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Questions/réponses
L’histoire est instrumentalisée, elle va venir servir un discours religieux et moral (pensée caractérisée
par le Moyen-Âge). Ce discours religieux est essentiellement chrétien, la religion chrétienne étant la
base commune et le mode de vie de l’époque.
Plutarque écrit entre 100 et 115 Vies parallèles. Il s’agit d’une œuvre qui met en parallèle des
biographiques, qui isole les grandes figures. Plutarque cherche les belles paroles, collectionne les
beaux mots et les bases marquantes. Il s’agit d’un objet de méditation personnel. Son œuvre sera
traduite en 1559 par l’évêque Amyot.
Vers la fin du XVIIe, Bossuet est chargé de l’éducation du Dauphin (il est le précepteur du futur
successeur). Il est une autorité religieuse et intellectuelle et écrira Discours sur l’histoire universelle
pour expliquer la suite de la religion et les changements des empires. Dans cette œuvre, Bossuet
souhaite tracer le fil de l’histoire avec une vision providentialiste.
L’histoire a une fonction différente, elle permet de comparer, d’apprendre du passé afin de mieux
vivre du présent. L’histoire repose sur un fondement chrétien providentialiste (Dieu gouverne la
destinée de l’Histoire). Pas encore une organisation de la discipline historique qui vit pour elle-même.
Son œuvre s’ouvre avec la Bible, et par des questionnements : Qu’est-ce que La Bible ? Son auteur ?
Multiples ? À quel genre appartient-elle ? Qu’est-ce qu’un auteur ? Qu’est-ce que l’Histoire ? Toute
son œuvre est sous une perspective eschatologique (on va la retrouver beaucoup à la même époque
dans de nombreux ouvrages).
3 parties :
1. La suite des temps
Remonte à une idéologie fondamentalement chrétienne avec Adam et la Genèse. Optique religieuse
et ciblée. S’arrête à Charlemagne pour montrer l’ancienneté de l’Histoire du roy de France, inspiration
pour le discours nationaliste du XVIIe et surtout de Louis XIV.
2. Les religions
Montrer comment l’Église succède à la synagogue. Montrer l’Ancien Testament comme la figure du
Nouveau Testament= figurisme. Pour montrer que seul le Nouveau Testament est vrai, montrer que
la religion chrétienne est la seule et véritable religion.
3. Les empires
Montrer que tous les empires s'écroulent et qu’au-dessus des hommes se trouvent les plans de Dieu,
pour forcer Louis XIV, ainsi que tout un chacun, à se plier à la providence.
Mélange 2 conceptions d’Histoire : circulaire (avec la naissance-apogée-décadence de chaque
empire) et continuum linéaire.
Charles Perrault écrit des contes et souhaite devenir « l’Ovide de la France ». En 1687 il prononcera
un discours sur l’histoire à l’Académie française qui fera scandale et qui réanimera la querelle des
anciens. Il a une vision laïque, insiste sur les sciences de l’Antiquité et sur les découvertes et donc
forcément sur les progrès en art. Il dit que leur roi est éclairé par la bonne lumière, ce qui n’était pas
le cas d’Homère, des auteurs de l’Antiquité. Cela veut dire qu’ils ne n’étaient pas aussi bien que le roi.
Ça ne plait pas beaucoup aux anciens.
Querelle des Anciens Versus Modernes (1650 -1750) Idée du progrès incontestable. « Nains juché sur
les épaules de géants » par De Chartres.
Voltaire est historiographe du roi, il lit et écrit en anglais. Il est très ambitieux, recontextualise
l’économie, les artistes, et ne fait pas l’impasse sur les choses graves. Il parle de l’esprit des hommes
et non d’un seul personnage illustre. Il commence à introduire les notions, de goût, de contexte, de
temps, de lieu.
Charles de Secondat, baron de la Brede et de Montesquieu, 1689-1755 : De l’Esprit des lois (1748) +
Considération sur les causes de la grandeur des romains et de leur décadence
Relie l’Histoire à son contexte et ses conditions concrètes comme par exemple le climat. Défend
idée de progrès, que quelque chose est acquis.
Mais les précurseurs étaient les moines bénédictins de l’abbaye de St Maur (dont la principale était
Saint Germain des Prés à Paris) dom Rivet et ses collaborateurs, dom Clemencet, dom Taillandier,
œuvre Histoire Littéraire de la France Ils essayent de théoriser l’Histoire, d’insérer une série
d’éléments pour être plus objectifs. Problème les critères géographiques de la France pas définis au
IVe siècle.
S’intéressent aux antiquités nationales et la littérature nationale. Abbaye = monument de l’érudition
nationale.
Extension des horizons littéraires et géographiques avec l’orientalisme (= obtention des sources de
l’Orient).
Prise de conscience sur l’importance de l’oralité dans les sociétés, surtout au Moyen-Âge par la
poésie et le chant. S’intéressent aux sources néolatines anciennes : le premier volume regroupe une
série de grandes figures étant nées sur le territoire français (Pétronne, Bénostède,).
Faire l’Histoire Littéraire à l’époque = rassembler des textes variés (juridiques, d’historiens) c’est-à-
dire toutes les œuvres d’érudition à partir du IVe siècle. Donc beaucoup de textes extralittéraires.
Notion d’auteur et de littérature très différente de celle d’aujourd’hui !
Mais avec Dom Mabillon (1632-1707), c’est l’apparition d’une déontologie impliquant une recherche
aigüe des sources. Il pose la question de la crédibilité que l’on peut accorder à un auteur et aux
témoins de l’époque. C’est donc une entreprise à vocation scientifique.
La première histoire rédigée avec le but d’en faire une historie est écrite par les Mauristes (Saint
Maur) – religieux attachés à une congrégation portant le nom de Saint Maur –. Les Mauristes se sont
spécialisés dans le domaine de l’étude des textes et de l’histoire. Les Mauristes sont
traditionnellement désignés par le nom de « Dom ».
Jean Mabillon écrit « Brèves Réflexions sur quelques règles de l'histoire ». Nous pouvons remarquer
dans son œuvre une volonté d’ordonner le savoir et d’y faire attention comme un discours rapporté.
Le travail sur les sources (les croiser, etc.) se développera au dernier quart du XVII e siècle.
Pierre Bayle (1647-1706) se réfugie aux Pays-Bas, étant protestant. Il est la base de l’histoire moderne
avec son œuvre intitulée Dictionnaire historique et critique (1697, 31 volumes). Il va aussi appliquer
ça à l’histoire biblique, il est très critique.
3. La chanson de Roland
3.1 Introduction
3.1.1 Contexte historique de la fin du XIe siècle
- Le grand schisme de 1054, séparation de l’Église d’Orient (orthodoxe) et l’Église d’Occident
(catholique)
- 1066, bataille d’Hastings : Guillaume Ier (le Conquérant) accède au trône d’Angleterre
Le roi lui avait promis la couronne, mais l’a donnée à Harold. Il le tue et la récupère.
Duc de Normandie = vassal du roi de France
Mais aussi roi d’Angleterre => elle devient un foyer culturel pour la littérature française
Ex : Marie de France, anglaise qui écrit en français
- Les Plantagenets lui succèdent. Henri II, roi d’Angleterre, hérite de la Normandie, à l’Anjou, est duc
d’Aquitaine par sa femme Aliénor (répudiée par Louis VII car pas d’enfants).
=> La moitié atlantique de la France appartient au roi d’Angleterre.
3.1.2 Définition de la chanson de geste
- Geste = haut fait ou série de hauts faits en lien avec l’histoire nationale
- Mise en forme d’une littérature orale disparue
- Lien au genre de l’épopée : œuvre narrative en vers, qui traite d’un sujet élevé (politique, militaire),
avec des interventions surnaturelles (liées à l’Histoire). => l’auteur cite les noms de Virgile et
Homère, et sait que son œuvre est du genre de l’épopée.
- Versification et aspects formels :
Décasyllabe épique (dominant dans la chanson de geste). Le rythme est important : accent
sur la 4e et la 10e syllabe (assonances).
Laisse = strophe, série de vers qui forme un tout sémantiquement et musicalement (même
voyelle tonique finale). 290 laisses de longueurs différentes et 22 assonances différentes.
Vers d’intonation : ouverture de la laisse qui invoque un personnage.
Vers conclusif : conclusion morale (pas tout le temps)
Procédés de répétition : Charlemagne à la barbe = âgé (épithète homérique) ; les cadeaux de
Marsile à Charlemagne reviennent plusieurs fois. Effet structurant.
o La dimension politique :
Il faut évoquer la figure de Charlemagne, qui jouit d’un statut très privilégié en tant qu’empereur et
donc en tant que vassal direct de Dieu. En effet, un parallèle peut être fait entre le lien qu’il entretient
avec Dieu et le lien qu’il a avec ses propres vassaux, ses pairs (dont Roland, son neveu et Olivier font
partis). La dimension politique met donc en avant la féodalité qui, nous le rappelons, n’est plus
d’actualité au moment où l’auteur écrit la Chanson de Roland.
Les douze pairs de Charlemagne ont juré fidélité à ce dernier et en échange, il leur assure sa
protection en tant que suzerain. Il en va de même, comme nous venons de le dire, pour Charlemagne
qui, par sa foi chrétienne, jure fidélité à Dieu. En échange, Dieu lui accorde sa protection, il devient
son suzerain. Les serments de fidélité au suzerain, que ce soit pour les douze pairs ou pour
Charlemagne, se font sur l’honneur (ex. don du gant droit), la valeur la plus importante de cette
époque. Ils ne peuvent la transgresser.
o La dimension religieuse :
Dans la Chanson de Roland, deux camps s’affrontent et s’opposent : d’un côté les chrétiens, dont font
partis Charlemagne, l’empereur, Roland et Olivier, et d’un autre, les païens, dont le roi est Marsile. Il y
a donc une opposition religieuse, une guerre pour déterminer le véritable Dieu. Charlemagne ressort
vainqueur, le peuple de Charlemagne triomphe sur les païens, c’est donc la victoire du monde
chrétien sur le monde païen, la victoire de Dieu. On met en avant leur foi, cette foi qui sans aucun
doute, leur a permis de gagner la guerre. On peut également relever la conversion de Bradimoine, la
femme du roi Marsile, qui représente également une victoire de foi, car la femme de l’ennemi se
converti au christianisme
Remarque : on s’aperçoit que même dans la dimension politique, la religion n’est en aucun cas
absente.
De plus, les personnages ne sont pas tout noir ou tout blanc, ils ne sont pas manichéens.
Charlemagne a des images envoyées par Dieu // David ; Thierry VS Pinabel // David VS Goliath ; mort
de Roland // Mort du Christ
- Décasyllabes avec césure fixe (4,6) - Octosyllabes avec césure non-fixe (trop bref)
Au XIIème siècle, dans le sud de la France, c’est-à-dire le domaine de la langue d’oc, réapparaît une
production de poésie lyrique. On compte environ 1500 pièces entre 1100 et la fin du XIIIème siècle.
La renaissance de la poésie lyrique est un événement majeur dans l’histoire de la littérature en
France. Remarquons que ce rayonnement sera extrêmement important : il sera à l’origine de la
poésie de François Villon (1431-1463), de Pierre de Ronsard (1524-1585), de Paul Verlaine (1844-
1896) …
Le succès extraordinaire de la culture du sud de la France s’observe dans l’énorme patrimoine
d’églises romanes. Elles ont été préservées grâce/à cause de la paupérisation du sud de la France, le
nord de la France ayant été envahi par l’art gothique. Au XII ème siècle, le sud connaît une explosion
culturelle comme le témoigne l’art des émaux par exemple : on met des produits chimiques dans du
métal creusé, on y met douze couleurs différentes, cette différence de couleur étant due à des
cuissons différentes. Cela demande une grande maîtrise technique puisqu’il faut calculer à la minute
près. Le sud de la France montre donc sa perfection dans le domaine musical, dans le domaine
architectural et dans le domaine du mobilier.
Dans le sud de la France, les poètes sont appelés troubadours. Dans le nord de la France,
c’est-à-dire dans le domaine de la langue d’oïl, ils sont appelés trouvères. En effet, au XII ème siècle,
avec Chrétien de Troyes, on voit l’émergence d’une poésie lyrique en langue d’oïl puis la poésie
lyrique connaîtra une extension en Allemagne avec les minnesänger où on utilise la thématique
amoureuse traditionnelle des maîtres chanteurs. En Italie, on peut citer La Divine Comédie de Dante
(1265-1321) écrite en langue d’oc et qui contient une partie lyrique, en une forme empruntée à la
poésie lyrique des troubadours. Pétrarque (1304-1374) sera, lui, le maître de la poésie italienne et
fera de nombreux emprunts à la poésie des troubadours. Il y a donc une diffusion énorme à travers
l’Europe entière. Guillaume IX, duc d’Aquitaine (1071-1127), septième comte de Poitiers, est le
premier troubadour connu. En 1086, il hérite de territoires formant un domaine beaucoup plus
important que celui du roi de France.
Le courant de la lyrique d’oc est renversé au XIII ème siècle. En effet, deux événements majeurs
s’y produisent : la croisade contre les Albigeois et la guerre de Cent Ans.
La croisade contre les Albigeois (1208-1249) est une croisade interne au territoire français.
Les Albigeois, les habitants d’Albi, sont des cathares - Le catharisme est un courant de pensée
religieuse du sud de la France qui a des conséquences dans le domaine religieux car il prône l’idée
que Dieu est le bien absolu : il est donc impossible que Jésus-Christ soit l’incarnation de Dieu, du
Bien, en raison de son corps mortel. C’est bien sûr de l’hérésie au regard du christianisme ; une
croisade est donc décidée pour arrêter cette atteint au christianisme. Remarquons que si, au début, il
s’agissait, paraît-il, d’une croisade religieuse, il fut clair que cette croisade n’avait d’autre but que de
rattacher à la France les terres du sud. Cette annexion de tous les territoires du sud à la France se
produit en 1226 ; commence alors l’effacement progressif de la culture du sud de la France.
Avec la guerre de Cent Ans (1337-1453), le midi de la France s’efface en tant que source de
culture. Guiraud Riquier (1230-1300) fut le dernier troubadour : il travaille pour Alphonse X, roi de
Castille, pendant dix ans, c’est-à-dire de 1270 à 1280. La lyrique qu’il pratique montre qu’elle est
dénaturée : ce n’est plus de la lyrique amoureuse et politique mais de la lyrique essentiellement
religieuse. On passe de la femme profane à la Sainte-Vierge.
Nous n’avons qu’un corpus très réduit de Guillaume IX : onze chansons seulement et, parmi
ces onze chansons, six relèvent d’un registre comique et obscène. Remarquons que ces chansons
vertes et coquines vont vers la chanson gauloise. Il a ensuite laissé une chanson d’adieu et enfin
quatre chansons qui appartiennent à la thématique de la fine amor. Il faut bien comprendre que les
1500 pièces retrouvées des troubadours ne traitent pas toutes de la fine amor mais, bien que le
registre comique et la chanson d’adieu ne disparaîtront jamais, la fine amor jouera un rôle décisif. Elle
fait une apparition soudaine en langue vernaculaire : on trouve peu d’écho en latin. La fine amor est
l’image de pureté et d’amour purifié, le rapport amoureux unissant le poète à la dame qu’il aime
ayant longtemps été occulté. Une série de poètes use de cette théâtralisation du lien entre le poète
et la dame pour illustrer le rapport de vassalité. Avant, le rapport amoureux était considéré comme
une poésie individuelle mais il apparaît alors comme une poésie extrêmement codifiée.
