
d’imprudence est PROTEIFORME c'est-à-dire qu’elle peut considérer aussi bien dans une abstention que
dans un fait positif.
Exemple : Le propriétaire d’une ruche est condamné pour blessure par imprudence parce qu’il n’avait pris
toutes les précautions nécessaires pour protéger ses voisins, contre les piqûres des abeilles, dont il prélevait
le miel
2ème cas : La loi prévoit que l’omission peut avoir la valeur d’une commission
L’art 312 al7 et 9 du CPM punit comme coups et blessures ou même de meurtre ou d’assassinat ceux qui
auront privé volontairement d’aliment ou de soin d’un enfant moins de 15 ans.

                         §2 : L’infraction d’omission

27
Dans cette infraction, ce qui est incriminée c’est l’abstention, l’inertie de l’agent.

Exemple :
-    Obligation de porter secours à une personne en péril (art 63 CP)
-    Obligation de dénoncer ou d’empêcher certains  crimes ou délits (art62 CP)

A-    L’omission de dénoncer ou d’empêcher certains crimes ou délits

1)    principe- l’omission de dénoncer certains crimes oudélits constitue une infraction passible de peine
correctionnelle aux termes de l’art 62 CP
2)    Exception : les parents et alliés des auteurs de crimes ou de tentative de crime jusqu’au 4ème degré sont
toutefois dispensés de l’obligation de dénoncer.
Remarque : la dénonciation est obligatoire pour des crimes commis sur les mineurs de 15 ans.

3)    L’omission de porter secours à une personne en péril ou la non assistance à la personne en danger

Aux termes de l’art 63 al2 CP, l’omission de porter secours à une personne en danger constituent également
une infraction passible de peine correctionnelle.
Remarques :
o    La notion de personne en péril ne recouvre plus l’individu déjà mort.
o    Les tribunaux rendent nécessaire l’assistance même si elle est de toute
évidence vouée à l’échec
o    De part sa profession, le médecin a une vocation naturelle à secourir les
personnes en danger

Section 2- LES MODALITES DE MANIFESTATION DE L’ELEMENT MATERIEL

§1 : Classification simple ou d’occasion

A-    L’infraction simple

    Elle est constituée par une action ou omission unique et isolée
Exemple :
-    Le meurtre qui suppose un seul coup mortel à la vie
-    Le vol est parfait dès qu’il y a eu soustraction frauduleuse de la chose d’autrui.

           B-L’infraction complexe

                  1) L’infraction complexe proprement dite :


    L’infraction est dite complexe, lorsqu’elle suppose plusieurs actes matériels distincts coordonnés et
concurrents à une fin unique
     L’escroquerie en est l ‘exemple type car elle se décompose en deux séries de fait :
-    L’usage d’un faux nom, d’une fausse qualité ou de manœuvrefrauduleuse.
        -     La remise consécutive par la personne trompée d’une somme d’argent ou autre objet de valeur.
    Il est évident que l’escroquerie n’est consommée que si ces deux séries de faits matériels ont été
accomplies.
    La distinction entre infraction simple et infraction complexe emporte les deux conséquences pratiques
suivantes :
        - La prescription de l’action publique ne commence à courir qu’à partir du jour où toutes les opérations
constitutives de l’infraction sont achevées
        - Les actes constitutifs de l’infraction complexe peuvent être accompli en des lieux différents.

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    Selon la jurisprudence, le tribunal compétent pour juger l’infraction complexe est celui dans le ressort
duquel a été commis l’un des actes qui entre dans la composition de l’infraction. Le tribunal compétent est
donc le choix du M.P.

2)Les infractions répétées

a)    Les infractions d’habitude


    L’infraction d’habitude est consommée par une seule opération matérielle mais elle n’est punissable que
dans la mesure où cette opération matérielle a été consommée plusieurs fois.
Exemple : L’exercice illégal de la médecine
 Remarque :
         La prescription de l’action publique ne commence à courir qu’à la date du dernier acte constitutif de
l’habitude.
         En cas de conflit de lois dans le  temps, la loi nouvelle saisit l’infraction d’habitude dès qu’un seul des
actes requis pour la constitution de l’infraction d’habitude a été commis après la promulgation de ladite loi.

b)    Les infractions continuées


    L’infraction continuée est caractérisée par la répétition de l’activité matérielle.
    Mais chacun des actes accomplis par le délinquant est punissable isolement.

        Exemple :


        - une épouse adultère qui se met à fréquenter tous les jours son complice.
Dans ce cas, il y a répétition de l’adultère.
        - Le cas d’un caissier qui puise à plusieurs reprises dans la caisse de son employeur.
    Devant cette situation, la question qui se pose c’est de savoir combien d’infraction on peut imputer au
délinquant ?
         On ne tiendra qu’une seule infraction lorsque la répétition des actes se produit au cours d’une même
action, ou, au cours d’une même séance du travail du délinquant.
Exemple : Les dahalo qui s’emparent, en une seule fois, quelques certaines de bovidés et le pickpocket qui
détrousse  plusieurs personnes lors d’une cérémonie n’accomplissent qu’une seule infraction.
         Il y a autant de délits distinctement consommés que d’actes accomplis s’il y a pluralité d’actions
échelonnées dans un espace de temps plus ou moins long.

              §2 : Classification des infractions d’après la durée d’exécution des actes.

A)    Infractions instantanées et infractions continues

1)    L’infraction instantanée


    Elle est réalisée par une action qui s’exécute en un seul trait de temps
    Exemple : meurtre, vol, viol, …

2)    L’infraction continue


    Elle implique la notion de durée
    Elle est constituée par une action ou omission qui se prolonge dans le temps par la réitération constante de
la volonté du coupable.
Exemple : lL port illégal de la décoration.

