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1.
Par sources du droit administratif - au sens formel du terme - il faut entendre les différents
types de normes dans lesquelles trouvent leur origine les règles à caractère général qui
sont applicables à l’administration.
N’en font donc pas partie les actes administratifs individuels et les contrats administratifs,
nonobstant le fait qu’ils s’imposent tant à l’administration qu’à leurs destinataires.
• d’une part, elles définissent les compétences et les pouvoirs de l’administration ; son
organisation et les moyens dont elle dispose ;
• d’autre part, et généralement dans le même mouvement, elles lui fixent des bornes ; lui
imposent des obligations ; assignent des limites à son action.
C’est à ce dernier titre qu’elles forment l’essentiel de ce qu’il est convenu d’appeler la légalité
administrative, c’est-à-dire les normes que l’administration est tenue de respecter.
2.
Telles qu’on vient de les présenter, les sources du droit administratif présentent trois
caractères généraux.
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- diversité de forme, d’abord : certaines sont constituées par des textes écrits ;
d’autre par des solutions jurisprudentielles ;
• Elles se caractérisent, enfin, par ceci qu’elles sont hiérarchisées. Elles forment un
ensemble pyramidal au sommet duquel se situe la Constitution et qui comprend, par
ordre décroissant de valeur, les conventions internationales, la loi, les normes
jurisprudentielles, les règlements et autres actes administratifs.
Toutefois, la hiérarchie qui en a été donnée connaissant certains tempéraments et donnant lieu
à des solutions particulières en cas de conflit de normes, nous consacrerons un dernier
développement à la question spécifique de leur ordre de priorité.
CHAPITRE 1
LA CONSTITUTION ET LES NORMES DE VALEUR CONSTITUTIONNELLE
La Constitution est la norme suprême de l’ordre juridique interne. Elle est également une
source particulièrement riche du droit administratif.
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Bien qu’elle ait toujours occupé une place première dans notre ordre juridique, son
importance ne s’est pleinement manifestée qu’à partir des années 1970, date à laquelle le
contrôle de constitutionnalité des lois a commencé à devenir effectif et à produire ses effets.
Se trouve réalisée la jonction entre le droit administratif et la Constitution que le doyen Vedel
appelait dans ses vœux dans son célèbre article sur « Les bases constitutionnelles du droit
administratif », au point que l’on a pu parler à l’occasion du cinquantième anniversaire de la
Constitution de 1958 de « la Constitution du droit administratif » (M. Verpeaux, Tribune
AJDA 2008, p. 1793) et se demander si, à l’instar de ce qui est affirmé en droit allemand, le
droit administratif français ne tend pas à devenir « Du droit constitutionnel concrétisé » (J.B.
Auby, Droit administratif, janvier 2009, Repère n° 1).
Cette importance de la Constitution tient à son contenu qui s’est considérablement élargi et
enrichi au cours des dernières décennies et auquel nous consacrerons l’essentiel des
développements à suivre (Section 1) ; avant d’évoquer les problèmes que soulève son
interprétation (Section 2).
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Si elle a acquis la place considérable que l’on a dite, cela tient principalement à la conception
large que les juges en ont adoptée.
La Constitution ne se limite pas, en effet, aux seuls articles du texte constitutionnel (§1), mais
s’étend à l’ensemble du « bloc de constitutionnalité » englobant également le préambule de la
Constitution (§2) ainsi qu’un certain nombre de principes à valeur constitutionnelle (§3).
§1 : Le texte de la Constitution
• Les premières fixent des règles de compétence et de procédure concernant les plus
hautes autorités de l’Etat :
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Il arrive ainsi fréquemment que le juge administratif se fonde sur ces articles pour annuler des
actes de l’administration qui leur sont contraires : par exemple, des règlements qui sont pris
inconstitutionnellement dans des matières réservées au législateur par l’article 34, ou encore
des actes qui méconnaissent les principes qu’ils posent.
NB : A cet égard, on signalera que la disposition relative à l’égalité entre hommes et femmes
récemment introduite dans l’article 1er de la Constitution n’est pas dénuée de toute utilité.
En effet, en l’état antérieur du droit, le Conseil d’Etat a jugé que le principe d’égalité
interdisait de faire prévaloir la considération du sexe sur celle des capacités et de l’utilité
commune et excluait par conséquent que la composition des organes dirigeants des personnes
morales de droit privé, comme les fédérations sportives, soit régie par des règles
contraignantes fondées sur le sexe des personnes appelées à y siéger (CE, 10 octobre 2013, n°
359219, Fédération française de gymnastique, AJDA 2013, p. 1999 : à propos de la demande
d’abrogation d’une annexe du Code du sport imposant une représentation des femmes dans
les instances dirigeantes des fédérations sportives proportionnelle au nombre de licenciés).
§2 : Le préambule de la Constitution
C’est d’ailleurs à leur exploitation progressive que l’on doit l’importance croissante prise par
la Constitution comme source du droit administratif (A). Encore a-t-il fallu pour cela que lui
soit reconnu valeur juridique, ce qui n’est pas allé sans certains débats (B).
A) La teneur du préambule
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Le texte de la constitution de 1958 est précédé d’un préambule au terme duquel : « le peuple
français proclame solennellement son attachement aux droits de l’homme et aux principes de
la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis dans la déclaration de 1789, confirmée et
complétée par le préambule de la constitution de 1946 ainsi qu’aux droits et devoirs définis
dans la charte de l’environnement de 2004».
Suit un second alinéa consacrant le principe de libre administration des peuples et offrant aux
TOM qui souhaitent y adhérer des institutions nouvelles en vue de leur évolution.
Le texte du préambule de la Constitution de 1958 est donc bref, mais son contenu est
particulièrement riche en raison des textes antérieurs auxquels il se réfère. C’est
d’ailleurs pour cette raison que le rapport rendu par la commission présidée par Mme Simone
Veil (Redécouvrir le préambule de la Constitution, Documentation française, 2009)
déconseille d’y constitutionnaliser de nouveaux droits
1) La déclaration de 1789
Des termes mêmes du préambule, il résulte qu’il se compose d’abord des principes énoncés
par la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.
Cet exemple est intéressant en ce qu’il montre comment le juge utilise des articles de la
DDHC pour en tirer des principes constitutionnels qui n’y sont pas affirmés de manière
expresse. L’article 16 de la déclaration dispose en effet que : « Toute société dans laquelle la
garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de
Constitution ».
Ces principes, comme leur dénomination l’indique, présentent un caractère plus social que
ceux issus de la déclaration de 1789. C’est en ce sens qu’ils la complètent.
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Cette catégorie de principes est plus mystérieuse dans la mesure où la Constitution la cite,
mais sans en définir la contenu. D’où la question posée par Jean RIVERO de savoir à quelle
république, à quelles lois et à quels principes le Constituant a entendu se référer (voir sa
chronique au Dalloz 1972, p. 265 ; ainsi que B. Genevois, RFDA 1998, p. 477).
C’est au juge, et au premier chef au Conseil constitutionnel, qu’il a appartenu d’en décider.
L’ont également été, par la suite, les principes de : liberté de l’enseignement (23 novembre
1977) ; l’indépendance des enseignants-chercheurs de l’enseignement supérieur (20 janvier
1984 ; v. aussi, Cons. constit., 6 août 2010, déc. n° 2010-20/21 QPC : réserve d’interprétation
sur le pouvoir de veto des présidents d’université) ; l’indépendance de la juridiction
administrative et son existence constitutionnelle (22 juillet 1980 et 23 janvier 1987, Conseil
de la concurrence, GAJA, n° 93) ; la compétence de l’autorité judiciaire en matière de
protection de la propriété immobilière (25 juillet 1989) ; la particularité du droit applicable
en Alsace-Moselle, (5 août 2011, déc. N° 2011-157 QPC, Sté Somodia, AJDA 2012, p.331,
note A. Jennequin, p.12, JCP A 17 oct. 2011, n° 2319, note N. Abi Rached ; RFDA 2012, p.
131, note J.M. Woehrling).
Selon le Conseil constitutionnel, seuls peuvent être identifiés comme principes fondamentaux,
des principes essentiels, posés par le législateur républicain et auxquels ce dernier n’a pas lui-
même dérogé antérieurement au préambule de la Constitution de 1946.
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Cette solution laisse à penser qu’un principe indissolublement lié à notre tradition
juridique peut être consacré comme principe fondamental, quand bien même il ne
découlerait pas de dispositions législatives expresses.
Il n’use cependant de cette faculté qu’avec une grande modération et il lui est arrivé plus
souvent de refuser à des principes invoqués devant lui le caractère de PFRLR (voir, par
exemple, à propos de la « tradition républicaine » interdisant de modifier les règles du jeu
électoral peu de temps avant l’élection : Conseil constitutionnel, décision n° 2008-563 DC, 21
février 2008, Loi facilitant l’égal accès des femmes et des hommes au mandat de conseiller
général, AJDA 2008, p. 634 et la note ; N. Merley, La non-consécration par le Conseil
constitutionnel de principes fondamentaux reconnus par les lois de la République, RFDA
2005, p. 621).
➢ On s’est demandé si le Conseil d’Etat pouvait lui aussi identifier des principes
fondamentaux.
Rien ne s’y oppose dès lors qu’il est lui aussi chargé d’appliquer et, pour cela, d’interpréter la
Constitution. Tel est du reste la position qu’il a adoptée en consacrant comme principe
fondamental celui faisant obligation à l’Etat français de refuser l’extradition d’un étranger
lorsqu’elle est demandée dans un but politique (CE Assemblée, 3 juillet 1996, Koné, GAJA,
n° 99).
3) La Charte de l’environnement
En dernier lieu, enfin, la loi constitutionnelle du 1er mars 2005 est venue adosser la Charte de
l’environnement à la Constitution ;
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En d’autres termes, s’impose-t-il à l’administration, et les actes pris par cette dernière en
violation de ses dispositions encourent-ils l’annulation ?
Contrairement à une opinion assez répandue, le Conseil d’Etat a en effet consacré la valeur
juridique du préambule dès la Quatrième République en s’y référant expressément
- dans son arrêt « Dehaëne » relatif à l’exercice du droit de grève des agents
publics (Assemblée, 7 juillet 1950, GAJA n° 63)
- puis dans son arrêt du 7 juillet 1957 « Condamine » (RDP 1958, p. 98, note M.
Waline : arrêt dans lequel le Conseil d’Etat examine pour la première fois, au
fond, un recours contre un acte administratif invoquant la méconnaissance des
articles 8, 9 et 10 de la déclaration des droits de l’homme relatifs à la
présomption d’innocence et à l’impossibilité d’être arrêté, détenu ou puni hors
des cas prévus par la loi).
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La réponse est cependant affirmative. Elle ressort de manière particulièrement nette de deux
décisions,
Il y est indiqué, dans des considérants de principe, que les dispositions en cause : « comme
l’ensemble des droits et devoirs définis dans la Charte de l’environnement, et à l’instar de
toutes celles qui procèdent du préambule de la Constitution, ont valeur constitutionnelle » et
« s’imposent aux pouvoirs publics et aux autorités administratives dans leurs domaines de
compétence respectifs » (voir aussi, à propos du droit des personnes à participer à
l’élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l’environnement consacré par
l’article 7 de la Charte, Cons. const., dec. 14 octobre 2011, n° 2011-183/184 QPC,
Association France Nature Environnement, Dr. adm. 2012, n° 23, note G. du Puy-Monbrun ;
CE Assemblée, 12 juillet 2013, n° 344522, Fédération nationale de la pêche en France,
RFDA 2014, p. 97, concl. E. Cortot-Boucher ; RFDA 2013, p. 1259, chron. A. Roblot-
Trozier ; DA 2013, n° 84, note J.L. Pissaloux : à propos de l’article 3 de la charte faisant
obligation à toute personne, dans les conditions définies par la loi, de prévenir les atteintes
qu’elle est susceptible de porter à l’environnement ou, à défaut, d’en limiter les
conséquences).
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3) Troisième question : le préambule est-il invocable dans sa totalité par les administrés à
l’appui des recours qu’ils forment contre les actes de l’administration ?
La réponse à cette question est plus nuancée et peut être résumée comme suit.
• Les administrés peuvent invoquer toutes les dispositions procédant du préambule, quel
que soit leur degré de généralité, pour obtenir l’annulation d’actes réglementaires
qui les méconnaîtraient ou en compromettraient l’effectivité.
Il en est ainsi car il s’agit alors de faire trancher par le juge des questions de légalité
objective (voir par exemple, CE Assemblée, 8 décembre 1978, Groupement d’information et
de soutien aux travailleurs immigrés [GISTI], GAJA n° 88 : l’arrêt censure pour violation de
la disposition du préambule de la Constitution de 1946 consacrant le droit pour les étrangers à
une vie familiale normale et, partant, au regroupement familial, un décret qui limitait ce
droit aux seuls étrangers qui ne demandaient pas l’accès au marché de l’emploi ; voir
également, CE, 6 mai 2009, Association FNATH et Association des accidentés de la vie :
annulation, pour violation du 11ème alinéa du préambule de la Constitution de 1946 relatif à la
solidarité nationale, d’un décret laissant à la charge des assurés sociaux une franchise
annuelle forfaitaire).
Il en va ainsi du moins lorsque les dispositions constitutionnelles dont ils se prévalent sont
insuffisamment précises pour leur conférer directement des droits et nécessitent, pour leur
application, l’édiction de mesures législatives ou réglementaires appropriées.
