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Introduction :

Le droit pénal est la branche du droit ayant pour objet la répression des comportements les plus
graves.

Les infractions pénales vont être classées en trois groupes :

- crimes
- délits
- contraventions

 Le droit pénal sanctionne un comportement particulièrement grave qui représente une atteinte
à la société et que la société à ériger de ce fait en infraction.

En France droit pénal est une matière de droit privé, mais ce n’est pas le cas dans tous les Etats.
Dans certains Etats, c’est une matière de droit public, et dans d’autres c’est un droit autonome.

Pourquoi le droit pénal est rattaché au droit privé en France ?

- On a des techniques, concepts similaires. Exemple : présomption, notion de faute, fiction


juridique

- Le droit pénal est la pour protéger des valeurs du droit privé. Exemple : la propriété en cas
de vol, l’intimité de la vie privé dans le cas d’une violation des correspondances

- Les juridictions pénales sont venues se greffer sur les juridictions civiles existantes. Si on va
devant le tribunal correctionnel, on se rend devant le TGI de la ville et les magistrats auront
éventuellement pu traité d’un divorce le matin.

Lorsqu’il y a un procès pénal, deux actions sont menées en règle général :

 Une action publique : l’Etat va agir par l’intermédiaire du procureur pour sanctionner
l’individu qui n’a pas respecter les règles applicables en la matière.

 Une action civile : le but est de permettre de dédommager la victime de l’infraction, et le


juge pénal fait application des règles du droit civil (notamment article 1382 et 1383 CC) et de
droit pénal. La victime ne peut pas demander de peine d’emprisonnement, elle peut
uniquement demander des dommages et intérêts. La peine d’amende est également une
sanction pénale. Si la personne est condamnée à 1500 euros d’amende, cette somme va
aller au trésor public et pas dans la poche de la victime, celle-ci aura des DI de manière
annexe.

Voilà pourquoi on considère que le droit pénal est essentiellement du droit privé. Mais certains
auteurs disent que le droit pénal c’est du droit public. Ils estiment que le droit pénal traite de la
relation entre les particuliers et l’Etat et que la contrainte publique va pouvoir être utilisée dans le
cadre du droit pénal.

On distingue différentes branches du droit pénal :


- Le droit pénal général : les principes fondamentaux applicables au droit criminel, les règles
communes à toutes les infractions.

- Le droit pénal spécial : détermine les spécificités de chaque infraction et qui étudie la peine
qui leur est applicable.

- Le droit pénal de forme ou la procédure pénale : régit la réaction de l’Etat face à la


délinquance. Elle va être l’ensemble des règles relative à la recherche des infractions, à leur
constatation, du moment de leur découverte jusqu’à l’exécution de la peine.

- Le droit pénal international : droit pénal applicable lorsqu’il y a un élément d’extranéité.


Exemple : un français commet une infraction en Allemagne et revient en France, quel est le
tribunal compétent pour le juger.

 Les mineurs ont un droit pénal particulier qui s’appliquent à eux, également le droit pénal
international..

Historiquement

Le droit pénal, outre sa fonction de sanction, a eu une fonction politique très importante et
finalement les pouvoirs politiques se sont vite aperçus que le droit pénal peut être une manière
d’augmenter son pouvoir (comme le roi). Le premier droit qui a existé est un droit pénal. Dans un
premier temps s’est développé l’idée d’une vengeance privée. Lorsqu’un individu causer du tort à un
autre, lui ou la famille de la victime avait le droit de causait un tort à l’agresseur. Cette idée de
vengeance privée est mise en place dans les tribus primitives, les chefs de ces tribus s’apercevant
qu’il fallait canaliser la violence.

La loi du Talion =œil pour œil, dent pour dent, est la première fois l’établissement d’une
proportionnalité dans la vengeance.

Des arrangements sont réalisés, dans la société romaine primitive, on a des accords purs des
infractions de faible gravité, et on peut régler cela en mesure de céréales, en argent etc.

On s’est aperçu que des infractions qui en plus de léser une victime, pouvait aussi porter atteinte à
l’Etat ou à la fonction du chef en tant que tel. Et donc, quand des actes portent atteinte au
fondement de la société, la société va répondre et on a la naissance de sanctions pénales, qui vont
être essentiellement la mise à l’écart de l’individu de la société.

Exemple : en Germanie, dans les tribus barbares, on état condamné à errer seul dans le monde
sauvage. Bannissement chez les romains, excommunication en droit canonique.

Petit à petit, les autorités se rendent compte qu’il y a intérêt à s’immiscer dans les litiges privés, qu’il
y a moyen d’y gagner des choses : des territoires et de l’argent, du pouvoir. C’est ainsi que le roi de
France va être reconnu comme source de toute justice et par le biais de ses tribunaux, va obtenir un
certain pouvoir sur des territoires sur lesquels il n’avait que peu d’influence.

En parallèle, augmentation du pouvoir royal, baisse de la vengeance privé. Idée que lorsqu’on
commet une infraction, on lèse une victime mais on porte atteinte au pouvoir royal, à Dieu et donc
les juridictions vont sanctionner. Passage d’une vengeance privé à une vengeance public.
Aujourd’hui la justice pénale est d’abord un problème entre la société représenté par le ministère
public et l’auteur de l’infraction. La victime ne va venir qu’au second plan.

Sous l’ancien régime :


La justice était donc rendue au nom du roi par le roi. Le droit est un droit confessionnel, on a
toujours cette idée de droit religieux : par exemple les condamnés à mort devaient demander
pardon…etc. C’était un droit arbitraire : c’est le juge qui détient la majorité des pouvoirs, on a des
textes de droit, des lois, mais le juge a un très large pouvoir d’appréciation et mise à part le cas
particulier du meurtre où il y a peine de mort systématique, le juge peut fixer la peine comme il
l’entend en fonction des circonstances. C’est aussi un droit brutal puisque jusque dans les années
1780 l’enquête de police de l’époque supposait la torture qu’on appelait la question : la question
était organisée par des textes de droit : l’idée était que par la torture on obtenait ce que l’on
voulait.  La sanction la plus grave était la peine de mort. Une vocation dissuasive de la peine de
mort.
Cette vocation dissuasive de la peine pénale est encore utilisée fréquemment par les défenseurs de
la peine de mort aux Etats-Unis par exemple.
Sous l’ancien régime l’enfermement était une peine possible mais on préférait d’autres sanctions.
Assez fréquemment il y avait le bannissement ou les peines pécuniaires.
C’était également un droit inégalitaire, selon notre classe on était jugé avec plus ou moins de
mansuétude.

Sous la révolution :
 On a voulu revenir sur certains éléments de l ‘AR. Le droit pénal va changer de manière
importante. Le principe de la laïcité sera posé, la loi pénale sera écrite, le principe de la
légalité criminelle s’appliquera. Celui qui va développer ces idées essentielles est Napoléon
avec le premier empire. Pour le droit pénal 2 codes importants :
o Un premier Code en 1808 : le code d’instruction criminelle  CPP aujourd’hui
o Un second code en 1810 : le code pénal qu’on va conserver jusqu’en 1992 (1992 est
rédigé le code pénal actuel).
 On renoue avec certaines peines corporelles : le marquage au fer rouge, abandon du
système de la fixité des peines pour laisser plus de latitude au juge

Entre 1810 et 1992 le code ne va pas rester tel quel, il y aura des améliorations qui seront faites
sous l’influence des doctrines pénales. 3 doctrines :

La doctrine classique ou néoclassique : ORTOLAN, ROSSI sont des auteurs faisant partis de cette
école et le but de cette école est de punir que les actes qui empêchent le fonctionnement normal de
la société.

La doctrine positiviste italienne : LOMBROSO, GAROFALO défendent l’idée selon laquelle le crime
n’est pas fondamentalement intentionnel. Pour ces auteurs, l’individu est déterminé à devenir
criminel. Dans la société, il y a différentes catégories d’individus et en fonction de la catégorie à
laquelle on appartient, notre volonté jouera un plus ou moins grand rôle dans le passage à l’acte.
Pour certains individus que LOMBROSO appelle « les criminels nés » il n’y a plus rien à faire, on sait
que quand ces personnes naissent elles vont devenir des criminels. Ensuite, « le criminel
professionnel » n’est pas né criminel mais en a fait une profession.

C’est sur cette doctrine qu’on va dépénaliser certaines infractions, on dépénalise l’adultère,
l’homosexualité, le vagabondage.
 C’est la dangerosité de la personne qu’on prend en compte et pas la matérialité de l’acte
commis. Concept très utilisé dans les années 2000, notamment sur la récidive.

L’école de la défense sociale au 20ème siècle : elle part du même constat : il n’y a pas que l’acte en
tant que tel qu’il faut prendre en compte, il faut aussi prendre l’individu qui l’a commis. Mais elle ne
va pas du tout en tirer les mêmes conséquences. Il faut aussi prendre en compte la personnalité de
l’individu, et adapter la sanction à son cas particulier.

 Création de la semi-liberté, individualisation de la peine etc.

En 1992 on rédige un nouveau code pénal, le code pénal actuel. Dans ce code pénal actuel on
retrouve de nombreuses choses qu’on avait déjà dans le code napoléonien mais avec des
nouveautés. Par exemple : la création de la responsabilité pénale des personnes morales. Jusqu’en
1992, seules des personnes physiques pouvaient être condamnées pénalement. A partir de 1992 une
entreprise, association …pourra être condamnée.
PREMIERE
PARTIE

LA LOI
PENALE
Chapitre 1 : le contenu de la loi pénale

Il n’y a pas d’incrimination= DEF du comportement délictueux, il n’y a pas de sanction sans texte.
Pour qu’un comportement soit sanctionné, il faut OBLIGATOIREMENT qu’un texte le prévoie et
qu’une sanction soit prévue à cet effet.

Par exemple, on a dans l’antiquité le code d’Hammourabi : on a déjà dans ce code des infractions,
incriminations prévues avec une sanction.

Par exemple : fait de percer un trou dans une maison pour cambrioler est sanctionnable : peine de
mort.

 En France c’est surtout avec la révolution que cette idée va s’appliquer, et depuis la
révolution le principe n’a cessé de s’appliquer avec une parenthèse pour le régime de
Vichy où pour certains cas le principe de légalité avait été suspendu.

Ce principe de légalité criminel est commun aux différentes démocraties. Et il est exclu dans les Etats
totalitaires par exemple sous l’Allemagne nazi ou le juge pouvait sanctionné un individu en
s’inspirant de l’esprit du peuple allemand. En Russie, il en allait de même sous Staline. Au Danemark,
il y a des limitations car le juge a la possibilité de créer des incriminations par analogie. il n’est pas
forcément tenu par la lettre du code, il peut s’inspirer du code pour étendre à une situation proche
qui n’est pas sanctionnée par la loi.

Il est important pour le citoyen, de ne pas être soumis à l’arbitraire du juge et donc si on admet de
pouvoir être puni par l’Etat, il faut que l’on connaisse les risques du comportement que l’on adopte.
Si on sait que le comportement est pénalement sanctionné on prend ces risques. Pour que le droit
pénal soit efficace, il faut que les individus connaissent les règles.

Section 1 : Le principe de légalité criminelle


I. Contenu du principe
≤ S’applique à l’incrimination = c’est tout simplement la définition du comportement
répréhensible.
≤ S’applique à la sanction = la peine maximale encourue.

Le législateur doit prévoir de manière claire et précise les conditions de mise en œuvre de
l’infraction et il doit également prévoir de manière précise les sanctions applicables.

A. La légalité des incriminations


« nullum crimen sine lege » = pas d’incrimination texte.

La légalité des incriminations suppose que le législateur définisse clairement l’acte qu’il entend
sanctionner. Cela va impliquer plusieurs obligations pour le législateur :
≤ Il va devoir établir une liste des actes qu’il considère comme nuisible à la société et qu’il veut
de ce fait réprimer.

≤ Il va devoir définir clairement chacune de ces infractions pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté
sur le comportement réprimé.

Exemple : le meurtre test définit dans le code pénal de la manière suivante « c’est le fait de donner
intentionnellement la mort à autrui ».

Le vol : « la soustraction frauduleuse d’une chose appartenant à autrui ».

Le texte légal va préciser le comportement matériel qui va être réprimer et va aussi renseigner le
lecteur sur l’élément moral, l’état d’esprit dans lequel se doit d’être la personne au moment de la
commission de l’infraction.

Exemple : pour qu’il y ait meurtre, l’élément matériel est le fait de vouloir donner la mort à autrui, et
l’élément moral est l’intention volontaire. Pour qu’il y ait vol, le comportement matériel est la
soustraction de la chose d’autrui, l’élément moral est le fait de le faire intentionnellement.

Cette exigence concernant la DEF de l’infraction va avoir plusieurs conséquences notamment en ce


qui concerne le pouvoir du juge :

 le juge n’a pas le droit de créer d’incrimination


 Il n’a pas le droit de venir combler les éventuelles lacunes du texte

Exemple : une personne mange au restaurant et ne paye pas sa note, est-ce un vol ? L’article sur le
vol ne répondait pas aux impératifs de ce genre de situation. La chambre criminelle à considéré au
19ème siècle que cet article ne s’appliqué pas dans ce cas, car cette situation n’était pas prévu par le
législateur qui avait employé le terme de chose. Depuis le 19èeme siècle, le législateur à créé des
infractions spécifiques, la grivèlerie qui réprime le fait pour un individu de manger au restaurant sans
payer, ou de dormir à l’hôtel sans payer sa chambre.

Il faut que la loi soit claire et précise pour que ce principe de légalité puisse fonctionner de manière
adéquate.

B. La légalité des sanctions


« nulla poena sine lege » = pas de peine sans texte.

C’est au législateur de déterminer les sanctions applicables aux personnes ayant commis des
infractions. Avec la révolution, on avait adopté le système des peines fixes qui était de nier toute
marge de manœuvre au juge. La personne était punie de la sanction prévue par le code pénal, le
juge était là que pour vérifier que les éléments constitutifs de l’infraction étaient réunis. Pas
d’adaptation de la sanction par rapport à la gravité.

Avec le code pénal napoléonien : le législateur a adopté un système avec un minimum et un


maximum, le juge choisissant la peine dans les limites fixées par le législateur.
Avec le code pénal de 1992 : on a supprimé le principe de la limite minimal, aujourd’hui dans le code
on ne trouve que le maximum légal au delà duquel le juge ne peut pas aller.

Exemple du vol : aujourd’hui dans le code pénal un article dit que le code est punit de trois ans de
prison. Cela signifie que c’est un maximum, le juge peut prononcer une peine allant de 0 à 3 ans de
prison, il ne peut pas aller au-dessus.

En matière criminelle, le juge ne peut pas aller en dessous d’un an de réclusion.

Ce principe de légalité de la sanction a plusieurs conséquences :

≤ Le juge ne peut prononcer qu’une peine que le législateur a prévue

Exemple : en cas de meurtre, le juge ne peut pas décider de lui-même d’envoyer l’auteur de
l’infraction en Guyane où l’on ouvrirait les bagnes, car c’est une peine n’existant plus dans l’arsenal
français.

≤ Le juge ne peut prononcer qu’une peine prévue pour l’infraction commise

Exemple : le meurtre est punit de 30 ans de prison, le code pénal ne fait pas d’allusion à une
quelconque amende. Un juge ne peut pas décider que la personne est punit de 15 ans de prison et de
300 000 euros d’amendes.

Souvent on a des atteintes à ce principe de légalité des sanctions :

Parfois, le législateur utilise la technique de la sanction par renvoi, c’est à dire qu’il va prévoir une
incrimination dans un texte et des sanctions ou des peines dans un autre texte. Cela complexifie le
travail du juge, il doit faire la relation entre les deux textes.

Parfois, on a des sanctions qui sont prévues dans des textes différents, en matière commerciale par
exemple, il y a une interdiction d’exercer la profession en matière industrielle et commerciale. Or on
ne trouve pas cette infraction dans le code pénal, on la trouve dans le code de commerce.

A partir des années 70/80, le législateur a multiplié les peines complémentaires, accessoires dans un
but d’individualisation de la sanction pénale, l’un des impératifs a été d’adapter la peine à la
personnalité de l’intéressé. On ne prend plus seulement en compte la gravité de l’acte, mais aussi le
passé, la personnalité de l’auteur de l’infraction. Si on a deux personnes qui commettent exactement
la même infraction, l’une à Strasbourg et l’autre a Clermont Ferrand, en fonction du passé de la
personne, du fait de savoir si elle est récidiviste ou pas, si elle a un travail, insérée socialement ou
pas, et en fonction de la politique criminelle menée dans le ressort de la cour d’appel concernée, les
peines prononcées pourront être extrêmement différente. Même lorsque la sanction a été
prononcée, le juge d’application des peines pourra l’adapter aux circonstances de l’espèce.

II. Les corollaires du principe de légalité criminelle


A. La loi pénale doit être CLAIRE et INTELLIGIBLE
Pour que ce principe de légalité soit effectif, il faut que toute personne normalement constituée
puisse comprendre les textes qui viennent incriminées tel comportement.
 Ce principe suppose que la loi soit CLAIRE et COMPREHENSIBLE.

Le Conseil constitutionnel va veiller au respect de cette exigence de clarté.

 La loi doit également être PRECISE : il faut qu’il y ait un minimum d’éléments qui permettent de
comprendre les éléments constitutifs de la loi. C’est le souci qui s’était posé avec la loi sur le
harcèlement sexuel. Le texte du code pénal qui venait incriminé le harcèlement sexuel était clair,
c’est le fait de harceler sexuellement autrui. Ce n’était pas très précis, c’est pour cela que le CC dans
une décision du 4 mai 2012, a décidé de censurer la loi sur le harcèlement sexuel en considérant que
le texte n’était pas suffisamment clair et précise. Une loi du 6 aout 2012 est venue recréer
l’incrimination d’harcèlement sexuel et a redonnée une définition de cette incrimination.

B. Les principes de nécessité et de proportionnalité


Ce sont des principes que l’on retrouve dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui
dit que la loi ne doit établir que des peines nécessaires.

Le législateur n’a pas à pénaliser des actes qui ne léserait pas ou peu l’intérêt général  principe de
nécessité de la sanction.

L’incrimination doit être proportionnelle : art. 8 DDHC. Le législateur doit prévoit des peines
proportionnées à la gravité de l’acte commis.

Le conseil constitutionnel peut sanctionner une loi mais qu’en cas d’erreur manifestement grossière,
sinon ce serait pour lui se substituer au législateur.

Exemple : décision du 30 décembre 1987 du Cons. Cons concernant une loi qui avait prévue une
amende non modulable pour le fait de divulguer les revenus d’un contribuable sans son autorisation,
et de ce fait le législateur avait prévu une amende pénale fixe, c’était un pourcentage du montant
des revenus, le CC a estimé que l’amende était disproportionnée par rapport à l’infraction commise.

Ce principe de nécessité est aussi validé par les instances internationales, notamment par la Cour
EDH.

III. Les atteintes au principe de légalité criminelle


Depuis ces dernières années on a des atteintes à ce principe de légalité qui ne cessent de se
multiplier.

Tout d’abord au niveau de la définition des infractions par le pouvoir exécutif. En matière délictuelle,
criminelle, c’est le législateur qui en principe définit les infractions, alors qu’en matière
contraventionnelle, c’est le pouvoir exécutif, par le biais du règlement. Or en matière de droit de la
concurrence, de droit commercial, quand le droit pénal va s’appliquer, souvent le gouvernement va
utiliser le pouvoir des ordonnances pour légiférer dans ces domaines, ce qui fait qu’on va avoir des
délits qui vont être définit par le pouvoir règlementaire et non pas par le législateur.

Par exemple : les infractions d’entente et d’abus de position dominante. En matière économique doit
jouer la libre concurrence et que les sociétés se partageant un marché ne doivent en principe pas
s’entendre, éviter de diminuer les prix etc. Fausser le jeu de la concurrence= infraction pénale.
Or la DEF de l’incrimination pénale n’a pas été faire par le législateur mais par le gouvernement en
1986 par le biais d’une ordonnance.

De manière générale, de plus en plus souvent, le législateur pour des infractions techniques va
renvoyer à des décrets, à des arrêtés pour pouvoir définir le comportement incriminé.

Il y a aussi le problème de la qualité de la loi pénal et multiplication des textes depuis quelques
années. La qualité des textes, la précision des textes est souvent sujette à caution, notamment parce
que ces dernières années, on a privilégier des lois un peu « fourretout » dans lesquelles on des
dispositions très diverses sur des sujets très divers et pour lesquelles on a une certaine illisibilité.

Exemple : dans la loi de finance budgétaire de 2013, on a des dispositions relatives à la collégialité de
l’instruction en matière pénale.

La chambre criminelle a pu considéré qu’il y avait erreur de droit dans le cas suivant : un cabaretier
avait des machines à sous dans son établissement et a été sanctionné car il ne respectait pas la
législation relative aux machines à sous. Il n’était pas au courant du changement de législation
(certes nul n’est censé ignoré la loi), mais ce changement s’était opéré suite à deux alinéas dans un
texte de loi qui n’avait rien à voir avec le sujet du juge. La chambre a considéré que le manque
d’accessibilité de la loi pénale ici, justifiait l’absence de sanctions pénales de la personne en cause et
justifiait l’utilisation de la notion d’erreur de droit.

La multiplication de la loi renforce l’illisibilité. La loi pénale est devenue une sorte de remède miracle
aux différents problèmes sociaux. En plus de l’inflation législative en droit interne, il faut que le droit
interne intègre le droit de l’union européenne et la jp de la Cour EDH. Pendant longtemps l’UE s’est
désintéressé du droit pénal, mais depuis 2007 le droit de l’UE est devenue une véritable source du
droit pénal et donc la aussi il faut adapter les textes.

Section 2 : Les sources du droit pénal


I. Les sources de nature supra législatives
A. Les sources constitutionnelles
1- La Constitution

Si on regarde la constitution de 58, il y a peu de choses qui concerne directement le droit pénal.

 L’article 34 réserve les dispositions en matière de crimes, de délits, de procédure pénale au


pouvoir législatif.

 L’article 66-1 : nul ne peut être condamné à la peine de mort

 Les articles 67 et suivants fixant la responsabilité pénale du PDLR et des membres du


gouvernement.
2- Le préambule

C’est dans le préambule qui a valeur constitutionnelle qu’on trouve des dispositions relatives au
droit pénal.

≤ DDHC de 1789 :
o principe de la légalité criminelle,
o De la non rétroactivité de la loi pénale,
o le droit à la sûreté (droit de ne pas être arrêté de manière arbitraire).

- Les principes fondamentaux reconnus par les lois de la république : reconnus pas les lois
antérieures à 1958, que le CC a consacrés :

o les droits de la défense,


o des principes à valeurs constitutionnels,
o des objectifs à valeur constitutionnelle comme le maintien de l’ordre public.

Depuis la mise en œuvre des QPC, ont eu un impact important en matière pénale et la JP du CC en la
matière à été très importante.

Exemple : en matière de garde à vue et de place de l’avocat lors de la garde à vue. Jusqu’en 2011,
l’avocat d’une personne gardée à vue pouvait la rencontrer 30 minutes mais l’avocat ne pouvait pas
assister aux interrogatoires.

C’est par le biais d’une QPC en juillet 2010, que le CC est venu dire que la législation française
relative à la garde à vue n’était pas conforme à la constitution ni à la convention européenne des
droits de l’homme et donc, que le gouvernement disposait de 10 mois pour modifier la législation.

B. Les sources internationales et européennes


On a des conventions internationales auxquelles la France a adhéré qui peuvent avoir trait au droit
pénal ou à la procédure pénale.

Exemple : des conventions relatives à l’extradition, à la définition des stupéfiants etc.

Concernant le droit européen au sens large, il y a deux aspects du droit européen qui vont jouer en
matière pénale. Le droit de l’UE, jusqu’aux années 2000, le droit pénal n’était que des sujets annexes
traité par l’UE. Mais avec le traité de Lisbonne est venu donner à l’UE une base juridique explicite
pour adopter des directives en matière de droit pénal afin d’assurer la mise en œuvre efficace des
politiques européennes.

Dans certains cas limitativement énuméré, l’UE peut établir des incriminations et des sanctions qui
seront applicables dans l’ensemble des pays de l’UE.

Une directive de la traite des êtres humains qui est venue incriminer ce genre de comportement et
établir une échelle de sanction que les différents pays membres de l’UE devront intégrés dans leur
législation.
A côté de l’UE, on a les règles du Conseil de l’Europe et de la Conv EDH qui vont avoir un impact fort
sur notre législation.

≤ Conv EDH : principes fondamentaux


o Principe de légalité
o Principe de nécessité
o Liberté de pensée
o Droit à la sûreté
o Etc.

La JP de la Cour EDH fait réellement vivre ce texte et l’adapte aux exigences actuelles.

II. Les sources de nature législative et règlementaire


A. Les sources de nature législative

On a la loi telle qu’elle est votée par le parlement qui est l’une des sources essentielle du droit
pénal français.

La loi est compétente pour créer des infractions concernant les crimes et les délits. Pour ce qui est
des contraventions normalement c’est le pouvoir exécutif qui est compétent, MAIS adage « qui peut
le plus, peut le moins» et si le législateur veut créer une contravention, il peut très bien le faire.
La loi peut également prévoir que la violation d’un règlement constituera un crime ou un délit.

En ce qui concerne la contravention : cela peut relever du domaine du règlement. Le pouvoir


réglementaire peut créer, peut définir, une incrimination.
MAIS en ce qui concerne la sanction de la contravention, elle, relève du législateur.

Exemple : maire prend arrêté municipal pour interdire quelque chose, mais il ne peut pas décider
quelle sera la sanction, l’amende…etc.

La procédure pénale : la compétence de la loi est absolue en matière de procédure pénale, le


législateur est le seul compétent pour créer des règles en matière de procédure pénale et ce
même pour les contraventions.

Grande différence ici avec la procédure civile qui elle est en grande partie réglementaire : décrets,
arrêtés.

Pourquoi cela relève du domaine de la loi ? Car les règles de procédure pénale vont porter atteinte
aux droits et libertés des individus et seul le législateur peut y porter atteinte sur le territoire
national.

On a les ordonnances prises par le gouvernement dans le cadre de l’article 38 de la constitution.
On a aussi les ordonnances prises par le PDLR dans le cadre de l’article 16 de la constitution.

B. Les sources à valeur réglementaire


Il faut distinguer 2 choses :
Les règlements dits autonomes : pris en conseil d’Etat, ces règlements vont permettre au pouvoir
exécutif de créer des incriminations en matière de contravention. En ce qui concerne la sanction, les
seules sanctions possibles sont les 5 classes prévues par le législateur en matière de contravention.
Le pouvoir réglementaire peut ensuite choisir la peine qu’il estime la plus adaptée.

Les règlements d’application : ils vont servir à préciser l’application d’une règle prévue par la loi. Ce
sont des décrets simples, généralement ce sont des arrêtés. Dans certains cas, ils vont permettre de
créer une incrimination dans un cadre définie par la loi.

Exemple : ministres, maires, préfets peuvent prendre des arrêtés de police pour maintenir la sécurité,
la salubrité publique et l’ordre public. Dans ce cas-là lorsqu’un maire interdit de passer la tondeuse le
dimanche, si arrêté, l’autorité, comme c’est en application du principe général d’assurer la
tranquillité sur son territoire, là il n’y aura pas le choix pour la sanction pénale : sera obligatoirement
une sanction de première classe.

C. Les autres sources du droit pénal français


On a des sources qui ont un moins grand impact, une moins grande influence en droit français.

1- Les coutumes et les usages

Les coutumes et usages ne sont pas directement des sources de droit pénal, elles ne deviennent
des sources de droit pénal que si la loi ou le règlement s’y réfèrent directement ou indirectement,
ou éventuellement si elles sont validées par la jurisprudence.

Exemple 1 : exemple prévu par la loi : le code pénal interdit les actes de cruauté sur les animaux, mais
en revanche il permet les combats de coqs ou encore les courses de taureaux dans la mesure où il y a
à l’endroit concerné une tradition locale ininterrompue.

Exemple 2 : le CP réprime le fait d’effectuer des violences même légères sur autrui. C’est la JP qui
autorise dans une certaine mesure le droit de correction des parents sur leurs enfants mineurs à
partir du moment où il ne s’agit que d’une correction légère.

2- Les principes généraux du droit

Ce sont des principes qui ne résultent pas d’un texte mais qui reflètent l’esprit des textes.

Exemple : sous l’ancien code pénal, la légitime défense était prévue mais pour certaines infractions
seulement. En fait, la jurisprudence avait créé un principe général du droit de légitime défense qui
s’appliquait à toutes les hypothèses même celles non prévues par la loi au départ. A partir de la loi, le
juge a élargi la notion à toute une série d’hypothèses non prévues par la loi.

D. La jurisprudence
Est-t-elle une source de droit ?

En principe ce n’est pas une source de droit en droit français. Sachant que cette affirmation es
sujette à discussion même en droit pénal. Le juge à une certaine latitude, et si le juge pénal n’est pas
en tant que tel créateur de sanction, ou d’incrimination, il existe des exemples ou le juge pénal à eu
une influence sur la constitution du droit pénale.
D’une manière générale la JP a un rôle créateur moindre en droit pénal qu’en droit civil.

Pourquoi ? Car on a le principe de légalité criminelle, principe qui oblige le législateur à rendre des
normes claires et précises (même si au final ce n’est pas toujours vraiment le cas). Néanmoins cela
n’empêche pas la cour de cassation et sa JP d’avoir un rôle fondamental parce que quand les textes
ne sont pas clairs et précis, sous déni de justice, c’est le juge qui va être amené à trancher.

Exemples

 Se posait le problème du duel : jusqu’en 1860 la JP considérait que le duel n’était pas
constitutif d’un meurtre car il y avait consentement de la personne à l’acte.
En 1860, revirement de JP : si on tue quelqu’un dans un duel c’est un meurtre.

 L’état de nécessité : par exemple la mère de famille qui n’a pas d’argent son enfant meurt de
faim, elle vole du pain pour nourrir son enfant. Il y a une infraction. La JP a considérait dans
un premier temps que dans certaines circonstances, la nécessité pouvait pour éviter un
danger d’une valeur supérieure pousser un individu à commettre une infraction protégeant
une valeur inférieure. Ici intégrité physique de l’enfant qui meurt de faim est supérieure à
celle de la propriété du vendeur de pain. En 1992 le législateur a intégré cet état de
nécessité dans le texte.

 Arrêt « Erika » : responsabilité de total : la jurisprudence par une interprétation particulière


des règles a considéré que total était responsable.

Même si en principe, la JP ne devrait pas avoir un impact très fort, car principe de légalité, en
réalité et de plus en plus les juges sont amenés à préciser et interpréter les textes et
éventuellement à créer du droit.

Section 3 : La classification des infractions

Un comportement pénalement prohibé. Dans l’infraction on a 2 éléments : l’incrimination et la


peine qui est la sanction pénale.

L’infraction c’est la définition de l’acte pénalement répréhensible ainsi que la sanction qui y est
attaché. Chaque infraction comporte en principe 3 éléments :

≤ Un élément légal tout d’abord, à savoir le texte qui prévoit et qui réprime les faits en cause.
≤ Un élément matériel à savoir le comportement matériel prohibé
≤ Un élément moral à savoir l’intention ou l’absence d’intention liée à la commission de
l’infraction = état d’esprit dans lequel se trouve la personne en cause.

Sous-section 1 : la classification légale des infractions ou la


classification tripartite
En matière pénale, les infractions sont classées selon trois catégories :

≤ Crimes
≤ Délits
≤ Contraventions

Le législateur ne dit jamais si c’est un crime, un délit ou une contravention, il parie sur l’intelligence
de ces lecteurs. C’est une classification qui est fondée sur la gravité de la sanction encourue.

 Pour les crimes la peine encourue est une peine de réclusion criminelle ou de détention
criminelle (on utilise ce terme en cas d’infraction politique). Elle est soit a perpétuité, soit à
temps : elle va être au maximum 10 ans, de 15 ans, 20 ou 30 ans. Accessoirement à la peine
de réclusion, le législateur peut parfois prévoir une peine d’amende criminelle.

