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Le Précis de littérature latine

Résumé des points à connaître


(pas tous oups pas le temps il est 2h du mat)

- Silius Italicus (1er siècle PCN)

➢ Contemporain de Pline le Jeune et de Martial


➢ Vers 80, il entreprend la rédaction d’une œuvre épique, Les Puniques, épopée en 17
chants et 12 000 hexamètres sur la 2ème guerre punique, mettant en valeur
l’affrontement entre Rome et Hannibal
➢ Son modèle est Virgile, avec son Énéide.
➢ Contexte de l’époque : l’épopée de Virgile a rencontré un tel succès que ça a relancé
la production d’épopées au 1er siècle PCN. Les sujets mythologiques étaient
privilégiés, mais Silius Italicus a préféré traité d’un épisode de l’histoire de Rome.
➢ Il reprend des motifs mythologiques (interventions des dieux dans le conflit) et les
topoï guerriers caractéristiques du poème épique (préparatif de guerre, descriptions
des troupes, exhortations des chefs…).
➢ 17 chants qui racontent les différentes étapes du conflit, du serment d’Hannibal
jusqu’à la victoire de Scipion l’Africain à Zama.
➢ L’architecture et le style suivent le modèle de l’épopée virgilienne et celui des
Annales d’Ennius. Ses sources sont Tite-Live, Polybe et les annalistes latins + son
intérêt pour l’horrible et le macabre est hérité des œuvres de Lucain et Sénèque.

- La tragédie sénéquienne (milieu 1er siècle PCN)

➢ Il a été formé à l’art de l’éloquence et à la philosophie (enseignement pythagoricien


de Sotion et stoïcien d’Attale), et il a été le précepteur de Néron.
➢ Il est accusé par Tigellin, conseiller de Néron, d’avoir participé à la conjuration de
Pison ; il est contraint de se suicider en 65 par Néron.
➢ Neuf tragédies qui sont empruntes de la morale stoïcienne et qui se centrent
beaucoup sur la psychologie des personnages. Les personnages servent d’exemples
(ici, à ne pas suivre).
 La philosophie stoïcienne de Sénèque s’éloigne du modèle grec : le destin du
héros ne se répercute pas sur l’avenir de la cité, de la famille, etc… Ici, le
héros est seul face à son destin.
 L’analyse psychologique l’emporte sur le déroulement de l’action. Des
sentences morales mettent l’action sur la psychologie des personnages et
l’analyse de leurs actions. Le public assiste à la transformation du personnage,
aux prises de la dolor (sentiment de souffrance physique et morale), puis de la
furor qui conduit au scelus nefas (crime innommable contre l’humanité qui
transforme le personnage en un monstre ayant perdu son humanité) ➔
Sénèque montre ainsi à quel point les passions sont dangereuses.
➢ Il reprend des sujets classiques sur la malédiction divine des héros tragiques ;
l’inceste d’Œdipe, la furor d’Hercule, Phèdre et Médée, la vengeance et le sacrifice
humain dans Agamemnon, Thyeste et les Troyennes.
➢ Scènes où dominent le macabre, l’horreur, la violence meurtière et la nécromancie.
➢ Il latinise toutes ses tragédies et les adapte au monde romain par des références à
des pratiques cultuelles romaines ou par le recours à l’esthétique de l’excès.
➢ Ses tragédies mêlent danse, chant, récitatif, musique et déclamation (on ne sait pas si
ses pièces étaient destinées à être représentées sur scène, ou juste à être lues en
public).
➢ Théâtre qui a probablement inspiré Shakespeare, et dont le style a inspiré Corneille
et Racine, qui ne font parfois que transposer les pièces de Sénèque.

- Tite-Live, 1er siècle ACN et PCN

➢ Fréquente le cercle littéraire de Mécène


➢ Témoin de la chute de la République romaine et des guerres civiles + de l’installation
d’un nouveau régime par Octave devenu Auguste. Son œuvre est donc à la croisée de
la violence de la fin de la République, et de la Pax Augustea instaurée par l’empereur.
➢ Dans son œuvre, il veut restituer toute l’histoire de Rome, monumentale, depuis
l’arrivée d’Enée dans le Latium jusqu’à la mort d’Auguste : c’est l’Histoire romaine,
appelée Ab Urbe condita.
➢ Il exalte la grandeur de Rome et veut légitimer le nouveau pouvoir d’Auguste.
➢ Il suit le modèle des annalistes dont il reprend les informations : les évènements sont
organisés de manière chronologique, année après année.
➢ Sur les 142 livres, 35 nous sont parvenus. Ils sont organisés en décades, des groupes
de 10 livres.
➢ La démarche de Tite-Live est morale : il veut, à travers les grandes figures de l’histoire
romaine qui présentent les traits du Romain idéal, dresser des exemples à suivre. Il
rapproche le destin individuel du destin historique d’un peuple tout entier.
➢ Son style prend une tonalité épique dans la narration des faits du passé, qui
l’emporte sur la vérité historique.
- Tacite

➢ Originaire de Gaule, il a une carrière brillante au Sénat.


➢ En 102 sont publiés les Dialogues des orateurs. Il traite, par la rencontre d’orateurs,
de la décadence et de l’éloquence de Rome. Il y remet en question les principes de
l’éducation et la qualité de l’enseignement de la rhétorique. Il traite aussi du
bouleversement sociopolitique du au passage de la République à l’Empire.
➢ Il a également un grand intérêt pour l’histoire :
 104, il publie les Histoires, 14 livres sur l’Histoire de l’empire sous les Julio-
Claudiens, de 68 à 96, donc de Galba à Domitien. Il y parle des catastrophes,
des révoltes et des combats. Aujourd’hui, nous n’avons que les livres I à IV et
une partie du livre V.
 112, il publie les Annales, 16 livres qui traitent de l’histoire de Rome des
règnes de Tibère à Néron (donc elles couvrent les années de 17 à 68). Il suit la
tradition annalistique de Tite-Live (évènements racontés année après année).
Il décrit un monde dominé par la terreur et la mort, les vices et la débauche.
Son œuvre est pessimiste et a une portée moralisante.

- L’érudition

Le goût pour l’érudition se développe dès le 1er siècle ACN, avec l’expansion de Rome.
C’est un nouveau genre, la prose d’érudition. De nombreux traités techniques voient le jour.
Leur finalité pratique l’emporte sur leur intérêt littéraire. Beaucoup ne nous sont pas
pervenus.

➢ Caton, De re rustica (Sur l’agriculture) / De agricultura, 160 ACN ; c’est un traité


d’économie rurale qui tend à encourager les Romains à un retour à la terre. Caton
fournit des conseils sur l’administration et la gestion des grandes propriétés
foncières.
➢ Varon, 2ème – 1er siècle ACN : retiré de la carrière politique, il se consacre à l’érudition
et il a l’image du parfait érudit. Il ne nous reste de lui que son traité sur l’Agriculture,
le De re rustica, conservé dans son intégralité. Ce sont trois livres composés en 37 et
qui constituent le traité le plus complet de toute la latinité sur l’agriculture. Il a eu
recourt au dialogue, comme Xénophon dans ses Economiques, pour introduire
chaque thème en début de livre. Aussi, il s’intéresse à la grammaire, et a écrit les 10
livres du De Lingua latina, dans lesquels il étudie la déclinaison, l’étymologie et la
syntaxe.
➢ Celse, 1er ACN et PCN, écrit De medicina, 8 livres qui constituent un témoignage
précieux sur la pratique des médecins à l’Antiquité. Il y décrit les principes
diététiques, les maladies, leurs remèdes, l’art de la chirurgie et les différentes
méthodes défendues par les écoles de médecine à l’époque. Il récapitule l’ensemble
des connaissances accumulées depuis Hippocrate, médecin grec du 5ème siècle ACN.
➢ Aulu-Gelle, 2ème siècle PCN, publie vers 150 les 20 livres des Nuits Attiques,
succession de chapitre de longueur inégale, souvent très courts, sur des sujets divers
(le droit, la littérature, la philosophie, l’histoire, la religion, les sciences, la langue
latine…).
➢ Vitruve, 1er ACN et PCN, a été ingénieur militaire dans l’armée de César et a
confectionné des machines de guerre. Il a été responsable du réseau des aqueducs à
Rome. Il entreprend la rédaction du De Architectura, traité en 10 volumes dédiés à
l’empereur. C’est probablement l’unique traité antique consacré à l’architecture. Il
regroupe toutes ses connaissances (architecture, l’alimentation en eau, l’astronomie,
la mécanique, etc…). Il s’appuie également sur ses prédécesseurs grecs (Chersiphron,
Hermogène, Archimède…). Son traité a beaucoup inspiré les humanistes de la
Renaissance, dont Leon Battista Alberti.
➢ Frontin, 1er siècle PCN : il s’est occupé de l’administration des eaux, puis il a été
consul et gouverneur de Bretagne. Il rassemble ses connaissances stratégiques et
militaires dans trois livres, les Stratagemata, qui fournissent des stratagèmes utiles
pour les batailles.
➢ Columelle, 1er siècle PCN : il écrit le De re restica en 12 livres, qui sont une source
essentielle d’informations sur l’agronomie romaine. Il met en évidence la dimension
morale du travail agricole à Rome, sur le modèle de Caton et Virgile (Géorgiques). Il
défend l’importance de posséder une exploitation agricole de grande dimension et la
gestion rigoureuse d’une main d’œuvre servile abondante.
➢ Pline l’Ancien, 1er siècle PCN : il s’est intéressé à tout (botanique, philosophie,
rhétorique…) et a voulu compiler son savoir dans ce qui est la première œuvre
encyclopédique de l’Antiquité, l’Histoire naturelle (37 livres). Il traite de tous les
domaines de la culture et de la nature, et compile toutes les informations qu’il a
appris à travers la lecture d’ouvrages. Elle est dédiée à l’empereur Titus, et sa portée
n’est que culturelle. Il meurt en 79, lors de l’éruption du Vésuve, alors qu’il s’était
approché du Volcan pour étudier l’éruption de plus près et pour porter secours aux
habitants.
➢ Pomponius Mela est le plus ancien géographe romain, 1er siècle PCN. Il a écrit les
trois livres de la Chorégraphie (De Choregraphia). Ils rendent compte de la
perception et de la représentation géographique qu’avaient les habitants de l’Empire
romain du monde connu (oikoumené). Il traite de la géographie et des différents
peuples connus au 1er siècle PCN. Il nous fournit une synthèse des connaissances
géographiques de ce siècle.
➢ Apicius, 1er siècles ACN et PCN, De re coquinaria (l’Art culinaire), compilation de
recettes, témoignant de l’évolution des mœurs romaines et des goûts culinaires de
l’époque. La littérature gastronomique n’est pas un genre nouveau à Rome, mais est
héritée de la Grèce antique.
- Le roman satyrique de Pétrone : le Satyricon

➢ Difficile d’affirmer la date de rédaction et l’auteur des Satyricons ; on le place sous les
Flaviens ou au début du 3ème siècle. Il est attribué à un écrivain de l’époque
néronienne, Pétrone.
➢ Pétrone démontre un sens aigu de la dérision, de la critique, et est un fin observateur
des mœurs de son temps. Il joue sur l’ironie et l’humour des turpitudes humaines
sous le règne de Néron.
➢ L’appellation de « roman » est anachronique (le terme roman est apparu pour
désigner la mise en langue romane d’écrits latins). Mais on peut placer le Satyricon
dans ce genre, à la fois roman de mœurs, roman réaliste, roman picaresque. Le tout
semble être un immense théâtre.
➢ C’est une sorte de parodie de l’épopée. Les personnages sont des anti-héros. Les
dieux sont quasi-inexistant (sauf Priape qui frappe d’impuissance l’un des
personnages principaux). Le voyage effectué ne leur fait faire aucun exploit. C’est un
monde inversé : les affranchis sont incultes et ridicules, mais devenu très riches, alors
que les nobles sont tombés dans la décadence sociale et évoluent en marge de la
société. L’amour vertueux est remplacé par un triangle amoureux (Encolpe, Ascylte et
Giton), dans un monde où domine le sexe et la débauche. Il a aussi des références à
d’autres genres ou thèmes littéraires, comme le repas de l’affranchi Trimalcion,
parodie du banquet philosophique. Mais on voit aussi une réflexion sur la littérature,
l’art et l’éloquence.
➢ Mélange de prose et de vers ; forme dominante = prose, qui sert à encrer le roman
dans la réalité quotidienne ; la poésie a un rôle d’ornement.
➢ Bref, on a un mélange de ton, de sujet et de style.
Synthèses littérature latine

INTRODUCTION

- Définition

❖ Éthymologie :
- Littera, désignant d’abord la lettre, la missive, notion à mettre en parallèle avec l’oralité
de la littérature, présente chez les Grecs par les aèdes, mais absentes chez les Romains.
Au pluriel, ce terme désigne la littérature, la culture, l’éducation.
- Litteratura, mot utilisé par Cicéron pour désigner la littérature, l’éducation, la culture.
 Le mot évoluera par la suite pour avoir l’acceptation que nous en avons aujourd’hui.

❖ Critères :
- Critère esthétique ? Est-ce que les œuvres littéraires sont celles qui portent une attention
sur l’esthétique ? Alors on doit prendre en compte les traités techniques, qui portent une
certaine attention au style de leur texte.
- Critère de l’utilité ? Est-ce qu’on doit classer les œuvres littéraires en fonction de si elles
ont une utilité ou non ? L’art pour l’art existait-il à Rome ? Les textes antiques latins ont
une utilité. Par exemple, des traités et discours de Cicéron font partie de la littérature et
ont une utilité, le premier pour passer un message, le second pour défendre un accusé par
exemple.
 La littérature à l’Antiquité comprend bien plus d’œuvres et de genres que notre
acceptation de la littérature. C’est au 17ème – 18ème siècles que les sciences sont
sorties de la littérature, en commençant par les mathématiques et en terminant par
l’histoire et la philosophie.

