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Faculté des sciences juridiques

Université Hassan I –Settat-


Département Droit privé

INTRODUCTION
A L’ETUDE DE
DROIT
Oualji imane

Année universitaire 2015 /2016


Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

PLAN
CHAPITRE INTRODUCTIF : LA DEFINITION DU DROIT

CHAPITRE I : LE DROIT OBJECTIF : LA REGLE DE DROIT

CHAPITRE II : LE FONDEMENT DE LA REGLE DE DROIT

CHAPITRE III : LA SOURCE DE LA REGLE DE DROIT

CHAPITRE IV : L’APPLICATION DE LA LOI

CHAPITRE V : L’ORGANISATION JUDICIAIRE

CHAPITRE VI : LES SOURCES DES DROITS SUBJECTIFS

CHAPITRE VII : LES TITULAIRES DES DROITS SUBJECTIFS

CHAPITRE VIII : LA CLASSIFICATION DES DROITS


SUBJECTIFS
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Chapitre Introductif: La définition du droit

I- Qu'est ce que le droit?

Le terme droit est employé dans de très nombreux sens différents. On en


distingue généralement trois.

Le premier sens est lié à l'individu. Dans ce cas on parle de droit d'un
individu, c'est la faculté d'accomplir certaines actions. Ainsi lorsqu'on dit
qu'un citoyen marocain a le droit de vote, on exprime l'idée que ce citoyen
peut participer aux choix des gouvernants et qu'il est interdit de l'en
empêcher.

Le deuxième sens représente un ensemble de normes. On parle ainsi de


"droit marocain" ou de droit civil, de droit administratif etc…..

Enfin, dans un troisième sens, le mot "droit" se rapporte à la science qui


étudie ces normes. On parle ainsi de faculté de droit, étudiants en droit.

Le droit constitue un phénomène social. Il correspond au fait que la société


établit des règles destinées à régir son fonctionnement et à organiser les
relations des personnes qui la composent. En ce sens le droit est porteur
d'un ordre à la fois social et juridique. Il offre des techniques par lesquelles
les individus vont s'organiser.

Le droit peut être défini comme un ensemble de règles de conduite


socialement édictés et sanctionnées, qui s'imposent aux membres de la
société.

Le droit alors se manifeste à travers ce que l'on appelle un ordre juridique,


le plus souvent un ordre juridique étatique. IL est à rappeler que ces ordres
juridiques ne sont pas toujours organisés à l'identique

Il existe aussi des ordres juridiques plus large que l'Etat, exemple l'ordre
juridique communautaire formé à partir des Etats membres de l'union
européenne

Aucune société ne veut vivre dans le désordre. Comme il n'existe pas


d'ordre social spontané et que l'état d'anarchie ne serait que le règne du plus
fort, le droit a pour fonction générale d'assurer l'ordre social. Cependant, il
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faut souligner que les agissements des individus ne sont pas déterminés
uniquement par les règles juridiques. L'être humain est appelé à suivre
aussi d'autres commandements, en particulier ceux qui découlent de la
religion et la morale.

II- Distinction entre droit objectif et droit subjectif

Le droit objectif est l'ensemble des règles de conduite juridique qui


gouvernent la vie des personnes en société et dont l'inobservation est
sanctionnée par les pouvoirs publics, la contrainte sociale.

Le droit subjectif ou les droits individuels sont les différentes


prérogatives dont peut se prévaloir une personne dans son propre intérêt.
On l’appelle subjectif parce qu’il est en rapport avec un sujet de droit.
Ce droit peut être de différentes natures : droit créance, droit à la liberté
d'expression, droit de propriété, etc. Dans le langage courant, on affirme
souvent qu'une personne a « des droits ».
Le terme « droit subjectif », datant du XIXe siècle indique que le droit
appartient à un sujet de droit (notamment les personnes physiques et les
personnes morales, etc.). On l'oppose souvent au droit objectif. Ainsi, les
droits subjectifs sont les prérogatives particulières (concrètes) dont une
personne peut se prévaloir, soit sur une chose (droits réels), soit sur une
personne (droits personnels, dits aussi « droit de créance ») déterminée. De
ce fait, les droits subjectifs découlent du droit objectif : c'est le droit
objectif qui confère aux sujets leurs droits subjectifs.
Le droit subjectif est protégé par le droit objectif. Grace à cette protection,
le titulaire d’un droit subjectif se trouve dans une situation privilégiée par
rapport aux autres individus puisque l’autorité publique impose à tous
l’obligation de respecter le droit qui lui est reconnu.
On doit donc obéir au droit objectif, alors que l'on est titulaire d'un ou
plusieurs droits subjectifs : si le droit objectif nous permet de faire quelque
chose, nous avons le droit subjectif de le faire.
Les droits subjectifs sont nombreux et présentent des caractéristiques très
diverses. On peut citer à titre d’exemple le droit de propriété qui est un
droit subjectif garantie par la constitution (article 35 de la constitution).
Dans les systèmes juridiques de droit civil, les droits subjectifs sont
souvent divisés en deux catégories : les droits patrimoniaux et les droits
extrapatrimoniaux.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Les droits patrimoniaux : Ce sont les droits qui représentent une valeur
pécuniaire et dont l’ensemble constitue ce que l’on appelle le patrimoine
de la personne juridique (physique ou morale).
Les droits extrapatrimoniaux : Ce sont les droits qui n’ont pas une valeur
pécuniaire. Ils sont attachés à la personne physique qui en est titulaire. Ex :
le droit de vote, le droit au mariage.

III- Droit et morale

Classiquement, on oppose la morale, dont les buts sont la vertu, la justice,


la charité et le droit, dont le but général est d'assurer l'ordre social.
Aujourd'hui, cette théorie n'est plus d'actualité, car il existe de nombreuses
règles de droit empruntées à la morale, et l'on pourrait penser que le droit
n'est que la traduction de la morale, et permettrait de la consolider en
l'accompagnant de sanctions juridiques.

Pour bien saisir ces deux ordres, il est nécessaire de dégager les
dissemblances fondamentales, avant de démontrer comment le législateur
étend le domaine juridique par l'intégration des règles morales.

Distinction entre le droit et la morale

La morale se définit comme les principes de jugement et de conduite qui


s’imposent à la conscience individuelle ou collective comme fondés sur les
impératifs du bien ; ensemble de règles, d’obligations, de valeurs.

Pour étudier droit et morale, il faut partir de l’acception commune, c’est-à-


dire des règles ou des lois du côté du droit et des valeurs plus ou moins
communes à un groupe du côté de la morale. La question que nous allons
envisager est celle des rapports du droit positif avec la morale de notre
société ; plus fondamentalement le rapport entre les notions de droit et de
morale, ce qui permettra de préciser leur définition.

Distinction quant aux sources : La morale résulte de la conscience, en


revanche les règles de droit sont édictées par des autorités institutionnelles
selon des voies qui sont étroitement réglementées ;

La création des règles morales est spontanée, aucune modification


organisée n’est possible mais seulement une évolution ; il n’y a non plus
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aucun moyen officiel de connaître la règle morale ; cette impossibilité de


connaître la morale implique des discordes sur son contenu.

Le Droit est à l’opposé complet : la création des règles est très encadrée, il
existe une possibilité de contrôle de la validité et de leur élaboration et il
en va de même pour les jugements. La modification s’opère par un
processus clairement défini.

Distinction quant à la sanction

Les sanctions morales font apparaître une même diversité. La première


sanction qui vient à l’esprit est celle qui se limite au for interne, ce sont les
remords : à la suite d’un acte moralement répréhensible, notre conscience
nous inspire cette sanction que nous nous infligeons nous-mêmes. Mais la
sanction morale n’est pas nécessairement exécutée par l’auteur de l’acte
immoral lui-même. Il peut également s’agir de réprobation de la part de
notre entourage. Ainsi, si un groupe d’étudiants s’organise pour échanger
les cours au cas où l’un des membres du groupe sèche une heure, celui qui
manquera à sa parole et refusera de fournir un cours sera rapidement rejeté
et finalement exclu du groupe.

Les sanctions juridiques sont très diverses, à côté de la peine du droit


pénal, le droit peut condamner une personne à verser des dommages-
intérêts. Mais plus encore, la sanction n’est pas toujours une stigmatisation
appliquée à une personne, elle peut consister, c’est d’ailleurs le plus
fréquent, dans le fait de tirer les conséquences d’une règle juridique. Elle
sera alors une nullité (pour un contrat ou un acte administratif), une
déclaration d’inconstitutionnalité (pour une loi), d’inopposabilité à telle
personne ou tel groupe de personnes (pour un acte juridique)...

Il est classique de distinguer la sanction juridique de la sanction morale,


d’attribuer à la première un caractère externe, social, tandis qu’à la seconde
s’attacherait un caractère purement interne, personnel. Les exemples de
sanctions morale et juridique qui précèdent montrent que la distinction est
plus complexe puisqu'on trouve des sanctions morales qui relèvent de
l’extériorité, du social. Il faut donc chercher ailleurs. Or la seule différence
notable tient aux caractéristiques de la force qui transparaît dans toutes ces
contraintes ; seules les sanctions juridiques font appel à la force publique,
étatique. C’est donc ce caractère étatique qui permet in fine de déterminer
si telle ou telle sanction est morale ou juridique.
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Elargissement du domaine du droit

Dans le cadre du droit pénal, on constate que certains comportements


qui, auparavant étaient considérés comme relevant de la morale, sont
aujourd'hui punit par la loi pénale. On cite à cet égard l'exemple de simples
devoirs d'assistance

L’abstention volontaire de porter secours est répréhensible. Le Code pénal


précise que sera puni quiconque s’abstient volontairement de porter à une
personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il
pouvait lui prêter soit par une action personnelle, soit en provoquant un
secours (articles 378, 430 et 431)

Article 378

Quiconque connaissant la preuve de l'innocence d'une personne incarcérée


préventivement ou jugée pour crime ou délit, s'abstient volontairement d'en
apporter aussitôt le témoignage aux autorités de justice ou de police est
puni :

S'il s'agit d'un crime, de l'emprisonnement de deux à cinq ans et d'une


amende de 250à 1.000 dirhams.

S'il s'agit d'un délit correctionnel ou de police, de l'emprisonnement d'un


mois à deux ans et d'une amende de 200[118] à 5.000 dirhams, ou de l'une
de ces deux peines seulement.

Toutefois, n'encourt aucune peine celui qui apporte son témoignage


tardivement, mais spontanément.

Les dispositions du présent article ne s'appliquent pas au coupable du fait


qui motivait la poursuite, à ses coauteurs, à ses complices et aux parents ou
alliés de ces personnes jusqu'au quatrième degré inclusivement.

Article 430

Quiconque pouvant, sans risque pour lui ou pour des tiers, empêcher par
son action immédiate, soit un fait qualifié crime, soit un délit contre
l'intégrité corporelle d'une Personne, s'abstient volontairement de le faire,
est puni de l'emprisonnement de trois mois à cinq ans et d'une amende de
200[138] à 1.000 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement.
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Article 431

Quiconque s'abstient volontairement de porter à une personne en péril


l'assistance que sans risque pour lui, ni pour les tiers, il pouvait lui prêter,
soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours, est puni de
l'emprisonnement de trois mois à cinq ans et d'une amende de 200[139] à
1.000 dirhams ou de l'une de ces deux peines.

Dans le cadre du droit civil: La législation marocaine, tout en s'alignant


sur la position de son homologue français, adopte directement, des règles
de conduite qui ont une coloration morale. Ainsi, le DOC interdit les
conventions contraires à l'ordre public et aux bonnes mœurs et celle dont
la cause est contraire à l'ordre public et aux bonnes mœurs, il exige aussi
que les conventions s'exécutent de bonne foi.

IV- Le droit et la religion

Comme le dit François Terré "La relation est immémoriale, inépuisable


en termes de composantes, de concepts, d’idéaux si fondamentalement
porteurs de transcendances et d’espérances. Chacun sait que les
définitions mêmes du droit sont singulièrement malaisées : ses
frontières, son inachèvement, son inauguration. Aussi bien l’histoire
des peuples, des sociétés et des Etats est naturellement marquée par
celles des religions. Rien d’étonnant s’il y a lieu de rappeler un lien
étroit entre les droits comparés et les religions comparées".

Dans les pays de la civilisation européenne: en l'occurrence la France,


et avant la révolution de 1789, la règle religieuse se distingue difficilement
de la règle de droit. On retrouve, dans l'une et l'autre, les mêmes
commandements et les mêmes caractères.

- Les prescriptions qui découlent de la religion et du droit sont souvent les


mêmes: il ne faut pas tuer, il ne faut pas voler
- Les deux traits caractéristiques: le caractère obligatoire et l'existence d'une
sanction.

La distinction entre droit et religion s'est exigée depuis l'avènement de la


Révolution de 1789. Elle a été, par la suite consacrée par le Code Napoléon
de 1804 et la grande loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises
et de l'Etat. Toutefois, l'exemple de la réglementation civile du mariage,
largement influencé par le droit canonique de l'église catholique, nous
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poussera à conclure que la laïcisation de la législation française n'est pas


totale.

Dans les législations de tradition musulmane: certains pays se sont


écartés de la tradition islamique exemple La Turquie, la Tunisie. Au Maroc
l'analyse des textes montre bien que le législateur est resté dans l'ensemble
attaché à la loi coranique.

En droit pénal: Article 505 du CP "Quiconque soustrait frauduleusement


une chose appartenant à autrui est coupable de vol et puni de
l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 200 à 500dirhams ».

La sanction c'est l'emprisonnement et non l'amputation de sa main


droite.

Article 490 et 491 du CP Sont punies de l'emprisonnement d'un mois à un


an, toutes personnes de sexe différent qui, n'étant pas unies par les liens du
mariage, ont entre elles des relations sexuelles.

Article 491

Est puni de l'emprisonnement d'un à deux ans toute personne mariée


convaincue d'adultère. La poursuite n'est exercée que sur plainte du
conjoint offensé.

Toutefois, lorsque l'un des époux est éloigné du territoire du Royaume,


l'autre époux qui, de notoriété publique, entretient des relations adultères,
peut être poursuivi d'office à la diligence du ministère public.

La sanction n'est pas la flagellation ou la lapidation mais des peines


d'emprisonnement

En matière civile ou commerciale, du prêt à intérêt qui est retenu par le


droit positif, alors qu'il n'est pas admis par la l'islam

On peut avancer, qu'à l'opposé des législations européennes, au Maroc la


religion et le droit positif forment un tout, Les règles du droit positif étant
largement imprégnées de préceptes religieux ou se bornant, parfois à
reproduire les prescriptions religieuses de la charia. Dans ce cadre, le
nouveau code de la famille a réaffirmé les principes fondamentaux de la
loi islamique. Du reste, si une question n'a pas été traitée par le nouveau
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code, le législateur recommande aux juridictions de combler ces


éventuelles lacunes en se référant au droit musulman classique et plus
précisément aux enseignements du rite malékite
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Chapitre I : Le Droit objectif : La règle de droit

I- Définition du droit objectif

Dans la doctrine, la règle de droit est souvent définie comme une règle de
conduite humaine, elle permet, ordonne, ou défend aux personnes se
trouvant dans une situation donnée de se comporter d’une certaine manière.

Cette définition est cependant imprécise car elle pourrait s’appliquer à


toutes les règles de conduite dont certaines n’ont rien de juridique.
Toutefois, la règle juridique diffère des autres règles sociales par le fait
qu’elle est sanctionnée par l’autorité publique. L’existence de la sanction
donne naissance à plusieurs caractéristiques de la règle de droit qui vont
faire d’elle une règle d’égalité et d’équité.

II- Les caractéristiques de la règle de droit

Etant une disposition impersonnelle, la règle de droit doit être à la fois


générale, abstraite, obligatoire et coercitive

1-Le caractère général de la règle de droit

Par sa fonction d’organisation de la société, la règle de droit doit concerner


tout le monde. Elle s’adresse ainsi à tous et non à telle ou telle personne en
particulier.

La règle de droit s’applique à tous les individus de la société dans laquelle


elle a vocation à s’appliquer. Ces règles ne désignent aucune personne
spécifiquement. Bien sûr, elles s’adressent à des catégories spécifiques
(exemple : le code de la consommation régit les consommateurs et les
professionnels).

Cette caractéristique de généralité commandée par le principe d’égalité


devant le droit, lui impose de s’assujettir tous les citoyens. Dans ce cas nul
ne doit échapper à l’emprise du droit. La généralité apparait ainsi comme
un gage d’égalité et d’impartialité et répond à un triple but :

- assurer la sécurité des citoyens : la règle de droit clarifie les règles de jeux
qui régissent la société. La règle de droit fixe les règles de conduite :
chacun sait ce qui e permis et ce qui interdit.
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- assurer la stabilité sociale : en maintenant l’ordre social, la règle de droit


pacifie les relations entre les individus qui composent cet ordre. De ce fait
il apparait incongru de remettre en cause la stabilité d’une société où le
droit lie tous les individus.

- assurer une certaine justice entre les hommes : grâce à son impartialité, la
règle de droit constitue une garantie contre l’arbitraire. Sa généralité, qui
fait qu’elle n’est pas faite pour ou contre une personne déterminée,
représente pour les citoyens une source de sécurité et d’égalité.

2- Le caractère abstrait de la règle de droit

En tant qu’instrument de l’ordre social, la règle de droit a vocation à


appréhender les différents aspects de la vie sociale. Dans cette perspective,
il faut adopter des formules générales et abstraite dans la mesure où on ne
peut pas créer un texte pour chaque circonstance.

Le caractère abstrait de la règle de droit est complémentaire à son caractère


général. La loi s’applique non pas à un individu nommément désigné ; mais
à une catégorie ouverte de personnes, c’est-à-dire à tous ceux qui se
trouvent dans la situation définie à l’avance par la règle, abstraction faite
de la personnalité subjective de ceux auxquels elle s’applique.

A noter que ces caractères sont communs à la règle générale, morale et


religieuse. En revanche, elle permet de distinguer les mesures
administratives individuelles (exemple : une autorisation de construire
accordée par les autorités administratives à telle ou telle personne : ce
n’est pas une règle de droit). Une autre règle est à distinguer : celle des
jugements. Les décisions de justice ont pour objet de résoudre un litige
entre des personnes particulières. La décision, parce qu’elle résout un
conflit particulier, s’adresse à un particulier. Normalement donc, les
décisions de justice ne sont pas des règles de droit. Certains systèmes
juridiques se sont accordés ce droit (exemple : le système juridique anglo-
saxon et la commonlaw. Le juge a le pouvoir et même le devoir de créer la
règle de droit).

3- Le caractère obligatoire
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La caractéristique décisive de la règle de droit réside dans la finalité sociale


qui lui est assignée. Etant destinée à organiser la société et les rapports
entre ses membres, la règle de droit doit se donner les moyens pour
atteindre son but. Pour y arriver la règle de droit doit être respectée et pour
qu’elle soit respectée, il faut qu’elle s’impose par la force et oblige les
citoyens. Une société où les règles n’auraient aucun caractère obligatoire
ne serait rien qu’une société anarchique.

Le caractère obligatoire marque la règle de droit dès sa naissance, c’est-à-


dire dès sa promulgation. En effet, à l’exception des règles coutumières, la
règle de droit émane essentiellement de l’Etat. C’est-à-dire de la puissance
publique. C’est cette dernière qui élabore la règle de droit et c’est elle qui
l’impose aux citoyens.

En principe toute règle de droit est obligatoire, et pour exprimer son action,
on dit généralement qu’elle ordonne, défend, permet, ou punit. La règle de
droit est donc un commandement. Mais dans cette force existe des degrés.
Il y a des règles qui s’imposent de manière absolue et il y a d’autre dont
l’application connait des dérogations. Ainsi, on se retrouve en présence de
deux catégories de loi : les lois impératives ou d’ordre public et les lois
supplétives ou interprétatives de volonté.

Les règles impératives :

Appelés aussi les règles d’ordre public, les règles impératives sont des
règles obligatoires sans que les individus n’aient le droit de les écarter par
quelque convention que ce soit. En effet, une loi impérative s’impose à tous
en toute hypothèse de telle façon que ni les particuliers ni les tribunaux ne
peuvent en écarter l’application. C’est le cas de la plupart des dispositions
concernant l’ordre public, exemple les règles pénales sont toutes
impératives.