Tel est par exemple le cas du principe de la solidarité nationale devant les calamités qui,
en l’absence de dispositions législatives précises en assurant l’application, ne peut servir de
base à une action contentieuse en indemnité engagée par des français d’Algérie qui pensaient
pouvoir ainsi obtenir réparation du préjudice subi par eux du fait des spoliations dont ils
avaient fait l’objet de la part des autorités algériennes (CE, 29 nov. 1968, Tallagrand, RDP
1969, p. 686, note M. Waline : arrêt considérant que si, en vertu du préambule de la
Constitution de 1946 « La nation proclame la solidarité et l’égalité des tous les français
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devant les charges résultant des calamités nationales, le principe ainsi posé ne peut, en
l’absence de dispositions législatives précises en assurant l’application, servir de base à une
action contentieuse en indemnité engagée par des français d’Algérie qui pensaient pouvoir
ainsi obtenir réparation du préjudice subi par eux du fait des spoliations dont ils avaient fait
l’objet de la part des autorités algériennes »).
Il est à noter que le Conseil d’Etat a adopté un raisonnement analogue à propos de la Charte
de l’Environnement récemment introduite dans le préambule de la Constitution, dont la valeur
juridique était vivement discutée.
* Il a estimé, en effet, que ses dispositions avaient bien valeur juridique et qu’elles
énonçaient des principes constitutionnels (en l’espèce, d’une part, le droit de vivre dans un
environnement équilibré et respectueux de la santé ; la promotion par les personnes publiques
de politiques de développement durable ; la conciliation entre la protection de
l’environnement, le progrès social et le développement économique et, d’autre part, le
principe de précaution - voir en ce sens : CE Ass., 3 octobre 2008, Commune d’Annecy, préc. ;
et précédemment, CE, l9 juin 2006, Association Eau et Rivières de Bretagne, AJDA 2006, p.
1584, chronique C. Landais et F. Lenica ; CE, 6 avr. 2006, Ligue pour la protection des
oiseaux : mêmes références).
* Le Conseil d’Etat a toutefois précisé que si les principes énoncés par la Charte de
l’environnement ont fait l’objet des dispositions législatives de mise en œuvre, c’est par
rapport à ces dispositions et non par rapport à la charte elle-même que la légalité des actes
administratifs devait s’apprécier, sous réserve que lesdites dispositions de mise en œuvre - si
elles sont antérieures à la Charte - ne soient pas incompatibles avec ses exigences.
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351514, Association Ban Asbestos France et autres, AJDA 2014, p. 476 ; JCP A 2014, act.
237).
C’est ainsi qu’il a consacré le principe constitutionnel de continuité du service public (25
juillet 1979, Continuité du service public de la radiotélévision, AJDA 1979, n° 9, p. 46, note
A. Legrand) ainsi que le principe de sauvegarde de la personne humaine (27 juillet 1994,
Lois sur la bioéthique, RDP 1995, p. 54).
➢ le caractère déjà très fourni des principes constitutionnels inscrits dans la Constitution
et notamment dans son préambule, qui permettent au Conseil constitutionnel d’exercer
un très large contrôle de constitutionnalité ;
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On peut du reste se demander si même ces principes jurisprudentiels ne sont pas rattachables
à des dispositions constitutionnelles écrites :
Force est cependant de reconnaître que sans les principes dégagés par le Conseil
constitutionnel, ces textes n’auraient peut-être pas produit à eux seuls les mêmes effets.
Le Conseil constitutionnel fait toutefois preuve, là encore, d’une certaine réserve dans la
consécration des principes constitutionnels (Cons. const., 11 février 2011, déc. n° 2010-102
QPC : refus de consacrer le principe de sécurité juridique comme un principe
constitutionnel.. Mais le principe de confiance légitime et celui de l’espérance légitime
semble avoir fait son entrée dans les normes de référence du principe de constitutionnalité :
Cons. const. Décision n° 2013-682 du 19 décembre 2013 « Loi de financement de la sécurité
sociale pour 2014 » ; v. infra, le principe de sécurité juridique).
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• Le Conseil d’Etat a repris cet objectif à son compte (CE, 8 juillet 2005, Fédération des
Syndicats généraux de l’Eduction nationale et de la recherche publique SGEN-CFDT,
AJDA 2005, p. 1544), même si dans le dernier état de sa jurisprudence, il ne relève
plus son caractère constitutionnel et ne fait plus expressément référence à la
Constitution et à son préambule (CE, 21 janvier 2008, Chambre de Commerce et
d’Industrie de Bordeaux, RFDA 2008, p. 605, chron.).
Cette autorité de chose jugée concerne aussi bien le dispositif des décisions du Conseil
constitutionnel que les réserves d’interprétation de la loi qui en constituent les motifs
nécessaires (voir, par exemple, CE Assemblée, 11 mars 1994, SA La Cinq, Recueil CE, p.
118 ; AJDA 2004, p. 402, chron. C. Mauguë et L. Touvet ; RFDA 1994, p. 429, concl. P.
Frydman). Le Conseil d’Etat lui reconnaît un caractère absolu et précise que, le cas échéant, il
appartient au juge de faire application d’office des réserves d’interprétation apportées par le
Conseil constitutionnel à une déclaration de conformité (CE, 15 mai 2013, n° 340554,
Commune de Gurmençon, à mentionner au Recueil, JCP A 2014, n° 2124, note A-C Bezzina).
Le Conseil d’Etat est donc lié par l’interprétation que le Conseil constitutionnel donne de la
Constitution.
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La question s’est toutefois posée de savoir si cette interprétation ne s’imposait que pour
l’application de la loi précise sur laquelle le Conseil constitutionnel a été amené à statuer ou si
elle possédait une autorité générale.
Le principe unanimement admis est que l’autorité de chose jugée ou interprétée par le Conseil
constitutionnel se limite aux seules lois objet de ses décisions et ne s’étend pas à d’autres lois
conçues en des termes distincts.
Il en va toutefois différemment, selon le Conseil constitutionnel, pour les lois qui, quoique
rédigées sous une forme différente, ont, en substance, un objet analogue à celui de
dispositions législatives déclarées contraires à la Constitution (Conseil constitutionnel, 8
juillet 1989, décision n° 89-258 DC).
Le Conseil d’Etat a, quant à lui, une position différente. Il estime que l’interprétation de la
Constitution par le Conseil constitutionnel ne s’impose qu’à propos des lois sur lesquelles il a
statué et ne s’étend pas « par ricochet » à d’autres lois, même portant sur un objet analogue
(CE Section, 22 juin 2007, M. Lesourd, AJDA 2007, p. 2130, chron. ; JCP A 2007, n° 2255,
note P. Cassia : à propos des quotas d’hommes et de femmes dans les jurys de concours).
Autrement dit, il n’admet pas que le Conseil constitutionnel se trouve investi d’un pouvoir
normatif et ne s’estime pas lié par sa jurisprudence. Pour lui, le Conseil constitutionnel n’a
pas le pouvoir d’imposer son interprétation de la Constitution à l’ensemble des juridictions
comme le ferait une juridiction suprême.
Cela ne l’empêche pour autant de tenir compte, le cas échéant parmi d’autres arguments, des
raisons qui ont conduit le Conseil constitutionnel à adopter telle ou telle interprétation de la
Constitution. Cette « politique de concertation tacite » (G. Vedel) ou de « dialogue des
juges », d’ailleurs à l’œuvre dans l’arrêt « Lesourd » précité, explique que les contrariétés de
jurisprudence entre le Conseil constitutionnel et le Conseil d’Etat soient en définitive rares et
permet de préserver ainsi l’unité de l’ordre juridique national.
* *
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CHAPITRE 2
1.
Par normes internationales, il faut entendre des règles de droit qui ne sont pas créées
unilatéralement par les autorités françaises, mais procèdent de négociations et d’accords entre
celles-ci et les autorités d’autres Etats ou des organisations internationales.
Elles recouvrent
- mais aussi les actes dits dérivés émanant d’organisations internationales que
leur statut investit du pouvoir d’adopter des mesures qui s’imposent aux Etats.
Les illustrations les plus remarquables de ce droit dérivé sont fournies, comme
nous le verrons, par les actes des organes communautaires.
- Font également partie des normes internationales, les principes reconnus par le
droit de l’Union européenne et leur méconnaissance par le législateur engage
la responsabilité de l’Etat (CE, 23 juillet 2014, n° 354365, Société d’éditions et
de protection route [SEPR], AJDA 2014, p. 1581 : à propos des principes de
confiance légitime et de sécurité juridique)
2.
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Une étude du Conseil d’Etat (La norme internationale en droit français, Documentation
Française 2000) dénombrait, en 2000, plus de 6 000 traités auxquels la France était partie et
évaluait à 200 le nombre d’accords bilatéraux conclus chaque année.
Quant au droit communautaire, il représente plus de 15 000 normes, ces normes étant plus
nombreuses que celles créées annuellement par les organes nationaux et couvrent plus de 80%
de notre législation économique.
Au total c’est – en volume – 17% environ de notre ordre juridique qui est constitué de
normes internationales.
Elles couvrent, en effet, pratiquement tous les domaines de notre droit administratif, qu’il
s’agisse du droit des étrangers, du droit de la communication, de l’environnement, de
l’énergie, des marchés publics ; ou encore des droits individuels qu’ils soient
économiques, sociaux, culturels ou encore, par exemple, ceux de l’enfant.
• A cela s’ajoute une troisième raison tenant à la portée des normes internationales.
A côté des traités classiques qui créent des droits et des obligations entre Etats contractants, se
multiplient en effet ceux qui déterminent le comportement des Etats signataires à l’égard
des étrangers résidant sur leur territoire, voire à l’égard de leurs propres ressortissants.
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- et le Traité de Rome instituant la CEE (25 mars 1957) modifié par le Traité de
Maastricht sur l’Union Européenne (7 février 1992) et celui d’Amsterdam
(signé le 2 octobre 1999).
L’emprise de ces traités sur notre droit national est d’autant plus forte qu’ils instituent l’un et
l’autre des juridictions chargées d’en contrôler l’application (CEDH et CJUE).
A quoi s’ajoute le fait déjà signalé que le Traité instituant la Communauté Européenne
confère à ses organes le pouvoir d’adopter des normes applicables dans l’ordre interne
(règlements et directives).
C’est ce que nous vérifierons en étudiant ultérieurement la hiérarchie des sources du droit
administratif.
Les développements qui suivent seront consacrés aux deux principales catégories de normes
internationales à savoir, d’une part, les conventions internationales (section 1) et, d’autre part,
les actes communautaires dérivés (section 2).
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Son article 26 donnait, en effet « force de loi » aux traités et leur reconnaissait une valeur
supérieure à celle des lois internes.
Depuis lors, tout administré peut poursuivre l’annulation d’un acte administratif en invoquant
la violation par cet acte d’une convention internationale.
Pour qu’il puisse obtenir cette annulation, il faut toutefois que la convention invoquée
remplisse certaines conditions d’applicabilité dans l’ordre interne (§1) et d’invocabilité par
les justiciables (§2).
Peuvent également se poser des problèmes d’interprétation dont la solution a donné lieu à
d’intéressantes évolutions (§3).
Pour qu’une convention internationale s’impose aux autorités nationales, il faut qu’elle soit
applicable dans l’ordre juridique interne, ce qui suppose la réalisation de plusieurs
conditions.
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Le principe est que les traités (au sens strict) sont ratifiés par décret du Président de la
République et que les accords dits en forme simplifiée (qui constituent une autre catégorie de
conventions internationales) sont approuvés par une autre autorité (généralement, le Ministre
des affaires étrangères) après que, dans les deux cas, ils ont été signés.
Ce revirement s’explique par le fait que les traités prévalant désormais sur les lois
nationales, il était normal, avant de leur faire produire cet effet, de contrôler la
régularité de leur introduction en droit interne.
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Le maintien de cet « angle mort » peut être perçu comme gravement anormal dans un système
juridique où le droit international a pris une place centrale.
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Le Conseil d’Etat a récemment précisé et assoupli, dans une certaine mesure, ces conditions.
- D’une part, il a indiqué que pour apprécier le caractère suffisamment précis des
clauses de la convention, il convient de tenir compte, non seulement de
l’intention exprimée des parties et de l’économie générale du Traité, mais
également du contenu et des termes des stipulations en cause.
Les conditions qui viennent d’être mentionnées ont conduit le Conseil d’Etat à reconnaître,
entre autres, un effet direct à la Charte sociale européenne (10 février 2014, n° 358992, AJDA
2014, p. 380).
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Ces conditions sont applicables quelle que soit la nature de l’acte administratif attaqué, qu’il
s’agisse d’un acte individuel ou d’un acte réglementaire (CE Section, 23 avril 1997, GISTI,
Rec. CE, p. 142 ; RFDA 1997, p. 585, concl. R. Abraham ; AJDA 1997, p. 482, chronqiue D.
Chauvaux et T.X. Girardot).
➢ A défaut d’être remplies, les justiciables ne peuvent invoquer le traité, fût-ce à l’appui
d’un recours dirigé contre un acte réglementaire.
Le Conseil d’Etat a maintenu cette solution dans son arrêt « GISTI » du 11 avril 2012 alors
que son rapporteur public lui proposait d’admettre l’invocabilité de l’ensemble des traités à
l’appui de recours dirigés contre des actes réglementaires.
