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1. Le droit et les hommes, deux êtres inséparables. Le droit est aussi ancien que les
hommes, et Il est enraciné dans leur conscience et même dans leur inconscience. Son
importance se fait remarquer déjà dans notre langage quotidien: les deux expressions "vous
avez le droit " et "vous n'avez pas le droit" qui s’énoncent presque habituellement dans notre
vie en est l'illustration. Et les hommes sont en contact avec lui dans les diverses domaines
concernant leur vie: les rapports entre institutions politiques, entre les époux, bailleurs et
locataires, employeurs et salariés, associés d'une société, entreprises, l’administration et les
citoyens, etc. Incontestablement, le droit, comme le résume un auteur, est « inhérent au
quotidien. Il est en lui. Il est dans la réalité quotidienne ».
2. Ubi societas, ibi jus. Cet adage latin affirme une donnée fondamentale : l'existence d'une
société suppose l'existence du droit. La présence du droit, comme règles conçues pour régir
les rapports sociaux, remonte aux périodes historiques les plus lointaines, notamment dans les
sociétés archaïques ayant connu l'écriture. En Mésopotamie, grande partie de l'Irak actuel et
une partie de la Syrie actuelle, des lois furent gravées sur des stèles de pierre dans les lieux
publics afin que toute la population en prît connaissance. Mais, c’est le code de Hammurabi,
vers 1750 avant J.-C, qui a été considéré comme le plus ancien et important texte juridique
tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Conçu sur ordre du Roi Hammurabi, afin de
soumettre les diverses régions du pays au pouvoir unique et d’y établir l'unité et la stabilité, ce
code contenait une introduction, 282 articles et une conclusion régissant un ensemble
important de sujets relatifs au contrat, le mariage, l'organisation judiciaire, le droit pénal,
biens, la famille, la succession, etc.
1
Partie I. L’existence du Droit
Partie II. Les droits subjectifs
2
Partie I. L’existence du Droit
L’étude de l’existence du Droit impose de mettre l’accent fondamentalement sur son
identification (Titre I) et son application (Titre II).
L’approche doctrinale la plus répandue du droit l’aperçoit comme étant "un ensemble de
règles de conduite qui, dans une société donnée, - et plus au moins organisée -, régissent les
rapports entre les hommes", ou encore « C’est l’ensemble des règles destinées à organiser la
vie sociale ». Cette définition, d'ailleurs la plus habituelle, renvoie à l'idée du droit objectif.
Le droit est décrit comme objectif par ce que ces règles, destinées à organiser la vie en
société, ont vocation à s’appliquer à toutes les personnes qui forment le corps social, d’une
manière générale et impersonnel. Les règles formant le droit objectif visent toutes les
personnes et donc ne désigne personne en particulier. A titre d’exemple, les deux articles 77 1
et 782 du Code des obligations et des contrats (DOC), qui édictant le principe de la
1
L'article 77 du DOC dispose que : " Tout fait quelconque de l'homme qui, sans l'autorité de la loi, cause
sciemment et volontairement à autrui un dommage matériel ou moral, oblige son auteur à réparer ledit
dommage, lorsqu'il est établi que ce fait en est la cause directe".
2
L'article 78 du DOC dispose que : " Chacun est responsable du dommage matériel ou moral qu'il a causé, non
seulement par son fait, mais par sa faute, lorsqu'il est établi que cette faute en est la cause directe".
3
responsabilité du fait personnel, et l’article 2093 du Code de la famille constituent des règles
juridiques qui ont vocation à s'appliquer à tous.
Les droits subjectifs sont les prérogatives juridiques dont une personne, physique ou morale,
peut se prévaloir4et comprennent deux catégories : les droits subjectifs patrimoniaux (§I) et
les droits subjectifs extrapatrimoniaux (§II).
Ils sont de droits ayant de valeur économique, cessible, saisissable et prescriptible. Ils sont
classifiés en deux divisions: droits réels et droits personnels. Les droits réels portent sur les
choses; ils donnent à une personne un pouvoir direct sur une chose (ex: le droit du
propriétaire d'une maison), alors que les droits personnels - appelés également droits de
créance- confèrent à une personne, appelée créancier, le droit d'exiger une certaine prestation
d'une autre personne, appelée le débiteur.
Les droits subjectifs extrapatrimoniaux ne font pas, comme leur nom l’indique, partie du
patrimoine des personnes et donc ils n'ont pas de valeur pécuniaire. Dit autrement, ces droits
ne sont pas des biens et ne sont pas évaluables en termes économique. En principe, ils sont
incessibles et ils ne se transmettent pas aux héritiers. Ces droits se divisent, à leur tour, en
deux: droits familiaux et droits de la personnalité. Les premiers comprennent le droit au
mariage et au divorce, droit au respect à la vie familiale (art. 8 CEDH) 5, etc. Les deuxièmes
sont inhérents à la personne: droit à la vie (art. 2 et 3 CEDH), à la nationalité, à la justice, au
respect de la vie privée (art. 8 CEDH), droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion
(art. 9 CEDH), droit au vote, etc.
3
L’article 209 du Code de la famille dispose que : « L’âge de la majorité légale est fixée à dix-années
grégoriennes révolues »
4
Le professeur François Terré appréhende les droits subjectifs comme étant des « prérogatives que le Droit –ou
Droit objectif- reconnaît à un individu ou à un groupe d’individus et dont ceux-ci peuvent se prévaloir dans leurs
relations avec les autres, en invoquant, s’il y a lieu, la protection et l’aide des pouvoirs publics, disons, au sens
large, de la société : droit de propriété, droit de créance, droit de vote… ». F. Terré, op.cit, p. 3.
5
Convention européenne des droits de l’homme.
4
Section III. Le Droit, un système de normes juridiques.
L’aperception du droit comme un système de normes juridiques – système juridique -
constitue une autre approche pour la compréhension de ce phénomène sociale. L’étude exige
de préciser la signification du système juridique (§I) et ses types (§II).
Selon son acception générale, le système désigne "un ensemble cohérent de notions, de
principes liés logiquement"6, ou encore "un ensemble organisé de règles, de moyens tendant à
une même fin"7. Cette description du système correspond, nous semble-t-il, à la réalité du
droit: le droit est organisé en système et celui-ci "fonctionne d'autant mieux qu'il est plein,
c'est-à-dire apte à engendrer les solutions pour les situations qui le requièrent quand bien
même celles-ci seraient nouvelles, le vide juridique signant une défaillance du système". La
construction et le fonctionnement du système juridique repose sur un principe observé par le
juriste Hans Kelsen : la hiérarchie des normes. Il s'agit d'une conception hiérarchique des
normes juridiques prenant la forme d'une pyramide au sommet de laquelle se positionne la
constitution. Le droit est un système de normes dont la validité des unes résulte de
l'habilitation des autres. Ainsi, la loi émise par le Parlement constitue une norme valide parce
qu'une autre norme supérieure, la constitution, lui autorise ce droit. Selon ce schéma
pyramidal, Il n'existe aucune norme au dessus de la constitution.