Le rapport amoureux est presque stéréotypé : l’amant est pris de passion pour une dame
inaccessible. Pourquoi est-elle inaccessible ? Soit la dame est l’épouse du suzerain du poète ou d’un
personnage socialement supérieur ou elle-même est d’un rang supérieur, soit la dame est loin. Par
exemple, on peut citer Janfré Rudel qui est tombé amoureux de la comtesse de Tripoli uniquement
d’après les dires qu’il a entendus au sujet de sa beauté et de sa vertu. C’est l’image de la princesse
lointaine et inaccessible : c’est l’amour de loin. Remarquons que ce dernier est très présent dans
l’opéra. En langue d’oc, on dit lon(h) ; en langue d’oïl, on dit loin. Cette thématique a glissé vers la
thématique religieuse : la Vierge-Marie remplace la dame. On passe d’une tradition profane de
l’amour à une application religieuse.
Dans la fine amor, l’amour n’est pas désincarné. Il n’y a pas de désir caché : on trouve de
fortes connotations sexuelles. Cependant, la tension ne réside pas dans l’accomplissement de cet
amour mais dans l’inspiration du poète. Le poète ne demande en effet que deux choses à sa dame :
· Le guerredon, c’est-à-dire la récompense et reconnaissance. Par exemple, la
récompense physique que Guenièvre donne à Lancelot est une nuit d’amour.
· La merci, c’est-à-dire la pitié de la dame pour l’homme qui l’aime en vain. Il s’agit
donc d’une récompense spirituelle.
Thèmes annexes :
· Les Lauzangier où les jaloux s’opposent à l’amour du troubadour. Par exemple, on
peut citer ceux qui sont autour de Tristan et Iseult.
· La reverdie est la manière d’incarner le sentiment, venant de l’intérieur du poète qui
l’attire vers la dame. C’est l’image du printemps : une force monte en lui comme la sève
remontent dans les arbres ; c’est donc la force de l’amour qui lui donne véritablement la vie.
Toutes les œuvres font référence, dans la réflexion sur l’amour au XII ème siècle et au XIIIème
siècle, à la fine amor.
6. Chrétien de Troyes
L’ordre de rédaction des romans de Chrétien de Troyes est plus ou moins certain, et bien qu’ils aient
tous une thématique commune, à savoir, l’amour dans la société, on observe tout de même une
conception de l’écrivain et de la notion du roman unique.
Il reconnait qu’il s’empare d’une matière préexistante (la matière arthurienne) et qu’il ne l’invente
donc pas. La matière de ses romans lui a souvent été imposée par des commanditaires (il n’a donc
pas vraiment le choix de l’épisode qu’il va mettre en œuvre). Même le sens, la symbolique du récit lui
est imposé.
6.6 Évolution vers une dimension religieuse : Perceval ou le Conte du Graal (question
à 3 points)
- Double roman : parcours achevé (de Perceval) vs inachevé (Gauvain). Perceval = ascension, Gauvain
= chute.
- Perceval
Jeune homme naïf : point de vue différent sur le système qui l’entoure
Chevalerie a coûté la vie à son père et son frère => il a été élevé en-dehors de ces valeurs.
MAIS un jour il rencontre des chevaliers et les prend pour des anges.
Il quitte sa mère pour devenir chevalier => il commet la faute essentielle qu’il devra racheter.
Il l’abandonne et elle meurt ; il commettra une série de fautes car elle ne le protège plus.
Se rend à la cour du roi Arthur, où il dénote. Gornemant devient son mentor.
Blanchefleur le prend sous son aile. Il lui promet de revenir et de l’épouser, mais il doit
d’abord aller s’assurer de la santé de sa mère.
Il arrive chez le roi pêcheur : jeux de symboles qui unissent la lecture chrétienne et sexuelle
(blancheur/souillure).
Il y aperçoit le Graal qui lui fait forte impression. À son réveil, le château est vide.
Sa cousine lui apprend alors son nom et sa faute
Passage à Gauvain : part à la recherche de la « lance qui saigne » (symbole de fécondité)
5 ans passent : Perceval a oublié Dieu. Il rencontre alors un cortège de pèlerins, qui lui
reprochent (il a oublié le vendredi saint !!!)
Rencontre un ermite (son oncle) : lui apprend que le Graal contient une hostie, qui permet
au roi pêcheur de vivre.
Il communie, retourne à Dieu, et obtient le pardon de sa mère. Son parcours est terminé.
- Gauvain
Accomplit des prouesses sans sens, et manque à l’amour en commettant un viol
Chrétien arrête l’aventure en plein milieu
Le drame liturgique et le Jeu d’Adam (2nde moitié du XIIe siècle) (question 3 pts)
Espace scénique :
Joué dans l’Église et dans l’espace de celle-ci.
Espace englobant (le spectateur n’est pas séparé du spectacle). Théâtre collectif et
englobant.
Le texte dramatique est prononcé par les acteurs, il y a un véritable échange théâtral.
L’acteur se déplace d’un lieu figuratif à un autre à chaque changement de lieu.
Par la suite, l’espace sera de plus en plus frontal (avec toujours de différents lieux).
Niveau linguistique :
Intégration de langue d’oïl c’est la première fois qu’elle prend autant d’importance.
Il y a des chants liturgiques en latin ainsi que des didascalies (plus facile à lire pour les clercs)
Niveau idéologique :
Les personnages ne sont ni bons, ni mauvais, mais doués de libre arbitre.
L’Homme est doté d’une raison, et a des moyens de s’opposer au mal (il est donc responsable
s’il s’y abandonne).
Il y a une notion psychologique.
- On n’a que les 3 premières sections : Adam et Ève, Abel et Caïn, le défilé des prophètes.
8.7 L’évolution de la littérature dramatique aux XIVe et XVe siècles (question à 3 points)
Le XVe siècle est une période difficile (Grande Peste, Schisme, Guerre de Cent Ans) et de transition :
les genres exploités auparavant ont été améliorés dans leur construction et dans leur cohérence
(comme les Miracles par exemple), mais nous avons perdu le sens de la nouveauté. Apparaissent
alors, petit à petit les nouveaux genres qui renouvelleront le théâtre et qui se divisent en deux
formes : brèves et longues.
- La farce : chaque personnage a un nom et des relations sociales réalistes et précises unissent
les personnages. On se trouve dans le cadre urbain réaliste, le cadre du menu peuple : les
personnages sont des paysans, des artisans, des petits boutiquiers, … L’univers des farces est
semblable à celui des fabliaux, en ce sens que, le gentilhomme est remis à sa place, le moine
est un clerc paillard et débauché et le benêt triomphe. Les préoccupations des personnages
sont matérielles (l’argent, le sexe, le jeu, …). C’est le monde à l’envers (cf. monde
carnavalesque dans le baroque). L’une des farces les plus connues est La Farce de Monsieur
Pathelin
- La sottie : l’actions de la sottie est symbolique et les personnages sont allégoriques (le
Premier sot, le Deuxième sot, … qui représentent les travers humains, ainsi que la Mère
Sotte, le Prince des Sots, …). La sottie se présente sous la forme d’un jugement, d’une
condamnation des types de l’humanité. Elle a souvent été censurée (contrairement à la
farce). C’est le versant symbolique de la farce.
Attention, les formes brèves ne sont pas toujours distinctes dans une seule œuvre théâtrale, mais
elles peuvent être mélangées dans une même pièce. Elles sont même parfois mêlées à des formes
longues.
Jean Bodel
- Ménestrel d’Arras, s’illustre aussi dans la poésie non chantée, et le théâtre (Jeu de St Nicolas, …).
- Reprise de la strophe d’Hélinand en 1202 : atteint de la lèpre, il écrit un poème avant de partir de la
ville avec ce modèle. Mais il utilise le « je », alors que le ton de Froidmont est plutôt celui d’un
prêche.
- À la différence d'Hélinand on a une dimension humaine.
Cette période ne naît pas à une date précise. Divers événements de la fin du XVe siècle modifient la
donne et annoncent la Renaissance. Parmi eux, on a l’invention de l’imprimerie par Gutenberg (1436)
et une autre date souvent citée est la prise de Grenade par les rois catholiques en 1492
(Reconquista), qui est aussi marquée par l’arrivée de Christophe Colomb au Nouveau Monde. On note
également d’autres découvertes qui montrent des aspects inconnus de la Terre de même que des
découvertes scientifiques : ainsi, la Terre ne sera plus plate mais ronde, le géocentrisme est remplacé
par l’héliocentrisme. L’homme qui se voyait au centre du monde voit sa perception du monde
modifiée. En France, la situation politique change considérablement. Le roi Louis XI modifie
considérablement les territoires de la France (écrasement des dernières maisons féodales). Il va se
battre contre la maison de Bourgogne qui s’étendra et dont les territoires se rapporteront au
Royaume de France. Un autre événement important à ce niveau est la mort du poète René d’Anjou en
1480, celui‐ci dirigeait une Cour très importe et, n’ayant aucun enfant, il lègue son territoire au roi de
France.
La Renaissance est une période terriblement complexe pour diverses raisons. La réforme
souhaite se couper avec le Moyen Age, on désire aller chercher un modèle avant le Moyen Age,
considéré comme une période de décadence : on retourne aux sources de l’Antiquité.
• 1517 : publication des 95 thèses contre les indulgences (Luther)
• 1530 : rupture entre catholicisme et protestantisme. La réforme va chercher son modèle sur les
récits évangéliques tandis que l’humanisme reprend comme modèle l’antiquité grecque et latine.
Jamais la langue française n’a été si riche qu’au XVe siècle et qu’au XVIe siècle : la lecture est
extrêmement difficile. Il faut maîtriser tout l’héritage médiéval et connaître l’héritage chrétien ainsi
que les littératures grecque et latine ; c’est un siècle où l’Espagne et l’Italie ont un rôle prépondérant
dont la France s’inspire. La Renaissance est donc une période complexe, en mutation et tiraillée entre
deux tendances – l’Humanisme (profane) et la Réforme (religieuse). Ces tendances sont proches par
une volonté de rupture par rapport au Moyen-Âge et une opposition à cet héritage, mais le sens de
cette rupture est différent selon l’angle : l’Humanisme se tourne vers l’Antiquité (développement de
la connaissance du grec et place centrale de l’homme) alors que la Réforme se tourne vers l’époque
de l’Église primitive dans toute sa pureté. La Réforme ne fait pas confiance en l’homme, à l’opposition
de l’Humanisme.
La Réforme conduit à de nombreuses ruptures qui vont déchirer l’Europe. En 1517, Martin
Luther publie ses 95 thèses contre l’indulgence : cette opposition contre la papauté entraînera son
excommunication en 1521. En ce qui concerne le retour aux modèles philosophiques grecs, il conduit
à l’interdiction, par la Sorbonne, de l’étude du grec en 1520. La faiblesse de l’homme est issue du
péché originel d’Adam et Ève : la nature est considérée comme mauvaise et souillée. Les humanistes
tentent de rendre un primat au rôle de la raison et mettent l’accent sur l’homme. Ces deux courants
concomitants secouent donc toute la première moitié du XVIe siècle. La situation est d’autant plus
complexe que ces deux mouvements sont entremêlés : chez les auteurs, l’attirance pour le courant
religieux de la Réforme s’allie presque toujours avec l’attirance pour l’Humanisme et cela de façon
inconsciente. Chez tous, l’ambiguïté du regard est toujours présente. On présente souvent la
Renaissance comme un temps de redécouverte de l’Antiquité qui aurait été oubliée au Moyen-Âge ;
cette vision est à présent rejetée. Le Moyen-Âge n’a pas du tout oublié l’Antiquité : le latin est
largement la langue de culture du Moyen-Âge et des auteurs comme Ovide, Virgile et Horace sont
parfaitement connus et étudiés. Ovide, surtout, est beaucoup lu : on reprendra ses oeuvres pour y
voir une vision morale, pour se servir de son texte et pour l’instrumenter dans une vision chrétienne
du monde. Il en est de même pour Virgile. L’Antiquité est une source prépondérante de toute la
littérature du Moyen-Âge.
Ce qui change profondément, c’est le regard porté sur ces textes : on les redécouvre non plus
pour une vision chrétienne mais pour comprendre ce que les auteurs ont réellement voulu dire. C’est
une relecture des textes pour eux‐mêmes. Du point de vue grec (excepté Aristote), la situation est
différente : le grec était beaucoup moins connu au Moyen-Âge, on va donc découvrir toute une série
de textes qui étaient inconnus jusque-là. Ils vont arriver par l’affluence en Italie de grands
intellectuels lors de la prise de Constantinople par les Turcs. On remarque une volonté d’aller
chercher dans les Abbayes des textes nouveaux ; on va rassembler tous ces manuscrits et commencer
à les étudier et à les comparer. Ils ne nous sont pas parvenus de manière parfaite mais par des
traditions scripturales différentes. Ils avaient été volontairement ou involontairement corrompus. Il y
a un rapport au texte tout à fait neuf qui singularise le regard occidental par rapport à un autre regard
sur le monde : on peut opposer ce rapport au texte avec celui des Musulmans. On va également
comparer les textes sacrés et se rendre compte que la parole de Dieu s’est corrompue au fil du temps.
Lors de la Réforme, on envoie des voyageurs dans tous les monastères de Grèce et de Turquie afin de
trouver les textes les plus anciens. La Réforme insiste sur le fait que ni l’Ancien Testament ni le
Nouveau Testament ne nous sont parvenus intacts : même les textes sacrés sont marqués par le
temps et par la fragilité. Ce regard est très différent de celui de l’Islam : dans le Coran, Dieu parle à
travers Mahomet alors que, dans la Bible, on ne fait que rapporter les paroles de Jésus. Le rapport au
texte religieux est le même pour l’Humanisme et la Réforme.
12.3 Pantagruel
- Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel, Roi de Dipsodes,
fils du Grand Géant Gargantua, ou Pantagruel (1532)
- Rabelais prend le pseudonyme d’Alcofribas Nasier
- Le héros : prend le fils de Gargantua (qu’il reprend des livres de colportage), et le nomme
Pantagruel (petit diable, qui devient un géant = univers de retournement).
- Crée un anti-genre : reprend les structures générales pour les retourner.
- Les géants = équivalent des saints.
- Étiologie : on attribue aux personnages la création de curiosités naturelles
- Le 1e ouvrage circule à la Foire de Lyon et connaît un grand succès ; les idées humanistes circulent
ainsi dans le peuple.
- Forme traditionnelle des livrets : 2 parties ; d’abord les origines et l’enfance du héros, puis tous les
hauts-faits du personnage.
- Royaume d’Utopie (référence à Thomas More).
- Première partie
Enfance du héros, qui n’est pas banale. Accomplit ses premiers hauts-faits.
Fait le tour des universités de France, accompagné de son maître Epistémon.
Se rend à Paris pour parfaire son éducation. Y rencontre Panurge (personnage capable du
meilleur comme du pire : c’est l’Homme).
