Vous êtes sur la page 1sur 5

TITRE ET RÉFÉRENCE DU TEXTE : L’astragale

INTRODUCTION :

ACCROCHE : Je vais vous présenter un texte du roman l’Astragale, publié par Albertine
Sarrazin en 1965 et écrit d’un seul jet au printemps 1964  durant l'une de ses nombreuses
détentions pénales. Dans ce livre au titre surprenant, on y trouve, un récit autobiographique
racontant l’histoire d’une femme rebelle mais également décrivant son intimité, sa vie de
femme errante, hors la loi. Par l’écriture Albertine Sarrazin, auteure narratrice et
personnage principal arrive à exister, à trouver son entité en tant que femme. Elle sort des
conventions, de la norme de la femme objet ce qui constitue une notion de marginalité.

CONTEXTE : A la sortie du roman le milieu intellectuel était réticent face à cette œuvre à
cause de son écriture argotique décrivant une errance féminine d’un milieu populaire et
carcéral.

EXTRAIT ETUDIE : Le passage que nous allons étudier succède au retour de l’héroïne dans
la délinquance suite à l’absence de son amant Julien. Elle se prostitue donc et fait une casse,
non seulement pour survivre mais aussi pour épargner en vue d'une vie commune dès la
libération de Julien. L'un de ses clients, Jean devient son "régulier", qui, dans cet extrait,
l’héberge car elle vient de se faire voler une partie du butin qu’elle avait caché dans son
ancienne planque

PROBLEMATIQUE : Nous nous demandons alors, comment, Anne revendique-t-elle son


caractère marginal tout en montrant sa difficulté de vivre ?

MOUVEMENTS :
1 : Un refuge précaire
2 :

CONCLUSION : Dans cet extrait, la protagoniste et narratrice Anne viens à employer


plusieurs modes de désobéissance :
 L’errance géographique, l’amobilité, l’espace nomade
 L’errance judiciaire : le vol : les billets métonymie du vol
 L’errance sociale : normative : la prostitution l’amour et l’argent
 L’errance discursive : le brouillage de la narration : l’écriture carcérale
Ce texte singulier met en lumière une écriture autre. Albertine Sarazin produit un discours
original, singulier qui lui appartient. Son écriture est une manière de rester en liberté, de
s’émanciper en tant que femme. Celle-ci correspond à une révolté, qui en racontant son
errance s’est affranchi de la norme de sédentarité et de normalité. Cet extrait est très
dynamique car il procède par ellipse, juxtaposant des sentiments multiples opposés et
contradictoires.

MOUVEMENT 1 : UN REFUGE PRÉCAIRE :

EXTRAIT NOM DU PROCÉDÉ ANALYSE DE L'EFFET PRODUIT

« Je » 1ère personne Convoque le lecteur dans un récit intime, autobiographique


Permet la visualisation d’un petit chez soit précaire qui n’est
« aperçois  Présent
pas celui de Anne car elle ne possède de lieu fixe, ce qui
» d’énonciation
marque la figure de femme errante
« paquets  L’accumulation,
» la
Ont une connotation péjorative, accentuée par les verbes
« tablette  superposition
conjugués à l’infinitif « graisser » et « couler » qui proposent
» de nourriture
aux lecteurs des sensations pour mieux visualisé la scène.
« gâteaux  dans le
» désordre
La
juxtaposition Marque une écriture orale, elliptique qui n’est pas normative.
« - », « -
de proposition Elle transgresse donc la norme de l’écriture, prend des
»
à l’aide de libertés
tirets
« je fond Montre qu’elle tombe dans l’émotion et témoigne d’une notion
en L’extrait de lyrisme. Albertine Sarrazin mélange donc différents
hoquets » registres.
Le verbe Indique l’intimité spontanée et partagée entre Anne et Jean,
« fond »
d’action son client
Témoigne de l’alliance de sensualité entre la prostitué et son
« lisser », 
client. Cela montre aussi qu’il possède une expérience
« entoure Les verbes
similaire, il y a un rapprochement non seulement moral mais
r », conjugués à
aussi physique : ce vocabulaire du corps constitue peut-être
« embrass l’infinitif
une litote de l’acte charnel. Ces signes sont peut-être des
er »
traces d’une souffrance enfouie invisible de la part d’Anne
Le geste machinal annonce la rupture avec Jean pour Julien,
son réel amour
« Je ne L’utilisation du
t’avais plus que
Prouve l’humanité de la femme hors la loi, forte qui s’effrite
jamais vu parfait avec
pleurer » l’extrait
« Eh L’interjection Constitue une fonction phatique du langage : des termes sans
bien » valeur qui permettent de créer tout de même une interaction
avec l’interlocuteur. Dans son écriture, Sarrazin fait un va et
vient entre une écriture instinctive, vivante et une écriture
plus soutenu voir par moment poétique
Transgressant la norme académique par l’utilisation de l’argot
notamment avec le verbe « caner », l’auteure convoque le
lecteur à découvrir une parole carcérale
Souligne donc à la fois la répulsion d’un amour complexe. En
Ce discours effet, d’un côté, elle accepte le don mais est toujours dans le
oral retrait.