B)    L’infraction permanente et infraction successive

1)    L’infraction permanente

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            Elle se réalise en un seul trait de
temps. Seuls ses effets se prolongent dans le temps par la seule force des choses.
Exemple : La bigamie
       La construction sans permis de construire
    On peut l’assimiler à l’infraction instantanée quant à son régime juridique

2)    L’infraction successive


  Elle implique aussi la notion de durée.Elle se perpétue par un renouvellement constant de la volonté pénale
de l’auteur.
 Exemple : Le recel des choses volées, l’ouverture illégal d’un débit de boissons.
    On peut l’assimiler à l’infraction continue quant à son régime juridique

                  §2 : La classification des infractions d’après le moment de constatation                     de l’élément


matériel

        A-Crime ou délit flagrant

    Aux termes de l’art 206 du CPPM, « est qualifié crime ou délit flagrant le crime ou le délit qui se commet
actuellement ou qui vient de se commettre.
    Il y a aussi crime ou délit flagrant lorsque :
-    dans un temps très voisin de l’acte, la personne soupçonnée est poursuivie
par la clameur publique ou bien.
-    Est trouvée en possession d’objets ou présente des traces ou indices laissant
penser qu’elle a participé aux crimes ou aux délits qui viennent de se    
commettre.

                     B- Crime ou délit non flagrant


    C’est celui qui a été commis depuis un certain temps
    Les épreuves des infractions flagrantes étant plus faciles à établir que celles des infractions non flagrantes.
    La poursuite, l’instruction et le jugement de l’infraction flagrante sont très rapides par rapport à ceux de
l’infraction non flagrante.

Sous-Chapitre II- LE RESULTAT PENAL

    Du point de vue de son résultat, on peut concevoir une autre classification de l’infraction : infraction
tentée et infraction consommée.

        Section I- L’INFRACTION TENTEE


    Le délinquant a entrepris l’accomplissement des opérations nécessaires à la réalisation de l’infraction
mais il n’est pas allé jusqu’au bout parce qu’il n’a pas eu le temps. C’est la tentative interrompue
    Il arrive aussi qu’il a effectué tous les actes nécessaires à la réalisation de son projet délictueux mais celui-
ci n’a pas pu être atteint, c’est la tentative infructueuse.
    Maintenant, la question qui se pose c’est de savoir, est-ce que l’infraction simplement tentée est-elle tout
de même répréhensible ?

            Sous-section I- LA TENTATIVE INTERROMPUE.

    Le chemin de crime (ITER CRIMINIS) comporte 4 étapes essentielles :


        - Extériorisation, verbale ou manuscrite, de la volonté de commettre une infraction
        - Les actes préparatoires (le fait d’acheter un raticide, couteau)
        - Le commencement d’exécution (le fait de prendre un taxi)

27
        - La consommation

    A partir de quel moment la tentative interrompue peut faire l’objet de sanction ?
    * En principe, la tentative proprement dite n’est réprimée qu’à partir du troisième stade (le
commencement d’exécution)
    D’après l’art 2 du CP « toute tentative de crime qui aura été manifestée par un commencement
d’exécution, si elle n’a été suspendue ou si elle n’a manqué son effet que par des circonstances
indépendantes de la volonté de son auteur, est considérée comme le crime même ».
     L’art 03 du même code ajoute que « les tentatives de délits ne sont considérées comme délits que dans les
cas déterminés par une disposition spéciale de la loi »
    On peut aussi dégager les deux conditions de la tentative punissable :
- Le commencement d’exécution
- L’interruption involontaire de l’activité délictueuse

•    Exceptionnellement, la loi punit la tentative dès le premier stade.


Exemple : En cas de menaces (art 305 à 308 CP)
          

    Le but de la loi est d’anéantir les projets criminels dès leurs premières manifestations

§1 : Le commencement d’exécution
    Comment distinguer l’acte préparatoire du commencement exécution.

A-    Solutions doctrinales

1)    La conception objective


    Selon cette conception, l’acte préparatoire ne rentre pas dans la définition légale de l’infraction, tandis que
le commencement d’exécution n’est qu’un acte qui en fait partie. Il y a commencement d’acte chaque fois
que l’agent a accompli ou commencé d’accomplir l’une des opérations matérielles qui figurent parmi les
éléments constitutifs du crime ou du délit consommé.
Exemple : Le vol est matériellement constitué par la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui. Il y aura
donc commencement d’exécution du vol que si l’agent a déjà posé la main sur l’objet convoité.
    S’il a simplement introduit sa main dans la poche de sa victime sans toucher l’objet désiré, il n’aura
encore accompli qu’un acte préparatoire non punissable.
    Dans la pratique, la conception objective n’a aucun succès

2)    La conception subjective


    D’après les partisans de cette doctrine, il y a commencement d’exécution lorsque l’acte accomplit
démontre la volonté définitive et cette volonté est bien établie lorsque l’acte est lié au but visé.
     Selon la doctrine italienne, le commencement d’exécution a un caractère univoque.
C’est un acte qui ne peut s’expliquer que par l’intention criminelle de son auteur.
    Il démontre sans ambiguïté que l’agent va accomplir une infraction.
Exemple d’acte univoque : L’effraction d’un coffre fort est acte univoque.
    L’auteur de cet acte a l’intention de voler.
    Au contraire, les actes préparatoires sont équivoqués, le fait d’acheter une arme n’est qu’un acte
préparatoire susceptible de diverses interprétations : on peut acquérir une arme pour tuer, mais aussi, tout
simplement, pour se défendre.