6
Dictionnaire Hachette, éd illustrée 2003, p. 1564.
7
Ibid.
5
occidental, l’on peut opposer les droits romanistes, conçues sous l’influence du droit romain
(le droit français, Allemand, Italien, etc), au Common Law (le droit anglais, Etats-Unis,
Australie, etc). Cette diversité des systèmes juridiques s’explique par des raisons
essentiellement extra-juridiques. Elle se rattache notamment à la psychologie, la géographie
(archipel et littorale, forêt, désert, etc), sans ignorer l’influence de la religion même dans les
systèmes laïcisés.
L'absence du droit conduit indéniablement au désordre. Un auteur observe que "tout ordre
social est exposé à des contestations, à des infractions et à des antagonismes, en raison de la
diversité des intentions et des relations entre les hommes. Le droit est une activité au service
de l'ordre, non pas pour lui-même, mais d'un ordre considéré comme chose juste". Dans le
même esprit, un autre auteur affirme que "le droit fournit un certain nombre de règles de
conduite destinées à faire régner, tout à la fois, l'ordre, le progrès et la justice". Dans le même
esprit, le droit permet la réalisation de la justice. Les Romains l'ont aperçu déjà de cette
manière: le droit est l'art du bien et du juste dont la finalité est la réalisation d'un idéal de
justice et d'équité. La justice est un idéal jugé fondamental pour la vie sociale. Jugée idéal
parce qu'elle permet le maintien de l'ordre et donc son absence entraîne le désordre ou le
chaos social.
6
Section II. Le droit, un moyen permettant la sécurité des personnes et des
biens.
Certes, le droit assume la sécurité des personnes et des biens jugés comme des valeurs
fondamentales pour la société. Les actes criminels sont lourdement condamnés; et inutile de
rappeler que cette pénalisation a pour objectif la protection de la vie des personnes. La
protection des biens constitue également une préoccupation capitale pour le droit, et le fait
qu’un droit spécial, droit de la responsabilité civile, soit consacré à cette préoccupation en est
l’illustration.
Selon la théorie de la hiérarchie des normes, une règle - ou norme- juridique se caractérise par
son intégration dans un système juridique et son production suivant les exigences établies par
les autres normes dudit système. En d’autres termes, une règle n’est pas juridique lorsqu’elle
appartient à un système extra- juridique (moral ou religieux).
7
§II. La règle de droit est crée par une autorité publique.
Le deuxième critère qui permet la distinction de la règle de droit porte sur l’autorité
compétente qui la crée. La règle de droit procède de l’Etat qui se charge de l’imposer aux
citoyens. Plus précisément, se sont les institutions compétentes de L’Etat que sont le pouvoir
législatif (Parlement) et le pouvoir exécutif (gouvernement) qui ont la légitimité de créer la
quasi-majorité des règles juridiques. Tandis que les autres règles sociales ne sont par crées par
l’Etat, mais par Dieu (en ce qui concerne les règles religieuses) ou la conscience collective du
groupe social (au sujet des règles morales).
Egalement, suivant cette démarche, la règle de droit est habituellement discernée à travers sa
fonction sociale. Ceci signifie que cette règle est destinée à régir la vie sociale : régir les
rapports entre les personnes. Néanmoins, ces deux fameux critères, que l’on peut les
considérer comme étant des critères se rapportant au fond, se révèlent insuffisants pour
distinguer parfaitement la règle juridique des autres règles extra-juridiques. Ces dernières sont
à leur tour des règles générales, abstraites et ayant une fonction sociale. Cette distinction peut
cependant se baser sur deux critères : le premier part du constat que la règle de droit ne vise
pas la perfection de la personne (§I), tandis que le deuxième, souvent rappelé par la doctrine,
établit un rapport entre cette règle et la sanction étatique (§II).
La règle de droit a pour objet l'organisation des relations qui se nouent entre les personnes au
sein de la société afin d’y établir l’ordre et la paix, alors que le domaine des règles extra-
juridiques apparaisse plus vaste que celui du droit. Les règles religieuses et morales ne
s’intéressent pas uniquement à l’organisation des rapports sociaux, mais elles portent
également un intérêt fondamental à l'individu. Plus précisément, ces règles réservent une
attention particulière à la purification et perfection intérieur des fidèles dans la perspective
8
qu’ils arrivent au degré de la piété. Les règles religieuses et morales se révèlent plus
exigeantes par rapport aux règles juridiques en termes de finalité.
En effet, il est remarquable que la sanction des règles extra-juridiques se distingue des règles
juridiques par deux traits relatifs à l’autorité qui assure la sanction et le temps d’application de
celle-ci. Si l’on prend la règle religieuse comme exemple, nous allons constater que la
sanction de cette règle provient du Dieu, et donc n’émane pas de l’Etat, et elle est retardée en
termes du temps d’application.
8
Jean Carbonnier, Droit civil, les obligations, PUF 1976, p.571.
9
Sur le plan pénal, les sanctions pénales frappent les délinquants qui causent des troubles à
l’ordre social. Plus précisément, ces sanctions ne visent pas tous les faits et omissions jugés
antisociaux, mais uniquement les actes criminels élevés par la loi au rang des infractions.
Suivant le principe de la légalité pénale, une action, ou abstention, ne peut constituer une
infraction qu’en vertu de la loi : la loi doit expressément prévoir cette action comme une
infraction et lui fixer explicitement une punition.
Au sujet de l’infraction, celle-ci recouvre, selon la gravité de l’acte criminelle, trois types :
crime, délit et la contravention9. Les crimes constituent les infractions les plus dangereuses et
sont, de ce fait, lourdement punies : la sanction se manifeste, comme le fixe l’article 16 du
Code pénal, la mort, la réclusion perpétuelle, la réclusion à temps pour une durée de cinq à
trente ans, la résidence forcée, la dégradation civique. Les délits sont des infractions de moyen
gravité et sont deux types : délits correctionnels et les délits de police. Les délits
correctionnels sont les infractions que la loi punisse d’une peine d’emprisonnement dont la
durée maximum dépasse deux ans (plus de deux ans), alors que les délits de police sont punis
d’emprisonnement dont la durée maximum ne dépasse pas deux ans (deux ans ou moins de
deux ans). Les contraventions sont les infractions les moins graves et donnent lieu à des
sanctions légères : la détention de moins d’un mois, l’amende de 30 dirham à 1200 dirham.
9
Art. 111 du Code pénal.
10
Section I. Le droit international
Le droit international a pour objet l’organisation des rapports extranationaux liant les Etats
entre eux ou entre leurs ressortissants. Ce type de rapports est soumis au droit international
public lorsque les parties en causes sont des personnes morales publiques §I), et au droit
international privé lorsque les parties conflictuelles sont des personnes privées (§II).
Le droit international public a pour objet la résolution des conflits opposant les Etats, conflits
interétatiques, ou entre ces derniers et organisations internationales : il s'agit principalement
des problèmes relatives à la souveraineté sur un territoire ou le non-respect d'un traité par une
partie. Ce droit comporte des sources supranationales : conventions ou traités internationaux,
coutume internationale, etc. Et, il n'est pas démuni d'institutions : Assemblée générale des
Nations Unies, Conseil de sécurité, Cour internationale de justice de La Haye.
