Vous êtes sur la page 1sur 4

AL Les Effarés version finale texte 3 1G1

Introduction : Arthur Rimbaud est un jeune poète Problématique : comment Rimbaud procède-t-il
prodige de la fin du XIXème siècle qui a dans ce poème à une critique de la société de son
profondément influencé les poètes qui lui ont époque ?
succédé avec l’apparition du courant symboliste. Il Plan du texte
a écrit les Cahiers de Douai à 16 ans, il y décrit sa - Situation initiale
vie d’adolescent et la société de son époque, - Le boulanger pétrit le pain
souvent avec un regard critique. Le poème « Les - Sortie du four et fête sensorielle
Effarés » lui permet ainsi de mettre en scène la - Elévation de l’âme/retour brutal sur terre
misère de son temps. Ce poème est composé de
tercets avec une hétérométrie (2 octosyllabes suivis
d’un tétrasyllabe).
Texte Analyse/interprétation
Les Effarés Titre énigmatique : participe passé adjectivé qui
désigne des pers qui ressentent de l’effroi.
Le titre dresse un horizon de lecture : le poème
met en scène une dénonciation sociale // Les
Misérables de Victor Hugo.

Contraste des couleurs – Brume : ambiance


Noirs dans la neige et dans la brume,
fantastique/ de conte - parallélisme de
construction qui rythme le vers -effet d’attente :
on ne sait pas encore qui il désigne – l’adj
« noirs » est effrayant, on comprendra ensuite
qu’il s’agit de la crasse sur leur visage.
Au grand soupirail qui s’allume, Un « soupirail » est une fenêtre basse
normalement petit et sombre ; ici nous assistons
à une transfiguration poétique : il est lumineux et
grand, magique ; il « s’allume » : ambiance de
conte, comme si c’était un portique sur un
ailleurs.
Leurs culs en rond, Description de la posture des personnages :
circularité, comme des enfants à qui on raconte
une histoire ; utilisation d’un voc prosaïque :
Rimbaud aime ce contraste entre des images très
poétiques et un voc familier.
À genoux, cinq petits, — misère ! — « à genoux » – le terme est polysémique, il
désigne à la fois la génuflexion de la prière et
renvoie aussi à leur humiliation sociale ; adj
« petits » pour les qualifier : il ne les nomme pas
directement ce qui met encore plus en valeur leur
vulnérabilité.
Double système de pause respiratoire ) virgule et
tirets) ce qui met en relief l’interjection
« misère ! », le poète fait une phrase nominale
exclamative = dénonciation de la pauvreté – le
poète est indigné, il s’adresse directement au
lecteur pour susciter son empathie.
Regardent Enjambement – temps verbal : présent de
l’indicatif – présent de narration : sert à rendre la
scène + vivante + proche du lecteur –
le Boulanger faire allitération qui rythme la phrase « Boulanger » : majuscule, transforme son métier
Le lourd pain blond. en « titre » , comme ds un conte, il est réduit à sa
fonction.
« voient », « regardent » : champ lexical de la
vue : les enfants semblent sous l’effet d’une
contemplation extatique. « pain » aliment central
de l’alimentation « lourd » : dense, nutritif,
« blond » : lumière
Ils voient le fort bras blanc qui tourne Le boulanger est réduit métonymiquement à son
enjambement bras « le fort bras blanc » - « blanc » = s’opp à l’adj
« noirs » (antithèse avec les enfants et symbole
d’opulence ) , l’adj « fort » insiste sur sa
La pâte grise et qui l’enfourne puissance.
Dans un trou clair. « un trou clair » : métaphore : le four représente
une intériorité chaude et lumineuse (ce qui
enrichit le champ lexical de la lumière) et
fonctionne comme un substitut du ventre
maternel.