B-    Solutions jurisprudentielles

    La détermination du commencement d’exécution est une question de fait.


    D’après la Cour de cassation française : le commencement d’exécution c’est l’acte tendant directement au

27
délit et accompli avec l’intention de le commettre.
    La Cour se réfère ainsi d’une part à l’intention de l’agent et d’autre part, au lien de causalité qui devrait
exister entre l’acte accompli et l’infraction.

    1) La référence à l’intention de l’agent


    Il n’y a pas de doute quant au fait que la cour de cassation française se réfère à la notion d’acte univoque.
Exemple : La jurisprudence a considéré comme coupable de tentative d’avortement, le médecin qui, après
avoir accepter de faire avorter une femme et fixer le montant de ses honoraires pour cette opération s’est
rendu au domicile de sa cliente muni d’une trousse contenant les instruments appropriés.
Criminel 30 juillet 1942 JCP. 1942 II p. 2054

    2) La référence au lieu de causalité


    Elle permet de déterminer dans une série d’actes lesquels, chronologiquement, se rattachent véritablement
au processus de l’entreprise criminelle.
    En d’autres termes, il s’agit de savoir lesquels se présentent comme causes directes et immédiates de
l’infraction, constituent vraiment un commencement d’exécution.
   
        §2 : L’absence de désistement volontaire

    L’établissement du commencement d’exécution ne suffit pas pour réprimer la tentative. IL faut que
l’exécution ait été suspendue par des circonstances qui ne dépendent pas de volonté de son auteur c’est
l’interruption involontaire de l’acte délictueux, on l’appelle souvent absence de désistement volontaire.
    En principe, en cas de désistement volontaire, il n’y a pas de tentative punissable parce que la loi
encourage toujours l’auteur d’une infraction à renoncer l’exécution de son projet tant que celui-ci n’est pas
encore achevé.

1)    Les différentes formes de désistement

                a)Le désistement volontaire qui est provoqué par un sentiment
purement personnel tel que la pitié, la crainte du châtiment, le remord…

                b) Le désistement involontaire


    Dans ce cas, le désistement est provoqué par une cause externe. Cette tentative est toujours punissable.

                c) le désistement qui revêt le caractère mixte


    Lorsqu’il y a une cause externe qui incite l’agent à abandonner son projet délictueux.
Exemple : il  a vu apparaître quelqu’un ou il a entendu de bruit, il a eu peur ainsi il a abandonné son projet.
    On peut ainsi douter du caractère purement volontaire du désistement :
    C’est pourquoi, on va déterminer la cause prépondérante du désistement :
        - si la cause externe est prépondérante, la tentative est punissable.
        - si le désistement est volontaire, la tentative n’est pas punissable
2)    Le désistement volontaire et le repentir actif
                - Le désistement volontaire intervient avant la consommation de l’infraction.
    Dans ce cas, la tentative n’est pas punissable.
                - Le repentir actif se situe après la consommation.
    Il consiste à réparer le préjudice subi par la victime.
Exemple : la restitution de l’objet volé…
    Le législateur malgache ne tient pas compte de repentir actif sauf dans certains cas exceptionnel :
        - La séquestration ou arrestation illégale
    Art 341 du CP : «  Seront punis de la peine de travaux forcés à temps ceux qui, sans ordre des autorités et
hors le cas où la loi ordonne de saisir de prévenu, auront arrêté, de détenir ou séquestrer des personnes

27
quelconques »
    Néanmoins, en vertu de l’art 343 du CP : « La peine sera réduite à l’emprisonnement de 2 à 5 ans si les
coupables non encore poursuivis ont rendu la liberté à la personne arrêtée, séquestrée ou détenu avant le
10ème jours depuis celui de l’arrestation , détention ou séquestration ».
        - L’association des malfaiteurs
    Les membres d’une association de malfaiteur sera exempte de peine (excuse absolutoire) s’il révèle aux
autorités avant toute poursuite l’entente établie, art 266 du CP.
Dans la pratique, la juridiction répressive pourrait abaisser la peine en accordant au repentir actif le bénéfice
des circonstances atténuantes.
 
        §3 : Le régime juridique de la tentative

            - La tentative de crime est toujours punissable


            - La tentative de délit n’est punissable que dans les cas déterminés par la loi.
 Exemple :- La tentative de vol, - La tentative de bris de clôture.
            - La tentative de concentration n’est jamais punissable
    En ce qui concerne la répression, le code pénal malgache assimile la tentative à l’infraction consommée.

     Section II- LA TENTATIVE INFRUCTUEUSE

-    Le point commun entre la tentative infructueuse et la tentative interrompue est que le résultat recherché
n’est pas atteint.
-    La différence entre elles sont que :
        * Dans la tentative interrompue, le résultat recherché n’est pas atteint parce que les opérations
matérielles d’exécution de l’infraction n’ont pas été poussées jusqu’au stade de la consommation.

        * Dans la tentative infructueuse, les actes constitutifs de l’infraction ont été exécutés mais le résultat
n’est pas atteint. A l’intérieur de la tentative infructueuse, il convient de distinguer l’infraction manquée de
l’infraction impossible.