Ces règles impératives sont dites d’ordre public parce qu’elles contribuent
à sauvegarder l’ordre public et qu’elles traduisent également les principes
fondamentaux et les valeurs sacrées de la société.

Les règles supplétives

Du verbe “suppléer”, c’est-à-dire permettre de palier une absence ou une


carence, Les règles supplétives dites également interprétatives de volonté
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ne s’imposent avec la même rigueur que les règles impératives, elles ne


s’appliquent qu’en l’absence de conventions entre les individus.

Ce sont des règles qui peuvent être écartées si les parties concernées en
expriment le besoin. Elles peuvent d’un commun accord suspendre son
application ou la remplacer par une autre règle qui exprime la nouvelle
volonté des parties en question.

L’intérêt de ces règles est de pallier l’avance au silence des parties à un


contrat. En effet, les auteurs d’un contrat, faute de temps ou si les
connaissances juridiques nécessaires leur font défaut, n’ont pas toujours la
possibilité d’aménager toutes modalités d’un contrat. A titre préventif, le
législateur le fait à leur place, mais tout en laissant la possibilité d’adopter,
au moment de la rédaction de leur convention, des clauses différentes

Exemples : Article 492 : Dès que le contrat est parfait, l'acheteur peut
aliéner la chose vendue, même avant la délivrance ; le vendeur peut céder
son droit au prix, même avant le paiement, sauf les conventions
contraires des parties. Cette disposition n'a pas lieu dans les ventes de
denrées alimentaires entre musulmans.

Article 493 du DOC : Dès la perfection du contrat, l'acheteur doit supporter


les impôts, contributions et autres charges qui grèvent la chose vendue, s'il
n'y a stipulation contraire ; les frais de conservation de la chose sont
également à sa charge, ainsi que ceux de perception des frais. En outre, la
chose vendue est aux risques de l'acheteur, même avant la délivrance, sauf
les conventions des parties.

Ces distinctions posent un problème : Quand sont-elles impératives, quand


sont-elles supplétives ? Certains articles de droit prévoient dans leur alinéa
: “toute clause contraire est réputée non écrite”, ce qui montre qu’ils sont
impératifs et donc d’ordre public, à titre d’exemple la loi 31-08 édictant
des mesures protectrices du consommateur prévoit un certain nombre de
clauses qui sont interdites pour protéger les consommateurs. Les
dispositions sont d’ordre public.

Exemple ( article 34 de la loi 31-08 : « En cas de litige entre le fournisseur


et le consommateur, la charge de la preuve incombe au fournisseur
notamment en ce qui concerne la communication préalable des
informations prévues à l’article 29, leur confirmation et le respect des
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délais ainsi que le consentement du consommateur. Toute convention


contraire est réputée nulle et de nul effet. »

Les juges sont chargés d’interpréter les règles de droit : dire si elles sont
impératives ou supplétives de volonté.

4- le caractère coercitif :

La règle de droit est coercitive, c’est-à-dire sanctionnée par l’autorité


publique. Cela veut dire que l’Etat garant de l’intérêt général nous contraint
à la respecter par le recours à une sanction. Pour cela elle dispose de toute
une série de sanctions susceptibles de lui permettre d’assurer l’ordre social.

La règle de droit est obligatoire et conduit à sanctionner celui qui ne la


respecte pas. Toutefois, ce caractère n’est pas seulement présent en droit
pénal. La sanction est la possibilité d’être condamné en justice pour non-
respect du caractère obligatoire d’une règle de droit. Alors, la
condamnation peut prendre l’aspect d’une sanction pénale, mais pas
nécessairement.

III- Les différentes formes de sanctions :

Dans le Robert, la sanction est définie comme « peine ou récompense


prévue pour l’exécution d’une loi », la doctrine reprend la signification
profonde de cette définition et la précisant selon deux sens :

- Un sens restreint qui définit la sanction comme étant la punition ou la peine


infligée par une autorité à l’auteur d’une infraction. Dans ce cas la sanction
est une mesure répressive destinée à punir.
- Un sens général où la sanction désigne tout moyen destiné à assurer le
respect d’un droit ou l’exécution effective d’une obligation. Cela peut être
une peine infligée à l’auteur d’une infraction, comme cela peut être une
gratification accordée à une personne s’acquittant d’une mission.

Il existe deux sortes de sanctions : des sanctions pénales et des sanctions


civiles.

1-Les sanctions pénales : La particularité de la règle de droit par rapport


aux règles morales ou religieuses est que la sanction est étatique, c’est-à-
dire qu’elle est prononcée devant les tribunaux (organe de l’Etat).
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Les sanctions pénales sont les sanctions les plus graves. Elles concernent
toujours les comportements qui troublent l’ordre social et peuvent prendre
plusieurs formes.

- La peine de mort ou la peine capitale : La peine de mort, ou peine


capitale, est une peine prévue par la loi consistant à exécuter une personne
ayant été reconnue coupable d'une faute qualifiée de « crime capital ». La
sentence est prononcée par l'institution judiciaire à l'issue d'un procès. En
l'absence d'un procès, ou dans les cas où celui-ci n'est pas réalisé par une
institution reconnue, on parle d'exécution sommaire, d'acte de vengeance
ou de justice privée. La peine de mort est diversement considérée selon les
époques et les régions géographiques.
Au Maroc le code pénal prévoit la peine de mort par fusillade pour
l’homicide aggravé, la torture, le vol à main armée, l’incendie criminel, la
trahison (Article 181) du code pénal, la désertion, et enfin l’attentat à la vie
du roi, l’article 163 du code pénal dispose : « L’attentat contre la vie ou
la personne du Roi est puni de mort ».
- La réclusion perpétuelle, la prison à perpétuité ou prison à vie est une
sanction pénale pour les crimes les plus graves, qui consiste théoriquement
en l’incarcération d’un criminel jusqu’à sa mort.
- L’emprisonnement à temps : L'emprisonnement est une peine privative
de liberté correctionnelle. L'échelle des peines d'emprisonnement est fixée
par le Code pénal et varie de deux mois à 30 ans au plus. Le tribunal qui
prononce une condamnation à l'emprisonnement peut ordonner qu'il
soit sursis à l'exécution de cette peine.
- La privation des droits civiques : La dégradation civique consiste : Dans
la destitution et l'exclusion des condamnés de toutes fonctions publiques et
de tous emplois ou offices publics; Dans la privation du droit d'être électeur
ou éligible et, en général, de tous les droits civiques et politiques et du droit
de porter toute décoration; Dans l'incapacité d'être assesseur-juré, expert,
de servir de témoin dans tous actes et de déposer en justice autrement que
pour y donner de simples renseignements; Dans l'incapacité d'être tuteur
ou subrogé-tuteur, si ce n'est de ses propres enfants; et enfin Dans la
privation du droit de porter des armes, de servir dans l'armée, d'enseigner,
de diriger une école ou d'être employé dans un établissement
d'enseignement à titre de professeur, maître ou surveillant.
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L’importance de la sanction est définie par avance par la loi selon la gravité
de l’infraction. A ce titre le droit pénal distingue trois grandes catégories
d’infractions :
Les crimes
Les délits
Les contraventions

- Les crimes
Ce sont les infractions les plus graves. Elles sont punies par la loi d’une
peine qui peut aller jusqu’à la peine de mort

- Les délits
Ce sont des infractions de gravité moyenne. Ils sont de deux sortes
Les délits correctionnels
Ils font appel à des peines d’emprisonnement dont la durée est comprise
entre 2 et 5 ans
Les délits de police
Ces infractions se situent entre les délits correctionnels et les
contraventions. Les sanctions encourues par les auteurs de ces agissements
est la peine d’emprisonnement d’un minimum de 1 mois et d’un maximum
égal ou inférieur à une année et d’une amende supérieure à 1200 dirhams.
- Les contraventions
Il s’agit des infractions les moins graves. Leur auteur s’expose seulement
à des sanctions pénales légères.
Les peines contraventionnelles principales sont :
1 - La détention de moins d'un mois ;
2 - L'amende de 30 dirhams à 1.200 dirhams.

2- Les sanctions civiles

Ce sont des sanctions réparatrices. Elles consistent généralement à réparer


les préjudices occasionnés par l’application d’une décision entachée
d’irrégularité Elles sont très fréquentes et d’application courantes.

Celles-ci peuvent poursuivre trois buts :

- La sanction dont le but est l’exécution de ce qui avait été préalablement


convenu entre les sujets de droit (l’exécution forcée),
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- La sanction dont le but est la réparation (exemple : dommages et intérêts) ;


- Et enfin, la sanction dont le but est la nullité.

- La nullité

C’est la sanction encourue par un acte juridique, ou d'une procédure, soit


que la cause de la nullité réside dans l'absence de l'utilisation d'une forme
précise qui est légalement imposée (vice de forme), soit qu'elle résulte de
l'absence d'un élément indispensable à son efficacité (irrégularité de fond).
Par exemple : article 224 du code de la famille « Les actes de gestion de
l’incapable sont nuls et ne produisent aucun effet ».

Article 52 du DOC : le dol est une cause de nullité de la convention


lorsque les manœuvres pratiquées par l’une des parties sont tel qu’il est
évident que sans ces manœuvres l’autre partie n’aurait pas contracté. Il ne
se présume pas et doit être prouvé.

Article 40 du code de procédure civile Il doit y avoir entre la notification


de la convocation et le jour fixé pour la comparution, un délai de cinq jours
si la partie est domiciliée ou en résidence dans le lieu où siège le tribunal
de première instance ou dans une localité limitrophe, et de quinze jours si
elle se trouve dans tout autre endroit sur le territoire du Royaume, à peine
de nullité du jugement qui serait rendu par défaut.

Selon la règle générale, le juge ne peut prononcer la nullité d'une


convention ou d'une procédure que si cette sanction a été expressément
prévue par la loi. On exprime ce principe par l'adage : "Pas de nullité sans
texte"

- Les dommage-intérêts
L’existence de cette sanction est liée à celle de la responsabilité. C’est la
même sanction la plus habituelle dans ce domaine. Cela veut dire que
lorsqu’une personne cause un dommage à autrui dans des conditions qui
engagent sa responsabilité (parce qu’il a commis une faute par exemple)
elle est tenue de réparer le préjudice qu’elle a occasionné aux victimes. Le
payement de dommages-intérêts à la victime constitue la forme la plus
pratiquée de dédommagement. La réparation se fait souvent par le
payement d’une somme d’argent d’un montant égal à la valeur du bien
endommagé.
- L’exécution forcée
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Elle est inhérente au caractère obligatoire de la règle de droit, elle est


matérialisée par une contrainte, exercée soit :
-De façon directe sur la personne du débiteur : Ainsi, la personne qui
occupe un local sans pouvoir justifier d’un contrat, écrit ou verbal de
location risque de faire l’objet d’une mesure d’expulsion.
-De façon indirecte : Dans ce cas, la sanction s’exerce, non contre la
personne elle-même, mais contre ses biens. Si un débiteur refuse
d’exécuter son obligation de payement, le créancier peut à la suite d’un
jugement de condamnation, saisir et vendre aux enchères publiques les
biens de son débiteur pour se faire rembourser.

III- Classification des règles de droit

Les règles de droit sont nombreuses car elles régissent telle et telle situation
générale. Seulement, la vie sociale est de plus en plus compliquée et les
règles de droit vont se spécifier. Ainsi, les juristes créent des catégories.
Certes, les catégories changent suivant l’ouvrage mais certaines sont
reconnues par tout le monde.

1- La distinction classique :Droit public/ Droit privé :

“Le Droit public traite des rapports entre gouvernants et gouvernés”


affirmait Montesquieu. “Le Droit privé s’intéresse aux rapports que les
citoyens ont entre eux” ajoutait Montesquieu.

C’est la distinction la plus fondamentale et celle-ci se voit complétée par


les subdivisions de chaque catégorie. C’est aussi la plus classique car elle
existe depuis l’époque romaine et car elle est presque universelle. Elle est
justifiée de diverses manières mais connaît de plus en plus de limites.

Le droit public est l’ensemble des règles qui organisent l’Etat et ses organes
ainsi que les relations entre ceux-ci et les particuliers. Il concerne
également les rapports de l’Etat avec les autres Etats. Il peut être interne ou
international.

L’une des caractéristiques fondamentales du droit privé c’est qu’il


réglemente les relations entre les particuliers. Il régit ainsi les rapports entre
les particuliers eux-mêmes et entre ces derniers dans leurs relations avec
les collectivités privées telles que les sociétés privées et les associations.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Comme le droit public, le droit privé a dû suivre l’évolution de la société.

L’objet du droit privé est d’organiser les activités entre les particuliers et
leurs relations. Ces droits méritent d’être distingués car ils ont des objets
totalement différents.

2- Les différences entre le droit public et le droit privé

Traditionnellement on relève trois sortes de différences :

- Différences relatives au but

La différence se fait tout d’abord au niveau de la finalité. En effet, le droit


public a pour finalité de satisfaire l’intérêt général (exemple : sureté des
individus, ordre,…). A l’inverse, le droit privé a pour finalité essentielle de
protéger des intérêts individuels et veille au respect de la propriété privée.

- Différences relatives au caractère

Le droit public possède un caractère impératif, alors qu’à l’inverse,


beaucoup de règles de droit privé ne sont que supplétives de volonté.

- Différences relatives aux juridictions compétentes

. En effet l’application ne relève pas des mêmes tribunaux. Le droit public


est appliqué par les tribunaux administratifs alors que le droit privé est
appliqué par des tribunaux judiciaires.

En France, cette différence est ancienne, elle date de la Révolution


Française (loi des 16 et 24 août 1790 qui prévoit la séparation des pouvoirs
et que tout ce qui concerne les règles publiques doivent être appliquées par
les tribunaux administratifs, tandis que les règles privées doivent être
appliquées par les tribunaux pénaux). Et il existe même une juridiction
pour décider si l’affaire relève du privé ou du public : c’est le tribunal des
conflits. A l’inverse du Maroc où les tribunaux administratifs n’ont vu le
jour que dans les années 90

Le droit public et le droit privé sont très différents. La première limite est
que ces deux droits sont opposés mais complémentaires, la deuxième est
qu’il y a des règles mixtes qui mélangent les deux.

Bien que pratique pour l'esprit, la distinction entre le droit privé et le droit
public se révèle en réalité assez artificielle. Outre le fait que l'existence de
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

droit mixte est soutenue par certains, il apparait que souvent des branches
relevant du droit privé se teintent de droit public, l'inverse étant également
vrai. Il faut noter que les droits socialistes ne distinguent pas entre droit
public et droit privé.

3- Les branches du Droit Public :

A l’inverse du Droit privé où le Droit civil constitue la branche centrale, il


n’existe pas en Droit public de discipline qui constituerait le « Droit public
commun ». Mais le Droit public se subdivise, comme le Droit privé en
plusieurs branches. Ces principales branches sont le droit constitutionnel,
le droit administratif, le droit des finances publiques, le droit des libertés
publiques :

• Le Droit Constitutionnel

Ce droit constitue la première branche du droit public interne, son objet


est d’organiser le mode de fonctionnement de l’Etat et de l’ensemble des
institutions publiques à caractère politique. Il organise également les
relations que ces institutions peuvent entretenir entre elles. C’est le Droit
constitutionnel qui permet de déterminer la nature du régime politique d’un
Etat.

• Le Droit administratif

L’ensemble des règles dont l’objet principal est de régir les rapports que
les autorités administratives (Etat, régions, communes) entretiennent avec
les particuliers. Il est constitué par l’ensemble des règles qui s’appliquent
à l’administration dans l’exercice de ses missions de service public.

• Le droit des Finances Publiques :

Il s’agit de la branche du Droit qui détermine les modes d’utilisation de


l’ensemble des ressources de l’Etat et des collectivités locales.

• Droit Fiscal :

Il s’agit de la branche du Droit public qui réglemente toutes les questions


juridiques liées aux impôts : détermination de l’assiette, du montant et des
modes de recouvrement des divers impôts ou taxes de toutes sortes.

• Le droit de l'environnement
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

L’ensemble des règles qui a pour objet l’étude ou l'élaboration de règles


juridiques visant la compréhension, la protection, l'utilisation, la gestion ou
la restauration de l'environnement sous toutes ses formes - terrestres,
aquatiques et marines, naturelles et culturelles, voire non-terrestres
Le droit de l’environnement est régi par la loi N° 11-03 du 12 mai 2003,
relative « à la protection et à la mise en valeur de l’environnement »,

Le droit des libertés publiques

C’est l’ensemble des règles reconnaissant les libertés publiques et


définissant leur protection ainsi que les modalités de leur exercice.

Le Droit International Public

Il s'agit de la branche du Droit qui étudie les rapports entre les Etats et les
organisations internationales.

Cette branche de droit se compose des traités et accords internationaux


ainsi que des règles coutumières et des principes reconnus par les nations
civilisées. Il régit également les rapports de ces derniers avec l’Etat lorsque
celui-ci agit comme un simple particulier

Le caractère dominant du Droit public est qu’il ne place pas sur un pied
d’égalité l’Administration et les particuliers. La première dispose de
prérogatives supérieures aux seconds. Il s’agit là d’une différence
fondamentale avec le Droit privé.

4- Les branches du Droit Privé :

Le droit privé est l'ensemble des règles qui régissent les rapports entre
les personnes physiques ou morales. Les principales branches du droit
privé sont :

• Le droit Civil

C’est l'ensemble des règles de droit qui régissent les rapports entre les
personnes privées, qu'il s'agisse de personnes physiques ou de personnes
morales.

Le droit civil constitue la première et la principale branche du droit privé.


Jusqu’à la fin du 18 -ème siècle, le droit civil constituait le droit privé lui-
même. IL avait pour objet de réglementer l’état et la capacité juridique des
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

personnes (nom, domicile, état civil), l’organisation de la famille (mariage,


divorce, filiation, régimes matrimoniaux, successions) les rapports
d’obligation (contrat, responsabilité civile) et la possession des biens. Mais
l’évolution qu’a connue la société depuis cette date a donné naissance à
plusieurs branches spécialisées. Mais en dépit de cette subdivision du droit
privé en plusieurs branches, le droit civil continue d’être le droit commun
en l’absence de textes spéciaux dérogeant à ses principes. Cela veut dire
que le droit civil s’applique chaque fois qu’aucune règle spéciale ne vient
l’écarter

• Le Droit commercial

Le droit commercial est une branche du droit privé qui régit les opérations
passées par les commerçants et dans l’exercice de leur activité.
Commerçant au sens large : considérer les industriels, les activités
financières (banques, bourse) et commerçants au sens juridique.

Le droit commercial définit l’acte de commerce et précise les droits et les


devoirs du commerçant. Il organise les contrats commerciaux. Il définit les
modalités d’échange ex : le chèque, la lettre de change, le virement). Il
organise l’activité des sociétés commerciales et indique les conditions de
redressement et de liquidation judiciaire.

Le droit des assurances

C’est l’ensemble des règles qui règlemente l’activité des assurances ainsi
que les rapports entre assureur et assuré, la convention d’assurance, les
risques assurés, l’indemnisation. Au Maroc, le droit des assurances est régi
par le code des assurances qui a été institué par un dahir du 3 octobre 2002,
portant promulgation de la loi n° 17-99, il a été par la suite complété ou
modifié par 5 dahirs qui datent de 2004,2006,2007,2008 et 2009.

Cette réforme a eu le mérite de mettre fin à des textes épars et qui remontent
pour l’essentiel à l’époque du protectorat.

Le droit maritime :

C’est l’ensemble des règles concernant le transport par mer des


marchandises et des personnes. Le droit maritime régit également la
navigation maritime et le commerce en mer. IL définit le navire, organise
les contrats maritimes. Il fixe les règles qui régissent les rapports du
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

capitaine du navire avec son propriétaire et ceux du capitaine avec son


équipage.

Le droit foncier

Le droit foncier fait partie du droit civil des biens. Il porte sur le sol qui est
un immeuble par nature. Les droits fonciers diffèrent des droits
immobiliers. En effet, « les droits fonciers ne portent que sur les immeubles
par nature alors que les droits immobiliers portent sur les autres
immeubles ». Cette branche de droit regroupe les règles relatives à
l’immatriculation foncière et les droits réels.