L’hésitation est marquée dans l’écriture même d u texte,


« … » Ponctuation grâce aux points de suspension correspondant aux blancs
typographique de l’oralité

CONCLUSION DU MVT 1: Ce décor qui est posé est réaliste met en lumière le décor d’un
milieu populaire voire pénitentiaire. Le récit en focalisation interne marqué par la reprise
anaphorique de la 1ère personne crée une intimité entre la narratrice et le lecteur, comme
une confidence. Cela montre aussi qu’elle est sujette du discours, elle est narratrice,
personnage et auteure. Les expériences d’errances et de transgressions racontées au fil du
récit font donc écho à celles vécu par Sarrazin entre son évasion et son retour en prison

MOUVEMENT 2 : UN REFUGE PRÉCAIRE :


C

EXTRAIT NOM DU PROCÉDÉ ANALYSE DE L'EFFET PRODUIT

« le
divan », Retour dans l’aspect quotidien avec l’utilisation des
Groupe
« le Qui connotent encore une fois les baffons de la vie populaire
Nominaux
journal et qui rappelle les désordres du début
sale »
La
juxtaposition
« aperçois  Témoigne d’une écriture incisive, elliptique, d’une errance dans
de phrase sans
» l’écriture certainement dû à son parcours différent
connecteur
logique
Dans la manière d’écrire, elle montre une confusion, marqué
par un brouillage temporel narratif : qui crée un désordre
dans la manière de raconter.
Au début de la phrase, la narration est au présent avec le
verbe « je jette » puis le récit est marqué par une analepse
avec l’utilisation de l’apostrophe « Rollande » Anne se souvient
de la femme qu’elle a rencontré en prison et qu’elle devait
rejoindre. Mais cela n’a pas pu se faire à cause de la
rencontre avec Julien
S’adresse à cette amie qu’elle a croisé en prison et avec qui
Le verbe
elle a eu une relation intime. La comparaison « comme un jeu
«  triomph conjugué à
de cartes » crée un lien avec le passé, avec le moment où elle
e  » l’impératif
jouait aux cartes avec Rollande. Avec cette apostrophe elle
présent
insert donc du discours indirecte libre
«  ma Les 2 groupes Rappel l’image de son handicap et de son emprisonnement, un
cheville » nominaux élément récurrent dans toute l’histoire
Le verbe
conjugué au Marque le constat qu’elle est empêchée d’aller de l’avant à
«  a  »
présent cause de son handicap
d’énonciation
Avec les Le champ
Fais référence à la défiguration du corps, le participe passé
mots lexical
« rafistolée » signifie réparer grossièrement comme les
«amochée péjoratif qui
morceaux de sa vie qu’elle a recollé grâce à l’écriture qui est
»,«rafisto fait référence
elle aussi rafistolée
lés» au corps
«  salemen Alors que l’insalubrité est décrite, l’adverbe miraculeusement
t  »et Les adverbes qui a une connotation religieuse fait référence à se rencontre
«  miracul constituent une avec Julien. Cet aspect montre que Julien, un inconnu lui a
eusement  antithèse permis de sortir de cette errance, lui a montré le chemin de la
» résilience
«  amour Le groupe Désigne son amour du passé : Rollande qui est « à demi-mort
frelaté  » nominal d’oubli », Anne est consciente qu’elle n’a pas de regret
«  braise  Permet un mélange des registres, elle désigne l’argent en
La métaphore
» surabondance mais aussi fait référence à leur amour
«Je
pousse les
dernières
L’utilisation du
liasses Registre orale
témoigne du rejet de toute une partie de sa vie et donc d’une
pour et de l’argot
tension entre le désir de transgresser et les difficultés à
qu’elles Avec la phrase
vivre cette vie
tombent
par
terre»
«  logeuse  Le mot Montre que la vie intime, privée et clandestine de Anne ne
» doit pas devenir publique ; et permet le constat sombre et
tragique que c’est une femme seule
Atteste de la reprise de la femme rebelle et donc de la
«  Viens  » L’impératif
description d’un personnage complexe rempli de contradictions
Pas noté demander à dimitri / Manoe
Possède une connotation ambigüe, relève du corps, du dégoût
«  excite 
Ici le verbe de la femme et est associé au déterminant « ça » implicitant
»
une passion masculine
Est une marque typographique de l’oralité, du dégoût comme si
à cette instant-là elle remettait sa vie en question. C’est un
«  peuh  » L’onomatopée constat tragique de son existence, un constat de sa
différence avec Jean. Elle redevient à nouveau une femme
faible et sentimentale

Vous aimerez peut-être aussi