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TITRE DU TEXTE n°13 : La dispute entre Suzanne et Antoine

(scène 9):

INTRODUCTION :

ACCROCHE : Regarder Le prologue

CONTEXTE : Regarder Le prologue

EXTRAIT ETUDIE : Cet extrait se situe lors de la scène 9 de la partie 1 de la pièce, durant
cette scène, les membres du clan familial se retrouvent autour d’une table. Mais cette scène
montre la force centrifuge qui anime cette famille. (centrifuge = qui s’éloigne du centre)

PROBLEMATIQUE : On peut se demander Comment cette scène montre-t-elle l’échec des


retrouvailles familiales ?

PLAN DE LECTURE LINEAIRE : Pour ce faire, nous étudierons d’abord le 1 er mvt du début
du texte à « Elle reviendra » ligne 21, où nous verrons Suzanne se rebeller contre le poids des
conventions sociales et de la famille.

Puis le 2ème mvt, de « Oui, je veux bien, un peu de café, je veux bien. », ligne 22 à «Tu te
payais ma tête, tu essayais » ligne 25 , où la rivalité fraternelle entre Antoine et Louis est
réactivée.

Enfin, le 3ème mvt, de « Tous les mêmes » ligne26 à « Catherine reste seule » ligne 30, où le
spectateur assiste à un éclatement de la famille.

CONCLUSION : Les retrouvailles familiales sont généralement dominées par un


mouvement centripète autour de la figure parentale.
Ici, c’est le contraire qui survient : la famille est animée par un mouvement centrifuge
vers l’extérieur, comme si tous les personnages était littéralement expulsés de scène par
une force incontrôlable : la rébellion de la jeunesse, la rancune, la rivalité fraternelle,
la désunion foncière d’une famille en crise.
Seule reste sur scène Catherine, l’étrangère de la famille, celle qui est liée à la famille
non pas le sang mais par alliance.
MOUVEMENT 1 : LA RÉBELLION DE SUZANNE :

EXTRAIT NOM DU ANALYSE DE L'EFFET PRODUIT


PROCÉDÉ

« Mais, merde
toi à la fin » Interjection L’interjection grossière « Mais, merde toi à la fin » à la
« je ne te cause grossière première ligne et la forme négative « Je ne te cause
pas, je ne te forme pas, je ne te parle pas, ce n’est pas à toi que je parle »
parle pas, ce négative souligne une posture d’opposition à l’autorité familiale de
n’est pas à toi la part de Suzanne caractéristique de l’adolescence.
que je parle »
« je ne te cause
pas, je ne te une La gradation ternaire « je ne te cause pas, je ne te
parle pas, ce gradation parle pas, ce n’est pas à toi que je parle ! » annonce la
n’est pas à toi ternaire montée de la colère qui va exploser.
que je parle »
« cause », « je Suzanne reproche à Antoine d’être intervenu. Le champ
ne te parle pas » Champ lexical de la parole « cause », « je ne te parle pas » « je
« je parle » lexical de la parle », l.2 « dit » l.6 «racontes » l.14 montre que la
« dit » l.6 parole parole se libère et que les tensions pulsionnelles
«racontes » reviennent à la surface.
« Comment est-
Question La querelle s’envenime avec la question rhétorique
ce que tu me
réthorique d’Antoine : « Comment est-ce que tu me parles ? »
parles ? »
Le pronom interrogatif « comment » l.7 met en cause la
« Comment est- Pronom
manière dont Suzanne énonce ses propos, soulignant
ce que tu me interrogatif
l’incapacité du langage, dans sa forme même, à réconcilier
parles ?» « comment »
les individus.
« Elle veut avoir
La parole d’Antoine l.10-12 est en forme de chiasme,
l’air, c’est parce
que Louis est là, c’est à dire de structure ABBA : « Elle veut avoir l’air /
c’est parce que Chiasme c’est parce que Louis est là, c’est parce que tu es là / tu
tu es là, tu es là es là et elle veut avoir l’air » Cette structure fermée
et elle veut avoir souligne la volonté d’Antoine de contrôler Suzanne.
l’air. »
Antoine infantilise Suzanne en lui reprochant de
changer son comportement en présence de Louis.
Interrogation Suzanne se révolte contre ce corset comme en témoigne
/ la multiplication des interrogations et exclamations ligne
exclamations 13/14/15. Sa parole est placée sous le signe de la
l.13/14/15
/ répétition selon le modèle ABAB : « Qu’est-ce que ça a à
répétition voir avec Louis / qu’est-ce que tu racontes ? / Ce n’est
ABAB pas parce que Louis est là / qu’est-ce que tu dis ? »
« Merde, merde
et merde Ces répétitions ligne 16/17 témoignent d’une parole
encore ! » / enfantine et hystérique avec un rythme ternaire qui
répétitions
« Compris ? montre la colère du personnage « Merde, merde et
Entendu ? merde encore ! » / « Compris ? Entendu ? Saisi ? »
Saisi ? »
« Et bras
d’honneur si « fausse » Sa dernière réplique fonctionne comme une didascalie
nécessaire ! didascalie interne enjoignant l’acteur à effectuer le geste : « Et
Voilà, bras interne bras d’honneur si nécessaire ! Voilà, bras d’honneur »
d’honneur »
La dispute qui se déclenche au départ sur un mot « ils
font ce qu’ils veulent » contamine tous les sujets (le
comportement de Suzanne/Louis) et va jusqu’à la violence
physique symbolisée ici par le geste grossier.