5- Le droit mixte :

On appelle droit mixte les matières qui peuvent valablement classées en


droit privé comme en droit publics, ils mélangent les droits.

On en distingue trois : le droit pénal, le droit processuel et le droit social.

Le droit pénal

Le droit pénal est l’ensemble des règles qui définissent les infractions et
les sanctions, mais qui protège les droits fondamentaux. Dans cette
perspective, il prévoit les peines que l’Etat peut infliger aux individus qui
portent atteinte à l’ordre social, c’est-à-dire l’ordre que l’Etat a pour
fonction d’assurer et de garantir. Le droit pénal est ainsi constitué d’un
ensemble de règles juridiques qui organisent la réaction de l’Etat vis-à-vis
des infractions et des délinquants. Dans ce cas, il peut être considéré
comme une branche de droit public. Cela s’explique par le fait que l’Etat
joue un rôle déterminant dans l’application du droit pénal. Etant détenteur
de la puissance publique, L’Etat est chargé de rechercher le délinquant,
d’organiser sa poursuite, sa condamnation et de veiller à sa correction et sa
rééducation.

Mais on s’intéresse aux techniques employées par ce droit, on découvre


que le droit pénal s’apparente au droit privé. Cela s’explique par le fait que
la plupart des dispositions de ce droit sont destinées à faire respecter les
droits reconnus aux particuliers.

Par exemple, en réprimant le vol, le législateur cherche à protéger droit


de propriété.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Le Droit Processuel

Il regroupe trois types de procédures, à savoir la procédure civile, celle


administrative et celle pénale. (On appelle “procédure” la résolution d’un
conflit par un tribunal.)

C’est l’ensemble des règles qui ont pour objet d’organiser la justice. Le
droit processuel détermine à la fois l’organisation et la compétence des
différents tribunaux. Il ’occupe du déroulement du procès : il précise en
quelle forme et selon quelles règles la juridiction compétente doit juger les
litiges qui lui sont soumise.

Le Droit International Privé

Il possède pour premier objet, qui relève du droit privé, de régler les
conflits de loi et de juridiction dans l’espace (exemple : Prenons un contrat
conclu au Maroc, entre un espagnol et un français. Quelle loi faut-il
appliquer ? Le droit international privé fixe les conditions d’attribution
d’une nationalité et prévoit également le droit applicable.

Le Droit social

Cette branche de droit regroupe le droit du travail et le droit de la sécurité


sociale.

Le droit du travail est l'ensemble des règles qui régissent les relations entre
les employeurs et les salariés. Le contrat de travail crée un lien
de subordination juridique entre employeur et salarié, dès lors, le droit du
travail rassemble tout ce qui est source de droit rétablissant l'équilibre. Le
droit du travail est régit par le Dahir du 11 septembre 2003 portant
promulgation de la loi 65-99 Cette codification a permis de mettre fin à une
législation sociale disparate et difficile à connaitre, elle a eu pour principes
fondamentaux:

Consolider les droits essentiels de l’Homme au travail et d’interdire les


discriminations Quant au droit de la sécurité sociale, il a pour objet
d’organiser la protection sociale des employés en dehors du lieu du travail.
Cette protection ne se limite pas uniquement au travailleur lui-même, elle
s’étend à toute sa famille. Ces règles tendent à garantir la protection des
travailleurs et de leurs familles contre les risques d’accident, de décès,
d’invalidité, de maladie et surtout contre la vieillesse
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

CHAPITRE II : Le fondement de la règle de droit

En présence d’une règle du droit positif, et contrairement à une règle


religieuse, à laquelle on adhère ou que l’on rejette en bloc, l’historien, ou
le sociologue, tenteront d’en comprendre la genèse, d’en analyser les buts,
et d’apprécier les effets. De l’autre coté, étant donner que la règle de droit
est une création humaine, susceptible de comporter des imperfections, des
incohérences ou des contradictions le juriste doit d’abord s’interroger si
cette règle est ou non justifiée, ainsi que sur les buts qu’il faut lui assigner

I- Le problème de justification

Le problème de justification de la règle de droit a donné lieu à de


nombreuses controverses, les partisans du droit positif et les partisans du
droit naturel

Le droit naturel

Cette conception du droit, découle de la philosophie réaliste, et en


particulier d’Aristote. Dans la pratique, cette conception correspond
essentiellement au droit romain.

Le droit, qui a pour but la justice, est une chose qui existe. Il est objet de
connaissance pour le juge qui est en quête du droit. Le droit ne découle pas
des individus et de leur nature de sujets. Il n’y a pas, dans cette conception,
de droits de l’individu. Il y a juste le droit qui est une chose réelle
indépendante.

Le droit permet de résoudre des conflits réels qui sont présentés au juge,
qui doit trouver les solutions de droit mettant fin au conflit entre les parties,
en déterminant la juste part de chacun.

Le droit est évolutif et diffère d’une société à une autre. La nature des
conflits créés par les relations entre les individus change au cours du temps.
Les solutions de droit du passé peuvent se révéler infructueuses au présent,
et c’est le rôle du juge de découvrir le droit tel qu’il est aujourd’hui.

Par ailleurs, le droit n’est pas un commandement. Le juge n’ordonne rien,


il cherche le droit. Le droit n’est pas plus une loi. Il n’est pas un décret, ni
d’une autorité quelconque, ni de la raison pure.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

La propriété privée, par exemple, n’est pas un droit de l’individu découlant


de sa nature de sujet. Elle est une institution permettant de limiter les
conflits entre les hommes, reconnue par le juge en quête du droit. Elle n’est
guère un absolu et n’existe que parce qu’elle prouve être une juste solution
de droit.

Du droit comme une chose réelle, le droit est devenu un pouvoir de


l’individu, émanant de sa nature. Le basculement d’une conception à
l’autre est assez difficile à situer historiquement et à expliquer.

Dans la conception moderne du droit naturel, le droit n’est plus singulier,


il est pluriel. Les droits sont des pouvoirs de l’individu. C’est de l’idée
d’individu, abstrait à sa nature d’être raisonnant, ou isolé dans une fiction
de l’état de nature, qu’émergent les droits naturels. C’est en ce sens que
cette conception du droit est idéaliste.

Chez Hobbes par exemple, l’individu à l’état de nature jouit de ses droits
naturels, qui n’ont pour seules limites que les limites que la nature a
données aux hommes et à leurs pouvoirs.

Un droit n’est pas une chose indépendante de l’individu, il n’est pas une
réalité objective, il est subjectif, c’est-à-dire émane du sujet. Il n’est pas
l’objet de connaissance du juge comme il l’est dans le droit naturel
classique.

Au contraire, avec Locke, le juge n’a pour seule fonction que de renforcer
le droit naturel en faisant valoir dans ses arbitrages les droits naturels de
chaque partie. Ceux-ci sont connus a priori, ils sont donnés par la raison. Il
n’y a pas de droit particulier du débiteur et de droit particulier du créancier,
recherchés et trouvés par le juge, il y a les droits naturels des individus,
identiques pour tous, et il appartient au juge, commandant au nom de
l’autorité, de les renforcer.

Les droits naturels, en tant qu’issus de la raison, sont immuables et


universels : peu importe l’époque, peu importe la culture, les individus
restent des individus et ont donc toujours les mêmes droits.

Mais si les droits naturels sont des pouvoirs, c’est qu’ils sont aussi des
commandements de la raison pour chacun. En effet, si j’ai des droits, autrui
en a aussi et ses droits sont respectables. Il n’est pas faux de dire que les
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

droits naturels sont en réalité des lois de la raison : en un sens il s’agit là


d’une perversion de la notion de droit qui vient se confondre dans la loi.

À l’échelle de l’individu, les droits naturels sont une éthique, ils sont des
lois morales à laquelle l’individu obéit ou non.

Bien sûr, dans la conception moderne du droit naturel, les droits naturels
ne sont pas infinis et sont limités par les droits naturels d’autrui : ceci
signifie que la loi est elle-même limitée et reste immuable.

En résumé, le droit naturel pose comme principes :

▪ l'universalité des droits de l'homme ;

▪ la liberté d'action de l'être humain ;

▪ le droit à la propriété ;

▪ le droit à la vie.

Le positivisme juridique

En confondant le droit dans la loi, les droits naturels issus de la philosophie


idéaliste ont donné des armes aux législateurs. Le droit n’est plus une
réalité objective qu’il faut découvrir, telle qu’on le concevait dans le droit
naturel classique, il est un ensemble de lois qu’il faut écrire pour que
chacun puisse connaître ses droits.

Or quelles sont les limites à l’écriture, tant qu’il y a du papier et de l’encre ?


On peut toujours prétendre que ce fut la fonction des constitutions
d’imposer des limites à la loi, mais le papier n’arrête pas grand monde. Dès
lors que la foi dans les constitutions tombe – sous le coup de la critique
marxienne des « droits formels » par exemple – il n’y a plus de limites
réelles à l’extension de la loi. Ce qui n’est pas le cas lorsque les juges,
personnes réelles, ont pour fonction de découvrir le droit.

Les droits naturels modernes sont responsables du positivisme juridique,


quand bien même ils ne l’ont pas promu. En confondant le droit dans la loi,
ils ont donné trop d’importance aux législateurs, qui sont devenus le
fondement du système juridique.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

C’est le principe même du positivisme juridique qui considère la loi juste


parce qu’elle est la loi. Les juges n’ont plus aucun rôle vis-à-vis du droit,
si ce n’est d’exécuter la loi. Le droit est devenu l’objet de la politique, il se
forme et gonfle sous le coup des divers intérêts en lutte et du clientélisme
morbide du marché électoral. Ceci revient à dire que le droit n’existe plus,
ou du moins qu’il est absent des institutions juridiques.

Il serait ridicule d’espérer que des libéralisations, même massives, voire un


retour de la loi aux strictes droits naturels modernes, permettent de
retrouver un équilibre juridique. Les mêmes causes produisent les mêmes
effets. L’inflation législative est une conséquence des droits naturels
modernes et de leur système légal.

C’est donc bien une réflexion sur le droit qui doit être menée afin de revenir
à des institutions juridiques plus stables et surtout moins propices à pourrir
sous les coups de buttoirs de la politique. Les fictions juridiques reposant
sur des idées abstraites ont fait la preuve de leurs limites.

II- Les buts de la règle de droit

- La règle de droit s’impose d’abord pour faire régner la justice. Le besoin


de justice est l’un des plus élémentaires et l’un des plus impérieux que nous
ressentions. Il existe déjà chez l’enfant ; dès le plus jeune âge l’enfant se
révolte contre l’injustice, et ce sentiment demeure également puissant chez
l’adulte : nous ne pouvons admettre un acte qui ne paraît se justifier que
par la force de celui qui l’accomplit ; il y a contre cet acte une révolte de
notre conscience, et ce n’est pas là seulement une simple réaction de
tendance morale ; nous réagissons ainsi parce que nous savons que la vie
en société serait impossible si les plus forts pouvaient écraser les plus
faibles.

- La règle de droit est également nécessaire pour donner aux individus la


sécurité, car, pour vivre en société, l’homme a encore plus besoin de
sécurité que de justice. Nous pouvons à la rigueur vivre sous une règle que
nous estimons injuste, du moins faut-il que nous connaissions la règle sous
laquelle nous vivons ; il faut, en effet, que quand nous accomplissons un
acte nous sachions quelles seront exactement les conséquences de cet acte.
Ce besoin de justice, et surtout ce besoin de sécurité, sans la satisfaction
desquels la vie en société est impossible, obligent à tracer une règle de
conduite.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

- Aussi la règle de droit a pour but d’assurer la stabilité, qui se fait sentir :
Sur le plan législatif, c’est ainsi que l’article 6 de la constitution proclame
expressément que la loi ne peut avoir d’effet rétroactif.

Sur le plan contractuel : L’article 230 DOC dispose que « les obligations
contractuelles valablement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont
faites »

III- Différentes conceptions dominant l’élaboration du


droit

1 – Conception individualiste du droit

Selon cette conception, c’est l’individu qui constitue la finalité ultime du


droit et cela se traduit au sein du système juridique par la protection et
l’épanouissement des intérêts de l’individu. Toutes contraintes qui peuvent
peser sur les individus sont réduites, pour leur accorder le maximum de
liberté. Cette conception individualiste a des conséquences juridiques (rôle
prépondérant de la volonté individuelle et à sa principale expression qui est
le contrat ; celui-ci constitue la loi des parties.), politiques, et sociales
(l’action de l’homme a plus de valeur que celle des pouvoirs publics, donc
l’Etat doit se garder d’intervenir dans le secteur économique ; il ne peut et
ne doit encourager que l’initiative privée. C’est le jeu de la libre
concurrence.)

2 – Conception socialiste ou sociale du droit

Les intérêts particuliers selon les partisans de cette conception, doivent


céder face à l’intérêt général. L’explication réside dans l’idée de solidarité
sociale. Parmi les principes qui dominent cette conception, on peut relever
l’idée de justice sociale. Les pouvoirs publics doivent donc intervenir pour
réduire les inégalités sociales. Cette action ne peut produire ses effets que
dans la mesure où les pouvoirs de l’Etat seront développés au maximum ce
qui implique comme conséquence directe, des contraintes imposées aux
individus. Par exemple, selon cette conception, l’Etat pratiquera dans le
domaine économique une politique d’économie dirigée en intervenant lui-
même dans tous les circuits de la vie économique.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Chapitre III : La source de la règle de droit

Comment nait la règle de droit et quelles sont les différentes sources dont
elle puise sa force et sa légitimité ?

Cette question s’impose elle-même. En effet, une fois la nature et les


fonctions de la règle de droit définies, il convient de s’interroger sur sa
création, c’est-à-dire les conditions dans lesquelles elle prend naissance et
les sources d’où elle prend son origine.

Il s’agit d’étudier les différentes modalités de la création de la règle de droit


et d’identifier les différentes autorités étatique ou infra étatique chargées
de produire la règle de droit.

Les règles du droit émanent d’autorités diverses. Certaines élaborent


directement les règles dont elles imposent l’observation. Les autres n’ont
de pouvoir que pour assurer l’application de ces règles et pour les
interpréter, mais ce travail d’interprétation est, lui aussi, dans certaine
mesure, bien que de façon indirecte, la source des règles de droit.

Dans le présent contexte, seules les sources formelles nous intéressent, il


s’agit de : La loi, La coutume, La religion, La jurisprudence, la doctrine,
les traités

La loi et la coutume sont les sources directes tandis que les autres sont des
sources indirectes dans le système romano-germanique. Dans celui Anglo-
Saxon, c’est la jurisprudence qui occupe le haut de la hiérarchie des règles.

Les sources internes

Les sources internationales

I- Les sources internes

Pour des raisons didactiques, nous avons regroupé les différentes sources
du droit interne marocain en deux catégories :

- Les sources traditionnelles


- Les sources modernes
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

-
1- Les Sources traditionnelles

Les sources traditionnelles sont représentées par deux éléments :

Les règles religieuses

La coutume

a- Les règles religieuses

Ces règles sont essentiellement d’origine musulmane. Mais il existe une


exception concernant la communauté israélite. Celle-ci dispose d’un droit
spécifique qui régit ses relations personnelles. A noter que Maroc est le
seul pays arabe dans lequel le statut personnel des citoyens de confession
juive est régi par les seules dispositions du droit hébraïque. Conformément
au principe du Coran, qui précise que “les gens du Livre seront jugés selon
le Livre”, l’autonomie judiciaire des communautés juives a été instaurée
en 1918, soit dès le début du protectorat français.

En ce qui concerne les règles du droit musulman, leur violation est


sanctionnée par les tribunaux marocains. En effet comme partout dans les
pays musulmans, la religion occupe une place importante dans la vie
politique, juridique et sociale. L’islam, contrairement aux autres religions,
a dès l’origine conçu un cadre d’organisation des rapports sociaux. Il est
ainsi à la fois une religion et un système sociopolitique. Au Maroc, la
constitution impose l’islam comme la religion de l’Etat et fait du Roi le
commandeur des croyants.

Aujourd’hui, le droit musulman, source fondamentale du droit positif


marocain, intervient surtout en matière du statut personnel familial, et
successoral. L’essentiel de ce droit est regroupé actuellement dans le
nouveau code de la famille. Il englobe les matières suivantes : Les
conditions de mariage, la représentation légale, la garde des enfants, la
dissolution du mariage, la dévolution successorale, la famille

b- La coutume
On peut définir la coutume comme une pratique de la vie juridique qui
présente un caractère habituel et qui, de ce fait, tend à se poser en règle de
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

droit. C’est donc une règle de droit qui se forme peu à peu par la pratique
et la répétition des mêmes actes et finit par devenir obligatoire sans
qu’aucune loi ne vienne établir cette obligation
La coutume est une règle ressortant directement du peuple, de ses pratiques
et à laquelle l’autorité reconnait le caractère obligatoire. L'existence de la
coutume suppose deux éléments.

D'une part l'élément matériel qui est constitué par la répétition d'actes
donnés manifestant un usage.

D'autre part l'élément psychologique qui est composé de trois aspects :

- l’opinio juris qui est la conviction que l'usage répété constitue une règle
de droit,
- l’opinio necessitatis qui est la croyance au caractère obligatoire de l'acte
et
- l’estimatio communis qui est le consensus existant autour de l'acte.

Les coutumes sont très développées en matières commerciales, c’et pour


cela que l’article 3 du code de commerce dispose que Les coutumes et
usages spéciaux et locaux priment les coutumes et usages généraux.

La coutume constitue la source la plus ancienne de droit. En effet, dans les


sociétés antiques la vie sociale était essentiellement organisée sur la base
des usages et des coutumes. Aujourd’hui, la coutume n’est plus considérée
comme une source importante du droit. Son rôle a été très sensiblement
réduit par le développement de la loi et l’intervention du législateur dans
tous les domaines de la vie économique et sociale

2- Les sources modernes


a- La constitution

Le sommet de la hiérarchie des sources nationales du Droit objectif à


caractère impératif est occupé par la Constitution qui constitue la charte
fondamentale de l’Etat. C’est d’elle que procède toute la production
juridique. Elle est de ce fait le texte juridique le plus important dans la
mesure où elle constitue le sommet de la hiérarchie juridique. Toutes les
lois doivent s’en inspirer faute de quoi elles sont frappées
d’inconstitutionnalité et annulées

b- La loi
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

La loi, votée par le Parlement, ou « législateur », est au centre du dispositif.


On distingue trois catégories de lois, qui ont chacune une relation différente
à la Constitution : la loi constitutionnelle, la loi organique et la loi ordinaire.

La loi constitutionnelle est celle qui adopte ou modifie la Constitution ;


elle est adoptée soit par référendum, soit par vote du Parlement.