- Façon d’étudier la littérature

- Antiquité (Rome et Grèce) et Renaissance, méthode dogmatique : c’est une méthode


subjective qui établit une sélection entre les textes, en jugeant certains excellents, et donc
dignes d’être recopiés et étudier, et d’autres moins bons, tombant dès lors dans l’oubli.
Cette sélection entraîne une perte considérable d’ouvrages.
- 18ème et 19ème siècle, méthode historique : c’est une approche des textes objective (initiée
par Friedrich-August Wolf) qui ne porte pas de jugement de valeur sur les textes. Le
scientisme est l’extrême opposé de cette approche, qui ne se limite qu’à la biographie et
la description de l’œuvre.
- Documents

Les documents sont des textes informatifs, des témoignages. Parmi les documents, on
trouve :
- Œuvres conservées dans leur entiereté (Virgile)
- Textes épigraphiques
- Papyrus ; il n’y en a qu’une cinquantaine en latin, dont celui de Cornelius Gallus au 1er s av
- Fragments (regroupé en recueils, comme celui sur l’œuvre de Lucilius, mais qui ne permet
pas d’avoir l’entiereté de son œuvre)
- Scholies : ce sont des commentaires dans les marges de copies d’ouvrage, qui permettent
de donner des informations sur le contenu des textes
- Palimpsestes : ce sont des parchemins qu’on a gratté pour les réutiliser. Quatre auteurs
nous sont connus par des palimpsestes :
✓ Plaute (toutes les pièces varoniennes sur un palimpseste du 4ème siècle de la
bibliothèque ambrosienne, découvert par le cardinal Angelo Mai).
✓ Cicéron (De Républica, à la bibliothèque Vaticanne)
✓ Gaius (juriste connu par un palimpseste trouvé à la bibliothèque capitulaire de
Véronne)
✓ Fronton (Lettres).

- Chronologie

A. Bornes temporelles

Début, 2 possibilités :
- 240 : date de représentations de deux pièces de Livius Andronicus, premier auteur latin
 On place là le début de la littérature
- 238 : date du dernier ouvrage datable avec précision de la littérature latine, à savoir le Die
Natali de Censorinus.

Fin, 4 possibilités, mais 2 sont vraiment importantes :


- 529 : c’est la création du code de lois de l’empereur Justinien à Constantinople (Codex
Justinianus).
 C’est la date que l’on priviligiera.
- 525 : c’est la mort de Boèce, dernier auteur antique, et premier auteur du Moyen-Âge. Il a
écrit le De Consolatione Philosophiae alors qu’il était en prison, condamné à mort. Dans
celui-ci, il raconte que la philosophie lui apparait sous forme d’une femme superbe pour le
consoler.
 On a donc 7 siècles et demi de littérature qu’il faut maintenant périodiser.
B. Périodisation : 240 – 79 – 117 – 529

• 240 ACN : Livius Andronicus et la représentation de deux de ses pièces.


• 79 ACN : abdication de Sylla
• 117 PCN : règne de Trajan
• 529 PCN : Codex Justinianus

➢ 240 – 79 ACN : période d’hellénisation et de formation

➢ 79 – 117 PCN : période d’épanouissement


✓ 79 – 27 (fin de la République)
 Alexandrinisme en poésie + prose mûre avec Cicéron + soucis de la langue
✓ 27 – 14 (période augustéenne)
 Maturité de la poésie
✓ 14 – 117 (julio-claudiens & flaviens, de Nerva à Trajan)

➢ 117 PCN – 529 PCN : période de déclin


✓ 117 – 306 : Hadrien à Constantin
✓ 306 – 529 : Constantin à Justinien

- Caractéristiques de la littérature latine :

❖ Originalité
- Développement tardif : alors que Rome apparait en 753 ACN, la littérature apparait vers
240 ACN, laissant 500 ans de vide.
- Esprit positif et réaliste : les Romains sont des soldats et des paysans, et des très grands
constructeurs : ils aiment le concret (pas la philosophie dans un premier temps) et font
des traités d’architecture (par exemple, sur les aqueducs). Ils privilégieront donc d’abord
le théâtre et l’épopée.
- Nationale : reflète l’esprit romain, le patriotisme, la tradition et l’implication dans les
affaires publiques
- Impersonnelle : effacement de l’auteur

 La littérature latine doit être porteuse d’une idéologie et doit être une école de
morale ; bref, être utile à la communauté.
❖ Imitation des modèles grecs
C’est une importation étrangère ; les Romains ont une dette vis-à-vis du peuple grec. Ils
ont repris les formes de la littérature grecque, mais le contenu en a été adapté pour mieux
correspondre à leur pensée.
Mais s’est toujours posée la question de la source grecque :
- Mommsen, 1854, Histoire romaine : il dit que la littérature latine n’est qu’une imitation
servile et peu originale des modèles grecs, mais son jugement est altéré par la vision
romantique (qui clame que si la littérature ne sort pas ex nihilo, elle ne vaut rien).
- Quellein Forschung, 19ème siècle : il étudie les œuvres latines en cherchant
systématiquement leur pendant grec.
 C’est une démarche et un jugement que nous n’avons plus aujourd’hui. Certes, les
Romains avaient des modèles, mais leurs œuvres ne sont pas de simples imitations :
elles ont leur autonomie, leur originalité, et apporte de la nouveauté.

❖ Imitation et Aemulatio
Les Romains ont conscience de leur dette envers les Grecs. Mieux : ils la revendiquent,
tout comme leur autonomie et leur originalité face à ces mêmes modèles.
Quintilien, dans l’Institutio Oratoria, répertorie les genres littéraires en citant les œuvres
que tout orateur se doit de lire. Pour chaque genre, il donne un auteur et l’auteur grec dont
il s’est inspiré :
- Épopée : Virgile ; Homère
- Historiographie : Saluste ; Thucydide
Seule la satire est une pure invention romaine : Satura tota nostra est !

- Τransmission :

❖ Papyrus
C’est la forme la plus banale jusqu’au 3ème siècle PCN. Les auteurs s’occupent alors eux-
mêmes de la production de leur ouvrage. S’ils meurent avant de le publier, soit l’ouvrage est
perdu, soit elle est publiée par un proche (Varius et Tuca pour Virgile, et Cicéron pour
Lucrèce).

❖ Stockage dans des bibliothèques publiques ou privées


- Les bibliothèques publiques n’apparaissent qu’à l’époque d’Auguste (l’empereur en confie
la gestion à Asinius Pollion). On distinguait alors les ouvrages grecs des ouvrages latins
(utraque lingua). Exemple : la bibliothèque d’Hadrien à Trivoli, ou la biliotheca Ulpiana.
- Les bibliohtèques privées ne pouvaient apparaître que chez les personnes très riches
(Cicéron, Pline le jeune ou encore Pison). Elles se multiplient au 1er siècle PCN. La
bibliohtèque de Pison, à Herculanum, a été conservée grâce à l’éruption du Vésuve. Elle
était spécialisée dans la philosophie épicurienne (écrits de Philodème de Gadara).
❖ Rouleau
Du 1er siècle au 4ème siècle PCN, le rouleau de papyrus ou de parchemin reste la forme du
livre la plus répandue. On écrit en scripta continua. Les rouleaux présentent quelques
inconvénients, comme la perte de matériel (on écrit que sur une face), la difficulté pour
consulter un passage, le rangement difficile ou le risque de dégradation. De cette époque, il
ne nous reste qu’une cinquantaine de fragments très lacunaires :
- Papyrus de Giesen Jandana 90 : date du 1er siècle PCN et présente des passages du
discours de Cicéron In Verrem.
- Fragment des vers d’un poète élégiaque, Cornelius Gallus, 1er préfet d’Egypte, mort en 26
ACN.

❖ Le codex
Il devient la forme du livre la plus courante au 4ème siècle PCN. C’est une forme diffusée
dans les monastères et les sciptoria, centres d’écriture d’Europe. Les codex sont recopiés par
les moines (le plus souvent bénédictins). C’est l’Église qui décide de quel manuscrit recopier,
abandonner ou garder secret. À cette époque apparaissent aussi les « palimpsestes », du fait
que l’on gratte des parchemins au texte jugé inintéressant pour en écrire un nouveau.
 Il y a donc une sélection dans les manuscrits, et une perte considérable dans les
œuvres.

❖ La majorité des témoins ne sont pas antérieurs au 9ème siècle PCN


 Il y a donc un écart de plusieurs siècles entre le manuscrit de l’auteur et son premier
témoin. Les causes de ceci sont :
- Renaissance carolingienne : Charlemagne veut unifier l’écriture dans son empire et
instaure donc l’écriture carolingienne ; les manuscrits sont alors tous recopiés en cette
écriture, et on brûle les papyrus et autres témoins, alors jugés inutiles (il n’y avait pas à
cette époque ce besoin de tout garder et d’archiver).
- Renaissance : on retrouve et on sauve des manuscrits, comme le Pro Archia de Cicéron,
retrouvé par Pétrarque à Liège.

❖ Invention de l’imprimerie en Allemagne, en Italie et en France


- Atelier l’Alde Manuce en Italie, spécialisés dans les textes grecs.
- On voit apparaître les premières éditions imprimées (les éditions princeps), qui sont
générallement mauvaises, pleines de fautes.
- Au 18ème – 19ème siècle : on critique les textes pour les rendre les meilleurs possibles.
- Parfois, on a plusieurs manuscrits pour connaitre un auteur, et parfois on en a qu’un seul
à cause de naufrage et de pertes énormes (sur 772 auteurs latins, 35% ne sont que des
noms, 45 % ne sont que des fragments, 20% ont été conservés par la tradition directe).
CHAPITRE 1 : les origines

Avant Livius Andronicus, il existait des précurseurs de la littérature latine, mais dont
on a très mal conservé les textes.

- Diffusion de l’écriture

Au 7ème siècle ACN :


- L’écriture était utilisée pour les inscpriptions et les messages de tous les jours.
- Nous avons des inscriptions latines en alphabet grec et en boustrophédon.
- Rome était à l’intersection de trois langues : Osque – Étrusque – Grec. L’alphabet grec
(celui de l’Ouest, cité de Cumes) et étrusque a donné l’alphabet latin, qui s’est imposé
petit à petit d’abord dans le Latium puis dans le reste de l’Italie. Mais les signes
alphabétiques étaient encore soumis à la variation.
- L’écriture était d’abord répandue dans les hautes sphères de la société (pour les prêtres et
pour les emplois publics). L’écrit servait à :
• Préservation des oracles
• Formules religieuses
• Prescriptions
• Listes de magistrats et de prêtres
• Lois
• Traités
• Généalogies de familles nobles

 Les plus anciens livres étaient les livres sybillins, introduits par Tarquin le Superbe.
 Au milieu de la République (250 – 200 ACN), époque de Plaute et de Livius
Andronicus, l’écriture s’est généralisée.

- Les formes non-littéraires

A. Les lois

➢ Leges Regiae : premier code juridique de Rome ; il remonte à 450 ACN


➢ La loi des Douze Tables : douze tables de bronze réalisées entre 450 et 451 ACN dans
le but de restreindre le pouvoir des grandes familles ; elle constitue l’identitié
juridique de Rome. Elles sont inspirées des Grecs.
B. Les calendriers / les Fastes / Fasti

Les Fastes constituent le calendrier officiel tenu par les autorités religieuses,
répartissant les jours de l’année en jour fas et nefas (jours où les affaires politiques étaient
acceptées, et jours qu’ils fallaient réserver aux dieux).

➢ Tabula Dealbata : table blanche qu’utilisait le Pontifex Maximus pour


annoncer au public quels étaient les magistrats en fonction et les grands
évènements (déclarations de guerres, traités…). Elles ont ensuite été
regroupées sous le nom d’Annales et ont constitué la mémoire collective de
Rome, donc son historiographie. Cette tradition a été reprise dans la
littérature (pensons aux Annales de Tacite).

- Les Commentarii

Ce sont des écrits personnels (notes, mémoires, observations) venant de la pratique


des magistrats importants de la République : il notait les principales actions et évènements
produits lors de leur magistrature. Ce sont les commentarii magistratuum, dont les plus
importants sont les tabulae censoriae, tables statistiques des censeurs.
César a repris ce terme pour qualifier ses écrits sur la guerre des Gaules et pour la
guerre civile contre Pompée. De même, Sylla a nommé ses mémoires Commentarii rerum
gestarum.

- Les formes pré-littéraires : les carmen

Avant l’hellénisation, la littérature était avant tout une technique, et la parole était
plus importante, symbole de pouvoir et de prestige (la 1ère figure de la littérature latine,
Caecus, était d’ailleurs orateur). L’art de la parole était jugé comme seule vraie activité
intellectuelle digne et noble.

Appius Claudius Caecus

Il est l’ancêtre des auteurs latins, le premier à avoir écrit des textes se rapprochant de
textes littéraires. Il est issu de la noblesse et a été consul puis dictateur. C’est lui qui a fait
construire les premiers aqueducs ainsi que la Via Appia.
Il est considéré comme le précurseur de Caton, étant habile orateur et expert de la loi
et de la langue (il aurait codifié le rhotacisme : s → r).
Son œuvre comporte un grand nombre de sententiae probablement de source
pythagoricienne, et il aurait été l’auteur d’un carmen selon Cicéron.
➢ Les Carmen

C’est un texte rythmé en prose. Le terme « carmen » est un mot ancien désignant
une formule rythmée, comme une formule magique. Il apparait dans la langue religieuse et
didactique : il est en effet plus facile de retenir par cœur des lois, des prières ou des
formules rituelles si elles sont dotées d’un rythme. Dans la Rome archaïque, prose et poésie
sont étroitement liées : le carmen est un intermédiaire entre les deux. C’est seulement à
l’époque d’Auguste que ce terme acquerra la signification de poème.
Le vers utilisé était le saturnien, vers très mystérieux puisqu’il n’obéit à aucun
principe et à une structure très souple. Il est caractérisé par sa division en moitié : l’une
ïambique, l’autre trochaïque. Il n’a pas eu beaucoup de succès, et a été abandonné après
une dernière tentative de Varron dans ses Menippeae. C’est la seule contribution originale
des latins en termes de métrique.
Il existait différents types de carmen : des chants en l’honneur des morts, des
carmina triumphalia, des chants religieux…

 Carmen saliare : chant religieux d’un collège de 12 prêtres du dieu Mars, qui
chaque année, au mois de Mars, se promenaient en procession avec 12
boucliers sacrés. Aujourd’hui, il ne nous en reste que des fragments.
 Carmen Arvale = chant des frères Arvales : 12 prêtres chantaient au mois de
mai un hymne pour la purification des champs, implorant la protection de
Mars et des Lares (ancêtres protecteurs du foyer). Le rythme va par trois, et
les formules sont répétées trois fois.
 Ces textes sont très obscurs et difficiles à déchiffrer.

Les carmina sont la source de la poésie et auront une influence sur la littérature latine :
 Hymne à Junon de Livius Andronicus
 Carmen Saeculare d’Horace : un chant séculaire demandé par Auguste pour
célébrer les jeux séculaires de 17, à l’occasion de l’inauguration de son règne.