• La question de l’effet direct peut être délicate à trancher et donner lieu à des réponses
variables suivant les stipulations d’une même convention.
➢ Pour les autres conventions internationales, elles sont applicables dans l’ordre
interne et invocables par les administrés à leur profit dès lors que les conditions
susvisées se trouvent remplies.
Conseil d'État
N° 393026
ECLI:FR:CESSR:2015:393026.20151027
Publié au recueil Lebon
3ème / 8ème SSR
M. Romain Victor, rapporteur
M. Vincent Daumas, rapporteur public
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"
Texte intégral
Vu la procédure suivante :
1° Sous le n° 393026, par une requête et un mémoire en réplique, enregistrés les 27 août et 25 septembre
2015 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, MM. Jean-Philippe I..., Frédéric C...et Paul
G...demandent au Conseil d'Etat :
1°) d'annuler pour excès de pouvoir le décret n° 2015-939 du 30 juillet 2015 portant convocation des
collèges électoraux pour procéder à l'élection des conseillers régionaux, des conseillers à l'Assemblée de
Corse, des conseillers à l'Assemblée de Guyane et des conseillers à l'Assemblée de Martinique ;
2°) d'enjoindre au Premier ministre de convoquer les collèges électoraux pour procéder à l'élection des
conseillers régionaux dans le cadre des régions délimitées conformément aux dispositions de l'article L.
4111-1 du code général des collectivités territoriales, dans sa rédaction antérieure à sa modification par
l'article 1er de la loi n° 2015-29 du 16 janvier 2015 relative à la délimitation des régions, aux élections
régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral.
2° Sous le n° 393488, par une requête et deux mémoires en réplique, enregistrés les 14 septembre, 12
octobre et 15 octobre 2015 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, MM. B...K...E...et
D...F...demandent au Conseil d'Etat, à titre principal, d'annuler pour excès de pouvoir le décret n° 2015-939
du 30 juillet 2015 portant convocation des collèges électoraux pour procéder à l'élection des conseillers
régionaux, des conseillers à l'Assemblée de Corse, des conseillers à l'Assemblée de Guyane et des
conseillers à l'Assemblée de Martinique et, à titre subsidiaire, d'annuler ce décret en tant qu'il décide la
convocation des électeurs de la nouvelle région Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine.
....................................................................................
3° Sous le n° 393622, par une requête et un mémoire complémentaire, enregistrés les 21 septembre et 16
octobre 2015 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, le Mouvement alsacien Unser Land demande
au Conseil d'Etat d'annuler pour excès de pouvoir, d'une part, le décret n° 2015-939 du 30 juillet 2015
portant convocation des collèges électoraux pour procéder à l'élection des conseillers régionaux, des
conseillers à l'Assemblée de Corse, des conseillers à l'Assemblée de Guyane et des conseillers à
l'Assemblée de Martinique et, d'autre part, le décret n° 2015-969 du 31 juillet 2015 modifiant le décret n°
60-516 portant harmonisation des circonscriptions administratives.
....................................................................................
4° Sous le n° 393659, par une requête et un mémoire complémentaire, enregistrés les 22 septembre et 16
octobre 2015 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, le Parti lorrain demande au Conseil d'Etat
d'annuler pour excès de pouvoir, d'une part, le décret n° 2015-939 du 30 juillet 2015 portant convocation
des collèges électoraux pour procéder à l'élection des conseillers régionaux, des conseillers à l'Assemblée
de Corse, des conseillers à l'Assemblée de Guyane et des conseillers à l'Assemblée de Martinique et,
d'autre part, le décret n° 2015-969 du 31 juillet 2015 modifiant le décret n° 60-516 portant harmonisation
des circonscriptions administratives.
....................................................................................
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5° Sous le n° 393724, par une requête et un mémoire complémentaire, enregistrés les 24 septembre et 16
octobre 2015 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, le Parti des Mosellans demande au Conseil
d'Etat d'annuler pour excès de pouvoir, d'une part, le décret n° 2015-939 du 30 juillet 2015 portant
convocation des collèges électoraux pour procéder à l'élection des conseillers régionaux, des conseillers à
l'Assemblée de Corse, des conseillers à l'Assemblée de Guyane et des conseillers à l'Assemblée de
Martinique et, d'autre part, le décret n° 2015-969 du 31 juillet 2015 modifiant le décret n° 60-516 du 2 juin
1960 portant harmonisation des circonscriptions administratives.
....................................................................................
1. Considérant que les requêtes visées ci-dessus sont dirigées contre les mêmes décrets ; qu'il y a lieu de
les joindre pour statuer par une seule décision ;
2. Considérant que, dans sa rédaction en vigueur, l'article L. 4111-1 du code général des collectivités
territoriales dispose : " Les régions sont des collectivités territoriales. / Elles sont créées dans les limites
territoriales précédemment reconnues aux établissements publics régionaux " ; que les établissements
publics régionaux mentionnés par ces dispositions ont été institués par la loi du 5 juillet 1972 portant
création et organisation des régions dans chacune des vingt-deux circonscriptions d'action régionale
mentionnées à l'annexe I au décret du 2 juin 1960 portant harmonisation des circonscriptions
administratives, telle que modifiée par le décret du 9 janvier 1970 ;
3. Considérant que l'article 1er de la loi du 16 janvier 2015 relative à la délimitation des régions, aux
élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral a modifié l'article L. 4111-1 du
code général des collectivités territoriales afin d'instituer à compter du 1er janvier 2016 douze régions
métropolitaines, en procédant au regroupement de plusieurs régions ; qu'ont notamment été regroupées,
pour former de nouvelles régions, les régions Franche-Comté et Bourgogne ainsi que les régions Alsace,
Champagne-Ardenne et Lorraine ; que l'article 7 de la même loi a également prévu que les dispositions de
son article 1er s'appliqueraient à compter du prochain renouvellement général des conseils régionaux
suivant la promulgation de la loi et que ces élections auraient lieu dans le cadre des nouvelles régions
définies à l'article 1er ; qu'enfin, le premier renouvellement général des conseils régionaux suivant la
promulgation de la loi a été fixé au mois de décembre 2015 par les dispositions du 1° du II de son article 10
;
4. Considérant que, par le décret attaqué du 30 juillet 2015, le Premier ministre a, en application de l'article
L. 357 du code électoral, convoqué les collèges électoraux le dimanche 6 décembre 2015 pour procéder à
l'élection des conseillers régionaux, fixé la date d'un éventuel second tour de scrutin au dimanche 13
décembre 2015, décidé que les élections auraient lieu sur la base des listes électorales arrêtées le 30
novembre 2015 à l'issue de la procédure de révision exceptionnelle prévue par la loi du 13 juillet 2015
visant à la réouverture exceptionnelle des délais d'inscription sur les listes électorales, énoncé les règles
applicables aux heures d'ouverture et de clôture du scrutin ainsi que les dates d'ouverture et de fin de la
campagne électorale ; que, par le décret attaqué du 31 juillet 2015, dont les dispositions entrent en vigueur
le 1er janvier 2016, le périmètre de certaines circonscriptions administratives régionales a été adapté afin
de définir un cadre d'action administrative cohérent avec les nouvelles régions ; que, pour demander
l'annulation pour excès de pouvoir de ces décrets, les requérants invoquent, par la voie de l'exception,
l'incompatibilité des dispositions des articles 1er, 7 et 10 de la loi du 16 janvier 2015 précitée avec les
stipulations du paragraphe 3 de l'article 4 et de l'article 5 de la Charte européenne de l'autonomie locale ;
5. Considérant que les stipulations d'un traité ou d'un accord régulièrement introduit dans l'ordre
juridique interne conformément à l'article 55 de la Constitution peuvent utilement être invoquées à
l'appui d'une demande tendant à ce que soit annulé un acte administratif ou écartée l'application
d'une loi ou d'un acte administratif incompatibles avec la norme juridique qu'elles contiennent, dès
lors qu'elles créent des droits dont les particuliers peuvent directement se prévaloir ; que, sous
réserve des cas où est en cause un traité pour lequel la Cour de justice de l'Union européenne
dispose d'une compétence exclusive pour déterminer s'il est d'effet direct, une stipulation doit être
reconnue d'effet direct par le juge administratif lorsque, eu égard à l'intention exprimée des parties
et à l'économie générale du traité invoqué, ainsi qu'à son contenu et à ses termes, elle n'a pas pour
objet exclusif de régir les relations entre Etats et ne requiert l'intervention d'aucun acte
complémentaire pour produire des effets à l'égard des particuliers ; que l'absence de tels effets ne
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saurait être déduite de la seule circonstance que la stipulation désigne les Etats parties comme
sujets de l'obligation qu'elle définit ;
7. Considérant qu'aux termes de l'article 5 de la Charte : " Pour toute modification des limites
territoriales locales, les collectivités locales concernées doivent être consultées préalablement,
éventuellement par voie de référendum là où la loi le permet " ; que si, en vertu des dispositions de
l'article 55 de la Constitution, le juge devant lequel un acte administratif est contesté au motif que
les dispositions législatives dont il fait application sont contraires à une norme juridique contenue
dans un traité ou un accord régulièrement introduit dans l'ordre juridique interne est habilité à
écarter l'application de celle-ci, il ne peut être utilement saisi d'un moyen tiré de ce que la procédure
d'adoption de la loi n'aurait pas été conforme aux stipulations d'un tel traité ou accord ; qu'ainsi le
moyen tiré de ce que la loi du 16 janvier 2015 fixant la nouvelle délimitation des régions aurait été
adoptée en méconnaissance des stipulations de l'article 5 de la Charte européenne de l'autonomie
locale imposant la consultation préalable des collectivités locales ne peut qu'être écarté ;
8. Considérant, enfin, que si plusieurs requérants invoquent la méconnaissance des dispositions de l'article
L. 4122-1 du code général des collectivités territoriales, qui prévoient que les limites territoriales des
régions sont modifiées après consultation des conseils régionaux et des conseils départementaux
intéressés, il était loisible au législateur de déroger à cette obligation de consultation pour l'adoption de la
loi du 16 janvier 2015 ;
9. Considérant qu'il résulte de tout ce qui précède que les requêtes de M. I... et autres, de MM. E...etF..., du
Mouvement alsacien Unser Land, du Parti lorrain et du Parti des Mosellans doivent être rejetées ;
DECIDE:
--------------
Article 1er : Les requêtes de M. I...et autres, de MM. E...etF..., du Mouvement alsacien Unser Land, du Parti
Lorrain et du Parti des Mosellans sont rejetées.
Article 2 : La présente décision sera notifiée à MM. Jean-J...I..., H...C...et B...G..., à MM. E...etF..., au
Mouvement alsacien Unser Land, au Parti lorrain, au Premier ministre et au ministre de l'intérieur.
"
Analyse
Abstrats : 01-01-02-01 ACTES LÉGISLATIFS ET ADMINISTRATIFS. DIFFÉRENTES CATÉGORIES
D'ACTES. ACCORDS INTERNATIONAUX. APPLICABILITÉ. - EFFET DIRECT - ARTICLE 4,
PARAGRAPHE 3 DE LA CHARTE EUROPÉENNE DE L'AUTONOMIE LOCALE - ABSENCE.
01-01-02-02 ACTES LÉGISLATIFS ET ADMINISTRATIFS. DIFFÉRENTES CATÉGORIES D'ACTES.
ACCORDS INTERNATIONAUX. APPLICATION PAR LE JUGE FRANÇAIS. - CONTRÔLE PAR LE JUGE
DE LA CONFORMITÉ DE LA PROCÉDURE D'ADOPTION DE LA LOI AUX STIPULATIONS D'UN TRAITÉ
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Cette jurisprudence a été abandonnée par un arrêt d’assemblée du Conseil d’Etat en date du
29 juin 1990 « GISTI » (Rec. CE, p. 171, concl. R. Abraham).
- par ailleurs, le juge ayant le pouvoir d’interpréter la loi, il est normal qu’il en aille
de même pour les traités dès lors qu’il a le pouvoir de les faire prévaloir sur la loi.
Le Traité de Rome organise, en effet, dans son article 234, une procédure de renvoi
préjudiciel des juridictions nationales en vue d’obtenir de la Cour la réponse aux questions
d’interprétation que soulèvent tant le Traité de Rome que les actes dérivés dont il sera
question ci-après.
Or, pour des raisons compréhensibles tenant à la nécessité d’une interprétation uniforme
du droit communautaire dans l’espace juridique où il s’applique, les interprétations de la
Cour sont revêtues d’une autorité absolue (CE Assemblée, 11 décembre 2006, Société de
Groot, Rec. CE, p. 512, concl. F. Seners ; RFDA 2007, p. 372, concl. ; AJDA 2007, p. 136,
chron. C. Landais et F. Lenica : Il en va ainsi alors même que l’interprétation qu’elle donne va
au-delà de la question préjudicielle qui lui a été posée).
Il est par ailleurs à relever que le juge administratif – et le Conseil d’Etat au premier chef – se
réfère désormais explicitement aux arrêts pertinents de la CJUE dans le corps même de ses
décisions.
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Les actes dérivés soulèvent des problèmes spécifiques d’applicabilité ou d’effet direct (les
deux expressions sont synonymes).