La loi organique est une loi expressément prévue par la Constitution pour
fixer un cadre institutionnel important et durable : certains aspects du
régime électoral, du contrôle des finances publiques, de l’indépendance de
la magistrature, de la présentation des lois de finances, etc… ; elles sont
donc en nombre fini et elles sont automatiquement soumises au contrôle
du Conseil Constitutionnel ;

Liste des 19 lois organiques prévues par la nouvelle Constitution


1- Loi organique sur la langue amazighe (article 5)
2- Loi organique sur le Conseil national des langues et de la culture
marocaine (article 5)
3- Loi organique sur les partis politiques (article 7)
4- Loi organique réglementant le droit des citoyens de présenter des
propositions en matière législative (article 14)
5- Loi organique réglementant le droit des citoyens de présenter des
pétitions aux pouvoirs publics (article 15)
6- Loi organique sur le droit de grève (article 29)
7- Loi organique relative au Conseil de Régence (article 44)
8- Loi organique précisant la liste des établissements et entreprises
stratégiques concernés par les nominations aux emplois civils (article
49)
9- Loi organique sur la Chambre des représentants (article 62)
10- Loi organique sur la Chambre des conseillers (article 63)
11- Loi organique sur le fonctionnement des commissions d'enquête
(article 67)
12- Loi organique des Finances (article 75)
13- Loi organique définissant les règles relatives à la conduite des
travaux du gouvernement (article 87)
14- Loi organique réglementant le statut des magistrats (article 112)
15- Loi organique sur le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire
(article 116)
16- Loi organique sur la Cour constitutionnelle (article 131)
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

17- Loi organique sur le recours pour non constitutionnalité des lois
(article 133)
18- Loi organique sur la régionalisation (article 146)
19- Loi organique sur le Conseil économique, social et
environnemental (article 153)

La loi ordinaire : Le domaine de la loi est arrêté par la Constitution. Les


matières autres que celles qui sont du domaine de la loi appartiennent au
domaine réglementaire. Sont du domaine de la loi:
- les droits individuels et collectifs énumérés au titre premier de la présente
Constitution;
- la détermination des infractions et des peines qui leur sont applicables,
la procédure pénale, la procédure civile et la création de nouvelles
catégories de juridictions;
- le statut des magistrats;
- le statut général de la fonction publique;
- les garanties fondamentales accordées aux fonctionnaires civils et
militaires;
- le régime électoral des Assemblées et conseils des Collectivités Locales;
- le régime des obligations civiles et commerciales;
- la création des établissements publics;
- la nationalisation d'entreprises et les transferts d'entreprises du secteur
public au secteur privé.
L’initiative des lois appartient concurremment au Gouvernement par le
biais d’un projet de loi ou aux parlementaires proposition de loi.
Article 78 de la constitution : L’initiative des lois appartient
concurremment au Chef du Gouvernement et aux membres du Parlement.
Les projets de loi sont déposés en priorité sur le bureau de la Chambre des
Représentants. Toutefois, les projets de loi relatifs notamment aux
Collectivités territoriales, au développement régional et aux affaires
sociales sont déposés en priorité sur le bureau de la Chambre des
Conseillers).
En pratique, la plupart des lois adoptées sont d’origine gouvernementale,
et les propositions de loi qui aboutissent sont rares

3- Les décrets-lois

Les décrets lois pris pendant les vacances parlementaires

L’article 81 de la constitution marocaine prévoit le cas où le parlement


autorise l’exécutif à légiférer exceptionnellement.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Ainsi Le gouvernement peut prendre, dans l’intervalle des sessions, avec


l’accord des commissions concernées des deux Chambres, des décrets-lois
qui doivent être, au cours de la session ordinaire suivante du Parlement,
soumis à ratification de celui-ci.

Les décrets lois sur habilitation

La loi est votée par le Parlement. Une loi d'habilitation peut autoriser le
Gouvernement, pendant un délai limité et en vue d'un objectif déterminé,
à prendre par décret des mesures qui sont normalement du domaine de la
loi. Les décrets entrent en vigueur dès leur publication, mais ils doivent
être soumis, dans un délai fixé par la loi d'habilitation, à la ratification du
Parlement. La loi d'habilitation devient caduque en cas de dissolution des
deux Chambres du Parlement ou de l'une d'entre elles.

4- Le règlement

La loi ne peut tout régler dans le détail au niveau national: il est nécessaire
d’avoir recours à des textes plus détaillés, les règlements, Matériellement,
le règlement est l’acte qui comporte des dispositions générales et
impersonnelles. Du point de vue organique, le règlement est l’acte
unilatéral pris par le gouvernement, plus exactement par le Premier
ministre (article 63 de la Constitution), et les ministres par délégation
(article 64).

Le pouvoir réglementaire est également exercé, même si c’est à titre


exceptionnel, par le Roi ; ce pouvoir apparaissant comme le complément
indispensable de certains pouvoirs qui lui sont attribués par la Constitution.
C’est ainsi que, sur la base de l’article 19 de la Constitution, le Roi est
habilité à prendre par dahir les mesures d’organisation du ministère des
habous et des affaires islamiques. De même, en raison de sa qualité de Chef
suprême des Forces Armées Royales (article 30 de la Constitution), le Roi
peut prendre les mesures réglementaires intéressant ce service. En outre,
les ministres peuvent exercer le pouvoir réglementaire dans certaines
hypothèses. Ils peuvent édicter les mesures d’application d’une loi (cas du
ministre des finances notamment), ou d’un décret. On parle dans ce cas de
pouvoir réglementaire délégué.

5- L’arrêté
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Il est hiérarchiquement subordonné au décret. Ils en existent trois sortes,


classés selon leur auteurs : au premier rang on trouve les arrêtés
ministériels ou interministériels, qui sont l’œuvre des ministres ensuite,
viennent les arrêtés préfectoraux, qui sont établis par les préfets et enfin les
arrêtés municipaux pris par les présidents des conseils municipaux

L’autorité de la loi et du règlement

Il s’agit de savoir dans quelle mesure la loi et le règlement s’impose aux


particuliers et aux tribunaux. Il faut à cet égard distinguer les deux
catégories de texte :
- En ce qui concerne les lois, il s’agit de vérifier si elles sont conformes ou
non à la constitution. C’est le problème du contrôle de constitutionnalité
des lois.
- Pour ce qui est des règlements, il est nécessaire de vérifier s’ils sont ou
non, conformes à la loi. C’est le problème du contrôle de la légalité des
règlements.
a – Le contrôle de la constitutionnalité des lois :
On ne peut nier l'importance vitale de la justice constitutionnelle dans
l'édification d'un État moderne et démocratique, qui a pour objectif de
vérifier si les lois sont conformes ou non à la constitution.

Les tribunaux ordinaires ne sont pas habilités à se prononcer sur la


constitutionnalité d’une loi ou d’un décret (article 25 alinéa 2 du code de
procédure civile. La Cour Constitutionnelle est compétente pour connaître
d’une exception d’inconstitutionnalité soulevée au cours d’un procès,
lorsqu’il est soutenu par l’une des parties que la loi dont dépend l’issue du
litige, porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution.
(article 133 de la constitution)

. En effet le rôle des tribunaux ordinaires se limite à interpréter la volonté


du législateur et non vérifier si le parlement a ou non respecté la
constitution. De plus compte tenu de ses incidences, le contrôle de la
constitutionnalité des lois, ne peut être exercé que par une juridiction
suprême ou cour constitutionnelle habilité à annuler la loi
inconstitutionnelle.
Le Conseil se compose de 12 membres : six d'entre eux y compris le
Président sont nommés par le Roi, six sont désignés moitié par le
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Président de la Chambre des Représentants, moitié par le Président de la


Chambre des Conseillers, après consultation des groupes parlementaires.
Ils sont nommés pour un mandat unique et non renouvelable de 9 ans.
Ce mandat relativement long (9 ans) et non renouvelable est de
nature à assurer l'indépendance de l'institution et de ses membres. Pour
consolider l'indépendance de ces derniers et garantir leur impartialité, la
loi organique relative au Conseil les soumet à un régime d'incompatibilité
et à une obligation de réserve stricte. Ils ont aussi l'obligation de la
déclaration de leur patrimoine à une instance créée auprès de la Cour des
comptes.
Au niveau des compétences, Le Conseil constitutionnel exerce les
attributions qui lui sont dévolues par les articles de la Constitution ou
par des dispositions de lois organiques. Elles se répartissent
principalement entre trois grandes catégories: le contrôle de la
constitutionnalité, la répartition des compétences normatives entre le
Parlement et le Gouvernement et le contrôle de la régularité des
opérations des référendums et de l'élection des membres du Parlement.
En vertu de la Constitution, les décisions du Conseil constitutionnel
ont un effet opposable à tous. Elles sont définitives et ne sont susceptibles
d'aucun recours y compris devant le Conseil lui-même, à l'exception, bien
entendu, des cas de rectification d'erreurs matérielles. Elles s'imposent
aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et
juridictionnelles.
L'autorité des décisions du Conseil constitutionnel résulte aussi de
la procédure de leur adoption. Le Conseil rend, en effet, ses décisions à
la majorité des deux tiers dans le cadre d'une formation collégiale et
délibère valablement lorsque neuf de ses membres au moins sont
présents. La collégialité constitue ici une garantie de l'indépendance et
de l'impartialité des juges constitutionnels.
les droits et libertés des citoyens ainsi que l'égalité entre eux qui sont
concernés.
Le Conseil a pu ainsi consacrer, même d'une façon indirecte, la
liberté individuelle, en annulant un décret-loi pour vice de forme,
soulevé d'office par le Conseil, dû au non respect de la procédure
législative le concernant (37/1994). La décision d'annulation du décret-
loi a conforté ainsi, indirectement, les citoyens dans leurs droits et
libertés dans le domaine de l'information, soulevés par la requête et a
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

obligé ainsi le Gouvernement à restituer aux citoyens concernés des


taxes indûment perçues dans ce domaine.

Des principes de portée plus générale sont affirmés par le Conseil. À


titre d'exemple: le principe de présomption d'innocence a été consacré
plusieurs fois par le Conseil, faisant (entre autres) que le prévenu ne
peut être astreint à faire une déclaration (586/2004), et l'ordre public
comme principe fondamental en matière électorale concernant des
éléments incontournables comme la sanction de l'inéligibilité même
après désistement du requérant (762/09).
Concernant le principe d'égalité, l'article 5 de la Constitution qui
dispose que «Tous les marocains sont égaux devant la loi » a été à
maintes reprises rappelé et précisé par le Conseil. Dans ce sens, ont été
affirmés l'égalité de traitement entre les détenus (52/1995), l'égalité
entre candidats à l'élection (475/2002), l'égalité entre les électeurs
(475/02) et le droit d'accès de tous les citoyens, dans les mêmes
conditions, aux fonctions et emplois publics (382/2000).

– Le contrôle de la légalité des règlements :


Les tribunaux peuvent ils vérifier la conformité d’un texte réglementaire à
la loi ?
Au Maroc, il existe pour ce faire, le recours pour excès de pouvoir. Le
règlement dès qu’il est édicté, il entre en application et il faut, pour qu’il
soit annulé, qu’un administré ait saisi le juge administratif d’un recours en
annulation pour excès de pouvoir. Le contrôle intervient à l’initiative des
citoyens et la solution du litige nécessite souvent un délai considérable. La
protection du domaine de la loi contre les empiètements du pouvoir
réglementaire incombe donc au juge administratif, statuant dans le cadre
contentieux de la légalité, et plus particulièrement le recours pour excès de
pouvoir. Saisi à l’occasion d’un texte illégal, le juge doit en prononcer
l’annulation (ou la nullité). Le fait pour le Gouvernement de méconnaître
la compétence du législateur constitue une illégalité, et même plus
largement une violation de la Constitution qui est la loi suprême.
D’ailleurs, le contrôle de la constitutionnalité des décrets n’est plus interdit
aux juridictions depuis la modification de l’article 25 (alinéa 2) du code de
procédure civile par l’article 52 de la loi instituant les tribunaux
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

administratifs. En conséquence, les textes pris en violation de la


compétence du législateur doivent être annulés. Mais comme nous l’avons
signalé, la protection du domaine législatif comporte plusieurs failles :
initiative des administrés, délai du recours très court (un minimum de 60
jours), effet non suspensif du recours, délai important pour une solution du
litige. En outre, en droit marocain, les décrets réglementaires du Premier
ministre bénéficient d’un privilège de juridiction. Selon l’article 9 de la loi
sur les tribunaux administratifs, seule la Cour suprême est compétente pour
statuer en premier et dernier ressort sur les recours pour excès de pouvoir
dirigés contre les actes du Premier ministre. Dans cette perspective, est-il
concevable de soumettre les dahirs (émanent du pouvoir réglementaire du
roi) au contrôle juridictionnel ? Ou faut-il exclure tout contrôle
juridictionnel sur les décisions royales, le roi n’étant pas une simple
autorité administrative ? La jurisprudence de la CS est constante : il
n’existe aucune disposition constitutionnelle qualifiant le roi d’autorité
administrative et par conséquent, comme il n’est pas une autorité
administrative, ses décisions ne sauraient faire l’objet d’un contrôle
juridictionnel. Cela se justifie par la notion traditionnelle d’autorité royale
à la fois temporelle et spirituelle, incompatible avec celle d’autorité
administrative pouvant agir arbitrairement. Toutefois il est possible
d’adresser au roi un recours gracieux pour qu’il révise lui-même les dahirs
IV – Les sources interprétatives
La loi est rédigée en termes généraux mais doit être appliquée à des cas
particuliers : pour savoir si telle situation entre dans les prévisions de la loi,
il faut l’interpréter.
A – Les acteurs de l’interprétation :
Cette tache est dévolue aux tribunaux car les solutions jurisprudentielles et
les options doctrinales, jouent en la matière un rôle essentiel.
1 – La jurisprudence :
Les juridictions du royaume ont pour mission d’appliquer la loi dans les
affaires qui leur sont soumises. Pour cela, elles se livrent à un travail
d’analyse et d’interprétation des dispositions légales et réglementaires.
Cette interprétation jurisprudentielle ne produit effet que dans le cadre
d’une instance donnée et pour résoudre un litige spécifique. Ce qui signifie
que le même tribunal ou les autres juridictions, dans des procès ultérieurs
peuvent donner une interprétation différente. Il reste que l’interprétation
dégagée par les magistrats peut finir par avoir une portée générale et c’est
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

le cas quand les solutions jurisprudentielles se répètent constamment.


Enfin, reste à préciser que la cour suprême qui se trouve au sommet de la
hiérarchie judiciaire, est chargée d’assurer l’unité d’interprétation de la
règle de droit.
2 – Doctrine :
Est constituée par les travaux d’ensemble des juristes qui participent à la
formation, interprétation et évolution du système juridique. Le débat entre
les auteurs ayant des points de vue divergents sur un même point de droit,
peut orienter le législateur au stade de l’élaboration des textes et les
tribunaux au niveau de l’interprétation des règles de droit. Les opinions
défendues peuvent avoir une grande autorité et donc influencer l’évolution
de la jurisprudence.
B – Méthodes d’interprétation de la loi
1 – Méthode exégétique : Les juristes du 19 e siècle ont adoptés cette
méthode (interprétation attachée aux textes) qui s’efforce de dégager la
volonté du législateur. Ainsi s’il s’agit de l’interprétation d’un texte obscur,
la recherche du texte s’opère en utilisant les travaux préparatoires (étude
des discussions qui ont précédé la vote de la loi), les précédents historiques
(référence utile quand le législateur s’est inspiré de la tradition) et l’analyse
grammaticale et logique pour préciser le sens et portée de la loi
2 – Méthodes modernes d’interprétation de la loi :
- L’école de la libre recherche scientifique : il faut appliquer la loi quand
elle a prévu le cas considéré car la volonté du législateur doit être respecté.
Mais quand il n y a plus de loi, l’interprète (le juge) devient créateur de la
règle de droit en s’inspirant des données historiques, sociales, idéales : il
élabore la loi par une libre recherche (parce que fondée sur les textes)
scientifique (parce que fondée sur des données objectives).
- L’interprétation historique ou évolutive : - Quand la loi est ancienne,
il faut interpréter le texte de la loi en fonction des besoins de la société au
moment de cette interprétation. Donc un même texte va acquérir un sens
nouveau pour répondre aux nécessitées actuelles et à l’évolution subie par
la société. Au Maroc, les tribunaux marocains s’efforcent de fonder la
solution d’un litige sur un texte quitte à l’interpréter d’une façon très
extensive, pour l’adapter au contexte social du moment. Enfin les juges
marocains, s’il n’existe aucune disposition légale ou réglementaire, font
volontiers appel aux principes généraux du droit
II- Sources du droit international :
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Il faut distinguer les sources formelles, les moyens auxiliaires de la


détermination des règles de droit et autres sources du droit international.

Sources formelles
Traités : Les traités internationaux sont des règles de droit négociées par
plusieurs États dans le but de s’engager mutuellement, les uns envers les
autres, dans les domaines qu’ils définissent (défense, commerce,
justice...).la convention de vienne du 23 mai 1969 définit le traité comme
étant un accord international conclu par écrit entre Etats et régi par le droit
international. Se pose alors la question du rang des normes
internationales au sein de la hiérarchie.
En cas de conflit entre la législation international et interne, la supériorité
du droit international sur la loi interne est reconnue unanimement par de
nombreux pays. En droit marocain, la constitution de 2011 consacre ce
principe puisqu’il le dispose de façon claire « le royaume du Maroc
s’engage à accorder aux conventions internationales dument ratifiées par
lui, dans le cadre des dispositions de la constitution et des lois du royaume,
dans le respect de son identité nationale immuable, et dès la publication de
ces conventions, la primauté sur le droit interne du pays, et harmoniser en
conséquence les dispositions pertinentes de sa législation nationale
On duit que les règles internationales sont subordonnées à la
Constitution, puisqu’elles ne peuvent produire d’effet juridique si elles lui
sont contraires, mais elles ont une valeur supérieure à la loi, dès lors
qu’elles ont été ratifiées et publiées
Coutume internationale :
Comme en droit interne, la coutume internationale se définit comme une
règle de droit non écrite qui se forme spontanément et progressivement.
La coutume est expressément consacrée comme étant une source du droit
international par le célèbre article 38 du Statut de la Cour internationale de
justice qui la définit « comme preuve d’une pratique générale acceptée
comme étant le droit ».
En droit international, la coutume a toujours tenu une place plus importante
qu’en droit interne. La raison en est simple et elle s’explique par le fait que,
dans l’ordre international il n’existe pas, comme dans l’ordre interne, de
législateur centralisé. Pendant longtemps, l’essentiel du droit international
a été de type coutumier.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Principes généraux de droit : L’article 38 du Statut de la Cour


internationale de Justice mentionne « les principes généraux de droit
reconnus par les nations civilisées » comme étant l’une des sources du droit
international. Cette disposition fut insérée dans le statut de la C.P.J.I.
élaboré en 1920 par le Comité de juristes de la Société des Nations. il
s’agissait des principes reconnus par « les peuples jouissant de la
civilisation européenne ». Ils sont de deux sortes :
- Les principes communs aux ordres juridiques internationaux : ces
principes admis par la plupart des systèmes juridiques, sont transposés dans
l’ordre juridique international (cas du respect des droits de la défense,
caractère obligatoire des engagements).
- Les principes généraux propres au droit international, on peut évoquer à
cet égard respect de l’indépendance et de la souveraineté de l’Etat, bonne
foi dans les relations internationales).
L’équité : — Ce concept d’équité peut recevoir deux acceptions
différentes. Dans un premier sens, on peut entendre par là l’« equitas »
romain et l’« equity » anglaise. Il s’agit alors d’un système juridique séparé
destiné à pallier les insuffisances du droit positif civil ou « commun ». Dans
un second sens, on est seulement en présence d’un mode d’interprétation
des règles de droit – et cela sous des vocables divers : équitable,
raisonnable, ou honnête –, mode d’interprétation reconnu dans tous les
systèmes juridiques. Or on retrouve ces deux fonctions de l’équité dans
l’ordre international : palliatif des insuffisances du droit positif, mode
d’interprétation des normes juridiques. permet à des Etats souverains de
reconnaître au juge ou à l’arbitre un pouvoir exorbitant, celui de statuer
selon l’équité. Moyens auxiliaires de détermination des règles de droit
Jurisprudence
Il s’agit des solutions dégagées par les juridictions internationales avec
leur tête les décisions de la cour internationale de justice dont les arrêts
bénéficient d’une grande autorité. Il s’agira aussi des décisions arbitrales
et des jurisprudences nationales.
Doctrine
Les opinions doctrinales exercent une influence certaine sur la formation
et l’évolution du droit des gens. Cette contribution se manifeste aussi bien
au stade de la création des règles de droit qu’au niveau de leur
interprétation et de leur mise en œuvre par les juridictions internationales.
Autres sources du droit international :
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Normes impératives :
La norme impérative est définie par l’article 53 de la convention de
vienne qui dispose : « Est nul tout traité qui, au moment de sa conclusion,
est en conflit avec une norme impérative du droit international général.
Aux fins de la présente convention, une norme impérative de droit
international général est une norme acceptée et reconnue par la
communauté internationale des États dans son ensemble, en tant que norme
à laquelle aucune dérogation n’est permise et qui ne peut être modifiée que
par une nouvelle norme du droit international général ayant le même
caractère. »

Si une nouvelle norme impérative de droit international survient, tout traité


existant qui est en conflit avec cette norme devient nul et prend fin.