Dialogue entre l’Homme et son idéal (le géant) ; le regard de Panurge y est celui de Rabelais
enfant sur son père considéré comme parfait.
- Seconde partie
Gargantua (le père) a été enlevé par la fée Morgue et emmené dans le mode des fées.
Pantagruel quitte Paris pour le retrouver et part en voyage avec ses compagnons.
Le Royaume voisin, voyant qu’il n’y a plus de roi, attaquent Utopie. Ce sont les Dipsodes (les
Assoifés).
Goût de la Renaissance pour le voyage : devient un genre littéraire particulier. C’est un lieu
de confrontation des idées reçues.
Pantagruel récupère son père et ils vont vaincre le roi des Dipsodes, Anarche (le désordre).
Le ton populaire l’emporte : il copie le livret de colportage.
- Lettre de Gargantua à Pantagruel = sorte de manifeste de la Renaissance, qui proclame la fin de la
scolastique et promeut un nouvel enseignement. Début de la pensée sur la pédagogie
- Pas d’opposition religieuse dans cette pensée moderne. Il met en avant la charité et la générosité.
- Grand succès qui éveille l’intérêt de la Sorbonne, qui le condamne en 1533.
12.4 Gargantua
- La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, ou Gargantua
- Donne à Gargantua une généalogie différente de celle de Pantagruel => se moque du lecteur.
- Première partie
Intérêt pour l’étymologie : se moque de ce faux savoir
Premiers hauts-faits de l’enfant : à travers ses expériences pour trouver un « torche-cul », il
promeut l’expérimentation, rejette la scolastique (sur le mode de laquelle il est formé).
On lui donne un nouveau précepteur : Pornocrates. Il est plus pris en compte et on l’aide à se
développer. L’étude est faite dans le monde, les moments de détente sont mis à profit
(sport), on diversifie les matières.
- Seconde partie
Guerre de son père (Grandgousier) avec le voisin Picrochole (être envieux et méchant). Une
petite querelle de voisinage va mener à la guerre (// avec un événement de l’enfance de
Rabelais).
Gargantua quitte Paris pour aider son père, et finalement il gagne avec l’aide du frère Jean
des Entommeurs, et rend son trône à son père.
Pour remercier Jean, il lui bâtit l’Abbaye de Thélème, utopique et incarne la vision bon-enfant
de Rabelais.
C’est une anti-abbaye : elle n’a qu’une règle, « fais ce que tu voudras ». Rabelais pense que
l’Homme est foncièrement bon.
Idéal de la Renaissance : idée que les hommes et les femmes peuvent vivre ensemble et
échanger ; une civilisation de politesse en naît, ainsi que l’honnête homme du XVIIe siècle.
- Langue d’une grande richesse, reprend l’essence orale du livret de colportage. C’est son grand
apport : il reprend la structure et le style.
- Introduit des modèles de clarté et de simplicité.
- Rabelais quitte Lyon, va dans un monastère près de Paris, puis finit ses études de médecin et fait un
troisième voyage en Italie. Il évite Paris et la censure (// Clément Marot). 1543 : Gargantua
condamné.
12.5 Les trois derniers romans
- Le Tiers Livre
Colonie d’Utopiens en Dipsodie, avec Panurge à la tête, mais il n’arrive pas à se gérer et veut
donc trouver une femme.
Il va chercher des avis et tout le monde pense qu’il ne doit pas se marier.
Successions de portraits (// Éloge de la Folie d’Érasme), création d’une galerie de
personnages qui vont revenir dans la littérature française.
Rabelais fait défiler tous les moyens de consulter pour prendre une décision (aller chercher
hors de soi une réponse qui est en soi).
Vont voir un oracle à la fin du Tiers Livre, qui leur annonce qu’ils doivent se rendre en Chine
pour voir l’oracle de la Dive Bouteille.
- Le Quart Livre
Changement de structure narrative : ils vont voir un oracle en Chine, et ça devient un récit de
voyage.
4e livre = navigation des protagonistes vers la Chine, avec des étapes imaginaires.
Rabelais a une grande faculté d’invention et présente une série d’îles, dont celle des
chicaniers (la chicane = les avocats), où tous les personnages se font des procès. Il y a aussi
l’île des Andouilles ; l’île des Papes-figues (= ceux qui n’aiment pas le pape, les protestants).
Rabelais reste attaché au catholicisme mais moins pour le fond que pour l’unité qu’il confère.
Pour ne pas choquer, il crée donc l’île des Papomanes (ceux qui aiment le pape).
Episode des moutons de Panurge : il s’est disputé avec un marchand, puis fait semblant de
s’être réconcilié avec lui en lui achetant un mouton. Il le jette à l’eau, et tous les moutons
sautent, et le marchand suit.
Fait intervenir François Villon comme moine qui fait du théâtre dans une abbaye.
Condamné par la Sorbonne et le Parlement
- 1553 : Rabelais meurt
- 1562 : parution de la fin du Quart Livre, avec l’île sonnante (= Rome, satire de la Rome pontificale)
- Le Cinquième Livre
Finalement arrivés à l’oracle, elle leur dit juste : « bois ». In vino veritas : la réponse se trouve
en toi.
C’est une blague, mais il y a un propos derrière.
Quelqu’un a complété entre le 17 e chapitre et la fin du Cinquième Livre (le ton est plutôt
protestant et opposé à celui de Rabelais).
12.6 Conclusion
1 - Rabelais est parti de l’idée de diffuser la pensée humaniste ; les autres ouvrages
humanistes étaient écrits en latin très compliqué, peu accessibles. Il voulait quant à lui
pénétrer dans le tissu social, et c’est pour cela que ses ouvrages ont été interdits, car ils
étaient très diffusés.
2 - Succès car Rabelais nourrit son inventivité narrative de son propre vécu. Il donne une
image de l’Homme, avec ses défauts, mais animé par un idéal. On trouvera plus de sa
descendance dans la littérature anglaise que française.
Rabelais met en avant qu’il veut qu’on boive et qu’on ait du plaisir (épicurisme) = trait caractéristique
des penseurs humanistes français, >< Vision de l’Église. C’est une forme de laïcisation du rapport au
corps et au plaisir.
Stoïcisme
L’Homme essaye d’oublier la mort, or selon lui il faut y penser tout le
temps et s’y habituer. « Philosopher, c’est apprendre à mourir ».
Domestiquer la mort.
Épicurisme
Le plaisir est bien présent, il existe et son créateur est Dieu, ce qui signifie
que l’on ne peut le refuser. Ce serait manquer de respect (marque
d’originalité).
On peut constater qu’au fil des siècles, le nombre d’exemplaires des œuvres n’ont cessé de croître.
Des 5 manuscrits de la « Vie de Saint-Alexis » au 7 manuscrits de la « Chanson de Roland », on passe
à 300 manuscrits pour le « Roman de la Rose ». Ce qui atteste d’un lectorat de plus en plus
conséquent.
Les deux genres majeurs que sont l’épopée et le roman présentent des publics différents. Avec
l’épopée, on a une lecture chantée/psalmodiée à la foule. Avec le roman, il sera davantage question
d’une lecture non-chantée à voix basse avec un public aristocrate ; plus restreint.
Au XIIIème siècle, le moteur économique et intellectuel que représente la bourgeoisie ne cesse de
prendre de l’ampleur. Le roman domine au début du siècle et la prose s’impose face à la versification.
Les manuscrits étaient auparavant, trop coûteux et donc réservées à l’écriture prestigieuse qu’était le
latin. Mais avec le développement de cette bourgeoisie et de villes, il y a l’apparition des ateliers de
copie succédant aux abbayes de moines copistes. Ce qui entraîne une multiplication des manuscrits
et ainsi du lectorat. Les coûts alors diminuent et le nombre de mécènes augmentent conférant une
considération plus importante envers l’écriture.
On voit aussi apparaître un nouveau public bourgeois s’intéressant de plus en plus à la littérature. Ne
cessant de s’enrichir, il va vouloir posséder des manuscrits dans sa bibliothèque à l’instar de
l’aristocratie.
Avec cette littérature bourgeoise, il y aura un développement considérable d’une littérature en
langue vernaculaire s’accroissant au XIVème et XVème siècles.
Une littérature bourgeoise privilégiant la proximité avec le lecteur, un souci de réalisme et entraînant
de nouvelles valeurs telles que la lubricité, l’argent et la nourriture que l’on peut retrouver dans la
seconde partie de Jean de Meun du « Roman de la Rose » mais également dans le Décaméron de
Boccace ; le genre de la nouvelle apparaissant à la même époque.
A la Renaissance, le latin et le grec reviennent en force. On a besoin de connaissances linguistiques
complexes. Le rapport au texte change : on lit l’auteur pour lui.
A la Renaissance, la facette grecque apparaît. La maîtrise et la connaissance du grec se développent.
On va découvrir toute une série de textes qui étaient inconnus jusque-là. On a alors la faculté de lire
les Evangiles, Platon, Aristote… Il y a alors un changement dans la manière de voir les textes. On va
essayer de comprendre ce que les auteurs ont voulu dire, plutôt que les interpréter.
Naissance de la philologie : on va rassembler les écrits et les comparer, pour avoir un texte le plus
proche possible de l’original. Volonté de la Réforme de retourner au texte de base des Evangiles.
Les rhétoriqueurs s’inscrivent dans la tradition médiévale. Ils mettent leur plume au service de
protecteurs. Ce sont des professionnels de l’écriture.
Lyon est, avec Paris et Rouen, une des grandes villes d’édition. Les éditeurs se spécialisent dans
l’édition commerciale. On vend surtout de la littérature religieuse, mais aussi narrative et des livres
illustrés. S’y développent les salons.
Au XVIe siècle apparaît la nouvelle. La rareté et la véracité sont mises en avant. La brièveté et le
réalisme sont apparents. Apparition du baroque de 1570 à 1650 (approche plus soucieuse du naturel,
opposition idéal/médiocre).
« La séquence Sainte Eulalie » (880-881) est le premier texte à dimension littéraire. Il s’agit d’une
cantilène latine. La vie de saint est une des formes littéraires les plus développées : elle a un rôle
fondateur au Moyen-Âge. À la suite de cette vie en latin, le scribe copie une autre version en langue
vernaculaire. En effet, la vie en latin était uniquement comprise par les clercs.
La Chanson de Roland est la première grande œuvre en langue vernaculaire depuis l’Antiquité.
S’ouvre alors à la fin du XIe siècle une grande production de littérature épique avec un certain but de
moralité : il faut des exemples de bons comportements, d’actes héroïques.
Certaines œuvres seront le fruit d’une idée de l’auteur-même, mais certains travailleront « à la
commande », comme Chrétien de Troie qui écrivit par exemple Lancelot ou Le chevalier à la Charrette
pour Marie de Champagne. Outre une thématique commune (l’amour dans la société), on trouve
dans ses romans une conception de l’écrivain et de la notion de roman unique. En effet, Chrétien de
Troie reconnaît qu’il emprunte son sujet à la manière des colporteurs, à un conte. La matière de ses
romans lui a souvent été imposée par des commanditaires. Il n’aura même pas le choix de l’épisode à
raconter. Ce sont des sujets pris dans la matière colportée. De plus, la signification (donc le sens
même de l’œuvre) lui est également imposée. C’est alors sur la forme que va se distinguer Chrétien
de Troyes. Il fait là un véritable travail de poète. Il possède l’art de traiter une matière brute en grand
poème. On trouve alors là l’idée de conjointure :
- idée d’unité, de proportions, de cohérence interne au roman.
- cohérence et proportions internes à chaque roman. C’est la conception classique de symétrie de
l’ensemble.
- la conjointure est à étendre à l’ensemble de ses romans : ils forment un tout cohérent. Chrétien de
Troyes tisse des échos d’une œuvre à l’autre. C’est un tout ayant son autonomie. Son œuvre est une
globalité.
Chrétien de Troyes invente toutes les règles du roman moderne : il met en place les techniques
romanesques :
- temps et lieu précis
- personnages récurrents
Chrétien de Troyes inaugurera également le double roman, avec Perceval ou Le Comte du Graal dans
lequel on suit successivement les aventures de Perceval et de Gauvain, ayant tous deux un parcours
contraire.
Dans la deuxième moitié du XIIIe, siècle, la notion d’auteur change. Apparaît la volonté de rassembler
une œuvre autour d’un auteur, de posséder dans sa bibliothèque tout un auteur. Avant, en général,
on allait dans un atelier de manuscrits, on faisait un choix et on copiait ce qui tournait d’un genre (par
exemple, un manuscrit consacré au bestiaire, à la chanson de geste…). Au XIIIe siècle, on trouve des
manuscrits complets pour Adam de la Halle, Rutebeuf…Quant à Guillaume de Machaut, il est certain
qu’il a supervisé la copie de son propre manuscrit.
Dans la seconde moitié du XVe siècle, on voit l’émergence, de plus en plus nette, de l’individu, de sa
spécificité, de l’auteur. Derrière l’œuvre, il y a la présence de l’auteur, qui n’est plus vraiment
anonyme.
A la Renaissance, la majorité des œuvres seront touchées par l’ambiguïté du regard des écrivains
envers la Réforme (l’homme doit domestiquer ses passions, il est faible) et l’Humanisme (l’homme
est animé par des forces, des instincts positifs).
Au XVIe siècle, l’œuvre entre dans le sillage d’une figure. On va garder la trace matérielle de l’homme.
À partir de Ronsard, l’aspect documentaire se développe et on va vouloir conserver toutes les
reliques possibles de la personne. On veut garder des brouillons, des corrections, on veut voir le
génie à l’œuvre.
Avec François Rabelais, on verra apparaître une littérature critique d’intellectuels qui vont singer et
copier les genres médiocres. Il va également chercher à diffuser son savoir intellectuel dans toutes
les classes de la société, voulant rendre les principes humanistes accessibles à tous. Ce qui sera
également inédit, ce sera cette façon de conter son enfance dans ses romans. La dimension
personnelle et de métamorphose de l’enfance prend une allure d’épopée tout en étant dans la
réalité.
Michel Eyquem de Montaigne, avec ses Essais, invente un nouveau genre littéraire. Au contraire de
Ronsard, il donne un statut dépréciatif à son œuvre. Choisissant le français pour en montrer
l’infériorité (le latin était alors utilisé pour les traités de philosophie, les traités moraux, les « hauts
genres » quoi) et souligner qu’il ne s’agit pas d’un traité dogmatique cherchant à instruire mais un
autoportrait individuel qui laisse au lecteur sa propre réflexion, Montaigne instaure un rapport tout à
fait neuf et singulier avec lui-même : Montaigne l’auteur par rapport à Montaigne l’homme, ainsi que
Montaigne par rapport à ses lecteurs. Il va refléter les mouvements, les errances de sa pensée. Il
veut, dans son écriture, inscrire ce qui a été son cheminement. Sa prose vise au naturel. Il décrit le
mouvement aléatoire de sa pensée (qui fuit tout dogmatisme). Son style est éclaté, plein de rupture
et de choc, mais ce n’est pas de la négligence : c’est une ruse pour séduire le lecteur.
