Vous êtes sur la page 1sur 2

Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce

Problématique : Comment Antoine accable-t-il ici Louis de culpabilité tout en le considérant avec amour et
compassion ?

Partie II, Scène 3


ANTOINE (…)
A envisagé que Louis ait pu avoir raison de se dire malheureux :
1. Antoine a cru que Louis manquait d’amour - réflexion qui le hante depuis longtemps : verbe « penser » à
l’imparfait duratif et au présent d’habitude (= obsession)
je pense, - incertitudes de celui-ci ds les brisures syntaxiques et ds emploi
je pensais, du modalisateur « peut-être » : semble s’excuser de souffrance
que peut-être, sans que je comprenne donc de Louis et marque aussi la solitude de Louis face à la famille et
(comme une chose qui me dépassait), au « reste du monde »
que peut-être, tu n'avais pas tort, - admet souffrance de Louis face aux autres : « nous n’étions
et que en effet, les autres, les parents, moi, le reste du monde, pas bons…te faisions du mal » > culpabilité éprouvée par
nous n’étions pas bons avec toi Antoine, empathie pour Louis (« tu me persuadais…j’étais
et nous te faisions du mal. convaincu que tu manquais d’amour », « je te croyais et je te
Tu me persuadais, plaignais »)
j'étais convaincu que tu manquais d'amour.
Je te croyais et je te plaignais,
et cette peur que j'éprouvais
- c'est bien, là encore, de la peur qu'il est question –
Evocation d’une peur coupable
cette peur que j'avais que personne ne t'aime jamais,
-4 occurrences de ce terme précédé de l’adjectif démonstratif cette peur me rendait malheureux à mon tour,
(+anaphore) : montre importance de ce sentiment dans sa vie et comme toujours les plus jeunes frères se croient
combien il l’a rongé (accompagne 3 occurrences de « coupable ») obligés de
-cette peur coupable n’apaisait pas Antoine qui se retrouvait l'être par imitation et inquiétude,
« malheureux à (son) tour » > Louis est présenté comme la source malheureux à mon tour,
d’un malheur qui a contaminé son frère : « se croient obligés de mais coupable encore,
l’être par imitation et inquiétude » coupable aussi de ne pas être assez malheureux,
-répétitions de ces termes = sorte de litanie : Antoine s’empêchait de ne l'être qu'en me forçant,
de vivre normalement (« malheureux » x2, + verbes d’obligation), coupable de n'y pas croire en silence.
comme si cela avait pu soulager son frère. Semble presque se punir
de ne pas être assez convaincu de son état. Epanorthose

…………………………………………………………………………………………………………………………………….

2. Des proches souffrant de la difficulté à communiquer leur amour

Parfois, eux et moi,


et eux tous les deux, les parents ils en parlaient et
devant moi encore,
comme on ose évoquer un secret dont on devait me rendre également responsable.
Nous pensions,
et beaucoup de gens, je pense cela aujourd'hui, beaucoup de Louis semble contaminer tous ceux qui l’approchent
gens, des hommes et des femmes, -évocation de l’avis partagé (« nous pensions » : imparfait répétitif =
ceux-là avec qui tu dois vivre depuis que tu nous as quittés, conciliabules) par « eux et moi », « les parents », « beaucoup de gens »
beaucoup de gens doivent assurément le penser aussi, (x2), « des hommes et des femmes » (longue énumération pour
nous pensions que tu n'avais pas tort, préciser ses propos) = « NOUS » opposé à Louis
que pour le répéter si souvent pour le crier tellement -culpabilité éprouvée par tous ceux qui approchent Louis ds le passé (cf
comme imparfait) et ds le présent : « tu n’avais pas tort..nous ne t’aimions pas
on crie les insultes, ce devait être juste, assez, ou du moins, que nous nous savions pas te le dire » > souligne la
brisure ancienne entre Louis et sa famille.
Formulation de reproches par Antoine
- MAIS emploi de l’imparfait = distance prise par nous pensions que en effet, nous ne t'aimions pas assez,
Antoine/reproches formulés alors par son frère ou du moins,
- champ lexical de souffrance avec emploi de l’intensif que nous ne savions pas te le dire
« tellement » : reproche à Louis de s’être fait passer pour (et ne pas te le dire, cela revient au même, ne pas te dire assez
un martyre, une victime innocente (« ce devait être que nous t'aimions, ce doit être comme ne pas t'aimer assez).
juste ») On ne se le disait pas si facilement,
-importance du rôle du langage soulignée par Antoine : rien jamais ici ne se dit facilement,
identité entre l’amour et la déclaration d’amour > pour lui,
le langage donne corps et existence au sentiment.
Difficulté permanente à exprimer ce que l’on ressent :
famille où l’on ne sait pas exprimer les sentiments.
Différence de mode de communication entre Louis et non,
sa famille on ne se l’avouait pas
,mais à certains mots, certains gestes, les plus discrets,
-Antoine reproche à Louis d’avoir « crié » son
les moins remarquables,
manque d’amour dans une famille peu à l’aise avec
à certaines prévenances
la parole > communication passe autrement : des
- encore une autre expression qui te fera sourire, mais je n'ai
gestes imperceptibles (voir les superlatifs « les plus plus rien à faire maintenant d'être ridicule, tu ne peux pas l'imaginer
discrets, les moins remarquables »), tout en retenue et –
en pudeur, mais révélant l’intériorité des à certaines prévenances à ton égard,
personnages nous nous donnions l'ordre, manière de dire,
-insistance sur l’amour profond et réel que la famille de prendre plus souvent et mieux encore soin de toi,
porte à Louis : emploi du superlatif. Mais cet amour garde à toi,
familial n’est ni perçu ni compris par et de nous encourager les uns les autres à te donner la preuve
Louis totalement centré sur lui-même : cf la négation que nous t'aimions plus que jamais tu ne sauras t'en rendre compte.
partielle portant sur le temps (+ emploi du futur)

Vous aimerez peut-être aussi