L'origine de la matière est liée à la division du monde en sociétés autonomes, en des Etats
souverains avec pour conséquence l'existence des systèmes juridiques internes autonomes
et différents les uns des autres. Les citoyens de ces Etats se déplacent, concluent des
contrats, nouent des rapports de familles, et, en conséquence, des litiges juridiques surgissent.
La question qui se pose est de savoir quelle est la loi qui sera appelée à régir leurs litiges? Et
la juridiction qui les tranche?
Les règles composant le droit international privé sont destinées à résoudre les rapports
juridiques liant des personnes privées, physiques et morales, comportant un élément
d’extranéité. Autrement dit, le droit international privé s’applique aux relations privées
ayant un caractère international, ou les relations privées internationales. Ces éléments
d’extranéité sont relatives à la nationalité, le domicile, le siège social d’une société, etc.
Le droit interne – ou national- est destiné à régir les rapports sociaux sur le territoire d’un
Etat. La doctrine repose sur plusieurs critères pour classifier les règles juridiques composant
le droit interne dont quatre nous apparaissent fondamentaux: un critère se rapportant à
l’appartenance de ces règles, à la force juridique, à la nature, et un quatrième relatif à la
11
forme. Le premier critère nous aide à distinguer les règles juridiques relevant du droit public
de celles relevant du droit privé (§ I), à travers le deuxième critère nous pouvons déterminer
les règles impératives et les règles supplétives (§II), le troisième permet la séparation des
règles du fond de celles de forme (§ III), et le quatrième critère nous permet à isoler les règles
écrites des règles non écrites (§ IV).
Les règles juridiques appartiennent au droit public ou au droit privé. Avant de mettre la
lumière sur les branches juridiques du droit public et droit privé (III), il convient au préalable
de mettre l’accent sur les critères de distinction entre ces deux disciplines (II), et de préciser,
même avant, les origines de cette distinction (I).
Cette division constitue le fruit d'une approche doctrinale ancienne dont l'origine remonte à
l'époque Romaine. Déjà les Romains constataient que les règles juridiques appartenaient à
deux grandes catégories distinguées suivant les intérêts qu'elles assurent: elles relèvent du
droit public lorsqu'elles sont orientées vers l’intérêt public, et elles appartiennent au droit
privé lorsqu'elles sont orientées vers la satisfaction des intérêts privés. Les juristes romains
ont remarqué que les règles formant le droit public intéressent et traitent la chose publique,
ou "chose du peuple". Avec l'extension de l'empire Romain, ces juristes ont conçu cette
notion de la chose publique pour protéger l'ensemble de biens, des affaires, et des institutions
qui sont" la chose du peuple", une sorte de propriété commune à tous, "la chose publique
appartient à tous en général, et à personne en particulier; chacun y participe, mais nul n'en est
titulaire"10. La chose publique fut appelée par la suite le bien commun, puis le bien public,
puis l'intérêt public, et enfin l'intérêt général. Les juristes Romains ont considéré qu'il ne
fallait pas seulement concevoir cette notion de la chose publique, mais il fallait créer de
règles spéciales pour la traiter d'une manière différente des choses privées.
Cette division du droit fut affirmée par Montesquieu qui distinguait, à son tour, entre le droit
public, appelé par lui "droit politique", dont l'objet est l'organisation des rapports entre les
gouvernants et les gouvernés, et le droit privé, appelé par lui "droit civil", ayant pou objet
l'encadrement des rapports entre les citoyens.
10
Ibid.
12
II. Les critères de la distinction entre le droit public et le droit privé
La distinction entre le droit public et le droit privé se repose sur plusieurs critères dont quatre
nous apparaissent essentiels: critère tenant à l'objet (A), la finalité (B), au caractère de la règle
(C), et aux pouvoirs reconnus à l'Etat (D).
L'objectif du droit public est la satisfaction des intérêts collectifs de la nation, tandis que
celui du droit privé consiste à assurer la satisfaction des intérêts privés. Autrement dit, le but
du droit public est de servir la société et satisfaire l'intérêt général, contrairement au droit
privé qui vise la satisfaction des intérêts particuliers. A titre d'exemple, les règles juridiques
régissant la vente s'intéressent aux intérêts particuliers des contractants, contrairement à celles
qui organisent le service public de la justice qui visent l'intérêt général.
13
D. Le critère tenant aux pouvoirs reconnus à l'Etat et ses établissements
dans leur rapport avec les tiers.
Les règles de droit public sont des règles de puissance publique dans la mesure où elles
s'orientent vers la défense de l'intérêt général. En cela, elles reconnaissent à l'Etat des
pouvoirs et prérogatives exorbitants pour pouvoir satisfaire l'intérêt général. Ces pouvoirs
ayant la qualité de puissance publique sont nombreux: la police administrative, actes
administratifs unilatéraux, etc.
1. Le droit constitutionnel.
L'ensemble des règles ayant pour objet l'organisation politique de L'Etat. Il organise et
retrace les pouvoirs des institutions de l’Etat : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le
pouvoir judiciaire11. Mais la doctrine considère que l'objet de ce droit ne se délimite pas dans
l'organisation de l'Etat, organisation conçue pour la limitation du pouvoir de l'Etat et donc la
garantie de la liberté, mais porte sur des domaines plus variés et plus nombreux. Domaines
économiques, sociales, identitaires sont régis par le droit constitutionnel.
2. Le droit administratif.
Si le champ du droit constitutionnel est large, traite l'organisation des pouvoirs (législatif,
exécutif et judiciaire), celui du droit administratif est limité puisqu'il s'intéresse au pouvoir
exécutif, plus précisément à l'administration. Ce droit recouvre l'ensemble des règles qui
11
M.-J.Essaid, op.cit, p. 25.
14
définissent l'organisation administrative, des activités des organes administratifs, des moyens
juridiques, humains et matériels dont ils disposent ainsi que du contrôle juridictionnel auquel
ils sont soumis". Une partie de ce droit régit l'organisation administrative de l'Etat (régions,
provinces, préfectures, communes, etc). Une autre partie définit les moyens d'action de
l'administration et les biens du domaine public.
3. Droit fiscal
Désigne l'ensemble des règles et procédures relatives à la contribution des sujets de droit aux
charges publiques, c'est-à-dire à l'impôt. Ce droit traite les prérogatives de l’Administration
pour le percevoir auprès des personnes redevables, physiques et morales, et également les
garantis dont disposent les contribuables. Au moyen de l'impôt, les sujets de droit (personnes
physiques et morales) contribuent à l'organisation financière de l'Etat et à la réalisation de sa
politique économique et sociale.
4. Finance publique.
Branche essentielle du droit public, ses règles régissent et gouvernent les finances de l'Etat,
des collectivités locales, des organismes de sécurité sociale, des établissements publics et de
toutes autres personnes morales de droit public. Cette branche est à l'intersection du droit
fiscal, droit constitutionnel ainsi que de la comptabilité publique.
