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Introduction :
La pièce de théâtre Juste la fin du monde est une pièce contemporaine parue en 1990 et qui
pourrait se rapprocher du théâtre de l’absurde. Elle fut écrite par Jean Luc Lagarce, un comédien,
metteur en scène, directeur de troupe et dramaturge français et malgré le fait qu’il soit mort le 30
septembre 1995, il est aujourd’hui l’un des auteurs contemporains les plus joué en France. L’œuvre
quant à elle traite de retrouvailles entre le protagoniste Louis qui va mourir et sa famille après 12 ans
d’absence mais alors que Louis souhaitait leur annoncés sa mort prochaine, de vieilles querelles
familiales vont refaire surface. On est donc dans une tragédie. La scène que nous tâcherons d’étudier
est la scène 9 de la partie 1.
Le texte peut être séparé en 4 mouvements, la langueur, Suzanne tente de s’affirmer, rivalité entre
les deux frères et une union impossible
(Prof)
(Internet)
(Prof)
Remise en cause des conventions / cela va avec sa jeunesse et son esprit de rébellion
Violente opposition à son frère aîné
Discours virulent / emploi d'un langage vulgaire (triade répétitive)
Gradation
Didascalie sous-entendue (le geste du bras d'honneur / son départ suggéré par la réplique de
la mère: « ne la laisse pas partir ») ? »)
Rythme ternaire (« compris ? Entendu ? Saisi ? »)
(Internet)
Suzanne plus jeune (21 ans mentionnent les didascalies initiales) symbolise la génération
de l’immédiateté, qui ne supporte pas la médiation du vouvoiement, le poids
des traditions et des relations sociales.
Elle remet ainsi en cause l’emploi du vouvoiement par Catherine : « Tu vas le vouvoyer
toute la vie, ils vont se vouvoyer toujours ? ». La répétition en miroir des deux
propositions souligne l’impatience de Suzanne.
Son discours la rattache à l’adolescence comme le montre l’interjection
grossière (« Mais, merde toi à la fin ») et la forme négative (« Je ne te cause pas, je ne te
parle pas, ce n’est pas à toi que je parle») qui souligne une posture d’opposition à
l’autorité familiale caractéristique de l’adolescence.
La gradation ternaire « Je ne te cause pas, je ne te parle pas, ce n’est pas à toi que je
parle ! » annonce la montée de la colère qui va exploser.
Suzanne reproche à Antoine d’être intervenu. Le champ lexical de la parole (« cause »,
« parle » « je parle » , « tu me parles » « racontes ») montre que la parole se libère et
que les tensions pulsionnelles reviennent à la surface.
La querelle s’envenime avec la question rhétorique d’Antoine : « Comment est-ce que tu
me parles ? »
Le pronom interrogatif « comment » met en cause la manière dont Suzanne énonce ses
propos, soulignant l’incapacité du langage, dans sa forme même, à réconcilier les
individus.
La parole d’Antoine est en forme de chiasme, c’est à dire de structure ABBA : « Elle veut
avoir l’air / c’est parce que Louis est là, c’est parce que tu es là / tu es là et elle veut avoir
l’air ». Cette structure fermée souligne la volonté d’Antoine de contrôler Suzanne.
Antoine infantilise Suzanne en lui reprochant de changer son comportement en présence
de Louis.
Suzanne se révolte contre ce corset comme en témoigne la multiplication
des interrogations et exclamations. Sa parole est placée sous le signe de
la répétition selon le modèle A B A B : « Qu’est-ce que ça a à voir avec Louis, / qu’est-ce
que tu me racontes ? / Ce n’est pas parce que Louis est là / qu’est-ce que tu dis ? »)
Ces répétitions témoignent d’une parole enfantine et hystérique avec un rythme
ternaire qui montre la colère du personnage (« Merde, merde et merde encore ! » /
« Compris ? entendu ? saisi ? »).
Sa dernière réplique fonctionne comme une didascalie interne enjoignant l’acteur à
effectuer le geste : « Et bras d’honneur si nécessaire ! Voilà, bras d’honneur ».
La dispute qui se déclenche au départ sur un mot (« ils font ce qu’ils veulent » )
contamine tous les sujets (le comportement de Suzanne, Louis) et va jusqu’à la violence
physique symbolisée ici par le geste grossier.
La phrase prononcée par la Mère (« Ne la laisse pas partir ») est aussi une didascalie
interne qui suggère un jeu de scène, celui du départ fracassant de Suzanne de la scène
familiale.
Antoine adopte la voix du père qui connaît ses enfants et leurs sautes d’humeur, avec le
futur de l’indicatif : « Elle reviendra ».
(Prof)
Antoine singe son frère pour le ridiculiser de façon puérile
La rivalité fraternelle (thème récurrent au théâtre) éclate dans cette scène et rappelle
sûrement leurs disputes d'enfants
La réponse de Louis est polysémique (se moquer ou plaisanter ?)
Lagarce laisse le choix de l'interprétation à ses lecteurs
(Internet)
Louis répond à la question de Catherine qui a occasionné cette scène de crise : « Oui, je
veux bien, un peu de café, je veux bien. ».
La réponse différée de Louis montre que la famille est fractionnée, fracturée comme si
les personnages ne parvenaient à entrer en communication.
Cette réponse, qui intervient après la crise, a également quelque chose de comique,
comme dans le théâtre de l’absurde de Samuel Beckett (dans En attendant Godot par
exemple) où le tragique côtoie le burlesque.
Antoine répète alors mot pour mot la phrase de Louis « Oui je veux bien un peu de café,
je veux bien » comme le font les jeunes enfants qui se provoquent. L’imitation est
ironique et a pour but de réactiver la rivalité fraternelle.
La réponse de Louis (« Tu te payais ma tête ») peut avoir plusieurs sens. « Se payer la
tête de quelqu’un » signifie bien sûr se moquer de lui, et Louis rappelle à son frère qu’il
n’est pas dupe de son intention.
Mais on peut aussi voir une touche humoristique de Lagarce dans le choix de cette
expression.
Cette famille ressemble à une cour parodique, avec trois générations successives
d’hommes qui portent le prénom de Louis, comme dans la royauté française. Or Antoine
voudrait se « payer la tête » du frère aîné, comme Philippe Égalité a voté la mort du roi
Louis XVI, guillotiné en 1793.
Mais l’imparfait surprend dans la réplique de Louis : « Tu te payais ma tête, tu essayais ».
Ce temps du passé suggère que Louis mate la révolution et remet son frère à sa place.
Antoine. - Tous les mêmes, vous êtes tous les mêmes ! Suzanne !
Catherine. - Antoine ! Où est-ce que tu vas ?
La Mère. - Ils reviendront.
Ils reviennent toujours.
Je suis contente, je ne l'ai pas dit, je suis contente que nous
Soyons tous là, tous réunis.
Où est-ce que tu vas ?
Louis !
(Prof)
(Internet)
Conclusion :
Ouverture :
- Ainsi les rapports familiaux sont compliqués tel que dans la tragédie grecque Antigone de
Jean Anouille