➢ Les Carmina convivalia

Ce sont des récits oraux racontant la mort des héros et les exploits des ancêtres,
récités lors des banquets et de diverses réunions accompagnées de musique. Ils auront une
influence sur le développement de la poésie épique, et ils ont été le véhicule permettant la
transmission de mythes et de légendes primitives de Rome. Une hypothèse est que ces
carmina auraient pu raconter les antiques traditions de Rome. Nous savons que ces poèmes
ont existé par Caton, qui cite les :
 Carmen Nelei : Histoire des jumeaux (référence à la fondation de Rome)
 Carmen Priami : emprunte au cycle troyen (raconte les malheurs des Troyens).
Nous n’en avons qu’un seul vers, en saturnien.
CHAPITRE 2 : rencontre avec la Grèce + origine du théâtre, de la poésie épique
et de la satire

1. Vers une nouvelle culture romaine

Contexte :
- Rencontre des civilisations et des langues osque + étrusque + grecque → Ces trois peuples
interagissent et les Romains subissent leur influence dans différents domaines (arts,
religion, mythologie, théâtre par les costumes et les techniques représentatives
scéniques…).

- Trois genres fondateurs : théâtre + poésie épique + satire


- Les trois plus grands auteurs de cette période sont : Livius Andronicus + Naevius + Ennius

Les premiers contacts avec la Grèce se font dans un contexte politique : Rome a envahi la
Grèce, qui perd alors son indépendance (2ème ACN).
 Deux ambassades ont lieu dans le but de demander la diminution de l’impôt à
Athènes et ont contribué à la diffusion des idées grecques.
1) Première ambassade, 170 – 160 : menée par le philosophe Cratès de Mallos
2) Seconde ambassade, 155 (la plus importante) : menée par les différents
représentants des courants philosophiques grecs :
- Carnéade → Académie (Platonisme)
- Critolaos → Lycée (aristotélisme)
- Diogène → Portique (stoïcisme)

Carnéade tient des conférences beaucoup appréciées du public lettré, et en


particulier des jeunes gens. Il est très habile orateur, pouvant convaincre d’une chose et de
son contraire par sa maitrise de l’éloquence. Caton l’Ancien est méfiant : il veut instituer des
règles à la maitrise oratoire (puisqu’elle peut autant faire le mal que le bien). De plus, il a
peur que les idées grecques dénaturent les spécificités romaines (chercher la maîtrise de
l’éloquence et non plus la gloire militaire).

 Ces ambassades ont permis de répandre les idées grecques philosophiques à Rome.

Il y a alors l’apparition d’un parti « philhellénique » à Rome, dont Lucius Aemilius Paulus,
le père de Scipion Emilien, fut le chef. C’est le cercle des Scipions. Ce cercle regroupe de
nobles aristocrates favorables à la Grèce, rassemblant autours d’eux philosophes,
grammairiens, artistes, maîtres de sport grec, et donnant naissance à une littérature fondée
sur le modèle grec.
 Ce cercle est le point de référence à toute la culture romaine.
Parmi ses membres grecs :
- Polybe : historien grec passionné du pouvoir de Rome
- Panétios de Rhodes : philosophe stoïcien

Parmi ses membres latins :


- Lucilius, Térence, Ennius : ils sont à l’origine de la codification des différents genres
littéraires sur base des modèles grecs.

 Période de synthèse entre le mos maiorum latin et la paideia grecque, donnant


naissance à la littérature latine.

2. Origine et développement du théâtre

Il est très difficile de connaître les origines de la littérature latine. Tite-Live en parle
dans un passage controversé, mais lui-même est incapable d’établir ses origines clairement.
Pour résumer :
• Fabula paliata : comédie à sujet grec
• Fabula togata : comédie à sujet romain
• Fabula praetexta : tragédie à sujet romain
• Tragédie à la grecque (pas de nom spécifique)

Théâtre Comédie Tragédie

Latine Fabula togata Fabula praetexta

À la grecque Fabula paliata Tragédie à la grecque

Le théâtre fut très tôt un divertissement populaire et eut beaucoup de succès. Avant
les Fabula :

 Fescennini : pièces de théâtre nommées ainsi d’après la ville de Fescennium (ville


d’Etrurie) ou d’après le fascinum, organes génitaux masculins (il y avait beaucoup
d’allusions sexuelles), ou encore d’après les deux puisque Fescennium était appelée
ainsi d’après son culte phallique. Il s’agissait de représentations d’une grande gaieté,
pleines de grossièretés, de moqueries et de scènes osées → C’était bien un
divertissement populaire.
 Satura : L’origine de « satura » pourrait provenir, entre autres, de lanx satura, un plat
rempli de fruits de toute espèce. C’est une forme dramatique difficile à caractériser.
Les Saturae étaient des représentations comiques avec chansons, danses et
accompagnement de flûte.

 Attelanae : elles apparaissent vers 210, dans la ville de Campanie Atella (osque). Ces
pièces ressemblent un peu à la commedia del’arte, caractérisés par certains types de
personnages qui ne variaient pas, tels que Maccus, l’Arlequin ; Bucco, le glouton ;
Pappus, le vieillard toujours dupé, etc… Ces personnages étaient joués par des
acteurs masqués.

 Ces pièces sont improvisées, et non mises par écrit : elles n’ont donc que peu
d’importance littéraire.

A. Fabula Paliata

 Influence de la comédie nouvelle en Grèce, dont les représentants les plus connus
sont Ménandre, Diphile et Philémon.
- Son nom vient du pallium, manteau grec (on jouait en habits grecs)
- Volcacius Sedigitus, grammairien du 2ème siècle, établit un canon de ses auteurs (De
Poetis). On y retrouve Plaute, Naevius, Térence, Luscius, Ennius, etc… Livius Andronicus
n’apparait pas dans cette liste.
- Les pertes sont considérables : Plaute et Térence sont les seuls dont nous ayons conservé
des pièces entières.
- Les palliata ont disparu à la fin du 2ème siècle, à la mort de Térence.

B. Fabula Togata

 Comédie nationale, d’inspiration purement romaine.


- Son nom vient du nom de l’habit romain, la toge.
- Décrit la vie des classes inférieures et l’esprit des petites villes municipales. On y retrouve
des connotations obscènes et des allusions aux localités italiques.
- Peu de fragments conservés (même pas une pièce complète)
- Elle a probablement été introduite par Naevius.
- Les plus anciens représentants sont :
• Titinius, contemporain de Térence
• Lucius Afranius
• Quinctius Atta : avec lui disparait la togata au début du 1er siècle
C. Les tragédies

- Elles ont eu moins de succès que les comédies.


- On n’a presque rien conservé d’elles : de toutes les tragédies et praetexta, il ne reste que
des fragments.
- Ses représentants sont :
• Livius Andronicus : sujets mythologiques, surtout sur le cycle troyen
• Naevius
• Ennius
• Pacuvius : neveu d’Ennius, 3ème – 2ème siècles ACN ; il a composé 12 tragédies et un
prétexte, Paul.
• Accius : 2ème – 1er siècles ACN ; auteur de 40 tragédies et de quelques prétextes
(Decius) + affranchi et italien issu d’une autre ville que Rome + auteur fort apprécié
de Cicéron et d’Horace + il a composé des Didascalica (histoire de la poésie
grecque et romaine), des Pragmatica (traitant de la littérature et de l’histoire) et
des Annales.

Plaute 3ème – 2ème siècles ACN

Il vient du nord (né à Sarsina, en Ombrie), ce qui est une exception pour l’époque. Il
est originaire de la classe populaire et est réduit, à Rome, à travailler comme valet pour une
troupe de comédiens et comme main d’œuvre dans un moulin en raison de sa pauvreté. Il
écrivait pour gagner sa vie, ce qui est aussi une exception.
 Sa pauvreté se ressent dans son œuvre, car il porte un intérêt tout particulier pour la
classe populaire.

Varron, érudit de l’époque de Cicéron, a sélectionné les 130 titres de comédies


transmises sous le nom de Plaute et les a classées en 3 catégories :
1. 21 pièces qui sont certainement de Plaute, appelées « varoniennes ». Elles remontent
à un archétype d’une édition de l’antiquité, dans lequel les pièces sont classées par
ordre alphabétique.
2. 19 pièces attribuées à Plaute, mais pour lesquelles on a des doutes.
3. 90 pièces que Varron ne considère pas être de Plaute.

Jusque 1815, les pièces de Plaute étaient connues grâce au Codices Palatini (bibliothèque
Palatina en Allemagne), remontant à un archétype du 9ème siècle. En 1815, le cardinal Angelo
Mai (spécialiste des palimpsestes et des textes grattés) découvre sur un palimpseste de la
bibliothèque ambrosienne (d’abord à Milan, ensuite à Rome) toutes les comédies
varoniennes de Plaute. Mais il a utilisé des produits chimiques pour déchiffrer le parchemin,
ce qui a causé des dommages irrémédiables. Une datation de ses œuvres n’est pas possible,
sauf pour 4 d’entre elles, qui sont dotées d’une didascalie.
L’originalité de Plaute

On ne connaissait presque rien de la comédie nouvelle (si ce n’est par deux comédies de
Ménandre retrouvées sur des papyrus littéraires). Mais une fois certaines de ses pièces
retrouvées, on a pu le comparer à Plaute pour dégager le degré d’originalité de ce dernier.

Les philologues ont longtemps vu Plaute comme un imitateur servile des Grecs. Au 20ème
siècle, Fraenkel explique comment Plaute a remodelé ses modèles en l’adaptant au goût du
public de Rome. Cette liberté est bien soulignée par la comparaison entre le Dis exapaton de
Ménandre et une scène des Bacchides de Plaute.
• Titres en latins (contrairement à Térence) : par exemple, le Kleroumenoi devient le
Sortientes, puis le Casina.
• Structure différente des comédies grecques : les comédies de Plaute sont riches en
parties chantées (cantica), parfois plus qu’en parties récitées (deverbia), alors que les
pièces grecques n’ont pas de parties chantées. Cela a eu des conséquences sur la
métrique latine, car Plaute a été contraint d’introduire une grande variété de mètre.
• Langue de Plaute : pleine de jeux de mots, de néologismes, de mots populaires… c’est
une langue appréciée par la suite (Quintilien, Cicéron, Pline le Jeune), à l’exception
d’Horace qui préfère Térence. Un exemple de jeu de mot se trouve dans l’un des titres
de Plaute : le Patruos Pultiphagonides, « l’oncle de la race des mangeurs de bouillie »,
est un mot hybride, moitié grec, moitié latin.

Térence 2ème siècle ACN (185 – 159)

Né à Carthage (africain), amené à Rome comme esclave, il fut affranchi et introduit


dans le cercle des Scipions et de C. Laelius, dont il est devenu l’ami (ce qui lui vaudra des
accusations par la suite, comme quoi il aurait été favorisé et aidé par ces gens).
Il nous reste de lui 6 palliatae, imitée pour la plupart de Ménandre et généralement
contaminées : Andria (contaminatio à partir de deux pièces de Ménandre) – Hecyra
(contaminatio à partir d’Appolodore de Caryste et de Ménandre) – Héautontimorouménos
(même comédie que Ménandre) – Eunuchus (contaminatio à partir de deux pièces de
Ménandre) – Phormio (d’Appolodore de Caryste ; seul titre original de Térence) – Adelphoe
(de la même comédie de Ménandre, contaminée par celle de Diphile).
Il est tout le contraire de Plaute : il s’adresse à une classe plus élevée, il a une diction
soignée, une bienséance continue, un plan méthodique et il peint correctement les mœurs
des caractères.
Térence est fait porte-parole de l’humanitas, qui représente les caractéristiques de
l’homme (réflexion philosophique). Une des phrases de ses pièces a été prise comme
modèle de l’humanitas, comme fondement de l’humanisme (« Je suis un homme, et je pense
que rien de ce qui est humain ne m’est étranger »), alors que Térence l’a juste utilisée pour
justifier l’intrusion d’un personnage dans les affaires d’un autre.
La contaminatio : procédé qui fusionne les scènes de deux ou plusieurs comédies
grecques pour la réalisation d’une seule comédie romaine, ayant pour volonté d’accroître
l’intérêt du spectacle avec une intrigue plus complexe.

3. Origine de la poésie épique

L’épopée latin est tributaire de la littérature grecque, en particulier d’Homère (on dit
d’Ennius qu’il est l’Homère latin), notamment pour les techniques de compositions
(hexamètre dactylique).

Les caractéristiques de la poésie épique diffèrent de celles de la Grèce :


- Poème national : il célèbre les vertus qui font la grandeur de Rome (ce qui n’est pas fait
en Grèce puisque ce pays ne présente pas d’unions → c’est une confédération de cités
grecques indépendantes).
- Poème à finalité pédagogique : il se réfère à un passé glorieux et à des exemples de
conduites devenus mythiques. Tout romain peut s’identifier à Enée, modèle du citoyen
romain parfait (au contraire d’Ulysse, qui lui n’est pas un exemple à suivre). Ces textes
sont étudiés dans les écoles, comme ceux d’Ennius, puis ceux de Virgile (Saint Augustin en
témoigne).
- Collectivité : c’est la célébration du destin de toute une nation, et non du destin d’un
individu en particulier.
- Poème politique et historique : le poème est une projection dans une dimension
atemporelle de l’ensemble des valeurs de la culture romaine. La poésie épique montre à
travers de figures exemplaires l’ensemble des qualités qui doivent conduire à l’idéal
romain.
- Véhicule l’idéologie des classes dominantes : à l’époque d’Ennius, il s’agissait de celle de
l’aristocratie, à l’époque de Virgile, celle d’Auguste.

Ces trois types de carmen sont une préparation à l’épopée :


✓ Carmina convivalia
✓ Laudationes funebres
✓ Carmina triumphalia

Nous pouvons compter dans la poésie épique les productions suivantes :


• Les Annales d’Ennius
• L’épopée latine de Naevius
• La traduction en vers saturnien de Livius Andronicus
Naevius 3ème siècle ACN

Ses poèmes représentent les caractéristiques particulières de l’épopée latine. Son


épopée est le Bellum Punicum, écrite en vers saturniens. Naevius a personnellement vécu
les évènements de cette première guerre punique (262 – 241). En partant d’un évènement
récent de l’histoire, Naevius parcourt toute l’histoire de Rome jusqu’au mythe d’Enée et
Didon, dont la rencontre préfigure la future rivalité entre Rome et Carthage.