Le Traité de Rome stipule, en effet, que : « le règlement a une portée générale. Il est
obligatoire dans tous ses éléments et il est directement applicable dans tout Etat membre ».
Ils s’imposent à l’administration dès leur publication au Journal Officiel sans qu’aucune autre
intervention de l’Etat français ne soit nécessaire.
Tout administré peut donc se prévaloir d’un règlement communautaire pour obtenir
l’annulation d’un acte administratif qui lui serait contraire.
Il résulte, en effet, de l’article 189 du Traité de Rome (249 de celui d’Amsterdam) que : « la
directive lie tout Etat membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux
instances nationales la compétence quant à la forme et aux moyens ».
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➢ d’une part, que les directives s’imposent à l’Etat français qui doit en assurer le respect
par des mesures de transposition adéquates ;
En vertu des stipulations du Traité, les objectifs fixés par les directives lient les Etats
membres. Ceux-ci sont donc tenus d’en assurer le respect et, pour ce faire, d’adopter les
mesures nécessaires à leur application dans l’ordre juridique interne, cela avant l’expiration
du délai que les directives fixent à cet effet.
Sanction. Il résulte de cette obligation que la compatibilité des mesures de transposition avec
les objectifs fixés par les directives est contrôlée
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La solution est remarquable, car en principe, le Conseil constitutionnel considère qu’il n’est
pas juge de la conformité des lois par rapport aux normes internationales.
Mais s’agissant des lois de transposition des directives, le Conseil Constitutionnel accepte
d’exercer un tel contrôle et de censurer, le cas échéant, les lois de transposition.
Sanction. Tout administré peut donc demander à l’administration d’abroger les règlements
qui méconnaissent les objectifs d’une directive communautaire.
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La même solution devrait s’imposer lorsque la méconnaissance de la directive résulte non pas
d’un règlement, mais d’une loi. Cette solution se heurtait jusqu’à présent en droit français au
principe selon lequel la responsabilité de l’Etat ne peut être engagée pour faute.
Mais, après avoir été consacré par la jurisprudence de la CJCE (19 novembre 1991,
Francovich et Bonifaci, RFDA 1992, p. 1, note L. Dubouis ; 5 mars 1996, Brasserie du
Pêcheur, AJDA 1996, p. 489, Etude D. Simon, RFDA 1996.583, note L. Dubouis), elle a été
admise (implicitement) par le Conseil d’Etat dans son arrêt d’Assemblée « Gardedieu » (8
février 2007, AJDA 2007, p. 585, chron. F. Lenica et J. Boucher et p. 1097, note P. Cassia :
arrêt qui, sans utiliser le terme de faute, consacre la possibilité d’engager la responsabilité de
l’Etat en raison des obligations qui sont les siennes pour assurer le respect des conventions
internationales).
Cette invocabilité a, jusqu’à une époque récente, soulevé de grandes difficultés, du moins
dans certaines hypothèses.
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➢ Elle a été pendant longtemps négative s’agissant des actes individuels, ceci en vertu
de la jurisprudence « Cohn Bendit », jusqu’à ce qu’un arrêt récent « Mme Perreux »
vienne mettre un terme à cette solution.
Ce recours était fondé sur une directive concernant les mesures dont peuvent faire l’objet les
ressortissants d’Etats membres pour des motifs d’ordre public.
Le Conseil d’Etat le rejette en attirant l’attention sur le fait que ce recours était fondé
uniquement sur la directive susmentionnée, à l’exclusion de ses mesures réglementaires de
transposition.
a). Le principe
• Le principe posé par cette jurisprudence est qu’un administré ne peut obtenir
l’annulation d’une décision individuelle le concernant en se fondant de manière
exclusive sur la méconnaissance par cette décision des objectifs d’une directive, et
ce, quel que soit le degré de précision de cette dernière.
Cette solution s’expliquait par le fait qu’en vertu des termes mêmes du Traité, l’applicabilité
des directives est subordonnée à l’existence d’une législation ou d’une réglementation
nationale de mise en œuvre.
Il est normal qu’à défaut de telles mesures, les directives ne puissent être appliquées aux
administrés, ni être invoquées par eux.
• Cette position était cependant contraire à celle de la CJCE qui considère qu’à défaut
pour les Etats de les avoir correctement transposées, les directives produisent des
effets directs à l’égard des particuliers et sont directement invocables par eux
lorsqu’elles sont, du point de vue de leur contenu, inconditionnelles et suffisamment
précises (CJCE, 4 décembre 1974, Van Duyn).
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Cette solution est d’une grande portée car étant souvent aussi précises que de véritables
règlements, les directives sont, selon la jurisprudence de la Cour, pour la plupart d’entre elles
dotées d’effet direct.
C’est sans doute en raison de la difficulté qu’il y avait à maintenir une position contraire à
celle de la Cour que le Conseil d’Etat a été conduit à atténuer très sensiblement la portée de la
jurisprudence Cohn Bendit.
Ces atténuations sont de plusieurs sortes et obligent à distinguer selon que la directive a
fait, ou non l’objet d’un acte de transposition en droit interne.
Mais il peut aussi soulever par la voie de l’exception, l’illégalité de l’acte de transposition en
raison de sa non-conformité par rapport à la directive.
Dans ce cas, la décision qu’il attaque sera annulée comme prise sur le fondement d’un acte de
transposition illégal.
Cette possibilité lui est ouvert que l’acte de transposition revête un caractère réglementaire ou
législatif (voir respectivement : CE, 8 juillet 1991, Palazzi, Rec. CE, p. 276 ; CE, Assemblée,
28 février 1992, SA Rothmans International France, mêmes références que l’arrêt Société
Arizona … : contestation et annulation d’une mesure fixant le prix du tabac sur la base d’un
règlement, lui-même pris en vertu d’une loi contraire à une directive).
• Si la directive n’a pas été transposée, l’administré n’est pas dépourvu de tout moyen,
alors même qu’il ne peut en principe invoquer directement la directive au soutien de
l’illégalité de l’acte qu’il attaque.
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décision a été prise est incompatible (ou n’a pas été rendue compatible) avec les objectifs de
la directive.
La décision individuelle qu’il attaque sera alors annulée pour défaut de base légale (CE,
Assemblée, 30 octobre 1996, SA Cabinet Revert et Badelon, AJDA 1996 p. 980, chron.). C’est
ce qu’il est convenu d’appeler l’« invocabilité d’exclusion ».
En résumé,
- il était toujours impossible aux administrés de se prévaloir directement de la
violation d’une directive pour obtenir l’annulation de mesures individuelles les
concernant.
- Mais les moyens mis à leur disposition aboutissent pratiquement au même résultat que
si cette possibilité leur était offerte.
Comme l’écrivait R. Chapus : «Tout, finalement, peut aller pour le mieux dans le meilleur des
mondes communautaires possible».
2). La jurisprudence « Mme Perreux » (CE Assemblée, 30 octobre 2009, GAJA n° 115 -
Voir également, L. Coutroni, La lente conversion du Conseil d’Etat à l’effet direct des
directives, AJDA 2010, p. 1412 ; et à propos de l’arrêt « Mme Perreux », F. Raynaud, Le
Conseil d’Etat au bout de la logique européenne, AJDA 2014, p. 120).
• Au point où en étaient arrivées les choses, il n’y avait cependant plus guère de raison
de maintenir la jurisprudence « Cohn Bendit » qui ne faisait que créer une difficulté
procédurale sans incidence pratique majeure (sauf, cependant, en matière de plein
contentieux).
Aussi bien, le Conseil d’Etat l’a-t-il abandonnée dans son arrêt « Mme Perreux » en jugeant
qu’outre les possibilités existantes qui se trouvent maintenues :
« tout justiciable peut se prévaloir, à l’appui d’un recours dirigé contre un acte
administratif non réglementaire, des dispositions précises et inconditionnelles d’une
directive, lorsque l’Etat n’a pas pris, dans les délais impartis par celle-ci, les mesures
de transposition nécessaires ».
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Il consacre ainsi l’« invocabilité de substitution » des directives, à propos de laquelle on parle
également d’« effet vertical ascendant », c’est-à-dire de la possibilité pour les administrés
d’invoquer une directive non transposée.
▪ qu’elle est adoptée très largement par les juridictions suprêmes des autres Etats
membres de l’Union européenne, voire par la Cour de Cassation elle-même depuis
plusieurs années (Civ. 1ère, 23 novembre 2004, Bull. I, n° 280)
• En toute hypothèse, l’invocabilité dont il vient d’être question est uniquement celle
dont peuvent se prévaloir les justiciables.
Selon une jurisprudence constante de la CJUE, une directive (non transposée) ne peut en effet
par elle-même créer d’obligations dans le chef d’un particulier, ni donc être invoquée à
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l’encontre d’une telle personne devant la juridiction nationale (CJCE, 8 octobre 1987, aff.
C-80/86, Kolpinghuis Nijmegen, Rec. CJCE, p. I.3969).
CHAPITRE 3: LA LOI
CHAPITRE 4: LA JURISPRUDENCE ADMINISTRATIVE
La jurisprudence administrative peut se définir comme l’ensemble des règles à caractère
général posées par le juge administratif à l’occasion d’un litige.
Ces règles trouvent leur formulation dans les arrêts et jugements, dans la majorité des cas de
manière explicite, sous la forme de considérants de principe ; parfois de manière implicite
au travers de la répétition de solutions identiques de décision en décision.
Cette affirmation est sans doute moins vraie aujourd’hui que par le passé en raison de la
multiplication des textes touchant à la matière administrative. Mais le rôle de la
jurisprudence, comme source du droit administratif n’en reste pas moins important.
C’est ce que nous pourrons constater au travers de sa présentation générale (section 1), puis
de l’étude des principes généraux du droit qui en constituent l’illustration la plus remarquable
(section 2).
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Nous évoquerons les deux principaux problèmes que posent ces normes, à savoir celui de leur
légitimité (§1) et celui de leur rétroactivité (§2).
• La réponse de principe à cette question est sans doute affirmative. Le rôle du juge, tel
que conçu dans un régime de séparation des pouvoirs, n’est pas, en effet, de faire
œuvre de jurislateur, de créer des règles de droit.
Pour ce qui est du juge administratif, son rôle devrait se limiter à contrôler l’administration et
à trancher les litiges qui lui sont soumis en appliquant les règles posées par les organes de
l’Etat disposant d’un pouvoir normatif.
La principale tient au fait que pendant longtemps, les textes régissant l’action
administrative ont été peu nombreux. Le juge administratif a donc été contraint de suppléer
à cette carence pour remplir son office. C’est ce qui explique qu’il ait été amené à élaborer les
principales notions et les régimes les plus importants concernant la matière
administrative (contrats, responsabilité, acte administratif unilatéral …).
La justification est sans doute moins probante en ce qui concerne les principes généraux du
droit. Mais leur création peut néanmoins se prévaloir de ce que la plupart d’entre eux ont été
dégagés pour renforcer les droits, libertés et garanties des administrés.
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C’est en définitive la prudence et le discernement dont le juge fait preuve qui rendent
acceptable son rôle de créateur de règles de droit.
Les normes jurisprudentielles soulèvent surtout des problèmes plus pratiques relatifs à leur
accessibilité et leur intelligibilité, mais surtout à la rétroactivité de la norme
jurisprudentielle, c’est-à-dire son application à des situations passées, antérieures à son
édiction.
Or, c’est la solution contraire qui prévaut. Lorsque le juge consacre une règle nouvelle, il
applique en effet immédiatement celle-ci pour trancher des litiges qui se sont noués
antérieurement sous l’empire d’un état différent du droit jurisprudentiel. Ce faisant, il porte
atteinte à la sécurité juridique des justiciables, laquelle constitue une préoccupation majeure
de l’époque actuelle.
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leur a donné naissance, sauf si cette application a pour effet de porter rétroactivement
atteinte au droit au recours »).
- Toutefois, le principe doit être écarté dans la mesure où elle aurait pour effet de
porter atteinte au droit au recours du justiciable, consacré notamment par la C.E.D.H.
(CE, 2 septembre 2009, n° 297013, Assistance publique de Marseille : à propos d’un
revirement de jurisprudence sur les modalités d’indemnisation du préjudice en cas de
perte de chance).
➢ D’autre part, et de manière plus générale, il y a lieu de relever que le juge administratif
s’efforce de limiter les conséquences préjudiciables de la rétroactivité des normes
jurisprudentielles en dégageant (autant que faire se peut, selon une méthode classique)
les règles nouvelles à propos de litiges où elles ne sont pas appelées à produire
effet ou encore en modulant dans le temps les effets des annulations qu’il
prononce, étant précisé que cette dernière solution n’est pas limitée aux décisions
rendues en application d’une règle nouvellement posée mais vaut pour toutes les
annulations contentieuses, dans les limites fixées par le Conseil d’Etat.
Les P.G.D. sont, comme leur nom l’indique, des principes à caractère général dégagés par le
juge administratif et applicables à l’administration même sans texte.
Ils constituent l’illustration la plus remarquable du pouvoir normateur du juge. Ils visent, dans
la très grande majorité des cas, à pallier les lacunes des textes dans le sens d’une meilleure
protection des droits et libertés des administrés.
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Pour éviter les critiques de « gouvernement des juges », le Conseil d’Etat en a d’abord fait
application sans en indiquer l’origine, ni les qualifier comme tels.