1. Droit civil.
Décrit comme le droit commun du droit privé dans la mesure où ses règles régissent tous les
rapports sociaux lorsque ces derniers ne sont pas régis par des règles juridiques spéciales, le
droit civil régit des rapports de droit privé jugés ordinaires (achat pour consommer, acte de se
loger, etc) se nouant entre des personnes ordinaires : le droit des personnes ordinaires et actes
ordinaires. Le droit civil recouvre un ensemble important de matières. Il détermine tous les
éléments permettant l'individualisation des personnes (nom, l'état civil, le domicile, etc), les
droits et devoirs des parties contractantes, les droits subjectifs qui sont des prérogatives
15
reconnus aux particuliers et qui peuvent soit porter sur des droits réels ou personnels, la
propriété, les sources des obligations, etc.
2. Droit commercial.
Les spécificités du monde des affaires a conduit vers la naissance du droit commercial.
Souplesse, rapidité, confiance, constituent toutes des causes ayant contribué à l'apparition de
ce droit comme nouvelle branche juridique autonome du droit civil. Son objet porte sur les
opérations accomplies par les commerçants, soit entre eux, soit avec leurs clients. Il
réglemente la profession commerciale, qu'elle soit exercée à titre individuel ou sous forme de
société12, les actes de commerce, les effets de commerce (la lettre de change, chèque, billet à
ordre).
3. Le droit du travail.
Le droit du travail se compose de l’ensemble de règles juridiques régissant le travail privé
subordonné dans sa dimension individuel et collectif. Ses règles juridiques s'appliquent aux
relations individuelles et collectives qui naissent entre les employeurs et les salariés qui
travaillent sous leur autorité.
12
M.-J.Essaid, op.cit, p. 30.
16
A. Définition des règles juridiques impératives.
Les règles juridiques impératives- ou prohibitives- s'imposent de façon absolue à tous. L'on ne
peut les écarter ou les déroger au moyen des conventions. Les règles impératives se
confondent souvent avec les lois d'ordre public, ou lois de police, ce qui nous conduit à nous
interroger sur ces lois : Qu'entendons-nous par ordre public? Cette notion reste juridiquement
fuyante, insaisissable et imperceptible, elle reste essentiellement philosophique et doctrinale.
Pour l'approcher, un auteur Phocien Francescakis postule que les lois de police sont des lois
"dont l'observation est nécessaire pour la sauvegarde de l'organisation politique, sociale
ou économique d'un pays". Ces lois selon M.J. Said " traduisent des principes
fondamentaux ou des valeurs sacrées de notre société" Pour Jean Carbonnier, l'ordre public
désigne généralement l'idée de la "suprématie de la société sur l'individu". Un autre
auteur considère. "Qu’il s'agit d'une règle impérative consistant à imposer un intérêt
général auquel une volonté individuelle ne peut déroger". Encore, l'ordre public et les
bonnes mœurs forment "des interdits sociaux qui restreignent la liberté contractuelle. Ils
marquent qu'il existe, au dessus des intérêts particuliers, des intérêts généraux que le
pouvoir de la volonté ne saurait méconnaître". Généralement, l'on peut dire que la notion
de l'ordre public permet la supériorité du collectif sur l'individuel, et justifie de limiter les
droits et les libertés fondamentales qu'on pourrait penser absolus. Le juge peut invoquer
l'atteinte à une règle d'ordre public lorsqu'il tranche un litige, même si aucune des parties ne
l'a invoquée.
a. Droit constitutionnel.
Les normes formant le droit constitutionnel sont par excellence des règles impératives se
reliant à l'ordre public dans ses divers aspects: ordre public politique, économique, social.
Elles se situent au somment de la hiérarchie des normes juridiques et personne ne peut les
écarter. Au niveau politique, raison d'être fondamental de la Constitution, l'article 1 de la
17
Constitution, affirmant que le Maroc est une monarchie constitutionnelle, démocratique,
parlementaire et sociale, constitue une norme d'ordre public s'imposant à tous.
b. Droit administratif.
Les règles juridiques relevant du droit administratif sont d'ordre public. Pour pouvoir
satisfaire l'intérêt général, l'administration repose sur des moyens dont la police
administrative, service public, etc. Ces moyens dont dispose l'administration pour assurer la
satisfaction de l'intérêt général sont régis par des règles d'ordre public. Les règles encadrant la
police administrative sont d'ordre public dans la mesure où celle-ci a pour finalité la
réalisation de la paix publique et le maintien de l'ordre. Les particuliers ne peuvent les écarter
au moyen d'une convention. C'est le même raisonnement qui s'applique sur les règles qui
régissent les services publics: à titre d'exemple, le service public de la justice.
a. Droit civil.
La quasi-majorité des règles juridiques composant le droit civil sont supplétives - ou
interprétatives- du fait de son caractère libéral. Les parties peuvent dans une large mesure
déroger aux règles fixées dans ce code. Les règles impératives fixées par ce code sont peu
nombreuses et concernent essentiellement les contrats. Au sujet du contrat de vente, le
législateur a fixé certaines règles impératives. A titre d'exemple, l'article 484 du DOC
dispose que "est nulle entre musulmans la vente de choses déclarées impures 13 par la loi
religieuse, sauf les objets dont elle a autorisé le commerce, tels que les engrais minéraux
pour les besoins de l'agriculture". Egalement, l'article 487 du DOC prévoit que : "le prix doit
être déterminé". Egalement, l'article 1092 du DOC prévoit que "Toute obligation ayant pour
cause une dette de jeu ou un pari est nulle de plein droit".
b. Droit du travail.
Les règles juridiques du droit du travail sont par excellence des règles impératives et d'ordre
public. L'ordre public social14 désigne que les normes sociales imposées par les lois et
règlements ne peuvent être, en principe, écartées par celles d'origine conventionnelles (contrat
de travail et convention et accords conventionnels) que lorsque ces dernières garantissent des
droits plus favorables aux salariés. A titre d'exemple, si l'employeur et le salarié stipulent dans
13
Le porc à titre d'exemple.
14
Appelé aussi principe de faveur, ou principe de l'application de la disposition la plus favorable.
18
le contrat de travail que le salaire sera au-dessous du SMIC, cette stipulation serait nulle; alors
que s'ils y prévoient le contraire, la clause sera valide. L'ordre public social a pour objectif
la protection minimale du salarié. Le même raisonnement s'applique sur l'accord qui prévoit
que le salarié travaille sans bénéficier des jours de repos et congés, ou plus de la durée légale
fixée par la loi.
Les règles juridiques régissant la protection de la santé et la sécurité des travailleurs dans le
lieu de travail, le salaire, le temps du travail, le licenciement relèvent toutes de l’ordre public
et les parties intéressées (employeur, salarié, syndicats et organisations des employeurs) ne
peuvent les transgresser.