16. Le baroque
16.1 Circonstances de son apparition
- Vient du portugais « barroco » qui signifie « perle irrégulière »
- Apparu vers 1570
- Moins un courant qu’une tendance esthétique générale qui partage des traits caractéristiques avec
d’autres : // au gothique flamboyant dans la recherche d’instabilité, de mouvement, de
« surcharge ».
- Terme apparu postérieurement (18 e siècle), péjoratif à la base ; il faut attendre le 20 e siècle pour
devenir catégorie esthétique.
- Contexte de la réaction post-tridentine : Concile de Trente (1545-1563) : réaction face à la montée
des protestants.
Intégration de certains traits du protestantisme
Renforcement de spécificités catholiques
3. Caractéristiques formelles
Prose sinueuse qui cherche à épouser les mouvements de la pensée
Phrasés très longues, structure simple, mais plusieurs incises qui viennent s’ajouter (fait
penser à du Proust).
4. Un roman classique
Devient un « bréviaire des courtisans », avec des modèles de sociabilité.
Lucidité interne des personnages
Soucis des autres
Art du rapport humain
Intérêt pour la psychologie humaine : développement du roman français comme un roman
psychologique. Intérêt pour les passions.
Dimension autobiographique du roman français.
Forme : Influence de la tragédie antique.
5000 pages, 5 volumes // 5 actes de la tragédie
Unité d’action, de lieu et de temps (6 mois)
À la fois l’apothéose de l’art baroque mais aussi un initiateur du classique.
On va utiliser le classicisme pour constituer une image du prince et de son royaume. Avec François
Ier, on va voir une concentration du pouvoir autour de la personne du roi. Pour construire cette image
d’un roi dans laquelle l’ensemble des gens se reconnaît, il utilise l’art et la littérature
(instrumentalisation des arts). Un mécénat organisé et autoritaire s’organise entre le roi et les
artistes. Le rapport à la langue est aussi important dans cette nouvelle conception du pouvoir ; le roi
impose le français et l’utilisation du français à la cour par les accords de Villers-Cotterêts. Utilisation
de l’art pour renforcer le pouvoir et le sentiment national.
François de Malherbes serait le « père du classicisme ». Il ne se présente pas comme un poète inspiré
mais comme un artisan de la langue qui écrit dans un vocabulaire clair et raréfié. Le brillant doit
l’emporter sur le fond accéder à la perfection formelle.
(Influence de Richelieu sur le classicisme, question 3 points)
Émergence du courant précieux : les salons précieux veulent instaurer une nouvelle sociabilité. On va
faire coexister dans un même endroit des hommes et des femmes, des rois et des artistes. Modèle du
courtisan, de l’homme social qui sait vivre et se comporter.
La psychologie classique sera extrêmement stable. On va observer les signes extérieurs pour aller vers
l’intérieur et saisir l’âme. Une fois que l’on a saisi l’homme dans son essence, celle-ci ne bouge plus.
Esthétique qui privilégie la symétrie, le silence, le statisme, la continuité et l’unité. Inspiration des
modèles antiques.
2 éléments clés :
- la mimésis (imitation) : l’autour doit puiser ses sources dans la nature, qu’il doit tenter d’imiter au
plus près. Imiter le réel.
- la catharsis (purgation) : on va provoquer un sentiment de pitié et de terreur. Ce sentiment de
compassion envers les autres va nous faire vouloir dévier des mauvaises passions.
1ère génération :
Aristocrates de haute noblesse vivant dans le milieu des salons, aucun ne peut écrire pour vivre, car
cela n'est pas permis par leur statut social. Groupe de 3 amis qui passent leur temps ensemble :
2ème génération :
Jean Racine (question 3 pts) :
- 1639-1699, famille bourgeoise modeste. Orphelin dès 1643, confié à Port-Royal, à la Petite École, il
apprend le grec avec Jean Hamont (il se moquera de Corneille qui ne connaît pas le grec). Il demeure
très attaché au Jansénisme.
- Il faisait partie du cénacle de Nicolas Fouquet, ministre des finances, qui menait un cénacle dont les
artistes ont été récupérés par le roi, notamment Pelisson (qui a eu l'idée de l'Encyclopédie), qui est
entouré de gens comme La Fontaine, Charles Perrault.
- Il a été en prison avec Fouquet, puis récupéré par Chapelain, l'organisateur du Mécénat, et ils
organisent un cénacle avec JB Colbert, la Petite Académie.
- En 1659, il adresse un sonnet à Mazarin, le premier ministre, pour se positionner en poète officiel
pour obtenir des bénéfices financiers.
- Mais il est trop impatient, et choisit la voie du théâtre (et donc s'éloigne du Jansénisme), pour le
succès qu'elle procure, car c'est le genre le plus courtisé et le plus porteur.
- Il choisit la tragédie, classée par Aristote juste après l'épopée.
- Il écrit la Thébaïde (1664) et Alexandre (1665), et elles sont jouées par Molière.
- Il y a trois troupes concurrentes : l'Hôtel de Bourgogne (tragédie), la Troupe du Marais (grand
spectacle), la troupe de Molière (troupe du frère du roi).
- Il va séduire Marquise du Parc, actrice de Molière, et l'emmener à l'Hôtel de Bourgogne.
- Il mène une stratégie de destruction des rivaux. Andromaque (1667), puis Les Plaideurs (1668, sa
seule comédie, un échec). Son autre rival, c'est Corneille, et il l'attaque avec Britannicus (1669), puis
Bérénice (1670) (les sujets romains sont le domaine de prédilection de Corneille), que Corneille va
contrer avec Tite et Bérénice (1670), mais échouera. Corneille va l'emporter avec Psychée, sa victoire
dont on ne parlera plus par la suite.
- Racine se cantonne ensuite à la tragédie galante des passions, avec Phèdre (1677). L'amour y est
une passion négative. Les héros y sont détruits, ce qui rappelle la pensée de Port-Royal.
- Vers la fin des années 1670, il voit que le mécénat du Roi-Soleil décline. Il va changer de style, et
rentre à l'Académie Française (ce qui montre la supériorité de la tragédie sur la comédie). Il devient
bibliographe du roi, ce qui le rend très proche de lui.
- En 1679, il se rapproche de Port-Royal, avec l'affaire du scandale de l'empoisonnement, dans
laquelle le roi le protège.
21. Évolution des rapports entre littérature et oralité du Moyen Age à la fin du XVIIe siècle
Au début du Moyen-Âge, la littérature est faite pour être entendue, et non lue : la découverte d’une
œuvre littéraire (même en prose) se fait par l’oreille. Au XIIe siècle, personne n’aurait l’idée de faire
de la lecture silencieuse. Même au XIXe siècle, la lecture passera encore souvent par l’oreille (surtout
en poésie). Il ne faut donc pas compter des syllabes mais des sons : ce qui importe, c’est le rythme,
l’image du son.
L’évolution de la poésie après le XIIe siècle va mener à poésie à être déclamée. Tout d’abord, on voit
l’apparition de formes non narratives brèves, didactiques et non chantées. Ensuite, une série de
formes poétiques et musicales (ballade, rondeau, pastourelle) deviennent des textes seulement
littéraires. Dans la poésie lyrique, le texte et la musique sont liés, on psalmodie. Les romans, eux, ne
demandent pas une lecture chantée mais une lecture à voix haute devant un public relativement
restreint. Ainsi, dans le cadre du roman, la situation était plus complexe, puisque la lecture était
psalmodiée, mais que les lais étaient chantés.
Au XIIIe siècle, la concurrence de la prose augmente, notamment dans les genres de la chanson de
geste et du roman. Qui dit prose dit impossibilité de chanter.
Le développement d’une poésie personnelle, non narrative et non chantée, apparaît à la fin du XIIe
siècle (ex : les vers de la mort d’Helinand de Froidmont).
La fin du XIIIe siècle marque la fin de l’écriture destinée au chant. Il ne reste que les paroles. On a
toujours des strophes (refrains) avec une construction musicale mais le créateur n’ajoute pas la
musique.
Le rondeau est une grande forme canonique des XIVe et XVe siècle. Avec le rondeau, on quitte le
geste « musique et texte » pour un geste purement textuel, sans nécessité musicale. Les rondeaux
sont destinés à être lus et non chantés. Cette forme impose la présence d’un refrain.
Cependant, François Rabelais, lui, avait un goût pour le pur plaisir sonore de la langue et du
vocabulaire. Son roman Pantagruel était destiné à une lecture publique. La langue est profondément
nouvelle : elle est très éloignée de la tradition gréco-latine, de Ronsard…La langue renvoie à l’art de
l’improvisation des conteurs (rappelons qu’au Moyen-Âge, l’oralité des textes littéraires entraînaient
beaucoup de modifications suivant le goût de celui qui le contait). On a ici l’écho d’une littérature
orale qui entre dans la littérature écrite produite par un grand intellectuel. On est dans le domaine du
pastiche. La référence à l’oralité va fixer un modèle qui se retrouvera chez Pascal et Voltaire. On ne va
pas choisir un grand modèle de la rhétorique, mais copier la manière de parler. Il y a une recherche
de naturel, d’évidence, de non savant.
La Séquence de Sainte Eulalie (ou Cantilène) est le premier texte à dimension littéraire. Ce
manuscrit est conservé à la bibliothèque de Valenciennes.
Il s’agit d’une cantilène latine. La vie de saint est une des formes littéraires les plus
développées : elle a un rôle fondateur au Moyen-Âge. À la suite de cette vie en latin, le scribe copie
une autre version en langue vernaculaire (la vie en latin était uniquement comprise par les clercs). La
séquence suit le texte en latin. Elle est le fait de clercs rompus à la langue latine dans les vies de
saints. C’est un tout petit texte, très bref mais extrêmement important. Il se compose de 29 vers
assonancés deux à deux. Dans la Séquence de Sainte Eulalie, il s’agit d’assonances et pas de rimes. On
observe une voyelle finale tonique commune (dans le cas d’une rime, on aurait eu une consonne
commune en plus). Il n’y a pas de communauté des consonnes entourant cette voyelle finale tonique.
La Séquence de Sainte Eulalie correspond au type le plus basique du genre de la vie de saint.
Elle fixe un stéréotype des personnages et elle a une structure très importante. Le récit est agencé en
deux grandes parties : le martyr et l’accès au titre de saint. Une vie de saint dépeint l’époque des
Païens suppliciés par d’affreux empereurs païens. Il y donc un coté de résistance, une dimension
héroïque. Cette forme de la vie de saint sera reprise notamment au XIIIe siècle avec Rutebeuf et son
Miracle de Théophile. Remarquons que l’histoire du théâtre naîtra des vies de saints : les miracles, les
passions...
La Vie de Saint Alexis marque une étape importante par sa longueur et son ampleur (625
vers). Elle est écrite dans un type dominant : le décasyllabe (10 pieds métriques). Remarquons que la
littérature est faite pour être entendue et non lue : la découverte d’une œuvre littéraire (même en
prose) se fait par l’oreille. Au XIIe siècle, personne n’aurait idée de faire de la lecture silencieuse ;
même au XIXe siècle, la lecture passera encore souvent par l’oreille, surtout en poésie. Il ne faut donc
pas compter des syllabes mais des sons : ce qui importe, c’est le rythme, c’est l’image du son. Le mot
décasyllabe désigne donc 10 pieds de rythme ; notons que le décasyllabe sera le vers dominant de
l’épopée. La Vie de Saint Alexis est divisée en 125 strophes de 5 décasyllabes assonancés. Il y a une
vraie volonté de numérotation. C’est une oeuvre destinée à être chantée. On la connaît par cinq
manuscrits.
La Vie de Saint Alexis a été écrite par un clerc rompu à la littérature latine. Les situations
narratives sont très variées, on passe d’un endroit à l’autre et d’un cadre à l’autre ; de plus, une
maîtrise parfaite de la narration en vers transparaît. L’œuvre est très longue, le séquençage est très
raffiné, la narration est plus complexe que celle de la Séquence de Sainte Eulalie. Au niveau du fond,
la Vie de Saint Alexis fait toujours partie du genre de la vie de saint mais ne possède plus de
dimension héroïque. Il s’agit ici juste d’un modèle de vie : il n’accomplit pas de grandes choses mais il
vit de manière sainte (= la vie de Saint-Ermite).
Dans ce texte, Alexis, un patricien romain, décide de se marier avec une jeune fille de bonne
famille. Le jour de son mariage, il disparaît. En fait, il a quitté Rome pour les grandes villes
chrétiennes d’Orient (Laodicée < Edesse), patries de célèbres vies érémitiques. Bien qu’il vive seul,
des gens de cette région d’accueil viennent le voir car, grâce à la sainteté de sa vie, il a le pouvoir
d’accomplir des miracles. Ainsi donc, lui qui voulait être ermite au départ, il se retrouve envahi par les
gens en quête de guérison. Comme il veut une vie uniquement faite de méditation et de prières, il
s’enfuit de nouveau et décide de rentrer à Rome après 17 ans d’absence. Il retourne chez ses parents
et sa femme (toujours vierge puisque son mari l’a abandonnée avant la nuit de noces). Ce n’est
pourtant pas ce qu’on pourrait appeler un « retour du fils prodigue » : c’est l’image de chasteté qui
doit primer, il ne se fait donc pas reconnaître par sa famille. Il s’installe sous l’escalier et ses parents
font la charité à cet inconnu. Toute la grandeur de son âme se trouve dans le fait qu’il ne révèle pas
son identité. Il vit sous l’escalier encore 17 ans, puis, il sent que Dieu le rappelle à lui. Il écrit alors sa
vie et cache le manuscrit sous sa paillasse. À sa mort, une odeur de rose se dégage de son corps. C’est
l’odeur de la vie éternelle, la preuve de sa sainteté. On retrouve ensuite le récit de sa vie, sa famille le
reconnaît, et il est reconnu comme Saint-Homme.
Dans ce récit, on retrouve une paraphrase de la Bible : Leur pardonner car ils ne savent pas ce
qu’ils font. C’est l’image de la charité absolue, un exemple de pardon. Il y a de véritables liens qui
sont créés avec la parole de Dieu des Évangiles.
Le roman apparait plus ou moins au d du XIIe siècle et les productions de Chrétien de Troyes datent
de la deuxième moitié du XIIe siècle. Il y eu, en effet, d’autres productions romanesques ainsi qu’une
autre conception du roman, avant lui.
On peut aisément citer le Roman de Renart, considéré comme un roman, mais qui ne se construit pas
de la même manière que les romans de Chrétien de Troyes. Il est constitué de 26 branches très
diverses et contradictoires, écrites par une vingtaine d’auteurs différents. C’est une parodie de la
chanson de geste et des romans courtois. On peut également évoquer le Roman de la Rose, œuvre
dans laquelle la trame narrative n’a que très peu d’importance.
Outre ces deux romans, on peut également développer les trois types de sujet, de fonds, qui
dominaient avant Chrétien de Troyes :
La trilogie antique, qui reprend, comme son nom l’indique, les sujets de l’Antiquité :
o Le roman de Thèbes : la tragédie d’Œdipe tuant son père et couchant avec sa mère
(voir le cours pour un résumé plus approfondi, même si je pense qu’on ne peut pas
être plus explicite !)
o Le roman d’Enéas : suit la trame narrative de l’Enéide de Virgile, qui relate le
jugement de Pâris, qui a offert la pomme à la plus belle des déesses, Vénus. Le roman
relate également la faute de Didon, qui a couché avec Énée.
o Le roman de Troie, écrit par Benoit de Sainte Maure : il reprend la narration du roman
d’Enéas et met en scène une double faute : la Toison d’or et la destruction de la ville
de Troie
Les trois romans ont toujours comme trame narrative et comme point de départ une faute, qui se
solde souvent par la mort du héros.