La Convention établit donc une hiérarchie entre les normes


simplement obligatoires et les normes impératives du droit international.
Le jus cogens n’est pas une nouvelle source de DIP mais une qualité
particulière de certaines normes, qui peuvent être d’origine coutumière ou
conventionnelle. Les traités conclus en violation du jus cogens sont
entachés d’une nullité ab initio (art.71). C’est un régime de nullité
relative : l’action en nullité est réservée aux seules parties au traité (art. 65
et 66).
Actes unilatéraux des Etats et organisations internationales : Il faut
distinguer : Les actes unilatéraux des Etat : un Etat peut prendre des
engagements produisant effet dans le cadre du droit international.
(Discours du ministre des affaires étrangères, conférence de presse d’un
chef d’Etat). Les actes unilatéraux des Etats et organisations internationales
: Il n’existe pas de législateur international habilité à édicter des règles
juridiques générales s’imposant aux Etats. Mais les recommandations,
résolutions participent à la formation des règles de droit international.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Chapitre IV : L’application de la loi

La règle de droit portée par la loi n’est pas applicable du seul fait qu’elle a
été votée où décidée par l’autorité compétente. Elle ne le devient qu’à partir
du moment où le texte entre en vigueur.
Cela étant acquis, il faut alors définir, très précisément, quand et dans
quelle mesure cette nouvelle loi se substitue à celle qui existait
antérieurement. C’est la question du domaine de l’application de la loi
I- L’entrée en vigueur de la loi

L’entrée en vigueur de la loi est soumise à certaines conditions. En effet


le vote de la loi par le parlement ne suffit à la rendre obligatoire et
exécutoire.

1- Les conditions d’entrée en vigueur de la loi

Contrairement aux autres textes juridiques dont l’entrée en vigueur n’est


conditionnée que par la simple signature de l’autorité compétente et de la
publication du texte dans le journal officiel, les lois doivent dans un
premier temps être promulguées pour acquérir une force obligatoire et
publiées pour être portées à la connaissance des citoyens

La Promulgation de la loi

La promulgation est l’acte par lequel le Roi atteste l’existence et la


régularité de la loi votée par le parlement et en ordonne l’exécution Ne
concerne que la constitution elle-même et les lois votées par le parlement.
L’article 50 de la constitution dispose que « Le Roi promulgue la loi dans
les trente jours qui suivent la transmission au gouvernement de la loi
définitivement adoptée.

On déduit que la promulgation est l’une des attributions du chef de l’Etat


qui doit le faire dans les 30 jours qui suivent la transmission au
gouvernement de la loi définitivement adoptée. Avant la réforme de 1992,
la constitution ne prévoyait aucun délai de promulgation.

En plus de son rôle d’authentification de la loi, le dahir de la promulgation


a pour fonction complémentaire de préciser la localisation de la loi dans le
temps. La loi porte la date du dahir et un numéro qui servira à son
identification
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

La promulgation porte en elle-même la publication puisqu’en promulguant


la loi, le Roi ordonne en même temps sa publication.

La publication de la loi

Nul n’est censé ignorer la loi » cet adage constitue le fondement de


l’action juridique et rend par la même indispensable la publication de toute
nouvelle loi. En effet pour que cet adage soit justifié il faut permettre à
tous les citoyens de prendre connaissance des lois sensées les régir. La loi
ainsi promulguée doit faire l'objet de publication au Bulletin officiel du
Royaume dans un délai n'excédant pas un mois, courant à compter de la
date du dahir de sa promulgation ».

L’obligation de publication

Dès son premier article, le code civil français a insisté sur la nécessité de
la publication : les lois ne peuvent être exécutées qu’à partir du moment où
elles parviennent à la connaissance des particuliers. Au Maroc et avant
2011 bien qu’existe le bulletin officiel du royaume du Maroc, aucune
disposition générale, légale ou réglementaire n’imposait la publication au
BO des textes marocains. La jurisprudence de la cour suprême décide que
la publication est une condition nécessaire pour qu’une loi ou règlement
devienne obligatoire et soit opposable aux particuliers. C’est pourquoi la
cour suprême estime que le bulletin officiel du gouvernement constitue la
seule garantie pour porter à la connaissance de tous, les textes législatifs.
Il est de plus impossible pour les tribunaux d’appliquer les textes dont ils
n’ont pas pris connaissance au préalable à travers la publication au BO
Désormais la constitution impose la publication, puisque son article 50
dispose « la loi ainsi promulguée doit faire l’objet de publication au
Bulletin Officiel du Royaume.

Modalités de la publication
a – Procédé normal de publication : L’insertion des textes au bulletin peut
soulever 3 séries de difficultés :
Problème de délais : Les textes publiés entrent en vigueur le même jour
dans l’ensemble du royaume. En principe, une loi ou un règlement est
exécutoire dés sa publication au bulletin officiel.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Problème des erreurs commises au BO : C’est le problème de savoir s’il


faut donner la préférence au texte originairement publiée ou bien à celui
qui à été rectifié ? Les rectificatifs sont dangereux car ils ont un effet
rétroactif : la rectification s’impose aux particuliers et tribunaux, le jour où
le texte originaire a été publié. Publication des textes en plusieurs langues
: Le bulletin officiel comprend trois éditions en langue arabe et une édition
de traduction officielle ce qui peut entraîner des divergences entre les deux
catégories de texte. Seul le texte arabe prévaudra et s’imposera aux
tribunaux (la langue officielle étant l’arabe : préambule de la constitution).
Par contre si la loi ou règlement est publié d’abord en français et que le
texte arabe ne voit le jour qu’au bout d’un certain temps, il faut déterminer
la date d’entrée en vigueur de la loi. C’est le premier texte publié qui
détermine la date d’entrée en vigueur de la loi ou du règlement
conformément au principe selon lequel les lois ont un effet immédiat.
b – Procédé exceptionnel de publication :
- Depuis longtemps les tribunaux marocains ont décidé qu’une loi ou
règlement peut être exécutoire dans l’ensemble du royaume sans avoir fait
l’objet d’une publication au bulletin officiel. Il suffit que le texte ait été
porté à la connaissance du public par un procédé quelconque : insertion
dans la presse, annonce par radiodiffusion, déclaration ou ordre du roi qui
a valeur et force de loi. Toutefois, pour avoir force contraignante, il est
préférable que ces principes soient énoncés par un texte ou réglementaire.
- La mise en vigueur d’une loi peut être retardée jusqu’à une certaine date.
Abrogation de la loi
En principe une loi est faite pour durer, mais comme tous textes, elle est
sensible aux aléas du temps et peut à un moment devenir vétuste. Dans ce
cas elle ne remplit plus sa fonction de norme juridique et son utilité sociale
devient nulle. Mais aucun terme n’est assigné à la loi et celle-ci ne cesse
de s’appliquer que lorsqu’elle est abrogée. C’est-à-dire lorsque ses
dispositions sont supprimées

1 – Abrogation expresse
L’abrogation est expresse lorsqu’elle est contenue dans un texte formel
qui abroge la loi ancienne. Elle Suppose que le texte nouveau en des termes
formels, décide que telles dispositions antérieures sont abrogées.
L’abrogation peut être globale ou partielle.
2 – Abrogation tacite
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Il y a abrogation tacite ou implicite lorsque le texte nouveau comporte une


incompatibilité avec l’ancien texte. La nouvelle règle parait ainsi
conciliable avec l’ancienne. Dans ce cas, c’est la loi qui exprime la
nouvelle volonté du législateur qui prime. Cela veut que la loi ancienne
cesse implicitement d’être applicable. Toutefois cette forme d’abrogation
n’est possible que dans le cas ou il y a contradiction entre deux lois rendant
leur application simultanée impossible.

– Abrogation par désuétude :

Une loi qui a cessé de s’appliquer ou qui n’est plus respectée par les
particuliers est-elle pour autant abrogée ? Cela revient à se demander si une
loi peut être mise en échec par une coutume ou un usage contraire ? Le
droit marocain interdit le recours à ce procédé car la loi prime sur la
coutume et celle-ci ne peut constituer une base solide pour assurer la
sécurité des transactions. L’article 475 est clair « la coutume et l’usage ne
sauraient prévaloir contre la loi lorsqu’elle est formelle.» Ce qui veut dire
que les lois impératives restent en vigueur même si elles ont cessé de
s’appliquer depuis un certain temps.

III – Domaine d’Application de la loi dans le temps :


L’entrée en vigueur d’une loi nouvelle soulève inévitablement la question
de savoir dans quelles conditions va s’opérer sa substitution à la loi
ancienne. C’est-à-dire à ârtir de quel moment la nouvelle loi remplacera-t-
elle l’ancienne et surtout quels sont les faits qui seront régis par la nouvelle
loi et ceux qui demeurent sous l’emprise de l’ancienne. Cela peut produire
parfois ce qu’on appelle communément en langue juridique un conflit des
lois dans le temps.
A cette question la constitution marocaine apporte une réponse sans
équivoque. C’est ainsi que l’article 4 de la constitution dispose « la loi ne
peut avoir d’effet rétroactif »
A – Principe de la non-rétroactivité de la loi :
Le principe de non rétroactivité se justifie par des considérations de
sécurité et de justice. Quand deux personnes, décident d’établir une
convention, elles tiennent compte de la loi en vigueur en ce moment précis.
Si par suite intervient une reforme législative qui s’applique à cette
transaction, cela reviendrait à bouleverser les prévisions de la règle de droit
: assurer et stabilité et sécurité des rapports sociaux. Ce principe de non
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

rétroactivité des lois est un principe constitutionnel qui sauf dans de rares
hypothèses semble s’imposer de façon absolue.

1 – La portée de la règle de la non-rétroactivité

Jusqu’à l’entrée en vigueur de la constitution de 1962, de nombreux dahirs


ont produits des effets dans le passé (dahir du 29 octobre 1959 relatif à
l’affaire des huiles nocives).
Après l’avènement de la première constitution, le droit marocain écartait
le principe de non rétroactivité. Ces exceptions étaient fréquentes surtout
en matière pénale. Par exemple.
2 – Les exceptions au principe de la non-rétroactivité

L’article 4 de constitution prévoit expressément que la loi ne peut avoir


d’effet rétroactif. Ce principe s’impose à tous les organes de l’Etat. Il a
donc un caractère absolu, en sens qu’il doit être respecté par les 3 organes
de l’Etat. Toutefois, il semble permis d’écarter ce principe chaque fois que
des considérations de justice, de sécurité ou d’ordre social .Trois sortes
d’exception sont admises
Les lois interprétatives
Quelque fois le législateur intervient pour éclaircir le sens ambigu ou
obscur d’une loi antérieure. L’interprétation ainsi donnée s’impose à tous
et rétroagit à la date d’entrée en vigueur de la première loi.

La loi pénale la plus douce


La règle de la rétroactivité de la loi pénale la plus douce, est formulée par
l’article 6 du code pénal : « lorsque plusieurs lois ont été en vigueur entre
le moment où l’infraction a été commise et le jugement définitif, la loi dont
les dispositions sont les moins rigoureuses, doit recevoir application ».

B – Le principe de l’effet immédiat des lois nouvelles :


Il s’agit d’envisager les situations en cous de constitution ou d’exécution.
C’est le cas d’une vente à tempérament. Si la loi régissant les paiements
échelonnés dans le temps vient à changer, faut il maintenir la loi ancienne
ou appliquer immédiatement la loi nouvelle ? Au Maroc comme en France,
il n’existe aucun texte d’ensemble donnant une réponse à ce problème.
– Signification du principe :
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

La loi nouvelle est destinée à s’appliquer immédiatement en se substituant


à la loi ancienne qui n’a plus de raison d’être. La loi nouvelle s’applique
aux situations qui se créent après son entrée en vigueur et elle s’applique
aussi aux effets futurs des situations anciennes. De façon générale, deux
arguments justifient ce principe :
- La loi nouvelle est présumée meilleure que la loi ancienne.
- Il faut assurer l’unité de la législation en évitant de faire coexister deux
lois (nouvelle et ancienne).
2 – Dérogations au principe de l’effet immédiat de la loi nouvelle :
L’effet immédiat de la loi nouvelle peut être écarté par une disposition
formelle, le législateur estimant souhaitable de retarder l’application du
nouveau texte. Une autre exception concerne la matière des contrats. Une
loi nouvelle ne doit pas produire effet à l’égard des contrats en cours et
bouleverser les prévisions légitimes des parties.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Chapitre V : L’organisation judiciaire


I- Définition
Le terme justice vient du latin Justicia qui provient du mot Justus qui
signifie conforme au Droit. Pour rendre la justice il faut des institutions
(Une organisation juridique).Notre système ressemble au système français.
Or l’organisation judiciaire française remonte à l’époque de la révolution
(Loi du 16 et 24 Aout 1790) qui a créée et mis en place les juridictions de
l’ordre judiciaire et dont les grandes lignes subsistent jusqu’à aujourd’hui.

Le système français inspire profondément notre système juridictionnel


marocain dans ses grandes lignes, ce dernier a connu une évolution lente
mais riche et variée après l’indépendance.

L’organisation judiciaire appartient à une matière appelée Droit


judiciaire qui s’intéresse aux institutions et aux organes juridictionnels.

La notion de justice a évolué durant l’histoire. Elle est liée à la condition


de l’homme. Ex : Dans la société romaine, le créancier avait la possibilité
de retenir le débiteur comme esclave. La justice tribale contraire parfois à
la justice instaurée par l’Etat.

Le système juridique en vigueur au Maroc trouve son origine fondamentale


dans l’évolution historique combinant aussi bien de la tradition que de
l’organisation inspirée du modèle français mis en place au début du
protectorat. Avant d’entreprendre l’étude de l’organisation Judiciaire au
Maroc, il convient d’évoquer brièvement les principaux changements et les
modifications intervenus à travers l’histoire du Maroc.
- Avant le protectorat :

Avant 1913, le système judiciaire au Maroc s’organisait selon plusieurs


formes de justice. La justice de charia ou charia : C’est l’ensemble des
règles qui constituent le droit musulman, ainsi le cadi (juge du droit
commun) s’occupe seulement des affaires immobilières et de statut
personnel. A coté de la justice de charia existe aussi la justice makhzen,
qui avait progressivement réduit le domaine du charia. Le pacha ou le caïd,
le représentant du pouvoir central, s’occupait du domaine pénal, civil et
commercial. Sans oublier la justice prédominant dans les régions berbères
avait un caractère coutumier et arbitral. Ainsi qu’aux tribunaux consulaires
qui s’intéressent aux étrangers.
- Pendant le protectorat :
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Les autorités du protectorat s’étaient fixé 3 objectifs essentiels : Mettre fin


à la justice consulaire : les tribunaux français et espagnols viennent de
remplacer les juridictions consulaires des Etats étrangers, seuls
l’Angleterre et les états unis d ‘Amérique ont tenu à garder leurs
capitulations ; Réorganisation des juridictions chérifiennes : il s’agit des
juridictions religieuses des tribunaux de charia et les tribunaux rabbiniques
qui tendent à devenir des juridictions d’exception et les tribunaux de
makhzen qui seront marqués par les réformes qui s’efforcent d’en faire de
véritables juridiction de droit commun ; Institution des tribunaux modernes
: tribunaux français dans le sud du pays, tribunaux espagnols dans la zone
sud et le tribunal mixte de Tanger.
Après l’indépendance :

Après 1956, date de l’indépendance du Maroc, plusieurs réformes sont


intervenues. La première modification est beaucoup plus formelle c’est le
fait que la justice rendue sera au seul nom du roi. Cependant il fallut
attendre 1965, que le paysage judiciaire se modifie de tout en tout avec la
loi d’unification du 26 janvier 1965, puis la réforme de 1974, ainsi que les
réformes de 1993 et 1997 et dernièrement en 2004 en supprimant la cour
spéciale de justice.

II- Les principes de la justice

1- Le principe d’égalité : Seul l'Etat peut rendre la justice qui est la


même pour tous selon les mêmes règles de procédures. Ainsi tout
justiciable peut librement soumettre sa prétention au tribunal
compétent pour en connaître, ce tribunal doit, sous peine de déni de
justice, statuer sur la demande dont il est saisi
2- Le principe du double degré de juridiction : Le principe consiste
à ce que le litige soit examiné à deux degré, devant le tribunal de
première instance et devant la cour d’appel. Une affaire jugée par
une juridiction du premier degré (TPI) peut être rejugée sur le fond
par une juridiction de second degré (la cour d’appel)

3- Le principe de gratuité de la justice : La justice est un service


public qui est gratuit. Les juges qui sont des fonctionnaires ne sont
pas payés par les plaideurs mais par l'Etat. Toutefois il faut dire que
la justice n’est pas à proprement parlé gratuite: le plaideur qui saisit
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

le tribunal doit avancer une partie contributive aux frais appelée taxe
judiciaire (1% des intérêts en jeu) Il s’y ajoute les frais de
représentation En cas d’insuffisance de ressources constatée, le
demandeur peut obtenir le bénéfice de l’assistance judiciaire.
4- Le principe de la collégialité : Ce principe consiste à ce que la
décision soit rendu non pas par un seul juge (principe du juge
unique), mais par un collège de magistrats (un minimum de trois
magistrats) Le fait de soumette le litige à l’examen et à la réflexion
de plusieurs juges peut permettre une meilleure objectivité. (
Encourt la nullité, tout jugement ou arrêt ne mentionnant que
deux magistrats au lieu de trois conformément au principe de la
collégialité prévu par l'article 7 du Dahir du 15 juillet 1974 sur
l'organisation judiciaire du royaume 5 (Cour de cass; Ch Civ ;
Arret n 1107 Doss 84/1/3/84, du 23/05/2001)
5- Le principe de l’indépendance de la justice : Le juge détient et
exerce le pouvoir judiciaire Une justice rendue par des juges
impartiaux et indépendants doit être considérée comme une
nécessité inhérente à toute société. L'indépendance est un moyen
d'atteindre l'objectif premier qui est de conserver la confiance du
public à l'égard du système judiciaire. L’indépendance est un statut
qui définit une relation avec l’extérieur. C’est la liberté de juger à
l’abri de toute pression. La Constitution fait du pouvoir judiciaire un
pouvoir indépendant par rapport aux pouvoirs exécutif et législatif.
Elle garantit l'inamovibilité des magistrats du siège et place le
Conseil Supérieur du pouvoir judiciaire sous la présidence effective
de sa Majesté le Roi. (ARTICLE 107 « L'autorité judiciaire est
indépendante du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. »
ARTICLE 108. « Les magistrats du siège sont inamovibles. »
Aucune mutation ne peut intervenir sans l’accord de l’intéressé,
cette mesure est destinée à rendre le magistrat de siège moins
dépendant du pouvoir exécutif).
6- Le principe du caractère contradictoire de la procédure Le
justiciable doit avoir été mis en mesure de se défendre et d’être
entendu par le juge Ce principe exige le respect d’un délai
irréductible pour permettre aux parties de comparaître Ce principe
est renforcé par le principe de la publicité des audiences
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

III- L’ordre judiciaire

- Cour de cassation (6 chambres)


- Cours d’appel : 21
- Tribunaux de 1ère instance (TPI) : 70
- Centres des juges résidents : 178
- Cours d’appel de commerce : 3
- Tribunaux commerciaux : 8
- Cours d’appel administratives : 2
- Tribunaux administratifs : 7
Depuis 2011, il n’existe plus qu’une seule juridiction d’exception, à
savoir : Le Tribunal Militaire Permanent des Forces Armées Royales.
L’ordre judiciaire marocain comprend à la base des juridictions dites de
première instance (premier degré) et des juridictions de second degré (les
cours d’appel) et, au sommet de cette organisation, on trouve la Cour de
cassation.
À côté de juridictions de droit commun, il y a des juridictions spécialisées
et d’autres dites juridictions « exceptionnelles ».
1- Les juridictions d u droit commun
Une juridiction de droit commun est en principe compétente pour tout litige
qui n’est pas spécialement attribué par la loi à une autre juridiction.
Cour de cassation
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Elle exerce sa compétence sur l’ensemble du territoire, elle est divisée en


chambres (civile, criminelle, commerciale, etc.) composées chacune d’un
président et de conseillers.
En principe toute décision rendue en dernier ressort par les Tribunaux de
première instance ou par les cours d’appel peut faire l’objet d’un pourvoi
en cassation. La Cour de cassation ne constitue pas un troisième degré de
juridiction, elle contrôle la conformité au droit sans réexaminer les faits, et
fixe le sens dans lequel la règle de droit doit être appliquée.
Le Ministère public est représenté auprès de la Cour de cassation par le
procureur général et des avocats généraux. Ils sont chargés d’émettre un
avis sur le bien-fondé du pourvoi. Leur rôle est d’apporter un second regard
sur la procédure soumise à l’examen de la Cour de cassation. Ils l’exercent
en déposant des conclusions écrites et le cas échéant en prenant la parole à
l’audience.