                           §1 : L’infraction manquée


    L’infraction est dite manquée lorsque par suite d’une circonstance purement fortuite, l’auteur d’une
infraction après avoir exécuté tous les actes incriminés par la loi n’a obtenu aucun résultat.
Exemple : un meurtrier maladroit qui manque sa victime.
    Dans ce cas, l’échec est dû à une circonstance indépendante de la volonté de l’auteur.
L’infraction manquée est ainsi punissable au même titre que l’infraction tent
                           §2 : L’infraction impossible
    On parle qu’il y a infraction impossible lorsque le résultat n’a pas été atteint  soit parce que l’objet de
l’infraction n’existait pas.
Exemples : - Avortement d’une femme qui n’était pas enceinte.
                 -  Le fait de tuer un cadavre

    Soit parce que les moyens employés par l’auteur n’étaient pas efficaces.
Exemple : -Empoisonnement avec un produit non toxique.
    La répression de l’infraction impossible pose de problèmes.

      Solution en cas d’impossibilité de fait suite à l’évolution jurisprudentielle.


        - Dans une première étape, elle a consacré la thèse de l’impunité relative de l’infraction impossible.
        - Dans une seconde étape, la jurisprudence française a admis une distinction doctrinale entre
impossibilité absolue et impossibilité relative.
        - Dans une dernière théorie, elle a appliqué le principe de répression inconditionnelle.

27
 

3ème PARTIE : LES SANCTIONS


   
    En droit pénal, il y a deux sortes de sanctions à savoir les peines et les mesures de sécurité.

Section I : LES PEINES


    
    On peut définir  la peine comme une mesure de répression destinée à frapper le délinquant dans sa
personne, dans ses biens ou dans son honneur. 

§ 1- Les fonctions et les caractères de la peine

27
       
        I- Les fonctions de la peine
            A- La fonction préventive
                1) La prévention générale
    Le châtiment est pourvu d’une valeur exemplaire  parce que la sanction pénale a une force intimidante qui
vise l’ensemble des membres de la société.
    En fait, la valeur exemplaire de la peine, sa force intimidante dépendra de la personnalité des individus.

                2) La prévention spéciale


    Au niveau de l’individu, la peine joue aussi un rôle de prévention spéciale :
son but est d’empêcher,  qu’un individu qui a déjà subi une condamnation à commette de nouveau une
infraction. En d’autre terme, la peine empêche la récidive.

            B- La fonction sociale


    «  L’utilité de la peine, écrivait FAUCONNET, n’est pas essentiellement dans l’action qu’elle exerce sur
les criminels, mais dans l’action qu’elle exerce sur la société elle-même », (« La responsabilité, étude
sociologique », Alcan, 2ème édit, p.227)
Remarque : La nécessité sociologique de la peine ne doit pas être tout dans la politique criminelle moderne,
il y a quelque chose de plus : la resocialisation des délinquants

        II- Les caractères fondamentaux de la peine


            A-  Les caractères fondamentaux de la peine selon les fonctions
                1) Le caractère afflictif de la peine
    Ce caractère correspond au but de rétribution.
    Le châtiment doit être ressenti par celui qui le subit comme quelque chose de pénible, comme une
souffrance ou comme une privation (art 6 et 7 CP)

                2)  Le caractère infâmant de la peine


    La peine jette l’infamie, la honte sur celui qui est condamné.
    Le code pénal ne qualifie d’infâmantes que les peines criminelles alors que  toutes peines sont infâmantes.

                3) Le caractère préfixe de la peine


    Dès le jour du jugement, on sait à quelle date prendra fin la sanction.
    Ainsi le condamné se trouve à l’abri de tout arbitraire de la part de l’administration pénitentiaire.
    Par contre, l’administration pourra raccourcir ce temps et l’aménager en fonction des résultats de
resocialisation constatés chez le condamné.

                4) Le caractère définitif de la peine


    Lorsque les voies e recours sont épuisées, la peine prononcée n’est plus susceptible d’aucune modification
judiciaire, c’est celle-ci qui figurera sur le casier judiciaire.

            B- les caractères fondamentaux de la peine découlant de


                 son régime juridique
                1) Le principe de la légalité de la peine
    « Nulla poena sine lege ». Le juge ne peut prononcer que des peines prévues par la loi

                2) Le principe de l’égalité des peines


    Il découle des principes de l’égalité de tous devant la loi :
            - l’égalité des peines n’est que théorique
            - dans la pratique, les peines sont profondément inégales :
Exemple : Le juge peut condamner 2 individus ayant commis une même infraction, l’un au maximum de la

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peine, l’autre au minimum

                3) le principe de la personnalité de la peine


    Le condamné subit personnellement la peine qui a été prononcé contre lui.

§2- La nomenclature et la classification des peines

        I- La classification en fonction de degré de gravité

            ά - LES PEINES CRIMINELLES

                A- la peine de mort


    Le Code Pénal Malgache prévoit la peine de mort.
    Elle permet d’intimider tout le monde. La crainte de ce terrible châtiment suffirait à dissuader les
criminels mais la peine de mort a un caractère irréversible qui rend les erreurs judiciaires irréparables.
    En ce qui concerne l’exécution de la peine de mort à Madagascar ; l’Art. 12 CP prévoit que la peine de
mort est administrée par fusillade.
    Il faut signaler que depuis l’indépendance, il n’y a pas eu d’exécution capitale

                B- Les autres peines criminelles

1)    Les peines criminelles de droit commun

            a) Les travaux forcés


    Ils peuvent être à perpétuité (Art 7-2) ou à temps (5-20 ans)
    D’après l’Art. 5.CPM, les condamnés hommes seront astreints aux travaux les plus pénibles. Les lieux
d’exécution de la peine ne sont pas précisés
    D’après l’Art. 16 CPM, pour les femmes les peines de travaux forcés doivent être subies à l’intérieur
d’une maison de force.

            b) La réclusion


    A Madagascar, il n’y a que la réclusion criminelle à temps ( 5 à 10 ans) qui consiste à enfermer le
condamné dans une maison de force où il sera, employé à des travaux dont le produit pourra être appliqué,
en partie, à son profit.