La distance avec Homère est perceptible par :


- Le choix des sujets (historique)
- La manière dont il le traite (mélange de mythe et d’histoire)
- Finalité éthico-pédagogique
 Son poème est le chant choral de tout un peuple qui, à travers l’histoire, recherche sa
propre identité. Avec Naevius, l’esprit romain commence à écrire son histoire.

Ennius 3ème – 2ème siècles ACN

Il est le père de la littérature latine et l’auteur le plus connu de toute la République. Il est
né en Apulie (dans le sud de l’Italie, où la culture osque se superposait à la culture grecque),
ramené à Rome par Caton le Censeur et acceuilli dans le cercle de Scipion l’Africain. Il reçut
ensuite la citoyenneté romaine. Ainsi, Ennius dit avoir trois cœurs : un grec, un osque, et un
romain.

Il diffuse la culture grecque à Rome, mais réalise aussi une synthèse culturelle entre les
composantes grecques, romaines et italiques. Il amenait des idées grecques et les
acclimatait à la culture romaine, ce qui en fait en vrai médiateur.

Il est pythagoricien, et crois en la réincarnation : il prétend être la réincarnation


d’Homère. Il est un homme de culture, intéressé par tous les domaines du savoir. Son œuvre
est complexe et comporte de multiples facettes (théâtre, poésie épique…) :

 Ambracia : praetexta qui célèbre les exploits de Marcus Fulvius Nobilior, dont Ennius
fréquentait le cercle.

 Annales :
• Grand poème épique et national de 18 livres.
• Il obéit aux règles de l’esthétique alexandrine, étant groupés par 3 (ce qui le
diffère de ses contemporains Naevius et Livius Andronicus, qui avaient
composé des poèmes continus) : 3 livres sur les rois, 3 sur les guerres du 5ème
siècle, 3 sur les guerres puniques, etc. Les 6 premiers livres exposaient le mythe
des origines avec l’histoire de Romulus. Les autres se rapportaient aux guerres
puniques et aux avènements de l’histoire plus récente.
• Conception de l’histoire année par année, dans un ordre chronologique.
• De ses 30 000 vers, il ne nous reste que 600 fragments.
• Ennius codifie définitivement le genre épique en lui donnant un mètre
(hexamètre) et une langue.
• Ses Annales servirent à fixer l’idéologie de la classe dirigeante, en leur
fournissant une justification aux guerres de conquête et à cette volonté de
dominer.
• Idéologie perçue par Cicéron (De Republica) : à l’époque de Cicéron, les valeurs
sont mises à mal : il veut alors retrouver l’idéologie d’Ennius. Ainsi, au 1er siècle
PCN, Ennius devient un point de repère pour les auteurs voulant restaurer les
fondements idéologiques de la romanité.

 Saturam libri : on n’en sait presque rien en raison de la rareté des fragments et des
rares allusions chez les auteurs.

4. Origine de la satire

C’est un genre difficile à définir précisément. Diomède en donne deux définitions et


quatre étymologies (selon leurs allusions comiques et grivoises ; selon le plat lanx, riche et
varié ; selon etc…). Ses définitions distinguent deux types de satires :

➢ La plus ancienne est caractérisée par la diversité des thèmes. Elle est représentée
par Ennius et son neveu, Pacuvius.
➢ La seconde, plus récente, est caractérisée par son intention moralisatrice très
nette : mettre en évidence les vices des hommes. S’y illustrent Lucilius et Varron.

La satire est un genre très ouvert et très libre sur le plan stylistique et thématique.
Cette ouverture est bien adaptée pour représenter la réalité multiforme de l’expérience
humaine vue à travers le filtre du fantastique et du grotesque.

Aussi, c’est un genre neuf et typiquement romain. Il n’est pas noble.

 Ennius : Saturarum libri

 Pacuvius : satires dont on ne peut se faire une idée que par les grammairiens.

 Varron : 150 livres de satires sous le nom de Saturae Menippeae. Les Saturae
Menippeae sont 150 livres de satires écrites par Varron, un contemporain de
Cicéron.
Le titre renvoie à Ménippe de Gadara (ville de Syrie), auteur du 3ème siècle ACN de
satires et de diatribes, et à la diatribe cynico-stoïcienne dont le propre était de décrire les
hommes et leurs mœurs par la parodie.

De cette œuvre, on a conservé une centaine de fragments. Elle est composée de


petites pièces où transparait son pessimisme face à la décadence morale de son époque. Car
à l’époque de Varron, la société romaine est en pleine mutation : elle est à la recherche de
modèles culturels nouveaux et éloignés de ceux des origines. Varron voulait donc refonder la
morale et l’éthique de Rome sur base des anciennes valeurs.

Ce thème était probablement développé dans le Sexagesis, dont nous avons une
vingtaine de fragments : Varron imagine qu’il se réveille après un sommeil de dizaines
d’années dans une société qu’il ne reconnait plus, dominée par la perfidia et l’impudicitia
(on ne respecte plus les parents, le forum est devenu un marché, …). D’autres titres
témoignent de cette intention moralisatrice, comme le Bimarcus, le Marcopolis, le
Sexquiulixes, le Tricaranos ou le Cave canem.

Varron, avec ses satires, s’inscrit dans la continuité d’Ennius. Ce genre de la satire est
neuf, et typiquement romain (Quintilien dira : Satura tota nostra est). C’est un genre assez
ouvert, présentant une grande liberté sur le plan stylistique et thématique. Il est adapté
pour représenter la réalité par le biais du fantastique et du grotesque. Sénèque et Pétrone
ont repris cet esprit, l’un dans l’Apocoloquitose, l’autre dans le Satyricon.

Lucilius 2ème siècle ACN (180 – 103)

Il est né en Campanie dans une famille de chevalier. C’est un ami de Scipion l’africain
et fait partie de son cercle. Il doit être considéré comme un auteur charnière entre le 2ème et
le 1er siècle ACN : à la fois il est tourné vers le passé puisqu’il est dans le cercle des Scipions
et qu’il reprend les valeurs d’Ennius, à la fois il est tourné vers le futur puisque ses textes
n’existent que pour eux-mêmes et qu’ils sont intimes et ouverts sur sa vie.

Il est l’inventeur de la satire et établira sa forme définitive : il mêle le genre purement


romain de la satura avec le genre grec de la diatribe cynico-stoïcienne + il impose
l’hexamètre dactylique. Cette forme sera reprise par Horace, Juvénal et Perse.
Ses 30 livres de satires (dont il nous reste 1300 fragments) permettent de montrer
l’évolution du genre :
1. Mélange de prose et de poésie + présence de mètres divers + variété des thèmes
2. Variété des thèmes + hexamère + réflexion morale, narration d’épisodes
autobiographiques et impressions personnelles
 Lucilius se caractérise par sa variété de thèmes et sa langue vive, proche de la langue
parlée. Ses satires sont comme un journal intime, qui nous permet de nous plonger
dans la société d’alors.
CHAPITRE 3 : renouvellement de la culture romaine + épanouissement de la
littérature latine

1. Caractéristiques générales

La fin de la République est une période inféodée et détachée du pouvoir politique : les
auteurs ont plus de libertés. Il y a de grands bouleversements sociaux et politiques dus à des
crises internes et externes profondes à la fin du 2ème siècle ACN :
Crises externes :
- Guerre de Jugurtha
- Guerre contre les Cimbres et les Teutons
Crises internes :
- Lois sociales des Gracques
- Guerres serviles de Spartacus
- Guerres civiles entre Marius et Sylla

 Situation explosive qui a entraîné une remise en question des valeurs. L’intellectuel
veut se modeler de nouveaux modèles culturels. Il accuse les classes dirigeantes
d’être incapables de donner une réponse adéquate aux changements des conditions
économiques, sociales et spirituelles.

Deux possibilités pour les écrivains :


❖ Ils se replient sur eux-mêmes et se réfugient dans l’érudition (la langue, l’histoire,
l’antiquité… domaines qui intéressaient peu le monde). Ainsi, ils ne peuvent être
critiqués ni faire de mal. C’est la position de Varron, qui donnera naissance à une
importante œuvre d’éruditions.
❖ Ils renouvellent les genres littéraires, ils veulent des genres littéraires qui n’ont
encore jamais été exploités à Rome, comme les œuvres qui n’existent que pour elles-
mêmes ou la littérature d’inspiration personnelle (expression des sentiments).
 Epigrammes, élégies, poèmes érotiques.

Statut de l’écrivain :
Les auteurs s’affranchissent du pouvoir politique et sont beaucoup plus libres. Avant,
enfermé dans un lien de client-patron, ils devaient écrire des œuvres pour plaire aux
puissants (comme le cercle des Scipions). Mais au 1er siècle ACN, le pouvoir est très instable :
s’identifier à un personnage et en attendre un retour est presque impossible.
Ce lien entre patron et client reviendra à l’époque impériale, car avec l’avènement de
l’empire, le pouvoir est centré sur la personne de l’empereur et est stable.
 Les Poetae Novi clament leurs indifférences, voir leur dédain, face aux personnalités
politiques, tout comme Catulle (par rapport à César).
2. Poetae Novi, Catulle, élégiaques

❖ Q. Lutatius Catulus

C’est un homme politique important. Mais dégouté de la politique, il se tourne vers la


poésie. Il fut alors orateur, historien et poète. Autours de lui gravitent des poètes grecs
comme Archias et Antimaque, et des auteurs romains.
 Ce cénacle d’intellectuel pourrait faire penser à celui des Scipions, mais l’activité
littéraire de Catulus et de ses amis se suffit à elle-même : elle ne cherche pas à
satisfaire les puissants.

❖ Epigramme

Tous les poètes furent auteurs d’épigrammes. Ce sont des petits textes très travaillés
sur des sujets légers, purs jeux littéraires composés pour le plaisir de faire une composition
littéraire parfaite par sa forme.
➔ Ils sont héritiers de l’Alexandrinisme, courant littéraire de l’époque hellénistique.
L’expression des sentiments personnels, le thème de l’érotisme et les allusions
mythologiques (mythes complexes, rares, peu traités) y sont importants.

❖ Poeate Novi

 Nous n’avons pas conservé beaucoup de textes des Poetae Novi. Le seul auteur pour
lequel nous ayons des textes complets est Catulle.

Pourquoi n’a-t-on pour certaines œuvres que des fragments ?


- L’œuvre n’a pas plu / était trop complexe / n’était pas adaptée pour le milieu scolaire
→ On n’a pas pris la peine de la recopier dans son intégralité.
- On a perdu les copies par accident.

Dans le cas des Poetae Novi :


- Leurs textes ne sont pas étudiés dans les écoles : ils n’étaient pas adaptés à l’étude de la
langue latine puisqu’ils étaient trop complexes. De plus, ils rompaient avec les grandes
valeurs traditionnelles (textes subversifs).
- Ils n’ont pas plu car ils sont trop complexes (par exemple, le texte de la Zmyrna a nécessité
un commentaire dès sa sortie tellement le texte était compliqué).
Le groupe des Poetae novi est un groupe informel d’érudits, d’auteurs, de
grammairiens, de philologues, etc. Leur but est de renouveler le genre poétique.

Influence

Leur influence fut capitale : tous les auteurs de l’époque furent confrontés de près ou
de loin à la poésie néotérique (Catulle, Cicéron, Virgile…).

Deux philosophes épicuriens grecs, Philodème et Siron, eurent aussi une influence
considérable sur tout Rome. Leurs leçons attiraient toute la jeunesse romaine qui resta
influencée par leur enseignement. L’épicurisme était alors le principal courant
philosophique représenté à Rome. Cette influence épicurienne se retrouve
particulièrement chez les Poetae Novi, qui s’en servirent comme support idéologique pour
prendre leurs distances via les valeurs traditionnelles.

Traits principaux

➢ Refus de la poésie traditionnelle qui exaltait les gloires nationales. Préférence pour :
• Thèmes érudits
• Sujets mythologiques
• Épigramme érotique
• Lusus littéraire et élégant

➢ Forme brève, élégante, cultivée

➢ Sujets mythologiques choisis parmi les moins connus et trouvés à force de recherches
dans les livres. Ces mythes sont exposés dans les epullia.

Epullion = petite épopée introduite dans un autre texte (c’est une histoire dans une histoire).
Technique très pratiquée par les poètes alexandrins, puis par les poètes latins (Virgile avec
l’histoire d’Aristée dans les Géorgiques ou avec l’histoire de Didon dans l’Enéide).
Compositions brèves recommandées par les poetae novi, mettant l’accent sur le mythe,
souvent peu connu ; l’eppulion n’a pas supplanté l’épopée traditionnelle, mais s’y ajoute.

➢ Poésie qui a fait l’objet d’une longue maturation, d’un labor limae → D’où la grande
complexité de ces textes. C’est un texte simple en apparence, mais qui cache une
richesse extrême de connaissances et une complexité métrique et stylistique (Zmyrna,
d’Helvius Cinna, raconte le mythe de Myrrha, fille du roi de chypre transformée en
arbre ; on y retrouvait tous les points du programme des poetae novi + tellement
compliqué qu’il a nécessité des commentaires).

➢ Intérêt pour les sentiments, pour l’introspection, pour la découverte de soi de manière
directe ou par les mythes. ➔ Les poetae novi ont introduit dans la culture romaine la
poésie lyrique.
Catulle 1er siècle ACN (87 – 53)

Une partie de son œuvre nous est transmise par un liber découvert au 14ème siècle,
comprenant 116 poèmes regroupés selon un critère métrique.

L’œuvre de Catulle est très diversifiée, nous en avons au moins 3 facettes :


1. Nugae : divertissements littéraires, bagatelles, poèmes légers caractérisés par des
invectives (mots crus) envers des adversaires politiques (genre spécifique à Catulle).
2. Poésie pour Lesbie
3. Carmina docta (poèmes savants)

Biographie : il est né en 87 dans une famille provinciale riche, à Véronne. Il arrive à Rome en
65, où il entre en contact avec le cercle néotérique. Il s’y fait ses idéaux politiques et y trouve
son mode de vie, à savoir une vie de bohème (comportement anticonformiste et polémique
contre ses ennemis).