 Pour les délits la peine est une peine d’emprisonnement de maximum 10 ans et/ou une
peine d’amende. D’autres peines comme le TIG, le jour amende, le stage de citoyenneté,
mise en place d’un suivi thérapeutique etc. Les amendes délictuelles minimum sont de
3 500 euros. Le montant maximum d’une amende contraventionnelle est de 1500 euros

 Pour les contraventions la peine de référence est l’amende, classée en 5 classes allant de
38 euros à 1500 euros. Si récidive, l’amende sera de 3000 euros.

Cette classification est très importante en droit pénal, elle à un effet sur le droit pénal de fond et le
droit pénal de forme.

≤ Un intérêt sur le droit pénal de fond :

o Sur le contenu de l’infraction :


 les crimes sont toujours des infractions intentionnelles
 alors que les délits peuvent être intentionnels ou alors le résultat d’une
inattention, d’une imprudence, d’une négligence ou d’une mise en danger
délibéré d’autrui.
 Pour les contraventions, l’élément moral est présumé, on ne recherche pas
l’élément intentionnel. Exception ou le législateur prévoit expressément
qu’il y a la nécessité d’un élément intentionnel ou alors qu’il n’est pas
nécessaire.

o En matière de tentative d’infraction : on ne parvient pas à réaliser l’infraction qu’on


voulait commettre :
 La tentative en matière criminelle est toujours punissable
 La tentative en matière délictuelle doit être prévue par le législateur.

≤ En matière de procédure :
o La classification légale va déterminer la juridiction compétente :
 Contraventions : tribunal de police
 Délits : tribunal correctionnel
 Crime : cour d’assises
o Le juge d’instruction :
 Obligatoire en matière criminelle
 Faculté en matière délictuelle : l’enquête de police suffit largement

Sous-section 2 : les autres classifications

On a des classifications qui tiennent à la nature particulière des infractions :


≤ on aura les infractions classiques (= infractions de droit commun)
≤ on aura les infractions militaires (= code spécifique qui incrimine les infractions de nature
militaire commises par des militaires : comme par exemple la désertion)
o infractions commises par militaires de nature militaire
o les infractions classiques commises par des militaires
o les infractions de nature militaire commises par des particuliers

En fonction du type des infractions, qu’elles sont réalisée en temps de paix ou de guerre, ce sera
soit le droit commun, soit le droit militaire qui va s’appliquer.

A côté de ces infractions militaires il y a aussi :

≤ les infractions politiques : celles en relation avec les combats et les idées politiques : ce sera
la JP qui va établir la relation avec les combats et les débats politiques. les infractions les plus
graves ne sont jamais considérées comme étant politiques.
Arrêt de 1932 « Gogoulof » : le PDLR est assassiné, assassinat a clairement un but
politique, les juridictions françaises refusent d’utiliser la qualification d’infraction politique
car la gravité est trop importante.

Quel intérêt de faire reconnaitre son infraction comme politique ou non ?


 un intérêt sur la procédure, la procédure est plus souple et plus douce de manière générale
pour une personne reconnue coupable ou soupçonnée d’avoir commis une infraction
politique : par exemple les procédures rapides ne sont pas possibles.
 Les détenus politiques sont des détenus particuliers avec un régime plus doux par rapport au
régime de droit commun

A côté on a aussi :

≤ Les infractions douanières et les infractions fiscales : peuvent faire l’objet de sanctions
pénales. Pendant très longtemps, on avait un régime procédural dérogatoire qui laissait une
latitude assez importante aux douaniers et aux agents du fisc.

EXEMPLE : En matière de perquisition : pour agents douaniers et du fisc, les restrictions


étaient beaucoup moins importantes.
MAIS petit à petit une procédure pénale plutôt classique.
Chapitre 2 : L’application du droit pénal
Le législateur est censé faire des lois claires et précises, qu’ensuite le juge appliquera aux faits de
l’espèce. Il arrive que le législateur ne fasse pas de lois claires et précises, ce sera alors le problème
de la marge de manœuvre du juge et de l’interprétation qu’il peut donner au texte pénal.

Autre problème : application de la loi pénale dans le temps et dans l’espace. Que se passera-t-il
lorsqu’une loi nouvelle intervient alors qu’une infraction n’est pas encore définitivement jugée ?

Section 1 : L’interprétation du droit pénal


Interpréter un texte, c’est lui donner un sens particulier et c’est tout le problème du juge lorsqu’il va
se retrouver face à un texte du législateur.

Le juge français est compétent pour interpréter tous les textes pénaux : le juge peut interpréter la loi
au sens strict, les règlements ou les actes administratifs individuels. Il est également à même
d’interpréter les textes internationaux.

Un problème d’interprétation ne va se poser que lorsque la norme pénale sera obscure. Si le texte
est suffisamment clair et précis, le juge l’appliquera à la lettre.

Quelle est la latitude du juge dans l’interprétation de la loi pénale ? Comment le juge peut-il
déterminer l’applicabilité du texte si celui-ci n’a pas été édité clairement par le législateur ?

I. Les différentes méthodes d’interprétation


A. La méthode d’interprétation littérale
C’est une application à la lettre de la loi qui a été votée.

Dans cette méthode, les juges n’ont aucune marge de manœuvre, ils doivent mettre en application
la loi pénale même si elle n’est pas conforme à la réalité ou si elle pose problème.

On s’est vite rendu compte que ce type d’interprétation était praticable lorsque la loi était claire,
mais face à une loi obscure ou une erreur manifeste, ce système n’est pas suffisant.

Exemple : un texte de la règlementation des chemins de fer était une infraction de descendre du train
alors que celui-ci était à l’arrêt dans une gare.

B. L’interprétation analogique
C’est une méthode qui tend à résoudre un problème en se référant à un cas voisin et pour lequel
la loi donne déjà une solution.
1- L’analogie légale

 Dans laquelle on raisonne à partir d’une règle légale voisine que l’on étend au cas d’espèce, on
étend les règles applicables.

Exemple : texte relatif au vol : on peut éventuellement l’étendre au vol d’électricité, vol d’un repas :
alors que normalement le vol porte sur une chose, or un repas ou électricité ne sont pas des choses.

Généralement condamnée en droit français car elle conduit à une insécurité juridique pour le
citoyen. L’analogie légale peut être critiquée, car elle porte atteinte à la sécurité juridique et c’est
laisser un rôle important au juge car il peut aller loin dans la conception de cette analogie. De
manière générale, l’analogie légale est condamnée sauf si elle est favorable aux citoyens.

 Dans certains cas, l’analogie in favorem, donc en faveur de la personne est acceptée par la
jurisprudence.

Exemple : En matière de légitime défense, sous l’empire du code pénal la légitime défense était
prévue pour certaines infractions déterminées et le juge, analogie légale in favorem l’a étendue à
l’ensemble des infractions.

Exemple : la démence : on peut être exonéré de sa responsabilité pénale. La JP a élargi ceci aux
contraventions ce qui n’était pas prévu par la loi.

 Analogie défavorable : en général, la JP ne la pratique pas sauf cas exceptionnels.

Exemple : loi de 1981 sur la presse. Cette loi prévoyait que l’apologie de crime était réprimée
lorsqu’elle était commise soit lors de réunion publique, soit par écrit, soit par imprimé. Ce texte vise
les moyens de communication de 81 au moment ou la loi était mise en œuvre, le juge a utilisé
l’analogie légale pour étendre à l’apologie des crimes par voie de disque.

2- L’analogie judiciaire

C’est le juge qui va s’inspirer de l’état général de la JP ou de l’état général du système répressif
pour déterminer si les faits sont constitutifs ou non d’une infraction.

Elle est condamnée de manière très vigoureuse parce qu’ici on se fonde plus sur un texte mais sur
un esprit général pour pouvoir créer une règle de droit. Ce type d’analogie est strictement prohibé.
>>Souvent la marque des pays totalitaires, un texte disposait que le juge pouvait punir si le
comportement portait atteinte à l’esprit allemand.

C. L’interprétation téléologique
Ce type d’interprétation s’attache à découvrir les véritables intentions du législateur, le juge va
s’attacher non pas à la lettre du texte mais à l’esprit de a loi.

≤ L’esprit du texte se retrouve dans les travaux préparatoires


≤ Il va rattacher le texte au contexte politique et social de l’époque

Le but ici est de faciliter les choses lorsque le texte est incomplet ou lorsque le but visé par
l’auteur du texte n’est pas très compréhensible de prime abord.
Exemple : un texte existait sur le détournement de mineur mais qui n’était pas très clair : fait pour un
majeur de détourner un mineur. Le fait pour un mineur de se promener avec un ami majeur est du
détournement de mineur ? La Cass a cherché le but poursuivi par le législateur et en a déduit que ce
n’était pas du détournement de mineur.
II. Le choix du système français
Article 111-4 Code pénal : « la loi pénale est d’interprétation stricte » == le juge pénale ne peut pas
ajouter à la loi et doit donc veiller à un respect scrupuleux des textes.

En revanche, stricte ne veut pas dire restrictive : le juge pénal français pourra en cas d’obscurité,
recourir à l’interprétation téléologique.

Lorsque le texte est clair et précis, le juge devra appliquer la loi et rien que la loi. Il devra vérifier que
les conditions prévues par le texte sont bien applicables dans les faits et pour utiliser que la sanction
prévue par le législateur.

Cas ou le texte est obscur ou complexe :

En principe, le juge ne peut pas procéder par analogie.

Exemple : fait d’aller au restau et de sortir sans payer, cela ne peut pas être du vol le législateur à du
créer une infraction particulière. La conduite en état d’ivresse ne peut pas s’appliquer aux
conducteurs de locomotives.

 Mais il y a des exceptions à ce principe et parfois le juge a pu admettre des interprétations


in favorem, c’est-à-dire où l’interprétation par analogie était en faveur de la personne
mise en cause.
 Dans certains cas très rares le législateur a aussi admis des interprétations in defavorem.

Exemples :

≤ arrêt chambre criminelle 29 mai 1940 : on élargit le délit d’usurpation d’identité à celui du
numéro d’immatriculation du véhicule.
≤ Le CP prévoyait que le délit d’abandon de famille était le fait de ne pas verser de pension
alimentaire à son conjoint. Donc si divorcé ce délit ne s’appliquerait pas selon le texte. Mais
la cour de cassation a élargie la notion et l’a accepté pour le divorcé également.

>>>Mais de manière générale cette interprétation par analogie est proscrite, décision de la Cour
EDH du 10 octobre 2006 est venu rappeler ceci.

Mais comment fait le juge en pratique ?

Le juge quand il est face à un texte de loi, la première chose qu’il va chercher c’est le sens littéral du
texte, voir ce qu’a dit le législateur et quels sont les éléments qui figurent dans le texte du
législateur.

 Si à la lecture du texte le juge se rend compte qu’il y a un problème il peut écarter le texte
et lui redonner son sens initial.
Exemple : règlement sur la police des chemins de fer qui interdisait de descendre dans des gares
lorsque le train est complétement arrêté : il y avait une erreur de frappe ici.

 Le juge va rechercher la volonté du législateur et essayer de trouver quelles sont les


motivations de celui-ci.
 Mais le juge ne doit pas aller au-delà de la volonté du législateur en principe.

Exemple : problème de l’homicide involontaire du fœtus. Quand on a un bébé qui décède in utero : y-
a-t-il homicide involontaire ou pas ? Quand on lit le texte, l’article 221-6 du CP dit « le fait de causer
de manière involontaire la mort d’autrui constitue un homicide involontaire ». Un fœtus est autrui ou
pas ? Ceci est un problème qui dépasse le contenu du droit pénal, c’est un débat de société = débat
que le juge n’a pas à trancher. Le juge pénal ici est obligé de se référer aux travaux préparatoires et
aux principes existant de manière générale dans le droit c’est pourquoi jusqu’à présent la Cass a
toujours refusé en vertu du principe d’interprétation stricte de la loi pénale d’admettre que le fœtus
mort in utero soit une « personne ».

 Recours : arrêt VO, la plaignante demandait une condamnation de la France pour violation de
l’article 2 de la Conv EDH relatif au droit à la vie. La Cour EDH considère qu’il revient à chaque EM de
définir le commencement et la fin de la vie. En l’espèce, pas de violation de l’art 2 car la JP française
est conforme aux règles établies en la matière.

Section 2 : L’application du droit pénal dans le temps


En principe quand on a une règle de droit pénal, elle entre en vigueur au jour de sa publication
au journal officiel ou quand la cour de cassation le dit (comme par exemple en matière de loi
relative à la garde à vue, mais il est rare que ce soit la cour de cassation qui donne l’entrée en
vigueur d’une loi).

Quand une nouvelle loi entre en vigueur, la question qui va se poser est comment traiter les faits
commis juste avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi s’ils n’ont pas été jugés définitivement ?

≤ Faut-t-il leur appliquer la loi nouvelle ?


≤ Faut-t-il leur appliquer la loi ancienne ?

Souvent le législateur va prévoir des dispositions transitoires mais ces dispositions transitoires
ne vont pas tout régler. 2 principes fondamentaux vont régir l’application de la loi pénale :

≤ 1—Le principe de la non rétroactivité de la loi pénale de fond plus sévère


≤ 2 – Le principe de l’application immédiate de la loi pénale de forme

Qu’entend-t-on par le terme de loi ?

≤ Loi au sens constitutionnel du terme = loi votée par le parlement ?


≤ Ou aussi la jurisprudence ?

La cour de cassation n’applique ces principes qu’aux textes de loi votés par le Parlement et
promulgués par le PDLR.
MAIS la Cour EDH en revanche précise que l’interprétation jurisprudentielle appliquée dans un
procès doit être raisonnablement prévisible au jour des faits par l’agent. Elle précise qu’elle doit
donc être accessible à tous  Arrêt Pessino contre France = la Cour a une vision plus large de la
notion de la loi.
>> La Cour EDH à une notion autonome du terme loi, pour englober les pays tel que l’Angleterre,
l’Irlande qui considère que la JP est la première source de droit.

1ère chose à déterminer : si c’est une loi de fond (= qui touche à l’incrimination et à la sanction) ou
une loi de forme (=relative à la constatation, à la poursuite de l’infraction, à la compétence et à la
procédure).

I. Les principes régissant l’application dans le temps de la loi pénale


de fond
C’est une loi pénale qui va traiter de l’incrimination et de la sanction ou de tout élément relatif à la
responsabilité pénale de l’individu.

En matière de lois de fond on a un double principe qui s’applique :


≤ Non rétroactivité de la loi pénale de fond plus sévère = la non rétroactivité in pejus.
≤ La rétroactivité de la loi pénale de fond plus douce = la rétroactivité in mitius.

A. Le principe de la non rétroactivité de la loi pénale de fond plus sévère ou


rétroactivité in pejus.
≤ Principe qu’on retrouve dans la DDHC à l’article 8.
≤ CEDH : article 7.
≤ Code pénal : article 112-7

 C’est un principe qui a une valeur constitutionnelle et le conseil constitutionnel veille à ce


que des lois ne soient pas rétroactives lorsqu’elles sont plus sévères. Principe fort puisqu’il
est également ancré dans le droit international. Tout citoyen à un droit acquis à une certaine
sécurité juridique et si on ne sait pas que notre comportement est contraire à la législation,
on viole le principe de légalité.

Mais plusieurs exceptions :

 Il y aura des lois qui seront expressément rétroactives. C’est une exception qui n’a plus
cours aujourd’hui car de manière générale le juge pourrait les écarter en se fondant sur les
engagements internationaux.

Exemple : indignité nationale pour tous ceux qui ont collaboré avec l’ennemi depuis 18 juin 1940.

 Les lois interprétatives : ces lois n’ont pas comme but de créer du droit, elles ont
simplement comme but de préciser le contenu de lois anciennes. Elles s’appliquent à partir
du moment où s’applique la loi qu’elles viennent préciser.
Exemple : loi du 22 juillet 1996 relative à la lutte contre le terrorisme. Loi qui va venir définir ce que
l’on entend par le terme d’armes (utilisé à de nombreuses reprises dans le CP). Avant l’entrée en
vigueur de la loi, l’arme était obligatoirement un objet, or, après l’entrée en vigueur de la loi, l’arme
pouvait également être un chien par exemple == Donc loi plus sévère en quelques sortes.

 Les lois déclaratives : elles s’appliquent immédiatement aux faits qui leurs sont antérieurs.
C’est une loi qui vient simplement constater un principe qui existait à l’état latent dans le
droit mais qui n’était pas encore prévu par une disposition législative.

Exemple : loi du 26 décembre 1964 qui est venue établir l’imprescribilité des crimes contre
l’humanité. Cela va s’appliquer rétroactivement à tous les crimes commis avant 1964. Pourquoi cette
possibilité ? Car ici on est dans le cadre d’une loi déclarative qui vient simplement entériner un
principe du droit international simplement pas encore intégré dans le droit français.

 Lois instituant des mesures de sûreté = mesures de police ou de sécurité (préventives) qui
visent à éviter qu’une personne ne commette à nouveau une infraction. Différent d’une
sanction pénale qui vise à punir une personne qui a commis une infraction. Donc en principe
les mesures de sureté sont rétroactives (c’est le principe, normalement), les sanctions
pénales, elles ne sont en aucun cas rétroactives si elles sont plus sévères.

PROBLEME : bien souvent on n’arrive pas à distinguer ce qui est une peine ou une mesure de
sûreté.

Exemple : retrait permis de conduire a certes un caractère préventif mais c’est aussi une sanction.

 Plusieurs décision du conseil constitutionnel notamment une décision du 21 février 2008 relative
à la rétention de sureté (= possibilité de garder en prison à l’issue de leur peine certains prisonniers
qui seraient dangereux pour la société, notamment en matière de crimes sexuels). Dans un cas
similaire la Cour EDH dit que c’est une peine, mais le conseil constitutionnel dit que c’est une
mesure de sureté qui n’est pas rétroactive car plus sévère = choses brouillées en la matière.

B. Le principe de la rétroactivité de la loi pénale de fond douce ou


rétroactivité in mitius.
La loi pénale lorsqu’elle est plus douce rétroagit. A la différence du principe de non rétroactivité
de la loi pénale plus sévère, le principe de rétroactivité in mitius est moins fort.

Certes il a valeur constitutionnelle, on le retrouve dans le code pénal à l’article 112-1 alinéa 3 mais le
législateur a multiplié les exceptions à ce principe et prévoit notamment 2 exceptions à ce principe :

 Lois plus douces qui vont être expressément non rétroactives : la cour de cassation a validé
à plusieurs reprises cette exception.

 En matière fiscale et douanière il y a eu toute une controverse sur la question de savoir si


les règlements bénéficient du principe de la rétroactivité in mitius ou pas.
C. La mise en œuvre effective des principes régissant les conflits de loi dans le
temps

Vérifier si on est bien dans un conflit de lois dans le temps, c’est à dire qu’il n’y a pas eu de
décisions définitives avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi.

Vérifier ensuite qu’on est dans le cadre d’une loi de fond

On va procéder par étapes

La première étape

Est de savoir si la loi nouvelle est une loi nouvelle simple ou une loi nouvelle complexe :

o Une loi nouvelle est dite simple lorsqu’elle modifie l’ancienne loi sur un seul point.
o La loi nouvelle complexe va modifier la loi ancienne sur plusieurs points et dans des
sens opposés.

Exemple de loi pénale simple : on dit que la loi nouvelle est simple si elle créée une infraction qui
n’existait pas auparavant. Si la loi nouvelle diminue uniquement la peine d’emprisonnement : loi plus
douce et simple car elle va dans un seul sens.

Exemple de loi pénale complexe : loi nouvelle qui pour une infraction existante va augmenter la peine
d’emprisonnement et diminuer la peine d’amende, ici la loi est à la fois plus douce et plus sévère.

Si on détermine qu’on est face à une loi pénale simple on appliquer les principes vus au
préalable :
 Si elle modifie le texte dans un sens plus doux, principe de la rétroactivité in mitius
s’applique.
 Si elle modifie les faits de manière plus sévère, elle sera entièrement plus sévère, la loi ne
rétroagira pas

Si on est face à une loi complexe il faut aller à l’étape 2.

Deuxième étape :

La loi est-t-elle divisible ou non ?

o Elle est considérée comme divisible si les dispositions différentes portent sur des
personnes ou sur des objets différents.
Exemple : loi de 1891 qui est venue créer le sursis et qui est venue augmenter les
peines en état de récidive.
o Les dispositions sont considérées comme indivisibles si elles s’appliquent
conjointement à une situation donnée et à un individu donné.

Si la loi est divisible :


 Pour la partie plus douce on applique le principe de la rétroactivité in mitius
 Pour la partie plus sévère on applique la non rétroactivité.

Si la loi est indivisible on passe à la troisième étape.

Troisième étape :

L’appréciation du caractère plus doux ou plus sévère de la loi. Le juge a deux possibilités ici :

o La méthode globale : en considérant l’ensemble de la loi il détermine si elle est plus


douce ou plus sévère.
o La méthode de la disposition principale : le juge va regarder quel est l’élément
déterminant de la loi, c’est-à-dire celui qui l’emporte sur tous les autres.

Exemple : on a une loi nouvelle, le vol est puni de 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende. Le
législateur prend une loi nouvelle qui incrimine toujours le vol et le punit de 4 ans
d’emprisonnement et 150 euros d’amende. Ici problème d’application de la loi dans le temps pour
les cas survenus antérieurement mais qui n’ont pas encore été jugés.
Loi de fond ou de forme ? Loi de fond car elle modifie la peine.
Loi de fond simple ou complexe ? Loi complexe car elle modifie la loi ancienne dans 2 sens différents.
Loi divisible ou indivisible ? Elle est indivisible.
La disposition principale ? Cela va être la disposition concernant l’emprisonnement car c’est plus
grave de passer 1 an de plus en prison plutôt que d’avoir à payer une amende plus conséquente.

DONC si peine d’emprisonnement + amende, c’est toujours celle d’emprisonnement qui sera
regardée car c’est elle qui sera considérée comme principale. Si emprisonnement plus sévère : on
appliquera le principe de non rétroactivité de la loi pénale de fond plus sévère. Donc personne jugée
sous l’emprise de l’ancienne loi.

 Si le législateur abroge une loi pénale, cette abrogation a un effet erga omnes et donc
s’applique à toutes les affaires en cause SAUF précision expresse de la part du législateur.

Exemple : dans sa décision de 2012 dit que le harcèlement sexuel n’est pas conforme au principe de
légalité criminelle, donc on dit qu’il est inconstitutionnel, donc délit n’existe plus. Mais il a tout de
même précisé qu’il n’y a pas eu de rétroactivité de ce texte pour éviter que les personnes en prison ou
qui ont des amendes puissent demander à être libérés.

Exercice :

Loi ancienne : Les violences volontaires sont punies de 10 ans de prison et de 100 000 euros d’amendes.

Loi nouvelle : les violences volontaires sont punies de 10 ans de réclusion criminelle et de 80 000 euros
d’amendes.

Loi de fond, complexe, indivisible, et c’est la disposition principale. Loi nouvelle plus sévère, donc non
rétroactivité= rétroactivité in pejus.

II. L’application dans le temps de la loi pénale de forme


>> Loi qui touche à la procédure pénale.

1Le principe général est l’application immédiate de la loi pénale de forme. Ceci parce qu’on
considère qu’on n’a pas de droit acquis à être jugé selon une procédure donnée. Les actes
effectués sous l’empire de l’ancienne loi seront considérés comme valide mais à partir de l’entrée en
vigueur de la nouvelle loi, ce sont les nouvelles dispositions qui joueront.

Exemple : Donc une loi ancienne qui prévoit que le délai d’appel est de 2 mois et que la loi nouvelle
diminue le délai pour faire appel a 10 jours, la loi nouvelle s’appliquera immédiatement même si elle
est en défaveur de la personne concernée.

2 La question s’est posée dans le cas où la loi nouvelle a trait à l’application et à l’exécution de la
peine. Si la loi nouvelle a trait à l’application ou à l’exécution de la peine, là on appliquera le
principe de la rétroactivité in mitius et de la non rétroactivité de la loi pénale plus sévère.

Exemple : loi nouvelle qui vient élargir les possibilités de libération conditionnelle, dans ce cas-là elle
s’appliquera rétroactivement. Mais si loi vient diminuer les possibilités de sortie sous bracelet
électroniques : plus sévère, donc pas rétroactive.

Section 3 : L’application de la loi pénale dans l’espace


Lorsqu’un même fait constitutif peut être poursuivi par la législation de plusieurs pays parce que la
situation présente un élément d’extranéité=conflit de loi.

Exemple : trafic de stupéfiants avec un achat de drogue en Colombie par un Mexicain, transporté à
bord d’un navire allemand, revendu à Amsterdam à des français qui le revendent en France à des
anglais.

A partir du moment ou le juge français est compétent, la loi française aussi.


Le principe est en droit français que la loi française est la meilleure MAIS le problème dans ces
circonstances est de savoir quelle est la loi applicable et quelles juridictions sont compétentes.

La loi applicable : Est-ce que le juge pénal français peut appliquer la loi pénale allemande lorsque les
faits se sont déroulés en Allemagne et que la victime est française ?

 REPONSE : Les juridictions pénales françaises appliquent la loi pénale française.

Les Etats tiennent en effet à l’application de leur propre système, de leurs propres normes de
sanction.

Concernant la compétence des juridictions : Plusieurs systèmes de compétences existent et peuvent


se superposer.

1- Le système de la territorialité de la loi pénale : c’est-à-dire qu’à partir du moment où une


infraction a été commise sur le territoire national, l’Etat sur le territoire duquel l’infraction
a été commise est compétent pour la juger.

2- Le principe de la personnalité de la loi pénale : on va s’intéresser à la nationalité des


différents protagonistes. 2 types de personnalités :
o Le principe de la personnalité active : la loi applicable est celle de l’état de l’auteur
de l’infraction quel que soit le lieu où l’infraction a été commise.
o Le système de la personnalité passive : c’est la nationalité de la victime qui va être
prise en compte pour déterminer la compétence des juridictions.

3- Principe de la compétence universelle : principe assez controversé, a été très défendu dans
les années 80-90 et qui aujourd’hui est un peu décliné. Pour certaines infractions
particulièrement graves comme les crimes contre l’humanité, les génocides, la corruption,
l’escroquerie, on estime que l’atteinte causée par ces infractions touche non pas
seulement les victimes mais l’ensemble de la communauté internationale. De ce fait,
l’affaire peut être portée devant n’importe quel tribunal devant le monde quelle que soit la
nationalité de l’auteur, quel que soit également le lieu où l’infraction a été commise.
Principe qui a permis que Pinochet soit jugé par exemple.

4- Le système de la réalité : on est dans le cadre où c’est l’Etat qui est victime et donc dès lors
qu’il y a une atteinte aux intérêts de l’Etat (bâtiments de l’Etat, monnaie…etc.), la juridiction
étatique est compétente pour juger de ces affaires.

En France tous ces principes s’appliquent et de manière générale le législateur et le juge
français ont une tendance à attirer vers eux l’ensemble des infractions pénales.

Exemple : voiture volée en Belgique revendue en Espagne, mais sont juste passés par la France. C’est
les juridictions françaises qui ont jugé de cette affaire.

I. Le principe de la territorialité
Dès lors qu’une infraction est commise sur le territoire de la République, la loi pénale française et les
juridictions françaises sont compétentes. C’est l’article 113-2 du code pénal qui prévoit que la loi
pénale française est applicable aux infractions commises sur le territoire de la République.

Qu’est-ce que le territoire de la République ?

>>C’est un espace terrestre qui se définit sur les lieux où s’exerce la souveraineté française :
 France métropolitaine
 Les DOM (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion)
 Les TOM (terres australes et antarctiques)
 La nouvelle Calédonie
 Les CT à statut particulier (Mayotte et Saint Pierre et Miquelon)
 Les îles de l’océan indien

>>On a aussi l’espace maritime :


 Les ports
 La mer territoriale : 12 miles marins
 Les rades
 La zone économique qui est de 200 miles marins mais où la loi française ne s’applique pas
obligatoirement et où il y a des restrictions
 Les navires qui se trouvent sur ces eaux territoriales sauf s’il s’agit d’un navire militaire
étranger (là ce sera la loi du pavillon qui va s’appliquer).

>>On a aussi la colonne d’aire qui s’élève au-dessus de l’espace maritime et de l’espace terrestre
et qui constitue l’espace aérien. Si on est dans un avion qui se trouve dans l’espace français c’est la
loi française qui s’applique sauf si avion militaire où ce sera la loi du pavillon qui s’applique.

>>La loi française assimile également à ce territoire national :

≤ Les navires battants pavillons français (= navires français) quel que soit le lieu où ils se
trouvent. En ce qui concerne les navires militaires français c’est la loi française qui est seule
compétente.
≤ Pour les avions : si aéronef immatriculé en France quel que soit le lieu où il se trouve en
principe la loi française est compétente. Mais elle n’a pas une compétence exclusive : c’est le
premier qui ouvre l’affaire qui va être compétente, puis négociations diplomatique pour
savoir quel pays va juger les faits.
Exemple : avion Air France qui s’écrase à Rio : les lois françaises et brésiliennes sont
compétentes.
Cependant la loi française est la seule compétente lorsqu’il s’agit d’avions militaires.

L’ambassade n’est pas une parcelle de territoire étranger, elle est sur le territoire nationale.
Certaines personnes bénéficient de l’immunité diplomatique qui s’applique à la personne du
diplomate, à certains de ses proches, ainsi qu’aux bagages et au lieu où il habite qui est inviolable.

Une personne qui a commis une infraction se réfugiant dans une ambassade, il n’est pas nécessaire
que le gouvernement français fasse une demande d’extradition. Soit la personne est livrée aux
autorités françaises par l’ambassadeur, soit l’ambassadeur autorise les autorités françaises à
pénétrer dans l’ambassade.

Comment localiser l’infraction ?

Là où il peut se poser un problème c’est lorsque l’infraction n’est pas réalisée entièrement en
France. Si l’infraction se réalise entièrement sur le territoire national il n’y a pas de problème, ce
sont les juridictions françaises qui sont compétentes.

L’article 113-2 alinéa 2 prévoit que « l’infraction est réputée avoir été commise en France dès lors
que l’un de ses faits constitutifs a eu lieu sur ce territoire ».

 Ce texte permet de considérer qu’à partir du moment où simplement une partie de


l’infraction a été commise en France, la loi française est compétente.

Lorsque les effets de l’infraction ont eu lieu en France, la loi française est également compétente.
Exemple : œuvre d’art française contrefaite à l’étranger. La cour de cassation a considéré que
l’infraction pouvait être jugée par les juridictions françaises parce que cela avait un effet en France,
notamment sur les droits d’auteurs.

Le problème s’est posé en matière de complicité :

 1 -- si l’acte de complicité réalisé à l’étranger concerne une infraction principale commise en


France, là la loi française est compétente sans aucun problème.

Exemple : meurtre commis en France avec une arme donnée par un allemand qui savait à quoi
avait trait l’arme : cela peut être jugé en Allemagne.

 2-- Si acte de complicité réalisé en France pour une infraction principale commise à
l’étranger. En principe il n’y avait pas de fondement qui prévoyait cette possibilité. Pour
pallier cette lacune, article 113-5 du CP prévoit que la loi française est applicable aux
complices d’un crime ou d’un délit commis à l’étranger sous 2 conditions :

o Règle de la double incrimination : il faut que le fait principal soit à la fois punissable
par la loi étrangère et par la loi française.
o Que l’infraction principale ait été jugée de manière définitive par la juridiction
étrangère

La loi française se reconnait une compétence résiduelle.

EXEMPLE :

Un individu enlève un mineur en Irlande et traverse la France pour se cacher en suisse : les personnes
sont arrêtés en France. Le fait de traverser la France dans le cas d’une infraction continue permet de
déterminer la compétence française.

Trafic de voitures entre la Belgique et l’Espagne : les personnes sont arrêtés en France, les juridictions
française se sont reconnus capables.