Il faudra attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour qu’il consacre formellement leur
existence, ceci dans deux arrêts relatifs au principe des droits de la défense :
- puis l’arrêt « Aramu » du 26 octobre 1945 qui utilise pour la première fois, de
manière expresse, l’expression de principaux généraux du droit.
Depuis lors, ces derniers ont connu un essor considérable ainsi qu’en témoigne leur nombre
(§1er), leur développement conduisant à s’interroger sur leur mode de création (§2), leur
valeur juridique (§3) et sur leur avenir.
Les P.G.D. sont, comme on l’a dit, extrêmement nombreux. On peut, selon une classification
empruntée à B. Genevois (article au Répertoire Dalloz Contentieux administratif), les répartir
en trois catégories.
Ces principes se rattachent même à deux traditions : une tradition démocratique et libérale
(1) et une autre, plus sociale (2).
Il s’agit des principes qui trouvent leur source dans la philosophie qu’exprime notamment la
DDHC de 1789.
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• Tel est le cas, au premier chef du principe d’égalité dans ses multiples déclinaisons :
égalité devant la loi ; devant les charges publiques ; devant le service public ; devant la
justice.
• L’autre grand principe issu de la tradition démocratique et libérale est celui de liberté
sous ses multiples formes : liberté individuelle ; d’aller et de venir (c’est-à-dire de
circuler sur le territoire national ou de le quitter) ; liberté du commerce et de
l’industrie …
D’autres principes généraux du droit, tout en procédant eux aussi d’une philosophie politique,
se rattachent à une source d’inspiration plus sociale.
Le Conseil d’Etat consacre à ce titre des principes généraux du droit « dont s’inspire le code
du travail » pour les appliquer
- Aux agents non titulaires des collectivités publiques (CE Assemblée, 8 juin
1973, Dame Peynet, recueil CE, p. 406, concl. S. Grévisse : principe
interdisant à l’administration de licencier une femme en état de grossesse
ce qui n’interdit pas de la licencier pour inaptitude physique, CE, 30 juillet
2014, n° 359426, Min. de l’Intérieur c. Melle A ; CE Section, 23 avril 1982,
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- Aux salariés des entreprises publiques à statut (CE, 17 juin 2014, n° 368867,
Electricité réseau distribution France, Gaz réseau distribution de France,
Electricité de France, Lebon T. ; AJDA 34/2014.1963, note L. Seurot : les
frais qu’un salarié expose pour les besoins de son activité professionnelle et
dans l’intérêt de son employeur, doivent, dès lors qu’ils résultent d’une
sujétion particulière, être supportés par celui-ci. A propos de l’entretien et du
nettoyage des vêtements de travail imposés par l’employeur).
Ils expriment moins une philosophie particulière que la volonté d’assurer aux administrés
une protection élémentaire dans la vie juridique. Ils répondent ainsi à un besoin de
sécurité juridique.
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• Tel est aussi le cas du principe de sécurité juridique consacré par l’arrêt
d’Assemblée du Conseil d’Etat du 24 mars 2006 KPMG (GAJA n° 115) complété par
l’arrêt de Section Lacroix du 13 décembre 2006.
Il traduit une exigence de plus en plus forte du corps social et qui est sans doute appelé à
revêtir une importance croissante.
Autres applications :
- CE, 17 juin 2015, n° 375853, Syndicat national des industries des peintures,
enduits et vernis et autres, JCP A 2015, act. 579 : illégalité d’un règlement
imposant une déclaration environnementale pour les produits de construction
et de décoration des ouvrages de bâtiment, faute d’avoir prévu un délai
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Mais on peut observer que les censures prononcées sur le fondement de la jurisprudence
KPMG/Lacroix sont assez rares (G. Eveillard, Sécurité juridique et dispositions transitoires.
Huit ans d’application de la jurisprudence KPMG, AJDA 9/2014.492).
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second lieu, que l'éventualité d'un détournement de la loi ou d'abus lors de son
application n'entache pas celle-ci d'inconstitutionnalité ; qu'il appartient aux
juridictions compétentes d'empêcher, de priver d'effet et, le cas échéant, de
réprimer de telles pratiques ; que le grief tiré de l'atteinte à la sécurité
juridique doit, en tout état de cause, être écarté » ; v. G. Eveillard, Sécurité
juridique et dispositions transitoires. Huit ans d’application de la jurisprudence
KPMG, préc.).
Mais le principe de confiance légitime et celui de l’espérance légitime semble avoir fait son
entrée dans les normes de référence du principe de constitutionnalité.
« 14. Considérant qu'il est à tout moment loisible au législateur, statuant dans le
domaine de sa compétence, de modifier des textes antérieurs ou d'abroger ceux-ci en
leur substituant, le cas échéant, d'autres dispositions ; que, ce faisant, il ne saurait
toutefois priver de garanties légales des exigences constitutionnelles ; qu'en
particulier, il ne saurait, sans motif d'intérêt général suffisant, ni porter atteinte aux
situations légalement acquises ni remettre en cause les effets qui peuvent légitimement
être attendus de telles situations (…) » (Cons. const. Décision n° 2013-682 du 19
décembre 2013 « Loi de financement de la sécurité sociale pour 2014 » ; B.
Delaunay, La confiance légitime entre discrètement au Conseil constitutionnel, AJDA
12/2014, Tribune, p. 649).
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La pratique montre que de nouveaux principes sont régulièrement invoqués par les
justiciables.
On s’est demandé comment le juge procédait pour dégager les principes généraux du droit.
Cette question est étroitement liée à celle de la légitimité du pouvoir normatif du juge. Aussi
bien, a-t-elle divisé la doctrine.
Pour certains, le juge créerait purement et simplement les principes généraux du droit ; il en
serait l’auteur.
Pour d’autres, il se bornerait à les découvrir dans les textes. L’apparition d’un PGD ne
correspondrait donc pas à une création ex nihilo, mais à la reconnaissance de principes
préexistants, mais demandant à être expressément consacrés et à recevoir une formulation
explicite. Le juge jouerait donc un rôle d’accoucheur.
Cette explication participe du souci de rendre plus acceptable la création du droit par le juge.
Qu’en est-il en réalité ? Il semble en fait que pour dégager les PGD, le juge utilise deux
techniques :
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• Tantôt le juge va s’appuyer sur un texte dont il étend la solution à des cas dont
celui-ci ne traite pas, par le moyen d’un PGD : tel est le cas par exemple du principe
général des droits de la défense qui est issu des dispositions législatives prévoyant la
communication de leurs dossiers aux fonctionnaires faisant l’objet d’une procédure
disciplinaire
Mais, quelle que soit la technique utilisée, le principe général du droit n’existe, comme on l’a
dit, que par la volonté du juge. Au demeurant, celui-ci prend le soin d’indiquer que les PGD
sont applicables même sans texte.
Il faut donc se rendre à l’évidence, ils sont bien en ce sens une création du juge. Tout au plus,
peut-on ajouter que de par la technique que celui-ci utilise, ils n’en sont pas une création
arbitraire.
La valeur des P.G.D. a, elle aussi, donné lieu à de vifs débats dont l’intérêt théorique est
certain, mais dont la portée pratique est désormais limitée.
• La question qui s’est posée, en premier lieu, a été de savoir si les P.G.D. avaient valeur
législative ou au contraire, une valeur inférieure à la loi.
Elle a revêtu une réelle importance au tout début de la Ve République dans la mesure où, selon
certains, la valeur infra-législative des P.G.D. aurait permis d’y faire échapper les règlements
autonomes qui, en principe, de par les matières dans lesquelles ils interviennent, ne sont pas
soumis à la loi.
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En revanche, ils peuvent être écartés par une loi, sauf à ce qu’ils aient également le caractère
de principes constitutionnels.
C’est cet ensemble de solutions que le professeur Chapus a systématisé, dans une étude
classique, en considérant que les P.G.D. ont une valeur infra-législative et supra-décrétale,
son analyse reposant en outre sur la considération que la hiérarchie des normes juridiques doit
correspondre à la hiérarchie des organes qui les édictent.
Le juge étant soumis à la loi, mais contrôlant les actes de l’administration, les principes
généraux qu’il crée ne peuvent avoir qu’une valeur inférieure à la première et supérieure au
second.
• A cette première question, s’en est récemment substituée une seconde, qui est venue
quelque peu perturber les analyses antérieures.
Cette question procède du constat que certains P.G.D. ont le même contenu que des
principes constitutionnels inscrits par ailleurs dans le texte ou le préambule de la
constitution (principes d’égalité ou de liberté, par exemple). Ne faut-il pas leur reconnaître
dès lors une valeur constitutionnelle ?
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- D’un point de vue théorique, la réponse est sans doute négative car, étant
applicables même sans texte, les PGD ne sauraient tenir leur valeur des
textes qui consacrent des principes de contenu identique.
- D’un point de vue pratique, la question n’a qu’un intérêt limité. Le juge
administratif n’étant pas juge de la loi, mais uniquement de l’administration, la
seule chose qui importe de son point de vue est que les principes qu’il dégage
aient une valeur supra-décrétale.
La question de leur valeur constitutionnelle n’a de sens que pour le Conseil constitutionnel
qui est au contraire juge de la loi. Il est déterminant pour lui de décider si un principe a le
caractère d’un PGD auquel la loi peut déroger ou celui d’un principe constitutionnel qu’elle
doit respecter.
Il faut en effet rappeler que si le Conseil d’Etat a qualifié de PGD certains principes inscrits
dans la Constitution, c’est parce qu’à l’époque (sous la 3ème République) où il les a dégagés, le
bloc de constitutionnalité n’avait pas révélé encore toutes ses potentialités et que l’hésitation
était encore permise quant à la valeur de certains de ses éléments (Déclaration des droits de
l’Homme et du citoyen, notamment). A partir de la constitution de 1946, les choses auraient
dû changer. Mais le Conseil d’Etat a conservé ses habitudes et a continué à appliquer les
principes inscrits dans la Constitution en tant que PGD, sans se référer à celle-ci.
Depuis quelques années cependant, il manifeste une tendance lorsqu’un PGD a le même
contenu qu’un principe constitutionnel écrit, à se référer au texte de la Constitution, voire
même à l’interprétation qu’en donne le Conseil constitutionnel. Tel est le cas par exemple
pour l’égal accès aux emplois publics (article 6 de la Déclaration) ou pour l’indépendance des
professeurs d’universités (référence à l’interprétation du Conseil constitutionnel).
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Cette évolution ne condamne cependant pas les P.G.D. à une disparition progressive.
D’abord, parce que tous les P.G.D. ne trouvent pas d’homologues dans les principes
constitutionnels et parce que, par fidélité à sa tradition, le juge administratif continue de s’y
référer en tant que P.G.D. alors même qu’ils se voient reconnaître par ailleurs une valeur
constitutionnelle.
Ensuite, parce que l’expérience montre qu’il continue de créer de nouveaux principes
généraux du droit. Tout au plus faut-il relever – mais c’est là une tendance qui se manifeste
depuis plusieurs décennies déjà – que les nouveaux principes généraux sont, pour la majorité
d’entre eux, de moindre portée que leurs prédécesseurs « historiques » ou, si l’on peut dire,
moins « généraux » que ces derniers (pour des illustrations de principe généraux créés à une
époque relativement récente, voir par exemple : CE, 12 décembre 2003, Syndicat des
commissaires et hauts fonctionnaires de la police nationale, AJDA 2004, p. 442 : à propos de
l’obligation de publier les règlements ; CE Assemblée, 8 juillet 2005, Société Alusuisse-
Lonza-France, AJDA 2005, p. 1485, concl. M. Guyomar : à propos de la prescription
trentenaire ; CE, 6 mai 2015, M. B., n° 377487, AJDA 2015, p. 960 : à propos de la faculté
pour le juge de prononcer une astreinte à l’encontre de personnes privées en vue de
l’exécution de ses décisions et de liquider cette astreinte au terme du délai fixé).
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CHAPITRE 5
L’administration est soumise à l’ensemble des normes qui constituent les sources du droit
administratif.
Il peut cependant arriver que ces normes entrent en conflit les unes avec les autres : par
exemple, il peut y avoir contrariété entre les dispositions de la Constitution et les stipulations
d’une convention internationale ou les dispositions d’une loi ; ou encore entre une loi et un
engagement international de la France.
Dans ce cas, la question se pose de savoir à laquelle de ces normes elle doit se soumettre et
par rapport à laquelle d’entre elles le juge appréciera la légalité de ses actes ; autrement dit,
quelle est des deux normes en conflit, celle qui prévaut sur l’autre.
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Les rapports entre la Constitution et les normes internationales sont régis par un principe –
celui de la primauté de la Constitution (§1) – assorti de tempéraments ou de limites en cas
notamment de contrariétés avec les normes communautaires (§2).
A) La consécration du principe
• Ce principe a été affirmé par le Conseil d’Etat dans son arrêt d’Assemblée du 30
octobre 1998 « Sarran Levacher et autres » (GAJA n° 99 ; v. antérieurement, CE, Ass. 3
juillet 1996, Koné, n° 169219, Rec. Lebon, p. 255 ; AJDA 1996.805, chron. D. Chauvaux et T.-X.