1. Nugae : épigrammes inspirées par les aventures galantes et les beuveries dans les
tavernes romaines + textes de polémique littéraire + caricatures et invectives contre des
personnages connus tels que Cicéron ou César, ou contre les populares. Sa cible favorite
est Mamurra, ami officiel de César, à qui il reproche corruption, avidité…

2. Poésie pour Lesbie : à Rome, il rencontre Clodia (sœur d’un tribun césarien ennemi de
Cicéron et femme du gouverneur de Gaule). Celle-ci prend le nom de Lesbie dans ses
poèmes, en référence avec Lesbos, l’île de la poétesse Sappho (il admirait beaucoup cette
dernière, et a même traduit l’un de ses poèmes). L’amour qu’il entretient avec elle est
compliqué : c’est à la fois un amour-diligo (un amour lié au choix, que l’on peut comparer
à l’amour paternel) et un amour-uror (passionné, total, exclusif) → Alternance de
tendresse et de fureur, de réconciliations et d’invectives.

3. Carmina docta : textes très longs en hexamètres dactyliques (2300 vers). Leur sujet est
mythologique, comportant des eppulia d’inspiration néotérique avec beaucoup
d’érudition. Ce sont des textes très travaillés. Une caractéristique principale est l’allégorie
mythologique. Exemples :
 Poème 64 : Noces de Thétis et Pélée ; eppulion sur l’histoire d’Arianne abandonnée
par Thésée, faisait directement référence aux sentiments du poète pour Lesbie (les
différentes facettes de l’œuvre de Catulle sont connectées).
 Poème 63 : à travers les lamentations d’Attis, prisonnier de Cybèle, on retrouve les
sentiments de Catulle, lui-même nostalgique.

La dette de Catulle envers la littérature hellénistique est importante. Il a su réélaborer


ses modèles grecs avec une sensibilité nouvelle, romaine et personnelle. On peut le
constater en comparant son poème 51 à l’ode 2 de Sappho, et 66 à des fragments de
Callimaque.
3. La poésie didactique : Lucrèce

La poésie didactique a pour but de véhiculer un message et d’apprendre quelque chose à


son lecteur.

Lucrèce 1er siècle ACN (95 – 54 ?)

Lucrèce est le reflet des crises de Rome au 1er siècle ACN. Il a opté pour la deuxième
attitude. Il voudrait que la crise cesse : il appelle à la paix et apporte une solution par la
philosophie épicurienne.
 Son poème contient des références à la crise morale que traverse la société romaine.

❖ Sa vie

Nous ne connaissons sa vie qu’à travers les maigres informations que nous donne
Saint Jérôme (auteur de la fin du 4ème siècle). Il n’aimait pas du tout Lucrèce, puisque ce
dernier était épicurien, et que cette philosophie est athée. Sa vision peut donc ne pas être
très objective. Il nous dit que Lucrèce s’est suicidé et qu’il était un malade mental, ayant
écrit son poème dans des moments de lucidité.
Une légende s’est créée autours du personnage de Lucrèce. Nombre de philosophes
célèbres s’étaient déjà suicidés avant lui (Empédocle, qui se serait jeté dans l’Ethna).
Lucrèce n’a pas laissé indifférent, même à l’Antiquité. À l’époque d’Auguste, une
conjuration du silence existait autours du poème de Lucrèce, car l’interprétation qui en était
faite le rendait sulfureux.

❖ Son poème De Rerum Natura

Sa publication et sa conservation
Lucrèce est mort avant d’avoir pu le publier : Cicéron s’est chargé de la diffusion. Cela
montre les rapports étroits entre ces personnages et l’intérêt de Cicéron pour ce texte
philosophique (s’il l’a publié, c’est qu’il le jugeait bon pour la population).
Si nous avons le texte de Lucrèce aujourd’hui, c’est grâce aux chrétiens. Ils étaient
contre le texte de Lucrèce. Ils l’utilisaient comme exemple du paganisme, à ne pas suivre, et
le citaient alors abondamment. Lactance, par exemple, dans son ouvrage « L’œuvre
créatrice », dit que le corps de l’homme est tellement bien fait qu’il ne peut pas être dû au
hasard, mais ne peut être que l’œuvre de Dieu. Il s’oppose ainsi à Lucrèce et à sa
philosophie, dont le principe de base est le hasard.
Sa philosophie
Le but de Lucrèce est de mettre à la portée de tous la philosophie d’Epicure (raison
pour laquelle il utilise la forme du poème, et non du traité1). Il considère cette dernière
comme une philosophie de libération : elle permet de s’affranchir des craintes et des
angoisses, notamment de la peur de la mort (car il n’y aurait rien après : les enfers, le
châtiment éternel… ne seraient que des fables).2

Sa structure
Le poème de Lucrèce est dédicacé à Memmius (tribun de la plèbe, préteur puis
gouverneur de Bithynie), qu’il traite en égal en lui parlant de manière affectueuse et
familière. Il veut l’amener à adhérer complètement à l’épicurisme.
Dans le prologue, on trouve une invocation à Vénus, preuve que la paix était une
préoccupation majeure de son temps.

On pourrait croire la structure du poème chaotique, mais elle est en réalité très
réfléchie :
- Œuvre divisée en 6 chants qui vont deux par deux (3 groupes de 2 chants)
- Au début de chaque paire de chants, il y a un éloge à Epicure (d’abord au sujet de sa
révolte, ensuite sur la science, et enfin sur la morale).

 Chants I et II : sur les principes généraux du monde, chants très techniques


(vision atomiste).

 Chants III et IV : explique de quoi est composé l’humain + étude de l’âme → il


passe du monde à l’être humain : comment expliquer l’homme dans le contexte
de l’atomisme ?

 Chants V et VI : le monde est mortel + se termine par la peste à Athènes, épisode


très noir.
 Il développe ici le caractère mortel du monde. Contrairement au stoïcisme, qui
croyait que le monde était éternel et fait de renaissances et régénérations,

1 Epicure condamne la poésie ; or, Lucrèce est poète. La poésie, contrairement aux traités de
philosophie, est le meilleur moyen pour faire passer un message complexe. De plus, on en faisait des
lectures publiques.
2 Cela peut avoir des conséquences politiques. Par exemple, lors d’une conjuration déjouée par
Cicéron, se posait la question du sort des conjurés : doit-on les mettre à mort, ou les emprisonner à
vie ? L’épicurisme prônera la deuxième option : morts, ils ne peuvent plus souffrir, alors que vivants,
oui. D’ailleurs, l’épicurisme a été banni à l’époque d’Auguste, car c’est une philosophie qui encourage
les libertés individuelles : rien n’est pensé par une divinité ou un principe guidant le monde ; nous
seuls somme les artisans de notre vie. Cette philosophie donne bien trop de libertés au gens,
puisqu’elle préconie de s’affranchir d’un pouvoir fort et unique.
l’épicurisme croit que le monde a un début et une fin définitive (qui sera due au
hasard, comme son commencement).

4. L’épopée entre Ennius et Virgile

Ennius a eu beaucoup d’imitateurs, mais leurs œuvres sont très mal conservées. Il y a
eu une dégradation du genre épique, qui aura une renaissance avec Virgile.

5. La prose : historiographie – philosophie – rhétorique

L’essor de la prose à Rome n’a lieu qu’au 1er siècle PCN. Il y eut des précurseurs, tels
qu’Appius Claudius Caecus, Caton l’Ancien et Varron, mais ils constituent des exceptions. À
Rome, la prose arrive après la poésie.

La prose prend trois orientations : l’histoire, la philosophie et la rhétorique, trois


disciplines liées qui ont avant tout un rôle utilitaire net sur le plan politique et moral.

• L’histoire est une œuvre de mémoire. Le Romain tient beaucoup à son passé, vu
comme positif et sensé éclairé le présent. Cicéron dit : « testis tempora, magistra
vitae ». Aussi, l’histoire a une dimension morale : elle est sensée montrer des
exemples de conduite positifs ou négatifs (à travers de grandes figures historiques).
• La rhétorique : elle a un rôle indispensable en politique : l’homme politique, pour
convaincre son auditoire, doit maitriser l’art de bien parler.
• La philosophie, à Rome, sert à faire connaître les philosophies antérieurs grecques.
Elle opère un travail de synthèse des connaissances et diffuse cette connaissance.

Ces disciplines sont liées :


- L’histoire fait appel aux ressources de la rhétorique dans ses discours, ceux-ci étant fictifs.
- L’orateur utilise les grands discours du passé.
- La philosophie apporte une dimension morale à l’ensemble.
A. HISTOIRE

Caractéristiques

➢ Culte de la tradition : le passé est sacré pour les Romains, ce qui est ancien à de la valeur.
➢ Les Romains racontent leur propre histoire, et rarement celle d’autres peuples.
➢ C’est une histoire globale, qui reprend l’histoire romaine depuis ses débuts. On raconte
rarement des épisodes particuliers (à l’exception de Saluste), confer Tite-live (Ab Urbe
Condita) et Tacite (Histoire & Annales).
➢ Ils n’ont pas beaucoup de gout pour les documents. Leurs sources sont les érudits et les
antiquaires.
➢ Histoire liée à la rhétorique par les discours fictifs.
➢ Pas de dimension philosophique.

Différents types

 Annales : histoire des évènements racontée année après année, dans l’ordre
chronologique. L’annalistique est la plus ancienne manière de faire de l’histoire à
Rome. Elle est apparue alors que la littérature n’était pas encore née, en témoigne
les Tabula Dealbata du pontifex Maximus. Cette technique est reprise par la suite,
d’abord par Fabius Pictor, au 3ème siècle ACN (il a écrit des Annales d’abord en grec
puis en latin) puis par Tite-Live, au 1er siècle ACN-PCN (Ab Urbe Condita).

 Histoires : elles apparaissent au 2ème siècle ACN. Parmi les premiers auteurs des
histoires, on trouve Lucius Caelius Antipater avec le Bellum Punicum, ou Caton avec
les Origines (ouvrage consacré aux origines de Rome et aux peuples italiques). On
retrouve ensuite Salluste, Tacite et Ammien Marcelin. C’est une méthode autre que
les annales : on se concentre sur des épisodes plus ciblés et on réfléchit plus sur les
causes des évènements.

 Biographie : Cornelius Nepos, dans le De viris illustribus, compose la biographie de


Grecs et de Romains. Il ne nous reste que 23 briographies sur les vies des généraux
étrangers et celles d’Atticus et de Caton. Tacite (Agricola) et Suétone (De Vita
Caesarum & De viris illustribus) cultivent également ce genre. Ensuite,
l’autobiographie sera pratiquée, surtout par des hommes politiques.

L’œuvre de Varron est proche de l’historiographie. Il établit une immense encyclopédie


en 41 livres que Saint-Jérôme résume dans la Cité de Dieu : les Antiquitates.
Varron contribua beaucoup à forger une identité culturelle pour le peuple romain durant
la période de crise des valeurs et à un moment de transition. Cicéron l’aime beaucoup en
raison de son nationalisme : Varron, par son ouvrage De lingua latina, veut expliquer au
peuple romain l’origine de leur langue et la valoriser → De manière générale, il veut
valoriser le patrimoine romain.
B. Philosophie

Le poids de la philosophie grecque est très important : elle a répandu en Grèce ses
différents courants depuis l’ambassade de 155. Les Romains se les sont appropriés. Au 1er
siècle ACN, des penseurs intermédiaires ont réorientés la philosophie des Grecs : ce n’est
donc plus la même philosophie qu’à l’époque de leur concepteur.
Cicéron est le seul nom à citer pour la philosophie du 1er siècle ACN.

C. Rhétorique

Le rôle de l’éloquence est capital dans la société romaine. Car pour faire carrière en
politique, il faut avoir une bonne maîtrise de l’art oratoire pour convaincre les foules.

En 155, lors de la deuxième ambassade grecque, Carnéade donnait des conférences où


il démontrait des thèses contradictoires grâce à son habilité oratoire. La rhétorique, comme
technique pure, est considérée comme amorale, une arme redoutable qui peut autant être
mise au service de la vérité que du faux. Il faut donc qu’elle soit guidée par une éthique
irréprochable. Ainsi, la formation du jeune romain doit comprendre l’enseignement des
règles techniques de l’éloquence + des règles morales.

La rhétorique meurt après Cicéron à cause de l’avènement de l’empire. À partir de là,


c’est l’empereur qui parle, et c’est toujours lui qui aura le dernier mot : les sénateurs n’ont
alors plus qu’un rôle d’apparat, tout comme l’éloquence.
• Tacite, Dialogus de oratoribus : il dénonce la décadence de la rhétorique et en
analyse les causes profondes.
• Quintilien, Institutio oratoria : encyclopédie où il résume toutes les connaissances
que l’orateur doit acquérir + comment former un bon orateur.
• Pline le Jeune, Panégyrique de Trajan : montre bien que l’éloquence est devenue
une éloquence d’apparat.

Cicéron 1er siècle ACN

Philosophie :
Il veut compléter le patrimoine de Rome, et remarque que la philosophie en est
totalement absente, écrasée par celle des Grecs. Cicéron ne va pas chercher à créer de
nouvelles écoles, mais à inventer des termes de vocabulaire latins pour expliquer les
systèmes déjà existants. Il veut que ses contemporains se nourrissent de la philosophie, en
particulier celle de Platon. Cicéron est un homme d’action impliqué dans la vie politique : il
dit que la philosophie doit être mise en pratique → dimension sociale et politique
importante. Il affirme qu’il veut divulguer la philosophie grecque pour trois raisons : instruire
les jeunes, permettre l’indépendance de la culture romaine et s’adonner à une occupation
utile.
Cicéron a vécu deux périodes de retrait politique, lors de périodes plus sombres de sa
vie. Il se retire de la vie politique (otium) et écrit de la philosophie entre 54 et 51 et après 47.

Rhétorique :
La rhétorique est l’activité majeure de Cicéron, puisqu’il est avocat et politicien. Dès
80, Cicéron s’est intéressé à la rhétorique et a écrit le De Inventione : il y met la rhétorique à
l’origine de la civilisation, élément moteur qui aurait conduit à l’établissement de société.

Ses œuvres :
- De Republica + De Legibus (titres repris de Platon) : Cicéron expose un régime idéal. Il
propose une réflexion philosophique sur ce que devrait être un bon système politique.
Cette réflexion philosophique est inspirée de la philosophie de Platon.
- De oratore : ouvrage de trois livres très complexe : c’est le grand texte de Cicéron en
matière de rhétorique.