II. Le système de la personnalité des faits


L’infraction n’a pas été commise en France mais :

≤ soit l’auteur de l’infraction est de nationalité française : personnalité active


≤ soit la victime de l’infraction est de nationalité française : personnalité passive

A. La compétence personnelle active


On a tout d’abord le cas de la compétence personnelle active, c’est-à-dire le fait a été commis par
un français à l’étranger. La loi pénale française est ici applicable.

C’est l’article 113-6 du code pénal qui régit ce problème.


 Mais cette compétence sera en concurrence avec la compétence territoriale de l’Etat où
l’infraction a été commise. COMPETENCES EN CONCURRENCE.

Ce sera alors la juridiction la mieux placée ou celle qui a jugé en premier qui continuera de
s’occuper de l’affaire.

 Avec le principe qu’on ne peut pas être jugé 2 fois pour les mêmes faits.

Cette compétence personnelle active va s’appliquer sous certaines conditions :

≤ Concernant la nationalité de l’individu : cette compétence personnelle active s’applique


même si la personne devient française après que les faits aient été commis.
≤ Condition de fond : les faits doivent être punis par la loi du pays où ils ont été perpétrés. Ici
c’est la règle de la double incrimination qui s’applique.
≤ Condition de forme : La personne ne peut être poursuivi pour crime si elle à déjà été jugée à
l’étranger. La poursuite d’un délit commis à l’étranger ne peut être exercée qu’à la requête
du ministère public. Il faut qu’il y ait soit plainte de la victime soit dénonciation officielle de
l’autorité du pays où le fait a été commis.

Donc si infraction commise : soit c’est le procureur de la république qui donne lieu à l’affaire soit la
victime qui porte plainte avec constitution de partie civile (le procureur est alors compétent de saisir
la juridiction compétente).
Dans ce cas-là si infraction est à l’étranger : la victime ne peut pas se constituer partie civile, elle
peut à la limite simplement dénoncer les faits au procureur. MAIS c’est le procureur qui décide.

2 cas où les conditions de forme et de fond ne sont pas requises :


 En cas d’agression sexuelle : article 222-22 du code pénal
 Dans le cadre de l’article 227-27-1 : pour fabrication, diffusion d’image
pornographiques mettant en scène des mineurs, pour les atteintes sexuelles
sans violence à l’égard d’un mineur, pour le proxénétisme à l’égard d’un
mineur et pour les mutilations sexuelles sur mineur.
2 explications de ceci :
 Eviter le tourisme sexuel
 Volonté de préserver les jeunes filles qui feraient l’objet de mutilation ou
violence à l’occasion d’un voyage dans leur pays d’origine.

 Cette possibilité de compétence personnelle active est valable pour les crimes, les délits
mais pas pour les contraventions.

 Si une décision a été prise par une juridiction étrangère, dans ce cas-là la loi pénale
française ne s’applique plus en vertu du principe non bis in idem = on ne peut pas être jugé
2 fois pour les mêmes faits.

B. La compétence personnelle passive : la victime est française


L’article 113-7 s’applique : la loi pénale française est applicable à tout crime ainsi qu’à tout délit
punis d’emprisonnement commis par un français ou un étranger hors du territoire de la République
sur une victime française.
Ici on a aussi des conditions pour que la loi française et juridictions françaises soient compétentes :
 Les conditions de forme sont les mêmes que celles pour la loi active : requête du procureur +
plainte du gouvernement nécessaire
 Aussi la règle non bis in idem qui s’applique
 On a aussi des conditions spécifiques :
o La double incrimination ici ne joue pas
o et il faut en revanche pour les délits qu’une peine d’emprisonnement soit
encourue
o si la personne a acquis la nationalité française après les faits concernés, la
compétence personnelle passive ne jouera pas.

III. Le système de la compétence réelle


C’est l’article 113-10 du code pénal qui détermine les cas dans lesquels la loi française est
compétente.

≤ atteinte aux droits fondamentaux de la Nation


≤ fausse monnaie
≤ contrefaçons du sceaux de l’Etat
≤ atteinte aux agents consulaires ou diplomatiques français

La compétence pénale française est reconnue dès lors que la victime de l’infraction est l’Etat
français, quel que soit l’endroit ou l’infraction est commise, la compétence française est reconnue, il
faut une atteinte aux intérêts français.

IV. Le principe de la compétence universelle


Pour certaines infractions d’une particulière gravité portant atteinte à ce qu’on appelle le droit
commun de l’humanité, certaines conventions reconnaissent le droit à tout Etat de se saisir de tels
faits.

Par exemple : les juridictions françaises peuvent se reconnaître compétente pour les tortures et
crimes de génocide commis au Rwanda sachant que ni l’auteur, ni la victime ne sont pas de
nationalité française et sachant que l’infraction ne s’est pas perpétré en France. on considère qu’il y a
une atteinte tellement grave que tout Etat démocratique peut se déclarer compétent.

Elle existe même si on n’a aucun lien de rattachement avec les faits commis.
Article 689-1 du code de procédure pénale qui dispose que « en application des conventions
internationales visées aux articles suivants peut être poursuivi et jugé par les juridictions
françaises si elle se trouve en France toute personne qui s’est rendue coupable hors du territoire de
l’une des infractions énumérés par l’un de ces articles ».

Plusieurs conditions :

≤ il faut que l’on soit dans le cadre de l’une des conventions internationale visée par le code
de procédure pénale

Exemples :
o convention de Strasbourg et de New-York relative aux actes de terrorisme,
o la convention de NY du 10 décembre 1984 relative aux actes de torture, aux
traitements inhumains ou dégradants
o La convention de Montréal du 10 décembre 1984 pour les actes de violence commis
au sein des aéroports internationaux.

≤ Il faut que la personne soit arrêtée en France. Là la cour de cassation a été très large : le
simple fait d’être de passage sur le sol français même quelques minutes entre deux avions,
suffit à donner compétence aux juridictions françaises.

 Plusieurs affaires dans lesquelles la cour de cassation a utilisé cette compétence universelle :

>> Arrêt du 6 janvier 1998 : les juges se sont fondés sur cet article pour se déclarer compétentes pour juger un
prêtre rwandais jugé en France jugé pour torture au moment de la guerre.

>>On a considéré que le fait d’arrêter et juger un acte Mauritanien pour acte de barbarie commis en
Mauritanie contre des Mauritaniens, mais arrêts sur le sol français : juridictions françaises jugées
compétentes tant par la Cour de cassation que par la cour EDH pour juger de ces faits alors même que les
faits avaient été commis en Mauritanie : arrêt CEDH 17 mars 2009.

 La compétence française peut s’étendre à des infractions qui n’ont pas eu lieu sur son sol et qui ne
concerne pas ses ressortissants, mais d’un point de vue internationale, on a crée une Cour pénale
internationale pour pouvoir répondre à ce genre de crimes particulièrement graves. La Cour pénale
internationale est une juridiction qui a été crée le 17 juillet 1998 par le statut de Rome et elle a
commencé à travailler à partir du 1 er juillet 2002. Elle est compétente pour juger des crimes de
guerre, contre l’humanité, de génocide et des crimes d’agression. Cette cour pénale international à
été consacrée par la quasi-totalité des EM de l’ONU sauf exceptions : Russie, chine, inde, USA etc.

Pour des cas particulièrement terribles, on reconnait une compétence universelle pour pouvoir faire juger ce
genre de circonstances.

Cette cour pénale internationale n’a qu’une compétence subsidiaire : elle ne va intervenir que si aucune
juridiction propre d’un Etat n’est intervenue auparavant ou ne souhaite pas intervenir. Elle intervient en
dernier ressort.

Cette CPI est certes récente, mais elle est l’héritière d’une série de juridictions internationales qui ont déjà
existées, comme par exemple le tribunal de Nuremberg en 1945, le tribunal de Tokyo en 1946 etc. Dans les
années 90’s on a crée des tribunaux internationaux temporaire (tribunal pénal international pour le Rwanda,
pour le Liban, la Sierra Leon, pour le Cambodge etc)

 Toute une série de tribunaux temporaire et on arrive avec la création de la cour pénale international en
1998 à crée une juridiction permanente.

Le conseil de sécurité de l’ONU peut bloquer une affaire devant la CPI.

Critiques de la CPI : sa lenteur puisque depuis 2002, on a eu un jugement important rendu en 2012,
concernant les crimes de guerre, notamment le fait d’avoir enrôlé des enfants soldats au Congo.

Le législateur français a essayé au maximum de limiter sa compétence dans les cas visés par la cour pénale
internationale. C’est la modification du CPP qui restreint le plus les possibilités d’y recourir.

Lorsque la France refuse d’extrader un individu :


≤ Soit parce que la peine encourue à l’étranger est contraire à l’ordre public française : Exemple, un
individu arrêté en France pour meurtre commis au USA, si on l’envoi aux USA, il sera condamné par la
peine de mort.
≤ La personne réclamée à été jugée par un tribunal n’assurant pas les garanties fondamentales et la
protection des droits de l’Homme.
≤ Le fait à un caractère d’infraction politique

Dans ces 3 cas, s’il s’agit d’un crime ou d’un délit punit d’au moins 5 ans d’emprisonnement, la France peut
décider de juger la personne devant ses juridictions.
 Il y a des conditions de formes :
 la poursuite ne peut être faite qu’a la requête du ministère public
 il faut une dénonciation préalable du ministre de la justice de l’Etat requérant où l’infraction à été
commise.

DEUXIEME
PARTIE

LA RESPONSABILITE
PENALE
TITRE 1 : la réunion des éléments constitutifs de
l’incrimination
La première opération que les policiers, les magistrats vont devoir exécuter est une qualification des faits,
c’est-à-dire de rattacher les faits commis à un texte pénal, une infraction pénale.

L’incrimination qui est la définition du comportement prohibé comporte deux éléments :

≤ Un élément matériel qui est le comportement répréhensible = la manière dont la personne ne doit
pas se comporter.
≤ Un élément moral qui est l’état psychologique dans lequel se trouve la personne au moment où les
faits ont été commis.

Tout le travail du juge pénal va être d’établir un lien et d’apporter la preuve que des éléments concrets
qui se sont réalisés sont liés à une qualification pénale et donc que la personne pourra être sanctionnée.

 Cette opération intellectuelle s’appelle l’opération de qualification pénale.

Chapitre 1 : La qualification des faits


Qualifier un fait cela consiste à voir si le fait qui a été commis correspond aux éléments constitutifs d’une
infraction déterminée dont on va comparer les faits avec les éléments constitutifs de l’infraction.

On qualifie les faits, on regarde si ces faits commis correspondent bien à un texte = coller une étiquette
infraction à des faits qui ont été commis.

I- La mise en œuvre de la qualification


A- Qui qualifie ?
La première qualification est opérée par la police ou la gendarmerie lorsqu’elle prend connaissance des faits
qui se sont produits.

Le ministère public, le juge d’instruction, vont également être chargés de qualifier l’infraction sachant qu’au
cours de l’instance, cette qualification va pouvoir être modifiée.

Cette requalification des faits doit obéir à certaines règles :

≤ elle doit être portée à la connaissance de la personne mise en cause


≤ qui doit être en mesure de s’exprimer

B- Le moment de la qualification
Le principe veut que la qualification s’apprécie au temps de l’action. C’est-à-dire que lorsque le juge ou le
procureur va essayer de qualifier les faits, il devra se replacer au moment où ces faits ont été commis pour les
qualifier.

Exemple : individu qui est en indivision avec ses Cohéritiers = tous les biens appartiennent à tous les héritiers
ensembles. Si l’un des héritiers décide de prendre un objet de l’indivision il peut être poursuivi pour vol et cela
même si par la suite le bien qu’il a pris lui est réattribué.

Autre exemple : à la suite d’un divorce il y a une réglementation de la garde d’un enfant : par exemple sous la
garde de la mère, le père a juste droit de visite. Si le père refuse de rendre l’enfant à la mère il commet une
infraction de non-représentation d’enfant et cela même si le JAF rend 3J plus tard une ordonnance de partage
de garde de l’enfant.
II- Les éléments constitutifs de l’infraction
Une infraction = une incrimination + une sanction.

Sachant que l’incrimination est composée de deux éléments :

 Un élément matériel = le comportement prohibé par la loi pénale.


 Un élément moral = l’état psychologique dans lequel doit se trouver l’agent au moment où il va agir.

Le meurtre est défini comme le fait de donner volontairement la mort à autrui :

élément matériel = fait de donner la mort.


élément moral = volonté de donner la mort.
Si on tue de manière involontaire, ce ne sera pas un meurtre.

A- L’élément matériel de l’incrimination


Ce comportement va être classé de manière différente. Ces classements ont été opérés par la doctrine et ils
qualifient l’élément matériel qui va avoir des conséquences ensuite sur le droit pénal de fond et sur le droit
pénal de forme.

1- Infractions de commission et infractions d’omission

Le droit pénal français prévoit le comportement positif réprimé par la loi française.

a) Les infractions de commission

LES INFRACTION DE COMMISSION : Sont des infractions qui ne se réalisent que par un acte positif, acte
qui va modifier l’environnement et qui va être réprimé.

Parfois le législateur qualifie d’infraction de commission certains faits plutôt que certains actes.

Exemple : parfois la loi pénale française réprime le fait de vivre avec une prostituée ou avec l’auteur d’actes de
terrorisme sans pouvoir justifier des ressources correspondant à notre train de vie.

 Ce n’est pas vraiment une action, mais un état de fait.

Dans toutes ces hypothèses il faudra que l’agent ait agit, il y a une action, une modification de
l’environnement.

MAIS si on réussit à tuer quelqu’un en nous abstenant = il n’y aura dans ce cas en droit français pas de
meurtre = il faut une action positive pour que l’acte soit qualifié de meurtre.

Arrêt CA de Poitiers du 20 novembre 1901 : Blanche Monier, elle est confiée à son frère pour qu’il s’occupe
d’elle. Un commissaire découvre au milieu d’une chambre une femme seule couchée sur un lit au milieu d’un tas
de saletés. Elle avait été séquestrée par sa famille pendant 25 ans. La victime état nourrit mais pas soignée. Le
frère était poursuivi pour violences volontaires sur autrui mais il n’y a pas d’actes positifs = ici abstention. La CA
de Poitiers a refusé de condamner le frère puisqu’ici il n’y avait pas d’acte positif, acte constitutif d’une action
de commission comme une violence volontaire.

Depuis cette affaire le législateur a pris les choses en main : maintenant il y a une obligation de soin : le fait de
ne pas assister une personne en danger est une infraction pénalement sanctionnée.

En Allemagne par exemple le juge peut assimiler un acte d’omission à un acte de commission : c’est ce que l’on
appelle les infractions de commission par omission. Mais ceci n’existe pas en droit français.
Plusieurs articles allemands prévoient que celui qui s’abstient d’éviter un résultat constituant un élément
de l’infraction est punissable s’il était légalement tenu d’éviter la réalisation de ce résultat et si l’omission
équivaut à la réalisation active d’un élément constitutif de cet acte.

Par exemple : en droit allemand :

 si le père d’un enfant n’aide pas son enfant qui se noie à ressortir de l’eau, comme il y a une obligation
parentale qui existe entre le père et son enfant, cette obligation parentale fait que si l’enfant se noie
sous les yeux de son père qui ne fait rien, on peut assimiler son inaction à un acte volontaire =
condamnation pour meurtre possible.

 MAIS si individu quelconque voit un individu se noyer sans l’aider : ici meurtre ne pourra pas être
retenu, ce sera plutôt de la non-assistance à personne en danger.
b) Les infractions d’omission

Parfois la loi va incriminer un acte négatif, elle va incriminer une abstention.

Exemple :
 Fait de ne pas porter secours à une personne en péril
 Fait de ne pas témoigner en faveur d’une personne alors qu’on sait qu’elle est innocente
 Fait de s’enfuir alors qu’on vient de commettre un accident de la circulation
 Fait de ne pas empêcher la commission d’un crime ou d’un délit

MAIS il faut que le législateur incrimine spécifiquement ces actions pour qu’elles puissent être sanctionnées.

2- Infractions simples, infractions complexes (infractions d’habitude, stricto sensu)

C’est une classification fondée sur le nombre d’éléments constitutifs de l’infraction.

a) Les infractions simples

Les infractions simples sont des infractions qui consistent en un acte unique, en un acte uniforme.
Exemple : le meurtre en général, le vol.

b) Les infractions complexes

Elles sont de deux types :

 Les infractions d’habitude = infractions constituées par la répétition de plusieurs actes identiques, la
réalisation d’un seul acte n’entrainant pas de sanction.
Exemple : si un prêtre célèbre un mariage religieux avant un mariage civil c’est une infraction pénale à
partir de la 2ème fois qu’il le fait.
Exemple : l’infraction d’exercice illégal de la médecine : c’est à notre deuxième client qu’on pourra être
poursuivi MAIS si le premier client a un problème à cause de ce faux médecin alors il pourra nous
poursuivre pour une autre qualification.

 Les infractions complexes stricto sensu = on a une infraction constituée de plusieurs éléments,
mais les éléments sont tous différents les uns des autres, éléments qui seront complémentaires .
Exemple : pour l’infraction d’escroquerie on a tout d’abord un premier acte qui va être le fait de
tromper quelqu’un (manœuvres frauduleuses, utilisation faux nom). Le deuxième acte de l’escroquerie
est la remise d’un bien (si on fait ces manœuvres frauduleuses c’est pour obtenir quelque chose). Si on
n’a pas les 2 éléments (tromperie + remise chose), on n’aura pas une infraction d’escroquerie.
IMPACT SUR PLUSIEURS ELEMENTS :

≤ Concernant l’application de la loi dans le temps : l’infraction d’habitude ou l’infraction complexe qui
ont commencée sous l’empire de l’ancienne loi mais qui se sont terminées sous l’empire de la
nouvelle loi sont régies entièrement par la nouvelle loi parce qu’elles ne sont réalisées qu’au
moment où les différents éléments constitutifs ont eu lieu.

≤ Concernant la prescription : l’Etat perd le droit de poursuivre un individu si pendant tant et tant
d’années il n’y a rien eu. Mais si un individu a tué mais pas d’enquête car on pense que c’est un
suicide : mais 10 ans après, on ne pourra pas condamner pour meurtre si pendant 10 ans par exemple
pas d’enquête.

Les infractions complexes ne sont censées être réalisées qu’une fois tous les éléments de l’infraction mis en
œuvre. Par conséquent le point de départ de la prescription va avoir lieu beaucoup plus tard pour les
infractions complexes par rapport aux infractions simples.

Prescription : 1 an pour les contraventions, 3 ans pour les délits, 10 ans pour les crimes.

Exemple d’une affaire ou un individu fraude à la sécu pour recevoir sa retraite : si l’escroquerie avait été une
infraction simple : la prescription aurait commencé à courir au moment où l’infraction a été commise pour la
première fois, ici comme c’est une infraction complexe, le délai commence à courir dès la dernière remise donc
le délai ne sera pas dépassé et on pourra poursuivre la personne

3- Infractions formelles et infractions matérielles

La différence entre les 2 tient au résultat.

a) Infraction matérielle

C’est l’infraction dont la constitution exige la production d’un résultat juridique.

Exemple : il ne peut y avoir meurtre que si l’on obtient le résultat de l’infraction à savoir la mort d’autrui. Si on
n’obtient pas la mort de la personne, infraction pas réalisée en tant que telle.

b) Infraction formelle

L’infraction va exister indépendamment de tout dommage même si le résultat voulu par l’agent n’a pas
été atteint par son simple comportement.

Exemple : empoisonnement (fait d’administrer une substance mortifère à autrui) : l’infraction


d’empoisonnement est réalisée à partir du moment où la personne absorbe le poison : infraction commise :
même si après on appelle le SAMU pour qu’elle soit sauvée ou autre. Qu’elle décède ou qu’elle reste vivante
c’est une infraction.

Exemple : la corruption active : si on essaye de proposer un fonctionnaire pour qu’il nous avantage : peu
importe qu’il ait accepté ou non notre proposition : si propositions faites : infraction commise.

Cela aura un impact notamment sur la notion de tentative.

4- Infraction instantanée, continue ou continuée


a) Infractions instantanées

Sont des infractions qui prennent fin et se consomment en même temps. Pour ces infractions la, on obtient
notre résultat et l’infraction est réalisée.

Exemple : le meurtre va être constitué au moment où la victime décède, peu importe que la mort ait été
immédiate ou non. Le vol également : infraction constituée à partir du moment où on appréhende la chose
d’autrui.

b) Les infractions continues

Sont des infractions qui se prolongent dans le temps et qui vont demander une réitération de la réflexion
de la personne : il faut qu’il réitère de manière constante sa volonté.

Il faut 2 éléments pour qu’on ait une infraction continue :

≤ 1- La persistance matérielle de l’acte


≤ 2- La persistance de l’intention coupable

Exemple : le recel : fait de garder un objet, un bien que l’on sait provenir d’une infraction = c’est une infraction
continue = tant qu’on possède l’objet et qu’on a l’intention de le posséder, on commet l’infraction.

On va avoir des conséquences importantes notamment en ce qui concerne la prescription :

 Le point de départ de la prescription pour l’infraction instantanée commence à courir à partir du


moment où l’infraction est commise
 Pour une infraction continue, la prescription va commencer à courir à partir du moment où la
situation infractionnelle a cessée.
C’est-à-dire que pour le recel, tant qu’on possède l’objet, l’infraction est commise, l’infraction est
consommée dès qu’on ne possède plus l’objet : c’est là que commencera à courir le délai de
prescription.

La cour de cassation considère que la bigamie est une infraction instantanée dont les effets se prolongent dans
le temps et non pas d’une infraction continue.

c) Les infractions continuées

 Infractions caractérisées par une pluralité de processus exécutifs qui constituent une seule action dans
une infraction unique.

Exemple : un employé de banque va tous les jours dérober dans sa caisse une somme d’argent. La JP considère
que ces actes de vols distincts ne sont que les éléments d’un acte unique.

B- L’élément moral de l’incrimination


L’élément moral c’est l’état psychologique dans lequel se trouve un individu au moment où il va
commettre l’infraction.

La loi peut exiger que cet état psychologique soit une intention criminelle ou délictuelle, c’est à dire de la
volonté et de la conscience de l’auteur de participer à une infraction mais le législateur peut aussi n’exiger
qu’une faute simple : négligence ou d’inattention.

Le code pénal à l’article 121-3 : « il n’y a pas de crime ou de délit sans intention de les commettre ».
En fait, le législateur pose comme principe pour les infractions les plus graves le critère d’une infraction
intentionnelle. Néanmoins, si on lit la suite de cet article le législateur pose de nombreuses exceptions en
matière délictuelle. En matière délictuelle la mise en danger délibérée, l’imprudence, ou la négligence
peuvent suffire à causer un délit.

≤ En matière criminelle l’élément moral est TOUJOURS une intention : les crimes sont toujours
intentionnels.
≤ En matière délictuelle l’élément moral est en principe une intention (il faut en principe que la
personne ait voulu commettre l’acte) les délits sont intentionnels sauf lorsque le législateur prévoit
une faute de mise en danger ou une faute de négligence ou d’imprudence.

Le législateur pour les contraventions n’est pas très clair : il peut y avoir un élément intentionnel, il peut y avoir
un élément non intentionnel ou alors la seule matérialité de l’acte peut suffire.

1- Les infractions intentionnelles

Les infractions intentionnelles : toujours en matière criminelle, parfois en matière délictuelle : elles supposent
que l’auteur de l’infraction ait eu la volonté et la conscience de commettre une infraction. S’il n’y a pas cette
volonté et cette conscience, il n’y a pas d’infraction.

DOL GENERAL :

Dans l’intention, plusieurs degrés peuvent être exigés par le législateur : mais il y a pour toutes les infractions
intentionnelles une base qui est la notion de dol général.

Le dol général est la conscience et la volonté de violer une norme pénale.


Il suppose 2 éléments :

≤ La conscience de la personne : fait que l’agent doit savoir qu’il va violer la loi pénale, qu’il va
commettre une infraction. Il doit être conscient de ce que l’acte qu’il va commettre est un acte
répréhensible.
≤ La volonté de la personne : il va s’agir pour le parquet, le juge, de démontrer que malgré la
connaissance du caractère illicite de l’acte, l’agent a voulu passer outre et a agi tout de même.

Pour le vol : la conscience est de savoir qu’on n’a pas le droit de le faire. La volonté c’est que même si on sait
que tel objet appartient à telle personne et qu’on sait que c’est une infraction : on le fait, quels que soient les
motifs pour lesquels on va le faire.

Mais comment prouver qu’une personne savait que l’acte qu’elle allait commettre n’était pas dans les normes
exigées par la société et comment prouver qu’elle a eu la volonté de passer outre ?

LA CONSCIENCE DE L’INFRACTION = elle ne se prouve pas puisqu’on a la présomption selon laquelle nul n’est
censé ignorer la loi. Cela vient poser le principe selon lequel tout individu est censé connaitre la loi française et
la respecter.

LA VOLONTE : c’est à l’accusation (= au procureur) de démontrer cet élément moral. Autant prouver un fait
matériel peut être facile, autant pour apporter la preuve de la volonté d’une personne c’est plus compliqué.
Des techniques de présomptions seront utilisées :

On va partir d’un fait connu pour démontrer l’existence d’un fait inconnu.

 PRESOMPTIONS LEGALES :
Exemple : est réputé être proxénète la personne qui va vivre avec une prostituée et qui n’a pas les moyens
correspondant à son train de vie.

Ces présomptions légales sont validées à partir du moment où elles correspondent à la réalité et à partir du
moment où la preuve contraire peut en être rapportée. La présomption est toujours réfragable, sous peine de
sanction de la Cour EDH.

 PRESOMPTIONS DE LA JP :

En règle générale, la JP va déduire la volonté de l’individu de la matérialité des faits

C’est-à-dire que par exemple : un individu qui va tirer sur un autre individu : si la partie visée est la tête ou le
corps : peu de doutes pour dire qu’il y a bien une volonté de donner la mort de la personne. Si on a un individu
qui pénètre dans une maison avec d’autres objets volés : on peut en déduire qu’il va à nouveau voler quelque
chose dans la nouvelle maison.

Le juge va essayer de déduire des faits existants la volonté ou non de l’individu.

Parfois la JP va très loin, notamment dans le droit des affaires ou le recel où le juge n’explique même plus
en quoi l’élément moral se déduit des faits.

En droit français, le mobile (= le but dans lequel l’infraction a été commise) est totalement indifférent. Peu
importe qu’on ait commis l’infraction dans un but humanitaire ou car on était psychologiquement dévasté ou
car on a l’intention de gagner de l’argent ou autre, à partir du moment où les éléments constitutifs sont
réalisés, l’infraction est elle-même réalisée.

 Problème de l’euthanasie : en droit français c’est constitutif d’un meurtre = on donne volontairement
la mort à autrui même si le but de notre acte est d’aider.

>>>Le mobile en réalité est indifférent quant à la constitution de l’infraction (infraction commise quel que
soit le but).
>>>Néanmoins au niveau du prononcé de la sanction le juge en règle générale va prendre en compte le
mobile poursuivi par l’individu.

DOL SPECIAL :

Dans certaines infractions intentionnelles le législateur va exiger ce que l’on appelle un dol spécial, c’est-à-
dire une intention particulière de l’individu, qui est tournée vers un résultat déterminé.

Exemple : dans le meurtre : il y a le dol général qui est la volonté de transgresser la loi pénale et la conscience
de le faire. Mais aussi un dol spécial qui est la volonté de donner la mort.

 Différence entre dol spécial et général est doctrinale. Mais cela peut avoir des conséquences.

Affaire du sang contaminé Cour cassation 18 juin 2003 : sang contenu le sida : plusieurs personnes ont été
mises en cause : personnel administratif, personnel médical : l’incrimination retenue était l’empoisonnement.
Empoisonnement = fait d’administrer une substance de nature à provoquer la mort à autrui .
- Dans un premier temps la JP considérait que l’empoisonnement supposait un dol général = le fait
d’administrer une substance provoquant la mort d’autrui en ayant conscience et en voulant le faire.
- la Cour de cassation a considéré que l’empoisonnement ne supposait pas simplement un dol général mais
supposait un dol spécial : à savoir que pour qu’il y ait infraction d’empoisonnement il fallait certes un
comportement de volonté et de conscience de transgresser la loi pénale mais il fallait aussi l’intention de la
personne de donner la mort (= qui est un dol spécial).

 La cour de cassation considère que pour qu’il y ait empoisonnement il faut la volonté de la
personne de donner la mort.
Entre un dol général (on est conscient de commettre une infraction) et un dol spécial (en plus volonté de
donner la mort par exemple) fait qu’il y a une incidence :
≤ On peut retenir l’empoisonnement dans le premier cas
≤ En utilisant le dol spécial on n’a pas pu le retenir.

DOL SIMPLE

Situation dans laquelle l’acte accompli est spontanément réalisée par l’auteur.

DOL AGGRAVE

Parfois le législateur exige qu’il y ait un dol aggravé : ce dol suppose que l’infraction ait été murement
réfléchie avant d’être réalisée.

Ce dol aggravé il faut que ce soit le législateur qui l’exige pour l’infraction. Cela correspond généralement au
cas de la préméditation.

Exemple : en meurtre : si le meurtre est réalisé avec préméditation c’est une circonstance aggravante : on ne
parlera plus de meurtre mais d’assassinat.

Autre distinction doctrinale :

DOL DETERMINE : Le dol est dit déterminé lorsque l’agent a voulu commettre de manière précise un crime
ou un délit déterminé.

DOL INDETERMINE : Le dol est dit indéterminé lorsque l’agent n’a pas voulu l’acte délictueux d’une façon
précise ni dans son résultat ni dans sa gravité même s’il a pu le prévoir.

Exemple : violences volontaires. Lorsqu’on frappe quelqu’un on n’a pas forcément de but déterminé. La
personne veut faire mal à sa victime mais elle n’a pas une conscience totale du résultat auquel elle va aboutir.

Question qui se pose : comment sanctionner une telle infraction ?


Le droit criminel français a résolu le problème en faisant dépendre la gravité de la peine de la gravité du
résultat obtenu.

Exemple : si on frappe quelqu’un et qu’on ne lui cause que de simples petites blessures on aura une peine faible.
Si on frappe une personne de la même force et qu’elle a une impossibilité de travail, la peine sera plus étendue.
 Le législateur fait comme si l’agent avait voulu commettre l’infraction et avait voulu le résultat en cause.

Autre notion :

DOL PRAETER INTENTIONNEL : on est face à un agent qui va causer un dommage beaucoup plus important
que le dommage qu’il souhaitait effectivement réaliser.

Exemple : violences volontaires ayant entrainé la mort sans avoir voulu que la personne meure. On est face à
un individu qui voulait simplement causer des violences mais qui commet une autre infraction qui va au-delà de
l’infraction qu’il voulait commettre.

Le législateur va prendre en compte cette situation et adopter une peine intermédiaire.

2- La faute de mise en danger délibérée

Bas de l’échelle : négligence = pas de volonté de nuire

Puis : mise en danger délibérée = situation où un individu va volontairement adopter un comportement


dangereux, contraire à la loi mais l’individu n’a pas voulu les conséquences de son acte (il n’a pas voulu
porter atteinte par son acte à un intérêt protégé)  SITUATION MIXTE : il est conscient que ce qu’il fait n’est
pas bien mais il n’est pas conscient des conséquences que peuvent entrainer son acte : DOL EVENTUEL.

Cette infraction de mise en danger est une infraction assez récente, intégrée dans le code pénal qu’à partir de
1992. Avant 1992 on avait les infractions intentionnelles et les infractions non intentionnelles.

Mais en 1992 quand le législateur a intégré la notion dans le code pénal il a créé deux choses :

 Une infraction autonome de mise en danger délibérée d’autrui = le simple fait de mettre autrui en
danger est constitutif d’un délit.  Délit qu’on retrouve à l’article 223-1 CP : ce délit suppose un
élément matériel et un élément moral :

o Elément matériel :

 violation d’une obligation légale ou réglementaire : ici règlement en tant qu’acte


émanant de l’autorité administrative.
 Il faut que ce soit une obligation de prudence ou de sécurité
 Il faut qu’il s’agisse d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité

Selon la JP une obligation est particulière lorsque le texte énonce de manière précise, concrète et
circonstanciée le comportement que l’individu doit adopter.