Droit pénal constitue le champ d'application par excellence de la notion d'ordre public. Le
crime cause du trouble à l'ordre social, et c'est ainsi qu'il fait l'objet d'une réaction sociale au
moyen du droit pénal. Les règles relevant du droit pénal sont des règles impératives du fait
qu'elles assurent la protection d'un intérêt fondamental à savoir la protection de la vie des
hommes et leurs biens. A titre d'exemple, l'article 392 du code pénal est une règle
impérative à la quelle les particuliers ne peuvent déroger. Cet article dispose que: "quiconque
donne intentionnellement la mort à autrui est coupable de meurtre et puni de la
réclusion perpétuelle"15.
19
parties en cause qui créent elles-mêmes, par leur accord de volonté, le lien obligatoire qui
va les unir et le façonnent, dans son objet, son contenu, sa durée et ses modalités, sous les
limites et les compléments que la loi impose". Ces règles supplétives sont mises à la
disposition des particuliers essentiellement pour leur faciliter la formation et l'aménagement
de leurs contrats.
A titre d’exemple, l'article 515 du DOC dispose que: "tous les fruits et accroissements de la
chose, tant civils que naturels appartiennent à l'acquéreur depuis le moment où la vente est
parfaite et doivent lui être délivrés avec elle, s'il n 'y a convention contraire". L'article 510 du
DOC dispose que :" Les frais de courtage sont à la charge du vendeur, lorsque le courtier a
conclu lui même la vente, sauf les usages locaux et les stipulations des parties".
Les règles juridiques de fond fixent les droits et devoirs des personnes juridiques les unes à
l'encontre des autres. Celles-ci se rapportent au domaine politique, économique et social. Le
droit constitutionnel, administratif, civil, travail, commercial, etc, se composent des règles
juridiques de fond.
Les règles juridiques du fond ne peuvent seuls réaliser leurs objectifs, ceux-ci requièrent
également un droit procédural - ou processuel - qui se charge à fixer les moyens
procéduraux par lesquels les personnes défendent leurs droits. En matière civile, ce droit est
appelé le droit de la procédure civile par une partie de la doctrine et le droit judiciaire
privé par une autre partie. Ce droit se définit par la doctrine comme: "l'ensemble des règles
relatives aux juridictions civiles et à la procédure civile, ou encore "l'ensemble des règles qui
gouvernent l'organisation et le fonctionnement de la justice en vue d'assurer aux particuliers la
sanction et le respect de leurs droits subjectifs en matière civile". Du point organique, ce
droit règle le problème de savoir qui est le juge apte à trancher un litige civil. Du point de
vue fonctionnel, ce droit répond à la question de savoir comment le juge tranche le litige:
question de procédure civile; c'est-à-dire comment le procès est engagé et la procédure se
déroule-t-elle.
20
En matière pénale, ce droit est appelé droit de la procédure pénale. Ce droit fixe le cadre
juridique dans lequel l'enquête, la poursuite et le jugement visant une personne soupçonnée
peuvent s'engager.
21
naissance, le point de départ d'une chose: source d'eau, d'énergie, etc. Toutes les choses
retournent à leur source.
Le droit à son tour provient d'une source, d'une origine. Autrement dit, les règles juridiques
qui le composent retournent, à l'instar de toutes les choses, à leur source. A ce propos, une
question évidente se pose: d'ou vient les règles de droit? Comment sont-elles crées? Ou,
comment se forment-elles? Encore, comment naissent-elles? Il convient de souligner que le
mot source désigne plusieurs sens: sources historiques du droit, sources matérielles du droit,
et les sources formelles du droit, et se sont ces dernières qui font l'objet des analyses
doctrinales. Le mot source est réservé à ce qui est appelé précisément sources formelles du
droit, celles-ci sont seules aptes à créer, au moyen de procédures d'élaborations précises, des
règles de droit obligatoires. Les juges se basent sur ces sources pour trancher les litiges.
L'étude des sources du droit nous conduit à affirmer un constat: ses sources sont nombreuses
et diverses. Ce constat s'explique par un nombre important de facteurs dont deux nous
apparaissent essentiels. D'un côté, la complexité des rapports sociaux et l'apparition, de ce
fait, de nouveaux lieux de fabrication du droit à côté des lieux traditionnelles. D'un autre côté,
le développement du droit international comme manifestation de la mondialisation. Suivant ce
constat, l'on peut diviser les sources du droit en deux catégories: sources internationales
(Section I), et sources nationales (section II).
22
juridique marocain en vertu de l'alinéa 3 du préambule de la Constitution de 2011 qui
affirme le respect de l'Etat marocain à ces règles16.
La même position est consacrée en ce qui concerne la Constitution française de 1958, puisque
l'article 55 de celle-ci dispose que "Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés
ont, dès leur publication, une autorité supérieur à celle des lois, sous réserve, pour chaque
accord ou traité, de son application par l'autre partie". Les engagements internationaux se
positionnent à un niveau intermédiaire entre la Constitution et la loi: en-dessous de la
Constitution, au-dessus de la loi.
16
Il est précisé dans ce préambule que " Le royaume du Maroc, membre actif au sein des organisations
internationales, s'engage à souscrire aux principes, droits et obligations énoncés dans leurs chartes et
conventions respectives; il réaffirme son attachement aux droits de l'homme tels qu'ils sont universellement
reconnus ".
23
Au sujet du droit marocain, les Constitutions qui s'étaient succédées depuis 1962 jusqu'au
1996 ne se sont pas prononcées explicitement sur cette question. Se sont les lois qui se sont
chargées de préciser cet emplacement, à titre d'exemple, l'article 1 du Code de la nationalité
du 6 septembre 1958 prévoit que : "Les dispositions des traités et accords internationaux
ratifiés et publiés prévalent sur celle de la loi interne". Pour lever l'ambigüité sur ce point,
l'alinéa 4 du préambule de la Constitution de 2011 accorde "aux conventions
internationales dûment ratifiées par lui, dans le cadre des dispositions de la Constitution
et des lois du Royaume, dans le respect de son identité nationale immuable, et dès la
publication de ces conventions, la primauté sur le droit interne du pays, et harmoniser
en conséquence les dispositions pertinentes de sa législation nationale".
Ces sources décrites comme nationales par ce que les règles qu'elles formulent sont produites
à l'intérieur de l'Etat. L'on peut les diviser en deux: sources étatiques (§I), et sources infra-
étatiques (§II).
I. La loi.
L'on a dit au sujet du droit qu'il correspond à un système de normes prenant la forme d'une
hiérarchie au sein de laquelle une norme quelconque n'est valide que si elle est conforme à
une norme supérieur. Au sommet de cette hiérarchie, on trouve des lois constitutionnelles (A),
on descend la pyramide on trouve les lois organiques (B), après on y trouve les lois
législatives (C), et en bas de la hiérarchie on trouve les règlements (D). L'ordonnancement de
cette hiérarchie est soumis à un contrôle rigoureux (E).
24
L'étude des lois constitutionnelles impose de mettre l'accent sur deux points fondamentaux:
leur création (1), le contenu (2).
1. La création de la Constitution.
Le pouvoir qui a l'autorité de créer la Constitution est appelé pouvoir constituant. Les
procédures d'adoption de la Constitution sont variables. Le texte constitutionnel peut être
adopté par une assemblée, dénommée assemblée constituante ou par un gouvernement.