En 46 et 45, Cicéron se retire de la vie politique dans son otium pour s’occuper de
philosophie…
- Consolatio : mort de sa fille Julia
- Hortensius : exhortation à la philosophie
… mais aussi de rhétorique :
- L’Orator : texte technique, exposé des connaissances
- Brutus : histoire de l’éloquence

Entre 45 et 43, il compose une trentaine de livres qui passent en revue les différents
problèmes de la philosophie (surtout des problèmes éthiques) :
- Tusculanes : réflexion sur la mort
- De natura deorum : trois livres où il réfléchit sur la présence des dieux ou non (les deux
systèmes politiques alors en concurrence sont le stoïcisme et l’épicurisme ; tandis que le
stoïcisme pense qu’une force nous guide et que notre destin est déjà tout tracé,
l’épicurisme est athée et ne croit pas qu’une divinité guiderait l’univers ; l’homme est
maître de lui, il n’a pas de destin établi dès le départ par une divinité).
- De divitatione : réflexion sur la divination
- Cato maior : réflexion sur la vieillesse
- Laelius : réflexion sur l’amitié

À la mort de César, Cicéron se réinvestit dans la vie politique. Il écrit en 44 la première


Philippique, un discours contre Antoine, ce qui signera son arrêt de mort.
Sa correspondance nous permet de suivre sa vie avec une grande précision. Si c’était un
homme politique malhonnête, il reste un grand savant et un grand orateur.
CHAPITRE 4 : époque d’Auguste : une littérature au service du pouvoir

Avec l’instauration de l’empire, le pouvoir est entre les mains d’une seule personne.
Les institutions romaines n’ont pas été modifiées, mais seul l’empereur est le véritable
maître.

Trois choix se présentent aux intellectuels :


- Devenir des porte-paroles de l’idéologie officielle, et donc se mettre au service du pouvoir
en place. C’est l’attitude de la plupart des auteurs (ainsi, ils peuvent bénéficier de faveurs,
de cadeaux, de prestige…) → Cercle de Mécène + attitude de la plupart des auteurs.
- Se replier sur soi et ne pas prendre position → Cercle de Messala.
- Exercer une critique de façon +- indirecte. La liberté de parole et d’écrit n’existait pas à ce
moment-là, c’est donc très risqué : on risquait l’exil, donc le suicide politique → Ovide et
Martial.

Auguste se sert de la littérature comme outils de propagande pour véhiculer ses valeurs :
- La paix (plus de guerres civiles)
- L’ordre (classes sociales bien établies)
- La moralité (revenir à la stabilité des couples et des familles)

Le cercle de Mécène (Gaius Maecenas) est le cercle des auteurs proches du pouvoir.
Mécène protège les lettres par calcul politique mais aussi par goût personnel (il a lui-même
composé quelques pièces dont il ne nous reste que quelques fragments). Appartiennent à ce
cercle Virgile, Horace, Properce, Varius et Tucca → Solidarité entre tous ces auteurs. Leur
philosophie de prédilection est l’épicurisme. Ils croient sincèrement qu’Auguste va rétablir
l’ordre, et donnent lieu à des chefs-d’œuvre.

1. Virgile 1er siècle ACN (70 – 19)

Il est né près de Mantoue d’une famille modeste. Il est parti étudier à Rome ou à Naples
où il fréquenta l’école épicurienne de Simon. Il fut aussi beaucoup influencé par les poetae
novi (on retrouve leur emprunte dans toutes ses œuvres). Il meurt en 19 lors d’un voyage en
Grèce. Ce sont Varius et Tuca qui s’occupent de la diffusion de l’Enéide.

Trois signes de la grande popularité de Virgile :


- La conservation exceptionnelle de ses œuvres → elles servaient de support didactique à
l’apprentissage de la langue latine (Saint Augustin rapporte dans ses Confessions qu’il
étudiait les vers de Virgile)
- Les chrétiens ont voulu en faire un annonciateur du christianisme (églogue 4)
- On a inséré des éléments légendaires à sa biographie.
Trois œuvres :
 Les Bucoliques (entre 42 et 39) : ce sont 10 églogues en hexamètre disposées selon un
schéma étudié. On a une alternance des chants amébées (des chants alternés où un
berger répond à un autre berger) et des chants continus (un seul berger). On peut
clairement voir l’influence de Théocrite dans les églogues 2, 3 et 5 (poète grec qui écrit de
la poésie pastorale avec des bergers comme protagonistes). À l’églogue 4, Virgile raconte
la naissance d’un enfant destiné à voir le monde profondément renouvelé : les chrétiens y
verront une annonce du Christ.

 Les Géorgiques (entre 30 et 29) : c’est un poème didactique en 4 livres dédiés à Mécène.
Le premier relève de la culture des champs, le second des arbres, le troisième de l’élevage
des animaux et le quatrième du miel. C’est dans ce dernier qu’on trouve la fabula Arestei,
qui remplaça au dernier moment l’éloge de Cornelius Gallus, tombé en disgrâce auprès
d’Auguste. Aristée est un personnage mythologique, un apiculteur qui perdit ses essaims.
Cela donne lieu à une série d’histoire. Il retrouve finalement ses essaims dans une
carcasse de bœuf, véhiculant ainsi le message philosophe que la vie peut renaître de la
mort, que cette dernière n’est pas définitive. L’œuvre se rattache aux Travaux et Jours
d’Hésiode.
➔ Virgile célèbre la campagne comme symbole de moralité. Virgile offre un message
optimiste, en disant qu’on peut se libérer par le contact avec la terre et la
connaissance de la nature, donc par un retour au mos maiorum. La vie simple et
laborieuse à la campagne doit s’entendre comme un retour aux modèles du
passé.

 L’Énéide (entre 29 et 19) est un poème épique en 12 chants. L’auteur dont Virgile est le
plus tributaire est Homère, mais également Appolonios de Rhodes dont il emprunte les
techniques narratives.
➔ Il veut célébrer Auguste et la paix retrouvée grâce à lui, qu’il espère continue et
qu’il appelle la Pax Augustea, devenu un slogan pour Auguste. Virgile était
reconnaissant envers Auguste, car il avait mis fin aux sanglantes guerres civiles. Il
veut donc participer à son programme de restauration morale. Cela passe par le
personnage d’Énée, qui incarne toutes les qualités du parfait citoyen romain
(pietas, constantia, fides, fortitudo, animi).
➔ Il veut expliquer le besoin de domination et d’expansion de Rome. Rome aurait
reçu une mission divine, à savoir dominer les autres peuples pour établir la paix
(car ces peuples ne savent pas se gérer aux-mêmes) : ces guerres ont été voulues
par les dieux, et Rome doit suivre son destin.
2. Horace 1er siècle ACN (65 – 8)

Quintus Horatius Flaccus est né à Vénosa, en Apulie, en 65, et fut conduit très jeune à
Rome où il reçut une éducation complète et fréquenta les milieux intellectuels épicuriens. Il
était en Grèce en 45 lorsque la guerre civile éclata à Rome. Il se rangea alors aux côté de
Brutus, ce qui lui causa des problèmes par la suite. Mais grâce à son amitié avec Virgile, il
rencontra Mécène en 38, ce qui mit fin à ses soucis et lui permit de composer sereinement.
En plus, il était aimé d’Auguste, qui lui donna un domaine.

Les œuvres d’Horace sont variées :


- Épodes / iambes : 17 compositions littéraires écrites entre 40 et 30, se rattachant au
genre littéraire de l’invective à la façon d’Archiloque de Paros (vers 650).
- Deux livres des Satires
- Le Carmen Saeculare, chant rituel réalisé en l’honneur d’Auguste pour les Jeux séculaires
de 17 (ce sont des grandes fêtes organisées par Auguste pour inaugurer une aire de paix).
Horace y célèbre les divinités qui devaient patronner son règne, comme Appolon.
- Quatre livres d’Odes, très diverses et variées ; chaque ode a sa spécificité.
- Les Épîtres : elles doivent être rapprochées des Satires, tant par leur mètre (hexamètre)
que par leur fond (thèmes semblables, à savoir l’évocation des amis ou la polémique
littéraire → Cette dernière domine d’ailleurs dans deux longues lettres du livre II dans
lesquelles Horace prend part à la querelle entre les anciens et les modernes, en
choisissant le parti des anciens).

Influence d’Horace
- Alcée de Lesbos (auteur qui a vécu vers 600) : tous deux traitent du thème existentiel du
sens douloureux de la vie. Horace lui emprunte des aspects techniques, comme la
métrique. Dans son ode composée pour la mort de Cléopâtre, Horace traduit un vers grec
d’Alcée en latin : « Nunc est bibendum ». Son ode à Thaliarque se réfère aussi à une
composition d’Alcée.
- Pindare (6ème, 5ème siècle ACN) : poète grec auquel Horace aimait se mesurer, mais il disait
aussi ne pas pouvoir le surpasser.
 Mais Horace n’est pas un imitateur d’Alcée et de Pindare à la manière dont Virgile à
repris Homère ou Térence Ménandre. Horace défend l’originalité de son contenu.
Une preuve de ceci peut être tirée de l’unité thématique entre les différentes
facettes de son œuvre : une même observation ironique de la vie, le même
moralisme… Ses thèmes sont les mêmes, même si ses choix stylistiques diffèrent.
- Horace diffère de poètes élégiaques ou de Catulle. Ceux-ci expriment leurs sentiments,
alors qu’on ne trouve pas chez Horace une seule analyse d’un sentiment personnel/privé.
- Il est un adepte de l’épicurisme (donc opposé à la philosophie de l’empereur qui lui était
plutôt stoïcien), mais on retrouve dans son œuvre quelques termes stoïciens. Par
exemple, Horace traite du thème de la mort : stoïciens et épicuriens veulent tous deux
s’affranchir de la crainte de la mort, mais apportent des solutions différentes (épicurien →
rien après la mort ; les stoïciens → Renaissance).

3. Les élégiaques

Ils se définissent par le type de mètre utilisé : un distique élégiaque (hexamètre


dactylique + pentamètre). Ils ont deux sources d’inspiration grecque : Callimaque et
Euphorion.
L’origine de l’élégie romaine est en réalité assez complexe → Apport romain
difficilement identifiable (en plus on a très mal conservé les modèles Grecs, donc on ne peut
pas comparer élégies romaines et grecs pour déceler l’apport d’originalité romain). Parmi
tous les genres importés de la Grèce, l’élégie est celui qui été cultivé avec le plus de ferveur,
et a été dotée par les latins d’une physionomie nouvelle et latine.
Un précurseur de l’élégie est Catulle : une partie de son œuvre, très diversifiée, est
focalisée sur l’élégie.

Les poèmes élégiaques sont très complexes : le sujet peut être sur tout, et les poètes le
ramèneront toujours à leur propre sensibilité. Le sujet exposé (amour ou autre) est filtré à la
travers les sentiments personnels et l’expérience individuelle du poète.
On peut y retrouver de la mythologie, mais alors elle servira à projeter la propre
expérience du poète dans le monde atemporel. Properce, dans son élégie I, crée autours de
Cynthia une atmosphère magique grâce à une série d’images mythologiques.
On y retrouve les différentes positions par rapport au pouvoir :
- Poètes élégiaques adhérant sans réserve à l’idéologie d’Auguste (cercle de Mécène,
Properce, Virgile, Horace).
- Poètes moins enthousiastes : cercle de Messala Corvinus (Tibulle et Ovide).

À travers l’élégie apparait un monde profondément en crise dans lequel les valeurs
traditionnelles ont perdu toute signification, qu’elle soit religieuse, morale ou
institutionnelle. Les poètes élégiaques font écho à cette crise :
- Les aventures amoureuses se passent en dehors du mariage
- Crise de la famille dépeinte comme aristocratique, riche et cherchant l’hédonisme et la
consommation, dans laquelle l’adultère devient presque un jeu. → Ovide le dépeint bcp.
 Ce sont des attitudes auxquelles Auguste essaie de mettre un frein.

Idéal des élégiaques = la paupertas : ne pas refuser la richesse, mais ne pas la


chercher (refuser les commodités et la consommation).

Le poète élégiaque se consacre entièrement à l’amour, capable de triompher de la mort


et de garantir sa place aux champs élysées. C’est ainsi que l’écrit Tibulle.

Properce 1er siècle ACN (47 – 14)


Il a écrit des Élégies romaines. Ses élégies sont favorables à Auguste : il est le seul
parmi les élégiaques à proposer de célébrer Rome et de dédier ses compositions à Auguste
(qu’il appelle alors deus Caesar). Ces élégies appartiennent toutes au livre IV.

Ensuite, il propose des compositions plus neutres par rapport au pouvoir, en


composant des élégies contant ses aventures amoureuses avec Cynthia. Dans ces élégies-là,
on voit les thèmes de :
- L’Aition (thème alexandrin) : c’est le recherche des origines (pourquoi tel culte se produit
de telle manière).
- La structure de l’épullion
- Le gout pour les curiosités archéologiques
- La sensibilité du poète et son amour

Tibulle 1er siècle ACN (54 – 19)

Il a écrit des élégies, dont une adressée à Délie : il écrit sur son amour pour elle et sur
sa déception face à son infidélité. Son vocabulaire est simple, et il utilise des phrases
courtes. Il fait partie du cercle de Messala (comme tous les autres élégiaques sauf Properce
et Mécène).
4. Les opposants au régime : cercle de Messala, Asinius Pollion, Ovide

L’opposition au régime ne se fait pas de manière directe et agressive, mais se traduit


plus par un détachement et une indifférence de la part de quelques érudits et cercles.
On y retrouve le cercle de Messala et Asinius Pollion. Tous deux proviennent de
grandes et anciennes familles aristocratiques. Mais ils abandonnèrent leurs charges
publiques lors de l’avènement d’Auguste et refusèrent de collaborer avec lui en se retirant
dans un otium privé.

 Messala (Marcus Valerius Messala Corvinus) a refusé la nomination de Praefectus


urbis et fit preuve d’indépendance par rapport à Auguste. Il fut à l’origine d’un cercle
littéraire dont les auteurs refusent l’image de rêve, d’amour et de mythe sur l’Âge
d’or d’Auguste (ils ne sont pas bernés, et savent qu’il s’agit de propagande).
On retrouve dans ce cercle des hommes politiques et des hommes de culture,
proposant des idéaux fort éloignés de ceux d’Auguste. Il faisait entendre une voix de
désaccord. Tibulle et Ovide en font partie.
 Asinius Pollion : il a une brillante carrière politique et militaire, et ne se laissera
jamais séduire par les idées augustéennes. Il laissa toute charge publique que lui
proposa Auguste pour se consacrer à une activité littéraire très variée, qui allait de la
poésie à la tragédie, en plus d’une histoire des guerres civiles.
Il était aussi un promoteur des études, fonda une bibliothèque et fut l’animateur d’un
cercle littéraire où il introduisit l’usage des recitationes, lectures de composition à un
public réservé et choisi. Cette pratique devint une habitude et connu un grand
développement à l’époque impériale.
Ovide 1er siècle ACN/PCN (43 – 17/18)

Ovide est un auteur de l’époque augustéenne, de la deuxième génération, c’est-à-dire


qu’étant né après la mort de césar (né en 43), il n’a pas vécu toutes les tensions idéologiques
et politiques d’avant l’avènement d’Auguste, mais seulement la Pax Augustea.