Exemple : code de la route impose de rouler à droite, c’est une obligation particulière. Même si
l’individu ne cause pas de dommage, cette infraction de mise en danger délibérée d’autrui pourra être
caractérisée. = aucune marge de manœuvre.

En revanche, le texte du code de travail qui dit que le chef d’entreprise doit prendre l’ensemble des
mesures nécessaires pour la sécurité et santé de ses salariés = ici une marge de manœuvre, donc si pas
de problème mise en danger délibéré ne peut être caractérisée.

 Il faut que cette violation expose autrui à un risque immédiat de mort ou de


blessure grave. Le juge va rechercher si l'action du prévenu était réellement
dangereuse ou pas, peu importe que la personne ait vérifié auparavant que son acte
mettait en danger autrui.

La cour de cassation apprécie la dangerosité de manière objective (exemple du


skieur hors-piste)

o Elément moral :

 Il faut une violation manifestement délibérée de cette obligation.


On a la volonté de méconnaitre une obligation de sécurité mais on a une absence de
volonté quant aux conséquences dommageables de l’acte.

Mais le législateur peut dans certaines circonstances renvoyer à cette notion de mise en danger délibérée et
en faire un élément moral éventuel d’autres infractions involontaires.

 Il a intégré cette mise en danger délibérée d’autrui comme partie d’élément moral de certains délits.

Dans ce cas-là cette mise en danger délibérée provoquera une aggravation de la sanction.

Exemple : 3 ans et 45 000 euros d’amende pour l’homicide involontaire. Mais si en plus une mise en danger
délibérée d’autrui : la peine pourra être de 5 ans.
Les conditions sont les mêmes que pour l’infraction autonome, sauf en ce qui concerne les conséquences : ce
sera soit avoir entrainé la mort d’autrui soit avoir entrainé des dommages corporels à autrui.

Cette notion on va également la retrouver plus dans le cas où on aura un individu qui va causer
indirectement une infraction pénale.

Exemple : cas du service de la mairie qui met en place un panneau de basket, panneau de basket tombe,
personne tuée. Le maire peut être poursuivi pour homicide involontaire en raison de sa négligence ou de son
imprudence dans l’installation…etc.

Depuis une loi de 2000, la responsabilité indirecte d’un individu ne peut plus être mise en œuvre que s’il y a
une faute de mise en danger délibérée ou s’il y a eu une faute d’une particulière gravité.

3- La faute non intentionnelle

On est dans le cas où la personne était consciente de ses actes, mais en raison d’un manque de vigilance,
d’un manque de concentration, l’agent a commis une imprudence, une négligence ou un manquement a une
obligation de sécurité et a causé un dommage.

La faute non intentionnelle sera la faute de maladresse, d’imprudence ou de négligence.


>>>Le manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposé par la loi ou le règlement : un oubli,
on n’a pas fait attention. Il n’y a pas eu une volonté délibérée par exemple de faire du 130 au lieu de faire du
90 mais on a oublié de faire attention.

Dans les années 90 on avait beaucoup d’affaires sur cette notion de faute d’imprudence et on a des maires
qui ont vu leur responsabilité mise en œuvre très souvent, de même pour les chefs d’entreprise.

 De ce fait, le législateur sous la pression politique et économique a essayé de mettre en œuvre des
critères pour restreindre la responsabilité des élus locaux et des chefs d’entreprises en cette matière.

4- La volonté de restreindre la responsabilité des élus locaux

Pour le législateur tout ce qui relève de la mise en danger délibérée d’autrui est traité comme une
infraction non intentionnelle.

Mais sous la pression des élus, des chefs d’entreprises, le législateur a adopté la loi du 10 juillet 2000 dont le
but était d’atténuer la responsabilité des élus locaux, d’éviter qu’une simple imprudence puisse engager leur
responsabilité.

De ce fait la loi établie aujourd’hui une distinction entre deux situations :

≤ L’auteur de l’infraction est l’auteur direct de celle-ci :


o c’est-à-dire que la personne en cause a soit elle-même frappé ou heurté la victime ou alors
la personne en cause a initié ou contrôlé le mouvement de l’objet qui a heurté ou frappé la
victime.
== définition de la causalité directe telle qu’adoptée par une circulaire de 2000.
o == La JP a élargi cette notion, pour elle il y a causalité directe à partir du moment où la
faute est essentielle ou déterminante.

Exemple causalité directe, arrêt chambre criminelle 29 avril 2003 : un conducteur transportait de la poudre, il
fait un accident, les sacs de poudre tombent, plus de visibilité pour les autres conducteurs. Le conducteur a été
reconnu comme l’auteur direct des violences involontaires liées à cet incident.
Quand il y a causalité directe l’auteur pourra être sanctionné que si le dommage résulte d’une
simple négligence, d’une inattention ou alors d’un manquement délibéré à une obligation de
prudence ou de sécurité.

≤ En cas de causalité indirecte : l’auteur n’a joué qu’un rôle lointain dans le dommage.
En cas de causalité indirecte la responsabilité de la personne ne peut être retenue que s’il y a
mise en danger délibérée d’autrui ou alors s’il y a une faute caractérisée . L’inattention et la
négligence ne peuvent plus être sanctionnées en cas de causalité indirecte.

** La faute ordinaire = négligence, inattention, maladresse = faute qui n’entrainera la responsabilité de son
auteur que si elle est la cause directe du dommage réalisé.

** Pour que la causalité indirecte puisse être prise en compte il faudra une faute qualifiée : le législateur a
défini 2 types de fautes qualifiées :

 La violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité


imposée par la loi ou le règlement.

 La faute caractérisée : elle est plus grave que la faute ordinaire mais moins grave que la faute de
mise en danger car elle n’a pas le caractère délibéré. Il s’agit d’une faute d’une certaine gravité qui
expose autrui à un risque que la personne ne pouvait ignorer, risque de mort ou risque de blessure .
Il faut :

o Une faute : la faute peut être le résultat de plusieurs éléments : cela peut être une faute
grave ou plusieurs fautes légères.
 Cela peut être le résultat d’une seule faute particulièrement grave : la faute n’est
pas faite délibérément.
 On peut avoir aussi une succession de fautes légères.
Exemple : le maire va ouvrir sa station de ski avant la date prévue alors que les pistes
ne sont pas damnées, les agréments de sécurité ne sont pas réalisés…etc. : plusieurs
fautes qui isolées n’auraient pas entrainé de sanction pénale. Mais si un skieur fait
une chute mortelle : il y aura responsabilité indirecte du maire (ce n’est pas lui qui a
poussé le skieur, mais il a commis une faute caractérisée : il aurait dû savoir que tous
ces éléments cumulés peuvent causer un dommage).

o Il faut qu’autrui soit exposé à un risque d’une certaine gravité : ce risque doit être un
risque de mort ou un risque de blessures. La JP considère qu’il n’est pas nécessaire que la
mort ou les blessures se soient réalisées : il suffit que le risque ait existé pour que la faute
soit retenue.

o C’est un risque que la personne ne pouvait/devait pas ignorer : la question se pose de savoir
si la personne devait être consciente de pouvoir causer un risque ou si ceci est considéré
différemment ? La JP fait deux considérations de ceci :
 Pour les personnes qui exercent des fonctions particulières et si l’infraction est
liée à cette activité il y a une sorte de présomption de connaissance du risque qui
s’applique. C’est le cas du médecin présumé connaitre les règles, le chef d’une
entreprise aussi…etc. Si l’acte reproché à la personne est lié à ses fonctions on a
une présomption de connaissance du risque, le procureur n’aura pas à prouver la
conscience du risque encouru.
 Si le risque est reproché à une personne en dehors de son activité professionnelle,
la connaissance du risque ne sera pas présumée.
Loi du 13 mai 1996 : modifie l’appréciation des faits par le juge, on passe d’une appréciation in abstracto à une
appréciation in concreto.

Loi du 10 juillet 2010 : modifie les règles relatives à la causalité en matière d’infraction non intentionnelle.
Désormais, il va falloir différencier deux situations : soit les faits ont comme cause directe l’inattention, la
négligence, soit le dommage a comme cause indirect l’élément non intentionnel. Si le lien de causalité est
direct, alors la faute d’imprudence va suffire. En revanche, si la cause est indirecte, il faudra démontrer
l’existence soit d’une faute de mise en danger délibérée, soit l’existence d’une faute caractérisée.

 En fonction de la détermination du lien de causalité, la cour de cassation vérifiera ensuite la nature de la


faute : simple ou caractérisée.

Exemple : Affaire de la condamnation d’une psychiatre qui a suivi un individu qui souffrait de troubles
psychiatriques grave, et cette psychiatre le laissait chaque fois repartir. Mais il a commis un meurtre et lui ne
pouvant être poursuivi car irresponsable pénalement, la famille de la victime a poursuivi la psychiatre pour
homicide involontaire. Le tribunal de Marseille à considéré qu’il y avait bien causalité indirecte et qu’il y avait
faute caractérisée de la psychiatre parce qu’a plusieurs reprises, elle n’avait pas démordu de sa ligne de soin et
pas pris les mesures nécessaire face à la dangerosité de la personne

5- La faute contraventionnelle :

L’article 121-3 CP ne fait aucune référence aux contraventions. Dans certains cas le législateur vient
expressément déterminer si la faute doit être intentionnelle ou non intentionnelle, mais dans la majorité des
cas, le législateur ne fait aucune référence à la notion de faute.

Pour certains auteurs, en matière contraventionnelle, seul le comportement va être considéré.


Pour d’autres, cela signifie qu’en matière contraventionnelle, la faute est présumée et qu’il n’est donc pas
nécessaire de la prouver.

La question qui agite la doctrine est de savoir si la faute contraventionnelle existe : en matière de
contravention, est-ce qu’on doit rechercher un élément moral de l’infraction ?
En matière contraventionnelle, plusieurs situations sont à observer.

≤ 1ère situation : la loi peut déterminer le type d’élément moral requis dans le cas de l’espèce.
Par exemple constituent une faute contraventionnelle la violence volontaire sans ITT : on a l’élément
matériel : volonté et conscience de commettre les violences à l’égard de son voisin mais également un
élément moral.  Le législateur a exigé un élément moral pour ces violences volontaires.
Le législateur peut considérer qu’une inattention peut suffire à caractériser une contravention. Les
violences involontaires légères sont également des contraventions : le législateur précise bien qu’on
est dans le cas d’infraction involontaire : donc soit négligence, imprudence, ou faute de mise en
danger.

≤ 2ème situation : Dans toute une série d’autres cas le législateur ne va pas préciser si l’intention doit être
provoquée ou si une simple imprudence peut suffire. Pour toutes ces contraventions : exemple on
grille un feu rouge, on dépasse la vitesse limite, on brule un stop : le texte n’exige pas le fait d’avoir
intentionnellement commis l’infraction.
Question qui se pose : est-ce que le ministère public doit prouver qu’on l’a fait intentionnellement ou
qu’on l’a fait de manière involontaire ?
== ce sont des infractions matérielles : en matière de contravention, si le législateur ne le précise
pas, seul l’élément matériel devra être prouvé. Il faut simplement prouver la violation de la loi, peu
importe l’élément moral de l’infraction.

C’est à ce propos là qu’on a des discussions doctrinales :


 Certaines disent que c’est des infractions de faible gravité : donc pas besoin d’intention de l’individu.
 D’autres disent que l’élément se déduit des faits et que l’imprudence se déduit de l’acte matériel.

III- Le concours et cumul de qualifications


Lorsque le juge va qualifier les faits, le juge va rechercher quelle est la qualification légale qui se rapproche
le plus des faits commis. Cela peut être très simple, mais cela peut aussi se compliquer.
Par exemple, lorsqu’un individu commet un viol dans un lieu public, on va avoir plusieurs infractions qui vont
pouvoir être reprochée à un individu en raison d’un même fait.

Exemple : infraction de viol, mais aussi infraction d’outrage à la pudeur.


== parfois le juge va se retrouver face à une pluralité de qualifications : un fait mais plusieurs qualifications
possible.

Comment faire le tri ? Deux hypothèses peuvent se réaliser :


 Cas où le juge se retrouve face à plusieurs qualifications mais où finalement le conflit de
qualifications ne sera qu’apparent : en raisonnant le juge ne pourra retenir qu’une seule
qualification, la plus adaptée
 Des réels cas de concours de qualifications : cas où on aura un seul fait et plusieurs qualifications qui
pourront être retenues finalement par le juge.

A- Les concours apparents de qualifications


Le juge se trouve face à une pluralité de textes applicables et qu’automatiquement l’un de ces textes va
prévaloir sur les autres

1- Le problème des qualifications alternatives

On est dans le cas où on a un fait qui a été commis mais on a plusieurs qualifications similaires mais pas
totalement identiques qui peuvent s’appliquer éventuellement aux faits.

Exemple : un individu se bat avec un autre individu et finalement l’un des deux décède suite aux coups donnés.
Le juge peut qualifier les faits d’homicide volontaire s’il déduit que la mort était voulue, ou il peut qualifier
d’assassinat s’il y a préméditation, ou il y a également homicide involontaire possible. On peut écarter les
violences ayant entraîné la mort (car quand on tire sur quelqu’un a bout portant, c’est qu’on veut lui donner la
mort). En revanche, il y a deux qualifications alternatives : celle de meurtre et celle de l’assassinat (meurtre
avec préméditation). Elles pourraient toutes les deux correspondre aux faits, mais ces deux qualifications
s’excluent mutuellement.

== Ce sont des qualifications qui visent des comportements similaires, mais pas totalement identiques, et
qui s’excluent l’une de l’autre.
== le juge va essayer de choisir la qualification qui correspond le mieux aux faits.

2- Le problème des qualifications absorbantes ou redondantes :

On a des situations où on a un ensemble de faits qui sont réprimés comme deux infractions autonomes
mais pour lesquelles le législateur a réuni les deux qualifications faisant de l’une la circonstance aggravante
de l’autre. Dans ce cas-là on retiendra la qualification globale plutôt que les qualifications autonomes.

Exemple : lorsqu’on pénètre chez quelqu’un par effraction : on commet une violation de domicile = infraction
autonome. Le vol = fait de soustraire la chose d’autrui : est une infraction pénalement sanctionnée également.
Ce sont des faits qui peuvent être sanctionnés de manière autonome ; mais lorsqu’on a un vol avec effraction
on ne va pas appliquer l’infraction de vol et l’infraction de violation dee domicile : le législateur a créé une
circonstance aggravante du vol qui est la violation de domicile. Donc le vol avec effraction est puni plus
sévèrement que le vol simple : on incorpore la qualification de violation du domicile dans celle du vol.

Autre exemple : on peut conduire en état alcoolique et le fait de tuer quelqu’un involontairement est une autre
infraction. Lorsqu’on tue quelqu’un involontairement à cause d’une conduite avec alcool : un texte spécifique
qui sanctionne l’homicide involontaire sous l’empire d’alcool. = circonstance aggravante : si on est sous
l’emprise d’alcool la peine sera plus sévère que celle appliquée simplement au vol = circonstance
aggravante.

3- Les qualifications incompatibles :

On est dans le cas où on a une infraction qui est imputable à un individu mais qui ne sera pas sanctionnée
car elle est la conséquence logique de la première infraction.

Exemple : vol et recel : si on dérobe quelque chose, automatiquement on va le garder ou le revendre ce qui est
constitutif du recel : automatiquement le recel est la conséquence logique du vol. On commet forcément un
recel quand on commet un vol = on ne retient que la qualification de vol.

Autre exemple : meurtre ou empoisonnement et non-assistance à personne en danger : si on tue quelqu’un ce


n’est pas pour essayer de la sauver aussi. On a considéré que les qualifications étaient incompatibles.

La JP a déterminé qu’elles étaient ces infractions incompatibles en prenant en compte l’état psychologique de
l’auteur de l’infraction.

Mais ce sera plus difficile si les violences volontaires et la non assistante à personne en péril sont
incompatibles ? La Jurisprudence a hésité.

Ici on a des concours apparents = on arrivera toujours à résoudre le problème.

B- Le concours idéal de qualifications


Un fait unique, plusieurs qualifications possibles, mais des qualifications qui ne s’excluent pas.

Exemple : un individu commet une agression sexuelle dans un lieu public. Ces faits tombent sous le coup de
deux qualifications pénales : l’agression sexuelle et le délit d’exhibition sexuelle.

Autre exemple : infractions qui sont à la fois réprimées par le code pénal mais également par un code spécifique
comme le code de l’environnement, le code de la consommation ou le code du commerce : comme l’escroquerie
sanctionnée par le code pénal mais également dans le code du commerce.

PRINCIPE : un même fait ne peut pas entrainer plusieurs qualifications, mais qu’une seule déclaration de
culpabilité même s’il existe des textes différents. = règle non bis in idem selon laquelle nul ne peut être jugé
deux fois pour les mêmes faits.

 Donc lorsqu’il y a plusieurs qualifications possibles qui ne s’excluent pas, le juge pénal doit retenir la
qualification la plus sévère donc celle pour laquelle le maximum légal le plus élevé s’applique.

Des exceptions au principe :

 En cas de pluralité de victimes, le juge retient autant d’infractions qu’il y a de victimes : quand on a
plusieurs victimes on retient autant de qualifications qu’il y a de victimes pour permettre
l’indemnisation de chaque victime.
Exemple : individu qui à l’occasion d’un accident provoque la mort d’une personne et des blessures chez l’autre :
un fait unique entraine la qualification d’homicide involontaire et celle de violences involontaires.

 En cas de pluralité de valeurs sociales protégées : on a un individu qui va commettre une infraction et
cette infraction va nuire, porter atteinte, à plusieurs intérêts pénalement protégés. = c’est une notion
doctrinale tirée de la jurisprudence.

Arrêt fondateur : arrêt du 3 mars 1960 Ben Haddadi et Goulam : à Alger, sachant qu’à ce moment c’est
français. Ben Haddadi lance une grenade dans un restaurant d’Alger et est poursuivi pour tentative de
destruction d’immeuble par explosif et pour tentative d’assassinat. = un même fait, deux qualifications
retenues. Ben Haddadi forme un pourvoi en cassation pour violation de la règle non bis in idem. La cour de
cassation répond en l’espèce « qu’il ne s’agit pas d’un crime unique dont la poursuite sous deux qualifications
différentes serait contraire au vœu de la loi mais de deux crimes simultanés commis par le même moyen et
caractérisé par des intentions coupables essentiellement différentes ».
Il y a atteinte à la propriété et atteinte à l’intégrité physique des individus : on retient donc les deux
qualifications.

Dans ces cas-là on retient autant de qualifications qu’il y a de valeurs sociales protégées.

Exemple : en cas de vol et de violation de sépulture : des individus cassent une tombe et récupère
quelque chose dans cette tombe : un fait unique, mais plusieurs valeurs sociales lésées : atteinte à la
propriété et atteinte à l’ordre public.
Exemple : le viol : deux valeurs sociales lésées : une atteinte à l’intégrité physique de la personne est
sanctionné et une atteinte aux bonnes mœurs, à l’ordre public.

=== Si un fait unique, que les qualifications ne s’excluent pas :

 Soit on retient autant de qualifications qu’il y a de valeurs sociales lésées ou de victime


 Soit sinon, on retient la qualification la plus haute.

C- La résolution du concours idéal d’infractions par le concours réel


Le concours idéal traite de la qualification des faits ALORS QUE
Le concours réel traite de la sanction des faits

CAS : un juge qui retient plusieurs qualifications pénales : concours idéal réalisé : QUE FAIRE AVEC LA
SANCTION ? On additionne ou non ?

PRINCIPE : lorsqu’on retient plusieurs qualifications, au niveau de la sanction on résout les choses grâce à
l’article 132-2 du code pénal.

Article 132-2 : il y a concours réel d’infraction lorsque l’infraction est commise par une personne avant que
celle-ci ait été définitivement condamnée pour une autre infraction qu’elle avait commise antérieurement.

Deux situations dans lesquelles il y a concours réel d’infraction :


 1ère situation : un individu qui un jour commet un vol, le lendemain une escroquerie, puis un homicide
involontaire = plusieurs infractions sans que ces infractions soient séparées par un jugement définitif.
 2ème situation : cas d’un concours idéal où le juge a retenu plusieurs qualifications : 2 ou 3 infractions :
il faut trouver quelle est la sanction applicable : l’article 132-3 pose le principe du non cumul des
peines de même nature. = lorsqu’une personne poursuivie est reconnue coupable de plusieurs
infractions en concours chacune des peines encourue peut être prononcée toutefois lorsque
plusieurs peines de même nature sont encourues il ne peut être prononcé qu’une seule peine de
cette nature dans la limite du maximum légal le plus élevé. Chaque peine prononcée est réputée aux
infractions en concours dans la limite du maximum légal applicable à chacune d’entre elles.

Sont de même nature :


 toutes les peines privatives ou restrictives de liberté (= les peines d’emprisonnement et
de réclusion sont de même nature),
 les peines d’amende criminelles et correctionnelles sont également de même nature,
 et les peines contraventionnelles se cumulent entre elles et avec les autres peines
d’amendes.

Lorsqu’il est face à une situation de concours réel et lorsque toutes les infractions sont jugées lors d’une même
procédure, le juge va déjà retenir toutes les qualifications, c’est à dire que la personne sera condamnée pour
tous les faits qu’elle a commis (vol, escroquerie, homicide involontaire etc). Au niveau de la sanction, pour
chaque peine de même nature, la personne n’est condamnée que dans la limite du maximum légal le plus
élevé.

Exemple : une qualification délictuelle fait encourir une peine de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros
d’amende, une autre qualification qui est criminelle fait encourir 10 ans de réclusion criminelle et 100 000 euros
d’amende. == PROBLEME DE LA SANCTION, on a retenu plusieurs qualifications, mais on est au niveau de la
sanction : ce n’est pas comme en Espagne où on cumule les peines de prison : en France le juge prononce
toutes les peines mais pour les peines de même nature on ne retient que la peine la plus élevée.

Exemple : un individu commet une première infraction qui est un crime punit de 15 ans de réclusion criminelle
et une deuxième infraction qui est un délit punit de 7 ans d’emprisonnement et 35 OOO euros d’amende. Le
juge retient les deux qualifications. Concernant la peine, le juge prononce pour les peines de même nature une
seule peine dans la limite du maximum légal élevé.
 Ici, concernant la peine privative de liberté, le maximum légal le plus élevé est de 15 ans. Le maximum
légal est de 35 OOO euros d’amende.

EXERCICE PRATIQUE : Un délinquant commet 3 infractions : deux qualifications sont retenues : première
qualification est un crime punie de 100 000 euros d’amende et 20 ans de réclusion criminelle, la deuxième
infraction est un délit puni de 7 ans d’emprisonnement et 2 millions d’euros d’amende, il commet une
troisième infraction qui est une infraction punie de 3 500 euros d’amende.
 Il aura 20 ans de réclusion criminelle et 2 millions 3500 euros d’amende.

Cependant des exemples où il y a un cumul : pour les délits de chasse, les peines d’évasion, la règle du
concours réel ne s’applique pas.

Ce concours réel s’applique quand on a une seule et même procédure. Les mêmes règles vont s’appliquer
mais sous une forme différente lorsqu’on aura plusieurs juges qui vont être confrontés aux différents faits.
LA CONFUSION DES PEINES : lorsqu’un individu a commis plusieurs infractions séparées par des
condamnations définitives, l’individu peut demander une réduction de sa peine dans la limite du maximum
légal le plus élevé. Un individu a commis un vol, a été jugé pour ce vol. Il commet ensuite un crime : il peut
demander à ce qu’il y ait confusion des peines = il peut demander que la peine qu’il devra effectuer pour le
vol qui devrait s’ajouter à celle du crime soit comprise dans la peine du crime.
Chapitre 2 : L’infraction tentée
On est dans le cas d’un individu qui a commis une infraction mais qui n’est pas allé jusqu’au bout de son acte,
qui n’a pas réussi à obtenir le résultat escompté en commettant l’infraction.

Exemple : personne veut en tuer une autre mais finalement ne la blesse seulement, personne qui veut voler
mais qui se faire prendre avant par les autorités…etc.

2 conceptions s’opposent :

 La conception objective qui va subordonner la peine à une atteinte matérielle à l’ordre public : tant
qu’il n’y a pas d’atteinte à l’ordre public, on ne sanctionne pas : donc pour la tentative, si elle n’a
lésé aucun intérêt, on ne sanctionnerait pas la tentative.
 La conception subjective qui s’attache à la mentalité du criminel et qui réclame la répression de la
tentative au motif que l’acte certes a été un échec mais qui révèle la dangerosité de la personne en
cause.

Finalement le code pénal de 1810 puis celui de 1992 ont essayé de trouver une solution mixte pour
sanctionner la tentative dans les cas les plus dangereux.
≤ Donc la tentative est toujours sanctionnée en matière criminelle
≤ En matière délictuelle elle est sanctionnée que si la loi le prévoit explicitement.

Différentes tentatives :

≤ La tentative classique : il ne va pas au bout de son acte. (section 1)


≤ Celle où l’individu va au bout de son acte mais n’obtiendra quand même pas le résultat voulu :
individu qui veut tuer un autre, lui tire dessus mais tire à côté. (section 2)

Section 1 : la tentative interrompue

= Il y a tentative interrompue ou suspendue lorsque l’auteur n’est pas parvenu à terminer son action.

L’article 121-4 dispose « qu’est l’auteur de l’infraction, la personne qui commet les faits incriminés, tente de
commettre un crime ou dans les cas prévus par la loi un délit ».
2 conditions sont nécessaires pour qu’il y ait tentative :
 Il faut un commencement d’exécution (I)
 Il faut qu’il y ait un désistement involontaire de la personne en cause (II)

I- Le commencement d’exécution
L’article 121-5 dispose que la tentative est manifestée par un commencement d’exécution.

Mais qu’est-ce qu’un commencement d’exécution et à partir de quand sommes-nous dans l’infraction pénale ?
Ou quand est-t-on dans un acte préparatoire ?

LE CHEMIN DU CRIME :

1/ Idée de commettre l’infraction = idée criminelle. En tant que telle l’idée n’est pas répréhensible car elle ne
s’extériorise pas. (Sanctionné seulement par la morale)

2/ Idée perdure, on a la résolution à agir = on prend la décision d’agir. Là encore, la résolution criminelle en
tant que telle n’est pas sanctionnée. (Sanctionné seulement par la morale).
Ce n’est pas encore extériorisé donc pas sanctionné
MAIS = la résolution criminelle peut être sanctionnée à partir du moment où elle est extériorisée : par
exemple des menaces.

3/Les actes préparatoires : ce sont les différents actes, les différentes démarches, les différents
comportements, qui ne constituent pas encore l’exécution de l’infraction mais qui tendent à son exécution.
= toutes les démarches qui vont nous permettre d’aboutir à l’infraction mais dont le lien est assez lointain
avec l’infraction.

Exemple : on veut tuer notre voisine, on va acheter un couteau : le fait d’aller acheter un couteau en tant que
tel n’est pas pénalement sanctionnable : on peut aller acheter ce couteau pour plusieurs raisons. Mais si notre
acte préparatoire trouble l’ordre public, dans la résolution criminelle, on peut être sanctionné.

PRINCIPE : acte préparatoire pas sanctionné.


SAUF: s’il amène un trouble à l’ordre public, il pourra l’être. Infraction spécifique.

Exemple : on décide d’acheter une arme pour exécuter la victime : le fait de porter une arme alors qu’on n’a pas
de port d’arme : même si on n’a pas encore tenté de tuer la personne, mais le fait de porter une arme alors que
c’est interdit, c’est une infraction : violation OP donc sanctionnable.
Autre exemple : le fait de se réunir à plusieurs : bande organisée pour commettre une infraction est puni
pénalement.

La frontière entre acte préparatoire et le commencement d’exécution est difficile à cerner.

4/ Le commencement d’exécution a été définit par la jurisprudence = arrêt 5 juillet 1951 selon lequel le
commencement d’exécution est caractérisé par « des actes qui tendent directement au crime ou au délit
avec intention de le commettre ». = formulation qu’on retrouve toujours aujourd’hui dans les arrêts de la cour
de cassation.

 Elément matériel : nécessité d’un acte qui tend directement à la consommation de l’infraction, il va
falloir que les actes effectués montrent de manière non équivoque la commission très prochaine
d’une infraction.

Exemple : individus sont en embuscade et attendent un fourgon blindé avec foulards et armes : on retiendra
l’existence du commencement d’exécution.
La question s’est beaucoup posée en matière de tentative d’escroquerie.

Exemple : voiture brulée : si on brûle simplement notre voiture = si on simule le sinistre et qu’on ne contacte pas
l’assurance au final : on ne peut pas être sanctionné, on parle d’actes préparatoires non punissables. Mais à
partir du moment où on adresse notre fausse déclaration au service de police on est dans le commencement
d’exécution.

Arrêt 25 octobre 1962 : s’est posé le problème de savoir si c’était un acte préparatoire ou un commencement
d’exécution : Monsieur Lacourt engage un tueur à gage pour qu’il assassine le fils adoptif de sa maitresse. Le
tueur à gage contacte le fils en cause, il simule l’enlèvement et l’assassinat : pour gagner l’argent, mais le fils
est toujours en vie. Monsieur Lacourt va être poursuivi notamment pour tentative de meurtre arguant du fait
que le fait d’engager un tueur à gage pouvait être considéré comme un commencement d’exécution : c’était
un désistement involontaire, c’est le tueur à gage qui n’était pas allé au bout. La cour a estimé qu’il n’y avait
pas de tentative de meurtre de Lacourt, car le fait d’engager un tueur à gage ne liait pas directement Lacourt
à l’infraction.

 Mais la loi Perben II de 2004 sanctionne désormais le fait d’engager quelqu’un.


 L’absence de désistement volontaire : tant que le résultat n’est pas obtenue, la personne peut
renoncer à commettre l’infraction et donc dans ce cas là :
 S’il y a désistement volontaire et que la personne renonce librement à commettre
l’infraction, il n’y aura pas tentative.
 Si la personne se désiste mais en raison d’un élément extérieur, le désistement sera
involontaire et la tentative sera réalisée.

Quand est-on dans le cas d’un désistement volontaire ? Involontaire ? Jusqu’à quand peut-on se désister ?

II- L’absence de désistement volontaire


A- La caractérisation du désistement volontaire ou involontaire
Pour que la tentative soit réprimée il faut que le commencement d’exécution ait été interrompu par des
circonstances indépendantes de la volonté de son auteur.

A contrario si on commence à commettre une infraction et que pris par le remord on ne va pas au bout de
notre acte, le désistement est volontaire, la tentative n’est pas caractérisée.

De ce fait, si c’est volontairement qu’on met fin à l’acte intentionnel, il n’y aura pas de tentative même s’il y
aura peut-être une autre infraction.

Exemple : personne rentre dans un domicile pour voler, mais finalement ne vole pas : il n’y aura pas de
tentative de vol, mais violation de domicile.

Mais si l’auteur est interrompu involontairement, il y aura commencement d’exécution et donc tentative.

Exemple : arrivée de la police ou de toute autre circonstance est un désistement involontaire qui entraine la
sanction pour tentative.

QUESTION : si le fait d’avoir peur est quelque chose propre à l’individu ou si cela entrainait un désistement
involontaire ?

En règle générale, les magistrats sont sévères dans la rétractation volontaire : si une personne a peur d’être
découverte et arrête les faits, cela sera considéré comme un désistement involontaire.
Chambre criminelle, 10 janvier 1996. Dans la situation suivante, la cour de cassation a décidé qu’il y avait
désistement involontaire. Un individu veut violer une jeune femme, sauf qu’au moment fatidique, il a une
« panne ». Peut-on dire qu’il y a tentative de viol ou pas ? La cour de cassation à considéré que c’est une
déficience momentanée qui à contraint l’auteur à renoncé à son projet et donc que le désistement est
involontaire et qu’il y a bien tentative de viol.

B- Le moment du désistement
JUSQU’A QUAND PEUT-T-ON SE DESISTER ?

 Le désistement est possible jusqu’au moment de la consommation définitive de l’infraction.