Egalement, il peut être élaboré par une assemblée ou gouvernement et soumis par la suite au
référendum. C'était le cas de la Constitution marocaine de 2011, puisque sa révision a été
confiée par le Roi à une assemblée présidée par le Professeur Menouni. Cette assemblée
s'était composée de personnalités venant d'horizons divers: partis politiques, société civile,
associations, syndicats, acteurs économiques, associations représentant la jeunesse, etc.
L'initiative de la révision de la Constitution appartient, comme le précise l'article 172, au Roi,
Chef du Gouvernement, à la Chambre des Représentants et la Chambre des Conseillers. Mais,
le Roi, au visa du deuxième alinéa de cet article, peut soumettre directement au référendum le
projet de révision dont il prend l'initiative.
2. Contenu de la Constitution
Les lois constitutionnelles sont situées au sommet de la hiérarchie des normes. Elles sont
destinées essentiellement à organiser l'exercice du pouvoir au moyen de la répartition des
compétences au sein de l'Etat qui est fondée, à son tour, sur le principe de la séparation des
pouvoirs jugé comme pilier fondamental de la démocratie. Il s'agit des pouvoirs du Roi (art41
à 59), ceux du pouvoir législatif (art. 60 à 86), et ceux dévolus au pouvoir exécutif (art. 87 à
94)17, pouvoir judiciaire (art. 107 à 128), la Cour constitutionnelle, la Cour des comptes, le
Conseil économique, social et environnemental, des régions et des collectivités locales, etc.
Encore, la Constitution comporte des dispositions concernant l'organisation économique et
sociale de l'Etat, et affirme les droits et libertés des individus jugés fondamentaux, etc.
25
certaines institutions19 ainsi que à l'exercice de certains droits. L'on peut dire que ces lois
forment la suite des lois constitutionnelles sur certains points. Dans la hiérarchie des normes,
ces lois sont placées en-dessous de la Constitution et au-dessus des lois ordinaires.
Au sujet de leur adoption, deux questions essentielles se posent: qu'il est l'organe ayant
l'autorité d'adopter les lois organiques? Et dans quelles conditions ces lois sont édictées?
Concernant le premier point, les lois organiques peuvent être élaborées par le parlement,
proposition de loi organique, et le gouvernement, projet de loi organique, mais votées
obligatoirement par le Parlement. Quant à la procédure relative à leur adoption, les projets
et propositions de lois organiques sont soumises à la délibération de la Chambre des
Représentants qu'à l'issu d'un délai de dix jours après leur dépôt sur le bureau de la Chambre.
Egalement, elles sont assujetties à la vérification par la Cour constitutionnelle qui examine
leur conformité à la Constitution.
C. Lois ordinaires20.
Souvent le terme "loi" renvoie aux lois ordinaires, celles-ci constituent la source
fondamentale de notre système juridique: elles sont les plus nombreuses. En principe, lois
ordinaires sont décrétées par le pouvoir législatif, ou le Parlement. Issue du peuple, cette
institution se compose de deux chambres: la Chambre des représentants et la Chambre des
conseillers21, et leur membre, comme le précise l'article 60 de la Constitution, tiennent leur
mandat de la Nation. Le domaine de la loi, ou les matières qui sont dévolues au Parlement,
sont fixées par l'article 71 de la Constitution. En général, le pouvoir législatif détient l'autorité
de légiférer dans les domaines se rapportant aux droits politiques, économiques et sociaux des
citoyens22, matières pénales, civiles et commerciales, etc.
26
autorisation du Parlement, le gouvernement peut pendant un délai limité et en vue d'un
objectif déterminé, prendre par décret des mesures qui normalement relèvent du
domaine de la loi. Ces décrets rentrent en vigueur dès leur publication, mais ils doivent être
ratifiés obligatoirement par le Parlement à l'expiration du délai fixé par la loi. Quant au
deuxième cas, le gouvernement peut prendre, dans l'intervalle des sessions, avec l'accord des
commissions concernées des deux chambres des décrets-lois qui doivent être, au cours de
session ordinaire suivante du Parlement soumis à la ratification de celui-ci . Dans ce cas, le
gouvernement a le droit de légiférer sans obtenir une autorisation du Parlement.
D. Les décrets.
Sont décrétés par le pouvoir exécutif, le gouvernement. Le premier ministre et les ministères,
acteurs du gouvernement, sont habilités à créer de règle de droit sous forme de décrets.
Autrement dit, les décrets constituent les récipients des règles juridiques arrêtées par le
gouvernement. Ils sont arrêtés dans le respect de la répartition des compétences tracée par la
Constitution. Le gouvernement ne peut intervenir sur une matière relevant de la compétence
du pouvoir législatif, du domaine de la loi.
Les décrets sont deux types: décrets d'exécution des lois, et décrets autonomes. Les
premiers tendent à assurer l'exécution des lois, la loi prévoit que le gouvernement adopte un
décret pour compléter ses propres dispositions. Décret se charge de détailler et préciser les
dispositions prévues dans une loi. Les décrets autonomes sont adoptés par le pouvoir exécutif
sans qu'il soit ordonné à le faire par le pouvoir législatif.
Vu leur importance dans la hiérarchie des normes, la supériorité des normes constitutionnelles
bénéficie d'un contrôle rigoureux assuré par la Cour constitutionnelle. Cette institution se
27
charge de vérifier la conformité de normes inférieures à la Constitution. Selon l'article 132 de
la Constitution, les lois avant leur promulgation peuvent être différées -renvoyées- à la
Cour pour qu'elle statue sur leur conformité à la constitution. Ce droit est accordé au Roi,
Chef du gouvernement, président de la chambre des Représentants, le président de la chambre
des Conseillers, ou par le cinquième des membres de la chambre des représentants, ou par
quarante membres de la chambre des conseillers. La Cour peut, en vertu de l'article 133 de
la Constitution, statuer sur la constitutionnalité d'une loi soulevée au cours d'un litige
par l'une des parties à celui-ci.
En principe, les juridictions ont pour mission de régler les différends opposant les justiciables
sur le seul fondement de l'application impartiale de la loi25. Autrement dit, les juges ne
peuvent pas, en vertu du principe de la séparation des pouvoirs consacré et retracé
constitutionnellement, créer des règles de droit, mais leur mission consiste à en appliquer et
en interpréter lorsqu'elles sont obscures ou ambiguës. Néanmoins, avec la complexité des faits
sociaux et l'incapacité des lois à fournir des solutions satisfaisantes, les juridictions,
notamment la haute juridiction, édictent des solutions très innovantes. A titre d'exemple, en
matière sociale, en l'absence d'un texte juridique explicite, la jurisprudence de la Cour de
23
Vocabulaire juridique, Assoc.H.Capitant, V jurisprudence, cité par F.Terré, op.cit, p. 273.
24
F.Terré, op.cit, p. 274.