Ils écoutent le bon pain cuire. L’ouïe est stimulée : hyperstimulation des sens
Le Boulanger au gras sourire (synesthésie), craquèlement du feu et de la
Grogne un vieil air. croute, mise en appétit qui repose sur
l’imagination. Même le boulanger incarne une
figure paternelle et bienveillante « sourire », « un
vieil air », « gras » : transposition, déplacement (
hypallage) : c’est sa personne qui est grasse – opp
richesse/pauvreté
« grogne » : il est animalisé => atmosphère de
conte (ogre ?) -
Ils sont blottis, pas un ne bouge, Blottis = animaux, petits, qui ont besoin de se
protéger par peur ou par froid (cf le titre « Les
Effarés »)
Au souffle du soupirail rouge Soupirail personnifié => il envoie un souffle
(chaleur du four » ;« rouge » : monde de
l’intérieur et de la richesse vs la neige et nuit
dehors ; assonance en « ou » qui dramatise la
scène ;
Chaud comme un sein. Comparaison avec un sein : métonymie pour la
figure maternelle nourricière.
Quand pour quelque médianoche, « médianoche » = personnage qui incarne la
Façonné comme une brioche bourgeoisie aisée – il est assimilé ironiquement à
une viennoiserie de luxe ( « façonné comme ») ce
On sort le pain, qui suggère qu’il a du ventre. Le « on » voc
généralisant suggère que Rimbaud décrit une
forme de règle établie : on ne donne qu’aux
riches.
Quand, sous les poutres enfumées, Son « qu » en début de strophe 3 fois = anaphore
Chantent les croûtes parfumées Construction phonique semblable entre les 2 vers
Et les grillons, et assonance en « ou » = rythme chantant, festif –
zeugma : Rimbaud met sur le même plan un
champ métaphorique abstrait (le chant du pain)
et quelque chose de réel, concret : le chant des
grillons / le grillon est considéré comme un porte-
bonheur dans les foyers
Que ce trou chaud souffle la vie, Il y a une élévation des symboles : le soupirail
devient à la fois le ventre maternel et même le
souffle divin « la vie »
Ils ont leur âme si ravie « âme » apparition du lexique de la religion,
« ravie » adj fort, renforcé par l’adv d’intensité
« si » : ils sont dans une extase quasi religieuse
qui leur fait oublier leur corps – contraste avec la
Sous leurs haillons, mention des « haillons » : R. insiste sur leur
misère matérielle qui elle ne change pas.

Ils se ressentent si bien vivre, allitération en « s » L’enthousiasme de leur âme les amène à oublier
qui amplifie l’adv d’intensité « si » en lui faisant leur détresse physique et le fait qu’ils sont en
écho train de mourir de froid et de faim
Les pauvres Jésus pleins de givre, Le terme religieux les compare au Christ, ils sont
Qu’ils sont là tous, comme lui des victimes sacrifiées – le givre
rappelle encore leur précarité réelle.
Collant leurs petits museaux roses Paradoxe : ils ont comparés à des animaux, juste
Au treillage, grognant des choses après avoir été qualifiés de « Jésus »
Entre les trous, « museaux »/ « grognants », « bêtes », ils sont
réduits à cette animalité par une société qui ne
leur accorde aucune compassion.
Tout bêtes, faisant leurs prières « prières », « lumières » « ciel » : le voc religieux
Et repliés vers ces lumières s’amplifie ; il suggère que leur âme atteint le ciel,
Du ciel rouvert, comme lorsque les fidèles communient ( le pain
du boulanger devient le pain de la messe,
l’hostie).
On a le sentiment que Dieu est prêt à les accueillir
« ciel rouvert » Mais ces images sont là pour
mieux montrer que le miracle ne se produit pas
dans le monde réel : les enfants ne partagent pas
le pain, ils ne sont pas sauvés

Si fort, qu’ils crèvent leur culotte Chute brutale : la conséquence de ce qui précède
Et que leur chemise tremblote nous fait redescendre brutalement sur terre, avec
Au vent d’hiver. de nouveau des mots prosaïques « culotte » - les
détails de leurs vêtements montrent qu’en réalité,
ils n’ont rien gagné dans cette scène, si ce n’est
d’avoir encore un peu plus froid. Cette ultime
image laisse le lecteur face à la tristesse et la
colère devant tant d’injustice sociale.
Cette société matérialiste a perdu ses valeurs
chrétiennes (la charité) et le poète semble même
penser que la religion ne constitue qu’un rêve, une
illusion pour faire accepter aux pauvres leur
condition.

Conclusion : nous nous sommes donc demandé Ouverture : on pourrait rapprocher ce poème de
comment Arthur procédait à une critique de « Le Mal », autre poésie dans laquelle Rimbaud
l’injustice sociale dans ce texte, nous avons vu qu’il procède à une critique de la politique et de la
insistait sur la misère des enfants, l’indifférences de pratique religieuse de son époque.
la société et qu’il procédait aussi à une critique de
la religion.

Vous aimerez peut-être aussi