C’est-à-dire que par exemple pour un meurtre, un individu qui veut tuer un autre en utilisant une arme à feu, il
pointe son pistolet sur la victime, le désistement est possible jusqu’à ce que le coup de feu parte et touche la
victime : jusqu’à ce moment-là la personne peut se désister : il n’y aura pas tentative, mais il y aura peut-être
une autre qualification.

 A partir du moment où la personne est tuée, l’infraction est consommée, il n’y aura alors plus
tentative mais infraction consommée.

Si une personne tire sur un individu qui est blessé, mais qu’il regrette donc appelle le SAMU : les actes
constitutifs de l’infraction sont réalisés : on n’est plus dans le désistement, on est dans ce que l’on va appeler
du repentir. = une fois que la consommation définitive de l’infraction a abouti on n’est plus dans du
désistement mais dans du repentir.

Si le désistement volontaire peut supprimer la notion de tentative cela n’est pas le cas pour le repentir qui
est totalement indifférent en matière pénale (même si le juge le prendra en compte pour le montant de la
sanction).

Dans l’infraction formelle : temps très court pour se désister.


Dans l’infraction matérielle : temps plus long pour se désister

 L’infraction tentée est sanctionnée comme l’infraction consommée , c’est-à-dire que l’auteur d’une
tentative encourt exactement la même peine que l’auteur d’une infraction réalisée. Mais en
principe dans le prononcé de la peine le juge prendra en compte le repentir, même si
théoriquement la peine risquée est la même.

Section 2 : la tentative infructueuse


On a un individu qui veut commettre une infraction, qui réalise l’ensemble des éléments constitutifs de
l’infraction échoue bien qu’il n’y ait pas d’interruption volontaire ou involontaire.

Exemple : la personne tire sur une autre personne pour la tuer mais la manque.
Autre exemple : Individu veut voler un tableau, rentre dans le musée, mais quand il rentre le tableau n’est plus
là : la personne a accompli les éléments constitutifs de l’infraction mais en raison d’un évènement indépendant
de sa volonté, il n’obtient pas le résultat escompté.

I- L’infraction manquée
On est dans le cas d’une infraction qui échoue en raison de la maladresse de l’individu ou en raison d’un
évènement soudain.
Exemple : un individu veut tirer sur un autre individu et est maladroit, soit sa victime à un réflexe et bouge au
moment du tir et n’est pas atteinte.

Le législateur a assimilé l’infraction manquée à l’infraction tentée. On a donc ici une notion très large de
commencement d’exécution, mais on considère que l’infraction manquée est assimilée à l’infraction tentée
qui va elle-même être sanctionnée comme l’infraction consommée.

II- L’infraction impossible


= C’est une infraction que son auteur n’a pas pu réaliser en raison de circonstances dont il ignorait
l’existence au moment de son action.

La différence ici avec l’infraction manquée est que :


≤ Dans l’infraction impossible : l’échec est inéluctable.
≤ Dans l’infraction manquée : c’est la maladresse ou évènement soudain alors que l’infraction a déjà
commencé.

QUESTION : faut-t-il punir quelqu’un qui de toute manière n’aurait pas pu commettre d’infraction ?

Personne qui tire sur une personne qu’elle croit en vie, alors que la personne est déjà morte. Celui qui pille le
tronc de l’Eglise, mais qu’au final ce tronc est vide comment une infraction ?

Des discussions en doctrine, des théories se sont développées au 19ème siècle :

 SALEILLES préconise une répression systématique de l’infraction impossible sur le fondement de


l’intention coupable.

 Une autre partie de la doctrine au 19ème était hostile à la répression de l’infraction impossible.
POURQUOI CETTE POSITION ? au motif que l’on ne peut pas commencer à exécuter une infraction
dont la réalisation est impossible.
= DOCTRINE MAJORITAIRE

 Auteurs vont proposer des théories mixtes :

o 1ère : ORTOLAN : il distinguait :

 L’impossibilité absolue : non punissable = c’est le fait de commettre une infraction


dans laquelle le moyen employé était inefficace.

Exemple : femme fait l’objet d’injection d’eau de cologne et de vinaigre pour aboutir
à un avortement : moyens qui de toute façon n’aboutissent pas à un avortement.
= impossibilité absolue
= donc selon lui : il faudrait que ce ne soit pas puni.

o 2ème : théorie proposée par Garaud et Roux :

 L’impossibilité de droit : il manque un élément constitutif de l’infraction.


Exemple : fait de tirer sur un cadavre : ne serait pas punissable. Meurtre est le fait de
donner la mort à autrui : autrui c’est une personne vivante. Les faits ne sont donc
pas punissables.
 L’impossibilité de fait : n’a pas pu aboutir en raison du hasard.
Exemple : un pickpocket essaye de voler le portefeuille d’une personne et rencontre
une poche vide, le pickpocket n’a pas pu lui voler, l’infraction n’a pas pu être réalisé
et donc l’infraction ne peut pas être puni. En revanche, lorsqu’un individu va vouloir
tuer quelqu’un déjà mort en lui tirant dessus, c’est une impossibilité de droit car le
meurtre, c’est le fait de donner la mort a autrui, autrui étant une personne vivante,
donc on ne peut pas donner la mort à quelqu’un qui est déjà mort.

Cette théorie n’a jamais été réellement reprise par la cour de cassation. Le vol est la soustraction frauduleuse
de la chose d’autrui, le fait voler le portefeuille mais ou la poche est vide ou de voler le tronc de l’Eglise mais
qui est vide, il n’y a plus de chose d’autrui. C’est une distinction qui n’est pas très claire, la cour de cassation au
20ème siècle, fait du cas par cas en se rapprochant plutôt de la doctrine de la répression quasi systématique. Elle
est sur une application de l distinction entre impossibilité absolue/relative mais dès le début du 20 ème, elle
commence a sanctionné de manière assez systématique ce genre de circonstance

Arrêt chambre criminelle 9 novembre 1928 : fait d’administrer à une personne enceinte de l’eau de Cologne
mélangée à eau de vie et vinaigre pour la faire avorter : la chambre criminelle a considéré qu’on pouvait
poursuivre pour tentative d’avortement même si ces injections étaient incapables de provoquer l’avortement
souhaité.

 La chambre criminelle dans ces arrêts ne parle pas d’infraction impossible : elle assimile l’infraction
impossible à une infraction tentée en ayant une appréhension très large de la notion de
commencement d’exécution : en considérant que le désistement involontaire relève du fait que les
moyens employés étaient inefficaces.

ETAPE IMPORTANTE dans cette notion : arrêt Perderau chambre criminelle 16 janvier 1986 : un individu qui se
rend sur les lieux d’une bagarre afin d’y achever une personne déjà morte. Question se pose : peut-t-on
condamner pour le meurtre d’un cadavre ? La cour a en l’espèce considérée que le fait que la personne soit
déjà décédée était indépendant de la volonté de l’auteur et que les violences exercées sur la victime étaient
significatives d’un commencement d’exécution.
== elle a ici le même raisonnement = à savoir que le commencement d’exécution existe même si la personne
va plus loin qu’un simple commencement : l’infraction impossible est assimilée à l’infraction manquée elle-
même assimilée à l’infraction consommée.

La cour de cassation va reprendre ce raisonnement à plusieurs reprises en matière de tentative de vol par
exemple sachant qu’elle fait quand même du cas par cas. Elle écarte ainsi la répression de l’infraction
impossible pour les contraventions, pour les incriminations pour lesquelles la tentative n’est pas punie et en
matière d’empoisonnement, elle a considérée qu’il n’y a pas d’infraction impossible si la substance
administrée n’était pas une substance mortifaire.

Conclusion : on peut dire que l’infraction impossible est puni comme l’infraction manquée qui elle-même est
punie comme l’infraction consommée. Juridiquement, l’auteur d’une tentative encourt les mêmes peines que
celui qui est allez jusqu’au bout de son acte.

Deux infractions sont souvent proches de l’infraction impossible mais qui ne sont pas réprimées :

≤ L’infraction putative : une infraction qui ne va exister dans l’imagination de son auteur.
Exemple : celui qui trompe son partenaire en pensant que l’adultère est toujours une infraction pénale.

ON NE PEUT PAS SANCTIONNER DE TELS ACTES ; PAS D’INFRACTION.


≤ L’infraction surnaturelle : fait de vouloir attirer le malheur sur autrui avec invocation des esprits,
poupées vaudou, n’est pas non plus réprimé en tant que tel par le droit français.
Les moyens employés sont inefficaces.

TITRE 2 : Les personnes responsables


Si une infraction existe, cela ne signifie pas pour autant que son auteur sera responsable. Il faut étudier les
conditions de cette responsabilité. La responsabilité pénale est une responsabilité du fait personnel.

 A la différence du droit civil, le principe qui gouverne la responsabilité pénale est posé à l’article 121-1
du code pénal : « nul n’est responsable pénalement que de son propre fait ».

= si une personne commet une infraction : ses parents, ses enfants, ses amis, ne peuvent en principe être
tenus pour responsables des faits qui ont été commis.

Ce principe a des exceptions. Notamment au niveau de la responsabilité des chefs d’entreprise.

Et parfois, même si les faits de l’infraction ont été constatés, reliés à une personne, celle-ci peut parfois
échapper à sa responsabilité.

En matière de contravention, elle est atténuée à plusieurs égards, en matière de délit routier, c’est la personne
qui est titulaire de la carte grise qui est redevable des contraventions, cela peut être l’entreprise etc.

Elle oblige une personne à répondre de ses actes par l’application d’une peine. Elle va supposer un fait
préalable, à savoir la commission de l’infraction, et à partir du moment où la commission de l’infraction est
constatée on va essayer de la rattacher à la personne de son auteur.

Chapitre 1 : Le principe de la responsabilité


pénale du fait personnel.

Section 1 : La responsabilité des personnes physique

Ce principe connaît une exception dans le cas de la responsabilité du chef d’entreprise.


Est ce une responsabilité du fait d’autrui au sens civil du terme ? Cela est discutable.

Pour certains auteurs, c’est une véritable responsabilité du fait d’autrui, pour d’autre c’est une simple
extension de la responsabilité du chef d’entreprise.

En ce qui concerne la responsabilité du chef d’entreprise, plusieurs textes prévoient explicitement mais de
manière ponctuelle la responsabilité du chef d’entreprise pour certaines infractions commises par les
employés de celle-ci.

Exemple :

Le code du travail prévoit que le chef d’entreprise est responsable en cas de non respect par ses salariés des
règles d’hygiène et de sécurité.

La loi de 1975 sur l’élimination des déchets prévoit que les infractions en contradiction avec cette loi sont de la
responsabilité du chef d’entreprise.

C’est la JP qui étend la responsabilité du chef d’entreprise. Cela résulte d’un arrêt de 1956 : un salarié avait
polluée une rivière en y déversant des eaux usées qu’il était chargé de transporter. La cour de cassation admet
ici la responsabilité du dirigeant au motif qu’il appartient au chef d’entreprise de veiller à l’application des
règles légales car il doit exercer une action directe sur les faits de son subordonné.

Plusieurs conditions doivent être remplies pour que le chef d’entreprise soit sanctionné :

Il faut que le salarié ait commis une infraction (non intentionnelle, d’imprudence). Si le chef d’entreprise peut
être responsable, cela n’efface pas la responsabilité du salarié, on peut poursuivre les deux.

Il faut une faute imputable au chef d’entreprise. S’agissant d’une infraction non intentionnelle, cela doit être
une faute non intentionnelle. Jusqu’en 2000, une simple inattention suffisait à faire engager la responsabilité
du chef d’entreprise. Avec la loi de 2000, pour pouvoir engager la responsabilité de l’employeur, il faut
désormais démontrer une faute de mise en danger ou une faute caractérisée, car on est dans le cadre d’une
causalité indirecte.

A qui va-ton imputer la faute ? == problème de l’imputation de la faute. La cour de cassation n’est pas très
regardante, elle impute la faute au chef d’entreprise qu’il soit dirigeant de fait ou de droit de celle-ci. (Un
dirigeant de droit figure dans les statuts de l’entreprise, le dirigeant de fait est celui qui exerce effectivement
l’entreprise).

L’employeur peut dans une certaine mesure se dédouaner de sa responsabilité en déléguant une partie de ses
pouvoirs == problème de la délégation de pouvoir. La cour de cassation a posé des règles particulières en
matière de délégation de pouvoir et n’admet pas n’importe quoi.

 La délégation n’est possible que dans une entreprise d’une certaine taille : c’est au juge d’apprécier
cela.

 Concernant le délégataire : il faut qu’il ait les compétences et les connaissances nécessaires pour
pouvoir effectuer les tâches qui lui sont déléguées. Son poste doit lui permettre d’avoir une autorité
nécessaire pour exécuter la délégation. Le chef d’entreprise doit mettre à la disposition de son
délégué les moyens financiers, matériels pour pouvoir exécuter sa tâche.

 La délégation doit porter sur un objet limité et précis.

 Le chef d’entreprise devra apporter la preuve de la délégation de pouvoir, cette preuve pouvant être
apportée par tous moyens.

Conclusion : est ce qu’on est dans le cadre d’une responsabilité du fait d’autrui ?
Comme en droit civil, on est dans le cadre d’une théorie du risque, le chef d’entreprise accepte le risque que
les obligations ne soient pas exécutées et prend le risque d’être considéré comme étant responsable.

Pour d’autres, il n’y a pas de responsabilité du fait d’autrui, elle repose sur une faute du chef d’entreprise. Le
chef d’entreprise a le contrôle et la direction de son entreprise, donc s’il ne prend pas les précautions
nécessaires pour que les employés suivent les règles, il peut être sanctionné de ce fait.

Section 2 : La responsabilité des personnes morales

Jusqu’au nouveau code pénal, a priori les personnes morales n’étaient pas sanctionnées en droit pénal
français. Le code pénal est venu envisagé cette responsabilité à l’article 121-2.

Quelles personnes morales vont être responsables ?

 Première condition : C’est l’ensemble des personnes morales qui peuvent être considéré comme
responsable à l’exception de l’Etat.
L’Etat ne peut pas être considéré comme personne morale et ne peut pas être poursuivi pénalement toutefois,
les collectivités territoriales et leurs groupements peuvent être responsables pour toutes les infractions
commises dans l’exercice d’activité susceptible de faire l’objet de convention de délégation de service public.

Dans tous les cas ou les collectivités territoriales ne se comportent pas en tant que véritable administration,
elles peuvent être responsable pénalement. Pour tout ce qui relève du volet administratif, il y a une exclusion
de la responsabilité.

Son également exclus les sociétés de fait et les sociétés en participation car elles n’ont pas la personnalité
morale.

 Deuxième condition : Pour que la personne morale soit responsable, il faut que l’infraction ait été
commise pour le compte de la personne morale par ses organes ou ses représentants.

L’organe sera une assemblée qui prendra une décision votée.


La notion de représentant est plus difficile à cerner. Ce sont les représentants légaux de la personne morale :
PDG, gérant, président du conseil d’administration par exemple, mais cela peut aussi être toute personne
ayant un pouvoir de représentation ou ayant reçu un mandat de représentation.

Quelles sont les infractions que peut commettre cette personne morale ?

Jusqu’en 2004, liste limitative d’infractions qui pouvaient être commise par la personne morale. Depuis 2004,
la personne morale peut commettre les mêmes infractions que la personne physique. Exemple : on peut très
bien poursuivre une personne morale pour meurtre etc.

Au niveau de la sanction, comme pour la responsabilité du chef d’entreprise, celle de la personne morale
n’exclue par la responsabilité personnelle de la personne physique. On peut avoir le chef d’entreprise qui a un
salarié poursuivi en son nom personnel et la personne morale (le dirigeant qui a mis en oeuvre la
responsabilité morale) peut être poursuivi au titre de la personnalité morale et de sa personnalité.

Il est difficile de mettre la personne morale en prison, et de lui faire exécuter des travaux. Le code pénal a été
adapté, c’est l’amende qui est la peine de principe. Elle peut toujours être prononcée par le juge, et l’amende
maximale dont peut être redevable une personne morale sera égale au quintuple de l’amende prévue pour les
personnes physiques.

La loi prévue également des peines complémentaires qui peuvent aller de la simple publication du jugement à
la dissolution de la société.
Chapitre 2 : La participation à l’infraction.
Plusieurs personnes peuvent être responsables de la commission d’une infraction.

≤ Tout d’abord l’auteur de l’infraction qui est la personne qui a commis l’ensemble des éléments
constitutifs de l’infraction.
CAS CLASSIQUE où une seule personne commet une infraction

≤ Autre hypothèse : la coaction : sont considérés comme coauteurs les personnes qui ont ensemble
réalisé l’ensemble des éléments constitutifs de l’infraction.

≤ La complicité : est considéré comme complice celui qui va participer à la réalisation de l’infraction
sans la commettre en totalité.
Donc le complice est celui qui va aider ou qui va inspirer la commission d’une infraction.

PROBLEME : parfois entre coaction et complicité la différence est assez délicate à effectuer.

CAS :

Plusieurs personnes ont potentiellement accomplis l’acte criminel, on n’arrive pas à déterminer qui est
l’auteur véritable : la JP utilise dans ce cas-là la notion de complicité co-respective : toutes les personnes qui
ont participé à la commission de l’infraction sont considérées comme étant les complices d’un auteur
unique qui est indéterminé.

X a donné le coup fatal et tous ceux qui ont participé à l’infraction sont censés être les complices de monsieur
X : poursuivis pour complicité de meurtre.

 Souvent difficile de déterminer celui qui a provoqué le coup, donc on sanctionne de la même manière
toutes les personnes qui ont participé à l’infraction.

Section 1 : les conditions de la complicité

Le complice est celui qui aide à la réalisation de l’infraction sans commettre l’ensemble des actes constitutifs
lui-même.
Pour qu’un individu puisse être retenu comme complice, deux conditions doivent être remplies :

 Il faut un fait principal punissable


 Il faut un acte de complicité

I- Un fait principal punissable


=Pour qu’il y ait complicité, il faut qu’il y ait une première infraction commise, à laquelle s’associe le
complice. Il faut que le fait principal soit punissable, si on n’a pas d’infraction de base, on ne peut pas avoir
de sanction.
Le suicide en droit français n’est plus une sanction pénale : on n’a pas pu punir le livre « suicide mode
d’emploi » car le suicide n’est pas une infraction.

En 1987, le législateur a comblé le vide juridique en créant une infraction d’incitation au suicide.
= il faut que l’infraction principe soit suivie d’effets, qu’elle ait eu des conséquences. Sinon, on ne peut pas
retenir la complicité.

Arrêt Léger 1962: un médecin engage un tueur à gage pour tuer fils de sa maitresse : le commanditaire à été
acquitté car l’infraction n’a pas été commise, donc on ne peut pas poursuivre le médecin pour complicité de
meurtre puisque pas de meurtre.

 Si l’auteur principal de l’infraction est décédé ou a été relaxé pour un motif personnel, le complice
pourra tout de même être sanctionné.

Exemple : infraction : vol : auteur vol décède : mais le complice pourra tout de même être sanctionné.

 MAIS si ce sont des circonstances objectives qui démontrent que les faits ne peuvent être punis,
dans ce cas-là le complice ne pourra pas être puni non plus.

Exemple : si les faits sont prescris (3 ans délictuelle, 10 ans criminelle, 1 an contraventionnelle) : rien n’a été fait
au bout de 3 ans pour chercher l’auteur du délit : si l’infraction principale est prescrite le complice ne pourra
plus être sanctionné.

== De même, la légitime défense supprime le caractère infractionnel des faits : on ne pourra pas poursuivre
le complice si l’auteur principal a été relaxé pour légitime défense.

II- Un acte matériel de complicité


L’article 121-7 du code pénal prévoit deux cas d’actes matériels de complicité.

A- La complicité par aide ou assistance


Est considérée comme étant complice d’un crime ou d’un délit la personne qui sciemment par aide ou
assistance facilite la préparation ou la consommation du délit.
Le complice sera celui qui aidera l’auteur, lui facilitera la tâche en lui fournissant par exemple une clé, une
voiture, des armes…etc.

Elle n’existe qu’en matière de crime et délit et pas en matière de contravention.

Il faut un acte d’aide ou d’assistance qui soit positif.

1- Un acte positif en principe

 Pour que cette complicité puisse être réprimée, il faut en principe qu’il s’agisse d’un acte positif donc
que la personne agisse pour que cet acte de complicité puisse lui être reproché.

1-Question qui se posait : la personne qui assiste passivement à la commission d’une infraction pouvait être
considérée comme complice ?

PRINCIPE : le simple comportement d’abstention en tant que tel ne peut être considéré comme un
comportement de complicité : le fait d’assister, de ne rien faire, de ne pas appeler la police.

MAIS des infractions autonomes peuvent être utilisées dans ce cas (non secours…etc.).
2-Autre question : si le complice du complice pouvait être condamné ? = est-ce qu’une complicité indirecte est
possible ?

Exemple : individu veut cambrioler dans une maison qui a du personnel (jardinier…etc), l’auteur demande à son
complice de se renseigner sur les habitudes de la maison…etc. Le complice va voir le major d’homme et
moyennant finance lui soutire des informations. Le major d’homme est conscient qu’il donne des
renseignements qui aideront à la commission d’un crime.
Peut-t-il être poursuivi pour complicité ?

 Un arrêt de 1989 de la cour de cassation est venu répondre à cette question : la JP admet la
responsabilité du complice indirect à partir du moment où il sait que son acte va contribuer à la
commission d’une infraction.

2- Un acte concomitant ou antérieur à la réalisation de l’infraction

ANTERIEUR : Celui qui fournit des armes, voitures, celui qui aide à la réalisation du plan.
CONCOMMITANT : celui qui fait le gai pour vérifier qu’il n’y a pas la police.

 Normalement les actes postérieurs ne relèvent a priori pas de la complicité.

Exemple : une personne roule, le voleur vient de voler, la personne qui roule qui n’a rien à voir avec l’infraction
accepte d’emmener le voleur (sans que le voleur lui fasse des menaces ou sans pressions) ou le complice alors
que l’infraction a déjà été commise.

INFRACTIONS AUTONOMES MAIS COMPLICITE NE JOUE PAS.

 Mais l’acte de complicité postérieur à la commission de l’infraction peut être considéré comme une
complicité s’il a fait l’objet d’un accord antérieur à l’acte.

Exemple : une personne attend dehors dans sa voiture pour vite rentrer une fois l’infraction commise : planifié
antérieurement.

B- La complicité par instigation


L’article 121-7 2èmement dispose : « est complice la personne qui par don, promesse, menaces, ordres, abus
d’autorité ou de pouvoir, aura provoqué une infraction ou donné des instructions pour la commettre ».

2 hypothèses :

1- La complicité par provocation

Le complice par provocation pour qu’il soit sanctionné, il faut :


 Qu’il y ait un acte de complicité qui se matérialise par un don, une promesse, une menace, un
ordre, un abus d’autorité ou de pouvoir.
o Don : quelqu’un fait quelque chose pour moi et on lui remet une chose/argent à la place.
o Promesse : quand la personne aura effectué l’infraction sur laquelle on a convenu : on lui
donne une chose ou de l’argent ou on fera quelque chose.
o Les menaces : fait de dire à quelqu’un que si elle ne réalise pas l’infraction envisagée on
mettra à exécution tel ou tel acte qui serait néfaste pour lui.
o Ordres et abus de pouvoir : on s’est posé des questions.

ORDRE : Pour la JP la notion d’ordre est très large : l’ordre ne doit pas simplement émaner d’une autorité
légitime. Par exemple, le passager d’un véhicule qui voyant un barrage de police dit au conducteur : fonce ne
t’arrête pas, est considéré comme le complice du conducteur de l’automobile.
Complicité par ordre même si pas de lien hiérarchique entre les deux.

ABUS D’AUTORITE : Entendu de manière large : employeur qui utilise des faux témoignages pour menacer
employé de le virer : là il y aura un abus d’autorité.

 Provocation s’adresse à une personne déterminée.

 Provocation doit être suivie d’effets, c’est-à-dire qu’elle ait des conséquences.

2- La fourniture d’instructions

Il faut simplement qu’ait été fourni des renseignements utiles et précis par le complice à l’auteur de
l’infraction.

Arrêt 2004 de la cour de cassation : a été condamné comme complice un détenu dans le cas suivant : ce
monsieur était en prison et il avait expliqué à sa femme comment faire passer une puce de téléphone
électronique en prison. Sa femme avait été poursuivie comme auteur de l’infraction et son mari comme
complice.

Il faut que le complice le face sciemment, de manière intentionnelle.


III- Un élément moral de complicité
Le complice (quel que soit le mode de complicité retenu) doit avoir conscience d’agir malhonnêtement. Il
doit avoir la conscience et la volonté de passer outre les prescriptions de la loi.

 Par conséquent on ne peut pas être complice involontairement d’un individu.

1--- Quand il y a une concordance parfaite de volontés entre l’auteur de l’acte et le complice, il n’y a aucun
problème.

2---- Si pas de concordance parfaite entre les volontés :

Première hypothèse : un individu prête un fusil de chasse à un individu, mais ce fusil ne servira pas à chasser
mais à tuer quelqu’un. = il y a une discordance totale des volontés : le complice n’était pas conscient de
participer à la commission d’une infraction il ne peut donc pas être poursuivi comme tel.

Deuxième hypothèse : L’infraction n’a rien a voir avec elle initialement projetée. Le complice pense qu’il s’agira
d’un vol et enfaite c’est un meurtre, donc pas de complicité pour meurtre, mais difficile à prouver.

Troisième hypothèse : Le complice sait très bien que telle ou telle infraction va être commise mais il y a un
mode d’exécution différent de celui prévu initialement : un individu engage quelqu’un pour en tuer un
troisième : stipule dans le contrat que l’assassinat se fera par étranglement mais arrivé sur place c’est une
arme à feu qui est utilisée = ici simplement discordance de moyens utilisés, la complicité va être retenue peu
importe les moyens employés.

Quatrième hypothèse : Le complice sait qu’il participera à une infraction mais il ne sait pas exactement à
quelle infraction il va participer : un individu remet une arme à un autre individu en disant « venge- moi ». Il
y aura complicité.

Cinquième hypothèse : Une personne s’associe à la commission d’une infraction mais la gravité de l’infraction
est plus importante que celle initialement prévue. C’est la même infraction mais en plus grave. Dans ce cas, la
circonstance aggravante va être appliquée au complice parce que s’étant associé à une activité criminelle, il
aurait du en prévoir toutes les conséquences.
Sixième hypothèse : arrêt 31 janvier 1994 : l’auteur s’était trompé de victime, la complicité de meurtre a été
retenue ; car tout de même une incitation, une fourniture de moyens qui allaient aboutir au meurtre
commis  une intention.

Section 2 : les conséquences de la complicité

Au niveau de la sanction de la complicité beaucoup de questions se sont posées.


Désormais l’article 121-6 pose comme principe que le complice est puni comme auteur de l’infraction.
Au moment de l’adoption du code pénal, il y a eu beaucoup de discussions à propos de ce texte.

Ancien code pénal :

L’ancien code pénal prévoyait que le complice était puni comme l’auteur de l’infraction.
 Cela signifiait que le complice encourrait les mêmes peines que l’auteur de l’infraction.

Donc si l’auteur de l’infraction est le fils ou la fille de la victime qui a été assassinée : circonstance aggravante,
parricide : avant on risquait notre vie pour cette infraction. Donc le complice encourrait la même peine pour
parricide ou matricide même s’il n’avait AUCUN lien de famille avec la victime.

Donc dans l’ancien code pénal il y avait:


 Criminalité d’emprunt
 Pénalité d’emprunt

= Le complice empruntait la criminalité de l’acte commis MAIS le complice encourrait également les mêmes
peines que l’auteur de l’infraction.

Avec le nouveau code pénal :


Désormais le complice est puni comme auteur. Une partie des auteurs ont déduit que désormais il y avait
criminalité d’emprunt mais pas pénalité d’emprunt.
= désormais le complice est puni comme si il avait été lui-même l’auteur de l’infraction. Toutes les
particularités liées à sa personne sont prises en compte par rapport à lui et non plus par rapport à l’auteur
de l’infraction.
 Donc souvent le complice et l’auteur peuvent encourir des peines différentes.

EN PRATIQUE :

Souvent la même peine sera prononcée = si pas de circonstance personnelle liée à l’un ou à l’autre, l’auteur
de l’infraction et son complice encourent en règle générale les mêmes peines.
= le maximum légal qui peut leur être appliqué est le même.
Mais après, libre au juge d’individualiser les peines :
 le complice qui a simplement fourni une arme ou autre sera puni moins sévèrement tout de même
que l’auteur de l’infraction.
 Mais si le complice est l’auteur moral de l’infraction, il peut arriver que le complice soit puni plus
sévèrement que l’auteur principal de l’infraction ;

PARFOIS des circonstances vont venir aggraver ou atténuer la peine de l’auteur principal.

Quelle sera la répercussion sur la peine du complice ?

≤ Pour tout ce qui est circonstance objective


=qui touche à la matérialité de l’infraction
 la JP considère que la circonstance aggravante va s’appliquer au complice.
≤ Pour tout ce qui est circonstance subjective :
= qui touchent à la personnalité même de l’auteur : par exemple l’auteur principal des faits est un
mineur.
Pas de communication entre la sanction de l’auteur principal et la sanction du complice. La JP
considère que les circonstances purement subjectives ne s’appliquent pas au complice.

≤ Pour les circonstances mixtes :


= qui visent à la fois la personne du délinquant et l’infraction elle-même.
Comme le complice est puni comme auteur de l’infraction, normalement ces circonstances mixtes
ne devraient pas avoir de conséquences sur la sanction encourue. Mais la JP n’est pas très claire :

o Arrêt 7 septembre 2005 : individu a aidé un notaire à rédiger un faux. En principe infraction
punie de 2 ans d’emprisonnement. Mais circonstance aggravante : le notaire est dépositaire
de l’autorité publique : donc cela fait monter la peine à 10 ans d’emprisonnement lorsque le
faux est déposé par un dépositaire de l’ordre public. Dans cet arrêt la cour a considéré que
le complice encourrait 10 ans d’emprisonnement.

Pour les circonstances mixtes, c’est évolutif et cela dépend vraiment de la JP et du cas de l’espèce.

Titre 3 : Les causes d’atténuations de la responsabilité


Chapitre 1 : les causes objectives
d’irresponsabilité pénale.
Les causes objectives d’irresponsabilité pénale sont également appelées les faits justificatifs.

DEF : FAITS JUSTIFICATIFS = faits qui vont objectivement supprimer la responsabilité pénale de l’agent en
raison de leur extériorité.
 Les faits justificatifs généraux : s’appliquent à l’ensemble des infractions.
 Les faits justificatifs spéciaux : s’appliquent à une infraction en particulier.
Exemple : diffamation, exceptio veritatis : si devant le tribunal on arrive à démontrer que les faits
allégués étaient réels, l’infraction de diffamation tombe et n’existe plus.

Nous étudierons plus précisément les faits justificatifs généraux (pas les spéciaux).

Plusieurs faits justificatifs généraux :

≤ L’ordre ou l’autorisation de la loi


≤ Le commandement de l’autorité légitime
≤ La légitime défense
≤ L’état de nécessité

I- L’ordre ou l’autorisation de la loi :


Article 122-4 alinéa 1 CP : n’est pas pénalement responsable la personne qui accompli un acte prescrit ou
autorisé par les dispositions législatives ou réglementaires.
= c’est la loi ou le règlement qui vont autoriser ou ordonner la commission d’une infraction.
Exemple : la loi punit le fait de participer à un trafic de stupéfiants, mais le code de procédure pénale prévoit
que des fonctionnaires de police peuvent s’infiltrer ou participer à un trafic de drogue afin d’obtenir des preuves
et l’arrestation des membres de ce trafic.
= autorisation de la loi pour les policiers.

Autre exemple : un médecin dans l’urgence peut être obligé/autorisé de violer le secret médical lorsqu’il voit
par exemple que sa patiente mineur a surement été violée…etc.
= autorisation par la loi pour le médecin.

II- Le commandement de l’autorité légitime :


Article 122-4 alinéa 2 dispose que n’est pas pénalement responsable la personne qui accomplie un acte
commandé par une autorité légitime sauf si cet acte est manifestement illégal.

