Vous êtes sur la page 1sur 5

TITRE ET RÉFÉRENCE DU TEXTE n°10 : Nana

INTRODUCTION :

ACCROCHE : Le corps est la première et la dernière frontière de la rébellion." écrivait le


poète Charles Bukowski. Cette citation pourrait parfaitement s'appliquer à l'extrait que nous
allons étudier, tiré du roman Nana d'Emile Zola.

CONTEXTE : Celui-ci est le neuvième roman de la série des Rougon-Macquart, qui explore les
différentes facettes de la société française sous le Second Empire. Dans ce roman, Zola
s'intéresse au monde du spectacle parisien et à ses coulisses, où se côtoient artistes,
journalistes, hommes d'affaires et prostituées. Le personnage de Nana, une jeune fille issue
des milieux populaires, devient une vedette du théâtre en raison de son charme et de sa
beauté. Cependant, sa quête effrénée de plaisir et son désir de séduire les hommes la
conduisent à sa perte.

EXTRAIT ETUDIE : L'extrait que nous étudions se situe au chapitre 7 de Nana. Le


personnage éponyme est présenté dans une scène de nudité et de sensualité observée par le
personnage de Muffat, qui éprouve à la fois de l'attirance et de la répulsion pour la jeune
femme. Cet extrait ne manque pas de surprendre, voire de choquer. Mais au-delà de cette
apparence superficielle, quelle signification peut-on donner à cette mise en scène ? Dans
quelle mesure peut-on dire que la danse sexuelle de Nana transgresse l'ordre établi ? Nous
allons tenter de répondre à cette question en analysant l'extrait en deux mouvements :
d'abord la mise en scène de Nana, de la ligne 1 à 17 puis la posture du voyeur, entre attirance
et répulsion de la ligne 17 à 20.

A NOTER : Cette scène est en lien avec des peintures de l’époque où le corps est représenté
et mis en avant. Comme les peintures impressionnistes de Manet dont Olympia qui dépeint une
femme dénudée regardant avec effronterie le spectateur, consciente de livrer sa nudité à
tout publique. Ce tableau peint en 1863 constitue une transgression de l’esthétique qui est à
l’image d’un bouleversement des mœurs. Le corps féminin devient au centre de toutes les
attentions, et de la mode qui est en essor.

CONCLUSION : Zola veut décrire dans son œuvre littéraire la réalité du Second Empire.
Le portrait de Nana devient donc le miroir d’une société qui subit, au XIXe siècle, la
décadence et la corruption bouleversant les mœurs et les mentalités. Premièrement, le
narrateur n’hésite pas à marquer les méfaits de la sexualité en affirmant que « Muffat avait
conscience de sa défaite, il la savait stupide, ordurière et menteuse, et il la voulait, même
empoisonnée ». La vision péjorative de la femme est évidente mais notons également son effet
sur Muffat qui désormais voudra la posséder coûte que. Si « en trois mois, elle avait corrompu
sa vie, il se sentait déjà gâté jusqu’aux moelles par des ordures qu’il n’aurait pas
soupçonnées », « tout allait pourrir en lui ». Mais le texte prend alors une portée universelle
en révélant que l’Homme est soumis à des pulsions. La femme exerçant un pouvoir sexuel
ramène alors l’homme face à ces forces obscures.

MOUVEMENT 1 : LA MISE EN SCÈNE DE NANA :

EXTRAIT NOM DU ANALYSE DE L'EFFET PRODUIT


PROCÉDÉ

D’abord le verbe conjugué au passé simple « leva » annonce


le focus sur le corps de Nana comme un levé de rideau.
« Nana s’était Jugemen Dès le début de la scène, je cite «  ». Ce Jugement admiratif
absorbée dans t a une connotation idéalisé de l’ordre du sacré, qui dépasse la
son ravissement admirati normalité.
d’elle-même » f
« le trouvant
sans doute drôle
et joli », « l’air
Avec cela, Zola utilise les Termes «  » ce qui soulignent le
étonné et
Termes plaisir narcissique de la jeune femme s’admirant. Plus loin dans
séduit », « se
le texte, elle parle même d’un rire amoureux
plaire au
singulier jeu de
se balancer »
« les yeux », « le
cou », « hanche
droite »,
« doigt »
« corps », Ensuite Nana allégorie de la chaire convoque le lecteur dans
« bras » l’intimité du corps grâce à l’expression de Parties corporel
Parties
« torse », précises tel que « »
corporel
« taille »,
précises
« gorge »,  Cet éloge du corps fait référence au blason poétique du corps
« cuisses », de la Renaissance.
« genoux »,
« taille »,
« reins »,
« ventre »
Zola tel un médecin, met à nue ce que l’on n’ose pas donner à
voir et parcourt le corps de Nana dans tous les détails sous
une connotation sensuelle. Ce dévoilement rappelle le tableau
de Courbet : l’origine du monde.
« saillir » Le à une connotation animale comme l’étalon qui sailli une jument.
Ce n’est pas par hasard que Zola fait cette description : il
s’intéresse en effet à la nature humaine, au comportement
humain.
verbe
Le verbe saillir fait déjà référence tel une prolepse à ce qu’il
va se passer par la suite entre les 2 personnages. Zola
dénonce le vice, la brutalité.
Le Nom propre « » est une analepse à son jeu de scène.
Nom La « Vénus grasse » constituant un oxymore fait une rupture
« Vénus »
propre entre la mise en scène d’un corps généreux, voluptueux et
d’un corps sal
« yeux » champ
Ce texte présente l’écriture naturaliste de Zola. En effet
« regardant », lexical
dans le 1er paragraphe, il utilise le champ lexical de la vue
« étudia »,  de la
comme avec les mots « »
« examinant », … vue
Dans ce 1er paragraphe, nous pouvons observer un mouvement
crescendo, une gradation dans la représentation du corps ; qui
aboutit à la représentation de Nana en une almée ; figure de la
femme fatale qui fait référence à la figure biblique de Salomé
dansant devant Hérode. Nous pouvons alors faire un parallèle
entre fascination et aliénation et souligner ainsi la menace que
Nana représente pour la société