La matière de Bretagne :
o Le roman de Brut, écrit par Wace : « chronique » qui retrace l’histoire des rois
d’Angleterre (dimension historique), mêlée à la matière de Bretagne (dimension
imaginaire). On y relate la vie des chevaliers de la Table Ronde et du roi Arthur.
o Tristan et Iseult (ou Yseult, ou Iseut, ou Yseut) : également composé de matière de
Bretagne (dimension imaginaire), l’histoire n’est toutefois plus centrée sur la
personne d’Arthur, mais bien sur le roi Marc, un parent plus ou moins proche d’Arthur
5. La « matière » de Bretagne et son traitement par Chrétien de Troyes
Les romans de Chrétien de Troyes (nous lui en connaissons cinq), relatent chacun
l’histoire d’un chevalier de la Table Ronde, à savoir :
Erec et Enide
Cligès : prolongement d’Erec et d’Enide, en tout cas, écrit juste après. Cligès
est le neveu du chevalier Gauvain, et il tombe amoureux de sa tante (donc de
la femme de Gauvain). Il doit donc affronter son oncle.
Lancelot ou le Chevalier à la Charrette
Yvain ou le Chevalier au Lion
Perceval ou le Conte du Graal
Le Roman de la Rose s’inscrit dans ce siècle qui, dans un sens, prolonge le XII ème siècle et qui,
dans un autre sens, marque une rupture avec la classe dominante de la bourgeoisie. C’est une des
œuvres du Moyen-Âge qui a survécu le plus longtemps ; c’est l’œuvre qui aura l’influence la plus large
à travers le temps et l’espace. On prend pour preuve le nombre de manuscrits : on en a conservés
plus de 300. N’oublions pas que les œuvres circulent plus rapidement : le Roman de la Rose est
l’œuvre la plus lue au XIVème siècle et au XVème siècle. Au XVIème siècle, elle échappe à la Pléiade ; elle
est rééditée par Clément Marot et sera encore lue par Jean de La Fontaine. Elle sera encore éditée au
XVIIIème siècle. Une des grandes difficultés du roman est sa taille : il est composé de 22000 vers. On a
deux auteurs pour cette œuvre complexe : Guillaume de Lorris et Jean de Meun. Ils ont tous deux des
visées différentes voire contradictoires : le sens même de l’œuvre est loin d’être acquis.
Guillaume de Lorris :
La première partie est due à Guillaume de Lorris. On ne le connaît que par son œuvre et que
par ce qu’en dira Jean de Meun. Il est originaire du Loiret. On retrouve ici la vision la plus accomplie
du roman courtois : la fine amor des troubadours. On a le service de la dame, les lauzengiers, la dame
inaccessible, l’amant qui accompli des prouesses pour sa dame… Ce sont donc les données centrales
de la fine amor dans la lyrique d’oc.
Le narrateur a vingt ans. Il s’agit d’un récit rétrospectif : le rêve qu’il a fait cinq ans auparavant
s’est accompli. Il avait donc fait un rêve prophétique. Commence alors son périple rêvé. Des idées
abstraites vont prendre une forme corporelle : c’est la fiction du rêve. Des figures allégoriques vont
intervenir. On voit là un procédé ancien de la littérature : l’ekphrasis. L’ekphrasis est un procédé de la
littérature didactique ; c’est un des procédés utilisés par les rhéteurs pour faire passer un message
assez aride. L’ekphrasis est le procédé de la description : on va donner forme aux idées abstraites et il
va falloir décrypter l’image pour comprendre ce qui se cache derrière.
Arrivant dans le verger, le narrateur découvre toute une série d’allégories négatives peintes
sur le mur. Ensuite, le personnage va rencontrer Oiseuse (< latin : otium = le plaisir, le divertissement).
Oiseuse le prend par la main et l’invite à pénétrer dans le jardin clos. Il est alors accueilli par Désir,
Liesse et Joie. On a ensuite de nouveau des allégories heureuses : Richesse, Doux Regard, Amour,
Beauté… Il se promène dans le jardin et tombe sur le bas-relief d’une fontaine où il voit l’histoire de
Narcisse. L’histoire de Narcisse est empruntée au texte de l’Antiquité Les Métamorphoses d’Ovide : un
jeune homme tombe amoureux de son propre reflet, dépérit et est transformé en fleur par les dieux.
Il faut en tirer un sens moral : le but de l’homme est de s’ouvrir aux autres et non pas de se regarder
lui-même : on utilise ici un procédé didactique. Le Roman de la Rose montre un parcours initiatique :
c’est un roman d’éducation. Les allégories des personnages manient la courtoisie : elles jouent par
exemple d’un instrument.
Sur le bas-relief, le narrateur voit donc l’histoire de Narcisse puis se penche au-dessus de l’eau
et voit son propre reflet ; il voit alors un rosier derrière lui et tombe amoureux d’un bouton de rose.
Donc, si dans un premier temps, il s’était tourné vers lui-même, ici, il passe à la seconde étape et se
tourne vers quelqu’un d’autre. Certaines allégories vont mettre un obstacle à sa quête : Raison va lui
montrer sa déchéance et Jalousie va élever un château fort pour y enfermer la rose.
L’œuvre de Guillaume de Lorris s’achève là, brusquement, après environ 4000 vers, sans que
la conquête de la rose soit terminée. On est au moment où l’amant se lamente comme un troubadour
devant la belle dame inaccessible dans sa tour. Le roman s’arrête avant même qu’il ne puisse la
conquérir ou qu’il ne se réveille. Comme la rupture est cohérente d’un point de vue narratif, il y a
peut-être là la volonté d’une œuvre ouverte. On a observé l’utilisation d’allégories non univoques
mais riches en poésie et ouvertes en sens. La rose n’est pas qu’une fleur : ce n’est pas une simple
jeune fille mais un objet de désir et de perfection qui anime le narrateur. Le but devant cette image
de la dame inaccessible qui va s’épanouir est de chercher les divers sens cachés à des niveaux
différents. Le Roman de la Rose est une des œuvres littéraires avec le sens le plus abouti. Cette
première partie est inachevée mais sera complétée, ce qui fera du Roman de la Rose une œuvre
phare. Toute une série de sens contradictoires vont ainsi venir nourrir la première partie en amenant
une série de thèmes : l’œuvre a commencé dans un ton et va finir dans un autre.
Jean de Meun :
L’auteur Jean de Meun, de son vrai nom Jean Chopinel (1240-1305), est bien connu. C’est un
clerc parisien originaire de Meung-sur-Loire. Il reprend la plume et rédige une suite au Roman de la
Rose 40 ans après Guillaume de Lorris, c’est-à-dire de 1268 à 1285. Remarquons qu’il est aussi connu
pour d’autres œuvres, par exemple, pour sa traduction de la correspondance parcellaire d’Abélard et
Héloïse. Il reprend le schéma narratif de Guillaume de Lorris et reprend le récit là où ce dernier s’était
arrêté. On retrouve la tradition de la psychomachie, c’est-à-dire de la manière d’analyser l’âme des
hommes sous une forme matérielle en utilisant des allégories qui représentent diverses passions qui
s’opposent, ce qui permet au narrateur d’entrer dans l’âme des personnages. On va analyser la
psychologie des personnages et leur donner des formes matérielles : c’est un véritable combat de
l’âme. On utilise des allégories pour développer une thématique.
Le fil narratif s’achève lorsque Vénus permet de libérer la rose. Cependant, la ressemblance
entre les deux parties du Roman de la Rose est tout à fait superficielle : Jean de Meun va jouer à
donner à son roman l’apparence d’un roman courtois alors que c’est bel et bien un roman bourgeois.
N’oublions pas que les valeurs de la bourgeoisie sont contraires à celles de la noblesse. La libération
de la rose est une scène clef : c’est une véritable défloration. On est loin de la courtoisie : ce n’est plus
une vision de l’amour épuré incarné comme un pur désir mais une vision extrêmement concrète. Ce
n’est plus une vision désincarnée mais un véritable désir charnel qui l’emporte : afin d’obtenir l’accès
au château, l’amant se déguise en pèlerin de Saint-Jacques de Compostelle, il porte un bourdon (= un
bâton) et une gourde en forme de fruit sec. Il entre et déflore la rose : c’est une scène grivoise, propre
à la bourgeoisie dont les valeurs sont l’argent et la sexualité. On est proche d’un univers qui sent la
parodie.
Cette œuvre longue se veut un miroir de l’ensemble du monde, on apporte des miroirs
moraux. Ces miroirs moraux seront caractéristiques des littératures du XIII ème siècle, du XIVème siècle et
du XVème siècle.
La querelle de la Rose :
Le Roman de la Rose va donner lieu à la première querelle littéraire française. Jean de Meun
est un clerc dans la bonne tradition des clercs, c’est-à-dire un clerc misogyne. Au début du XV ème
siècle, deux auteurs vont s’opposer à Jean de Meun et défendre la cause des femmes : Jean Gerson et
Christine de Pisan qui est d’origine italienne. Ils s’investissent dans cette première querelle et vont
offrir des textes très importants pour la défense du statut de la femme. Remarquons que la querelle
des Anciens et des Modernes s’interrogera aussi sur la place de la femme dans la société.
Cependant, réduire les propos de Jean de Meun aux propos d’Ami, ce serait réduire sa pensée
car on trouve d’autres allégories : il faut nuancer la pensée de l’auteur. On trouve un passage avec un
vrai éloge de la sexualité et de la liberté amoureuse des femmes : selon la médiation narrative
particulière, on a ici en fait un discours dégradé, c’est une vielle femme qui a des regrets.
Remarquons qu’il s’agit là du personnage de la Belle Heaulmière chez François Villon qui est un grand
lecteur du Roman de la Rose. On a donc une série de discours contradictoires comme l’éloge de la
sexualité féminine dans la bouche d’un personnage dégradé : c’est la pratique de l’antithèse.
L’œuvre est extrêmement prise dans l’époque contemporaine avec un grand compendium
moral : ainsi, l’auteur s’oppose aux ordres mendiants qui prônaient un retour à l’ignorance. Cette
œuvre s’inscrit donc dans la polémique. Remarquons que Dante (1265-1321), un grand admirateur
du Roman de la Rose, voudra montrer l’histoire de l’humanité. La Divine Comédie est un grand
poème en trois livres et Dante y règle tous ses comptes avec la société contemporaine. Le Roman de
la Rose se termine par un très long épisode : ce sont 2700 vers tenus par Nature où on conclut sur la
portée philosophique de l’œuvre car Nature s’oppose à la mort et se confesse à Génius, le génie. On
est dans une vision différente de ce qu’on avait vu jusque-là : c’est une vision qui relève plus de la
narration. C’est la force de la vie. Génius est le génie créateur de l’homme : on a une mise en avant de
la grandeur de l’homme dans son rapport à la nature et à la vie qui est la sienne. On met en avant les
côtés positifs de la nature : en effet, on a une apologie de la fécondité.
Il ne faut pas oublier qu’au XIII ème siècle, tout en continuant à reprendre les mêmes textes, les
gens s’intéressent aussi à de nouveaux. Les clercs font notamment partie de la bourgeoisie. Dans la
Genèse, on trouve un passage tout à fait intéressant : l’épisode qui se passe à l’issue du déluge.
L’arche se pose et Noé rend un sacrifice à Dieu pour le remercier ; Dieu lui parle et lui dit Ma colère
est tombée, Il faut que tu travailles la terre, Sème, récolte, mange des animaux, Croissez et multipliez.
Dieu donne donc une tâche à l’homme. C’est cette image qu’on retrouve lorsque Génius et Nature
donnent une force à l’homme. Le génie en appelle à en ouvrir le sol avec le soc de la charrue : c’est en
fait une véritable légitimation du travail. Remarquons que chez Chrétien de Troyes, travailler
manuellement, c’est déchoir : en effet, pour l’aristocratie, le travail est une punition due à la chute du
paradis terrestre. La bourgeoisie, elle, a accumulé de l’argent par le travail, donc le travail n’est pas
une déchéance mais une source de progrès. Ce rapport entre Génius et Nature est un véritable chant
pour le travail et pour l’enrichissement personnel.
Le Roman de la Rose est un chant pour le progrès et la procréation. Cet éloge de la
procréation est un discours de la bourgeoisie à l’état pur ; on a une exaltation, comme dans la
Genèse, de la fécondité de la Nature. En conclusion, le Roman de la Rose sera très admiré mais il ne
faut pas oublier que c’est un chef d’œuvre double avec une première partie qui prône la perfection
courtoise et une seconde partie qui a un sens opposé. C’est une œuvre riche en contradiction avec
deux visions opposées l’une à l’autre.
10. Rutebeuf
11. La littérature à Arras au XIIIe siècle
12. Les formes dramatiques au XVe siècle
13. Les rhétoriqueurs
La Réforme et l’Humanisme auraient dû s’opposer à tout ce qui relevait du moyen Age. Mais les
Rhétoriqueurs, eux, vont prolonger le Moyen Age. Ce sont des professionnels de l’écriture, de
l’oratoire. Ils sont au service de grandes cours : ce sont des historiographes, des secrétaires, …
On peut citer Jean Molinet (1435 – 1507), qui est un grand historien de la cour de France. Il passe sa
vie à la cour de Bourgogne. On peut prendre pour exemple également Guillaume Crétin (1461 -
1525), qui travaille pour Louis XII. Enfin, on peut citer Jean Marot (le père de Clément Marot), qui est
lui attaché à Anne de Bretagne (qui épousera le roi de France Charles VIII).
b. Clément Marot
La vie de Clément Marot (1496-1594) recouvre les diverses tensions politiques et religieuses de son
temps. En 1513, il entre au service de Marguerite de Navarre (de Valois), la sœur de François Ier.
Remarquons que Marguerite de Navarre, elle-même auteur, protègera, dans sa politique de mécénat
importante, beaucoup d’auteurs (Marot, Rabelais, Ronsard…). Clément Marot est donc attaché à une
femme de grande culture. Il est proche de la cour et du roi François Ier, qu’il suivra en Italie. Marot
rentre en France et il est accusé d’hérésie. Par son parcours, on peut voir qu’il n’était pas indifférent
aux réflexions profondes de la Réforme. Il est pour une réforme du système de l’Église et veut un
retour à la parole et aux textes évangéliques. Il se retrouve dans une situation délicate puisque
François Ier est catholique et Marguerite de Navarre (la grand-mère du futur roi Henri IV) est
protestante. Malgré l’accusation d’hérésie, il obtient le droit de succéder à son père comme valet de
chambre du roi.