Donc plusieurs conditions :


≤ Un commandement : un ordre donné à un individu.
≤ Il faut que ce commandement émane d’une autorité légitime.
Problème : qu’est-ce qu’une autorité légitime ? La JP a considéré que c’était forcément une autorité
publique : Autorité publique légalement instituée, civile ou militaire.
≤ L’infraction commise doit correspondre à l’objet du commandement.

≤ Il faut que ce commandement ne soit pas manifestement illégal.

2 théories s’affrontent :

 La théorie de l’irresponsabilité : application des ordres mêmes ci ceux-ci sont illégaux.


 La théorie des baïonnettes intelligentes : le destinataire de l’ordre ne doit pas se comporter comme
un automate mais réfléchir à son acte.

Conséquence : si le juge retient le commandement de l’autorité légitime ou l’ordre de la loi ou l’autorisation


de la loi cela va avoir pour conséquence d’annuler, de supprimer la responsabilité pénale de la personne en
cause mais aussi sa responsabilité civile.
Acte illégal va devenir légal car il a été autorisé par la loi ou émane d’un commandement de l’autorité
légitime.

III- La légitime défense :


Article 122-5 du code pénal : n’est pas pénalement responsable la personne qui devant une atteinte
injustifiée envers elle-même ou autrui accompli dans le même temps un acte commandé par la nécessité de
la légitime défense d’elle-même ou d’autrui…etc.

Il y a légitime défense si la personne commet une infraction qui a des conséquences qui restent
proportionnées par rapport à l’agression à laquelle on voulait répondre.

C’est un échappatoire qui va justifier la violence privée, la commission d’une infraction parce qu’en raison de
l’urgence l’autorité publique n’est pas à même de protéger le citoyen.

A- L’agression
1 = Cette agression peut exister soit envers soi-même, soit envers autrui, voir même envers des biens.
2= L’agression qui est effectuée peut être une agression physique ou aussi une agression morale.
JP a considéré justifié qu’une mère gifle sa belle fille qui avait commis une agression morale : elle a détourné le
fils de ses études.
Conditions :

 Il faut que l’agression soit actuelle = l’atteinte ne doit pas obligatoirement consister en un péril
existant ou imminent mais il doit y avoir une proximité dans le temps entre l’agression et l’acte de
riposte.

 Il faut que l’agression soit réelle = c’est-à-dire qu’il faut que toute personne placée dans les mêmes
circonstances ait pu se croire agressée.

Le père qui tire sur son fils descendu dans la cuisine car il l’avait pris pour un voleur n’est pas en état de légitime
défense : a priori.

 Il faut que l’agression soit injustifiée : elle ne doit pas être liée à l’application de voies de droit.

Question : agression doit être obligatoirement une infraction ?


Les tribunaux ont considéré que ce n’est pas forcément une obligation. Dans une grande majorité des cas
l’agression est prévue par les textes. Mais des fois il arrive que cela ne le soit pas : comme par exemple une
personne qui se fait « coller » par une autre : si la personne qui fait l’objet d’une attention particulière par un
monsieur, peut se retourner gifler cette personne = légitime défense.

B- L’acte de riposte
Il faut que cette riposte soit concomitante à l’infraction : il faut qu’il y ait un très bref délai entre
l’agression et la riposte. Sinon, on sera plutôt dans un acte de vengeance.
Il faut également que cet acte de riposte soit un acte nécessaire = il ne doit pas y avoir d’autre solution
pour pouvoir se sortir de la situation présente.

Question : un individu se fait agresser, s’il a la possibilité de s’enfuir légitime défense non retenue car il pouvait
s’enfuir (= autre moyen) ?

La JP a considéré que la fuite n’était pas un moyen nécessaire obligatoirement.

Exemple d’acte de riposte non nécessaire : deux collégiens se battent à l’école, le pion pour le séparer n’a pas
besoin d’utiliser des coups.

Il faut que la riposte soit proportionnée à l’acte d’agression à savoir que le juge effectuera une balance
entre l’atteinte causée par l’agression et les conséquences engendrées par l’acte de riposte.

Exemple : si un individu se fait insulter, s’il sort un flingue : pas de proportionnalité.

== En matière de légitime défense des biens l’homicide volontaire ne peut jamais être une solution
envisageable. (= si on agit uniquement pour protéger nos biens).

Question : un acte involontaire peut-il être utilisé comme un élément de légitime défense ?
La JP est très sévère à ce niveau-là et la doctrine critique de manière virulente la JP.

Arrêt 16 février 1967 Cousinet : la légitime défense est inconciliable avec le caractère involontaire de
l’infraction.

 1ère situation : on ne se rend pas compte qu’on se défend, on porte des violences involontaires = la JP
considère que la légitime défense n’est pas caractérisée.
 2ème situation : un individu sait qu’il est en état de légitime défense, il riposte et va commettre un
dommage sans le vouloir. : là l’arrêt Cousinet exclut la légitime défense considérant qu’il n’y a pas lieu
ici à retenir la légitime défense parce que l’acte est involontaire.

Exemple : personne importunée par son voisin de palier et elle referme la porte sur les doigts du voisin de
pallier, est-ce de la légitime défense ? La cour de cassation a considéré que pour cet acte involontaire il n’y
avait pas légitime défense.

Autre exemple : un individu est chez lui, entend du bruit, prend son arme, se retrouve nez à nez avec l’individu,
le coup de feu part au cours de la bagarre : la cour de cassation a accepté la légitime défense.

 3ème situation : la personne sait qu’elle est agressée, elle riposte volontairement mais, elle commet
une infraction plus grave que celle qu’elle avait envisagée. Il y a deux solutions possibles :

≤ soit la légitime défense, l’acte de riposte est disproportionné par rapport à la gravité de l’infraction et
dans ce cas la cour de cassation considère qu’il n’y a pas légitime défense.

≤ La riposte et l’agression sont proportionnées (même si l’acte à des conséquences involontaires), la JP


n’est pas très claire : sous l’ancien CP elle refusait de considérer qu’il y avait légitime défense car
l’infraction était involontaire, avec le nouveau CP, les choses sont discutables et la JP va dans des sens
assez différents.

C- La preuve de la légitime défense


PRINCIPE : La personne qui allègue la légitime défense doit démontrer qu’elle était bien dans ces
circonstances.

MAIS : pour faciliter les choses, dans 2 situations la loi a institué une présomption simple . Ce sont des
présomptions simples et cela a pour conséquence que la légitime défense sera présumée, il faudra démontrer
le contraire, qu’il n’y a pas légitime défense.

≤ Présomption simple lorsque la légitime défense est utilisée pour repousser de nuit l’entrée par
effraction, par violence ou par ruse dans un lieu habité.

≤ Lorsqu’elle est utilisée pour se défendre contre les auteurs de vol ou de pillage exécutés avec
violence.

Conclusion : pour le commandement de l’autorité légitime, l’ordre de la loi où légitime défense, si ces faits
justificatifs sont retenus, dans ce cas la, la personne est exonérée de sa responsabilité à la fois civil et
pénale.

IV- L’état de nécessité :


Article 122-7 du Code pénal : « situation dans laquelle le danger est tel qu’il nécessite la commission d’une
infraction de gravité inférieure pour pouvoir y parer ».

L’état de nécessité est assez récent, c’set un fait justification qui a été crée de toute pièce par la JP (CA Colmar
25 juin 1958, « Le sage »).

Cet état de nécessité se justifie socialement, il se fonde sur une notion d’équité : quelqu’un pour braver un
danger, commet une infraction, on ne peut pas lui reprocher cette infraction.
Exemple : pour éviter que des enfants meurent de faim, on vole du pain : état de nécessité pourra être retenu.

C’est une situation qui a été dans un premier temps développée par la jurisprudence puis qui a été dans le
code pénal.

Dans la JP : on trouve cet état de nécessité dans le droit romain, germanique.


Saint Thomas d’Aquin expliquait que le vol pouvait éventuellement être justifié en cas de nécessité.
 Dans le Code pénal de 1810 on trouve cet état de nécessité à plusieurs reprises mais pas comme un
fait justificatif général.

C’est dans un arrêt de 1898 qu’on trouvera les prémices de ce principe.

Arrêt 1998 : « Dame Ménard » : mère de famille vole du pain pour nourrir son enfant qui est sur le point de
mourir de faim. Elle est poursuivie pour vol.
 ému par son histoire le tribunal correctionnel estime que cette mère est irresponsable pénalement
car elle a agi sous la contrainte.
 La cour d’appel reprend l’idée selon laquelle la mère ne peut pas être poursuivie mais l’argument est
différent : elle considère que la mère n’avait pas d’intention délictueuse car elle avait la volonté de
nourrir son enfant = assimilation un peu entre le mobile et l’élément moral (conscience et volonté
d’agir dans tel ou tel sens).

On dit que cet arrêt est à l’origine de l’état de nécessité. Les faits étaient proches de ce qu’on considère
aujourd’hui comme l’état de nécessité mais sur la justification du comportement répréhensible on n’y est pas
du tout.

C’est dans un arrêt du tribunal correctionnel de Colmar puis dans un arrêt de la cour de cassation du 6
décembre 1957 que l’état de nécessité va être défini de manière autonome : une mère associait sa fille à sa
vie sexuelle de débauche. Elle fait rentrer deux hommes un soir chez elle en même temps que sa fille (= elle
entrainait sa fille à avoir des relations sexuelles = elle l’associait à ses propres relations sexuelles). Le père est
témoin involontaire de ces faits, il pénètre de force chez sa femme et expulse les deux garçons. Le père est
condamné pour violation de domicile. La CA de Colmar infirme le jugement en considérant que « en vertu des
principes généraux du droit et de ceux du droit naturel la reconnaissance de l’état de nécessité est un
fondement du droit qui consiste dans la situation dans laquelle se trouve une personne qui pour
sauvegarder un intérêt supérieur n’a d’autres ressources que d’accomplir un acte défendu par la loi ».

On a une définition jurisprudentielle de l’état de nécessité qui sera reprise par la suite, jusqu’à sa consécration
dans le Code pénal de 1992 : l’état de nécessité sera associé aux causes objectives d’irresponsabilité.

Conditions pour que l’état de nécessité soit retenu : Plusieurs conditions doivent être remplies. Ces conditions
sont souvent assez proches de celles qu’on exige en matière de légitime défense.

A- Les conditions relatives au danger


En ce qui concerne la notion de danger : LE DANGER : c’est une menace, c’est un risque qui compromet
l’existence ou le bon état de quelque chose ou de quelqu’un. Il peut s’agir d’un danger physique ou d’un
danger moral, que le danger existe pour soi-même ou éventuellement pour autrui.

Exemple : Une mère de famille a giflé une fille qui détourné son fils du droit chemin, la gifle était la pour
protéger une valeur supérieure, donc la cour à considéré qu’il y avait état de nécessité, donc la riposte de la
maman était légitime.

Il faut que le danger :

o existe ou qu’il soit fort probable.


o Soit actuel : concomitance entre l’acte de sauvegarde et le danger.

CA Papete 25 juin 2002 : une personne était au stade terminal d’une maladie grave, devenu paraplégique. Pour
soulager sa douleur, elle a mis en place des cultures de plants de cannabis qui lui permettait de supporter sa
douleur, la CA a considéré qu’en l’espèce, le prévenu était exposé à un danger imminent, son état de santé lui
causant de graves souffrances auxquelles la médecine ne pouvait pas répondre et donc que le moyen employé
n’était pas disproportionné et donc n’a pas été poursuivi pour culture et trafic de stupéfiants.

o Injuste : le danger doit être illégitime. S’il est d’origine légal, l’état de nécessité ne peut pas être
retenu.

Faut-il retenir l’état de nécessité lorsque le danger à été crée par la personne alléguant l’état de nécessité ?

La JP considère en règle générale que le prévenu ne saurait prétendre avoir agit en état de nécessité dès lors
qu’il s’est volontairement placé dans une situation l’obligeant à commettre une infraction en cas de
survenance prévisible du danger.

Exemple : la cour de cassation a considéré que le prévenu qu’il ne règle pas l’essence qu’il a pris à la station
service et qui en s’enfuyant heurte le pompiste qui l’empêchait de s’enfuir, ne peut pas se prévaloir de l’état de
nécessité. La personne qui construire un garage sans permis de construire sachant que cette autorisation lui
serait refusée, ne peut invoquer l’état de nécessité.

B- Les conditions relatives à la réaction de sauvegarde


o Elle doit être nécessaire : il ne doit pas y avoir eu d’autres réactions possibles face à la menace du
danger.
Exemple : le fait de démonter un Mc Donald n’était pas une solution nécessaire pour protester contre la sur
taxation du roquefort aux USA.

o Elle doit être proportionnée : il reviendra au juge de déterminer si l’infraction commise permet de
protéger une valeur supérieure à celle protéger par l’infraction violée.

Exemple : Fin des années 90, une dame a volé des quantités de viandes importantes pour ses enfants et à clamé
l’état de nécessité. La cour a refusé l’état de nécessité car il y avait disproportion de l’acte commis (quantité de
viande volé) et l’état de nécessité. C’est au cas par cas que le juge détermine la proportionnalité ou non.

o L’infraction peut être volontaire ou involontaire, peu importe. La cour de cassation a retenue l’état de
nécessité dans des cas ou l’infraction commise était involontaire.

Exemple : un automobiliste pour éviter d’écraser sa femme et son fils qui avait été éjecté de la voiture qu’il
conduisait car la portière était ouverte, il se déporte sur la voie de gauche et entre en collision avec une voiture
venant en sens inverse et cause un accident. Ici, même si les violences face à l’autre automobiliste sont
involontaires, on a considéré qu’il y avait état de nécessité.

Comme pour la légitime défense, le commandement de l’autorité légitime, l’état de nécessité fait disparaître la
responsabilité pénale de l’individu. En revanche, spécificité de l’état de nécessité, la responsabilité civile de la
personne en cause va pouvoir subsister sachant qu’en principe il faut qu’elle soit fondée sur toute faute de sa
part ne relevant pas des articles 1382 ou 1383 du code civil.

V- Le consentement de la victime :
Ce n’est pas un fait justificatif en droit français, en revanche il y a d’autres droits dans lesquels il peut être
considéré comme un fait justificatif
A- Le principe : le consentement de la victime n’est pas un fait
justificatif pour l’agent
Le législateur de manière générale n’a en aucun cas (aucun texte de portée générale) affirmé que le
consentement de la victime est une cause de justification de l’infraction. AUCUN TEXTE NE LE DIT.

Quel est l’intérêt ?


La JP a déduit du silence du législateur que le consentement de la victime n’était pas une cause
d’irresponsabilité pénale.

Pourquoi ?
Car le droit pénal n’est pas là pour permettre une rétribution de la victime mais il est là pour protéger l’ordre
public, l’intérêt public. Lorsqu’une infraction est commise c’est d’abord l’atteinte à l’ordre public qui est
réprimée puis en second lieu un dédommagement fait à la victime.

Le procureur a fait un pourvoi et la cour de cassation rappelle que le consentement de la victime d’un
homicide ne saurait en aucun cas légitimer cet acte et que finalement peu importe que la victime du meurtre
y ai consenti et que l’auteur ait voulu intenter également à sa propre vie.

Cela justifie le fait que l’euthanasie est toujours poursuivie en matière pénale.

Pour l’euthanasie : La JP a tiré partie du silence de la loi et considère qu’en l’espèce, le fait d’aider activement
quelqu’un à mourir constituait une infraction d’homicide volontaire et donc qu’on ne pouvait écarter la
responsabilité de la personne en question. Les juridictions prononcent souvent des non-lieux et lorsqu’il n’y a
pas poursuite du procureur ou de la partie civile, sa s’arrête là. Même en cas de poursuite, la personne est
condamnée sur le principe, mais la peine minimale est prononcée avec sursis ou absence de peine. Parfois, la
JP prend en compte non pas le fait justificatif du consentement de la victime, mais dans certains cas, a
considéré qu’il y avait contrainte qui a entraîné une aide active à la mort. >>> En aucun cas le consentement
peut venir exonérée la personne de sa responsabilité pénale.

Le duel : si on provoque en duel une personne, qu’elle accepte et que l’un meurt : celui qui le tue sera
poursuivi pour homicide ou violence volontaire. Aucune possibilité pour le vainqueur d’un duel d’alléguer un
fait justificatif.

Le suicide collectif : les survivants peuvent-ils être poursuivis pour homicide volontaire ? La JP a considéré que
le consentement de la victime ne venait en rien supprimer la responsabilité de l’auteur du meurtre.

Arrêt chambre criminelle 22 juin 1938 : affaire Copillet dite l’affaire des amants du bois de Boulogne : ils ont
décidé de mourir ensemble pour être réunis dans la mort. Chacun des amants devait tirer dans la tête de
l’autre : ils seraient morts ensembles et auraient été ensembles pour l’éternité. Le jeune homme a survécu à
ses blessures. Il est poursuivi par la justice d’homicide involontaire. Il bénéficie d’une ordonnance de non-lieu :
les juges sont touchés par son histoire. Les juges soutiennent que le suicide n’est pas une infraction (même si
c’est lui qui a tiré), et que s’il n’avait pas échappé à la mort, il n’y aurait pas eu crime. Le procureur a formé un
pourvoi dans l’intérêt de la loi. La cour de cassation : peu importe que la victime ait voulu mourir en même
temps que son assassin, peu importe que l’assassin ait aussi voulu mourir, des poursuites pour l’assassinat en
l’espèce sont tout à fait fondées.

B- Les exceptions: le consentement de la victime peut entraîner


l’impunité de l’agent
Ce sont des exceptions qui ne sont pas de vraies exceptions. En réalité, ce sont tous les cas ou l’absence de
consentement de la victime est un élément constitutif de l’infraction.

Par exemple : il peut paraître logique qu’une personne ne peut en violer une autre si cette dernière donne son
consentement à l’acte sexuel. De la même manière, si on commet un vol, on ne peut pas voler le bien que
quelqu’un nous a volontairement remis, on ne peut pas être séquestré arbitrairement si on a consenti à la
séquestration.

Le consentement de la victime n’est pas une cause d’irresponsbilité pénale sauf cas vraiment particuliers
dans lesquels on n’a pas une réelle exception.

Chapitre 2 : Les causes subjectives


d’irresponsabilité
Ce sont des circonstances ayant un lien avec la personnalité de l’auteur de l’infraction et qui vont empêcher la
mise en œuvre de sa responsabilité pénale.

Section 1 : L’existence de troubles psychiques ou


neuropsychiques
=== trouble mental.

Personne atteinte d’une maladie mentale peut-t-elle être jugée pénalement ?

C’est une question ancienne, déjà sous l’empire romain, la personne atteinte d’un trouble mental était
considérée comme irresponsable.

Petit à petit, avec l’arrivée des tribunaux ecclésiastiques et avec le développement de la justice royale, sous
l’ancien droit les personnes souffrant de troubles mentaux étaient traités de manière assez divergente sachant
que dans certains cas elles pouvaient être soupçonnées d’être possédé par le démon (donc cela se finissait mal
pour elles).

Le code pénal de 1810 fait échapper les malades mentaux à la responsabilité pénale : dans ce code on parle de
« personnes souffrant de démences » qui ne seront pas poursuivis. Ce terme de démence n’était pas adapté
car médicalement c’est une notion particulière (la démence est une maladie spéciale).

Le code pénal de 1992 reprend l’irresponsabilité des personnes physiques atteintes de troubles psychiques ou
neuropsychiques : troubles ayant aboli leur discernement = ces personnes ne sont pas responsables
pénalement : article 122-1 du Code pénal.
MAIS il faut que le trouble psychique ou neuropsychique ait aboli leur discernement. S’il n’a fait qu’altérer le
discernement, la responsabilité pénale subsiste.

Justification de l’irresponsabilité pénale : La personne ne sais pas faire la différence entre le bien et le mal et
donc il y a un problème quand à l’élément moral. En droit pénal, il y a la notion d’imputabilité qui joue un rôle
important, qui fait qu’il faut que la personne soit consciente de ses actes pour que ceux-ci soient
répréhensibles.

La question de la responsabilité des personnes atteintes d’un trouble mental a suscité de vives réflexions en
doctrine :
 Certains estiment qu’il n’y a pas à opérer de distinction entre les criminels fous et les autres car les
criminels fous ne sont que des criminels ordinaires qui trouvent dans leur folie l’occasion de
commettre les crimes les plus graves = folie ne serait qu’un prétexte à la commission d’infractions.
--> Ce sont ces mêmes auteurs qui considèrent que c’est la dangerosité de la personne qui doit être
mise en avant.

 D’autres considèrent que les personnes souffrant de trouble mental ne doivent pas être
sanctionnées, qu’il faut en revanche prendre en considération cet élément pour choisir une prise en
charge adaptée.

 Positions intermédiaires : auteurs qui vont dire que finalement il faudrait écouter les personnes ayant
commis ces actes, leur permettre de revendiquer leur responsabilité….

C’est un débat qui a ressurgit dans les années 2000 : en 2004, assassinat de deux infirmières par une personne
qui était folle, un projet de loi est préparé pour qu’on juge les personnes souffrant de trouble mental comme
les personnes non atteintes de troubles : la loi du 25 février 2008 est venue confirmer le principe de
l’irresponsabilité pénale en cas de trouble mental mais elle a supprimé l’idée du non-lieu psychiatrique,
désormais il y a toute une procédure à suivre lorsqu’une telle personne est poursuivie par la justice.
Pour que le trouble psychique puisse avoir une conséquence en matière pénale, plusieurs conditions doivent
être réunies.

Article 122-1 Code pénal « n’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte au moment des
faits d‘un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes ».

I- Un trouble psychique ou neuro psychique


concomitant à la commission de l’infraction :

A- La notion de trouble psychique ou neuropsychique :


Entre l’ancien code pénal et le nouveau code pénal on a modifié les termes employés. Là où l’ancien code
pénal parlait de trouble mental, le code pénal de 1992 parle de troubles psychiques ou neuropsychiques.

Pourquoi ce changement ?
Car la terminologie actuelle permet un champ d’application beaucoup plus étendu.
 Donc le trouble psychique ou neuropsychique s’entend non pas seulement d’une maladie mentale
mais c’est aussi tout trouble de l’esprit ou du comportement affectant le discernement.

≤ On entend sous ces termes tout d’abord tout ce qui relève de l’aliénation mentale, du trouble
mental qui va abolir le discernement de la personne en cause, la personne ne pourra pas faire la
distinction entre ce qui est bien ou mal, et de ce fait l’élément moral de l’infraction ne sera plus
complètement rempli :
o Schizophrénie
o Paranoïa
o Psychopathie
o Arriération mentale
o Débilité
Toutes ces maladies sont couvertes par cette notion. Ce sont des maladies par lesquelles la
personne qui en souffre à une représentation totalement faussée du monde extérieur. Il faut une
incapacité à distinguer le bien du mal au moment où l’infraction a été commise.

≤ A ces maladies mentales on ajoute d’autres troubles qui anéantissent le discernement, le contrôle
de soi mais qui sont liés à un état nerveux :

o Le somnambulisme
o L’hypnose
o L’épilepsie
o Le fait d’être sous l’empire d’alcool ou de stupéfiants

L’hypnose :

Si de notre propre chef on se fait hypnotiser dans un but déterminé, cela ne pourra pas écarter notre
responsabilité. En revanche, si on se fait hypnotiser et que l’on nous suggère la commission d’un crime lors de
cette hypnose et que l’on passe à l’acte notre responsabilité pénale pourrait éventuellement être écartée.
Arrêt tribunal correctionnel Versailles, 13 mai 1970 : plusieurs personnes se présentent dans un hôtel
restaurant qui appartient à une personne mais c’est une autre qui l’exploite : celle qui exploite a 23 ans et est
enceinte, des personnes entre dans l’hôtel, lui prédisent l’avenir : on retient que l’hypnose est un élément ici
qui abolit le discernement de quelqu’un, qui le prive de sa manière de penser.

L’épilepsie :

Ces personnes au cours de leurs crises ne sont plus conscientes de leurs actes, ne maitrisent plus leurs actes.
Peut-t-on exonérer une personne de sa responsabilité pénale ?

De nombreux arrêts retiennent que l’épileptique en train de faire une crise peut être considéré comme ayant
un trouble psychique qui le prive de discernement.

Mais certains arrêts de la cour de cassation sont assez sévères notamment en cas d’accident de la
circulation. La cour de cassation a pu considérer que même si les faits avaient eu lieu en raison d’une crise
d’épilepsie, l’agent avait commis une imprudence en conduisant alors qu’il connaissait son état et le risque
éventuel de faire une crise : JP très sévère.

Le problème des intoxications :

Est-ce que le fait d’être ivre mort peut nous exonérer de notre responsabilité ? Ou si stupéfiants ?

La doctrine distingue 3 situations :

 1ère situation : l’agent est intoxiqué à son insu : personne respire des gaz toxiques, absorbe un
médicament qui aura des effets secondaires nous prévus, verre dans lequel quelqu’un met de la
drogue (pas prévu) : si l’absorption d’alcool, de stupéfiants (= produits toxiques de manière
générale) n’est pas dû à la volonté de l’auteur alors l’intoxication peut être une cause
d’irresponsabilité.
 2ème situation : personne qui s’intoxique (= prend drogue/alcool) pour se donner du courage, courage
pour commettre l’infraction, la doctrine considère que la personne s’est enivrée consciemment dans
le but de commettre une infraction, donc sa responsabilité doit être pleine et entière.

 3ème situation : personne qui s’intoxique, s’enivre volontairement mais qui va ensuite commettre une
infraction sans qu’elle n’ait voulu commettre l’infraction :

o si la personne commet une infraction volontairement après s’être intoxiqué, sa


responsabilité pourrait être écartée si on arrive à démontrer que son discernement est aboli.
o Si la personne a commis une infraction involontaire (s’enivre volontairement, prend le volant
de sa voiture et cause un accident : involontaire) sa responsabilité doit être pleine et entière.

La JP quant à elle n’apporte pas de solutions claires et précises. Les juges sont plus sévères à l’égard des
personnes qui ont commis une infraction en s’étant intoxiqué volontairement au préalable plutôt que de le
considérer comme une cause d’irresponsabilité.

Le problème de l’influence de l’ivresse sur la responsabilité pénale est une question de fait et donc qu’elle
relève de l’appréciation souveraine des juges du fonds. De manière générale le fait de commettre une
infraction sous l’empire d’alcool ou autre intoxication est soit plus sévèrement réprimé de la même manière
que l’infraction commise sous un état normal. En effet, l’alcool ou la drogue peut être une circonstance
aggravante pour certaines infractions, notamment pour tout ce qui est des atteintes involontaires à la vie.

 C’est l’expertise psychiatrique qui démontrera le trouble. Le juge n’est pas tenu de ces expertises.

Arrêt cour de cassation, 2005 : la personne qui faisait un malaise au volant n’était pas pénalement
responsable de l’accident qui s’en était suivi.

B- Un trouble concomitant aux faits :


Ce qui est important dans l’article 122-1 c’est le trouble, mais c’est surtout que ce trouble doit être
concomitant à l’infraction commise.

>>>Une personne qui souffre de schizophrénie et qui prend ses médicaments régulièrement peut vivre dans la
société sans soucis. Si cette personne commet un meurtre alors qu’elle n’est pas sous l’emprise de crise alors
sa responsabilité sera engagée comme n’importe qui.

>>>Une personne atteinte de somnambulisme qui commet l’infraction le jour : sera également responsable
comme n’importe quelle autre personne.

 Là encore, c’est l’expert psychiatre qui va devoir démontrer que le trouble a eu lieu au moment des
faits, avant, ou après.

+ En matière pénale, la preuve est libre : si le juge estime qu’il est assez informé il peut très bien décider de ne
pas avoir recours à une expertise psychiatrique ou décider de mettre de côté l’expertise.

Si c’est après les faits que le trouble mental apparait, la personne reste coupable : lorsque le trouble est
postérieur aux faits il y a généralement un sursis : la personne ne peut être jugée devant une juridiction de
jugement tant que le trouble mental persiste : pour garantir un procès équitable.
II- Les effets du trouble psychique sur la responsabilité
pénale :
L’article 122-1 prévoit deux situations.

 1ère situation : le discernement de la personne est abolit ou elle perd totalement le contrôle de ses
actes : la personne sera déclarée irresponsable (A).

 2ème situation : le discernement est seulement altéré ou la personne est simplement entravée dans le
contrôle de ses actes : sa responsabilité pénale reste mais en principe les juges doivent tenir compte
de la situation dans le quantum de la peine (B).

A- Le discernement est aboli :


La personne ne pouvait plus contrôlé ses actes et savoir si ce qu’elle faisait était bien ou mal. Dans ce cas-là
l’agent va être déclaré irresponsable pénalement et donc le juge ne pourra pas le condamner à une sanction
pénale.

Avant 2008 en règle générale soit la juridiction de jugement soit le juge d’instruction rendait un jugement de
relaxe ou une ordonnance de non-lieu : on ne rendait même pas de jugement, l’affaire était arrêtée très tôt.

Depuis 2008 : discussion sur le fait de savoir s’il faut juger ces personnes atteintes de troubles mentaux. Le
principe de l’irresponsabilité pénale de l’agent reste néanmoins une audience va pouvoir être mise en place
soit devant la chambre de l’instruction si on est dans le cadre de l’instruction soit devant la juridiction de
jugement, audience lors de laquelle les juges vont examiner :

 la réalité des faits,


 voir qui en est l’auteur ou pas,
 Statuer sur la responsabilité pénale de cette personne

=== IL Y AURA UNE AUDIENCE MEME SI PERSONNE IRRESPONSABLE EN RAISON DU TROUBLE MENTAL QU’IL
PRESENTE. La personne mise en cause peut ou non participer à l’audience de jugement.

A l’issue de cette procédure, les juges ont trois possibilités :

≤ Magistrats vont déclarer que la personne mise en cause a bien commis les faits et qu’elle est
responsable pénalement (= saine d’esprit au moment des faits).
o Si on est devant la juridiction de jugement : cela aboutit à une condamnation
o Si on est en instruction : cela aboutit à un renvoi devant juridiction de jugement.

≤ Magistrats considèrent que la personne n’a pas commis les faits qui lui étaient reprochés :
o Chambre d’instruction rend un arrêt de non-lieu
o Juridiction de jugement rend une décision de relaxe ou d’acquittement

≤ La juridiction considère qu’il existe des charges suffisantes à l’égard de la personne mise en cause
mais elle souffre d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant abolit son discernement :
o Chambre d’instruction rend une ordonnance d’irresponsabilité pénale pour cause de
trouble mental
o La juridiction de jugement rend soit un arrêt (cour d’assise) soit un jugement (tribunal
correctionnel) d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental.
Sachant que lorsque la juridiction va rendre cette décision, elle peut l’assortir d’une mesure
de sureté.

Les mesures de sureté :

 Hospitalisation d’office = mesure administrative par laquelle on va placer un individu qui est
dangereux à la fois pour lui et pour la société dans un établissement de soin où il pourra être pris en
charge et éventuellement soigné pour ses troubles psychiatriques.
MESURE LOURDE.

o Avant la loi de 2008 : lorsqu’un individu était reconnu irresponsable pénalement, le


procureur de la République appelait le préfet et c’est le préfet qui s’occupait de la suite de
la procédure : c’est lui qui décidait de l’internement.

o Depuis la loi de 2008 : la chambre de l’instruction ou la juridiction de jugement lorsqu’il


prononce un arrêt ou un jugement de déclaration d’irresponsabilité pénale pour cause de
trouble mental peuvent ordonner l’hospitalisation d’office de la personne en cause (= on
saute une étape)

Le juge ne peut prononcer l’hospitalisation d’office que par une décision motivée et il faut que cette décision
motivée soit confortée par une expertise psychiatrique attestant que les troubles mentaux de l’intéressé
nécessitent des soins et compromettent la sureté des personnes ou alors qu’il porte atteinte de façon grave à
l’ordre public.

Ensuite la mesure devient une mesure administrative : même procédure que pour les gens qui sont
hospitalisés par le préfet.

