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I – Analyse du sujet.
-Silence pesant = absence de paroles qui a des effets néfastes, est difficile à
supporter.
-Tiré par= le silence est à l’origine de la parole, il la provoque, l’entraine.
- à parler, à s’agiter, à se démener, à se débattre… ». = une parole qui prend de
l’ampleur, devient plus forte, a des répercussions sur le comportement des
personnages : s’agiter, à se démener, à se débattre dénotent le mouvement, et
connotent des émotions fortes, et une forme de violence, de lutte. = crise
familiale voire identitaire.
Bilan de l’idée : Le silence est à l’origine de la parole, d’une parole qui
s’intensifie et donc de la crise.
Dans quelle mesure le silence est-il à l’origine d’une parole tumultueuse voire
violente, et donc de la crise à l’œuvre dans Juste la fin du monde ?
Voici le plan détaillé : une sous-partie (la B) sur deux est rédigée
I –Un silence pesant à l’origine des tensions.
A- Le silence dérangeant de Louis
-Plus d’une fois sur trois, la parole est niée (on retrouve 205 occurrences du
verbe « se/dire », qui est nié 76 fois)
-Topos du secret de famille : on ne sait pas pourquoi Louis est parti et toute la
vie familiale s’est construite autour de ce secret, de silences, de non-dits. Louis
évoque dans son prologue l’état d’attente qu’est le silence
-Le personnage réagit peu aux paroles des membres de sa famille : ex : sa
réponse au monologue d’Antoine de la scène 11 : « Oui ? » « Je ne les ai pas
entendues » = réponse laconique. Scène 8 : pendant le monologue de sa mère,
Louis ne dit rien : « J’écoutais » ajoute-t-il à la fin.
Sa mère le définit comme un être silencieux : « Petit sourire. Juste ces deux ou
trois mots » ( scène 8).
Suzanne évoque le silence de Louis pendant les années d’absence : pour
désigner les cartes postales de Louis : « ce ne sont pas des lettres, qu’est-ce que
c’est ? de petits mots, juste des petits mots, une ou deux phrases, rien, comment
est-ce qu’on dit ? elliptiques. » p37. + Antoine le définit ainsi avec ironie dans la
scène 11 « silencieux, ô tellement silencieux ».
Le personnage principal est donc un personnage de l’ellipse, c'est-à-dire de
l’économie de la parole.
=> On peut imaginer que son silence est gênant. D’ailleurs il est fort possible,
comme le dit la Mère dans la scène 8, qu’il soit interprété comme une « marque
de mépris, la pire des plaies » par Antoine et Suzanne, ou d’indifférence, comme
Antoine semble l’interpréter avec ironie dans la scène 3, lorsque Catherine parle
de sa famille et que Louis se tait : « Il t’écoute (…) c’est un homme passionné
par cette description de notre progéniture ». D’ailleurs cette remarque d’Antoine
entrainera la gêne de Louis qui répétera à trois reprises être « mal à l’aise », et
qui, dans sa confusion emploiera le terme « filleuls » pour désigner ses neveux,
traduisant ainsi la fragilité de son lien familial.
III- finalement le silence, bien qu’il accentue la crise, est surtout le signe
d’une crise de la communication qui révèle la condition tragique de l’être
humain
A- La difficulté à dire de ceux qui ne savent pas garder le silence (drame de la
communication)
Difficulté à communiquer : « Les pièces de Lagarce sont le théâtre des
hésitations de la parole, des dits et non-dits, des accidents et des failles du
langage. » Hélène Kuntz 2010, « Compagnons du langage également faillibles ».
Antoine : « Rien jamais ici ne se dit facilement » scène 3 partie 2.
Refus d’écouter les autres : « Les gens qui ne disent rien, on croit juste qu’ils
veulent entendre, mais souvent, tu ne sais pas, je me taisais pour donner
l’exemple. » Antoine scène 11.
Scène 4 : 6 occurrences du verbe « comprendre » à la forme négative = difficulté
de communication.
« que nous ne savions pas te le dire (et ne pas te le dire, cela revient au même,
ne pas te dire assez que nous t’aimions, ce doit être comme ne pas t’aimer assez
»). Scène 3 Antoine Partie 2
Polyptote : Ex : Tu ne te disais rien, je sais, je te vois. Tu ne te disais rien, tu ne
pensais pas que tu me dirais quelque chose, que tu me dirais quoi que ce soit, ce
sont des sottises, tu inventes. » Partie 1scène 11.
Aposiopèse : La Mère qui évoque l’éventualité que Louis ait un enfant : « c’est
dommage, que tu ne puisses le voir./ Et si à ton tour… » ou Catherine « Parce
qu’il aurait été logique nous le savons…. » Scène 2.
« ce que je veux dire » est répété à diverses reprises, traduisant l’intention de
communiquer et la difficulté à être clair (scènes 3, 5, 8 – Première partie + scène
3 – Deuxième partie).
Tous les efforts des personnages pour communiquer montrent donc le caractère
imperfectible de la communication et on peut aller plus loin : à force de se
rectifier, de chercher le mot juste, le sens se perd et devient encore plus
inaudible : le langage se dévide. Jean Pierre Sarrazac dans Poétique du drame
moderne et court va jusqu’à parler de logo-drame dans les œuvres de Lagarce
dans lesquelles le langage devient un personnage à part entière.
Autre plan
I La crise est préexistante au silence
A- L’absence de Louis en est la cause
B- Jusqu’à la violence
Autre plan
I- La parole qui comble le silence
A- Parler par malaise
B- Mauvaise communication