; voir également à son sujet, P. Fombeur,
Girardot, ; RFDA 1996.870, concl. J-M. Delarue
L’affirmation de la primauté de la Constitution, AJDA 2014, p. 114), rendu à propos
d’un conflit entre la Constitution et les normes internationales autres que
communautaires : la suprématie conférée aux engagements internationaux sur la
loi par la Constitution (art. 55) « ne s’applique pas, dans l’ordre interne, aux
dispositions de la Constitution ».
En l’espèce, le Conseil d’Etat était saisi d’un recours contre un décret fixant
l’organisation du scrutin destiné à permettre à la population de Nouvelle Calédonie de
se prononcer sur les accords de Nouméa. Ce décret faisant application des dispositions
de l’article 76 de la Constitution qui, pour protéger la minorité canaque, limitait le
corps électoral aux personnes résidant depuis au moins dix ans sur le territoire.
Certaines personnes exclues du scrutin à raison de cette condition soutenaient que les
dispositions constitutionnelles en cause étaient contraires aux engagements
internationaux de la France (CEDH ; Pacte des Nations Unies sur les droits civils et
politiques) et que lesdits engagements devaient prévaloir sur la Constitution.
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Cette solution a été confirmée par la Cour de Cassation dans un arrêt d’Assemblée plénière du
2 juin 2000 (Mme Fraisse, RDP 2000, p. 1037, note X. Prétot ).
B) La justification du principe
Elle ne s’en fonde pas moins sur de sérieuses raisons. Outre que, comme l’écrit M. Chapus, la
Constitution représente « ce qui subsiste encore de l’identité de l’Etat » dans le processus déjà
lancé de dissolution de l’ordre juridique national, elle repose sur deux justifications tirées du
texte de la Constitution elle-même.
C’est bien là la preuve que la Constitution est supérieure aux traités internationaux
puisqu’à défaut de révision, le traité ne pourra être introduit dans l’ordre juridique
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interne (pour un exemple récent, voir Cons. const. 4 novembre 2010, décision n° 2010-614
DC : à propos de l’accord franco-roumain sur les mineurs isolés).
En définitive, statuer autrement que l’a fait le Conseil d’Etat serait revenu à
méconnaître la Constitution et à prendre une position qu’aucun titre de l’ordre
juridique auquel il appartient ne l’habilitait à adopter.
- l’une d’ordre général qui concerne les rapports internationaux de l’Etat français ;
Ce faisant, il entend marquer qu’il n’a pas voulu écarter le principe fondamental du droit
international consacrant la prééminence de ce droit sur le droit interne.
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Ils ont été admis à propos des actes de transposition des directives, lesquelles peuvent
relever soit du domaine de la loi, soit de celui du règlement.
Dans les deux cas, la question s’est posée de savoir si un acte de transposition conforme
à une directive, mais contraire à la Constitution pouvait, voire devait, être invalidé.
Si la question s’est posée en ces termes, c’est en raison du fait que l’ordre juridique
communautaire constitue désormais « un ordre juridique intégré » à l’ordre
constitutionnel français en vertu des articles 88-1 et suivants de la Constitution elle-même
(article 88-1 : « La république participe aux communautés européennes et à l’Union
européenne, constituées d’Etats qui ont choisi librement, en vertu des traités qui les ont
instituées, d’exercer en commun certaines de leurs compétences »). Par là même, le
Constituant lui-même a reconnu la primauté du droit communautaire dans certaines
matières.
Autrement dit, la Constitution demeure la norme suprême, mais cette norme elle-même
impose de faire prévaloir le droit communautaire sur les règles constitutionnelles, dans
une mesure que le Conseil constitutionnel (si la transposition est le fait de la loi) et le
Conseil d’Etat (si elle est le fait du décret) ont été amenés à préciser.
Ils l’ont fait dans un sens qui permet de sauvegarder la primauté des dispositions les plus
spécifiques de notre Constitution, tout en ménageant les pouvoirs des instances
communautaires et notamment de la CJCE.
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Le Conseil d’Etat a arrêté sa position dans un arrêt d’Assemblée du 8 février 2007 « Société
Arcelor Atlantique et Lorraine » (GAJA, n° 116).
Elle est, pour des raisons procédurales, très protectrice de la suprématie de la Constitution.
Elle s’ordonne autour d’une distinction entre les dispositions constitutionnelles propres
à la France et celles qui ont leur équivalent en droit communautaire.
Si la réponse est affirmative, il doit vérifier si la directive que le décret transpose est
conforme à la règle ou au principe communautaire équivalent.
En cas de difficulté sérieuse (c’est-à-dire s’il existe un doute sur cette conformité), il doit
saisir la CJCE : c’est ce qu’a fait en l’espèce le Conseil d’Etat sur certains points.
Dans ce cas, par conséquent, il fait prévaloir la Constitution sur la directive en cause.
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Cette solution présente l’avantage de préserver le noyau dur des règles constitutionnelles
françaises, son « identité constitutionnelle » pour reprendre l’expression du Conseil
constitutionnel, tout en laissant, en dehors de ce noyau dur, le soin au juge communautaire de
trancher les problèmes de conformité des directives par rapport au droit communautaire.
Il devrait en résulter une plus grande unité dans l’application et l’interprétation du droit
communautaire.
Et cela d’autant plus que, selon la jurisprudence récente du Conseil d’Etat, l’interprétation des
dispositions du traité et des actes communautaires donnée par la CJUE s’impose aux
juridictions nationales alors même qu’ils n’auraient pas l’objet d’un renvoi préjudiciel (CE
Assemblée, 11 déc. 2006, Sté De Groot, RFD adm. 2007, p. 372, concl. F. Seners, AJDA
2007, p. 136, chron. F. Lenica et J. Boucher).
Les solutions qui viennent d’être évoquées ne concernent cependant que l’hypothèse
dans laquelle la transposition de la Directive est assurée par un acte réglementaire. Si
elle l’est par la loi, celle-ci fait totalement écran et le Conseil d’Etat ne peut remettre en cause
sa constitutionalité si ce n’est pas dans le cadre d’une QPC posée par la partie requérante (CE,
6 décembre 2012, Société Air Algérie, Recueil Lebon, AJDA 2012, p.2380, Chronique X.
Domino et A. Bretonneau).
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Quoique légèrement différente en raison du rôle et des compétences qui lui sont propres, la
position du Conseil constitutionnel est très proche de celle du Conseil d’Etat.
Mais cette solution ne vaut cependant que lorsque la loi de transposition se borne à tirer
les conséquences nécessaires de dispositions précises et inconditionnelles d’une directive,
autrement dit quand le législateur ne dispose d’aucune marge de manœuvre au regard des
dispositions de celle-ci (Cons. const. 1er juillet 2004, Loi relative aux communications
électroniques ; Cons. Const., 29 décembre 2015, n° 2015-726, DC, Loi de fiances rectificative
pour 2015 et Cons. Const., 3 février 2016, n° 2015-520 QPC, RFDA mai-juin 2016.597, note
A. Roblot-Troizier ; Droit adm. Juillet 2016, Alertes, n° 80, note E. Crepey : dans le cas d’une
loi qui transpose les dispositions d’une directive mais qui s’appliquent à des situations régies
par le droit de l’Union et à des situations échappant à ce droit, le conseil constitutionnel opère
une distinction dans l’exercice du contrôle de constitutionnalité).
• Elle se trouve écartée lorsque la loi de transposition méconnaît le «noyau dur» des
règles constitutionnelles, noyau dur qui a été identifié par le Conseil Constitutionnel,
- et, en dernier lieu, comme formé par « les règles et principes inhérents à l’identité
constitutionnelle de la France » (CC. 27 juillet 2006, loi relative au droit d’auteur).
Sa position se justifie par l’article I.5 du Traité établissant une Constitution pour l’Europe en
vertu duquel l’Union respecte l’égalité des Etats membres devant la Constitution ainsi que
« leur identité nationale, inhérente à leurs structures fondamentales, politiques et
constitutionnelles ». Le Conseil constitutionnel considère que cette stipulation constitue une
limite à celle de l’article suivant I.6 selon lequel la Constitution pour l’Europe et le droit
adopté par les institutions de l’Union « prime le droit des Etats membres ».
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Et le juge administratif est compétent pour annuler les actes administratifs qui ne la
respectent pas.
A cet égard, il convient d’insister à nouveau sur le fait que le juge administratif exerce, à ce
titre, un contrôle de constitutionnalité des actes administratifs.
L’hypothèse est loin d’être théorique. Elle se rencontre même fréquemment dans la pratique.
Elle résulte de ce que
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Il peut donc exister – et il existe sans doute en nombre relativement important – des lois en
vigueur qui ne sont pas conformes à la Constitution.
Les actes administratifs qui sont pris sur leurs fondements peuvent alors être « légaux »,
au sens de respectueux de la loi, tout en méconnaissant la Constitution.
Dans un tel cas, c’est normalement la Constitution qui devrait prévaloir sur la loi
puisqu’elle se situe à un rang supérieur dans la hiérarchie des normes et que son respect
s’impose aussi bien au législateur qu’à l’administration.
C’est pourtant aux résultats contraires qu’a abouti pendant très longtemps la jurisprudence
administrative par application de la théorie dite de l’écran législatif (§1) ; et c’est à raison des
limites à l’autorité de la Constitution qui en résultaient qu’a été institué un contrôle de
constitutionnalité des lois par voie d’exception sous la forme de la question prioritaire de
constitutionnalité (QPC) (§2).
A. Exposé de la théorie
Selon cette théorie, le juge administratif se refuse à examiner la conformité d’un acte
administratif par rapport à la Constitution (et à sanctionner son éventuelle
inconstitutionnalité) lorsque cet acte a été pris conformément à une loi qui fait écran entre lui
et la Constitution.
- non pas par le fait que la loi serait considérée comme supérieure à la
Constitution,
- mais par ceci que le juge ne se reconnaît pas le pouvoir de vérifier la conformité de
la loi par rapport à la Constitution.
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B. Critique de la théorie
On a fait valoir qu’elle n’a plus sa raison d’être dès lors que – comme nous le verrons – le
juge administratif accepte de contrôler la conformité de la loi par rapport aux
conventions internationales.
La raison tient au fait que le contrôle de conformité des lois aux conventions
internationales – que l’on appelle contrôle de conventionnalité - trouve un fondement
dans la Constitution elle-même et notamment dans son article 55.
On comprend dès lors que le juge administratif se refuse toujours à exercer un tel contrôle.
• Il faut cependant relever que si la théorie de l’écran législatif subsiste, sa portée se trouve réduite par la
conjonction de deux facteurs, tenant, d’une part, aux conditions d’application de la théorie ; d’autre part, à
la pratique jurisprudentielle.
- Tout d’abord, la théorie de l’écran législatif ne joue que si l’acte administratif en cause (et donc
l’inconstitutionnalité qui l’affecte) découle de la loi elle-même. Elle cesse de s’appliquer lorsque
cette loi ne comportait pas de dispositions de fond impliquant nécessairement que l’acte administratif
méconnaisse la Constitution ou, pour dire les choses autrement, lorsque celui-ci ne se borne pas à
tirer les conséquences de l’acte législatif (CE assemblée, 12 juillet 2013, n° 344522, Fédération
nationale de la pêche en France, RFDA 2014, p. 97, concl. E. Cortot-Boucher ; Droit adm. 2013, n°
84, note J.L. Pissaloux ; CE, 26 février 2014, n° 351514, Association Ban Abestos, JCP A 2014, act.
237 : arrêts relatifs l’un et l’autre à la Charte de l’environnement).
- Par ailleurs, la pratique jurisprudentielle tend à limiter fortement les cas d’application de la théorie.
Le juge administratif s’efforce, en effet, autant que faire se peut d’interpréter la loi dans un sens
conforme à la Constitution. Il est aidé en cela par le Conseil constitutionnel qui assortit de plus en
plus souvent ses décisions de réserves d’interprétation. Or, en vertu de l’article 62 de la Constitution,
les décisions du Conseil s’imposent à toutes les juridictions.
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- En troisième lieu, la loi ne fait plus écran lorsqu’elle est censée avoir été abrogée de manière
implicite mais nécessaire (et a fortiori de manière explicite) par des dispositions constitutionnelles ou
législatives postérieures avec lesquelles elle est inconciliable, ce que le juge administratif se
reconnaît le pouvoir de constater (voir à propos de la charte de l’environnement : CE, 12 janvier
2009, Association France Nature Environnement, Droit adm. 2009, n° 75 ; CE, 24 juillet 2009,
Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique, AJDA 2009, p. 1818,
chron. S.J. Liéber et D. Botteghi et sur la question : J.B. Dubrulle, La compatibilité des lois avec la
Constitution : un contrôle de constitutionnalité ? AJDA 2007, p. 127 ; Ch.E. Sénac, Le constat
juridictionnel de l’abrogation implicite de la loi par la Constitution, RDP 2008).
Bibliographie : dossiers AJDA 2010, p. 74 ; RDP 2009, p. 565 ; chron. S.J. Liéber et D.
Botteghi, AJDA 2010, p. 1355 ; X. Domino et A. Bretonneau : QPC : Deux, déjà l’âge de
raison ?, AJDA 2012, p. 422.
C’est à cette situation peu justifiable au regard tant de la hiérarchie des normes que de
l’importance du contenu de la Constitution que, après deux réformes avortées en 1990 et
1993, le Constituant a entendu remédier lors de la révision constitutionnelle du 23 juillet
2008.