Il est encore emprisonné pour hérésie et perd son poste. Il se tourne de nouveau vers Margueritte
de Navarre et va au château de Nérac, près d’Agen, où se trouve une cour brillante et très
indépendante. Suite à de nouveaux reproches d’hérésie, il part pour l’Italie pour échapper à la
prison. En 1536, il abjure le calvinisme pour pouvoir rentrer en France. Il s’attache de nouveau les
bonnes grâces de François Ier mais cette abjuration laisse un peu perplexe. En effet, il s’attache à
traduire les psaumes en français. Remarquons que la traduction, pour une diffusion la plus large
possible des Évangiles, est caractéristique des protestants. Son attitude confirme son attachement
profond aux valeurs protestantes. Sa traduction est magnifique et va faire date. Mais la Sorbonne
perçoit ce rappel du protestantisme et condamne le texte en 1543. Il prend de nouveau la fuite. Il se
rend à Genève (univers protestant). Il va ensuite à Turin, qui est catholique mais qui est la capitale
d’un royaume indépendant, et y meurt pauvre et sans emploi en 1544. D’un point de vue esthétique
et au regard de ses postes, on voit qu’il est à cheval entre deux mondes : il met sa plume au service
des grands, mais l’influence qu’a la Renaissance sur lui est tout à fait palpable. Il a eu des protecteurs
de sensibilité différente (même si, par exemple, ces deux grands protecteurs étaient frère et sœur, ils
n’adhérent pas à la même religion). Il eut une sensibilité très forte pour le protestantisme, le courant
de son temps. Mais, envers celui-ci, ce fut pour lui un mouvement perpétuel d’attirance et de rejet.
Ainsi, Ses goûts et ses prises de position confirment son attachement au XVe et son ouverture aux
nouveaux modes de penser. Il va éditer le Roman de la Rose. Il réédite Villon. De plus, il va s’attacher
à l’humanisme, caractéristique de la Renaissance. Il va imiter des grands modèles de l’Antiquité
(Catulle, Ovide, Martial). On peut voir son côté humaniste dans son recueil qui a pour titre «
Adolescence Clémentine ». Il se met en scène lui-même. Il parle au « je » mais celui-ci n’est pas
théâtralisé, et il n’y a pas d’enseignements moraux.
Lyon est un centre de diffusion du modèle italien. C’est la ville la plus importante sur le chemin qui
relie Paris à l’Italie. Lyon est, avec Paris et Rouen, une des grandes villes d’édition. Les éditeurs se
spécialisent dans l’édition commerciale. On est en un temps où la publication subit des censures
royales et religieuses très fortes. Mais Lyon y échappe et l’édition y est libre car la ville n’a pas en son
sein les deux autorités traditionnelles. En effet, à Paris par exemple, l’université (la Sorbonne) est une
force rétrograde dans les mains d’un pouvoir religieux. Or à Lyon, il n’y a pas d’université ! Quant à la
censure royale, elle se fait par le Parlement : le parlement s’occupe de tout ce qui relève du
gouvernement, de la cour de justice, de l’entérinement des édits du roi. Mais, il n’y a pas non plus de
parlement à Lyon !
Lyon accueille des figures marquantes de la poésie du XVIe siècle. La principale académie lyonnaise
va se rassembler autour de Maurice Scève (1501 -1564) un poète néo-latin qui est proche des
milieux intellectuels de Lyon. Il connaît très bien les philosophes italiens. Il est l’auteur de Délie
(1544), œuvre d’une grande complexité. Cette publication ainsi que sa proximité intellectuelle feront
que son salon sera le plus brillant de l’époque. Il y accueille notamment des femmes (tout en
opposition) : Pernette de Guillet, une poétesse. Elle est l’égérie de Clèves (c’est sûrement elle qui a
inspiré Délie). Après sa mort, son mari publie son œuvre abondante (cela montre combien le statut
des femmes s’est développé) : Rymes de gentille et vertueuse dame Pernette de Guillet,
lyonnaise. C’est une œuvre joyeuse, d’une grande gaîté et d’une grande fraîcheur ; le ton est simple
et limpide. Il accueille également Louise Labé, une jeune femme de la classe dominante, c’est-à-dire
de la riche bourgeoisie de cordiers. Comme tous les gens de son niveau, elle a reçu une excellente
éducation. On la surnomme « la belle cordière ». Elle sait chanter, jouer du luth, et elle lit l’italien et
l’espagnol couramment. Elle ouvre un salon très brillant fréquenté par Maurice Scève mais aussi par
Olivier de Magny et Pontus de Tyard. Son œuvre est éditée. Elle est très brève (3 élégies, 23
sonnets). On a là une poésie avec une vision différente de celle de Pernette de Guillet (vision plutôt
chaste) : ici, on a une certaine chaleur et une dimension sensuelle. Suivant une vision ovidienne, sa
conception de l’amour est tragique. Elle parle d’elle-même. Elle se propose comme un exemple fort
d’une passion violente et tragique (celle qu’elle a vécu avec Magny). Elle s’adresse aux autres dames
lyonnaises (elle ose en parler), dans une dimension morale et didactique.
Amant infidèle, Olivier De Magny est important. Il fréquente ces milieux italianisant. Il appartiendra,
avec Pontus De Tyard, au groupe de la Brigade qui permet le transport de l’ensemble de ces modèles
à Paris.
L’œuvre littéraire passe d’un statut de bel objet pour riche à collectionner à un véritable objet de
connaissance, puisque plus abordable. Grâce à l’imprimerie, la diffusion du savoir se fait plus
rapidement. Si le statut de l’œuvre littéraire change, celui de l’écrivain aussi, puisque l’auteur en tant
que personne devient de plus en plus important (cf. Ronsard, Rabelais, …). On peut également
ajouter que d’un point de vue historique, la période de l’invention de l’imprimerie est le siècle des
découvertes (cf. Christophe Colomb), les gens ont donc une volonté de découvrir ce qui les entoure
(récits de voyage, carnet de science sciences naturelles, …)
Dans le domaine du roman, une forme s’est imposée : la prose. Dès le XIIIe siècle, cette forme entre
en concurrence avec le vers et dès le XIVe siècle, c’est le genre narratif par excellence. Les vers sont
dérimés dès le XVe siècle. Par exemple, tout Chrétien de Troyes est mis en prose. Au XVe siècle, une
forme pas nouvelle prend des couleurs nouvelles : la nouvelle. C’est une forme plus brève, plus
intégrée dans le réel.
Remarquons que le fabliau répondait déjà à ces critères mais c’était toujours des affaires de cocus et
de femmes trompées. On utilise des schémas narratifs anciens dans des contextes contemporains.
Au XVe siècle, la nouvelle est réaliste. La rareté et la véracité sont mises en avant. La brièveté et le
réalisme sont apparents (< fabliaux)
L’accent est mis sur la discussion qui suit chaque récit. Les récits en eux-mêmes s’inscrivent dans la
tradition des fabliaux et ne sont pas neufs : ce sont même parfois des faits de la petite cour de
Navarre. Les discussions sont neuves. Remarquons que Boccace, lui, ne se sert pas beaucoup des
personnalités différentes des protagonistes. Ici, chacun réagit au récit différemment avec sa
personnalité. On a un individualisme et une multitude de regards portés sur une même réalité (ce
qui est caractéristique de la Renaissance). On voit la diversité des expériences des hommes. Le ton
chez Margueritte de Navarre est généralement allègre et joyeux (alors que, chez Boccace, il y avait
aussi certaines nouvelles tragiques).
19. En quoi le parcours biographique de Rabelais illustre-t-il les divers courants de pensée du
XVIe siècle ?
20. Conceptions philosophiques de Montaigne
21. Pierre Corneille
Pierre Corneille est le personnage littéraire qui incarne le plus la vision de l’homme baroque et cette
volonté de s’élever : le dilemme cornélien incarne le dilemme de tout homme baroque. Pierre
Corneille naît à Rouen dans une famille faisant partie d’une bourgeoisie en voie d’anoblissement, tout
comme Montaigne. Il étudie chez les Jésuites qui utilisaient des tableaux, des images et le théâtre
pour enseigner. Son père étant un robin, Pierre Corneille le devient aussi. Ce latiniste exceptionnel est
connu très jeune. Pierre Corneille ainsi que son père seront anoblis par le roi Louis XIV car c’est un
grand écrivain. Il semble lancé dans une brillante carrière d’avocat à Rouen mais il vivra un chagrin
d’amour qui le plongera dans un tel désarroi qu’il se mettra à écrire pour évacuer par l’écriture un
problème personnel.
Il n’y a pas de date précise de création mais Le Cid a vraisemblablement été écrit en janvier
1637. Cette pièce est le succès le plus prodigieux de la carrière de Pierre Corneille. Elle suscite
beaucoup de jalousies et une des plus grandes querelles du siècle ; d’elle va naître le classicisme
théâtral. On va montrer à Pierre Corneille qu’il y a des problèmes majeurs dans sa pièce : le héros,
Rodrigue, doit tuer en duel son futur beau‐père, le père de Chimène, pour laver l’honneur de la
famille, il se retrouve dans une situation délicate. Pourtant, le mariage avec Chimène a bien eu lieu :
or, c’est impossible et scandaleux que la jeune fille accepte cela. Pierre Corneille doit modifier sa
pièce et laisser une pièce ouverte dans laquelle Rodrigue a un espoir d’obtenir la main de Chimène.
Cette pièce va donner lieu à une querelle entre Pierre Corneille et Richelieu (1585-1642) qui
demande à l’Académie française de faire un avis sur Le Cid : c’est de cette querelle que la tragédie
classique est née. Le Cid constitue à la fois un énorme succès et un échec violent pour Pierre
Corneille. Cela amène Pierre Corneille à se retirer pendant trois ans du théâtre pour méditer et pour
montrer que le théâtre n’est rien sans lui. Peu de pièces peuvent donner une image aussi juste de
l’homme baroque. Le dilemme cornélien qui est basé sur le conflit entre l’honneur et l’amour incarne
le déchirement intérieur de l’homme baroque. L’amour de Rodrigue pour Chimène représente le
cœur, le corps, l’humain tandis que la gloire de sa famille est représentative de l’âme, de la raison et
de l’immortalité. À la fin du premier acte, Le Cid comporte des stances. On en trouve souvent dans les
tragédies : le personnage est seul en scène, ce qui est rare puisqu’il est peu vraisemblable qu’une
personne parle seule. On utilise des vers de diverses longueurs dans des strophes de structure
identique et non plus des alexandrins. Le déchirement est un acte héroïque : Rodrigue préfère risquer
de perdre l’amour de Chimène pour reconquérir l’honneur de sa famille. Chez Pierre Corneille, ce
dilemme qui déchire le cœur du héros, ce conflit, se résout puisque le personnage tranche en faveur
de la partie haute, son âme. Il a donc une vision optimiste de l’homme qui peut atteindre cet
héroïsme. C’est une vision caractéristique du molinisme : l’homme est capable de choisir la voie
héroïque par rapport à l’autre et est apte à préparer son salut.
Théodore Agrippa d’Aubigné (1552 – 1630), est un homme de guerre, un écrivain controversiste et
poète baroque. Il est notamment connu pour Les Tragiques, poème héroïque racontant les
persécutions subies par les protestants.
Agrippa est baptisé dans la religion catholique mais est élevé dans la religion calviniste. Son père
Jean, converti au calvinisme, prend part au soulèvement protestant.
Agrippa apprend entre autres disciplines, le latin, le grec et l'hébreu. En avril 1562, pour ses études,
Jean installe Agrippa à Paris chez un professeur. Deux mois plus tard, la guerre est déclenchée et un
arrêt ordonne l'expulsion des protestants ; Agrippa quitte la ville avec son professeur. Sur le chemin,
ils sont arrêtés et emprisonnés par des pillards catholiques, mais parviennent à s’échapper grâce à un
complice. Ils séjournent ensuite à Orléans, où Agrippa est atteint de la peste mais en guérit. Il se
rompt aux armes, et assiste au siège d’Orléans au cours duquel meurt son père.
Lorsque éclate la deuxième guerre de religion (1567), il s’engage sans hésiter dans l’armée
protestante. Il était, à la suite d’un duel, absent de Paris durant les massacres de 1572 mais en garda
une rancune tenace contre la monarchie. Les Tragiques conservent la trace des visions d’horreur dont
il fut le témoin.
Calviniste intransigeant, il soutient sans relâche le parti protestant, se mettant souvent en froid avec
le roi Henri de Navarre, dont il fut l'un des principaux compagnons d'armes. Après la conversion de
celui-ci, il rédigea des textes qui avaient pour but d'accuser Henri IV de trahison envers l'Église. Chef
de guerre, il s'illustra par ses exploits militaires et son caractère emporté et belliqueux. Ennemi
acharné de l'Église romaine, ennemi de la cour de France et souvent indisposé à l'égard des princes, il
s'illustra par sa violence.
À sa grande horreur, son fils Constant d'Aubigné abjure le protestantisme en 1618 pour mener une
vie de débauche dans le château paternel de Maillezais, avant de tuer sa première femme, qu'il
surprend en flagrant délit d’adultère dans une auberge, puis de se remarier en prison à Jeanne de
Cardilhac qui donnera naissance à Françoise d'Aubigné, qui devient marquise de Maintenon et
maîtresse puis épouse du roi de France Louis XIV.
Méconnu de ses contemporains, il fut redécouvert à l’époque romantique, notamment par Victor
Hugo, puis par le critique Sainte-Beuve. Son œuvre la plus connue est son recueil Les Tragiques.
Mais d'Aubigné n’est pas l’auteur d’une seule œuvre. Le Printemps est un recueil de sonnets, de
stances et d’odes qui reprend la lyrique pétrarquiste sur les tons opposés de la rage du désespoir et
d'une fantaisie plus légère. Le premier recueil de sonnets du Printemps, L'Hécatombe à Diane, est
dédié à Diane Salviati, jeune fille qu'il aimait et qu'il n'a pas pu épouser à cause de la différence de
religion. À la fin de sa vie, les Petites œuvres meslees associent des Méditations sur les Psaumes et
des poésies religieuses.
L’essentiel de son œuvre est polémique. D'Aubigné, engagé dans les combats de son époque, cherche
ainsi à discréditer les vanités de la cour royale et la religion catholique dans la Confession du Sieur de
Sancy et Les Aventures du baron de Faeneste. Son Histoire universelle est aussi, malgré son titre, une
œuvre engagée, destinée à justifier l'autonomie politique et militaire des protestants français. Il
publie aussi de nombreux opuscules politiques.
À la fin de son existence, il écrit ses mémoires, Sa vie à ses enfants (Constant, Marie et Louise), pour
leur montrer « sa gloire » et « ses fautes » et leur être par là-même un exemple profitable.
La vision d’un homme héroïque tiré vers des modèles plus élevés peut s’exprimer différemment dans
l’art baroque : l’homme peut aussi être grotesque. Tout un courant esthétique burlesque se
développe en insistant non sur l’héroïsme mais sur le ridicule de l’homme. La vision de l’homme est
la même que dans l’art baroque mais on souligne son côté médiocre plutôt que son caractère
héroïque.
Représentations :
Pierre Puget (1620-1694), un sculpteur français, réalise en 1657 Atlante de l’ancien hôtel de
ville de Toulon. L’atlante soutient de tout son poids un balcon et une maison. Ce n’est pas un
héroïsme calme mais bien une représentation du grotesque dans la souffrance due à l’effort qui
suscite un visage déformé.