2)    Les peines criminelles politiques

            a) La déportation


    «  La peine de la déportation consistera à être transporté et à demeurer à perpétuité dans un lieu déterminé
par la loi.
    Tant qu’il n’y aura pas établi de lieu de déportation, le condamné subira à perpétuité la peine de la
détention dans une maison de force ». Art. 17 CPM
    La déportation est une sanction prévue contre les auteurs d’attentats et le complot contre le gouvernement.

            b)  Le bannissement


    «  Quiconque aura été condamné au bannissement sera transporté, par ordre du gouvernement, hors du
territoire de la république » Art. 32 CPM.
    La durée du bannissement sera de 5 à 10 ans.
    Il est interdit au banni de revenir sur la terre malgache pendant la durée de sa peine sinon, il commettrait
le délit de « rupture de ban » passible de la détention pour un temps au moins égal à celui qui restait  à courir
jusqu’à l’expiration du bannissement et qui ne pourra excéder le double de ce temps.

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            c) La dégradation civique
    Elle consiste :
        - dans la destitution qui est l’exclusion des condamnés de toutes fonctions, emplois ou offres publics ;
        - dans la privation du droit de vote, d’élection, d’éligibilité ; et en général de tous droits civiques et
politiques et du droit de porter aucune décoration ;
        - dans l’incapacité de faire partie d’aucun conseil de famille, et d’être tuteur sauf pour ses propres
enfants ;
        - dans la privatisation du droit de port d’armes, de servir dans les armées malgache, de tenir école ou
d’enseigner et d’être employé dans aucun établissement d’instruction à titre de professeur, maître ou
surveillant.
Remarque : La dégradation civique peut s’appliquer soit comme peine principale, soit comme peine
accessoire.
    Dans le premiers cas, il s’agit alors d’une peine politique proprement dite.
En tant que peine principale, elle peut être accompagnée d’une peine complémentaire d’emprisonnement de
5 ans au plus.
    Dans le second cas, la dégradation civique est accessoire à toute peine criminelle

        Β - LA PEINE CORRECTIONNELLE

                             1) Interdiction à temps de certains droits civiques et civils ou de famille


    Le tribunal correctionnel peut, dans certains cas, interdire, en tout ou en partie, l’exercice des droits
civiques, civils et de famille prévus par l’Art. 42 CPM.
    Mais l’Art. 43 du même code précis que « les tribunaux ne prononceront l’interdiction mentionnée dans
l’Art 42 que lorsqu’elle aura été autorisée ou ordonnée par une disposition particulière de la loi ».
    En principe, la durée de l’interdiction est de 5 à 10 ans à compter du jour où il aura subi sa peine.

            2) L’emprisonnement à temps


    C’est la peine privative de liberté d’ordre correctionnel.
    Les condamnations à des peines d’emprisonnement sont trop fréquentes
Aux termes de l’Art. 40 CPM «  la durée de la peine d’emprisonnement sera de 1 an à 10 ans, sauf les cas de
récidive ou autres où la loi aura déterminé d’autres limites »

            3) L’amende


    Il s’agit d’une sanction affectant le patrimoine du condamné.
         Les avantages de la peine d’amende : les amendes sont perçues par le trésor public. Elles constituent
ainsi une source importante de revenus pour l’Etat.
         Inconvénients :
    L’amende n’a qu’un effet intimidant limité
    Elle n’impressionne ni le riche ni la multitude des petits délinquants insolvables.
sur le plan d’égalité de la peine, l’amende n’a pas le même effet afflictif sur le riche et sur le pauvre.

C-    LES PEINES DE POLICE

            1) l’emprisonnement contraventionnel


    La durée de cette peine est de 1 à 29 jours
    Le code pénal distingue 2 classes de contraventions auxquelles correspondent deux degrés de peines
d’emprisonnement contraventionnel.
         Les contraventions de première classe qui sont passibles de 1 à 10 jours d’emprisonnement
         Les contraventions de 2ème classe dont le maximum de la peine est portée à 29 jours

            2) l’amende contraventionnelle

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    - Les contraventions de 1ere classe sont punies d’une amende de 400 Ar jusqu’à 30 000 Ar
    - Les contraventions de 2ème classe sont punies d’une amende de 2 000 Ar jusqu’à 100 000 Ar
Remarque : En matière de simple police, l’amende est la peine qui est la plus fréquemment appliquée
    Beaucoup d’amendes de simple police sont acquittés en dehors de toutes condamnations pénales.

II- La classification des peines en fonction des rapports qui existent entre elles

A-    La peine principale

     Pour chaque infraction, la loi prévoit une ou plusieurs peines principales.