La Cour de cassation comporte également des formations de caractère non


permanent : toutes chambres réunies qui réunit des membres de chacune
des chambres, ou deux chambres réunies: Le premier président de la cour,
le président de la chambre saisie et cette dernière peuvent renvoyer le
jugement de toute affaire à une formation de jugement constituée par deux
chambres réunies. Dans ce cas, le premier président désigne la chambre qui
est adjointe à la chambre saisie et, en cas de partage des voix, celle du
président, suivant l'ordre de préséance établi entre les présidents de
chambre, est prépondérante

Ces formations, présidées par le premier président ou par le plus ancien des
présidents de chambre de la Cour, examinent les affaires qui donnent lieu
à des divergences d’interprétation de la loi entre les juges du fond ou entre
chambres de la Cour. Un premier avocat général ou un avocat général
intervient également auprès de ces formations pour donner son avis.

La Cour de cassation juge de la bonne application du droit elle ne


constitue pas, après les tribunaux et les cours d’appel, un troisième degré
de juridiction. Son rôle n’est pas de rejuger les affaires. Il est de dire si les
règles de droit ont été correctement appliquées, en fonction des faits qui
ont été constatés et appréciés par les tribunaux ou les cours d’appel et qu’il
n’est plus possible de discuter devant la Cour de cassation.

Les TPI
Le domaine d’intervention du tribunal de première instance est très varié.
Il juge toutes les affaires qui n’ont pas été spécialement attribuées à une
autre juridiction.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Ces tribunaux peuvent comprendre plusieurs chambres (chambre de


famille ; chambre civile, etc.)
Le tribunal de première instance statue en collégialité (trois magistrats).
Néanmoins, il peut aussi statuer à juge unique pour certaines affaires.
Le tribunal de première instance est formé de magistrats professionnels
composés des magistrats de siège qui conduisent les débats et tranchent les
litiges, ainsi que du ministère public représenté par le procureur du Roi et
ses substituts.
Chaque tribunal de première instance comprend
Un président, des juges dont certains peuvent assurer des fonctions de vice-
président et des juges suppléants ;
Un ministère public composé d’un procureur du Roi et d’un ou plusieurs
substituts ;
Un greffe ;
Un secrétariat du parquet.

Chacune des chambres peut comprendre un ou plusieurs magistrats.


Toutefois, toute chambre peut valablement instruire et juger, quelle qu’en
soit la nature, des affaires soumises au tribunal.

Le Ministre de la justice peut détacher, dans des localités situées dans le


ressort des tribunaux de première instance, un ou plusieurs magistrats pour
exercer à titre permanent et ce, pour une meilleure administration de la
justice. Ces magistrats sont appelés juges résidents.

Les centres de juges résidents ne sont pas des juridictions autonomes mais
font partie intégrante des tribunaux de première instance.

Les tribunaux de première instance peuvent connaître de toutes les matières


sauf lorsque la loi attribue formellement compétence à une autre
juridiction.

C’est une compétence générale qui s’étend à toutes les affaires civiles,
immobilières, pénales et sociales. Toutes les questions relatives au statut
personnel, familial et successoral relèvent également de la compétence du
tribunal de première instance, que ces questions mettent en cause des
nationaux, musulmans ou israélites, ou des étrangers.

Les tribunaux de première instance sont compétents soit en premier et


dernier ressort, soit à charge d’appel, dans les conditions déterminées par
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

les codes de procédure civile et pénale, et, le cas échéant, par des textes
particuliers.

Les cours d’appel


À côté des juridictions de première instance, il existe des cours d’appel
dont le rôle est d’examiner les recours en appel des décisions rendues par
les tribunaux de première instance.
La cour d’appel exerce son contrôle en droit et en fait. Il existe 21 cours
d’appel dont le ressort s’étend sur plusieurs départements. Elles sont
composées de magistrats répartis en chambres (civile, sociale, criminelle,
etc.) et jugent en collégialité (trois magistrats ou cinq magistrats selon les
affaires tranchées).
Le ministère public est représenté aux audiences des cours d’appel par le
procureur général et ses substituts.
La cour d’appel de Rabat a compétence nationale en matière de terrorisme.

Les cours d’appel, juridictions du second degré, examinent une seconde


fois les affaires déjà jugées en premier ressort par les tribunaux de première
instance.

Elles connaissent donc des appels des jugements rendus par ces tribunaux
ainsi que des appels des ordonnances rendues par leurs présidents.

Les chambres criminelles des Cours d’appel constituent des formations


particulières, compétentes pour juger des crimes en premier degré et en
second degré.
Juridictions de proximité
Les juridictions communales et d’arrondissement n’existent plus depuis
août 2011. Elles ont été remplacées par les juridictions de proximité
instituées par la loi 42-10 du 17 août 2011. Elles se répartissent en deux
sortes de sections : celles installées au sein des tribunaux de première
instance (communes urbaines) et celles installées dans le ressort du centre
du juge résident (communes rurales).
Les juridictions de proximité siègent à juge unique assisté d’un greffier. Le
ministère public n’y est pas représenté. La procédure devant ces
juridictions est orale et gratuite.
Elles connaissent des actions personnelles et mobilières dont le montant
n’excède pas 5000 dirhams. Elles sont, en revanche, incompétentes à
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

l’égard des litiges relatifs au statut personnel, aux affaires immobilières,


aux affaires sociales et aux expulsions.

2- Les juridictions spécialisées


Les juridictions spécialisées comprennent les tribunaux de commerce et les
tribunaux administratifs.
Les juridictions de commerce
• Les juridictions commerciales ont été créées par la loi du 6 janvier 1997,
elles fonctionnent depuis mai 1998.
• Les juridictions commerciales comprennent les tribunaux de commerce
et les cours d’appel de commerce.
• Les magistrats du siège et du parquet des juridictions commerciales sont
tous des magistrats professionnels intégrés au corps unique de la
magistrature.
• Les juridictions de commerce sont compétentes pour juger l’ensemble
des litiges commerciaux (les actions relatives aux contrats commerciaux,
aux effets de commerce, etc.).

Chaque tribunal de commerce comprend : Un président, des vices


présidents et des magistrats ;
Un ministère public composé du procureur du Roi et de un ou plusieurs
substituts ;
Un greffe et un secrétariat du ministère public.
Les audiences des tribunaux de commerce sont tenues et les jugements Les
Cours d’appel de commerce comprennent : Un Premier Président, des
Présidents de chambre et des conseillers ;
Un ministère public composé d’un Procureur général du Roi et de
substituts
Un greffe et un secrétariat du ministère public.
Comme les Tribunaux de commerce, les Cours d‘appel de commerce
peuvent être divisées en chambres et chacune d’entre elles peut instruire et
juger les affaires soumises à la Cour.

Les audiences des Cours d’appel de commerce sont tenues et les arrêts
rendus par trois Conseillers, dont un Président, assistés d’un greffier.

Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître :

1 - des actions relatives aux contrats commerciaux;


Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

2 - des actions entre commerçants à l'occasion de leurs activités


commerciales;

3 - des actions relatives aux effets de commerce;

4 - des différends entre associés d'une société commerciale;

5 - des différends à raison de fonds de commerce.

Sont exclues de la compétence des tribunaux de commerce les affaires


relatives aux accidents de la circulation.

Le commerçant peut convenir avec le non commerçant d'attribuer


compétence au tribunal de commerce pour connaître des litiges pouvant les
opposer à l'occasion de l'exercice de l'une des activités du commerçant.

Les parties pourront convenir de soumettre les litiges prévus ci-dessus à la


procédure d'arbitrage et de médiation

Les juridictions administratives


Les tribunaux administratifs sont régis par la loi 41-90 et sont installés dans
les principales régions du Royaume.
Les juridictions administratives comprennent d’une part les tribunaux
administratifs, et d’autre part les cours d’appels administratives.
Les juridictions administratives sont dotées de la compétence pour juger
les litiges relatifs aux contrats administratifs et les litiges électoraux, les
actions en réparation de dommages causés par les actes ou les activités des
personnes publiques.

Le tribunal administratif comprend : - un président et plusieurs magistrats


; - un greffe. Le tribunal administratif peut être divisé en sections suivant
la nature des affaires. Le président du tribunal administratif désigne pour
une période de 2 ans parmi les magistrats de celui-ci et sur proposition de
l'assemblée générale un ou plusieurs commissaires royaux de la loi et du
droit.

Les tribunaux administratifs sont compétents, pour juger, en premier


ressort,

Les recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les


décisions des autorités administratives,
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Les litiges relatifs aux contrats administratifs

Les actions en réparation des dommages causés par les actes ou les activités
des personnes publiques, à l'exclusion toutefois de ceux causés sur la voie
publiques par un véhicule quelconque appartenant à une personne
publique.

Les litiges nés à l'occasion de l'application de la législation et de la


réglementation des pensions et du capital-décès des agents de l'Etat, des
collectivités locales, des établissements publics et du personnel de
l'administration de la Chambre des représentants,

De la législation et de la réglementation en matière électorale et fiscale,

Du droit de l'expropriation pour cause d'utilité publique,

Des actions contentieuses relatives aux recouvrements des créances du


Trésor,

Des litiges relatifs à la situation individuelle des fonctionnaires et agents


de l'Etat, des collectivités locales et des établissements publics,

3- Juridictions exceptionnelles : Le tribunal militaire


Cette juridiction est régie par la loi du 6 octobre 1972, et est dotée de la
compétence pour juger des crimes commis par les militaires ainsi que ceux
menaçant la sûreté nationale. Elle est composée de magistrats
professionnels et militaires. Elle est présidée par un magistrat
professionnel. La procédure appliquée est la loi de la justice militaire.
La Haute Cour qui avait auparavant compétence pour juger les crimes
commis par les membres du gouvernement n’existe plus depuis l’adoption
de la Constitution du 29 juillet 2011. Désormais, les hauts fonctionnaires
de l’État ainsi que les membres du gouvernement sont poursuivis devant
les juridictions de droit commun.
III : Le personnel de justice au Maroc
Le fonctionnement de la justice est assuré par deux catégories de personnes
: Les magistrats aux quels la loi confère le pouvoir de rendre la justice ou
de requérir l’application de la loi ; Les auxiliaires de justices qui
concourent au déroulement de la procédure.
1 les magistrats :
Il existe deux sortes de magistrats
I- Les magistrats de siège :
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Ils sont chargés du juger, c’est-à-dire d’élaborer et de prononcer des


jugements (tribunaux) ou des arrêts (cours). Les juges du siège sont
indépendants et ne peuvent recevoir aucune directive de l’autorité
judiciaire quant aux décisions qu’ils sont amenés à rendre. Ils sont
inamovibles et ne peuvent être déplacés, même pour avancement sans leur
consentement.
II- Les magistrats du parquet :
Ils sont chargés de requérir l’application de la loi et de veuillez aux intérêts
généraux (ministre public). Au cours de l’audience, ils interviennent soit
pour donner un avis (partie jointe), soit comme un plaideur en demandeur
ou défendeur (partie principale). Les magistrats du parquet sont
subordonnés à l’autorité de leur supérieur hiérarchiques (ministre de la
justice, procureurs généraux etc.) dont ils doivent suivre les instructions,
tout au moins dans leurs écrites.
Ils ne bénéficient pas de l’inamovibilité.
2 : les auxiliaires de justice :
Ils ont pour rôle de faciliter le déroulement du procès en assistant les
magistrats ou les parties. Selon leur statut juridique. Il y a lieu de distinguer
les auxiliaires directes et les auxiliaires indirectes.
I- Les auxiliaires directs
1. Les fonctionnaires du corps des secrétaires greffiers :
Les secrétaires greffiers ont pour mission :
• D’assister aux audiences et de transcrire les jugements sous la dictée (ou
d’après les notes) du président.
• De conserver les minutes originaux des jugements et des procès verbaux.
• Délivrer les copies « expéditions » des décisions du tribunal,
• De tenir un certains nombre de registre et d’en délivrer les extraits
2. Les huissiers de justice :
Après la réforme de 1980. Les huissiers de justice, qui relevaient au
paravent de la fonction publique, exercent leurs taches comme des nombres
de la profession libérale. Ils ont chargés de signifier les actes de procédures
ou les actes extrajudiciaires, ils sont également chargés de l’exécution
forcée des jugements (saisie).
II- Les auxiliaires indirects :
Bien que leur principale vocation consiste à assister les personnes physique
ou morales et à défendre les intérêts privés, les avocats, les et apportent un
précieux concours au fonctionnement de la justice
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

1. Les avocats :

Les conditions d’exercice de la fonction d’avocat ainsi que l’organisation


des barreaux sont régis par le dahir du 8 novembre 1979 portant
promulgation de la loi n° 19-79, qui sera complété par un décret du 1er
février 1982 déterminant les modalités d’obtention d’un certificat
d’aptitude à la profession d’avocat, le Dahir n° 1.08.101 du 20 Octobre
2008 promulguant la loi n° 28.08 ayant modifié la loi règlementant la
profession d’avocats, Ces réformes ont transformé de façon profonde les
conditions d’accès à la profession d’avocat.

Les avocats font partie de la famille judiciaire, leur profession est une
profession libérale et indépendante. La principale attribution de l’avocat,
consiste à plaider, assister, défendre et représenter les parties en justice, il
bénéficie donc d’un monopole de la défense. Il faut préciser que ce
monopole reconnu aux avocats n’est pas absolu, sans doute, l’article 34
dispose que les requêtes, les mémoires en défense et les conclusions en
toutes matières, sauf en matière pénale, sont obligatoirement présentés par
un avocat, chaque fois que la procédure écrite est édictée par la loi.
L’avocat est aussi un mandataire légale qui est habilité à effectuer de pleins
droits tous les actes de la procédure l’avocat peut également donner des
conseils consultation juridique. Il peut rédiger tous les actes sous-seing
privé de quelle nature quelques soient.

Les conditions d’exercice : sont énumérées par l’article 8 du dahir 1979 on


retiendra en particulier qu’il faut : être de nationalité marocaine, sous
réserve des dérogations prévues par les conventions internationales ; être
titulaire d’une licence en droit ou d’un diplôme équivalent ; jouir de ses
droits civiques et civils ; n’avoir pas été l’auteur de faits contraires à
l’honneur, à la probité et aux bonnes mœurs.

III – La procédure proprement dite

1 – Généralités sur la procédure

La procédure civile :

Le procès au Maroc est dirigé par le juge lui-même : on parle de procédure


civile de type inquisitoire. Depuis 1974 avec la généralisation du système
du juge unique au niveau du premier degré de juridiction, son rôle est
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

devenu prépondérant dans le cadre des populaires et des TPI. Devant cette
juridiction, c’est le juge qui préside le déroulement de la procédure et
mesures nécessaires en vue d’instruire l’affaire.

La procédure pénale :

L’aspect inquisitoire se manifeste au niveau des poursuites (action exercée


par le magistrat du ministre public), de l’enquête policière (investigations
et enquêtes préliminaires sont conduites par les membres de la police
judiciaire qui recherche les auteurs et constatent les infractions) et de
l’instruction préparatoire (le juge d’instruction peut procéder à tous les
actes d’information qu’il juge utiles à la manifestation de la vérité). Au
cours de la dernière phase du procès qu’est le jugement, c’est le système
accusatoire qui prévaut (le juge marocain interroge l’inculpé mais
l’adversaire de la personne poursuivie ou ses avocats peuvent discuter tous
les moyens de preuve.

2- Les principales voies de recours :

L’opposition :

Voie de recours dirigée contre les jugements par défaut, c'est-à-dire contre
les décisions rendues contre un plaideur qui n’a pas comparu et qui n’a pas
été en mesure de présenter son point de vue. C’est une voie de rétraction
car on demande au tribunal de revenir sur son propre jugement.

L’appel :

Voie de réformation introduite devant une juridiction hiérarchiquement


supérieure à celle qui a rendu le jugement attaqué. L’appel est de droit dans
tous les cas qui ne sont pas formellement excepté par la loi (exceptions
concernent les affaires de faible importance). Le délai d’appel est en règle
général, fixé à 30 jours à compter de la notification du jugement, et 15
devant les tribunaux de commerce. L’appel produit un effet suspensif (le
délai d’appel et l’appel interjeté dans le délai légal, sont suspensifs) et
dévolutif (l’ensemble du dossier de l’affaire est soumis à la cour d’appel
qui est appelée à l’apprécier dans tous ses aspects en reprenant l’examen
des questions de droit et de fait).

Pouvoir en cassation :
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Concerne toutes les décisions rendues en dernier ressort par les juridictions
du royaume. Formé par les parties au procès et le délai pour saisir la cour
suprême est de 30 jours à compter de la notification de la décision. Les cas
d’ouverture sont : violation de la loi interne (méconnaissance ou fausse
interprétation de la loi) ; excès de pouvoirs, incompétence, violation d’une
règle de procédure ayant causé préjudice à une partie, défaut de base légale
ou de motifs (absence de motivation des décisions rendues). Enfin, les
effets du pouvoir : il n’a pas d’effet suspensif (recours à la cour suprême
ne fait pas obstacle à l’exécution de la décision attaquée), ni d’effet
dévolutif (la cour rendra donc soit un arrêt de rejet du pouvoir ou de
cassation).

3- Décisions de justice :

Les décisions de justice doivent être motivées : La première partie


comprend l’exposé des motifs : motifs de droit (répondre aux questions de
droit qui mettent en cause l’interprétation de la règle de droit) et de fait
(relatifs aux contestations purement matérielles). La seconde partie
comprend le dispositif, c'est-à-dire la solution donnée par le tribunal ou la
cour au litige.

Effets des jugements et arrêts :

- Force exécutoire : Le plaideur qui a obtenu gain de cause peut faire appel
au concours de la force publique pour faire exécuter la décision qui a été
rendue. La copie du jugement ou de l’arrêt qu’on lui délivre doit reproduire
la formule exécutoire.

- Autorité de la chose jugée : Il est impossible de remettre en cause les


points qui ont été tranchés par la juridiction ; ces solutions sont
définitivement acquises et ne peuvent donner lieu à une nouvelle instance.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Chapitre VI : Les sources des droits subjectifs

I- Les sources
Tous les comportements sociaux ne sont pas, dans une société et à une
époque donnée, pris en considération par le système juridique, en ce sens
que celui-ci ne leur fait pas nécessairement produire de conséquences
juridiques.
Si au contraire, des conséquences juridiques sont attachées à certaines
situations, il s’agit alors de situations juridiques
Les sources de ces droits peuvent être soit des actes juridiques ou des faits
juridiques.
1- Les Faits juridiques:
Au sens large, les faits juridiques sont tous les événements de la vie sociale
emportant des conséquences juridiques, c’est-à-dire influant sur la
création, la transmission et l’extinction des droits. Naissance, décès, ou
inondations, tremblement de terre, réparation du préjudice
Au sens étroit les faits juridiques sont des situations de fait, exemple la
naissance, la mort, détérioration d’un objet, coup porté, injure, qui
entrainent par leur existence même une création, une modification ou une
transmission des droits. Ces actions peuvent être aussi bien volontaires
que non volontaires ; même si elles sont volontaires ; elles demeurent des
faits juridiques au sens étroit du terme, dès lors que l’effet juridique
qu’elles produisent n’a pas été voulu exemple : l’auteur responsable de
coups et blessures a volontairement frappé ou blessé, mais il n’était pas
dans son intention de réparer le préjudice par le versement d’une indemnité
pécuniaire ; c’est la loi qui impose la réparation.
Exemples de faits juridiques :
▪ Le décès d’une personne : il a pour effet la transmission du
patrimoine du défunt à ses héritiers,
▪ Un accident de la circulation : il a pour effet l’obligation de réparer
le préjudice causé à la victime,
▪ L’infraction : elle a pour effet des sanctions pénales et civiles à
l’encontre de son auteur.

Faits juridiques volontaires.


Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

L'évènement lui-même résulte de la volonté, mais pas les conséquences


juridiques qu'il entraîne. (Ex: non-respect du code de la route, lancer une
pierre sur une voitures,...) ; le dommage est voulu mais pas l'obligation de
réparer.
Faits volontaires illicite : Ils attestent l’existence de comportements
volontaires, impliquant à l’origine un acte de volonté d’un ou plusieurs
individus, et illicites parce qu’ils sont répréhensibles et entrainent la
responsabilité civile de leurs auteurs, car ils constituent des délits et des
quasi-délits
Faits volontaires licites : des faits juridiques qui, générateurs
d’obligations, ressemblent davantage à des actes juridiques de sorte qu’on
parle à leur sujet de quasi-contrat

Les quasi-contrats sont les faits purement volontaires de l’homme dont il


résulte un engagement quelconque envers un tiers et quelque foi un
engagement réciproque envers les deux parties. Les engagements qui vont
naitre du quasi contrat vont produire des effets qui sont quasiment
semblable aux obligations, néanmoins comme ils ne vont pas naitre d’une
volonté et d’un fait juridique licite ce n’est pas un contrat.

Il n’a pas été voulu, c’est un fait juridique qui créé des obligations qui
doivent être exécutés comme dans un contrat.

La gestion d’affaire (article 943 du DOC) On est en présence d’une


gestion d’affaire lorsqu’une personne (le gérant) qui n’est pas tenu d’agir
en vertu d’un mandat de la loi ou d’une décision de justice, accompli
néanmoins un acte dans l’intérêt et pour le compte d’un tiers qu’on appel
le maitre de l’affaire. C’est donc un prise d’initiative pour autrui.

La répétition de l’indu l’article 66 du Code civil prévoit que tout


payement suppose une dette et ce qui a été payé sans être dû est sujet à
répétition. Celui qui reçoit par erreur ou sciemment ce qui le lui ai pas dû
s’oblige à le restituer à celui de qui il l’a reçu. Cela constituerait un
enrichissement sans cause. D’un point de vue terminologique celui qui
reçoit le payement est l’accipiens, et celui qui a opéré le payement est le
solvens.

L’enrichissement sans cause : l’rticle 75 du DOC dispose que Celui


qui s'est indûment enrichi au préjudice d'autrui est tenu de lui restituer
identiquement ce qu'il a reçu, si cela existe encore, ou sa valeur au jour où
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

il l'a reçu, si cela a péri ou a été détérioré par son fait ou sa faute ; il est
même tenu de la perte ou de la détérioration par cas fortuit, depuis le
moment où la chose lui est parvenue, s'il l'a reçue de mauvaise foi. Le
détenteur de mauvaise foi doit, en outre, restituer les fruits, accroissements
et bénéfices qu'il a perçus à partir du jour du paiement ou de l'indue
réception, et ceux qu'il aurait dû percevoir s'il avait bien administré. Il ne
répond que jusqu'à concurrence de ce dont il a profité, et à partir du jour de
la demande s'il était de bonne foi.

Faits juridiques involontaires.


Évènements involontairement provoqué et dont les conséquences
juridiques n'ont pas été recherchées; Ni le dommage, ni les conséquences
n'ont été voulues.
2- Les Actes juridiques :
Ce sont des manifestations de volonté accomplies en vue de produire des
effets de droit et sans lesquelles ces effets de droit ne se produiraient
Pas
De cette manière, correspond à l’usage le plus fréquent c’est l’opération
juridique envisagée quand au fond (le negotium) qui est désignée. C’est en
quoi l’acte juridique présentement examiné se distingue du document écrit,
c’est-à-dire de l’instrumentum, par exemple un acte de vente, soit un fait
juridique, par exemple un accident
Classification des actes juridiques:
Actes conservatoires, actes d’administration, actes de dispositions
L’acte conservatoire tend à maintenir le patrimoine dans son état actuel,
à ne pas laisser dépérir une valeur ou un droit. Exemple actes d’inscription
hypothécaire, les saisies conservatoires)
L’acte d’administration tend à faire fructifier un bien sans en
compromettre la valeur en capital : ainsi en est-il de la perception de loyers
L’acte de disposition : porte atteinte ou risque de porter atteinte à la valeur
d’un bien considéré comme un capital ; tel est le cas de la vente
d’immeuble.
Actes unilatéraux, actes bilatéraux, actes collectifs
- L’acte unilatéral : dont l’effet juridique résulte de la volonté d’une seule
personne (ex : testament, la reconnaissance de paternité).
- L’acte bilatéral : c’est le cas quand le résultat juridique poursuivi
découle de deux ou plusieurs manifestations de volonté poursuivant le
même but, dans le cadre des contrats et conventions (article 19 du DOC).
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

- L’acte collectif : est l’acte juridique par lequel se manifestent les volontés
d’un ensemble de personne unies par une communauté d’intérêts ou
impliquées par une action commune. Exemple (délibération prise par une
assemblée, convention collective
II- Classification propre au contrat

Une classification selon le type de contrat

1- Les contrats nommés ou innommés.

On entend Par contrats nommés les contrats qui bénéficient d’une


dénomination propre tel est le titre du deuxième livre du DOC " Des
différents contrats déterminés et des quasi-contrats qui s'y rattachent. Ce
sont des contrats qui font l'objet d'une réglementation particulière, ils sont
spécialement organisés, soit par la loi, soit par les usages professionnels.
Pour cette raison, on les appelle des contrats nommés, parce que la loi ou
les usages qui les organisent leur octroient un nom A contrario, un contrat
innommés ou sui generis ne fait l'objet d'aucune réglementation spéciale
légale, ils sont régis par le droit commun. . Elle englobe tous les contrats
qui en raison de leurs caractéristiques ne peuvent être rattachés à une
catégorie légale existante, mais ils peuvent avoir en fait un nom lorsqu'il
entre dans une des catégories spontanément nées par la pratique qui lui en
a donné un. Un contrat innommé peut soit dériver de modèles connus, soit
constituer une création originale, ce qui apparait surtout dans le monde des
affaires; exemple contrat de déménagement, d'entretien, de sponsoring. Le
régime du contrat innommé est souvent pris dans les contrats nommés les
plus proches

Les contrats principaux et les contrats accessoires. Il y a des contrats


principaux qui par eux-mêmes permettent d’atteindre le résultat qui est
escompté par les parties (par exemple le contrat de vente). Il y a également
des contrats accessoires qui vont compléter un contrat principal (à côté du
contrat de crédit on prend un contrat d’hypothèque qui conduit à donné une
garantie sur le bien à crédit). Cette distinction est très importante car en
droit.

Il existe une règle selon laquelle « l'accessoire suit le principal. » Donc si


le contrat principal disparait alors le contrat accessoire disparait également.

2- La classification selon l’objet des contrats.


Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Les contrats synallagmatiques et unilatéraux. Le contrat synallagmatique


est bilatéral. Il va donc comprendre un engagement réciproque des
contractants. Ce sont donc les contrats les plus nombreux (par exemple, le
contrat de vente). Dans les promesses synallagmatiques de vente, une
partie s’engage à vendre et l’autre qui s’engage à acheter

Le contrat unilatéral signifie qu’une seule partie est obligée ou s’engage


à agir (par exemple le contrat de donation (seul le donateur est engagé)).
Il faut bien distinguer le contrat unilatéral et l’engagement unilatéral ou
l’acte unilatéral. Dans le contrat unilatéral, une seule personne est engagée
mais un accord de volonté est nécessaire des deux parties du contrat. Dans
l’engagement unilatéral, une seule personne ne s’engage et son obligation
n’est de sa seule volonté.

Les contrats onéreux et les contrats à titre gratuit. Les contrats à titre
onéreux sont ceux dans lesquels chaque partie s’engage en vue d’obtenir
de l’autre un avantage en contre partie. Il en résulte que le contrat à titre
onéreux est quasiment un contrat synallagmatique mais il peut parfois y
avoir des contrats à titre onéreux qui sont unilatéraux, (par exemple, une
promesse de vente car seul le promettant s’engage mais dans la mesure où
le promettant espère une contre partie si le bénéficiaire décide d’acheter on
peu parler d’une contre partie à titre onéreux).

Les contrats à titre gratuit ou de bienfaisance : quand une personne


s’engage sans contrepartie car elle est animée d’une intention libérale (un
service gratuit, une donation…).

Les contrats commutatifs et les contrats aléatoires. Le contrat commutatif


est le contrat où chaque partie va s’engager à une prestation considérée
comme équivalente à celle reçue (par exemple, dans un contrat d’échange
on espère que les biens échangés ait la même valeur). Les avantages
réciproques qu’échangent les parties sont immédiatement connus et
appréciés au moment de la signature du contrat. Le contrat aléatoire est le
contrat où il y a un aléa. C’est l’étendu de la contre-prestation et parfois
l’existence de la contre-prestation qui est soumise à l’aléa. Cet aléa est un
élément incertain. Ces contrats sont assez fréquents, ex : paiement fait
moyennant une rente viagère, le contrat d’assurance. Le contrat sera nul
s’il n’y a pas d’aléa.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Les contrats instantanés et successifs. Les contrats instantanés donnent


naissance à une obligation qui doit être exécuté en une seule fois et à un
seul instant (par exemple le contrat de vente).

Contrat à exécution successive donne naissance à une obligation dont


l’exécution vas s'échelonner pendent une période plus ou moins longue
(par exemple le bail d’un immeuble, ou un contrat de travail).

Dans les contrats à exécution instantanée, la nullité est rétroactive.


D'ailleurs on ne parle pas de résolution du contrat (rétroactive) mais de
résiliation du contrat. Les restitutions ne sont pas possibles, il faut donc
opérer des comptes entre les deux parties.

3- La classification selon la qualité des contractants.

Les contrats avec ou sans « intuitu personae . » Les contrats conclus


intuitu personae sont conclu en tenant compte de la personne
cocontractante. Soit par la nature du contrat comme par exemple le
contrat de mandat ou le contrat de société de personne. Soit par la volonté
des parties, qui ont arrêté leurs choix sur un certain nombre de critères.

Intérêt de distinction: un contrat intuitu personae pourra être nul s'il y a


erreur sur la personne du cocontractant ou par son décès. Enfin une offre
de contracter ne peut être acceptée dans un contrat intuitu personae que
si celui qui fait l’offre a donné son agrément à la personnalité de
l’acceptant.

Les contrats de consommation Les contrats de consommation sont des


contrats conclus entre professionnels et consommateur. En revanche les
contrats conclus entre professionnels ne relèvent pas de ce type de contrat.
Le droit de la consommation fait l’objet de la loi 31-08. Dans lequel le
consommateur et défini par rapport aux actes qu’il réalise, c’est celui qui
contracte pour ses besoins personnels ou familiaux. Et plus largement c’est
celui qui passe des contrats qui ne sont pas nécessaire à son activité
professionnelle personnelle future . »

4- La classification selon le mode de formation.

Les contrats consensuels, solennels et réels. Les contrats sont


consensuels, s’ils se concluent par le seul accord de volonté des parties.
Les contrats solennels, supposent l’accord des volontés mais aussi
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

l’accomplissement de divers forme (par exemple Article 489 du DOC


: Lorsque la vente a pour objet des immeubles, des droits immobiliers ou
autres choses susceptibles d'hypothèque, elle doit être faite par écriture
ayant date certaine et elle n'a d'effet au regard des tiers que si elle est
enregistrée en la forme déterminée par la loi.

Les contrats négociés et contrats d’adhésions. Dans les contrats


d’adhésion il y a supériorité d’un contractant sur l’autre et il y a toujours
un risque que la partie la plus forte abuse de cette situation pour insérer
dans le contrat des clauses déséquilibrées. les contrats négociés, de gré
à gré, d’égalité à égalité (par exemple l’achat d’une maison).
L’interprétation du juge sera plus tenue par la lettre du contrat. Il ne sera
pas souple car il sait que le contrat a fait l’objet d’une négociation.

L'intérêt de la distinction.

Les actes et les faits juridiques produisent tout les deux des effets de droits,
mais en matière de preuves et responsabilités, des régimes juridiques
distincts sont appliqués.

● En matière de preuves, les actes et les faits ne sont pas soumis aux mêmes
règles.

● En matière de responsabilité: en cas de dommages, les actes juridiques


mettront en œuvre la responsabilité contractuelle, alors que les faits
juridiques mettront en œuvre la responsabilité délictuelle ou quasi-
délictuelle voire même pénal.

III. Le régime de la preuve.

1- La charge de la preuve.

C'est à celui qui agit en justice (le demandeur) de prouver le droit qu'il
revendique. Le défendeur peut néanmoins apporter la preuve contraire. Le
demandeur supporte le risque de la preuve. La preuve pèse sur le défendeur
lorsqu'il se prétend libéré de son obligation.

Les présomptions légales :

Elles sont définies comme les conséquences que la loi tire d'un fait connu
pour déterminer un fait inconnu. La présomption renverse la charge de la
preuve. L'objectif est de faciliter la preuve dans des situations où elle est
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

difficile à établir: le demandeur n'a plus besoin de prouver ses affirmations


qui sont a priori supposées exactes. Il existe deux types de présomptions:

● Les présomptions simples

Le demandeur est dispensé de la preuve d'un fait et le défendeur est


autorisé à apporter la preuve contraire.

● Les présomptions irréfragables: le demandeur est dispensé de la preuve


d'un fait et le défendeur n'a pas le droit d'en apporter la preuve contraire.
Les procédés de preuves utilisables dépendent à la fois de ce qu'il faut
prouver (actes ou faits) et du tribunal devant lequel se déroule le procès.

2- Les procédés de preuve.

La preuve libre et la preuve légale

La preuve légale s'applique dans le domaine civil. La loi impose des


procédés de preuve et le juge n'a qu'un pouvoir d'appréciation limité. La
preuve libre s'applique dans le domaine pénal et commercial. La preuve
peut être rapportée par tout moyen et le juge dispose d'un large pouvoir
d'appréciation.

La preuve des faits juridiques.

Le fait est difficile à prouver puisqu'il est souvent accidentel; c'est


pourquoi il peut être prouvé par tout moyen. On dispose de deux types de
preuves:

● Mode de preuve parfaite: elle s'impose au juge qui n'a alors aucun
pouvoir d'appréciation. (L’aveu ou le serment)

● Mode de preuve imparfait: il laisse un large pouvoir d'appréciation au


juge. (Le témoignage ou les présomptions)

La preuve des actes juridiques.

1. Le principe: l'écrit. L'article du code civil impose de produire un écrit


pour les actes dont la valeur excède 10000 Dh

● Soit un acte sous seing privé et qui fait preuve pour sa date et son
contenu jusqu'à ce que la preuve contraire soit apportée.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

● Soit un acte authentique: document rédigé par un Adoul ou par un


notaire

● Copie conforme à l'originale.

● Écrit sur support électronique (loi du 13 mars 2000) Pour un acte


juridique inférieur à 1500€ la preuve par tout moyen est admise: écrit,
témoignage, présomption, aveu, serment,...

2. Les dérogations à la preuve par écrit. La loi autorise la preuve par tout
moyen alors même qu'il s'agit d'un acte juridique d'une valeur supérieure
à 1500€ lorsque:

● Il existe un commencement de preuve par écrit, qui rend vraisemblable


le fait soutenu: lettre, facture, copie,...

● Il y a impossibilité matérielle ou morale de produire un écrit ou tout


simplement l'écrit à été détruit ou perdu fortuitement.

3. La loi du 13 mars 2000. Cette loi reconnaît le principe de l'écrit sur


support électronique. Un grand nombre d'actes peuvent donc être conclus
sous forme électronique ( sauf les CDD, les contrats de crédit à la
consommation,...) Cette loi donne au support électronique, la même force
probante que l'écrit sur support papier; elle reconnaît la validité de la
signature électronique et lui donne une définition légale: procédés fiable
d'identification.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

CHAPITRE VII : Les titulaires des droits subjectifs

Les droits subjectifs sont destinés à des êtres humains, considérés


individuellement ou en groupe, lorsque ceux-ci constituent des entités
suffisamment caractérisées et structurées.
La personnalité juridique est précisément cette aptitude à être titulaire actif
ou passif de droits subjectifs que le droit objectif reconnait à chacun
La détermination des titulaires des droits subjectifs, telle que le droit
l’assure, atteste l’existence de règles et de solutions impliquant les
influences conjuguées de la nature, de la fiction et de la volonté. Et il
importe, à cet égard, de distinguer les personnes physiques et les personnes
morales
I- Les personnes physiques

En s’attachant à l’être humain, le droit objectif considère cet être


physique en tant qu’il est aussi un être social, une personne juridique :
c’est cette considération, génératrice d’attachement, de rattachement,
qui assure, consacre ou consolide l’insertion de l’être humain dans la
société globale

1 –Le Commencement de la personnalité juridique :


Se manifeste dés la naissance et le législateur fait remonter le point de
départ de la personnalité juridique à la conception, mais à la condition que
l’enfant né soit né vivant, le mort né, c’est-à-dire celui qui était déjà mort
dans le sein de sa mère ou qui est mort pendant l’accouchement n’a jamais
vécu d’une vie propre ; il n’a pas la personnalité juridique.

De plus la détermination de la personnalité juridique et de sa portée doit


tenir compte de la distinction capacité d’exercice, et la capacité de
jouissance. Dans le livre 5 du code de la famille, le législateur a défini la
capacité ainsi que la distinction capacité de jouissance et capacité
d’exercice

Il y a deux sortes de capacités : la capacité de jouissance et la capacité


d’exercice.
La capacité de jouissance est la faculté qu’a la personne d’acquérir des
droits et d’assumer des devoirs tels que fixés par la loi. Cette capacité est
attachée à la personne durant toute sa vie et ne peut lui être enlevée.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

La capacité d’exercice est la faculté qu’a une personne d’exercer ses droits
personnels et patrimoniaux et qui rend ses actes valides. La loi fixe les
conditions d’acquisition de la capacité d’exercice, les motifs déterminant
la limitation de cette capacité ou sa perte.
L’analyse des dispositions du livre 5 du code de la famille montre bien
qu’il n’y a que deux catégories de personnes protégées par une incapacité
d’exercice, les mineurs et les interdits

Loin de priver l’incapable de ses aptitudes générales à participer à la


vie juridique, l’incapacité vise sa protection en lui assurant un meilleur
exercice de ses prérogatives, en lui interdisant de prendre des décisions qui
pourront lui porter préjudice, l’incapable jouit de la personnalité juridique,
mais il est frappé d’une incapacité, qui confie l’exercice de ses droits à
d’autre personnes. L’incapacité est donc une protection et non pas un
transfert des droits de l’incapable à une autre personne, qui pourrait les
exercer à sa guise1.

Dans cette perspective des institutions ont été mises en place. Ces
dernières se différencient du point de vue de leur composition, de leur
fonctionnement et de leur attribution. Toutefois elles ont la même finalité,
celle de protéger et de défendre les intérêts de l’incapable.