Jacques Callot (1593-1635), un dessinateur et un graveur lorrain, est très illustre dans la
gravure européenne. Il laisse des séries de petites gravures insistant sur le côté grotesque : c’est une
parodie de la société. En 1616, il grave lors d’un voyage en Italie les Gobbi, des nains complètement
déformés. Ce n’est pas un regard apitoyé mais plutôt un regard cruel sur la douleur humaine. En
1622, Jacques Callot sculpte les Gueux. À priori, le réalisme est plus grand. Ces figures semblent
plutôt destinées à effrayer qu’à susciter la pitié. Il souligne la pauvreté humaine dans des gravures
destinées à un public riche qui a les moyens de les acheter. En 1633, Jacques Callot sculpte les
Misères de la guerre. Cette sculpture est d’une qualité plastique extraordinaire, et représente des
choses horribles : l’estrapade, le supplice de la roue pendant lequel on frappe le corps à coups de
bâton… Il souligne la fragilité humaine et non le caractère héroïque. Il passe du grotesque à
l’effrayant, au tragique.
En littérature :
À côté de ces grands romans héroïques, on voit se développer un courant qui semble en être
la parodie mais qui en est l’équivalent. On fait la même chose mais sur un autre mode. Le roman
burlesque puise sa source dans les modèles espagnols qui s’inscrivent dans la lignée des romans
picaresques : le personnage principal est le picaro et l’écuyer est le personnage central. On raconte
sur le même mode une série d’aventures mais, au lieu de mettre en avant l’héroïsme du héros, on
insiste sur le côté burlesque grâce au picaro. La Vie de Lazarillo de Tormes est un roman anonyme qui
lance le roman picaresque. C’est un antiroman mettant en scène un personnage bas dont on dénonce
la grandeur.
Paul Scarron est un poète et un dramaturge français. Entre 1651 et 1657, il écrit le Roman
comique. Ce dernier nous emmène dans le monde du théâtre en mettant en avant de grands
modèles : les amours contrariés et transportés non dans une Antiquité merveilleuse mais dans un
univers baroque… Le contraste fort va faire s’opposer d’une part l’amour parfait et idéal des deux
héros et d’autre part le monde d’illusion et du grotesque qu’est celui de la troupe de théâtre dont ils
font partie. Dans le Roman comique, un jeune homme et une jeune fille de bonne famille ne peuvent
se marier, ils vont donc tous les deux entrer au théâtre et connaître l'exil des comédiens et vont vivre
des aventures burlesques. Les comédiens sont les personnages faibles mais on a, dans le roman, des
personnages forts et héroïques.
La Folie du Sage de Tristan L’Hermite fait partie de ce courant burlesque à dimension tragique
de l’homme : l’homme est insaisissable à lui-même et aux autres. Le monde est vu comme un
théâtre, le haut/le bas, le drôle/le tragique agissent sans cesse. Tout est éphère et illusion fragile. Le
page disgracié sera un roman 'autobiographique'.
Grand voyageur, il aime découvrir des réalités différentes. Il est sceptique, il doute de tout ; il
est également libertin de mœurs et d'esprit. Il va écrire 4 grands recueils publiés vers 1649. Des
courants divers sont retrouvés sous sa plume. Certains relèvent de l’inspiration noble, extrêmement
élégante, où les thèmes de la vie et de la mort sont théâtralisés sur un ton noble : il s’oppose à la
dimension burlesque de la débauche. Il inaugura sa carrière poétique dans le sillage de Théophile de
Viau, prolongea la tradition littéraire de Rabelais et Marot, et fut l'initiateur d'un style qualifié de «
burlesque ». En 1619, il publia sa première œuvre, l'Ode à la solitude. Ses pièces les plus connues
parurent dans les œuvres. Certains poèmes sont inspirés des nombreux voyages qu'il entreprit très
jeune, telle la Rome ridicule (1643) : son souci était de séduire le public bourgeois et noble, tout en
conservant son originalité. Il aborda ainsi dans son œuvre, entièrement vouée à la poésie, souvent
gaie, des registres multiples : de l'épique (le Moïse sauvé, 1653) au comique, de l'héroïque au
satirique, et différent thème, poèmes amoureux, descriptions, louanges, avec une maîtrise
remarquable de la langue française dans toute sa variété. Reçu en 1634 à l'Académie française, il
travailla à la partie « comique » du dictionnaire. Au nom du plaisir et de la diversité, il refusa de se
plier aux règles et aux limites que fixait à la même époque Malherbe : il offrit une poésie libre,
sensuelle, imaginative. Après 1650, où le goût classique triompha, il tomba vite dans l'oubli, pour
n'être redécouvert qu'au siècle dernier.
Dans son œuvre, il inverse les dieux. Ainsi, Apollon avec ses idées nobles se trouve pourtant
au plus bas et il fait une ode à Bacchus, le dieu du vin, qui tire logiquement l'homme vers le bas : c’est
un contre-art poétique. Il utilise la même manière d'écrire, comme s'il faisait une ode à Apollon mais
il fait bien une ode au plaisir, au vin et non à Apollon.
Henri IV s’attache le plus grand poète français de l’époque : François de Malherbes (1556-1628).
C’est, selon Boileau, le « père du classicisme ». Malherbes fut le poète attitré d’Henri IV.
Une fois attaché profondément à la personne du roi, il va modifier profondément son œuvre avec
une classification profonde. Il va modifier le destin politique. Il connaît le moment (3e tiers du XVIe
siècle) où l’esthétique baroque émerge. Très longtemps, les œuvres qu’il a écrites de ces années sont
méprisées : « Les larmes du sieur Malherbes » (1575), « Les larmes de Saint Pierre » (1584). Il
commence très profondément à être un poète baroque, par ses deux chefs-d’œuvre. Mais son
esthétique dévie considérablement quand il se rapproche de la personne royale. Il se sent très proche
de Desportes mais il le déteste. De poète baroque qu’il est, il va finir comme un poète qui ne se
présente plus comme un poète inspiré mais comme d’un artisan de la langue qui écrit dans un
vocabulaire clair et raréfié. Le brillant doit l’emporter sur le fond. Il se présente comme quelqu’un
pouvant accéder à a perfection formelle. Il a un attachement pour la raison. Il prône le pouvoir de la
raison, qui est ordonnatrice. Ceci s’oppose au baroque et est caractéristique du classicisme. On a
l’exigence d’une poésie claire, rationnelle, ainsi qu’un rapport à la langue et le primat de la raison
(traits avant-coureurs du mouvement classique). Donc, il se rattache à la fin de sa vie au courant
classique. Pour servir la volonté royale, il change son style.
Alors que la Pléiade avait enrichi la langue, le vocabulaire sera de plus en plus pauvre. Remarquons
qu’on trouvera moins de 2000 mots pour l’œuvre de…
Malherbes devient le parangon du poète royal. A la mort d’Henri IV, il deviendra le poète de sa
veuve, la régente Marie de Médicis (sa seconde femme)
Bossuet (1627-1704) eut une influence décisive à partir de 1670 dans la gestion religieuse (politique)
de la France (rechristianisation des mœurs), et aussi parce qu’il prit en main le mécénat royal.
Le roi doit payer pour les œuvres religieuses et morales. Il y a toute une série de petits enfants en
pleine scolarité dans l’entourage royal. Bossuet va créer des ouvrages pour servir le mécénat, pour les
enfants royaux. Bossuet est lui-même précepteur. À l’intention de ses pupilles, il écrit un traité
d’histoire, Discours sur l’histoire universelle (pour des textes publiques), ainsi qu’un traité de
politique, Politique tirée des propres paroles de l’écriture sainte. Afin de rechristianiser la cour de
France, il va les éditer et tout le monde va copier la cour.
Jean de La Fontaine (1621 -1695) est le fils d’un conseiller du roi. Il est peut-être noble mais alors
d’une toute petite noblesse. Il va hériter de peu de moyens financiers. Il a donc besoin d’être
attaché à un protecteur ou à une protectrice. Il se dirige dans un premier temps vers la théologie et le
séminaire. Pour une raison inconnue, il va quitter la voie de la carrière religieuse. Il commence par
faire de petites traductions de qualité. Il entre en contact avec Nicolas Fouquet, l’un des plus grands
mécènes de son temps. En 1658, il offre à son protecteur un très beau manuscrit contenant son
poème « Adonis ». Il reçoit en échange une pension (et non une gratification). En effet, Fouquet
s’intéresse surtout à la qualité d’écriture. Quand Fouquet se retrouve en disgrâce (1661), La Fontaine
lui reste fidèle et écrit au roi pour soutenir son maître. À cause de cela, il devra
attendre 1684 pour entrer à l’Académie française (car le roi Louis XIV « oublie » de signer son
autorisation d’entrée). En 1665, il écrit ses Contes. Il a la réputation de poète libertin. Ses Contes sont
inspirés de Boccace et sont de type grivois. En 1668, il publie son premier recueil de Fables. Il veut
s’inscrire dans la politique de préceptorat (alors que ses Contes, eux, étaient destinés à un public
mondain et brillant). On y voit sa volonté didactique et moralisante. Il dédicace le recueil au
dauphin et aux enfants royaux.
On ne lit souvent que les Contes et les Fables mais il y a une autre moitié à son œuvre, avec du
théâtre, de l’opéra, du roman (Les Amours de Psyché et Cupidon), de la poésie de circonstance, … Si
on lit l’Art poétique de Boileau, on remarque que La Fontaine y est absent. Boileau lui reproche en
effet la négligence de sa langue et de son style, et il lui reproche également de s’illustrer dans des
genres mineurs (fable, conte), de faire plus que traduire les œuvres de l’Antiquité (il les modifie). La
Fontaine est donc en marge du mouvement classique soutenu par le pouvoir.
Donc, La Fontaine va affirmer sa personnalité par rapport à des modèles antiques. Plus il avance
dans son œuvre, plus il s’éloigne des modèles de Phèdre et Esope pour avoir une approche plus
ouverte. Néanmoins, c’est un auteur de plus en plus classique. Selon sa vision, la littérature doit
séduire, plaire, être légitimée par une dimension didactique et morale (instruire)
34. Molière
Dans la farce, on a un comique appuyé qui repose sur le comique de situation, sur le comique
verbal, sur le comique gestuel. On voit un attachement au vieux genre de la farce (cf. Farce de Maître
Pathelin). C’est un comique moins de texte que de théâtre, de situation. Les personnages sont
caricaturaux et manichéens. Molière parviendra comme ça à se fixer à Paris (même s’il avait déjà
essayé trois fois auparavant sans succès) car Monsieur (donc le duc d’Orléans, le frère du roi) vient le
voir jouer une pièce de Corneille. Cette représentation reçoit un accueil mitigé. En effet, sa manière
de présenter la pièce est différente de l’habitude : il utilise un jeu plus naturel. C’est une faute de
goût par rapport à la tragédie française. Mais, en même temps, il joue une petite farce de province
(Les précieuses ridicules, 1669), et c’est un succès ! Molière, va s’illustrer dans un credo bas (celui du
comique) qui n’est pas encore un credo pris à l’époque. Jamais il n’y renoncera : c’est le fond de
commerce de la troupe du Palais Royal. En 1671, il écrit Les Fourberies de Scapin. Il adore toujours la
farce (et le public aussi !).
Le domaine des comédies ballets utilise un comique très appuyé. Il mêle la comédie déclamée à des
divertissements dansés et chantés. Dès le milieu du siècle, Corneille avait imaginé des pièces avec
machineries. Molière va faire de même. Il écrit Les Fâcheux, pièce composée à la demande de
Fouquet. Les comédies ballets sont de petites pièces où le comique y est carnavalesque. En 1671, il
écrit Le bourgeois gentilhomme. En 1673, il écrit Le malade imaginaire. On est parfois proche des
comédies poétiques : La princesse d’Elide (1664), Les Amants Magnifiques (1670).
Molière veut plaire à Louis XIV par ses comédies ballets. Tous les décors du roi lui sont laissés : il
peut ainsi représenter les pièces ailleurs qu’à la cour. Il y a plus de comédies que de comédies ballets.
Mais on trouve les passages les plus grotesques, les plus farcesques dans la comédie ballet, avec un
ridicule appuyé.
Les comédies soutenues constituent une toute petite partie de son œuvre mais ce sont les plus
connues. Molière voulait plaire. Il ne voulait pas spécialement de grands spectacles (avec machinerie
et comédie). Mais il veut aussi la reconnaissance des autres écrivains, de ses pairs. Il va donc
appliquer les grandes règles dramaturgiques de la tragédie (établies par Corneille). Il écrit une
grande comédie en 5 actes et en alexandrins tous les 2 ans. Il écrit Tartuffe, Le Misanthrope, L’avare,
L’école des femmes. Il se plie aux règles du classicisme. On y trouve la bienséance, la vraisemblance,
un cadre bourgeois. Il emploie la mimésis et la catharsis : on se moque du bourgeois gentilhomme
mais vous, public, ne l’êtes-vous pas aussi, n’avez-vous pas les mêmes défauts ?
Il y a un seul lieu (le salon bourgeois) et l’unité de temps est respectée (on ne dépasse pas 24H). Il n’y
a qu’une seule intrigue. La pièce est en 5 actes et en alexandrin. Donc, la comédie emprunte
l’ensemble de ses critères à la tragédie. Ces comédies ont du succès auprès du public. On rejoue
quatre fois Le Misanthrope et Psyché est la pièce qui rapporte le plus. Avec ses grandes comédies
élevées, Molière obtient la reconnaissance de Boileau. Il atteint le niveau de Térence (de l’Antiquité).
Il écrit les plus belles pièces en français et obtient une reconnaissance littéraire très grande. C’est
l’auteur le plus joué (avant Shakespeare !). Molière veut plaire à tous les publics. Donc, en même
temps qu’il s’affirme dans une dimension classique, il écrit aussi dans une dimension baroque et
carnavalesque. Ainsi, il n’y a pas d’évolution, tous les registres se succèdent pour pouvoir attirer le
public. De même, il n’a pas de préférence pour un type de comédie ou un autre. Il espérait entrer à
l’Académie française, mais il n’y entrera pas car d’une part, la comédie est le genre le plus bas, et
d’autre part, il était aussi acteur (or, les acteurs ont une mauvaise image). Remarquons que Molière
sera d’ailleurs inhumé de nuit.
Il jouit d’un mécénat royal et appartient à la deuxième génération de mécénat classique. Jean Racine
est issu d’une famille bourgeoise honorable mais aux moyens financiers modestes. Il est confié aux
mains de sa grand-mère et de sa tante, étant enfant, qui appartiennent au jansénisme : il reçoit une
formation à Port Royal. Il eut pour maîtres Arnauld et Nicole et son professeur de grec est Hamon.
Cet apprentissage du grec est une singularité donc, Racine est capable de lire les modèles grecs dans
les textes originaux. Il fréquente La Fontaine et Mazarin, et fait une ode au roi : il veut obtenir une
gratification et vise donc des personnalités importantes du pouvoir. Malgré la relative médiocrité de
ses premiers poèmes, il attire quand même l’attention et est mis sur les listes de gratifications.
