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Lecture linéaire 4 : Romain Gary, La vie devant soi.

Introduction voir séance


I- Un incipit déroutant

La première chose que je peux vous dire c'est qu'on habitait au ►incipit marqué par nombreux éléments qui indiquent début = début texte + début vie (ref au titre)
=récit rétrospectif à la 1ère pers, fausse autobiographie directement adressé au lecteur ds forme oralité
sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ces kilos
familière vous dire. Mais aucun indice sur identité du JE.
qu'elle portait sur elle et seulement deux jambes, c'était une vraie ►Mme Rosa = personnage central, portrait par touches expressives, détails signifiants, s'attachent

source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines. Elle d'abord à son physique et à ses conditions de vie : sixième à pied, tous ces kilos qu'elle portait. =
lourdeur du quotidien = difficultés sociales matérialisées par difficultés physiques. Omniprésence de
nous le rappelait chaque fois qu'elle ne se plaignait pas d'autre
l'escalier comme métaphore de la vie = pesanteur, difficulté► pourtant absence de pathétique,
part, car elle était également juive. Sa santé n'était pas bonne non tonalité humoristique, regard décalé, formules naïves : vraie source de vie quotidienne, maladresses
apparentes : coordinations car/ également / non plus sans lien logique explicite mais allusion implicite
plus et je peux vous dire aussi dès le début que c'était une femme
l'antisémitisme dont elle est victime► naiveté de l'expression mérité un ascenseur = affection et
qui aurait mérité un ascenseur. empathie pour cette femme renvoie l'image d'un narrateur enfant
incipit déroutant : absence de cadre ST clair, choix de détails apparemment anodins mais très
signifiants qui plantent un décor

II- le travail de la mémoire


Je devais avoir trois ans quand j'ai vu Madame Rosa pour la ► narration 1ère pers mais temporalité toujours floue devais avoir trois ans le lecteur doit
construire le sens de cette rencontre, à travers le souvenir de l'enfant
première fois. Avant, on n'a pas de mémoire et on vit dans
►présent vérité générale = remarque philosophique sur insouciance heureuse de l'enfance et
l'ignorance. J'ai cessé d'ignorer à l'âge de trois ou quatre ans et
perte de insouciance mais sans pathétique, parfois ça me manque euphémisation de la souffrance
parfois ça me manque. ►Effet de coq à l'âne (récit enfantin), évocation de Belleville et multiculturalité, Paris populaire
et vivant, donne des éléments sur cadre spatial
Il y avait beaucoup d'autres Juifs, Arabes et Noirs à Belleville, mais
►récurrence thème obsessionnel des escaliers = pesanteur de la vie, coordination mais établit
Madame Rosa était obligée de grimper les six étages seule. Elle
antithèse entre beaucoup d'autres / seule, qui insiste sur solitude du pers ► évocation mort dans
un effet de réel pathétique : mourir dans l'escalier mais tjs atténué par note comique, comme si
disait qu'un jour elle allait mourir dans l'escalier, et tous les mômes larmes " sur commande" parce que c'est ce qu'on fait toujours quand quelqu'un meurt ►

se mettaient à pleurer parce que c'est ce qu'on fait toujours quand présence centrale ici des enfants : insistance sur nombre tous les mômes, six ou sept tantôt
même plus. Le lecteur comprend que Mme Rosa accueille chez elle des enfants placés, en
quelqu'un meurt. On était tantôt six ou sept tantôt même plus là-
nombre important = générosité malgré les difficultés sociales et physiques.
dedans. ►là-dedans péjoratif : lieu évoqué de façon floue suggère espace informe, peut-être non adapté
ou insalubre

III- une figure maternelle

Au début, je ne savais pas que Madame Rosa s'occupait de moi ► focus sur le narrateur et sa relation avec Mme Rosa, CCBut comme révélation seulement pour
toucher un mandat = fin de l'innocence exprimé par mots d'enfants, mandat payer = prise de
seulement pour toucher un mandat à la fin du mois. Quand je l'ai
conscience d'une réalité brutale : l'affection n'est pas désintéressée, il est l'objet d'un commerce,
appris, j'avais six ou sept ans et ça m'a fait un coup de savoir que
l'amour qu'elle lui porte n'est pas inconditionnel
j'étais payé. Je croyais que Madame Rosa m'aimait pour rien et ► expression de la déception, du traumatisme même mais dans un voc simple et familier ça m'a
fait un coup de savoir récit 1ère souffrance, perte illusion d'enfance je ne savais pas , je croyais.
qu'on était quelqu'un l'un pour l'autre. J'en ai pleuré toute une nuit
Expression désillusion d'autant plus touchante que c'est la voix d'un enfant que nous fait entendre
et c'est mon premier grand chagrin.
la narration ► moment présenté comme crucial : fin innocence et insouciance, présence larmes
Madame Rosa a bien vu que j'étais triste et elle m'a / chagrin
expliqué que la famille, ça ne veut rien dire et qu'il y a en a même ► Mme Rosa au discours indirect exprime empathie à travers la comparaison implicite enfants
qui partent en vacances en abandonnant leurs chiens attachés à des et chiens. On comprend alors que narrateur est un enfant abandonné et placé, qu'elle a recueilli.
arbres et que chaque année il y a trois mille chiens qui meurent À travers cette réflexion pessimiste sur l'égoïsme de la nature humaine on devine au contraire la
ainsi privés de l'affection des siens. Elle m'a pris sur ses genoux et générosité du personnage dont le portrait moral se construit à petites touches. ►paroles et gestes
elle m'a juré que j'étais ce qu'elle avait de plus cher au monde mais expriment l'humanité du personnage, son amour à travers l' hyperbole plus cher au monde scène
j'ai tout de suite pensé au mandat et je suis parti en pleurant. extrêmement touchante mais sans pathétique, tjs effet décalage avec retour réalité brutale pensé
au mandat ... pleurant. Incipit : univers sombre atténué par humour
Cet incipit est tout autant déroutant par le flou temporel que par la voix narrative surprenante, dont certaines fausses maladresses ou naïvetés évoquent
celles d'un enfant. Il s'agit en effet du début d'une fausse autobiographie où le narrateur revient sur le parcours de vie de Momo, un enfant placé, dans
un quartier populaire de Paris et de sa relation avec Mme Rosa, une mère de substitution. L'humour et les effets de décalage permettent d'aborder les
questions fondamentales de la construction de l'individu, du besoin d'amour ainsi que de la perte des illusions de l'enfance de façon nouvelle, sans
tomber dans le pathétique. Cet incipit laisse entrevoir de nouvelles figures de personnages en marge, des exclus de la société : un enfant abandonné,
une vieille femme obèse qui vit dans la misère. Pour autant ces personnages dégagent bcp de tendresse et d'humanité, ils sont des héros de l'ordinaire.

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