L’article 61-1 introduit dans la Constitution lors de la révision précitée dispose, en effet, que :
« lorsque, à l’occasion d’une instance en cours devant une juridiction, il est soutenu
qu’une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution
garantit, le Conseil constitutionnel peut être saisi de cette question sur renvoi du
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Cet article complète ainsi le contrôle a priori de constitutionnalité des lois qui
préexistaient par un contrôle a posteriori de leur conformité à la Constitution.
La loi organique mentionnée par l’article 61-1 a été prise le 10 décembre 2009. Le Conseil constitutionnel l’a
jugée conforme à la Constitution sous quelques réserves d’interprétation (décision n° 2009-595 DC du 3
décembre 2009, RFDA 2010, p. 1, étude B. Genevois). Elle a été suivie de plusieurs décrets destinés à en
préciser les conditions d’application. Conformément à ses dispositions, la réforme est entrée en vigueur
le 1er mars 2010.
C’est ce point que nous évoquerons (B) après avoir exposé les modalités procédurales
d'examen de la QPC (A) et avant de traiter de la décision du Conseil constitutionnel sur cette
question (C).
* Sur le plan procédural, le contrôle de la constitutionnalité des lois par voie d’exception
est déclenché par la question que soulève l’une des parties à un litige sur la
constitutionnalité d’une loi applicable à ce litige.
Ce moyen peut être présenté à tous les stades de la procédure (1ère instance, appel,
cassation) aussi bien devant les juges du fond que devant celui des référés (CE,
ordonnance, 16 juin 2010, M. Diakite, AJDA 2010, p. 1230 et 1662 ; note O. Le Bot).
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Il doit faire l’objet de la part du justiciable qui l’invoque d’un écrit distinct et motivé sous
peine d’irrecevabilité.
• Le juge qui en est saisi doit l’examiner de manière prioritaire, d’où l’appellation de
question prioritaire de constitutionnalité.
Le caractère prioritaire de la question a été au cœur d’un débat qui a rapidement connu son épilogue. (J.B. Auby,
Question prioritaire de constitutionnalité et droit de l’Union européenne : l’état du débat, Droit administratif
2010, Repère n° 8).
La Cour de Cassation a, en effet, soumis à la CJUE une question préjudicielle sur le point de savoir si le
mécanisme de la QPC était compatible avec le droit de l’Union européenne (Cassation, 16 avril 2010, Melki,
AJDA 2010, p. 1023, note P. Manin ; JCP A 2010, n° 2162). La raison (implicite) de cette interrogation résidait
dans le fait que le caractère prioritaire de l’examen de la constitutionnalité des lois risquait de faire passer au
second plan le contrôle de leur conventionnalité par rapport au droit communautaire, lequel exige que ce
contrôle de conventionnalité ne soit pas soumis à des procédures moins favorables que les recours de nature
purement interne (principe d’équivalence) et que ses conditions ne rendent pas excessivement difficile l’exercice
des droits conférés par l’ordre juridique de l’Union européenne (principe d’effectivité).
La CJUE a estimé que tel n’était pas le cas, dès lors que le caractère prioritaire de la question de
constitutionnalité laissait toute liberté à la juridiction compétente pour saisir la CJUE à tout moment de la
procédure d’une question préjudicielle sur la compatibilité de la loi en cause avec le droit de l’Union ; pour
prendre toute mesure nécessaire à la protection provisoire des droits conférés par celle-ci et pour laisser
inappliquées, les dispositions législatives nationales qu’elle jugerait contraire au droit de l’Union (22 juin 2010,
aff. C-188/010, Melki).
Ce faisant, elle a repris, à peu de choses près, les réponses qui avaient été indirectement faites à la Cour de
Cassation par le Conseil d’Etat (14 mai 2010, Rujovic) et par le Conseil constitutionnel (décision n° 2010-605
du 12 mai 2010 sur les jeux de hasard, JCP A 2010, n° 2181, note B. Mathieu ; AJDA 2010.1048, cons. 14), le
Conseil constitutionnel justifiant en outre le caractère prioritaire de la question de constitutionnalité par la place
de la Constitution au sommet de la hiérarchie des normes juridiques.
Si elle est soulevée devant les juridictions inférieures (de première instance et d’appel), celle-
ci dispose d’un délai de trois mois pour juger, par une décision motivée, s’il y a lieu - au
regard des conditions de recevabilité et de fond - de transmettre la question au Conseil
d’Etat.
Celui-ci dispose à son tour d’un délai de trois mois pour décider ou non de la transmettre
au Conseil constitutionnel.
Cette obligation connait des exceptions : elles concernent le cas d’une personne privée de
liberté ; celui où une loi ou un règlement lui impose de statuer en urgence dans un délai
déterminé ; ou encore celui où le sursis à statuer entraînerait des conséquences
irrémédiables ou manifestement excessives pour l’une des parties au litige.
Par une réserve d’interprétation, le Conseil constitutionnel a cependant considéré que dans de
tels cas, le justiciable qui n’a pas obtenu gain de cause peut introduire une nouvelle instance
sans que lui soit opposable l’autorité de la chose jugée, ceci afin qu’il soit tenu compte de la
décision rendue par le Conseil constitutionnel.
• Enfin, une fois sa question posée, le justiciable ne maîtrise plus le mécanisme qu’il a
déclenché car l’extinction de son instance, pour quelque cause que ce soit, est sans
incidence sur l’examen de la question de constitutionnalité.
Dans le prolongement des deux dernières solutions évoquées, le Conseil d’Etat a considéré que lorsque des
dispositions législatives ou réglementaires obligent une juridiction à juger au fond sans attendre de connaître le
sort réservé à la QPC qu’elle a transmise avant de statuer et que le litige est clos faute pour sa décision d’avoir
fait l’objet d’un recours, la QPC en question ne peut être regardée comme ayant perdu son objet pour ce seul
motif. Il appartient donc au Conseil d’Etat d’examiner si elle doit être transmise au Conseil constitutionnel (CE,
4 juin 2012, M. Morel, AJDA 2012, p.1132 et p.1645, conclusions D. Hedary : à propos d’un recours contre le
refus d’enregistrement d’une liste aux élections territoriales de Saint-Pierre et Miquelon sur lequel, en vertu des
dispositions du Code électoral, le Tribunal administratif devait statuer dans un délai de trois jours).
Pour que la QPC fasse l’objet d’une transmission, il faut que soient remplies certaines
conditions fixées par la loi organique, les unes de recevabilité (1) ; les autres de fond (2).
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On en dénombre plusieurs dont la réalisation doit être vérifiée par le juge saisi de la question.
• En premier lieu, la question doit porter sur des dispositions législatives à caractère normatif.
- ni les lois dépourvues de valeur normative, telles les lois de programmation (ou celles de leurs dispositions
dénuées d’une telle valeur : CE, 18 juillet 2011, Fédération nationale des chasseurs, Fédération départementale
des chasseurs de la Meuse, AJDA 2011, p.1527 et l’étude de C. Grouilier : la normativité des lois de
programmation au prisme de la QPC, AJDA 2012, p.1047 ou les dispositions dénuées d’une telle valeur en
raison de leur objet (voir à propos de la reconnaissance par la France du génocide arménien : CE, 21 octobre
2015, n° 392400, Association pour la neutralité de l’enseignement de l’histoire turque dans les programme
scolaire, JCP A 2015, act. 892)
- ni a fortiori les dispositions de texte qui n’ont pas valeur législative, comme c’est le cas des ordonnances non
ratifiées par le Parlement (CE, 11 mars 2011, Benzoni, AJDA 2011, p.534) ou encore des lois qui ont été
modifiées par Décret après avis du CE si elles sont antérieures à l’entrée en vigueur de la constitution de 1958
(CE, 1er juillet 2011, M. et Mme Lignon, AJDA 2011, p.1356) ou après délégalisation par le Conseil
constitutionnel si elles sont postérieures.
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• En troisième lieu, les dispositions législatives mises en cause doivent porter atteinte,
non pas à n’importe laquelle des dispositions de la Constitution, mais aux droits et
libertés garantis.
A ce titre, la QPC ne peut, par exemple, porter uniquement sur la violation d’un objectif
constitutionnel, tel celui de clarté et d’intelligibilité de la loi, la méconnaissance de cet
objectif ne pouvant, en elle-même, être invoquée à l’appui d’une telle question (Conseil
constitutionnel, 22 juillet 2010, M. Alain Cochard, dec. n° 2010-4/17 QPC, AJDA 2010, p.
1508).
• En quatrième lieu, les dispositions de la loi dont l’inconstitutionnalité est invoquée doivent être applicables
au litige, sans pour autant en commander nécessairement l’issue (CE, 14 avril 2010, Union des familles en
Europe, AJDA 2010, p. 1013, concl. A. Courrèges : arrêt considérant que remplit cette condition une
disposition législative seulement susceptible d’être interprétée comme régissant la situation à l’origine du
litige).
La question posée peut s’étendre à des dispositions connexes ou indissociables de celles applicables au litige (par
exemple, une disposition étendant le régime législatif dont la constitutionnalité est contestée) (voir en ce sens,
CE, 28 mai 2010, M. Opra et M. Balta, AJDA 2010, p. 1376, concl. J.Ph. Thiellay).
• En cinquième lieu, la question ne peut porter sur une disposition qui a déjà été déclarée
conforme à la Constitution à la fois dans les motifs et dans le dispositif d’une décision du
Conseil constitutionnel, quels que soit par ailleurs les moyens d’inconstitutionnalité
invoqués devant le Conseil constitutionnel, c’est-à-dire quand bien même le conseil ne
se serait pas expressément prononcé sur celui qui est soulevé par la QPC (CE, 19 mai
2010, Commune de Buc, AJDA 2010, p. 1050).
C’est la raison pour laquelle les lois organiques, qui sont obligatoirement soumises au
contrôle du Conseil constitutionnel, ne peuvent donner lieu à QPC (CE, 29 juin 2011, Président
de l’Assemblée de Polynésie française, AJDA 2011, p.1355).
Les lois organiques ne sont pas par principe exclues du champ d'application de la QPC
(Cons. const., 5 oct. 2012, n° 2012-278 QPC).
Toutefois, les lois organiques promulguées depuis le 5 mars 1959, date de mise en place du
Conseil constitutionnel, ont été obligatoirement examinées par ce dernier (Const., art. 46).
Déclarées conformes à la Constitution, elles ne peuvent par la suite faire l'objet d'une question
prioritaire de constitutionnalité, sauf en cas de “changement des circonstances” au sens de
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l'article 23-2 de l'ordonnance du 7 novembre 1958 (CE, 29 juin 2011, n° 347214, prés.
Assemblée de la Polynésie française : JurisData n° 2011-012825).
Cette position a été confirmée par le Conseil constitutionnel dans sa décision du 21 févr.
2012, n° 2012-233 QPC, sur saisine de Mme Le Pen à propos des parrainages pour la
présidentielle :
- SUR LA RECEVABILITÉ :
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février 2012, Mme Lepen, AJDA 2012, p.240 et Cons. const., 21 février 2012, déc. n
°2012-233 QPC : à propos de la publicité des parrainages des candidatures à la présidence de
la république) qui n’avait pas fait l’objet d’examen par le Conseil constitutionnel depuis le 14
juin 1976, cela eu égard aux changements ayant affecté la vie politique et l’organisation
institutionnelle du pays.
Si les conditions susmentionnées sont remplies, la transmission de la QPC n’est pas encore
assurée.
Pour qu’elle s’impose, il faut en outre que deux autres conditions, de fond cette fois, soient
remplies.
- non seulement les questions portant sur des dispositions que le Conseil constitutionnel a
déjà examinées,
- mais également celles à propos desquelles il existe déjà une jurisprudence bien établie
du Conseil constitutionnel (relatives, par exemple, au principe d’égalité des contribuables
devant les charges publiques).
Il le conduira sans doute à des appréciations délicates sur l’existence d’une possible
inconstitutionnalité, ceci par le biais d’une interprétation à la fois de la loi contestée et des
dispositions constitutionnelles invoquées. Il s’agit, en quelque sorte, pour la juridiction
suprême de procéder à un pré-jugement de la constitutionnalité de la loi.
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Les juridictions inférieures doivent, quant à elles, se borner à vérifier que la QPC n’est
pas dépourvue de caractère sérieux, laissant au Conseil d’Etat le soin d’affiner cette
appréciation relative au caractère sérieux de la question.
• S’il déclare inconstitutionnelles les dispositions de la loi visée par la question, celles-ci se
trouvent abrogées à compter de la publication de sa décision ou à une date ultérieure
fixée par lui.
Le Conseil doit également déterminer les conditions et limites dans lesquelles les effets que
la disposition a produits sont susceptibles d’être remis en cause (article 62 de la
Constitution). Cet aspect de sa décision revêt une importance particulière puisque c’est de lui
que vont dépendre les conséquences de l’inconstitutionnalité de la loi sur le litige à l’occasion
duquel cette inconstitutionnalité a été soulevée.
Le Conseil d’Etat estime, en effet, que dans cette hypothèse, le Conseil constitutionnel n’a pas
entendu remettre en cause les effets passés de la loi, alors même que, selon les motifs de sa
décision, la déclaration d’inconstitutionnalité doit, en principe, bénéficier à l’auteur de la QPC
(CE, 14 novembre 2012, Association France Nature Environnement, AJDA 2012, p.2377,
Chronique X. Domino et A. Bretonneau).