Nous n’avons pas beaucoup de d’informations sur sa vie, sauf celles qu’ils donnent dans
ses Élégies (par exemple, dans la 10ème, il donne son lieu et sa date de naissance).

Son œuvre comporte plusieurs volets :

➢ Des œuvres érotiques en distique élégiaques :


- Amours, dédiés à Corinne
- Heroides : des lettres fictives entre couples célèbres de la mythologie
- Ars amatoria : trois livrets en distique élégiaque qui donnent des techniques pour
conquérir l’amour, un amour-jeu, désinvolte, aux antipodes de celui que prône
Auguste. En effet, Auguste essaie de restituer les anciennes valeurs (les mœurs
s’étaient relâchés), à savoir la stabilité de la famille et des liens du mariage. On
pourrait alors considérer l’œuvre d’Ovide comme subversive.

➢ Des œuvres mythologiques et étiologiques (= qui se situent dans le domaine


religieux où l’on recherche la raison de la pratique de tel rite – origine très souvent
expliquée par la mythologie).
- Les métamorphoses (composées entre 1 et 8 PCN) : 15 livres/chants en
hexamètre dactylique (mètre de la poésie épique), dont le fil conducteur est le
passage du chaos à l’ordre, ordre manifesté par l’apothéose de César. Cette
œuvre est très favorable à Auguste. Aussi, la philosophie pythagoricienne y a une
place prédominante (il n’y a pas de mort définitive, réincarnation, tout se
renouvelle, mais à partir des mêmes choses, et selon un ordre).
- Les Fastes (Fasti) : œuvre technique en distique élégiaque qui expose les
calendriers, composés de 12 chants (1 / mois), dont nous n’avons récupéré que
les 6 premiers. Il célèbre les origines lointaines de Rome en évoquant son passé
mythique. Ovide explique le rite de chaque fête religieuse, faisant des Fasti un
texte fondamental pour l’étude de la religion romaine.

➢ Œuvres datant de son exil (8 PCN)


- Tristia : 5 livres pour 50 élégies.
- Epistulae ex Ponto : 4 livres comprenant 46 élégies. Ce sont des œuvres assez
noires, puisqu’y dominent les thèmes du repentir (le repentir de quoi ? Mystère),
de la nostalgie, et de la demande du pardon.
- Ibis : invective contre un ennemi anonyme d’Ovide qui l’empêcherait de revenir à
Rome. Elle est basée sur le modèle de l’eppulion du même titre de Callimaque.
Il y a également des œuvres attribuées à Homère, mais dont on doute de
l’authenticité (Priapea – 80 poèmes au contenu licencieux inspiré du culte de Priape – &
Consolatio ad Liviam, élégies composées pour consoler l’épouse d’Auguste sur la mort de
Drusus).

Il y a aussi des œuvres d’Ovide perdues, comme Medea (il ne nous reste qu’un seul
mot), des épigrammes, une élégie sur la mort de Messala, des poèmes astronomiques, un
Carmen sur la mort d’auguste, un autre en l’honneur de Tibère, etc…

L’Ars Amatoria

- Poème consacré à l’Amour-jeu : il a eu un très grand succès, attirant le public par sa


frivolité. Mais ce texte ne plait pas à Auguste, car il va à l’encontre des valeurs qu’il
essaie désespérément de restaurer.
- En 8 PCN, un édit impérial condamne Ovide à l’exil à Tomes et retire toutes ses
œuvres des bibliothèques publiques. Pourquoi ? Déjà à l’Antiquité, il y avait une
conjuration du silence autours de cet événement. Les seules informations sur la
cause de cet exil provient des Tristia d’Ovide :
• Il demande pardon
• Il parle d’un carmen et d’une error qui ne peut être révélée. Le carmen en
question doit être l’Ars Amatoria, mais publiées depuis déjà 7 ans : on suppose
donc que le motif de l’exil réside dans cette « error ».
• Deux autres indices : « vidi, lumina noxia, culpa cognita » + « imprudens » ; il
aurait donc vu quelque chose sans le vouloir → Naissance de nombreuses
hypothèses et fantasmes. Monsieur Boissier (L’opposition sous les Césars) affirme
qu’Ovide fut impliqué dans l’adultère de Julie, la fille d’Auguste, car cette dernière
fut exilée en 8 comme Ovide.
 Le poète aurait donc été victime de la rancœur d’Auguste pour son œuvre Ars
Amatoria, qui allait à l’encontre des valeurs qu’il prônait. La famille-même d’Auguste
allait à l’encontre de ces valeurs : Ovide a servi de bouc émissaire pour leurs écarts.
 Dans les dernières années de son règne, Auguste fut encore moins tolérant et laissa
place à une politique d’intervention → Répression qui se fera de + en + forte pour les
auteurs. Après la mort d’Auguste, le rapport entre le pouvoir et les auteurs resta +- le
même : l’empereur offre sa protection et le prestige aux auteurs qui se mettent au
service de son idéologie.
Les Métamorphoses

Le poème était encore inachevé quand Ovide fut exilé. Des copies circulaient déjà à
Rome. Ovide s’inquiétait du sort de son livre : dans le 3ème poème des Tristes, on lit une
supplication envers le bibliothécaire de l’empereur Hyginus ; il lui recommande ses 15
chants. Ovide regrettera tout de même de ne pas avoir pu y mettre une dernière main.

Ce poème a un double caractère :

- Poème cosmologique qui dépasse le simple catalogue de mythes (puisque le fil


conducteur est le passage du chaos à l’ordre).
- Poème national à la gloire d’Auguste : il prolonge l’Enéide en exaltant la mission de
Rome à l’échelle cosmique. Avec César est arrivé l’ordre, et Auguste et ses successeurs
vont le perpétrer.

Il dit avoir réalisé un poème continu (carmen perpetuum), depuis le début de l’univers
jusqu’à l’époque contemporaine. L’ordre n’est pas aussi clair que dans les pièces classiques ;
les histoires se chevauchent d’un chant à l’autre.

A. Bouleversements initiaux + premières tragédies de la passion (Daphné et Io)


B. Divers cycles épiques (cycle thébain ; cycle de Persée ; cycle des argonautes ; cycle
de Thésée ; cycle troyen aux chants 12 et 13 ; geste d’Enée au 14) : le poème
repose sur la continuité des cycles pour lesquels une chronologie légendaire est
recherchée.
C. Des digressions s’enchâssent dans le récit principal, comme le chant des Muses ou
les tapisseries figuratives de Minerve et Arachné.
D. Le poème se termine par la révélation de la doctrine pythagoricienne, au chant 15.
Ce même chant présente une anthologie des légendes latines, ce qui permet
d’introduire l’apollinisme, force mystique du nouvel âge d’or. Ovide dresse un bilan
politique : Auguste a reconquis l’Empire, soumis l’univers et imposé au monde
pacifié un ordre juridique et moral.
CHAPITRE 5 : L’empire de Tibère à Néron : une littérature au service du
pouvoir

AVANT NERON

Les premières décennies jusqu’à l’époque de Néron sont assez pauvres, car les Julio-
Claudien ont été intransigeant quant aux auteurs et leurs écrits : s’ils s’opposaient à eux, ils
étaient condamnés à mort par le biais du suicide commandé, et leurs œuvres n’ont pas été
conservées. Tacite a établi une liste assez longue de ces intellectuels qui ont payé de leur vie
cette opposition.

Nous avons conservé deux auteurs favorables aux pouvoir : Phèdre et Velleius
Paterculus.

1. Velleius Paterculus : il écrit une histoire romaine très brève et favorable aux empereurs.
2. Phèdre : il écrit des fables dont la dimension politique est parfois très importante. Il
prend ses distances par rapport au pouvoir, mais sans s’opposer directement (ses fables
contiennent des allusions politiques indirectes, comme la fable des grenouilles, qui
demandent un roi à Jupiter). Il montre une protestation résignée face au pouvoir, sans
pour autant montrer d’idée de rébellion. Il a longtemps été mis de côté par la littérature
officielle, car ses textes n’étaient pas considérés comme sérieux ni intéressants. Il écrit
ses fables à la façon d’Esope, avec des animaux, que l’on retrouve plus tard chez La
Fontaine.

ÉPOQUE de NERON

L’époque de Néron est une période brillante. Encore une fois, seuls les textes
favorables à Néron ont été conservés. Les auteurs cherchent à se démarquer de la poésie à
l’époque augustéenne, ils veulent créer quelque chose de neuf, tout en reconnaissant la
tradition des poètes antérieurs.

Le plus bel exemple est Lucain : son épopée, la Pharsale, est en rupture avec
l’Énéide. Elle est composée de 10 livres en hexamètre, œuvre qui s’interromp brusquement
et reste donc inachevée. La Pharsale se concentre sur l’histoire, et non le mythe (Pharsale
est une ville en Thessalie, en Grèce du Nord, dans laquelle Pompée et César ce sont battus).
À partir du livre III, la figure de César apparait négativement, et ses victoires sont
représentées comme le résultat de l’avidité du pouvoir, avec que Pompée incarne le
symbole de la liberté, porte-parole du Sénat. Elle synthétise tous les mythes du stoïcisme
avec une idéalisation morale des grandes personnalités de la République, tel que Cicéron (ce
dernier apparait à Pharsale alors qu’il ne s’y est jamais rendu).
Cette opposition morale des philosophes se confond avec l’opposition politique : on
comprend dès lors que Néron ait voulu se débarrasser des stoïciens en profitant de la
conjuration de Pison (Lucain et Sénèque durent se suicider).

Sénèque a participé activement à la vie de l’état aux débuts de Néron : il avait


l’illusion d’un système monarchique idéal, sage et éclairé. Mais il fut déçu de l’empereur, et
se retira alors dans un silence ressenti par Néron comme une désapprobation et une
opposition à son action.

➔ C’est le schéma de l’intellectuel déçu qui se retire du monde politique pour


s’intéresser au fonctionnement de la nature (une œuvre coupée de la réalité du
temps).
➔ Lucain a suivi le même schéma.

Pétrone fit aussi partie de cette période. On ne sait presque rien de lui. Au cours de
son roman, le Satiricon, il fait des digressions intéressantes sur l’état de la société : le texte,
assez pessimiste, présente une société où rien ne va (et on croit qu’il fait référence à la
période néronienne). Son roman est en marge de la littérature latine. Pétrone aurait aussi
été contraint au suicide.
CHAPITRE 6 : Les Flaviens et les Antonins

1. Les Flaviens, 69 – 96

- Vespasien inaugure cette dynastie : il marque un renouveau et un espoir.


 Sur le plan intellectuel, c’est une période assez brillante. C’est la Roma resurgens, la
renaissance de Rome.

La centralisation du pouvoir entre les mains de l’empereur a des conséquences sur la


plan culturel : Rome soumet l’école à des programmes validés par l’empereur et contrôlés
par l’état.
 Création de programmes qui mettent à l’honneur les valeurs anciennes. La formation
classique est celle de Cicéron : celle d’un orateur.

Quintilien, auteur du 1er siècle PCN, professeur d’éloquence et maître de Pline le


Jeune, remet à l’honneur de la formation cicéronienne par une œuvre rhétorique sur
l’éloquence : le De Institutio Oratoria.

 Apparition d’une lecture académique, froide, où l’on remet en œuvre les règles du
classicisme et l’imitation :
- On renoue avec les modèles du passé
o Culte de Cicéron
o Cutle de Virgile ➔ Stace et Silius Italicus

Après Vespasien, le despotisme des empereurs se fera très fort et très dur. Domitien
fut le pire, et a laissé la pire image des empereurs (il a subit la damnatio memoriae). Juvénal
et Martial auront de la rancœur envers lui.
Les empereurs s’en prendront surtout aux philosophes, car dans un régime
despotique, toute personne qui pense dérange. Ils ont été chassés par Vespasien en 71, et
en 93 – 95 par Domitien.
Par exemple, Helvius Priscus et son fils du même nom furent condamnés à mort, et le
même sort fut réservés aux auteurs grecs, comme Epictète (expulsé de Rome) ou Dion
Chrysotome. Mais la plupart des auteurs acceptent de collaborer.

Martial, 104, a cherché à se concilier les bonnes grâces de Titus et de Domitien, puis
en vain celle de Nerva (De liber spectaculis, recueil d’épigrammes publié en 80 à l’occasion
de l’inauguration de l’amphithéâtre des Flaviens). Il composa des épigrammes en 12 livres,
dont le Xenia et l’Apophoreta constitue les livres 13 et 14.
2. Les Antonins

 Arrivée au pouvoir de Nerva, et ensuite de Trajan. Ce dernier est un empereur salué


par les intellectuels comme le restaurateur de la liberté de parole (soulagement de
Tacite visible dans l’Agricola et ses Histoires).

Trois auteurs principaux :


- Tacite
- Juvénal
- Pline le Jeune
 Ils expriment tous le même sentiment de gratitude face à Trajan : période de paix où
les empereurs favorisent les écrivains.

PLINE LE JEUNE

Pline le Jeune entretient de très bonnes relations avec Trajan. Ce dernier lui demandera
d’être gouverneur du Pont Bythinie. Ils échangent alors une correspondance. Elle est
administrative : on n’y verra pas d’échanges sur de grandes idées intellectuelles. Mais elle
est intéressante car elle permet de voir les problèmes que pouvait rencontrer un gouverneur
de Province avec les peuples qu’il dirigeait.
Les Romains laissaient beaucoup de libertés aux peuples conquis, si bien que ceux-ci
avaient l’impression que rien n’avait changé, et ne voyait pas de raison de se révolter. En
plus, les cités grecques n’ont jamais été aussi propsère. Les Romains intervenaient
seulement si les populations ne payaient pas l’impôt, se révoltaient ou avaient une mauvaise
gestion.

Pline le Jeune reflète probablement le mieux ce que fut l’époque des Antonins. Il est
parfaitement intégré au système, pour lequel il éprouve un enthousiasme sincère. Il
collabore avec plaisir avec Trajan. Son panyégyrique, une gratiarum actio (action de grâce),
prononcée en 100 au Sénat, témoigne d’un réel enthousiasme envers un empereur libéral
permettant de s’exprimer librement.
Ses lettres (9 livres de 247 lettres) sont un document historique fondamental car elles
permettent de connaître l’ambiance, les préoccupations et l’idéologie des cercles
aristocratiques à l’époque de Trajan.

