Vous êtes sur la page 1sur 3

L’Ennemi

Charles Baudelaire
L’ennemi est une personnification allégorique de la fuite du temps qui dévore et vampirise l’Homme
et bloque la création poétique. Le temps qui nous trahit est une des composantes du spleen. Article
défini + majuscule font du temps un monstre à craindre
Un sonnet avec répartition des rimes non classique : des rimes croisées dans les quatrains deux
rimes suivies et quatre rimes croisées.

Le sonnet est construit avec des métaphores filées


1er quatrain le poète associe sa jeunesse à un été orageux ne lui laissant que quelques instants
d’intenses bonheurs
2ème quatrain le poète âgé et grandement fragilisé veut cependant toujours s’efforcer à la création
poétique
1er tercet renaissance d’un espoir printanier pour une puissante création poétique
2eme tercet démenti catégorique, le temps est un vampire qui détruit homme et poésie

Problématique : Comment le poème rend-il compte des alea de la créativité poétique et du genre
humain exposés aux affres de la vie et du temps ?
Procédés Analyse
I Une jeunesse agressée aux conséquences notables
ne fut (passé simple) C’était il y a longtemps -> le poète est
maintenant plus âgé
ne fut qu’un ténébreux orage, métaphore ténébreux orage : une Jeunesse difficile avec
météorologique, orage évoque l’été des disputes (opposition à son beau père le
général Aupick) -> spleen
les adverbes de lieu « çà et là » idée de hasard et de rareté (donc de non
maitrise) pour les moments heureux
Soleil chez Baudelaire celui qui transfigure la
laideur -> Le soleil dans les tableaux parisiens
qui à l’égal du poète « ennoblit le sort des
choses les plus viles »
adjectif « brillant » + « soleil » Soleil chez Baudelaire celui qui transfigure la
laideur -> Le soleil dans les tableaux parisiens
qui a l’égal du poète « ennoblit le sort des
choses les plus viles + adjectif brillant
valorisant la lumière qui vient d’en haut, vient
intensifier ces rares moments heureux,
inoubliables-> idéal

Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage, retour à une jeunesse des souffrances et de
Poursuite de la métaphore météorologique conflit : avec le tonnerre viennent des images de
(métaphore filée) avec en plus le tonnerre et vacarme et de conflits, avec la pluie vient l’idée
la pluie de froid et d’inconfort donc de souffrance
physique

Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits lien entre jeunesse / phénomène météo et
vermeils. Métaphore autour du jardin,(filée) saisons -> les fruits se nourrissent de soleil et
sont dévasté par l’orage et la pluie.
Sens :
Qu’il reste dans ma vie/ mon âme/ mon
esprit/mon inventivité bien peu de souvenirs
heureux et de possibilité créative,
II L’espoir d’une création poétique inspirée et puissante au bord du précipice de la stérilité
de l’âme
Voilà que j’ai touché l’automne des idées, Automne= saison avant l’hiver, la mort de la
nouvelle métaphore pour cette fois la nature… La mort du poète
vieillesse
« Je » lyrique + thème lyrique de la fuite du temps
+ présentatif « voilà » poète se présente avec une certaine résignation
« pelle et râteaux » «  illustration très visuelle »

mots inattendus au XIXeme dans un poème, -> modernité de Baudelaire même si déjà les poètes
prosaïques (manque d’idéal, sans noblesse, non romantiques avaient franchi le pas (Oui, mon vers
poétique) d’autant plus qu’ils riment avec croit pouvoir, sans se mésallier, /Prendre à la prose
tombeaux, d’autant plus que le vers précédant un peu de son air familier » « A André Chenier » Les
appartenait au registre lyrique nouvelle contemplations Victor Hugo « j’ai mis un bonnet
métaphore filée du jardinage cette fois rouge au vieux dictionnaire » « Réponse à un acte
d’accusation » Les Contemplations Victor Hugo.
Analyse : Le poète doit se retrousser les manches,
nouvelle métaphore filée qui commence, du donc s’impliquer complètement, cela demande une
jardinage cette fois grande énergie
« terres inondées » L’image du jardin est métaphore de l’esprit dans l’incapacité de créer,
prolongée et aggravée.

La conjonction de subordination « si » implique l’espoir demeure même si c’est au prix d’efforts
que « rassembler à neuf » est possible gigantesques (« pelle et râteaux »)
« Tombeaux » est en fin de vers comme idée d’une mort proche, d’une faillite des idées qui
« automne des idées » tout deux se renforcent => guette. L’eau s’est accumulée depuis la jeunesse du
poète et les dégâts sont immenses, ces trous sont
des métaphores de la mort de l’âme, de la mort de
l’esprit qui guette le poète
« Et qui sait si les fleurs nouvelles que je Fleurs nouvelles = de nouveaux poèmes que CB
rêve » voudrait écrire un renouvellement de l’inspiration,

toujours métaphore filée du jardin « fleurs Si la question reste posée c’est qu’il reste un
nouvelles » écho au titre les fleurs du mal espoir encore pour la créativité du poète qui
+ enjambement sur toute la strophe pour une n’est pas encore stérile»
phrase interrogative directe, une question
rhétorique « Qui sait » pour formuler une hypothèse, un
élan d’espoir pour la création poétique, poursuite
« Et qui sait » de l’espoir initié dans le 2ème quatrain.
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Terres inondées donc dans l’incapacité de
« terres inondée » devient « sol lavé » produire
« sol lavé » évoque plutôt une capacité remise à
neuf
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ? Alchimie de la boue à l’or : le poète peut encore
« Mystique » -> en lien avec l’or, l’idéal transformer ses faillites en créations poétiques
Le poète est capable d’extraire le «  mystique
aliment » de la boue : il peut tendre vers l’idéal,
vers le divin en écrivant des poèmes puissants
plein de « vigueur » le poète peut ainsi trouver
l’inspiration parmi le désenchantement la
tristesse et le désespoir, le chagrin et les deuils
III Le saccage de la fuite du temps néfaste et angoissante
– Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie, une prise de conscience brutale de la fuite du
tiret qui marque une nette rupture avec temps
l’espoir :
Une apostrophe pathétique « Ô douleur ! ô insiste sur la souffrance et le désespoir que cette
douleur » prise de conscience inflige au poète.
Le temps est personnifié et devient en partie malfaisant puisque il a
maintenant une intention, une volonté : celle de
manger
Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur Le C’est tout le genre humaine qui est maintenant
« je » laisse la place à un nous de généralité + concerné et plus seulement le poète et la
présent de vérité générale « ronge » créativité poétique. Le temps est devenu plus
« perdons » clairement néfaste,
la personnification devient allégorique Le temps est mystérieusement nocif et néfaste.
(personnification allégorique), il devient un L’hostilité est clairement intentionnelle
« obscur ennemi » maintenant
Métaphore filée de la dévoration « mange la on peut penser au tableau de Francisco de Goya
vie » « ronge le cœur » Saturne dévorant son enfant
le temps devient particulièrement effrayant et
angoissant

Du sang que nous perdons croît et se fortifie ! Le temps devient vampire et se nourrit du sang
des hommes, de leur énergie de leur créativité.
La fin est angoissante.

Saturne dévorant un de ses fils Francisco de Goya 1823

Vous aimerez peut-être aussi