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Désormais, elle est contestable, même après sa promulgation, dans les conditions qui
viennent d’être décrites.
Ce changement apparaît comme des plus normales dans son principe. On comprenait mal, en
effet, que le juge administratif puisse – comme nous allons le voir – écarter des lois au motif
qu’elles ne sont pas conformes à des normes internationales et ne pouvoir faire de même à
l’égard de celles qui méconnaissent la norme suprême de notre ordre juridique.
La question pratique soulevée par les rapports entre la loi et les normes internationales est du
même ordre que celles déjà rencontrées.
Mais, la question se pose de savoir ce qui se passe en cas de contrariété entre une loi et une
convention internationale : faut-il apprécier la légalité des actes administratifs entrant dans
leur champ d’application au regard de la première ou des secondes ? En d’autres termes,
laquelle de ces deux normes doit prévaloir sur l’autre ?
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supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou Traité, de son application
réciproque par l’autre partie ».
Ce n’est cependant pas ainsi que l’a entendu le Conseil d’Etat jusqu’à une époque très
avancée.
En revanche, en cas de conflit entre un traité et une loi postérieure, il faisait prévaloir la loi
sur le traité au motif classique que procéder différemment revenait à exercer un contrôle de
conformité de la loi par rapport au traité.
Pendant de longues années, le Conseil d’Etat s’est arquebouté sur cette position. Il ne l’a
abandonnée qu’avec son arrêt d’Assemblée « Nicolo » du 20 octobre 1989 (GAJA n° 93)
rendu sur les conclusions de M. Frydman.
Il est vrai que l’affaire était d’importance puisqu’il s’agissait, ni plus ni moins, que de
déterminer si le législateur national devait désormais s’incliner devant l’ordre juridique
international en général et communautaire en particulier.
L’abondance des recensions et commentaires dont l’arrêt « Nicolo » a fait l’objet (conclusions
reproduites dans pas moins de 7 revues et 22 annotations répertoriées) atteste d’ailleurs de
cette importance.
Le Conseil d’Etat a récemment étendu cette solution au cas d’une loi organique (CE, 6 avril
2016, n° 380570, Blanc et a., Lebon ; Droit adm. 2016, n° 50, note G. Eveillard).
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C’est à ce titre que l’arrêt « Nicolo » mérite qu’on en explique les raisons et fondements (§1) ;
la portée de la solution qu’il consacre (§2) et les limites – relativement faibles – qu’il lui pose
(§3).
Ces raisons, dont on ne trouve trace dans l’arrêt lui-même, ont été longuement exposées par le
Commissaire du Gouvernement Frydman.
• La deuxième raison réside en ceci que la position du Conseil d’Etat était directement
contraire à l’article 55 de la Constitution qui consacre la supériorité des traités sur
la loi.
En faisant prévaloir sur eux les lois postérieures, le Conseil d’Etat méconnaissait donc la
Constitution.
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Le Conseil d’Etat était donc seul à pouvoir assurer la supériorité des traités
internationaux sur les lois.
• Sans doute faut-il également ajouter à ces raisons, une dernière, tenant à ce que dans
un contexte d’intégration européenne croissante, la solution qui consistait à
permettre à la loi de méconnaître le droit international et communautaire était
devenue intenable.
La conséquence en est qu’en cas de contrariété entre une loi et un traité, le juge administratif
fait prévaloir le traité. Il apprécie donc la légalité de l’acte administratif qui lui est déféré par
rapport à ce dernier et non par rapport à la loi, qu’il écarte pour la solution du litige. Celle-ci
se trouve donc écartée, mais ne disparaît pas de l’ordonnancement juridique.
Ce faisant, il estime ne pas s’ériger en censeur de la loi, mais se borner à régler un conflit
de normes dans le sens imposé par l’article 55 de la Constitution (CE, 5 janvier 2005,
Mlle Deprez, Droit administratif 2005, n° 51).
• La troisième conséquence induite de l’arrêt Nicolo est que la supériorité des normes
internationales ne se limite pas aux seuls traités, ni même aux traités communautaires,
mais s’étend également aux normes internationales dérivées, qu’il s’agisse notamment
de règlements ou de directives communautaires (voir respectivement CE, 24 septembre
1990, Boisdet, AJDA 1990, p. 863, chron. ; Ass. 28 février 1992, SA Rothmans
International France, Rec. CE, p. 80, concl. M. Laroque ; AJDA 1992, p. 210, concl. et
chron. p. 329).
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La solution est logique dès lors que la directive ou le règlement se voient reconnaître une
valeur supérieure à celle des lois. Mais elle a pour effet d’imposer au législateur le
respect d’actes pris par des instances dépourvues de caractère démocratique (et qui, au
surplus adoptent une quantité considérable d’actes).
. Un quatrième prolongement de l’arrêt Nicolo consiste en ceci qu’en présence d’une loi incompatible avec
les règles communautaires, le ministre en charge de la matière peut donner instruction à ses services de ne
pas l’appliquer, sans être autorisé pour autant à édicter des dispositions réglementaires qui viendraient se
substituer à la loi (CE, 27 juillet 2006, Association Avenir de la Langue Française, Droit administratif 2007,
n° 11).
. Enfin, la jurisprudence récente considère que la responsabilité de l’Etat peut être engagée pour réparer
l’ensemble des préjudices qui résultent de l’intervention d’une loi adoptée en méconnaissance des
engagements internationaux de la France (CE Assemblée, 8 février 2007, Gardedieu, RFD adm. 2007, p.
361, concl. Derepas et p. 525, note D. Pouyaud : à propos d’une loi de validation ayant entraîné le rejet
d’une contestation de cotisations de sécurité sociale fixées par un règlement illégal ; CAA de Paris, 4 avril
2007, M. Abovilier, AJDA 2007, p. 1085, concl. B. Folscheid : action des anciens salariés d’UTA en
réparation du préjudice subi à la suite de la fusion de leur compagnie avec Air France, action fondée sur
l’inconventionnalité d’une disposition législative).
Tout en confirmant cette responsabilité de l’Etat du fait des lois, la jurisprudence est cependant venue préciser
qu’elle ne se trouve pas engagée lorsque le préjudice invoquée résulte non pas de la loi elle-même, mais de la
portée qui lui a été ultérieurement conférée par la jurisprudence (CE, 2 juillet 2014, n° 354365, Société d’édition
et de protection route [SEPR], RJEP 2014, n° 49, concl. A. Lallet et l’étude de G. Alberton, Le législateur peut-il
rester irresponsable, AJDA 2014, p. 2350 : à propos de l’interprétation en 1996 par la Cour de Cassation d’une
loi de 1993 relative au licenciement économique de salariés qui, selon la société requérante, méconnaissait les
principes de sécurité juridique et de confiance légitime ainsi que le droit à un procès équitable reconnus
respectivement par le droit communautaire et la CEDH. En l’espèce, la société requérante avait adopté la mesure
jugée contraire à la loi peu de temps après que l’arrêt de la Cour de Cassation interprétant celle-ci soit intervenu).
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Jusqu’à une époque récente, en cas de difficulté sérieuse sur la réalisation de cette condition,
le juge administratif prononçait un sursis à statuer et renvoyait au ministre des affaires
étrangères le soin de se prononcer (CE, Ass. 29 mai 1981, Rekhou, AJDA 1981, p. 459,
chron.), car il ne s’estimait pas compétent pour trancher ce genre de question.
Dans un premier temps, cette solution a été maintenue malgré l’abandon par le Conseil
d’Etat de la technique du renvoi au ministre des affaires étrangères pour interprétation
des traités, car autant le juge est armé pour interpréter un texte, fût-il une norme
internationale, autant il est mal placé pour apprécier son application par un Etat étranger (CE,
Ass. 9 avril 1999, Mme Chevrol-Benkeddach, Rec. CE, p. 115 ; AJDA 1999, p. 401, chron.).
Cette solution ayant été condamnée par la CEDH (13 février 2003, Chevrol, AJDA 2003,
p. 1984, note T. Rambaud), le Conseil d’Etat l’a abandonnée récemment (CE, 9 juillet
2010, Mme Cheriet-Benseghir, Droit adm. oct. 2010, comm. n° 131, note M. Gautier ; RFDA
2010.1133, concl. G. Gumortier et note J-F. Lachaume ; AJDA 2010, p. 396 et chron. S.-J
Liéber et D. Botteghi, p. 1635 – Voir également au sujet de cet arrêt, L. Fabius, Du Quai
d’Orsay au Palais-Royal : accords internationaux et réciprocité, AJDA 2014, p. 123).
- dans un premier temps, le Conseil d’Etat a considéré qu’il ne lui appartient pas
compte tenu de son office, c’est-à-dire de l’examen nécessairement rapide des
questions de droit soulevées devant lui, de se prononcer sur la compatibilité d’une loi
avec une norme internationale, sauf si une décision juridictionnelle a déjà statué sur ce
point (CE, 30 décembre 2002, Ministre de l’aménagement du territoire c/ M.
Carminati, Rec. CE p.510 ; AJDA 2003, p. 1065, note O. Le Bot ; CE, 21 octobre 2005,
Association Aides et autres, Rec. CE p. 438 ; AJDA 2006, p. 944, note H. Rihal ; CE, ord. 9 décembre
2005, Allouache, n° 287777, Rec. Lebon, p. 562 ; AJDA 2005.2374 ; et sur la question, C. Groulier,
Contrôle de conventionnalité de la loi et référé, AJDA 2007, p. 1274)
➢ Le Conseil d’Etat a d’abord jugé qu’un tel contrôle relève de l’office du juge di
référé-liberté, « en cas de méconnaissance manifeste des exigences qui découlent du
droit de l’Union », trois conditions de nature à encadrer les pouvoirs du juge des
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référés (CE, 16 juin 2010, Diakité, AJDA 13 sept. 2010.1662, note O. Le Bot ; A.
Zaradny, Le contrôle de conventionnalité du juge administratif des référés, JCP A
2011, n° 2379).
Il eût, en effet, été paradoxal que le juge des référés puisse donner suite à une QPC et ne
pas pouvoir écarter la loi contraire au droit de l’Union européenne (voir ci-dessus les
développements concernant Cassation 16 avril 2010, Melki, préc. ; CJUE, 22 juin 2010, aff.
C-188/010, Melki ; CE, 14 mai 2010, Rujovic, n° 312305, préc.).
CE, Ass., 31 mai 2016, n° 396848, Mme Gonzalez-Gomez, RFDA 2016.740, concl. A.
Bretonneau, note P. Delvolvé ; AJDA 252016.1398, chron.
Dans cette affaire, le juge du référé-liberté accepte de confronter à l’article 8 de la CEDH qui
garantit le droit au respect de la vie privée, les dispositions du code de la Santé publique dont
il résulte qu’en principe, le dépôt et la conservation des gamètes ne peuvent être autorisées,
en France, qu’en vue de la réalisation d’une assistance médicale à la procréation entrant dans
les prévisions légales du code de la santé publique, notamment dans le cas où la prise en
charge médicale d’une personne est susceptible d’altérer sa fertilité, ou dont la fertilité risque
d’être prématurément altérée et qui interdisent que des gamètes déposés en France puissent
faire l’objet d’une exportation, s’ils sont destinés à être utilisés, à l’étranger, à des fins qui
sont prohibés sur le territoire national. Au terme d’un contrôle in concreto de l’atteinte portée
au droit au respect de la vie privée, le juge en juin à l’administration de procéder à
l’exportation des gamètes vers l’Espagne).
La question s’est posée de la résolution des conflits entre deux normes internationales dont
l’une a servi de fondement à l’acte administratif, par exemple entre un traité international
établissant une discrimination et la Convention européenne de sauvegarde des droits de
l’homme (CE, Ass., 23 décembre 2011, M. Kandyrine de Brito, n° 303678, Rec. Lebon ;
RFDA 2012, p.1, conclusions J. Boucher et l’étude de M. Gautier : le Conseil d’Etat et les
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conflits entre conventions internationales : du nouveau, mais pas trop, Droit administratif
2012, étude 11 ; JCP A 2012, jurisp. p. 15 ; AJDA 06.02.2012 point 201, chronique X.
Domino et A. Bretonneau).
Après avoir abandonné la référence à la norme plus récente, le Conseil d’Etat s’est arrêté sur
les principes du droit coutumier relatifs à la combinaison entre elles des conventions
internationales (CE 21 avril 2000, Zaidi, n° 206902, Rec. Lebon, p. 159).
• Sous cette réserve, et en premier lieu, le juge va d’abord vérifier que la norme qui
rendrait illégale la décision prise par l’administration en application de ses
stipulations est bien en vigueur dans l’ordre juridique interne et invocable devant
le juge administratif (v. supra).
• En deuxième lieu, le juge va faire intervenir le droit coutumier pour définir les
modalités d’application respectives des deux normes afin de les rendre conciliables
au besoin en les interprétant au regard des règles et principes à valeur
constitutionnelle.
• En troisième lieu, si la conciliation est impossible et si aucun des deux textes ne peut
être écarté à l’issue de cette tentative de conciliation, le juge applique « la norme
internationale dans le champ de laquelle la décision administrative contestée a
entendu se placer et pour l’application de laquelle elle a été prise ».
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En revanche, une telle situation est susceptible d’engager la responsabilité de l’Etat tant dans
l’ordre international que dans l’ordre interne.
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