TACITE

Tacite écrit la Germanie, texte sur les Germains qui justifie pourquoi les Romains ont
cessé de s’attaquer aux Germains. La raison est que c’est un peuple bizarre. Texte de
propagande.
JUVÉNAL

Il est un auteur difficile, mais très intéressant. Il écrit 16 satires en 5 livres, écrites
après la mort de Domitien. Chaque satire a une thématique différente. Le premier livre,
composé de 5 satires, est le plus vif et le plus varié. Juvénal s’attaque à la vie à Rome,
dominée par la recherche de richesses, la corruption et la luxure. Dans la satire IV, il s’en
prend violemment à Domitien (qui est mort depuis 10 ans alors ; il ne risque donc plus rien),
à travers la description d’un conseil sur comment cuire un énorme poisson apporté à
l’empereur.

 L’attitude des empereurs par rapport aux auteurs va beaucoup changer, puisque les
milieux intellectuels auront plus de libertés, même les philosophes. La preuve : Marc-
Aurèle, empereur, sera lui-même un philosophe (stoicisme) qui écrira en grec. Ainsi,
à l’époque des Antonins, le stoicisme n’est plus une philosophie qui apparait comme
suspecte.
 On ne remet plus en question la légitimité du pouvoir, qui est accepté comme un
élément nécessaire pour garantir la paix.
 La période des Antonins est une période parfaite : on a conquit tout ce qu’il y avait à
conquérir, il n’y a pas de crise économique particulière, beaucoup d’idées circulent
sur le plan intellectuel… Bref, c’est un siècle très intéressant.

➢ Fronton = maître de rhétorique de Marc-Aurèle ; nous avons une correspondance


entre ces deux personnages, intéressante et fort différente de celle de Pline. Le latin
de Fronton est compliqué et sa langue difficile. De plus, son œuvre a mal été
conservée ; elle ne nous est parvenue que par un palimpseste.

➢ Aulugèle est un érudit qui apporte une œuvre d’érudition ; elle nous donne
beaucoup de renseignement. Il publie vers 150 les 20 livres des Nuits Attiques,
succession de chapitres de longueur inégale, souvent très courts, sur des sujets divers
(le droit, la littérature, la philosophie, l’histoire, la religion, les sciences, la langue
latine…).

À partir du 3ème siècle, on est en crise.


➢ Apulée : Métamorphoses / l’Âne d’or = roman de fiction (contrairement à
Pétrone, dont le roman est plus réaliste). Il raconte l’histoire de Lucius, ayant consulté une
sorcière pour avoir un filtre d’amour. Ce dernier n’a pas fonctionné, et Lucius se
transforme en âne ➔ pour récupérer son apparence humaine, il doit manger des roses
magiques de Sanrée, ville de Grèce. Toute une série d’aventures s’en suivent. Dans son
cheminenemnt, il apprend qu’une divinité égyptienne pourrait l’aider : Isis. Cela reflète de
la réalité, car la religion égyptienne (et d’autres) sont devenues populaires au 2ème siècle à
Rome, de par la diffusion des différentes religions. Lucius deviendra d’ailleurs dévot d’Isis
et prêtre du culte isiaque, car elle l’aurait aidé à retrouver son apparence humaine.
Questions d’Histoire de la Littérature Latine :
M. Rochette fait piocher un papier avec 5 mots clés pour lesquels nous avons 15 minutes
de préparation : nous devons les définir, ou les expliquer, les exemplifier, etc… voici donc les
différents types de questionnaires sur lesquels nous pourrions tomber :

(Le bleu cé bibi qui a rajouté, faut pas faire attention)

1) Ovide
Chronologie
Satires Ménipées
Pline l’Ancien : œuvre d’érudition très importante ; l’Histoire naturelle
Elégies Romaines
Argonautiques : œuvre d’Appolonios de Rhodes, à l’époque alexandrine, qui raconte le
voyage de Jason. Cette œuvre a influencé Virgile, qui s’en est servi dans l’Eneide.

2) Poetae Noui
Eloge de Scipion
Boèce
Satire Ménipées
Conte d'Amour et Psyché d’Apulée : c’est une histoire qui se trouve à l’intérieur même du
roman d’Apulée, l’Âne D’or (ou Métamorphoses), et qui occupe les livres 4 à 6. Cette histoire
raconte l’amour de Psyché et le fait qu’elle brave l’interdiction de voir son mari, Amour.
Cette histoire semble avoir influencé la posétirté, notamment le compositeur Lully qui en fait
un ballet, et La Fontaine, qui en fait une fable.

3) Lucilius : auteur charnière entre le 1er et le 2ème siècle (caractéristique des deux + en profiter
pour parler du changement qui s’oppère dans la société) + inventeur de la satire (a mis les
codes)
Les guerres Puniques dans la littérature (voir mon papier)
Sénèque le Père (Sénèque le Père, auteur d’une histoire des guerres civiles ; L’art de la
parole est réduite à un exercice scolaire sans contact avec la vie : Controversiae et Suasoriae
de Sénèque le Père)
Le songe de Scipion (texte de Sénèque au dernier livre du De Republica – le De Republica est
une œuvre dans laquelle il cherche à définir ce que serait le meilleur système politique
possible, influencé par la philosophie de Platon - ; il raconte le rêve de Scipion Émilien, qui
rencontre Scipion l’Africain et Paul Émile ; ces deux derniers lui expliquent l’organisation
cosmique du monde)
Les bibliothèques publiques
La transmission d'une œuvre
4) La poésie pendant le règne d'Auguste
Le "carmen priami" (poème dont on a un seul vers, un saturnien, qui narrait les malheurs
des Troyens. La datation est incertaine.> forme pré-littéraire du carmen, il appartient au
genre du carmina convivalia, des récits oraux contant la mort des héros et les exploits des
ancêtres, lors de banquets ou de diverses réunions, et accompagnés de musique.)
Valérius Flaccus (poète épique latin du premier siècle PCN, donc sous l’empire. Il est
mentionné par Quintilien dans son Institutio Oratoria, et peut être par Martial dans ses
épigrammes) —> Œuvre principale = les Argonautiques, œuvre qui s’inspiré très fortement
de l’œuvre d’Appolonios de Rhodes. Il s’inspire de Virgile pour la langue, et on trouve des
réminiscences de Lucain et d’Ovide.
Scholies : notes entre les lignes et dans les marges des oeuvres des auteurs de la part de
ceux qui copient les textes, donnant des informations sur l’auteur ou sur le contenu de
l’œuvre.
Stace (chapitre 6 avec le retour de la poésie épique traditionnelle)
Le Satiricon : œuvre de Pétrone

5) Plaute : auteur de fabula palliata (comédie à la grecque) —> classement de ses œuvres —>
Question de l’originalité —> Traits qui font son originalité
Bellum Punicum : de Naevius ; a participé aux évènements de la première guerre punique,
raconte donc ces événements dans un poème épique qui retrace à partir de ces conflits toute
l’histoire de Rome, jusqu’au conflit entre Didon et Enée, qui aurait été annonciateur du
conflit entre les nations de Rome et de Carthage + Opposition face à Homère par le sujet, son
traitement et sa finalité éthico-pédagogique
OU de Lucius Caelus Antipater, historien qui a aussi vécu la première guerre punique. Il
raconte en 7 livres cette guerre, d’abord en grec, pour que son œuvre ait une plus grande
diffusion dans le monde méditerranéen, puis en latin).
Les ambassades Grecques : cause de ces ambassades (contexte politique) + 1ère entre 170 et
160 par Cratès de Malos + 2ème en 155 par Carnéade, représentant du courant philosophique
de Platon (donc académie), avec Diogène et Critolaos ➔ Conférences de Carnéade ➔
Ambassades qui ont apporté la philosophie et la culture grecque à Rome, ce qui a donné
naissance à un parti phillhellénique, dont les membres ont codifié les genres littéraires en
faisant une synthèse de la paideia grecque et du mos maiorum.
Sénèque l'Ancien. => Aussi appelé Sénèque le Rhéteur (1er siècles ACN et PCN) : il effectue un
travail de récolte puisqu’il établit une compilations d’extraits de déclamations dans les
Sentences). Ces déclamations sont des discours fictifs qui ont plus servi aux exercices de
rhétorique. Il est aussi l’auteur d’une histoire de Rome dont il ne reste que des fragments.
6) Plaute
Appius Claudius Caecus : le précurseur des auteurs latins
Mécène : personnage politique qui créa un cercle d’intellectuel favorables au pouvoir lors du
1er siècle ACN et PCN (sous Auguste). Il fit cela autant par calcul politique que par goût, car il
aimait beaucoup la littérature, et lui-même a composé quelques pièces dont il ne nous reste
aujourdh’ui que des fragments. Dans son cercle, on retrouve des auteurs favorables au
pouvoir : Virgile, Horace, Properce, Varius et Tuca.
Asinus Pollion (à l’époque d’auguste, chapitre 4) : à l’inverse de Mécène, il était contre le
pouvoir d’Augiste. C’est un aristocrate qui a occupé de hautes fonctions sous la république,
mais qui s’est retiré de la vie politique lors de l’avènement d’Aguste, malgré les nombreuses
propositions de postes qu’Auguste lui proposa. Il ne voulait pas adhérer à la propagande
d’Auguste sur la Pax Augustea et sur l’idéal de paix qu’il promettait.
Pacuvius : neveu d’Ennius (3ème – 2ème siècle ACN) ; il a composés 12 tragédies et un prétexte,
nommé Paul, en plus d’avoir écrit des satires, de l’ancienne sorte, celle qui était toujours
purement romaine et qui était caractérisée par la variété de thème.
Pharsale (de Lucain, chapitre 5)

7) L'historiographie à Rome
L'Epullion
Appius Claudius Caecus
Le mythe d'Amour et de Psyché
L'époque de Néron
Tibulle : auteur élégiaque sous Auguste, défavorable au pouvoir (cercle de Messala). Il a écrit
des élégies sur son amour pour Délie et sa déception face à l’infidélité de cette dernière. Il a
un style simple et écrit des phrases courtes. En poète élégiaque, il considère que l’amour est
plus fort que tout, plus fort que la mort, et qu’il permet d’avoir une bonne place aux champs
Élysées.

8) Térence => a écrit des fabula palliata, comme Plaute. 2ème siècle ACN, cercle de Scipion. Nous
avons de lui 6 comédies à la grecque généralement contaminées et inspirées pour la plupart
de Ménandre (citer quelques de ses pièces, comme Hecyra, contaminée par Ménandre et un
autre auteur grec, ou Phormio, qui est le seul titre latin et original de Sénèque) + dire ses
caractéristiques, différentes de Plaute + Humanitas.
La fabulla togata => comédie purement romaine (éthymologie, les auteurs qui s’y sont
illustrés, comme Quinctus Atta, auteur du 2ème siècle, qui est le dernier représentant de la
fabulla togata ; dire aussi qu’elle est plus centrée sur le peuple et sur le caractère des
municipes).
Bellum Punicum de Naevius ➔ poésie épique
Sénèque le père ; même chose qu’en haut ; il est un auteur du 1er siècle ACN et PCN. Il est le
père de Sénèque « le jeune » ; il a composé une compilation des meilleurs parties des
déclamations qu’il a pu entendre dans les Sententiae (ce sont des discours fictifs, qui
servaient plus à des exercices de rhétorique) et aussi une histoire romaine dont il ne reste
que des fragments.
Les ambassades grecques
9) Les formes pré-littéraires : les carmen + les carmina convivalia
Les poetae noui : dire leur position par rapport au pouvoir (2ème position + cherchent des
formes nouvelles + dire leurs principales caractéristiques + leur conservation ?)
Accius : 2ème – 1er siècles ACN ; auteur de 40 tragédies et de quelques prétextes (Decius) +
affranchi issu d’une autre ville que Rome (Ombrie) + auteur fort apprécié de Cicéron et
d’Horace + il a composé des Didascalica (histoire de la poésie grecque et romaine), des
Pragmatica (traitant de la littérature et de l’histoire) et des Annales.
Le corpus césarien : De Bello Galico / De bello civili ; ce sont des œuvres que César qualifie
de « commentaires » + on ne peut pas vraiment qualifier César d’être un historien ; son but
était de donner un compte-rendu au sénat, assez favorable pour sa personne, de ce qui se
déroulait en Gaule lors des guerres contre les Gaulois.
Le contre-Ibis : texte qu’Ovide a écrit lors de son exil, invective contre quelqu’un qui
l’empêcherait de revenir à Rome. Car Ovide avait des amis qui plaidait pour son retour d’Exil
(dont la cause est d’ailleurs toujours un mysthère), mais également des ennemis qui ne
voulaient pas le voir de retour à Rome. C’est une invective basée sur le modèle de l’éppulion
du même titre de callimaque.
Pentamètre

10) Imitatio
Inspiration d’Horace : parler d’Alcée de Lesbos (même vision existentielle de la douloureuse
vie humaine —> Vers d’Alcée + Ode à Taliarque ; inspiration de Pindare aussi, auquel il aime
se mesurer, mais dit qu’il n’arrivera jamais à la cheville de ce poète —> Mais attention, pas
une influence comme celle d’Homère sur Virgile, ou de Ménandre sur Térence : Horace
prône son indépendance et son originalité). On peut aussi retrouver l’influence d’Arquiloque
de Paros, duquel il s’inspiré pour ses 17 compositions en ïambe, qui relèvent de l’invective +
influence de l’épicurisme (il était épicurien, donc une philosophie qui n’est pas celle de
l’empereur, puisque ce dernier était stoïcien, même si quelques termes stoïciens se
retrouvent dans son œuvre. On peut citer en exemple le passage où Horace traite de la
mort ; les deux philosophies cherchent un moyen de s’affranchir de la crainte de la mort,
mais ne propose pas les mêmes solutions ; alors que l’épicurisme croit qu’après la mort, il n’y
a rien, le stöcisme pense à une renaissance continue ; la vie renaît sans cesse de la mort.
C’est idée de la mort peut être retrouvée chez Virgile, dans les Géorgiques (au quatrième
livre consacré au miel, il écrit la fabula Arestei ; un apiculteur perd son essaim d’abeille et le
retrouve dans la carcasse en putréfaction d’un bœuf, montrant que la vie peut renaître de la
mort et que cette dernière n’est pas définitive).
Varron
Fabula Palliata

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