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Séance 6 : Portraits et perceptions de personnages

Les portraits dans la Première Partie de JLFDM

Introduction

Au cours de son quasi-monologue dans la scène 3 de la première partie de la


pièce, Suzanne présente Louis sous un jour différent de l'ethos qu'il souhaitait se
construire dans le prologue. Il n'est pas rare dans Juste la fin du monde que les
personnages parlent des autres, en brossent le portrait. On réalise alors que
l'image qu'ils renvoient (y compris à nous, public) ne correspond pas
nécessairement à celle qu'ils se font d'eux-mêmes, ou voudraient renvoyer. Ces
portraits (subjectifs, parce qu'ils correspondent à la perception d'un autre
personnage) montrent le fossé qui s'est formé entre les membres de la famille mais
aussi que, même s'ils ne parviennent pas toujours à s'exprimer, ils se comprennent
dans une certaine mesure.

1. Portrait de Catherine (par Suzanne, scène 7)

Suzanne la réhabilite par le procédé de l’antithèse.

➢ On la croit mal à l’aise dans cette famille, écrasée par Antoine. Elle énumère
toutes les fausses idées qu’on peut avoir sur elle : « fragile, orpheline ,
tuberculeuse... »

➢ Mais la réalité est différente : « simple, claire précise, sait choisir et décider»

⇒ La phrase qui la détermine est « il ne faut pas s’y fier » (à la première


impression). Elle canalise Antoine et ses sautes d'humeurs.

2. Portrait de Suzanne (par la Mère, scène 8)

Elle paraît une éternelle adolescente, mais pour la Mère elle est en vérité :

– Une fille rêveuse : elle a de Louis une image faussée, idéalisée. Il est pour
elle une icône quasi utopique.

– Une fille sensible : elle soufre des silences de Louis ; de son incapacité à
n’offrir rien d’autre que des sourires.

– Une fille en quête de liberté. Comme Louis, elle rêve d’un ailleurs idéal
qu’elle ne trouve pas dans l’univers familial.

– Une sœur frustrée. Elle est en quête de promesses, même mensongères, de


la part d’un frère qui est loin et dont elle rêve de l’approcher.

⇒Suzanne soufre de l’absence de père. Or ce rôle de substitut du père que Louis


refuse d’endosser ; c’est Antoine qui doit l’assumer, mais en tant que cadet, elle
refuse qu’il joue ce rôle.
3. Portrait de la Mère (par Suzanne, scène 3)

Les enfants parlent peu de la Mère en son absence. Seule Suzanne ébauche
quelques traits rapides. Elle n’est pas « responsable » du drame.

4. Portrait d’Antoine (par Catherine scène 6)

Le portrait d’Antoine par Catherine contraste beaucoup avec ce que le


personnage a montré jusque-là. Très compréhensive, l’épouse présente un
Antoine très humanisé.

➢ Elle brise le préjugé de Louis « il a dû vous prévenir contre moi ». Elle


suggère que quand Antoine parle (rarement) de Louis, ce n’est jamais pour
médire.
➢ Elle évoque la souffrance d’Antoine : « Sa vie, ce n’est rien pour vous » ;
« vous connaissez sa situation ? » Antoine souffre du manque de
considération de Louis.
⇒ Il a un travail moins extraordinaire : « il doit construire des outils ». Même
elle ignore ce qu’il fait vraiment, ce qui sous entend que par honte, il n’en
parle pas.

⇒ Le portrait réalisé par Catherine suggère un Antoine complexé, qui souffre du


manque d’intérêt de la part de son aîné.

Par la mère (scène 8)

➢ Un homme fermé et colérique : il peine à communiquer, se ferme et peut


même se montrer brutal.
➢ Un homme accablé par le poids des responsabilités : il assume le rôle du
père, charge trop lourde, mais qu’il supporte depuis toujours.

⇒ Antoine est un personnage contrasté : on comprend que sa brutalité apparente


n’est qu’une manière de masquer une souffrance liée au départ de Louis, ce qui l’a
contraint à une vie qu’il ne souhaite pas.

5. Le portrait de Louis (par Antoine et Suzanne dans l’intermède)

C’est dans les scènes entre Antoine et Suzanne que le portrait de Louis est
esquissé. Comme pour la mère, le portrait n’est que très peu développé :

➢ Un être distant, insaisissable. Le thème de la fuite, de l’absence volontaire


est présenté par les deux personnages (s4).
➢ Il est « l’Homme malheureux ». Louis devient une allégorie de la souffrance
familiale. Il est à la fois la cause et la conséquence du drame qui se noue
entre les personnages.

⇒Louis est une énigme pour le frère et la sœur, qui sont proches l'un de l'autre car
ils ne se sont pas éloignés du noyau familial (ils partagent des blagues récurrentes,
comme le « ta gueule Suzanne ! »).

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