Pour en sortir il faut deux examens séparés et indépendants et deux psychiatres différents et n’appartenant
pas à l’établissement qui sont choisis par le préfet.

 Le juge peut soit de manière autonome, soit en complément de l’hospitalisation d’office, décider
d’une autre mesure de sureté pendant une durée maximale de :

o 10 ans en matière correctionnelle


o 20 ans en matière criminelle

Et pour les délits punis de 10 ans d’emprisonnement : assimilés dans leur régime aux crimes :
car autant des délits que des crimes peuvent être punis de 10 ans.

1— Le juge peut interdire à la personne en cause d’entrer en relation avec la victime ou


certaines catégories de personnes.

2—Le juge peut interdire à la personne concernée de paraitre dans tout lieu désigné.

3—Interdire à la personne de détenir ou de porter une arme.

4—Interdire à la personne d’exercer une activité professionnelle ou bénévole en lien avec


l’infraction ou alors impliquant un contact habituel avec des mineurs sans faire
préalablement l’objet d’un examen psychiatrique apte à exercer l’activité.

5—les mesures relatives au permis de conduire : annulation ou suspension du permis de


conduire.
Si la personne ne respecte pas ces règles, elle est passible d’une peine de 2 ans d’emprisonnement maximum
et de 30 000 euros d’amendes.

B- Le discernement altéré:
= une personne souffre d’un trouble psychique ou neuropsychique mais le trouble dont elle a souffert n’a
pas aboli son discernement, elle l’a simplement altéré et elle a entravé le contrôle de ses actes.

Comment savoir si le discernement est altéré ou aboli ?


Etude psychiatrique : une expertise psychiatrique permettra de savoir si le discernement est simplement
altéré ou s’il est totalement aboli.
Mais ces dernières années, comme les experts avaient été particulièrement mis sur la sellette, ils sont souvent
assez réticents à juger l’abolition totale du discernement et quand il y aura un doute ils seront plutôt enclin à
dire que le discernement est simplement altéré.

Lorsque le discernement est simplement altéré le principe veut que la responsabilité pénale subsiste mais
l’article 122-1 alinéa 2 prévoit que la juridiction tient compte de cette circonstance lorsqu’elle détermine la
peine et fixe le régime.

 La question s’était posée s’il s’agissait d’une obligation pour le juge de prendre en compte l’altération
ou que d’une faculté ?

Les juges considèrent que ce n’est qu’une faculté : il n’est pas obligé de prendre cela en considération pour
diminuer la peine.
MAIS dans une majorité de cas, l’altération de la responsabilité de l’individu va plutôt lui être défavorable et
aller dans un sens de sévérité du juge.

POURQUOI ?

Car cela relève souvent d’intoxication (alcool, drogues) : le juge sera alors plus sévère.

Dans les années 2000 on a évalué que 60% des personnes nouvellement incarcérées souffraient d’au moins un
trouble psychiatrique de moyenne ou forte gravité : dépression, paranoïa, psychopathie etc. Cela pose un
problème important aux directeurs de prison car il faut gérer des gens malades dans les locaux inadaptés et
avec des personnes pas formés pour de tels cas.

On a assisté à un effondrement des cas d’irresponsabilité pénale :

 Dans les années 80 : environ 5% des criminels étaient jugés irresponsables pénalement en raison d’un
trouble psychique ou neuropsychique
 Dans les années 2000 : ce chiffre est passé à 0,5 %.

Section 2 : La minorité
Pour savoir si une personne est mineur : on prend en compte le jour, l’heure et le lieu de naissance. C’est une
distinction importante car à quelques instants près, l’individu pourra être jugé comme un majeur.

Le mineur n‘est en principe pas jugé selon les mêmes règles que le majeur. Le principe qui a été posé par
l’ordonnance du 2 février 1945 est de faire primer l’éducatif sur le répressif en ce qui concerne la répression
des infractions commises par les mineurs.

 ORDONNANCE 2 FEVRIER 1945 = texte de base pour les mineurs.


Il n’y a pas de code pénal des mineurs, même si ceci avait été proposé.

Ceci a fait l’objet de nombreux débats : est-ce que les mineurs du fait de leur jeune âge doivent bénéficier d’un
traitement spécifique ou est-ce qu’il faut aligner les procédures relatives aux mineurs sur celles des majeurs ?

Au cours de ces dernières années on a eu plusieurs lois : notamment la loi du 9 septembre 2002 qui est
venue aligner les procédures prévues pour les majeurs et celles pour les mineurs.

Les mineurs disposent d’une procédure particulière sur deux points

≤ D’une part, sur le plan de la procédure pénale :

Les mineurs disposent de juridictions spécialisées :

 le juge des enfants : Ce juge des enfants a la double casquette d’être là non seulement pour prévenir
les atteintes sur les mineurs (protéger les mineurs) mais aussi réprimer les infractions commises par
les mineurs).
 Le tribunal des enfants
 La cour d’assises des mineurs

≤ D’autre part, au niveau des sanctions encourues :

Les sanctions vont être différentes de celles prévues pour le majeur.

I- Responsabilité pénale et discernement du


mineur :
La première question qui se pose est de savoir à partir de quand un mineur est responsable pénalement.

Le droit pénal, ne va s’appliquer à un individu qu’à partir du moment où le délit lui est imputable = à partir
du moment où il a le discernement nécessaire pour savoir que l’acte qu’il va commettre est conforme ou
non conforme à la loi.

A partir de quel âge un enfant va-t-il savoir que ce qu’il fait est bien ou mal ?

Cela dépendra des pays :

SYSTEME 1 :
 Dans des pays, on pose un âge minimal : en GB par exemple on estime que en dessous de 10 ans un
enfant n’est pas capable de savoir ce qu’est le bien et ce qu’est le mal. Mais à partir de 10 ans TOUT
enfant saura ce qui est bien ce qui est mal et sera pénalement responsable.

SYSTEME 2 :
 La France quant à elle a choisi un deuxième système qui figure à l’article 122-8.
Article 122-8 du code pénal : « les mineurs capables de discernement sont pénalement responsables
des crimes, délits ou contraventions, telle que l’ordonnance de 1945 le prévoit ».

Cet article 122-8 qui vient de la loi de 2002 vient confirmer une jurisprudence antérieure et notamment l’arrêt
du 13 décembre 1956 LABOUBE qui avait considéré que « l’infraction n’existait que si elle était l’œuvre de la
volonté de son auteur ».

Dès lors, si le développement intellectuel du mineur n’était pas suffisant pour comprendre la portée de
ses actes, il ne commettait pas d’infraction pénale.
Donc il n’y a pas de seuil défini pour l’âge de discernement : en droit français il n’y a pas de seuil fixé. C’est
vraiment au cas par cas que les magistrats vont déterminer si le mineur était capable ou non de discernement.

Exemple : dans un arrêt de 2004 les magistrats ont considéré qu’un mineur de 7 ans qui avait commis des
agressions sexuelles sur 2 jeunes enfants après avoir visionné un film pornographique appartenant à son père
n’était pas responsable pénalement car on a estimé qu’il n’avait pas encore le sens des interdits et on a
considéré que son entourage n’avait pas essayé de lui expliquer qu’il fallait essayer de contraindre ses pulsions :
enfant de 7 ans non pénalement responsable.
Mais dans certains cas on a pu considérer qu’un mineur de 10 ans avait commis un acte pénalement
répréhensible et qu’il n’était pas privé de discernement.

 UNE SPECIFICITE VRAIMENT FRANCAISE.


 Cela existe dans d’autres pays, mais de nombreux pays ont mis un âge minimum.

Si les magistrats estiment que le mineur est privé de discernement (ne comprend pas la portée de ses actes),
il sera irresponsable pénalement.

MAIS le juge des enfants qui sera saisi de son cas peut en tant que protecteur des enfants prendre des
mesures de protection.
(Par exemple le juge peut enlever l’enfant et le mettre dans un foyer d’accueil).

MAIS ceci sera une mesure de protection pour l’enfant et non pas une sanction, ce ne sera pas pour le
punir : d’où également le double rôle du juge des enfants qui doit également protéger l’enfant.

II- Les sanctions applicables aux mineurs :


Il ne sera sanctionné que s’il a été reconnu capable de discernement.
Les mineurs capables de discernement peuvent être sanctionnés pénalement : tout va en fait dépendre de
leur âge : on va avoir des catégories d’âges.

A- De l’âge du discernement jusqu’à 10 ans = le mineur en dessous de 10


ans :
Si le mineur est reconnu capable de discernement il peut être jugé s’il a moins de 10 ans mais aucune peine ne
pourra être reconnue contre lui.

 LE MINEUR NE PEUT EN AUCUN CAS SE VOIR INFLIGER UNE PEINE.


 Le juge peut juste prononcer à son encontre une mesure de protection, d’assistance et d’éducation.

Exemple :

 le mineur peut faire l’objet d’une admonestation : équivalent du rappel à la loi chez le majeur : il
explique au mineur que ce qu’il a fait n ‘est pas bien et que la prochaine fois il risquera des
conséquences plus graves.

 Le mineur peut faire l’objet d’une mise sous protection judiciaire.

 Le mineur peut faire l’objet de ce que l’on appelle une liberté surveillé : il vivra sa vie normalement
mais il sera suivi par la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse).

B- Le mineur de 10 à 13 ans :
S’il est reconnu coupable d’avoir commis une infraction, le mineur peut toujours faire l’objet de mesures
éducatives mais en plus de ces mesures éducatives le juge peut prononcer ce que l’on appelle les sanctions
éducatives.

Exemple de sanctions éducatives :

 L’exécution de travaux scolaires


 L’interdiction de se rendre pendant 1 an max dans le lieu de commission de l’infraction sauf si
résidence habituelle. Si école = cour par correspondance, ou changement d’école.
 L’interdiction de rencontrer la victime, les co-auteurs ou les complices
 Le suivi d’un stage de formation civique pour 1 mois
 La confiscation de l’objet qui a servi à commettre l’infraction
 Le placement en internat

B- Après 13 ans : Avant 10 ans : que des mesures éducatives.


Entre 10 ans et 13 ans : mesures éducatives + sanctions éducatives.
13 ans = âge pivot

1- De 13 à 16 ans :

Il peut faire l’objet :


≤ De mesures éducatives
≤ De sanctions éducatives
≤ De sanctions pénales

Il bénéficiera toutefois de l’excuse de minorité = il n’encourra que la moitié de la peine prévue pour un
majeur. AUTOMATIQUE.

2- De 16 à 18 ans :

Il peut faire l’objet :

≤ De mesures éducatives
≤ De sanctions éducatives
≤ De sanctions pénales

Sachant que pour les mineurs de 16 à 18 ans, l’excuse de minorité peut être écartée par le juge.
FACULTATIVE.

== le juge par une décision motivée peut dire que tel mineur ne peut pas bénéficier de cette excuse car l’acte
est par exemple très grave, ou très proche de celui qui aurait été commis par un majeur.

En cas de 1ère récidive, l’excuse de minorité est supprimée.

Pour certaines infractions en cas de 2ème récidive, l’excuse de minorité devient une exception ; le juge s’il
l’invoque devra justifier pourquoi il fait bénéficier le mineur de cette excuse de minorité. EXCEPTIONELLE.

Ccl : La minorité peut être une cause d’atténuation de la responsabilité ou une cause d’irresponsabilité si le
mineur n’a pas de discernement. Cependant, elle n’est pas une cause d’irresponsabilité civile.
Section 3 : L’erreur sur le droit
Cette cause d’irresponsabilité pénale est une cause qui est assez exceptionnelle et qui est entendue de
manière très stricte par les magistrats.

Une erreur de fait : la personne commet une infraction mais se trompe au moment de la commettre. De
manière générale, l’erreur sur le fait est indifférente à partir du moment ou elle ne touche au rien l’intention
de commettre l’infraction. Exemple : la personne commet un meurtre mais se trompe de victime, elle sera
toujours poursuivie pour meurtre. Si elle porte atteinte à l’intention de commettre l’infraction, la personne
ayant des armes chez elles jouant avec et qui pense qu’elles ne sont pas chargés, il n’y a pas d’intention, pourra
être poursuivi pour homicide involontaire.

On a une exception au principe selon lequel « nul n’est censé ignorer la loi » : l’erreur sur le droit :

≤ Admise dans un premier temps à partir de la moitié du 20ème siècle par la JP


≤ Qui figure depuis l’entrée en vigueur du nouveau code pénale dans celui-ci

DEF : il s’agit pour la personne poursuivie pour avoir commis une infraction de se dédouaner de sa
responsabilité en expliquant que de toute bonne foi il a certes commis l’infraction mais en pensant
respecter le droit.

o Il faut que l’erreur porte sur une règle de droit qui peut être d’origine législative ou règlementaire.
o Il faut que l’erreur ait été inévitable : les juridictions exigent de la personne qu’elle ait vérifié
l’information et qu’elle n’ait pas pu obtenir la solution pertinente.

Exemple d’admission de l’erreur de droit : une mère était poursuivie pour non représentation d’enfant, elle va
argué du fait que son avocat l’avait mal informé et de ce fait avais commis une erreur de droit.

Non admise : une société d’hypermarchés se voit reproché un délit en matière de concurrence. Elle a sollicité le
ministère pour savoir si elle avait le droit d’agir comme cela ou pas, le ministère ayant répondu qu’elle était
dans son droit, or le fait d’agir de cette manière constitue une infraction. La cour rejette l’erreur de droit en
considérant que cette société disposait de bons juristes qui auraient pu l’aiguiller et l’informer du fait que son
action était constitutive d’une infraction.

CA, Aix en Provence, 20 septembre 2007 : un individu se fait retirer son permis de conduire français. Il
demande au policier s’il peut conduire avec son permis de conduire internationale, le procureur répond que
oui, il est arrêté quelques jours plus tard pour défaut de permis de conduire, le permis de conduire
internationale est retiré automatiquement si plus de permis français. Ici, erreur inévitable la personne s’étant
renseigne auprès des autorités compétentes en la matière == ERREUR DE DROIT ADMISE.

o Il faut que la personne ait cru en la légitimité de son acte : la personne ayant commis l’erreur doit
démontrer sa bonne foi, que tout à chacun placé dans la même situation aurait pu se trompé ou être
trompé.

 C’est à la personne qui invoque une cause d’irresponsabilité pénale qu’il reviendra de la démontrer.

L’erreur entraine l’irresponsabilité pénale de la personne en cause, pas forcément son irresponsabilité civile.

Section 4 : La contrainte
 C’est le pendant pénal de la force majeur en droit civil.
L’article 122-2 du code pénal précise que « n’est pas pénalement responsable la personne qui a agi sous
l’emprise d’une force ou d’une contrainte à laquelle elle n’a pu résister ».

I- Les différentes formes de contraintes :


>>> La contrainte visée par l’article 122-2 est une contrainte qui peut s’appliquer aux personnes physiques
comme aux personnes morales.

>>> La contrainte peut être une contrainte physique et dans des cas exceptionnels une contrainte morale.

 Une contrainte physique : ce sont les circonstances naturelles ou des circonstances liées à un individu
ou à un animal, voir à une autorité publique qui font que la personne en cause inévitablement ne
puisse résister au fait de commettre une infraction.

o Circonstance naturelle : arrêt chambre criminelle 1861 : pour les personnes condamnées de
bannissement (= sanction à l’époque : on ne pouvait plus remettre les pieds sur le territoire
français) : ils sont sur un bateau, il y eu une tempête, les condamnés ont été rejetés sur le
rivage : circonstances naturelles ont fait qu’il n’y avait pas d’infraction.
o Provenant d’une personne physique : le coureur cycliste qui se trouve au milieu du peloton
renverse et blesse mortellement in policier : on a retenu la contrainte physique car le cycliste
n’était pas libre de ses mouvements.

 Une contrainte morale : n’est admise que très exceptionnellement : la contrainte va être dite morale
si les évènements agissent sur le libre arbitre, volonté de l’agent et supprime ses facultés de
détermination

Elle n’est que très rarement acceptée par les magistrats : car si on n’est pas dans le cas d’un trouble
psychique ou d’un état de nécessité, tout un chacun est libre d’agir comme il le veut et cela ne doit pas
entraver le libre arbitre.

Arrêt CA Dijon 19 décembre 1984 : Grands-parents poursuivis pour non représentation d’enfants : ils
craignaient que le père de l’enfant utilise son droit d’hébergement pour emmener son fils en Algérie alors qu’il
avait une grave maladie et qu’il était suivi.

Autre exemple : mère qui s’oppose au droit de visite des enfants du père : car le père est incarcéré pour
assassinat : elle ne veut pas l’emmener là-bas car cela aurait des circonstances graves sur l’état mental de son
mineur. Elle n’a pas commis l’infraction de non représentation d’enfant, la contrainte étant liée ici à la
dangerosité du papa et à l’impression forte que pouvait faire le fait de se rendre dans un établissement
pénitentiaire avec un enfant.

>>> L’origine de la contrainte va aussi pouvoir être prise en compte : qu’elle soit morale ou physique :

 la contrainte est en principe externe = ce sont des circonstances étrangères qui vont priver la
personne en cause de sa faculté d’agir.

 La contrainte peut éventuellement être interne = elle proviendra de l’individu lui-même, qui va en
raison de sa peur ou en raison de pulsions, agir de telle manière sachant que si la jurisprudence
accepte de temps en temps de reconnaitre la contrainte physique interne, elle rejette en principe la
contrainte morale interne.
Exemple de contrainte physique interne : la cour de cassation considère que la contrainte physique interne
peut être retenue ; en cela elle est plus large que la JP civile (en matière civile il faut que le fait soit extérieur
pour qu’il y ait force majeure, mais en droit pénal ceci est atténué). La contrainte physique est interne dans le
cas suivant : on a un individu qui est atteint d’une grave affection cardiaque, il ne peut plus donc subvenir aux
besoins de sa famille. Il est poursuivi pour abandon de famille. On a considéré qu’en raison d’une contrainte
physique (maladie) interne, l’abandon de famille ne pouvait pas être retenu.
Autre exemple : une personne avait un problème à la thyroïde : il manquait donc de self-control = effet de la
thyroïde. Il a commis un délit de fuite : mais en raison de ses problèmes internes physiques le délit de fuite
pouvait être rejeté.

 On ne retient jamais la contrainte morale interne : car sinon cela reviendrait à accepter toutes les
pulsions d’un individu.
 On a de très nombreux arrêts dans lesquels la JP refuse cette notion de contrainte morale interne :
toute une JP en matière de jeu. Exemple : la cour de cassation a rejeté le fait pour des militaires
d’invoquer des convictions politiques pour pouvoir justifier de leurs insubordinations.
 Parfois la JP a retenu la contrainte morale : CA Paris 27 juin 1968 : double suicide, demoiselle s’en
sort et invoque la contrainte morale et explique qu’elle n’a pas pu porté secours à la personne avec
laquelle elle devait se suicider. Ici, la CA a reconnu cet élément comme une impossibilité morale d’agir
et ne l’a pas condamné pour omission de porter secours à autrui.

La contrainte peut être physique ou morale.


Physique : externe ou interne est admise.
Morale : on admet la contrainte morale externe mais pas l’interne.

II- Les conditions d’admission de la contrainte :


Il faut que la contrainte soit irrésistible : que l’individu soit dans l’impossibilité absolue de se conformer à la
loi.  C’est la condition principale en matière de contrainte pénale.

Les juges ont toujours été très strictes, la cour de cassation a considéré que la défaillance des freins d’une
automobile n’était en rien une contrainte irrésistible. De même, la survenance en face de nous d’un véhicule
sur notre voie de circulation n’est pas non plus irrésistible. En revanche, constitue un événement irrésistible
l’état de panique et la survenance d’idée suicidaire chez un enfant à la perspective de voir son père et dans ce
cas là, on a considéré que cette contrainte justifiait le fait pour la mère de ne pas laisser son enfant à son mari.

Pour la contrainte morale : le juge est encore plus stricte que pour la contrainte physique et les arrêts qui
admettent l’existence d’une contrainte morale irrésistible sont très rares.
Exemple : dans le cas de non représentation d’enfant, la mère qui ne voulait pas emmener son fils voir son
père en maison d’arrêt.

On a vu que le caractère extérieur de la contrainte n’était pas obligatoire. Dans certains cas, la JP admet la
contrainte physique interne.

L’imprévisibilité ? L’article 122-2 ne nous répond pas à cette question, on ne sait pas si l’imprévisibilité est
exigée.
Une JP assez mitigée : de manière assez fréquente les juges retiennent que si la contrainte invoquée,
l’évènement invoqué est dû à la faute de la personne en cause, elle ne peut en aucun cas être justifiée.

On a plusieurs arrêts en ce sens :


≤ Arrêt où l’abus de confiance a été retenu à l’égard d’une personne à laquelle ses objets avaient été
confiés et qui n’a pas pu représenter ses objets en raison d’un vol qui n’avait été possible qu’à cause de
son défaut de surveillance.
≤ De même, dans une affaire de non représentation d’enfant, une mère qui refuse de laisser l’enfant à
son père = de faire exercer le droit de visite, en raison de l’état de panique et des idées suicidaire du
mineur mais dans le cas de l’espèce c’était la mère qui avait conditionné l’enfant pour qu’il ait peur de
son père = faute de la mère qui était à l’origine de cela.

Cette position jurisprudentielle est assez critiquée par la doctrine  critique qui dit que la justice est assez
sévère.

III- Les effets de la force majeure :


La contrainte va avoir comme conséquence de supprimer la responsabilité pénale de la personne en cause.

C’est une cause subjective d’irresponsabilité pénale : donc si on a un auteur et un complice : si on a l’auteur
qui est mineur ou qui souffre d’un trouble, cela ne rendra pas irresponsables les complices : cela n’aura
aucune conséquence par rapport au complice.

Pour l’erreur de droit et la contrainte il faut voir dans quelle condition se place le complice.

La contrainte supprime la responsabilité civile de l’agent, parce qu’ici on est dans une circonstance très
proche de celle de la force majeure qui exonère de la responsabilité civile.

TROISIEME
PARTIE
LA SANCTION
PENALE

Il faut distinguer :

≤ la peine qui est infligée à un individu à la suite d’un procès pénal par un tribunal qui ayant constaté
l’infraction va déclarer la personne coupable. La peine en tant que telle est la réaction de la société
face à la commission d’une infraction.

≤ Cette peine il faut la distinguer d’une autre notion qui est la notion de mesure de sureté.
La mesure de sureté n’aura pas de caractère sanctionnateur comme la peine mais ce sont
l’ensemble des mesures qui vont être prises de manière préventive dans le but d’éviter la
commission d’une nouvelle infraction.

Mais la distinction n’est pas forcément évidente à faire.


Il y a des peines complémentaires : on retrouve des mesures qui à d’autres moments sont considérés comme
mesures de sureté. Le législateur lui-même confond les 2.

Quel est l’intérêt de la sanction pénale ?


Pour une partie de la doctrine, l’idée est que chaque individu a le choix de commettre ou pas une infraction. Si
la personne choisie de commettre une infraction, à travers la sanction on va la punir pour son acte et
éventuellement essayer d’influer sur son choix pour l’avenir.

Pour ces auteurs, la sanction pénale à une double fonction :

 La fonction rétributive : la personne qui a pêché devra en subir les conséquences. Dans une première
acception, la peine est un châtiment qui est là pour faire souffrir le délinquant en proportion de la
souffrance qu’il a lui-même causé à la société.

 La fonction d’intimidation : une fonction qui est souvent mise en avant mais dont les conséquences
sont tout de même assez discutables : la peine aurait pour but de susciter une certaine crainte et
d’empêcher ainsi les individus de commettre une infraction.

Par exemple : jusqu’en 1939 en France, l’exécution de la peine de mort était publique : le but était
aussi de susciter un déclic dans la tête de la population.

Une autre partie de la doctrine, les positivistes ont donné un autre aspect à la sanction pénale en lui donnant
une fonction préventive. Les actions de l’homme sont prédéterminées, certaines personnes en naissant sont
destinés à être des criminels ou d’autres qui vont être des criminels occasionnels, donc classement en fonction
de la dangerosité des criminels. Certaines de ces idées ont été reprises d’un point de vue plus acceptable dans
la théorie de la défense sociale. Aujourd’hui on retrouve ce caractère préventif dans les sanctions mais surtout
dans les mesures de sûreté.

 La fonction de réadaptation ou d’amendement du délinquant : idée qui est née avec les philosophes
des Lumières (notamment avec Beccaria) : ils disaient que la peine qui n’avait pour but que de punir
était inutile et que le temps de l’incarcération devait également servir à réadapter le délinquant, à la
réinsérer dans la société.

C’est surtout après la fin de la 2 nd GM qu’on a eu des modifications législatives avec notamment la
création des remises de peine, des systèmes d’aménagement des peines, le but étant à terme d’éviter
une sortie sèche et donc de permettre à la personne en cause de revenir dans la société de la manière
la plus adaptée possible.

Chapitre 1 : La détermination de la peine

Section 1 : La distinction des peines principales,


alternatives, complémentaires et accessoires
Cette classification est d’origine législative reposant sur l’ordre dans lequel le juge doit prononcer les peines.

I. Les peines principales


Ce sont les peines qui sont prévues par la loi pour une incrimination donnée. En principe, on retrouve cette
peine juste après la définition du comportement interdit.
Exemple : Article relatif au meurtre = le fait de donner la mort volontairement a autrui = est puni de 30 ans de
réclusion criminelle.

Parfois les peines principales font l’objet d’un article autonome, comme le vol définit à l’article 311-1 du Code
pénal et les peines principales figurent à l’article 311-3.

C’est en se fondant sur cette peine principale que l’on va réussir à distinguer entre les crimes, délits et les
contraventions.

 En matière criminelle : la peine principale est la réclusion ou la détention criminelle.


 En matière correctionnelle : la peine principale sera l’emprisonnement, l’amende et pour certaines
infractions prévues par le code pénal, le travail d’intérêt général.
 En matière contraventionnelle : la peine principale est l’amende.

II. Les peines alternatives


Ce sont des peine crées par une loi du 11 juillet 1975. A l’époque en droit français, les peines principales
étaient soit l’emprisonnement ou l’amende. A partir des années 70’s on a une hausse de la criminalité, les
prisons sont surpeuplées. Le législateur va essayer de trouver des substituts à la peine d’emprisonnement.

Ce sont des peines que le juge peut prononcer à la place de la peine d’emprisonnement ou de la peine
d’amende.

A titre de peine principale, le juge peut prononcer :

≤ soit la peine principale prévue par le code pénal


≤ soit une des peines alternatives prévue par le code pénal

 Ces peines n’existent PAS en matière criminelle.


 En matière correctionnelle (article 131-5 et suivants CP) il y une série de peines alternatives : TIG qui
vient se substituer à une peine de prison, la peine de jour amende peut se substituer à une peine
d’amende. Le jour amende est une variante crée dans les pays scandinaves, le juge ne condamne pas
à payer une amende global, mais 30 jours amende d’un montant de 100 euros chacun par exemple.
 Pour les infractions punies d’une peine d’un an d’emprisonnement max et/ou d’une peine d’amende,
il y a les peines restrictives de liberté de l’article 131-6 CP pouvant se venir se substituer à la peine
principale : injonction de soin, confiscation de l’objet, stage de citoyenneté etc.

Que se passe-t-il si la personne n’exécute pas la peine alternative ?

Il est possible pour le juge, dans son jugement, de prévoir le maximum de l’emprisonnement ou de l’amende
que le condamné devra exécuter s’il ne respecte pas la peine alternative.

En matière contraventionnelle, des peines alternatives sont possibles seulement pour les contraventions de
5ème classe.

III. Les peines complémentaires


L’objectif est différent, ici l’objectif poursuivi est que ces peines viennent s’ajouter aux peines principales.
Elles sont prononcées par le juge en même temps que les peines principales.

On en trouve en matière criminelle, correctionnelle et contraventionnelle.


Matière criminelle : article 131-10 CP
Correctionnelle : article 131-11 CP
Contraventionnelle : article 131-16 et -17 CP

Exemple : peine de suspension du permis de conduire, obligation de suivre un stage de citoyenneté, interdiction
de rencontrer certaines personnes, interdiction d’exercer un métier dans une certaine activité ou en contact
avec certaines personnes, interdiction de se rendre dans certains lieux, injonction de soin etc.

Ce sont des peines pratiques touchant à la vie quotidienne, dont le but est de permettre au juge d’adapter la
sanction à la personnalité et à l’infraction commise.

Exemple :

Un individu est condamné pour agression sexuelle sur mineur : le juge va assortir la peine principale d’une
interdiction de travailler par exemple dans un milieu ou la personne pourrait être en contact avec des mineurs.

Dans un homicide involontaire lié à un accident de la route, le conducteur à conduit sous l’empire de l’alcool, le
juge prononcera en général la suspension voire l’annulation du permis de conduire.

A partir des années 70’s les peines complémentaires à explosé et le juge lorsqu’il va regarder quelles
sont les peines possibles va devoir faire très attention car bien souvent ces peines complémentaires
peuvent aussi être prononcées à titre alternatives et il faut faire attention car toutes les peines
complémentaires ne sont pas possible pour chaque infraction. Le juge devra faire attention à vérifier
que la peine complémentaire qu’il souhaite adjoindre existe bien pour l’infraction pour laquelle la
sanction est appliquée.

IV. Les peines accessoires


Elles ont été en principe supprimées par le nouveau code pénal.

Ces peines accessoires étaient presque du même type comme les peines complémentaires, mais la différence
et que ces peines accessoires étaient automatique. Dès lors qu’on était condamné pour une infraction précise,
automatiquement on subissait les pejnes complémentaires.

Condamnation pour meurtre : déchu des droits civiques.

Il y avait une atteinte au principe d’individualisation des peines, le CC dans une décision de 1999 à considéré
que ces peines accessoires étaient contraire à la constitution car elles étaient automatique, d’ou leur
suppression avec le nouveau code pénal.

Section 2 : Maximum et minimum légal de la peine


Le législateur fixe un maximum légal, c’est la peine encourue. Maximum légal au-delà duquel le juge ne peut
pas aller. Lorsque le juge prononce une peine, on parle de peine prononcée.

Pourquoi le juge ne peut pas aller au-delà ? Le principe de légalité fait que le juge ne peut pas aller au-delà des
peines maximums fixées par le législateur.

Avec le nouveau code pénal, le législateur ne fixe plus de minimum légal car on a considéré que fixer un
minium légal porté atteinte au principe de l’adaptation de la peine en fonction de la personne en cause. Tandis
que sous l’ancien code pénal on avait un minimum et un maximum.

Mais dans le nouveau code pénal, on a quand même un minimum dans deux cas prévus à l’article 132-18 CP :
≤ En matière criminelle, lorsque la peine encourue est la perpétuité, le minimum de la peine prononcée
est de 2 ans, sinon le minimum est d’1 an.
≤ Finalement le législateur est petit à petit revenu sur sa décision, notamment pour la récidive, la loi du
10 aout 2007 est venu instaurer un système de peine plancher. Lorsque le juge constate qu’une
personne est en état de récidive, la peine prononcée ne pourra être inférieur à un certain seuil fixé
par la loi. Sachant que le juge peut tout de même déroger à cette peine plancher en motivant sa
décision qu’il va fonder sur l’existence de garantie de réinsertion.

Ce dispositif de peine plancher a été étendue par une loi du 14 aout 2011 à la répression des violences graves,
et cela même si elles ne sont pas commises en état de récidive. Le projet de réforme pénal de 2013 a annoncé
la suppression prochaine de ces peines planchers.

Section 3 : Les peines applicables aux personnes


physiques
Il existe une multitude de peines possibles.

I. La classification des peines en fonction de l’atteinte


causée
A- Les sanctions corporelles
Ces sanctions étaient très en vogue, au moyen-âge sous l’Ancien régime, même encore sous le code
napoléonien, avec la peine de mort qui a été appliquée en France jusqu’en 1981.

L’abolition de la peine de mort figure dans la constitution française et pour la rétablir cela poserait problème
par rapport à la Conv EDH puisque la France a ratifié le protocole n°6 dont l’article 1 er dispose que « la peine de
mort est abolie, nul ne peut être condamnée à une telle peine, ni être exécuté ».