25
Art. 110 de la Constitution. وال تصدر أحكام القضاء إال على أساس التطبيق العادل للقانون.اليلزم قضاة األحكام إال بتطبيق القانون
28
Cassation attribue la qualité d'employeur à la société mère du groupe au même titre que la
société avec laquelle le salarié est lié par un contrat de travail.
I. Coutume.
La coutume est considérée comme la plus ancienne source du droit. Elle désigne "toutes les
règles de droit qui se dégagent des faits et des pratiques dans un milieu social en dehors de
l'intervention du législateur". La coutume est synonyme de droit non légiféré-non écrit ou
encore spontané-; elle comprend, dans son acception, large toutes les sources extra-légales:
les usages, la jurisprudence, voire la doctrine. Son importance se fait remarquer
essentiellement dans les sociétés antiques qui n'avaient pas toujours des pouvoirs publics
permanents pour édicter les lois, or qu'elles ne pouvaient pas vivre, à l'instar de toute société,
sans droit. Le rôle de la coutume est toujours important dans certains pays dans le monde, tels
que la Mongolie, le Sri Lanka. Au Maroc plus particulièrement, le droit s'appuyait largement
sur les règles coutumières avant le protectorat: règles coutumières s'appliquèrent dont les
caïds ou les chefs de tribus assumèrent l'application.
Les coutumes se transforment en des règles de droit en vertu de deux éléments: élément
matériel et élément psychologique. Le premier se rapport au fait qu'elles sont régulièrement
appliquées et répandus dans l'espace et anciens dans le temps. Dans l'espace, la coutume doit
être largement répandue dans le milieu social, dans une profession, dans une localité. Dans le
temps, la coutume implique qu'elle soit constante et s'applique de façon ininterrompue. Le
deuxième se rapport à la conviction partagée par tous du caractère obligatoire des coutumes.
La population croit que les règles coutumières sont des règles juridiques qui s'imposent à tous.
Les règles non écrites s'appliquent essentiellement dans le domaine commercial, droit
maritime, etc.
Les règles coutumières, à la différence de celles écrites, sont imprécises du fait de leur nature
orale et constituent, en conséquence, une cause d'insécurité pour les intéressés. Le droit écrit
29
est général s'imposant à tous. Le droit écrit se caractérise par son centralisme, alors que le
droit coutumier se dote d'une spécificité particulariste; il varie suivant les lieux, les
professions, les milieux sociaux, il ne sert pas l'objectif de l'unité d'un pays. En termes
d'efficacité, le droit écrit s'applique rapidement, tandis que le droit coutumier il lui faut du
temps pour qu'il devienne obligatoire.
II. Usages.
L'usage est une pratique caractérisée par sa répétition régulière. Dans certaines entreprises
des avantages sont attribués aux salariés - tel que le versement du 13 mois ou d'une prime de
pénibilité ou le bénéfice d'un congé complémentaire sont des usages.
30
Titre. Les personnes et le droit
1. Le droit distingue entre les personnes et les objets; c'est les premiers qui exercent des
pouvoirs sur les deuxièmes. Au sens juridique, les personnes sont des sujets de droit dotés
de la personnalité juridique, c'est-à-dire de "l'aptitude à être titulaire de droits subjectifs et
assujetti à des obligations". Seule une personne peut acquérir et se prévaloir d'un droit -
propriétaire, par exemple, d'une maison - et être tenue d'une obligation - réparer, par
exemple, le dommage qu'elle cause-. A l'origine, la personnalité juridique est reconnue aux
personnes physiques, des êtres humains faits de chair et de sang (Chapitre I). Toutefois, les
êtres humains ne sont pas les seuls à être considérés comme des personnes juridiques, des
groupements de personnes, des êtres n'ayant pas une réalité biologique, furent reconnus la
personnalité juridique : personnes morales (Chapitre II).
31
3. L'animal, une chose dépourvue de la personnalité juridique. L'animal n'est pas une
personne juridique et il ne saurait être titulaire de droits et tenu d'obligations.
Contrairement aux personnes physiques, l'animal ne pourrait contracter et réparer le
dommage qu'il causerait. L'animal fait partie de biens meubles. Toutefois, le Code civil
Français aujourd'hui tout en soumettant l'animal au régime juridique applicable aux biens, il
le qualifie comme "un être vivant doué de sensibilité"26; ceci signifie que les animaux sont
capables d'éprouver des sentiments et des souffrances. Cette nouvelle appréhension de
l'animal a fait l'objet de l'unanimité de toutes les composantes politiques à l'exception de
l'UMP qui en a considéré comme une menace sérieuse sur les filières agricoles de l'élevage.
Sachant qu'un nombre important d'intellectuels ont demandé de faire dotés les animaux
d'une nouvelle catégorie entre celle des hommes et celle des biens.
§I. Nom.
26
L'article 515-14 C.civ, crée par la loi 2015-177 du 16 février 2015.
27
Art. 331 du Code de la famille.
28
M.-J. Essaid, op.cit, p. 447.
32
6. Le Nom est une appellation qui permet d'individualiser une personne des tiers. Le Nom
comprend deux éléments: le nom de famille et le prénom. Le nom de famille rattache
l'individu à sa famille, il est à la fois un devoir et un droit subjectif. Devoir par ce que chacun
assume l'obligation de porter un nom. Le nom est soumis à des conditions strictes, l'article 6
du Dahir du 8 mars 1950 dispose que :" le nom choisi ne doit pas être un sobriquet, un nom
ridicule, ou pouvant porter atteinte à la morale ou à l'ordre public, un non étranger ou ne
présentant pas un caractère traditionnel marocain". Le nom aussi est également un droit
subjectif dans la mesure où son titulaire assume sa défense et d'interdire à autrui de
l'utiliser.
§II. Domicile.
7. "Le domicile permet la localisation juridique de la personne: il identifie la personne par un
rattachement à un lieu"29. Le domicile présente un intérêt en droit public comme en droit
public. En droit public, le domicile permet la localisation de la personne pour l'exercice de
certains droits (politiques, électoraux, etc) et obligations (ex: fiscales). En droit privé, le
domicile détermine la essentiellement juridiction territorialement compétente.
9. Les personnes capables. Le droit reconnait la capacité d'exercice aux majeurs que sont les
personnes ayant atteint l'âge de la majorité 30 . Ces personnes exercent pleinement leur
capacité juridique en concluant tous les contrats, contrat de la vente, du bail, de travail,
ouvrir un compte bancaire, être des associés dans des sociétés commerciales, ester en
29
Ibid, p. 109.
30
18 ans révolues selon l'article 209 Code la famille.
33
justice pour faire valoir leurs droits, etc. D'un autre côté, ces personnes assument
pleinement leur responsabilité aussi bien civile que pénale.