        * Si la loi ne prévoit qu’une seule peine principale


Exemple : l’Art 304 CP prévoyant les TFP en matière de meurtre, le juge doit prononcer celle-ci et aucune
autre, sauf à faire application des circonstances atténuantes

        * Si la loi prévoit plusieurs peines principales


            - Elle peut, tout d’abord, imposer au juge de les prononcer simultanément
Exemple : l’Art 241 CP Al2 en matière d’évasion de prisonnier, et art 330 du même code en matière
d’attentat aux mœurs prescrivant l’application simultanée de la peine d’emprisonnement et de l’amende.
            - Elle peut, ensuite, laisser au juge la simple possibilité de les prononcer toutes.
Exemple : Art. 401, al1 CP : la peine d’emprisonnement doit être prononcée, le juge pouvant y ajouter, s’il
le veut, la peine d’amende.
            - Elle peut, enfin, donner au juge le choix entre les peines principales prévues
Exemple : Art. 224 CP
    En matière d’outrage à l’agent de la force publique, le juge peut appliquer l’emprisonnement et l’amende
à la fois ou l’une de ces cas 2 peines seulement

B-    les peines complémentaires


    Ce sont celles qui s’ajoutent à la peine principale. Elles sont obligatoires ou facultatives.

                1) Les peines complémentaires facultatives


    Il s’agit des interdictions diverses :
        - interdiction de séjour (art 44 CP)
        - interdiction d’exercer certaines professions
        - interdiction d’exercer certains droits civils, civiques et de famille
Remarques : L’interdiction à temps de certains droits civiques, civils ou de famille n’est pas une peine
principale susceptible d’être prononcée comme telle ; il s’agit bien d’une peine complémentaire
    Sont considérées comme peines complémentaires facultative, la suspension ou le retrait du permis de
conduire, la publication de la décision pénale...

                2) Les peines complémentaires obligatoires


                   
                    * la confiscation
        - La confiscation générale : Art 37 CP  « dans tous les cas où une condamnation sera prononcée pour un
crime contre la sûreté extérieure  de l’Etat, commis en temps de guerre, les juridictions compétentes
prononceront la confiscation au profit de la nation de tous les biens présents et à venir du condamné, de
quelque nature qu’ils soient, meubles, immeubles, divis ou indivis... »
        - La confiscation spéciale  Elle se définit comme le transfert forcé de la propriété d’une chose,
généralement mobilière, appartenant à un coupable, au profit de l’Etat et dans un but répressif.
        - L’objet de la confiscation peut être
                -  soit le corps du délit (arme en mat. De délit de fabrication d’armes prohibée.

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                -  soit le produit du délit / art 254 in fine : la somme reçue par les faux témoins)
                -  soit l’instrument du délit qui a servi ou qui était destiné à servir la préparation de l’infraction (art
11 CP) comme le moyen de transport utiliser au moment du délit.
Remarque : l’objet confisqué est vendu au profit du trésor public

                    * Les autres peines complémentaires obligatoires
        - Le retrait obligatoire de la licence de débit de boisson dont le titulaire est condamné pour
proxénetisme (Art. 335 al2)
        - Interdiction de fonction publique en matière d’ingérence de fonctionnaire aux

                3) Les peines accessoires


    Elles sont attachées automatiquement à certaines peines  principales. Elles doivent être appliquées même
si les juges ne les ont pas expressément prononcées.
Exemple : L’interdiction légale est une peine accessoire automatiquement appliquée à tout individu
condamné à une  peine afflictive et infamante.

III- LA CLASSIFICATION DES PEINES EN FONCTIONS DES BIENS SUR LESQUELS

A-L’effet afflictif sur l’intégrité physique et morale

1)    L’intégrité physique


    En principe, le droit pénal moderne n’admet plus de peines frappant l’individu dans son intégrité
corporelle
    A Madagascar, il y a encore la peine de mort, mais on ne l’était plus exécutée depuis l’indépendance.

2)    L’intégrité morale


    La peine atteint l’individu dans sa réputation, dans son honneur.
Exemple : La publication des décisions de condamnation pénale

B-La peine portant atteinte à la liberté du condamné

1)    La liberté d’aller et venir

a)    Les peines privatives de liberté

    Elles consistent en l’incarcération de l’individu condamné.


    Il n’a plus la possibilité d’organiser sa vie, de vivre avec sa famille et de rejoindre son meilleur
professionnel.
Exemple : Des peines privatives de liberté. L’emprisonnement, la déportation, la réclusion, les travaux
forcés.

b)    Les peins restrictives de liberté

    Ce sont des peines qui ont pour effet la restriction de la liberté de déplacement de l’individu.
Exemple : Le bannissement et l’interdiction de séjour

2)    Les autres formes de liberté auxquelles la peine peut porter atteinte

a)    La liberté d’exercice d’une activité professionnelle

Exemple : Interdiction perpétuelle ou temporaire d’exercer une fonction publique

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•    La déchéance professionnelle
Exemple : Le retrait de la licence de débit de boissons

•    La liberté d’exercice de certains droits


    Exemple : -  L’interdiction légale
    -  La dégradation civique

C- Les peines portant atteinte au patrimoine du condamné


Exemple : L’amende et la confiscation

Section II- LES MESURES DE SURETE

§1 :Les fonctions et caractéristiques des mesures de sûreté

A)    Les fonctions des mesures de sûreté

    - La fonction préventive


    Les mesures de sûreté ont pour objet de protéger la société contre ceux qui présentent un état dangereux.
    Elles sont prises de telle sorte que les infractions redoutées ne soient pas commises.