Cela ne signifie pas que les peines corporelles sont supprimées du droit français, il en existe quelques unes :

≤ Les obligations de soins : le juge, à titre de peine complémentaire voire alternative peut demander à
la personne concernée de se faire soigner.

≤ Le suivi socio-judiciaire : mesure crée par la loi du 17 juin 1998 relative à la prévention et répression
des infraction sexuelles. Article 131-36-1 et suivants du CP. C’est une mesure restrictive de liberté qui
consiste à soumettre le condamné sous le contrôle du juge d’application des peines à des mesures
d’assistance et de surveillance pendant une durée fixée par la juridiction de jugement. Ce suivi à été
crée dans le but de prévenir la récidive, notamment en matière de délinquance sexuelle. Dans un
premier temps ce suivi était exclusivement réservé aux infractions à caractère sexuel. En 2005, le
législateur à étendue le champ d’application du suivi socio-judiciaire aux infractions les plus graves ;
les atteintes volontaires à la vie, actes de torture ou de barbarie, incendie volontaire etc.

Ce suivi peut être prononcé par le juge en tant que peine complémentaire à une peine privative de liberté en
matière criminelle.

En revanche, en matière délictuelle, le suivi socio-judiciaire peut être prononcé à la fois comme une peine
alternative, ou alors comme une peine complémentaire.
C’est la juridiction de jugement ou le juge d’application des peines qui vont prononcer les différentes
obligations de la personne pendant ce suivi.

Dans le cadre de ce suivi, le juge peut prononcer une interdiction de fréquenter certains lieux ou certaines
personnes, en particulier les mineurs. Le juge peut aussi imposer à la personne l’obligation de se soigner. Il y a
toute une série d’autres obligations que le juge peut enjoindre à la personne qui sont les mêmes que celles
dans le cadre d’un sursis avec mise à l’épreuve.

Depuis 2005, il est également possible de placer la personne sous surveillance électronique mobile (bracelet).

La durée de ce suivi ne peut pas être supérieur à 10 ans en cas de délit et 20 ans en cas de crime (sauf
exception en matière criminelle).

C’est le juge d’application des peines du domicile de la personne qui vérifiera que la personne effectue
correctement son suivi. Si la personne suit son suivi sans problème, une fois le délai passé, il est mis fin à
toutes les mesures et la personne est automatiquement libérée. Mais si le condamné ne respecte pas les
mesures et les obligations imposées, la personne devra exécuter la peine privative de liberté à laquelle elle a
été condamnée.

B- Les sanctions atténuant la liberté


1- Les sanctions privatives de liberté

a) Liberté d’aller et de venir

 Emprisonnement en matière correctionnelle


 Réclusion en matière criminelle

C’est une nouveauté de la révolution française que d’enfermer les gens. En droit français, la peine
d’emprisonnement est une des sanctions principales prononcées. Il y a des établissements différents selon
laquelle la personne a été condamnée.

Pour les prisonniers condamnés à une peine de réclusion longue, il existe des maisons centrales (ici c’est
Ensisheim).

Pour les personnes en détention provisoire pas encore jugé et pour lesquels la peine d’emprisonnement est
courte, ce sont les maisons d’arrêts.

Pour les personnes en fin de peine existe des centres de détention avec à chaque fois des règlementations plus
ou moins sévères concernant la détention.

b) Les sanctions restrictives de la liberté d’aller et de venir

Le juge peut à titre de peine complémentaire interdire à une personne de se rendre dans certains lieux ou de
rencontrer certaines personnes.

Il peut exister une peine d’interdiction du territoire national. La personne va être expulsé et ne pourra pas
revenir sur le territoire avant une durée déterminée.

Le bracelet électronique qui peut être prononcé de manière substitutive à l’emprisonnement, la personne
devra respecter certains horaires et ne pourra pas sortir du lieu ou elle est assignée.

Le travail d’intérêt général, la personne devra effectuer certains travaux.


 Il faut le consentement de la personne pour le bracelet et le TIG.

2- Les sanctions patrimoniales

o L’amende
o Le jour amende : le juge détermine une somme pour un nombre de jours déterminés. Une somme
maximale peut être exigée par jour, mais est limité dans le temps. C’est le trésor public qui récupère
le jour amende, qui n’est pas la pour indemniser la victime, quoi elle recevra des DI.
o Confiscation de l’objet ayant conduit à la commission de l’infraction
o La fermeture d’établissement

3- Les sanctions privatives de droit

≤ Interdiction des droits civiques, civils et de famille : la personne ne pourra plus aller voter, sera
considéré comme un incapable sur le plan civil etc.
≤ interdiction d’exercer une activité professionnelle dans un certain domaine
≤ sanction relative au permis de conduire : suspension, annulation

Section 4 : Les peines applicables aux personnes


morales
La peine principale est l’amende. Elle est systématiquement encourue pour les personnes morales qui
commettent une infraction et pour déterminer la peine encourue pour les personnes morales on multiplie par
5 l’amende prévue pour les personnes physiques.

Le législateur a fixé une peine pour les cas ou la peine d’amende n’est pas encourue par les personnes
physiques, dans ce cas les personnes morales encourent 1 million d’euro d’amende.

Article 131-39 CP, toute une série de peines pouvant également être prononcée à l’encontre de la personne
morale.

La peine la plus grave est la dissolution de la personne morale. Cette peine ne peut être prononcée que pour
les infractions les plus graves crimes contre l’humanité, terrorisme, trafic de stupéfiants etc.

 seulement si la personne morale à été crée dans le but de commettre l’infraction


 ou a été détournée dans le but de commettre l’infraction.

Ensuite, une série d’autres peines : interdiction d’émettre des chèques, affichage de la décision etc.

Chapitre 2 : Le prononcée de la sanction pénale


Avant de prononcée la sanction le juge devra dire si la personne est coupable ou non et devra motiver sa
décision, qu’on soit en matière criminelle ou correctionnelle ou devant le tribunal de police.

ETAPES DU JUGE :
La juridiction de jugement va dans un premier temps décider de la culpabilité de l’individu.

1-Pour cela elle va déterminer si les faits portent atteinte à un texte de loi.

2-Ensuite elle vérifiera si l’élément matériel et si l’élément moral de l’infraction ont bien été réalisés.

3-Elle conclura soit à la responsabilité de la personne en cause, soit à son innocence, voir à son
irresponsabilité.

==== DECISION SUR LA RESPONSABILITE DE LA PERSONNE EN CAUSE : décision que les magistrats devront
motiver quelle que soit la juridiction devant laquelle on se trouve.

Depuis le 1er janvier 2012 : la motivation du choix de la culpabilité ou de l’innocence de l’individu est
également demandée devant la cour d’assises.

Avant cette date on considérait que comme c’était un jury qui rendait la décision, ce n’était pas nécessaire de
motiver la décision, ce n’est que pour être conforme à la CEDH que la France a décidé de motiver les arrêts
d’assemblée (arrêt Taxquet contre Belgique).

Motivation : le fait pour le juge de justifier l’existence de l’infraction et la culpabilité de la personne.

Puis dans un second temps elle décide de la détermination de la sanction pénale.

Le juge va devoir se décider sur une série de critères.

I- Le rôle du juge dans la détermination de la sanction


A- La détermination du montant de la peine

Le principe est un principe de liberté du juge : le juge pénal est libre de prononcer l’une des peines prévue
par le législateur pour les faits en cause.

 Cela veut dire qu’il peut décider de n’en prononcer qu’une seule, mais cela veut aussi dire qu’il peut
prononcer toutes les peines prévues par le code pénal.

Cependant le code pénal fixe des critères que le juge devra suivre : article 132-21 CP « le juge doit
individualiser la peine, qu’il doit retenir pour fixer la peine des éléments liés aux circonstances de l’infraction,
à la personnalité de son auteur, et s’il fixe une peine d’amende, le juge doit prendre en compte les revenus
de la personnes condamné. Il doit également prendre en considération les intérêts de la victime, la
considération de la société, et la prévention de la récidive ».

En général, le juge va regarder la situation de la personne, si elle est en état de récidive ou non.

Le juge n’est pas obliger de motiver la sanction pénale, sauf s’il décide de prononcer une peine
d’emprisonnement ferme (effective), il devra expliquer pourquoi il choisit l’emprisonnement ferme plutôt que
le sursit. Si la personne est en état de récidive, il devra expliquer pourquoi il la place sous sursis et pas sous
l’emprisonnement ferme
B- La détermination du régime de la sanction
On peut avoir une personne condamnée à 2 ou 1 an d’emprisonnement et qui en réalité ne verra jamais les
murs d’une prison. C’est le régime de la sanction.

1- L’exemption de la sanction

On est dans le cas ou le délinquant va être reconnu coupable de l’infraction mais n’exécutera pas de peine.

 Dispense de peine : article 132-59 CP. Elle s’applique aux délits et aux contraventions et ne
va être possible que sous certaines conditions.
o Il faut que le reclassement du coupable soit acquis : la personne doit avoir un travaille, participe à la
société etc.
o Il faut que le dommage soit réparé
o Il faut que le trouble résultant de l’infraction ait cessé.

La personne est tout de même reconnue coupable, mais on ne la sanctionne pas pour des raisons particulières.
Elle est utilisée en cas de tentative en matière d’euthanasie.

 L’ajournement du prononcé de la peine : cet ajournement est possible dans les mêmes
conditions que la dispense de peine mais dans l’ajournement on est dans le cas ou l’une des
3 conditions ou les trois conditions sont en voie de réalisation. La personne est entrain
d’indemniser la victime, vient de trouver un travail et donc le trouble social est entrain de
cesser. Dans ce cas, le juge prononce un ajournement de peine, renvoi la décision au
maximum à un 1 an et au moment de la 2ème audience, il regarde si la personne a remplie les
conditions pour bénéficier de la dispense de peine. Si les conditions sont remplies le juge
prononcera une dispense de peine, sinon une sanction pénale.

 L’ajournement avec mise à l’épreuve : les conditions sont les mêmes que pour
l’ajournement simple, sauf que pendant la période d’ajournement, la personne concernée
est sous le contrôle du juge d’application des peines et va devoir respecter un certain
nombres de conditions.

Si elle les respecte elle bénéficie d’une dispense de peine au terme du délai.
Sinon, lors de la 2ème audience, elle sera sanctionnée par une sanction classique.

2- Le sursis à l’exécution de la peine

C’est le fait pour le juge de prononcer une peine qui ne sera pas exécutée dans l’immédiat.

En droit français c’est une institution très importante. En matière délictuelle, le sursis est la règle et
l’emprisonnement ferme est devenue l’exception. Ceci pour marquer une certaine indulgence vis-à-vis de la
personne en cause. Le sursis est une sorte d’avertissement.

Il y a 2 types de sursis.

a) Le sursis simple

Le juge va prononcer une peine qui ne sera exécutoire que si certaines conditions sont réunies, notamment en
matière de réitération d’infractions. Ce sursis n’est pas possible dans tous les cas :
1. Il ne peut être accordé que si la personne n’avait pas commis de crime ou de délit ayant entraîner une
peine d’emprisonnement ou de réclusion dans les 5 années qui on précédés les faits. Si la personne a
été condamnée à une peine de prison dans les 5 ans précédents, elle ne pourra pas bénéficier du
sursis.

2. Toutes les peines ne peuvent pas être prononcé avec sursis. En matière criminelle et correctionnelle,
on ne peut prononcer le sursis qu’a une peine inférieure ou égale à 5 ans
d’emprisonnement/réclusion. En matière contraventionnelle, le sursis peut être prononcé
uniquement pour les contraventions de la 5ème classe.

Si le juge prononce une peine avec sursis, la peine n’est pas exécutée. Le juge n’est pas obliger de prononcer
l’ensemble de la peine avec sursis.

A partir du moment de la sanction s’ouvre un délai de 5 ans pour les peines criminelles et correctionnelles et
pour les peines contraventionnelles un délai de 2 ans.

Si pendant ce délai, le délinquant ne commet aucune infraction, au bout du délai la peine ne sera plus prise en
compte et ne pourra plus constituer un obstacle à l’obtention d’un nouveau sursis. En revanche, si pendant le
délai la personne commet une nouvelle infraction, le sursis peut être révoqué et dans ce cas la personne devra
exécuter à la fois la peine à laquelle il a été condamné et les peines antérieures accompagnées de sursis.

Exemple : Une personne à commis un vol en 2010 est condamné à un 1 an prison avec sursis, se tient tranquille
et en 2014 commet une escroquerie et est condamné à 2 ans de prison pour cela. Dans ce cas, le juge qui la
condamné à 2 ans de prison pour escroquerie peut révoquer son sursis pour la peine de vol, elle partira en
prison pas seulement pour l’escroquerie mais aussi pour le vol.

b) Le sursis avec mise à l’épreuve

Il existe depuis 1958. Il n’est applicable UNIQUEMENT aux personnes PHYSIQUES. Ce sursis est plus largement
ouvert que le sursis simple : il est ouvert à toute personne sauf à celle qui par le passé a bénéficié d’un sursis
avec mise à l’épreuve et qui a commis la même infraction en état de récidive.

Seules les peines d’emprisonnement inférieur ou égal à 5 ans peuvent bénéficier du sursis avec mise à
l’épreuve, jusqu'à 10 ans en cas de récidiviste. La encore, ce sursis peut n’être que partiel.

Mise en œuvre du sursis :

Le juge peut fixer un délai qui sera supérieur à 1 an minimum et qui devra être inférieur à 3 ans maximum.
Pendant cette période, la personne condamnée va devoir respecter certaines obligations qu’on trouve à
l’article 244 et suivants CP. Exemple : obligation de rencontrer le juge des peines tous les mois, de prévenir en
cas de déménagement et de changement d’emploi, de pointer au commissariat, interdiction de rencontrer
certaines personnes, de conduire certains véhicules, obligation de suivre des stages, des soins etc.

C’est le juge de la juridiction de jugement ou d’application des peines qui va choisir dans la liste les obligations
les plus adéquates à la personne en cause.

Si pendant le délai de probation, la personne commet une infraction ou ne respecte pas ses obligations, c’est le
juge d’application des peines qui va décider de prolonger la délai d’épreuve, soit de révoquer le délai de sursis
avec épreuve. S’il le révoque, la personne va en prison pour effectuer sa peine. Si le sursis avec mise à
l’épreuve réussi, le JAP peut déclarer la condamnation non avenue (=ne figure plus au casier judiciaire) si la
personne lui paraît tout à fait réinsérer.

c) Le sursis avec obligation d’accomplir un TIG


Article 132-54 CP.

C’est pareil qu’une mise à l’épreuve sauf que la personne doit accepter d’effectuer un TIG. Le reste, les règles
du sursis avec mise à l’épreuve s’appliquent.

3- L’aménagement de la peine

Il est du ressort du juge d’application des peines une fois la sanction prononcée. La juridiction de jugement
peut déjà prendre des mesures d’aménagements de la peine.

Elle peut par exemple décider que la peine sera exécutée selon le mode de la semi-liberté (=dans la semi-
liberté une partie de la peine d’emprisonnement est exécuté en dehors de l’établissement pénitentiaire. Une
personne va travailler la journée et la nuit va dormir en prison).

Ou alors, fractionnement de la peine : on va en prison pendant les vacances. La sanction pénitentiaire est
fractionnée, on exécute la peine d’emprisonnement ou d’amende selon des délais précis (pendant les
vacances par exemple)

 Le placement à l’extérieur : les personnes ne sont pas incarcérés dans un établissement pénitentiaire,
mais sont retenus dans des établissements particuliers qui leur procure également un travail, des
chantiers de travail, organisé et sécurité et ils bénéficient aussi de logement ou la personne devra
respecter certaines règles pour pouvoir les intégrer. C’est un but de réinsertion.

4- Le placement sous surveillance électronique (bracelet)

II. Les limites légales au pouvoir d’individualisation du juge


A- La récidive
C’est un problème d’actualité, le récidiviste étant devenu le bouc émissaire de tous les problèmes pénaux
français.

La récidive est l’état de l’individu qui après avoir été définitivement condamné pour une première infraction
en commet une nouvelle dans les conditions fixées par la loi. Cette récidive légale se distingue de la
« réitération d’infraction ». Il y a réitération des infractions lorsqu’un délinquant commet après avoir été
définitivement jugé une première fois une nouvelle infraction sans que les conditions légales ne soient remplis.

Si on est récidiviste, cela aura des conséquences particulières pour la peine


Si on est en réitération, cela aura des conséquences pénales mais pas forcément pour la peine.

Si un individu a commis une deuxième infraction sans avoir été définitivement jugée pour une première
infraction on est dans un cas de concours réel d’infraction.
Il y a tout d’abord une condition générale : il faut que la personne ait été condamné pénalement une
première fois par une juridiction française ou de l’union européenne, la condamnation doit être définitive.
Suite à cette condamnation pénale, il faut que la personne fasse l’objet d’une deuxième condamnation pour
une infraction commise postérieurement au premier jugement définitif.

Le code pénal fait des catégories et posent des conditions très précises de la récidive. En fonction de la gravité
des infractions, le code pénal parle de récidive spécial et de récidive général.

Récidive spécial : lorsque la personne pour être en état de récidive, doit commettre la même infraction que
celle pour laquelle elle a déjà été condamné ou alors une infraction qui lui ait très proche

Récidive général : quand la personne sera considéré en état de récidive quel que soit la nouvelle infraction
commise. Exemple : condamnation pour meurtre définitif et ensuite on commet une escroquerie.

Le code pénal distingue entre la récidive perpétuelle et temporaire :

Pour la récidive d’une condamnation prononcée pour un crime ou un délit de plus de 10 ans
d’emprisonnement, si la nouvelle infraction est un crime la récidive est dite perpétuelle, c’est à dire qu’il n’y a
pas de limite de temps à la constitution de la récidive. Ex : un individu qui commet un meurtre, sort de prison
et 25 ans plus tard commet un nouveau meurtre. Dans ce cas, il sera considéré comme étant en état de
récidive. Pour les autres cas, la récidive est dite temporaire, le législateur va fixer un délai pendant lequel la
personne pourra être considérée comme étant en état de récidive.

 Article 132-8 et suivants du CP.

Le législateur pose des conditions pour la première infraction et pour la seconde infraction commise. En
regardant ces conditions, on sera ou pas si la personne est en récidive.

1er cas : La première infraction est un crime ou un délit punit d’une peine supérieure à 10 ans
d’emprisonnement. La deuxième infraction commise étant un crime punit d’une peine criminelle.

Dans ce cas la, la récidive est générale, peu importe la nature entre les deux infractions. La récidive est
perpétuelle, peu importe le délai écoulé entre les deux infractions.

Conséquences :

- Lorsque pour la deuxième infraction commise, la peine prévue par le code est de 20 ou 30 ans de
réclusion criminelle, le récidiviste va encourir lui la réclusion à perpétuité.

- Si la peine est de 10 ou 15 ans de réclusion criminelle, on multiplie les peines par 2 : il encourra soit 20
ou 30 ans de réclusion.

La loi du 10 aout 2007 à crée les peines planchers, en deçà desquelles le juge pénal ne peut en principe pas
aller sauf s’il motive spécialement sa décision au regard des circonstances de l’infraction, de la personnalité de
l’auteur, et des garanties d’insertion ou de réinsertion présenté par celui-ci.

Exemple : Si la peine encourue est la perpétuité, si la personne est reconnue coupable, le juge ne peut pas aller
en-dessous de 15 ans. Si la personne bénéficie de circonstances de réinsertion particulière, le jury peut aller en
dessous mais doit expliquer la raison. Si une personne est multirécidiviste, le juge doit démonter que la
personne garantie exceptionnelle de réinsertion pour prononcer une peine inférieure.

 Cette aggravation de la peine touche uniquement la peine privative de liberté, pas les amendes.

2ème cas : La première infraction est un crime ou un délit punit d’une peine supérieure à 10 ans
d’emprisonnement. La deuxième infraction commise est un délit.
La récidive est toujours générale quel que soit le type d’infraction, de délit commis même s’il n’a rien à voir
avec la première infraction commise. Il s’agit d’une récidive temporaire. Pour qu’il y ait récidive, la personne
devra commettre l’infraction dans un délai de 10 ans si le second délit est puni de 10 ans dans un délai de 5
ans à compter de l’expiration de la peine si le délit est passible d’une autre peine délictuelle.

Exemple : un individu à commis un meurtre (30 ans réclusion), et reste 20 ans. Si elle commet un vol, elle est en
état de récidive légale même si le vol n’a rien à voir avec le meurtre. Si le vol est commis au bout de 10 ans, elle
ne sera plus en état de récidive légale.

Conséquences : la peine privative de liberté encourue sera multipliée x2. Depuis la loi de 2007 le législateur a
instauré des peines planchers en dessous desquelles le juge ne peut pas aller sauf à expliquer que la personne
bénéficie de garanties particulières de réinsertion.

3ème cas : La première infraction est un délit. La deuxième infraction commise est aussi un délit.

La récidive va être temporaire : la seconde infraction doit avoir été commise dans un délai de 5 ans à compter
de l’expiration de la peine.

La récidive est spéciale : contrairement à ce qu’on a vu précédemment, il faut que le deuxième délit soit
identique ou assimilé au premier délit commis. Le législateur va créer des sortes de famille de délit, quelque
soit le type de délit de cette famille, on peut être en état de récidive légale.

Exemple : la personne commet un vol. a l’expiration de sa sanction, elle commet une deuxième infraction dans
un délai de 5ans, cela peut être un vol, extorsion, chantage, abus de confiance, escroquerie, recel, blanchiment.

Conséquences : en matière correctionnelle, la peine d’emprisonnement est x2. La peine d’amende peut
également être x2 dans certaines limites posées par le code pénal.

4ème cas : La récidive contraventionnelle

Elle n’existe que pour les infractions punies d’une contravention de 5 ème classe. La récidive est spéciale : il faut
que ce soit la même infraction. La récidive est temporaire : la deuxième contravention doit être commise dans
un délai d’1 an à compter de la première.

La peine amende sera x2.

 La récidive est limitée à des cas très précis. Plus les infractions commises sont graves plus la possibilité
d’être en état de récidive est élargie.

Un projet de loi propose de supprimer les peines planchers, de mieux adapté la peine à la personne poursuivie,
et de créer une nouvelle peine : la « contrainte pénale » qui s’exécuterai en milieu ouvert et permettant un
accompagnement et un contrôle renforcé de la personne condamné. La contrainte pénale serait une nouvelle
peine qui pourrait être mise en œuvre lorsqu’un délit est punit d’une peine n’excédant pas 5 ans
d’emprisonnement, la personne justifiant de la nécessité d’un suivi socio-éducatif renforcé. Le juge prononcera
en même temps que la sanction pénale cette peine de contrainte pénale pour une durée comprise entre 6
mois et 1 an. Pendant ce temps, la personne devra répondre à certaines obligations (effectuer un TIG,
injonction de soin, certaines interdictions etc.) ensuite le juge d’application des peines pourra modifier cette
notion de contrainte pénale et l’adapter à la situation de l’individu.

Le projet de loi prévoit aussi des règles particulières en matière criminelle : réexamen de la peine, facilitation
des mesures de liberté conditionnelle et de réaménager des peines dans le but de facilité le retour à la vie
normale. Le juge peut très bien y déroger. Il peut adapter soit la qualification pénale par le biais des
correctionnalisation (oublier une circonstance aggravante ou un élément constitutif de l’infraction) pour éviter
de se situer dans un état de récidive.
B- Le concours d’infraction
Il y a concours réel d’infraction lorsqu’une infraction est commise par une personne avant que celle-ci ait été
définitivement condamnée pour une autre infraction. Dans ce cas la, si c’est un même tribunal qui jugeait les
faits, le juge devait prononcer pour les peines de même nature, une seule peine dans la limite du maximum
légal le plus élevé.

C- La période de sûreté
C’est une mesure d’aggravation de la peine, c’est une période de temps pendant laquelle la personne
condamnée à une peine privative de liberté ne peut bénéficier d’aucune mesure de faveur (comme la semi-
liberté, libération conditionnelle). C’est une peine apparue en 1978, dont le but était de créer une véritable
perpétuité réelle, la personne allait réellement effectuer sa peine.

La peine de sûreté peut être obligatoire (de plein droit) pour des peines prononcées > ou = 10 ans
d’emprisonnement ou lorsqu’un texte le prévoit explicitement. Si la peine prononcée est la réclusion criminelle
à perpétuité, la période de sûreté sera de 18 ans sachant que le juge peut éventuellement l’allonger à 22 ans
pour certaines infractions particulières (comme l’assassinat ou le meurtre accompagné d’un viol ou actes de
barbarie sur un mineur).

La période de sûreté peut être facultative dans les cas ou la loi le prévoit explicitement. Le maximum est de 22
ans en cas de réclusion à perpétuité. S’il s’agit d’un délit ou d’un crime, le juge peut aller jusqu’au 2/3 de la
peine.

Lorsque l’on est sous ce régime, on ne bénéficie d’aucune mesure d’aménagement de peine, pas de
fractionnement de celle-ci, aucune permission de sortir, pas de semi-liberté ni de liberté conditionnelle.
Exceptionnellement, le tribunal d’application des peines peut réviser cette mesure de sûreté, mais il faut que
les conditions de réadaptations sociales soient très sérieuses.

Chapitre 3 : l’exécution des peines


Pendant très longtemps, le juge d’application des peins était dans une sorte de zone grise. Finalement, au
moment des années 80, le législateur à crée une véritable juridiction de l’application des peines avec un rôle
juridictionnel de ce juge. Ce juge d’application des peines va pouvoir dans les limites fixées par la loi, adapter la
sanction pénale qui a été prononcée par la juridiction de jugement. Cela signifie qu’une fois la sanction
prononcée, la personne condamnée peut avoir été condamnée à un emprisonnement et ne jamais y mettre les
pieds.

Le procureur de la république : il va mettre les peines à exécution

Il pourra pour les peines de faible gravité, décider d’adapter ces sanctions, en les fractionnant ou suspendant.

La loi pénitentiaire de 2009 est venue poser la possibilité d’adaptation de modulation de la peine en laissant
une grande liberté en matière d’application de la peine pour les peines d’emprisonnement ferme inférieur à 2
ans pour un primo délinquant, inférieur à 1 an en cas de récidive. En principe, si une personne est condamné à
une peine inférieur à 2 ans et qu’elle est primo délinquante, elle n’ira pas en prison.

Il peut aussi saisir les juridictions d’application des peines pour adapter la sanction pénale.

Le juge d’application des peines


C’est un magistrat de l’ordre judiciaire pouvant prendre des mesures juridictionnelles visant à l’aménagement
de la peine. Il peut aussi modifier les sanctions pénales < ou = 1 an en cas de récidive ou 2 ans pour un primo
délinquant.

Le tribunal de l’application des peines

≤ Ce tribunal a été créé en 2004


≤ composé de 3 magistrats professionnels.
≤ Compétent pour se prononcer sur certaines mesures d’aménagement des peines : par exemple en
matière de suspension médicale pour des condamnés à de longue peine ou en matière de libération
conditionnelle. Il juge aussi du relèvement des périodes de sureté.
Période de sureté : période durant laquelle aucun aménagement des peines ne sera possible.
Quelles sont les différentes possibilités offertes aux magistrats ?

I. Les modalités d’exécution de la peine


A- Pour les courtes peines :
Pour les courtes peines la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 a prévu que « les personnes non incarcérées
condamnées à une peine inférieure ou égale à 2 ans d’emprisonnement ou alors les personnes incarcérées pour
lesquelles il reste à subir 2 ans maximum d’emprisonnement bénéficient dans la mesure du possible et si leur
personnalité et la situation le permettent d’une semi-liberté, d’un placement à l’extérieur, d’un placement sous
surveillance électronique, d’un fractionnement d’une suspension de peine, d’une libération conditionnelle, ou
d’une conversion prévue à l’article 132-57 du code pénal. Cette durée de 2 est réduite à un an si le condamné
est en état de récidive légale ».

BUT POURSUIVI PAR LE LEGISLATEUR :

 Avant 2009 : la peine maximale était de 1 an.


 Avec la loi de 2009 : on aménage presque automatiquement les peines inférieures à 2 ans : on
estime que le bénéfice tiré de courtes incarcérations est très faible : il vaut mieux permettre à la
personne de rester dans la société, d’effectuer la peine dans le cadre de la société, pour que la
récidive soit moindre.

La détention provisoire que l’individu a effectuée lors de l’instruction de l’affaire est déduite de la peine
mise en œuvre.

---C’est le ministère public qui informe le JAP des décisions et des dossiers dans lesquels un aménagement
direct des peines est possible.
--- Le parquet transmet également au magistrat la décision ou les décisions en cause. La personne est
ensuite convoquée devant le JAP.
--- Puis il est convoqué devant le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) entre 30 et 45 jours
à compter de l’information donnée par le ministère public.
--- Le SPIP doit réaliser une enquête sur la personnalité de l’individu.
--- c’est le JAP qui décide des mesures qu’il estime les plus adaptées à la personne en cause.

B- Les mesures juridictionnelles ou quasi-juridictionnelles


Au titre des mesures quasi juridictionnelles : le JAP va se prononcer en faveur ou non d’une permission de
sortie, d’une réduction de peine, d’une autorisation de sortie sous escorte.
Mesures juridictionnelles : la JAP va pouvoir prononcer les mêmes mesures d’aménagement que celles qui
pouvaient déjà être prononcées par la juridiction de jugement. Elle peut prononcer un fractionnement de la
peine, une semi-liberté si c’est pour la juridiction de jugement qui prononce cet aménagement, le JAP va
simplement adapter l’aménagement et le suivre. Si la juridiction de jugement ne l’a pas fait, il pourra intervenir
et sera liberté de prononcer une mesure d’aménagement de peine, fractionnement ou suspension d’appel,
semi-liberté, placements à l’extérieur. La JAP peut aussi décider de placer la personne sous surveillance
électronique.

Le JAP peut aussi décider de prononcer une libération anticipée de la personne en question (liberté
conditionnelle) article 729 CPC. Elle a pour but la réinsertion des condamnés et prévention de la récidive.
Comme les autres cas d’aménagements, elle peut bénéficier à tous les détenus majeurs ou mineurs
condamnés à une ou plusieurs peines privatives de libertés dans certaines conditions :

- La liberté conditionnelle pour le titulaire de l’autorité parental : si le condamné exerce l’autorité


parentale sur un enfant de moins de 10 ans ayant sa résidence habituelle chez lui, la liberté
conditionnelle peut être demandé s’il reste une peine inférieur ou égal à 4 ans à faire, si les faits qui
ont donné lieu à une condamnation ne son pas une infraction commise sur un mineur et si la
personne manifeste des efforts sérieux de réadaptation sociale.

- Le cas ou la personne condamnée l’a été pour une peine à temps et s’il lui reste une peine inférieure à
la moitié de la peine à laquelle il a été condamné. Si la personne a été condamnée en état de récidive
légal, il faut que la personne ait effectuée plus du double de la peine qui lui reste encore à faire.

- Si une personne est condamnée à la réclusion à perpétuité, elle devra attendre 18 ans de prison pour
bénéficier de la liberté conditionnelle.

Il faut que la personne montre qu’elle à un projet à la sorti : Exercice d’une activité professionnelle, Suivi d’une
formation, Fait de suivre un protocole médical.

Le JAP est compétent dans 2 cas :

- si la peine prononcée est < ou = à 10 ans


- s’il ne reste que 3 ans de détention à faire

Dans les autres cas, c’est le tribunal d’application des peines qui va être compétent. Si le juge ou le tribunal
décide d’octroyer la liberté conditionnelle, cela signifiera que la personne va être libérée de prison mais qu’elle
devra respecter un certain nombre de conditions pendant sa période d’épreuve qui lui aurait resté à faire en
prison ‘elle devra informer tout changement d’adresse au JAP, elle ne devra pas faire l’objet d’une nouvelle
condamnation avant la fin du délai d’épreuve, elle de devra pas faire l’objet d’une inconduite notoire etc) si
ces conditions sont remplis, la personne peut voir sa liberté conditionnelle révoquée et elle peut retourner en
prison pour le reliquat de la peine qui lui resté à faire.

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