10. Les personnes incapables. En général, les incapables sont les personnes n'ayant pas
atteint l'âge de la majorité ou atteintes par un handicap mental. Une question se pose
portant sur la capacité de ces personnes à participer à la vie juridique. Le droit distingue
entre trois catégories: le mineur émancipé, les personnes totalement incapables et les
personnes partiellement incapables. Le mineur émancipé, c'est le mineur ayant atteint l'âge
de 16 ans et émancipé par le tribunal. Après l'obtention de son émancipation, cette personne
devient juridiquement capable d'e participer à la vie juridique: conclusion des contrats, exerce
le commerce, peut avoir la qualité d'associé et donc conclure un contrat de société. Les
personnes totalement incapables sont la personne ayant perdu la raison (le dément ou le
fou) et le mineur dépourvu de discernement (n'ayant pas atteint l'âge de 12). Ces personnes
sont totalement incapables et les actes qu'elles passent sont nuls. Quant aux incapables
partiellement que sont le mineur pourvu de discernement 31, prodigue32 et du faible d'esprit.
Ces personnes sont-elles capables de participer à la vie juridique? Pour y répondre, selon
l'article 225 code de la famille, les actes passés par le mineur pourvu de discernement
reçoivent des traitements différents selon leur caractère profitable ou préjudiciable: ils sont
valables s'il lui sont pleinement profitables; ils sont nuls, s'ils lui sont préjudiciables, s'ils ne
revêtent pas un caractère profitable ou préjudiciable évident, leur validité est
subordonnée à l'approbation légal de son représentant légal". En vertu de cet article, le
mineur peut conclure un contrat de société, acte ne revêtant pas un caractère profitable ou
préjudiciable évident, mais après avoir obtenu l'autorisation de son représentant légal33.
31
Le mineur pourvu de discernement, selon l'article 213 et 214, c'est celui qui est arrivé à l'âge de
discernement (deuze ans) sans pour autant avoir atteint l'âge de la majorité.
32
Art 216 : celui qui dilapide ses biens par des dépenses sans utilité ou considérées comme futiles par les
personnes raisonnables".
33
Le tuteur légal est le père, la mère ou le juge. Le tuteur testamentaire désigné par le père ou la mère, et le
tuteur datif désigné par la justice. Art. 230 C. famille.
34
B.Beignier, note sous Civ.1er, 7 janv.1997, JCP 1997.II. 22830.
34
problème se pose concernant une personne absente dont le doute surgit sur sa situation: Est ce
qu'elle est vivante ou morte? Souvent c'est les héréditaires qui sont pressés à savoir son sort en
raison de leur volonté de recueillir le plus tôt possible leurs parts héréditaires. A ce sujet,
l'article 327 Code de la famille dispose que: " lorsqu'une personne a disparu dans des
circonstances exceptionnelles rendant sa mort probable, un jugement déclaratif de décès est
rendu à l'expiration d'un délai d'une année courant à compter du jour où l'on a perdu tout
espoir de savoir si elle est vivante ou décédée".
12. Le droit ne reconnaît pas la personnalité juridique uniquement aux êtres humains, mais
également à certains groupements de personnes et de biens qui sont érigés en personnes
« autonomes et distinctes ». Ces groupements sont des personnes morales qui se voient
attribuer la personnalité juridique distincte de celle des personnes physiques qui les
composent. Ces groupements sont ainsi reconnus à l’instar des personnes physiques au sens
biologique.
13. Cette conception juridique qui reconnaît la personnalité juridique à ces groupements
estime que ces derniers méritent d’être reconnus comme « sujets de droit », par ce qu’ils « ont
vocation à une activité autonome, distincte de celle des personnes qui les composent ». Cette
conception considère également que ces groupements possèdent une « âme collective orientée
vers un but », comme le décrit Josserand,35 et qu’ils veillent à la réalisation d’un « intérêt
humain ».
14. L’effet essentiel de la personnalité morale est de rendre, d’une part, ces groupements
« sujets de droit », c’est-à-dire de les rendre capables d’acquérir des droits subjectifs – devenir
propriétaire, créancier, etc.36 – et de les rendre responsables civilement et pénalement, 37
indépendamment des personnes physiques qui les composent. D’autre part, cette
35
Josserand voit que : « bien que les personnes morales ne soient pas des êtres en chair et en os, il s’en dégage
une âme collective, une volonté générale qui est orientée vers un but ». Cité par B. Dondero, op. cit., p. 33.
36
G. Chiron, La personnalité morale des sociétés depuis le XIX siècle en France, en Allemagne et en Angleterre,
p. 114, thèse soutenue le 15 novembre 2008 à l’Univeristé Panthéon-Assas (Paris II) ; J.-L. Aubert, op. cit., p.
181.
35
reconnaissance permet à ces groupements d’obtenir un état juridique autonome, de telle sorte
qu’une société commerciale, par exemple, puisse acquérir une capacité juridique, une identité
propre, une domiciliation (siège social), une nationalité, et un patrimoine social distincts des
associés qui la composent.
Les partisans de cette théorie insistent sur l’idée que la personne morale n’est qu’un être fictif
qui ne peut exister que si elle est reconnue par le législateur, qui possède une compétence
exclusive dans ce domaine. À titre d’exemple, le législateur conditionne l’octroi de la
personnalité morale aux sociétés commerciales et aux groupements d’intérêt économique, au
respect d’une formalité obligatoire, à savoir l’immatriculation au registre du commerce et des
sociétés.
17. À l’opposé de la théorie de la fiction, la théorie de la réalité estime qu’il faut reconnaître
la personnalité morale aux groupements qui existent dans la réalité, indépendamment de
l’intervention du législateur. Les tenants de cette théorie considèrent ces groupements comme
des réalités sociales qui se sont constituées pour défendre un intérêt collectif distinct de celui
de leurs membres, et qui doivent de ce fait être reconnus comme des personnes juridiques.
37
La responsabilité pénale des personnes morales est clairement affirmée par l’article 121-2 du Code pénal qui
dispose que : « les personnes morales, à l’exception de l’État, sont responsables pénalement, selon les
distinctions des articles 121-4 à 121-7, des infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou
représentants ». La responsabilité pénale de la personne morale reste possible dans le domaine économique ou
technique. À titre d’exemple, la fabrication non-conforme, les techniques de commercialisation interdites, la
pollution par fabrication hors normes, la publicité mensongère, etc.). En revanche, cette responsabilité est
inconcevable dans certains cas où la personne morale est incapable de les commettre, comme les violences, les
homicides, les agressions, les atteintes contre les biens. M. Laure-Rassat, Droit pénal général, ellipses 2006,
p. 471.
36
18. Cette théorie a été utilisée par la jurisprudence de la Cour de cassation pour reconnaître la
personnalité morale aux comités d’établissement, en énonçant : « que la personnalité civile
n’est pas une création de la loi ; qu’elle appartient, en principe, à tout groupement pourvu
d’une possibilité d’expression collective pour la défense d’intérêts licites, dignes, par suite,
d’être juridiquement reconnus et protégés… ». Également, la reconnaissance de la
personnalité juridique au comité de groupe a été fondée sur cette conception, puisque la
chambre sociale de la Cour de cassation a décidé que « les comités de groupes sont dotés
d’une possibilité d’expression collective pour la défense des intérêts dont ils ont la charge et
possèdent donc la personnalité civile qui leur permet d’ester en justice. » 38
38
Cass. soc., 23 janvier 1990, Dr. soc., 1990, p. 326, note J. Savatier.
37
38
39