    - Les méthodes de prévention


    Il y a la prévention par le traitement et la réadaptation
Exemple : la désintoxication des toxicomanes ou alcooliques
    Il y a aussi la prévention par la neutralisation et la surveillance

B)    Les caractéristiques de la mesure de sûreté

    - L’absence de la collaboration morale : les mesures de sûreté doivent


être dépourvues de tout effet afflictif et infamant.
    Le but recherché c’est la réadaptation du délinquant.
    Ainsi, au lieu de prendre des mesures répressives, on a recours à des moyens éducatifs, curatifs et
d’assistance.
    - Le caractère indéterminé des mesures de sûreté
    - Principe : on ne peut pas fixer à l’avance le temps au bout duquel,  la mesure appliquée donnera le
résultat attendu.
    - Limites :
            * La mesure de sûreté pouvant prendre fin dès qu’on constate qu’elle n’est plus indispensable.
            *  Le placement d’un mineur dans un centre de rééducation non reportable. (Jusqu’à l’âge de 21 ans)
    - La revisibilité de la mesure de sûreté, en fonction de l’évolution de
                  son état dangereux

§2 :Nomenclature et classification des mesures de sûretés

A-    Les mesures de sûreté existantes à Madagascar

    - Les mesures éducatives applicables aux mineurs


    - Les mesures de lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie
    - Les mesures de sûreté fonctionnant sous la dénomination de peines :
            * L’interdiction de séjour

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          * La confiscation
           *  L’interdiction d’exercer une profession
       * La fermeture d’établissement
          * L’interdiction d’émettre des chèques
    - Les mesures e sûreté à caractère administrative
Exemple : - L’internement des aliénés
    - L’expulsion des étrangers
    - L’assignation à résidence
    - Le traitement obligatoire des maladies vénériennes

Chapitre II- L’APPLICATION DE LA SANCTION

Section  I :Les mesures de la sanction

§1 : Les règles d’atténuation et d’aggravation des peines

A)La règle d’atténuation des peines

1)    Les excuses atténuantes

a)    Les excuses absolutoires

                ά) Les différents cas d’excuse absolutoire :


    - L’excuse de dénonciation qui est accordée à celui qui avait participé comme auteur ou complice à une
infraction ou à un projet d’infraction mais donnant des renseignements à la justice sur le crime envisagé ou
sur l’identité des auteurs
    - L’excuse d’obéissance hiérarchique : si le coupable justifie qu’il a agi par ordre de ses supérieurs, il sera
exempt de peine « laquelle sera, dans ce cas, appliquée seulement aux supérieurs qui ont donné l’ordre »
    - L’excuse des rebelles représentants : « il ne sera prononcé aucune peine, pour le fait de sédition, contre
ceux qui, ayant fait partie de ces bandes sans y exercer aucun commandement et sans y remplir aucun
emploi ni fonction, se seront retirés au premier avertissement des autorités civiles ou militaires, ou même
depuis, lorsqu’ils n’auront été saisis que hors des lieux de la réunion séditieuse.

    β) Les effets des excuses absolutoires


    Lorsque l’excuse absolutoire est admise, on ne peut infliger aucune peine à l’auteur, quoique  sa
culpabilité ait été établie
Remarque : L’absolution n’exonère de l’accusé ou du prévenu absous de sa responsabilité civile parce que
cette absolution ne porte que sur les peines.

b)    L’excuse atténuante proprement dite


       -    Elles sont étroitement règlementées par la loi tant sur l’influence sur la peine que sur
            leurs  sources.
-    Elles ont pour effet de réduire la sanction normalement applicable
-    Elles supposent le caractère délictueux du fait accompli et la culpabilité matérielle et morale de l’auteur.
-    Elles ne s’opposent pas à la condamnation
-    Elles n’ont pour effet que de réduire la peine

    Le CPM prévoit 2 cas d’excuse atténuante :


- L’excuse de minorité
                 Elle est applicable aux mineurs de 13 à 18 ans mais l’application est facultative aux mineurs de
16 à 18 ans.

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                        Les excuses de provocations
    L’auteur d’une infraction bénéficie d ‘une excuse de provocation lorsqu’il y a :
    - Coups ou violence graves envers les personnes
    - Effraction ou escalade de clôtures, mûrs ou entrée d’une maison ou appartement habité pendant le jour
    - Adultère de la femme dan la maison conjugale
    - Outrage violent à la pudeur pour le crime de castration.

    2) Les circonstances atténuantes


    Elles sont laissées à la libre appréciation du juge (aux juridictions de jugement)
    Le juge peut prendre en considération le repentir, la maladie actuelle, les brillants états de service
militaire,…
Principe : Toutes les catégories de délinquants peuvent bénéficier des circonstances atténuantes.
Exceptions : Les juges ne peuvent pas accorder des circonstances atténuantes au profit des auteurs des
infractions qui ont un caractère particulièrement grave et anti-social
    Les circonstances atténuantes ont pour effet de réduire les peines normalement applicables

B-    Les règles d’aggravation des peines

    1) Les circonstances aggravantes


    Elles sont des faits limitatives prévus par la loi qui entraînent de plein droit, dans la mesure également
fixée par la loi, une augmentation de la peine
    a) Les circonstances aggravantes réelles tiennent aux faits extérieurs qui ont accompagné l’infraction :
    - Les modalités de l’infraction
    - Le lieu de commission
    - L’époque
    - La qualité de la victime
-        - L’importance du résultat de l’infraction

    b) Les circonstances aggravantes personnelles qui tiennent à une qualité personnelle de l’auteur.

    2) La récidive
    Il y a récidive lorsque après une première condamnation pénale devenue définitive, l’auteur commet une
nouvelle infraction
Remarque : Il ne faut pas confondre, la RECIDIVE avec le CUMUL ou CONCOURS REEL de l’infraction

I-    Le cumul des peines

    Il y a cumul ou concours réel de l’infraction lorsque le même individu a commis plusieurs infractions non
séparées les unes des autres par une condamnation définitive passé en force des choses jugées.

A-    Le principe du « non cumul des peines »

    - Ce principe n’est pas applicable aux contraventions.