CONCLUSION DU MVT 1: Pour conclure ce 1er mouvement nous pouvons dire que ce
portrait au miroir est à la fois très traditionnel puisqu’il respecte les codifications de genre
et de l’écriture réaliste mais offre également à travers une vision métamorphosante mêlant la
putréfaction et l’empoisonnement au corps de la femme.

MOUVEMENT 2 : POSTURE DU VOYEUR : ENTRE ATTIRANCE ET RÉPULSION :

EXTRAIT NOM DU PROCÉDÉ ANALYSE DE L'EFFET PRODUIT

Pour le 2ème mouvement, nous pouvons voir que Dans cette


scène le compte a été exclu de la possession érotique du corps
« contem verbe conjugué de Nana, par l’attitude narcissique de celle-ci. En effet dès le
plait » à l’imparfait début du 2ème mouvement, nous pouvons voir, l’utilisation du
verbe conjugué à l’imparfait « contemplait » qui montre la
fascination qu’à Muffat pour Nana.
«Elle lui l’extrait Pourtant, paradoxalement, l’extrait suivant «Elle lui faisait
faisait suivant peur » ligne 16 montre l’effroi du comte pour la jeune femme
peur » et l’emprise que celle-ci a pour lui. Il y a donc un réel
contraste entre ces 2 phrases courtes juxtaposées qui
révèlent les émotions contradictoires du comte
« Ne A la fin du texte, Cet état ambivalent est d’ailleurs signalé
pouvant la phrase explicitement par le narrateur. D’abord par la phrase
détourner négative  négative : « Ne pouvant détourner les yeux » qui montre à
les yeux » nouveau la fascination du personnage.
Puis, par le nom commun « dégoût » qui est symbolique de sa
« dégoût 
le nom commun peur et de son basculement dans la déchéance. Il est
»
conscient du pêcher mais a perdu le contrôle de la situation.
La sensualité de la danse transgressive introduit un désordre
social. Elle risque d’entraîner le comte dans le chaos

Le mot polysémique « ferment » est utilisé ici de manière


« ferment  Le mot
métaphorique pour décrire l'influence pernicieuse de Nana sur
» polysémique
la vie de Muffat et sur la société dans laquelle il évolue.
"lui
empoisonn
La gradation "" décrit l'impact destructeur que la présence
é, sa
de Nana a sur la vie de Muffat et même au-delà. La première
famille
étape, "lui empoisonné", met en évidence l'effet toxique de la
détruite, relation entre Muffat et Nana. La destruction de la famille de
un coin de Muffat représente la conséquence directe de cette
La gradation
société corruption, tandis que l'effondrement d'un "coin de société"
qui indique une répercussion plus large de cette dépravation sur la
craquait communauté environnante. Cela peut être interprété comme
une allusion au déclin moral de la société bourgeoise française
et
du Second Empire.
s'effondr
ait"
Enfin les verbes conjugués à l’imparfait « craquait » et
« craquait  « s’effondrait » révèle l’ascension consciente du comte vers
les verbes
», sa chute qui a pour cause son penchant pour la luxure. Cela
conjugués à
« s’effond ainsi que la déchéance du corps de Nana constituent une
l’imparfait
rait » critique du monde basé sur l’apparence et une critique de la
société corrompu du libertinage
CONCLUSION DU MVT 2: Muffat se retrouve ainsi aliéné entre le désir, l’admiration et le
dégoût. Et c’est cela qui constitue le paradoxe de notre personnage masculin face à la femme
fatale

* La notion d'aliénation est généralement comprise, en philosophie, comme la dépossession de


l'individu, c'est-à-dire la perte de sa maîtrise, de ses forces propres au profit d'un autre
(parent, individu, groupe ou société en général). Il renvoie ainsi fréquemment à l'idée d'une
inauthenticité de l'existence vécue par l'individu aliéné

Vous aimerez peut-être aussi