La phrase prononcée par la Mère « Ne la laisse pas


une
« Ne la laisse partir » l.19 est aussi une didascalie interne qui
didascalie
pas partir » suggère un jeu de scène, celui du départ fracassant
interne
de Suzanne de la scène familiale.

Antoine adopte la voix du père qui connaît ses enfants


« Elle Futur de
et leurs sautes d’humeur, avec le futur de l’indicatif :
reviendra » l’indicatif
« Elle reviendra » l.21

MOUVEMENT 2: LA RIVALITÉ FRATERNELLE :

EXTRAIT NOM DU ANALYSE DE L'EFFET PRODUIT


PROCÉDÉ

« Oui, je veux Dans ce début du 2ème mvt Louis répond à la


bien, un peu de question de Catherine qui a occasionné cette scène
café, je veux de crise : « Oui, je veux bien, un peu de café, je veux
bien » bien » l.22 La réponse différée de Louis montre que la
famille est fractionnée, fracturée comme si les
personnages ne parvenaient à entrer en communication.
Cette réponse, qui intervient après la crise, a également
quelque chose de comique, comme dans le théâtre de
l’absurde de Samuel Beckett où le tragique côtoie le
burlesque.
Antoine répète alors mot pour mot la phrase de Louis
« Oui je veux
« Oui je veux bien un peu de café, je veux bien »l.23
bien un peu de
comme le font les jeunes enfants qui se provoquent.
café, je veux
L’imitation est ironique et a pour but de réactiver la
bien »
rivalité fraternelle.
La réponse de Louis « Tu te payais ma tête »l.25 peut
avoir plusieurs sens. « Se payer la tête de quelqu’un »
« Se payer la
signifie bien sûr se moquer de lui, et Louis rappelle à son
tête de
frère qu’il n’est pas dupe de son intention.
quelqu’un »
Mais on peut aussi voir une touche humoristique de
Lagarce dans le choix de cette expression.
« Tu te payais Mais l’imparfait surprend la réplique de Louis : « Tu te
ma tête, tu Imparfait payais ma tête, tu essayais ». Ce temps du passé suggère
essayais » que Louis n’en veut pas réellement à Antoine.

MOUVEMENT 3 : L’ÉCLATEMENT DE LA FAMILLE :

EXTRAIT NOM DU ANALYSE DE L'EFFET PRODUIT


PROCÉDÉ

Antoine quitte la scène, reproduisant le geste de


« Antoine ! Où « fausse »
Suzanne comme le suggère la réplique de Catherine qui
est-ce que tu didascalie
fonctionne comme une didascalie interne « Antoine ! Où
vas ? » interne
est-ce que tu vas ? » l.27
La Mère voyant Suzanne et Antoine partis déclare « Ils
« Ils
reviendront. Ils reviennent toujours »l.28. Avec le futur
reviendront. Ils Futur de
de l’indicatif, la Mère reprend ici le rôle de la Pythie qui
reviennent l’indicatif
connaît l’avenir. Elle semble sûre d’avoir suffisamment
toujours »
tissé sa toile pour que ses enfants ne lui échappent pas
« Je suis
Mais la situation est d’une ironie tragique. Au moment où
contente que
la Mère dit l’unité familiale, à la 1re personne du pluriel
nous soyons tous ironie
« Je suis contente que nous soyons tous là réunis »l.28,
là réunis »« Où tragique
tout le monde quitte la scène, y compris Louis « Où est-
est-ce que tu
ce que tu vas ? Louis ! » l.29
vas ? Louis ! »
La didascalie précise à la fin de la scène que « Catherine
didascalie reste seule » l.30. On devine donc que la Mère, elle aussi,
quitte la scène.

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