    Par conséquent, les peines se cumulent non seulement en cas de concours de deux ou plusieurs
contraventions mais aussi en cas de concours d’une ou plusieurs contraventions avec un crime ou un délit
pour le concours réel.
Remarques : Le cumul de peines ne s’applique pas pour le concours idéal ou lorsque le concours de
qualification concerne uniquement des infractions de blessures involontaires
    - Sont cumulables les peines sanctionnant les infractions commises par les détenus évadés lors d’une
évasion.

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1)    L’effet de ce principe
    En cas de crime et délit en concours, la peine la plus forte est seule prononcée.

2)    L’application de ce principe


    - En cas de poursuite unique
          Lorsque plusieurs infractions sont découvertes en même temps à la charge d’un même auteur, le MP
engage contre ce dernier une seule poursuite mais comportant autant de chefs de condamnation que
d’infractions.
     La juridiction saisie ne rendra pour l’ensemble de ses infractions qu’une seule peine qui est la peine la
plus forte.

    - En cas de pluralité de poursuite


    Lorsque plusieurs infractions sont commises par un même individu et chacune d’elles fait l’objet d’une
poursuite distincte, plusieurs décisions seront rendues successivement qui prononcent des peines distinctes.
    Dans ce cas, on applique le principe de la confusion des peines plus faibles avec la peine la plus forte.
    Cette dernière sera ainsi exécutée par le condamné.

Chapitre III- LA SUSPENSION ET L’EXTINCTION   


      DES SANCTIONS PENALES

Section II- La suspension de la peine

§1 : Le sursis

A)    Les conditions

-    Le condamné n’a pas fait l’objet de condamnation antérieure à l’emprisonnement pour crime ou délit de
droit commun.
Remarque : Les condamnations pour contravention, pour infractions politiques ou militaires, ainsi que les
condamnations à l’amende n’excluent pas le sursis.
-    Le bénéfice de sursis est réservé aux délinquants primaires
-    Le domaine d’application du sursis est limité aux matières criminelles et correctionnelles et encore
seulement lorsqu’il s’agit de condamnation à l’amende.
Remarque : En cas de condamnation à la fois à emprisonnement et amende, seule l’une des deux
condamnations sera commun assortie du sursis.
-    Le sursis peut être accordé par les juridictions de droit commun que par les juridictions d’exceptions
Remarque : Le sursis est facultatif c'est-à-dire, les juges sont toujours libres de l’accorder ou non.

B)    Les effets du sursis

-    C’est la suspension de la condamnation prononcée.


Condition : Le bénéficiaire du sursis, durant un délai de 5 ans, n’en couvre pas une nouvelle condamnation
sinon, le sursis se trouve révoqué de plein droit.

§2 : La libération conditionnelle
   
    Elle consiste en la suspension de la peine privative de liberté en cours d’exécution si le condamné
présente des gages sérieux de réadaptation sociale.
    Elle est accordée par arrêté du ministre de la justice.

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Section III- L’extinction des peines

§1 : Les causes exceptionnelles d’extinction des peines

1)La grâce
Le droit de grâce est une prérogative du chef de l’état. Il peut faire au condamné une remise totale ou
partielle de la peine.
La grâce ne peut appliquée que sur les peines qui sont devenues définitives et exécutives.
La grâce disperse le condamné de l’exécution de la peine prononcée contre lui.
Mais la condamnation continue à figurer au casier judiciaire et il en sera tenu compte pour l’application de la
récidive et du sursis.

2) L’amnistie
-    Elle a pour effet d’efforcer complètement l’infraction
-    Elle relève du domaine de la loi

3) La prescription de la peine
-    20 ans pour les crimes
-    5 ans pour les délits
-    2 ans pour les contraventions
Le délai court du jour de la condamnation est devenu définitif
- Seules les peines susceptibles d’exécution forcée se prescrivent.
Les peines restrictives de droits ne sont pas prescriptibles à l’exception de l’interdiction légale.
- La condamnation continue à figurer au casier judiciaire et il en est tenu compte en matière récidive.

§2 : La réhabilitation

A-    La réhabilitation judiciaire

1)    Condition
    L’intéressé doit adresser une demande écrite au PR du lieu de sa résidence
    Le PR fait procéder à des enquêtes dans les lieux où le condamné a résidé.
    C’est la chambre d’accusation qui décide sur la demande de l’intéressé.
    -  Si la demande est rejetée, l’intéressée ne pourra plus introduire une nouvelle demande avant 2 ans.
    - La réhabilitation peut s’appliquer à toutes les condamnations criminelles ou correctionnelles mais pas
aux condamnations de simple police.
    Mais la réhabilitation peut être accordée qu’au condamné qui a exécuté sa peine ou qui a bénéficié de la
grâce  ou de la prescription.
2)    Effets
La réhabilitation efface la condamnation et fait cesser pour l’avenir toutes les incapacités qui en résultent.
    La condamnation n’est plus figurée dans le B-2 et B-3, celle-ci ne comptera plus pour la récidive et ne
fera pas obstacle au bénéfice du sursis.
B-    La réhabilitation légale
    Il n’y a pas d’enquête et de décision judiciaire mais la loi exige des délais très longs : 5 ans pour une
condamnation d’amende, 10 ans pour l’emprisonnement inférieur à 6 mois, 15 ans pour l’emprisonnement
de 6 mois à 2 ans, 2 ans pour l’emprisonnement supérieur à 2 ans.     Le délai court à partir du paiement
d’amende, de la libération ou de la date d’acquisition de la prescription.

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Espariel

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