2 – Fin de la personnalité juridique :


En principe, le décès est le seul évènement susceptible de marquer la fin
de la personnalité juridique, Il marque l’ouverture et la liquidation de la
succession du défunt. Toutefois si des incertitudes contournent le décès
réel de l’individu que l’on désigne par le terme de l’absent. Ce qui
caractérise l’absence d’une personne physique, ce n’est pas seulement la
non présence à son domicile ou à sa résidence, c’est le fait qu’on ne sache
pas ce qu’elle est devenue, plus précisément qu’on ne sache pas si elle est
vivante ou si elle est morte
L’absent est considéré encore vivant, et la liquidation de sa succession est
retardée jusqu’à ce qu’un jugement déclaratif de décès soit prononcé, ainsi
l’article 327du code de la famille dispose « Lorsqu’une personne a disparu
dans des circonstances exceptionnelles rendant sa mort probable, un
jugement déclaratif de décès est rendu à l’expiration d’un délai d’une
année courant à compter du jour où l’on a perdu tout espoir de savoir si

1 M. Bauer et B. Chantal Scherer-Darsch « De l’enfance à la majorité » éd ESF éditeur Paris 1990 p 14


Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

elle est vivante ou décédée . Dans tous les autres cas, il appartient au
tribunal de fixer la période au terme de laquelle il rendra le jugement
déclaratif du décès et ce, après enquête et investigation, par tous les
moyens possibles, des autorités compétentes pour la recherche des
personnes disparues. »
3-L’identification de la personne physique
La reconnaissance de la personnalité juridique assure l’insertion de l’être
humain dans la société globale, sa connaissance et sa reconnaissance par
celle-ci. Ce discernement est nécessaire pour la société et plus précisément
pour l’Etat
Le nom :
C’est l’appellation servant à désigner une personne physique dans sa vie
sociale et juridique, dans l’exercice de ses droits et l’accomplissement de
ses devoirs. Le système du nom de famille ou du nom patronymique est
réglementé par l’article 6 du dahir du 08 mars 1950 portant extension du
régime de l’Etat civile instituée par le dahir du 04 septembre 1915 « le nom
choisi ne doit pas être un sobriquet, un nom ridicule, ou pouvant porter
atteinte à la morale ou l’ordre public, un nom étranger ou ne présentant pas
un caractère traditionnelle marocain ».
Le domicile :
Le domicile est le rattachement de toute personne à un lieu déterminé, il
permet de déterminer le droit applicable à des relations de droit privé. Par
exemple (le lieu de paiement ; la compétence territoriale)
Le législateur dans son L’article 519 du code de procédure civile du 28
septembre 1974 a défini le domicile « le lieu où toute personne physique a
son habitation habituelle et le centre de ses affaires et de ses intérêts ».
Les caractères du domicile
Le domicile est nécessaire en ce sens que toute personne a un domicile,
lequel présente un caractère obligatoire
Le domicile est unique, une personne ne pouvant avoir qu’un domicile
Le domicile est inviolable, les constats, perquisitions au domicile des
particuliers sont entourés de garanties particulières, qu’imposent d’ailleurs
les déclarations, conventions et pactes internationaux
L’état civil
Le dahir du 08 mars 1950 a mis les marocains dans l’obligation de
s’inscrire à l’état civile, puis le décret du 04 décembre 1963 leur a imposé
d’y enregistrer obligatoirement les naissances et décès à venir.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

II – Les personnes morales


Le droit reconnait, de diverses manières, à des entités l’aptitude à participer
en tant que telles à la vie juridique.

1- Existence de personne morale et controverse doctrinale

A l'époque du Code civil, deux principes n'en paraissaient pas moins


indiscutables. Seuls les individus - les personnes physiques - ont une
véritable personnalité. La personnalité morale accordée à des groupements
est le résultat d'un artifice, les personnes morales étant des créations de
pure technique. La personnalité morale est une fiction juridique. Seule la
loi peut, soutient-on, user de ce procédé ; seule elle peut, par une
disposition expresse, accorder, à son gré d'ailleurs, la personnalité morale
à un groupement.

A l'encontre de cette théorie, un mouvement s'est produit au XIXe siècle,


lié à la persistance ou à la renaissance de la prise en considération d'intérêts
collectifs. D'où le développement de la théorie de la réalité des personnes
morales, certaines entités étant suffisamment réelles pour être considérées
comme des sujets de droit. Par rapport à la théorie de la fiction, cette thèse
est radicalement inverse, quelle que soit la sorte de réalité retenue : intérêts
collectifs, volonté collective, organisation collective... La réalité de la
personne morale existe en dehors de la volonté du législateur et s'impose à
lui. La controverse doctrinale fut si vive qu'elle incita, au début du XXe
siècle, certains auteurs à nier la valeur même de la notion de personne
morale. Depuis lors, la signification de la personnalité juridique ainsi que
la notion de personne juridique ont donné lieu à un approfondissement des
analyses, spécialement en ce qui concerne les personnes physiques,
notamment au sujet des embryons. Qu'il s'agisse de personnes physiques
ou de personnes morales, la reconnaissance de la qualité de sujet de droit
est une opération découlant du jeu du système juridique. En ce sens, on
rapproche opportunément la personnalité juridique de la capacité de
jouissance en observant : « la personnalité morale, en définitive, ne se
constate pas, elle s'affirme ».

Au Maroc, la personnalité morale a été rapidement reconnue à la société


que l’article 982 du DOC, définit comme le contrat pour lequel deux ou
plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail ou les
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

deux à la fois, en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter. Il s’agit


des sociétés commerciales qui pour réaliser des opérations commerciales
prennent la forme de société de capitaux (SA) ou de société de personne
dont les membres assument une responsabilité personnelle (SNC). La
personnalité morale profite moyennant quelques formalités aux
associations régies par dahir du 15 novembre 1958 qui est l’accord visant
à réaliser un but autre que le partage des bénéfices entre ses membres.
2- Les différentes catégories des personnes morales
Ce sont les différents groupements (sociétés, associations et syndicats) qui
ont vocation à bénéficier de la personnalité juridique. La personne morale
est dotée d’un patrimoine qui lui est propre et qui se distingue du
patrimoine qui appartient à chacun de ses membres. Le groupement se
détermine par un nom (raison sociale), un domicile (siège social), et même
sa nationalité.
Groupements de biens
Fondations religieuses : C’est le système du habous ou wakf qui est l’acte
juridique par lequel une personne en vue d’être agréable à dieu, se
dépouille d’un ou plusieurs de ses biens, généralement des immeubles et le
mer hors du commerce en les affectant à une œuvre, à un but pieux,
charitable ou social, soit en une manière absolue exclusive de toute
restriction (habous public), soit en réservant la jouissance de ses biens à
une ou plusieurs personnes déterminées (habous de famille).
Fondations laïques : Bien ou masse de biens dotée de la personnalité
morale en raison de son affectation à but désintéressé : création d’un
hôpital. Par exemple les prix Nobel apparaît comme une fondation laïque.
Groupement de personne
Personnes morales de droit privé : Il s’agit des sociétés, associations et
syndicats :
les sociétés ont un but lucratif, c'est-à-dire se proposent de réaliser des
bénéfices.
Les associations ont un but désintéressé, et au niveau des syndicats, le but
recherché est à la fois professionnel et désintéressé.
Personnes morales de droit public :
Ce sont les collectivités publiques avec à leur tête l’Etat qui apparaît
comme une personne morale, un sujet de droit au niveau interne et
international.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

CHAPITREVIII : La classification des droits subjectifs

I- Droits patrimoniaux et extra patrimoniaux


1 – Droits patrimoniaux
Ce sont les droits qui ont une valeur pécuniaire, qui peuvent être évalués
en argent : c’est le cas du droit de propriété. Ces droits sont dans « le
commerce juridique » et peuvent faire l’objet de toutes sortes de
transactions : vente, saisie, emprunt.
2 – Droit extra patrimoniaux
Ne sont pas évaluables en argent : il s’agit des droits politiques du citoyen
et de ses droits familiaux (obligation alimentaire) ; on peut citer aussi le
droit à l’honneur. La caractéristique de ces droits est qu’ils ne peuvent être
cédés ni échangé, comme ils ne peuvent pas être saisis par les créanciers.
Ces droits échappent au commerce juridique
II- Droits réels et personnels :
C’est une subdivision des droits patrimoniaux qui se répartissent en :

1 – Les droits réels : Le droit réel est celui qui donne à la personne
un pouvoir direct et immédiat sur une chose (bien meuble ou immeuble),
pouvoir qui s’exerce sans l’entremise d’un autre individu. Le propriétaire
d’une maison l’habite ou la loue, l’usufruitier d’un immeuble en perçoit les
fruits sans avoir à s’adresser à une personne quelconque. Le droit réel
comporte seulement deux éléments : la personne, sujet actif du droit et la
chose - objet du droit ; c’est un droit direct sur la chose. Ce droit confère
à son titulaire un certain nombre de prérogatives. C’est un droit absolu,
opposable à tous sous condition de l’accomplissement de formalités de
publicité et de ce droit absolu deux conséquences :

- Le droit de suite

Le droit de suite permet au titulaire d’un droit réel quelconque de suivre en


quelques mains qu’elle passe la chose qui lui appartient ou qui est grevée
d’un droit en sa faveur. Ainsi le propriétaire d’un immeuble peut le
revendiquer contre tout détenteur. L’usufruitier peut réclamer la chose pour
en jouir, quelque soit le propriétaire de cette chose

- Le droit de préférence :
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Le droit réel emporte droit de préférence. S’il y a conflit entre le


titulaire d’un droit réel (en général accessoire) et le titulaire d’un droit
personnel, à propos d’une chose, le premier ayant un droit absolu et
opposable à tous, sera préféré au second qui, par hypothèse n’a aucun droit
contre le titulaire du droit réel. Exemple : une personne a déposé une chose
lui appartenant chez un commerçant ; avant restitution, le dépositaire
devient insolvable. Cette situation n’affectera pas le titulaire du droit réel,
il écartera toute prétention sur la chose, les créanciers du dépositaire ne
pourront saisir le bien qui n’appartient pas à leur débiteur. Les titulaires
de droits personnels n’ont, quant à eux, pas de droit de préférence. Les
créanciers sont payés dans l’ordre où ils se présentent (« au prix de la
course »), les premiers pouvant être réglés intégralement et les suivants ne
recevant rien. Si plusieurs créanciers se présentent ensemble et si le
débiteur est insolvable, chacun sera proportionnellement au montant de
sa créance, « au marc le franc ».

Par opposition au droits personnels, les droits réels sont en nombre


limité. La loi les détermine et il ne peut y avoir d’autres droits réels que
ceux qui sont énumérés par la loi. La solution est rationnelle. Les droits
réels sont opposables aux tiers, souvent après accomplissement de mesures
de publicité, il est donc indispensable qu’ils soient définis et limités par la
loi.

On distingue les droits réels principaux et les droits réels accessoires.

a – Droits réels principaux :


Ces droits sont régis par la loi n ° 39-08 relative au code des droits réels,
et promulguée par le Dahir du 22 novembre 2013. Il s’agit :
Le droit de propriété :
Le droit de propriété est le droit le plus complet que l’homme peut
exercer sur une chose, la propriété est le droit de jouir et disposer des
choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage
prohibé par les lois ou par les règlements. Il comprend l’usage (usus) de la
chose, le droit d’en tirer tous fruits et produits (fructus), le droit d’en
disposer, soit matériellement, en la consommant, en la transformant ou en
la détruisant, soit juridiquement, en cédant le droit que l’on a sur elle
(vente, donation) ou en la grevant de droits réels (servitude, hypothèque)
(abusus).
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Les démembrements du droit de propriété. Ces droits réels sont appelés


démembrements en ce qu’ils confèrent à leur titulaire une partie seulement
des prérogatives attachées au droit de propriété :

L’usufruit qui est le droit d’user et de jouir de la chose dont un autre,


appelé nu-propriétaire a la propriété.

A la différence du droit de propriété qui est perpétuel et se transmet aux


héritiers, l’usufruit à un caractère viager : il s’éteint nécessairement à la
mort de l’usufruitier

Le droit d’usage et d’habitation qui sont des sortes d’usufruit qui


permettent à leurs titulaires de bénéficier de quelques prérogatives, mais
qui sont assez réduites.

Le droit de servitude : charge établie sur un immeuble (dit fonds servant)


pour l’utilité d’un autre immeuble (dit fonds dominant) ; exemple : une
servitude de ne pas construire qui garantit la « vue » au fonds dominant
(article 37 du code des droits réels)

L’emphytéose : c’est le droit qu’a le locataire sur la chose qui lui a été
louée pour une durée allant de 10 à 40 ans. Ce droit devrait être, comme
celui de tout locataire, un droit personnel, mais en raison de la longueur du
bail emphytéotique, la loi en fait un droit réel. On peut rapprocher de
l’emphytéose le bail à construction.

- Droit de superficie : c’est le fait de posséder des bâtiments, des ouvrages


ou plantations sur un fonds appartenant à autrui (article 116 de la loi 39-
08).
– Droits réels accessoires :

Destiné à garantir l’exécution des obligations : ce sont les sûretés réelles.

Les droits réels accessoires sont des droits dits « réels » car ils portent sur
une chose et « accessoires » car ils sont adjoints à un droit de créance pour
le renforcer. Ces droits sont aussi appelés sûretés réelles, en opposition
avec les sûretés personnelles, la dette étant alors garantie par une caution
qui ne sont pas des droits réels mais des droits de créance.
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

Les droits réels accessoires consistent dans l’affectation au paiement d’une


dette d’un ou de plusieurs biens, appartenant en général au débiteur et
peuvent porter sur des immeubles ou sur des meubles.

Sur les immeubles : il s’agit de l’hypothèque portant sur un ou plusieurs


immeubles déterminés du débiteur. Le propriétaire reste en possession de
l’immeuble et peut l’aliéner, mais le créancier non payé de sa dette, a le
droit de faire saisir et vendre l’immeuble grevé en quelque main qu’il se
trouve et de se faire payer par préférence sur le prix.

Sur les meubles : il s’agit du gage, contrat par lequel le débiteur se


dessaisit au profit du créancier d’un bien meuble pour l’affecter au
paiement de sa dette.

Les créanciers ordinaires, non munis de droits réels accessoires, sont


appelés créanciers chirographaires, par opposition aux créanciers
gagistes, privilégiés ou hypothécaires et sont dans une situation bien plus
précaire que ces derniers. Nous voyons donc que droits réels et droits
personnels ne confèrent pas les mêmes prérogatives à leur titulaire, aussi
allons nous définir dans une seconde partie les forces et faiblesses de ces
deux droits.

2 – Droits personnels :

Le droit personnel (ou droit de créance) est le droit qu’a une personne
appelée créancier, d’exiger une certaine prestation d’une autre
personne, le débiteur. A la différence de ce qui se produit avec un droit
réel, le titulaire du droit n’exerce pas directement ses prérogatives sur les
choses. Il doit avoir recours à un intermédiaire et cet intermédiaire est le
débiteur. Par exemple, lorsque vous sortez et que vous prenez, non pas
«votre» voiture (sur laquelle vous exerceriez un droit réel de propriété),
mais un taxi, va se former entre vous et celui auquel vous vous adressez
pour vous transporter un rapport de droit «personnel» : le «contrat» de
transport est créateur d’un droit personnel en vertu duquel le transporteur,
votre débiteur, assume l’obligation essentielle de vous conduire sain et
sauf au lieu de destination.

Les droits personnels qui résultent d’un accord de volonté entre personnes
sont en nombre illimité, sous réserve de respecter l’ordre public et les
bonnes mœurs , les contractants peuvent, grâce au principe de la liberté des
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

conventions, faire varier à l’infini leurs rapports juridiques, créer des


rapports non prévus par la loi. Il est donc impossible d’énumérer les droits
personnels, mais on peut toutefois les classer en trois grandes catégories :

Les obligations de donner, par lesquelles le débiteur s’engage à transférer


au créancier un droit réel, notamment la propriété sur une chose lui
appartenant (exemple : l’obligation assumée par le vendeur ou le donateur).

Les obligations de faire, par lesquelles le débiteur s’engage à un fait positif


(exemple : le peintre qui s’engage à faire un tableau).

Les obligations de ne pas faire, par lesquelles le débiteur s’engage à une


abstention (exemple : un vendeur de fonds de commerce s’engage vis à vis
de l’acquéreur à ne pas ouvrir dans la même ville un établissement
semblable à celui qu’il cède).

Le droit personnel comporte trois éléments : le créancier, sujet actif du


droit, le débiteur, sujet passif et la prestation, objet du droit. Ce droit,
appelé droit de créance, par rapport au sujet actif, se nomme obligation ou
dette, si on l’envisage du côté du sujet passif.

3- Les droits intellectuels


Le droit qu’a une personne d’être la seule à titre profit d’une chose
immatérielle : il s’agit d’une activité professionnelle (des œuvres littéraires
et artistiques, des brevets d’invention, exploitation d’une marque). Ces
droits ne portent pas sur des objets matériels comme c’est le cas en matière
de droit réel ; ils sont opposables à tous.
III – Distinction des biens corporels et des biens incorporels
1- Biens corporels
Il s’agit de tous les biens matériels. Ils ont une existence réelle : un
immeuble ou un objet matériel quelconque.
2- Biens incorporels
Ce sont des biens qui n’ont pas d’existence réelle mais qui ont une grande
importance en raison de leur valeur économique. C’est le cas de la propriété
littéraire et artistique (droit d’exploitation exclusive de l’œuvre) et du fonds
de commerce où c’est le droit à la clientèle qui est l’élément essentiel de
ce fonds et qui est un bien incorporel ou immatériel.
L’opposition biens corporels ou incorporels est contestable car ils ne font
pas partie d’un même tout : on met d’un côté des choses et de l’autre des
droits, or les choses ne doivent pas être considérées comme des biens car
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

elles ne sont pas forcément génératrices de droit. Portée véritable de la


distinction. L’objet du droit de propriété se confond avec le droit lui-même,
au contraire de la plupart des autres droits.
Les subdivisions des biens corporels : Opposition des choses
appropriées et des choses non appropriées. Les choses non appropriées :
les choses communes (mer, air) et les choses sans maître (res nullius), et
les choses abandonnées (res delictae). Leur propriété s’acquière par
l’occupation. Les choses appropriées appartiennent à une personne. On
distingue le domaine public (inaliénable, imprescriptible) du domaine
privé. Distinction fondées sur les caractères physiques des choses. On se
demande si la chose est consomptible, si elle est fongible, non fongible
(corps certain), meubles, immeubles.
Les subdivisions des biens corporels L’obligation, envisagée comme
droit de créance, consiste en droit personnel, tandis qu’un droit réel porte
sur une chose, et les droits intellectuels sont à distinguer

VI – Classification des choses

1- Choses consomptibles et non consomptibles


- Les choses consomptibles : sont celles qui se consomment ou se
détruisent par le premier usage (denrées à la consommation ou l’argent s’il
ne fait l’objet d’un placement)
- Les choses non consomptibles : ce sont les biens durables qui peuvent
faire l’objet d’usage répétés : propriété immobilière, voiture Ainsi si un
prêt porte sur des choses consomptibles, le prêteur n’est pas admis à exiger
qu’on lui rende le même objet : il s’agit d’un prêt à consommation. Par
contre si le prêt porte sur une chose non consomptible, le prêteur reste
propriétaire et l’emprunteur doit lui rendre la même chose : c’est le prêt à
usage ou commodat.
2- Choses fongibles et non fongibles
Les choses fongibles ou choses de genre : ce sont les choses
interchangeables (céréales).
Les choses non fongibles sont des corps certains, des objets individualisés
(maison déterminée). Au niveau du régime d’exécution des obligations,
celui-ci diffère selon que l’on se trouve en présence de choses fongibles ou
de choses certaines. Au regard des premières, le débiteur ne doit que la
même quantité, qualité et espèces portées dans l’obligation quelle que soit
l’augmentation ou diminution de la valeur. Au regard des corps certains, le
Imane Oualji Introduction à l’étude de droit

débiteur est libéré par la remise de la chose en l’état où elle se trouve lors
du contrat.
V – Distinction des meubles et des immeubles
1- Les immeubles par nature
Est d'abord immeuble le sol (comme portion d'écorce terrestre ou comme
volume si l'on préfère), puis la matière qui comble le sol (quoique la terre
végétale, les roches, ou les fluides qui le composent soient par nature des
biens déplaçables...), puis tout ce qui tient à cette matière, que ce soit à la
suite d'une croissance naturelle (les végétaux) ou d'un développement
artificiel (les édifices). Sont aussi immeubles les meubles accrochés aux
édifices, non parce qu'ils sont fixes mais parce qu'ils ne font qu'un avec
eux. En résumé, l'immeuble par nature, « c'est ce qui occupe l'espace en
incarnant une fois pour toutes une portion disponible : qu'il l'occupe par un
fonds de terre, par un étang, par un édifice, par une simple cabane
inamovible, cela importe peu. Car l'existence même de l'immeuble a pour
effet de rendre indisponible l'espace occupé, qui est comme soustrait à la
possibilité d'aller et venir. »
2- Les immeubles par destination
Les immeubles par destination sont des meubles par nature qui sont
affectés durablement au service ou à l'ornement d'un immeuble, en fait de
quoi ils subissent partiellement le régime immobilier. Cette catégorie
d'immeuble est fondée sur la théorie de l'accessoire qui est à l'œuvre dans
d'autres branches du droit : les meubles immobilisés suivent le sort d'un
immeuble car ils lui sont accessoires.

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