Orgueilleux, il estime qu’il n’est pas assez bien payé, que les sommes qui lui sont allouées sont
inférieures à son génie : il quitte sa charge de poète officiel pour aller vers le théâtre, qui offre un
succès plus rapide. C’est étrange car le théâtre est combattu assez violemment par les jansénistes de
Port-Royal, de plus, aller vers un genre moins relevé, c’est déchoir.
Molière lui donne sa chance dans sa troupe : Racine écrit pour lui La Thébaïde (1664) et
Alexandre le Grand (1665). Il obtient un succès relatif. La marquise Du Parc, comédienne de Molière,
devient sa maîtresse donc, il emporte la meilleure actrice de Molière dans la troupe rivale (la Troupe
de l’Hôtel de Bourgogne, qui s’occupe du domaine de la tragédie) : c’est le début d’une véritable
haine tenace entre les deux hommes. C’est pourtant cette troupe qui va faire sa gloire. La troupe de
l’Hôtel de Bourgogne crée Andromaque, Britannicus et Bérénice. Racine tente de concurrencer
Molière dans le genre comique en créant des comédies en cinq actes et en alexandrins mais n’y arrive
pas ; il choisit alors la tragédie classique et respecte toutes les règles : Phèdre, Iphigénie, Bajaret,
Mithridate, ... Racine l’emporte sur son autre grand rival : Corneille. Il a perdu contre Molière dans le
domaine de la comédie, mais il gagne contre Corneille dans celui de la tragédie : avec Bérénice
notamment, il est reconnu comme le plus grand auteur dramatique français de son temps.
Cependant, Molière et Corneille s’associent pour créer Psyché : c’est le plus grand succès auprès du
public, Psyché fait tomber Bérénice aux oubliettes. Après Phèdre, il change et va s’occuper de ce qu’il
voulait faire après avoir obtenu sa reconnaissance littéraire : il veut obtenir sa reconnaissance sociale.
Il abandonne le théâtre mais on est au moment d’un autre mécénat : celui de Bossuet et du Petit
Concile où la facette profane de l’Académie est remplacée par une facette religieuse. Racine se
rapproche du Petit Concile et sa reconnaissance est de plus en plus forte.
En 1672, il est élu à l’Académie française. Il est nommé historiographe et lecteur du roi, car il
passait pour l’homme de son temps qui lisait le mieux : c’est un poste intime qui lui confère de la
noblesse. Il obtient petit à petit toutes les reconnaissances sociales. En 1679, il est proche de Port
Royal puis il est accusé dans l’Affaire des Poisons, mais Louis XIV le supprimera de la liste. Cette
espèce de reconversion du poète se marque par des bréviaires (Hymnes du bréviaire) et quatre
cantiques spirituels (Cantiques). Il a changé au moment où la cour basculait, tous les signes extérieurs
sont rassemblés : c’est une stratégie personnelle. Il s’inscrit dans le sillage du Petit Concile et montre
plus de religiosité. Racine revient au théâtre à la demande de Madame de Maintenon pour le couvent
de Saint Cyr : Esther et Athalie. Remarquons qu’Athalie deviendra sa plus célèbre pièce à travers les
XVIIe et XVIIIe siècles ; elle sera détrônée par Phèdre quand Sarah Bernard la jouera. On trouve dans
ces pièces religieuses tous les principes de l’opéra : Athalie est une tragédie en cinq actes et en
alexandrins, mais chaque acte est coupé par des chœurs. Il y a un orchestre, de la musique (trait de
l’opéra français), les décors bougent, la figuration est importante, les lieux changent : c’est la tragédie
de référence pour l’évolution du XVIIIe siècle.
Très rapidement, Racine est reconnu comme le plus grand dramaturge de son temps : il
obtient toutes les reconnaissances et devient très riche. On peut donc, au XVIIe siècle, grâce à sa
plume, avoir toutes les reconnaissances sociales. La tragédie, telle qu’il la conçoit, s’éloigne de
Corneille. Avec Rodrigue (Le Cid), on avait un idéal à atteindre et un destin à assumer ; avec Phèdre
(Phèdre, tragédie lyrique), le personnage est déjà fracassé car il est frappé par son fatum dès le
début.
3. Questions à 2 points
3. La fine amor
La fine amor est l’image de pureté et d’amour purifié, le rapport amoureux unissant le poète à la
dame qu’il aime ayant longtemps été occulté. Une série de poètes use de cette théâtralisation du lien
entre le poète et la dame pour illustrer le rapport de vassalité.
Le rapport amoureux est presque stéréotypé : l’amant est pris de passion pour une dame
inaccessible. Soit la dame est l’épouse du suzerain du poète ou d’un personnage socialement
supérieur ou elle-même est d’un rang supérieur, soit la dame est loin. Cette thématique a glissé vers
la thématique religieuse : la Vierge-Marie remplace la dame. On passe d’une tradition profane de
l’amour à une application religieuse.
Dans la fine amor, l’amour n’est pas désincarné. Il n’y a pas de désir caché : on trouve de fortes
connotations sexuelles. Cependant, la tension ne réside pas dans l’accomplissement de cet amour
mais dans l’inspiration du poète. Le poète ne demande en effet que deux choses à sa dame :
· Le guerredon, c’est-à-dire la récompense et reconnaissance. Par exemple, la
récompense physique que Guenièvre donne à Lancelot est une nuit d’amour.
· La merci, c’est-à-dire la pitié de la dame pour l’homme qui l’aime en vain. Il s’agit
donc d’une récompense spirituelle.
Thèmes annexes :
Les Lauzangier ou les jaloux s’opposent à l’amour du troubadour. Par exemple, on peut citer ceux qui
sont autour de Tristan et Iseult.
La reverdie est la manière d’incarner le sentiment, venant de l’intérieur du poète qui l’attire vers la
dame. C’est l’image du printemps : une force monte en lui comme la sève remontent dans les arbres ;
c’est donc la force de l’amour qui lui donne véritablement la vie.
Toutes les œuvres font référence, dans la réflexion sur l’amour au XII ème siècle et au XIIIème siècle, à la
fine amor.
4. Tristan et Iseut
Dans Tristan et Iseut, la matière de Bretagne est présente (avec la magie, l’épisode du morolt…).
Toutefois, ce n’est plus la figure du roi Arthur qui est représentée mais celle du roi Marc. Le roi Marc
est indirectement lié au roi Arthur. Il y a juste un lien par la demeure de Tintagel où il arrive parfois à
Arthur de séjourner.
5. Hélinand de Froidmont
- Originaire d’une riche famille bourgeoise flamande, s’était fait moine dans un monastère à
Froidmont.
Les vers de la mort
- Plus ancien exemple de poésie non chantée (1194-97)
- Fixe un modèle du thème de la mort, sous trois approches différentes :
La célébration de la toute-puissance de la mort : il la célèbre et s’adresse à elle directement.
Le thème du contemptus mundi : c’est une manière morale et didactique de s’adresser à
chaque être humain les uns après les autres pour dire que la mort les frappera tous.
La dimension satyrique de l’orgueil humain face à la mort : il souligne le ridicule des
hommes.
- La mort est une étape transitoire de la vie, et il la montre notamment à travers la danse macabré.
- Versification typique qu'on appellera strophe d'Hélinand.
Douze vers d'octosyllabes qui roulent sur deux rimes.
Structure difficile mais équilibrée (césure au centre, parallélisme et symétrie).
- Genre du memento mori : « souviens-toi que tu es mortel ». Il le rappelle à son lecteur. Il utilise le
« je » pour livrer un message didactique général.
8. La « somme » au Moyen-Âge
Un des traits caractéristiques de l’enseignement est l’utilisation de la concordance et de la typologie.
En effet, on observe une volonté de somme, de rassembler tous les savoirs (tendance au miroir). Le
didactisme, la volonté de totaliser tous les savoirs acquis sous la forme d’une somme est
caractéristique du Moyen-Âge. On peut dire qu’elle atteint un sommet au XIII e siècle (Jacques Le Goff
parle du XIIIe siècle comme du siècle encyclopédique). Cela se fait selon l’esprit du temps : on veut
une vision générale du monde, tournée vers la présence de Dieu. L’univers que Dieu organise est
cohérent : la place de l’homme est fondée et stable. On trouve ici l’idée fondamentale du
microcosme humain inscrit dans le macrocosme de l’univers.
Le Jeu de la Feuillée (ou Jeu d’Adam) est le plus ancien texte écrit entièrement en français (en
picard). Premier texte profane qui nous soit connu. Il compte 1098 vers, avec une alternance de
rimes féminines et masculines (octosyllabes à rimes plates).
C’est une œuvre brève mais extrêmement complexe tant dans son fonctionnement dramaturgique
que dans ses allusions au cadre arrageois. C’est donc une œuvre complexe qui s’inscrit de façon très
réaliste dans le cadre bourgeois.
Le Jeu de la Feuillée est déjà, par son titre, un jeu de mots : la feuillée fait allusion d’une part à la
loge en branchage et feuillage (qui se trouvait au centre de la scène), et d’autre part au thème de la
folie (élément central de la pièce). Le théâtre est un monde de retournement : la folie est seule à
dire le vrai.
En 1276, au moment où il vient d’avoir un échec amoureux (dans un univers très parodique de
Chrétien de Troyes), Adam, bourgeois, décide de poursuivre ses études à Paris.
L’auteur se met en scène lui-même. Il discute avec des personnages bien reconnaissables (amis,
père,) qui tenaient leur propre rôle.
Adam semble avoir été dégoûté par sa jeune épouse. Il s’agit d’un passage admirable, très long, où il
se justifie auprès de ses amis. En effet, ces derniers louent sa beauté et se demandent pourquoi il
s’éloigne d’elle.
On trouve dans une taverne et tous s’endorment. On bascule alors dans un univers onirique. Les fées
(Morgue,) entrent en scène et font venir l’allégorie de la fortune.
Ont oublié d’inviter la fée Maglore : mauvais vœu Adam va oublier son don (aptitude à écrire)
dans les bras de son épouse parodie du recréant qui ne se consacre pas au don particulier pour
lequel Dieu l’a créé. Les fées font alors entrer une figure allégorique (le XIVe siècle aime beaucoup les
allégories) : celle de la Fortune. Les trois fées quittent la scène pour se rendre là où les vieilles dames
d’Arras avaient coutume d’offrir un repas aux fées. Après les dons (comme dans la Belle au Bois
Dormant…), dans de vieux prés (coutumes locales), elles sortent en chantant. Leurs chants réveillent
les Arrageois. Les bourgeois se réveillent et décident d’aller porter un cierge à la Madone de la
Confrérie : on a donc un retour à la réalité. Le public est mêlé à la pièce. On imagine les acteurs qui
se dirigent réellement vers la chapelle.
La pièce est complexe, à cheval entre réalité et rêve, entre le sens premier et le sens second, et fait
allusion à un univers englobant. C’est un théâtre collectif d’un groupe social (la bourgeoisie) se
mettant en scène pour lui-même. L’espace se confond à l’espace réel avec des éléments de décors.
L’univers allégorique est central. La langue est très vive, très colorée car on a un regard très réaliste
qui porte sur le sexe et l’argent : l’homme est épinglé dans ses désirs.
Le théâtre apparaît comme le lieu de toutes les illusions. La femme est belle ou laide selon l’image
que l’on porte sur elle, d’après la métaphore de la fortune qui abaisse et relève. On retrouve donc
l’image de la roue de la Fortune qui fait tomber les plus grands. Pour citer un autre exemple : un
moine possède une relique permettant de guérir le fou. À la fin, tout le monde devient fou. Le seul à
dire le vrai devient le fou. On est ainsi dans un monde où tous sont fous et où seul le fou dit le vrai.
C’est un jeu sur la vérité et l’illusion. Remarquons que cette première pièce profane livre beaucoup
d’aspect du théâtre tel qu’on le retrouvera plus tard. Le théâtre est un monde d'illusions : il semble
peindre le réel, mais il interroge sur le réel.
On trouve la forme dramatique du genre du congé : le personnage est amené à quitter la ville et à
dire au revoir à ses amis pour des raisons diverses (cf. Jean Bodel qui part dans une léproserie, et
Villon qui fait son Testament). Adam de la Halle, lui, part à Paris. Le théâtre au Moyen Age repose sur
la faculté d’appropriation des divers genres existants pour leur donner une forme dramatique. Par
exemple, le Jeu de Saint Nicolas était la mise en scène de la chanson de geste, la Farce de Maître
Patelin est la dramatisation des fabliaux, et le Miracle de Théophile est la dramatisation de la vie de
saint. Ici, le Jeu de la Feuillée est la dramatisation du genre du congé. = personnage qui doit quitter la
ville et les siens et qui leur fait ses adieux.
La scène s'achève sur une scène de taverne, qui devait sans doute être suivie par les libations du
public (suite normale du spectacle, cf. idem chez Molière).
Rutebeuf (Poèmes de l'infortune) ou François Villon (Le Testament) donneront au genre ses lettres
de noblesse.
Le Jeu de la Feuillée :
[Voir question sur les jeux d’Adam]
Le Jeu de Robin et Marion est la dramatisation du genre de la pastorale. La pastourelle est peu
présente dans la lyrique d’oc mais abondamment représentée en langue d’oïl, surtout au XIIIème
siècle. Le schéma est celui-ci : un chevalier tente de séduire une jolie bergère mais il échoue. Alors,
soit il se contente d’assister au jeu rustique des bergers et des bergères, soit il fait acte de violence ;
ensuite des bergers arrivent et le mettent en déroute.
Dans le Jeu de Robin et Marion, le chevalier Aubert veut Marion. Mais elle est amoureuse d’un autre
chevalier, Robin : la première partie de la pièce montre ainsi Marion confrontée à Aubert tandis que
la seconde partie montre les divertissements de Marion et Robin. C’est une pastorale par
personnage. Elle compte 777 vers avec des dialogues en octosyllabes à rimes plates. On trouve aussi
des vers ayant d’autres mètres car des pièces chantées sont introduites dans les dialogues. La pièce
débute par une chanson de Marion disant tout son amour pour Robin. Le chevalier Aubert, revenu
victorieux d’un combat, arrive et trouve Marion jolie, mais elle, très piquante, se moque de lui. Il est
vexé. Robin arrive et dit que, s’il avait été là, il aurait frappé Aubert ; il chante et danse pour Marion.
Il part ensuite chercher ses cousins et Aubert en profite pour enlever Marion mais elle est tellement
énervante qu’il la ramène à Robin. La pièce se termine par des chansons.
Remarquons que le bonheur de ces bergers est irréel mais fragile. L’œuvre fixe le modèle de la
pastorale dramatique où on voit des bergers qui vivent dans une sorte de paradis terrestre avec
possibilité de bonheur sur terre mais où l’arrivée du chevalier va tout menacer. Il y a une sorte de
memento mori rappelant combien le bonheur humain est fragile.
Cette pastorale a été créée à la Cour de Naples : c’est donc un spectacle de Cour. Le rapport au
spectacle et au public est différent : ce n’est plus la communauté arrageoise qui se met en scène
mais des acteurs professionnels face à un public de noble. C’est un théâtre frontal qui se met en
place : il y a un côté public et un côté avec les acteurs. Remarquons qu’auparavant, c’est-à-dire
durant l’Antiquité, il s’agissait de théâtres circulaires.
21. Le sonnet
Le sonnet est une forme poétique comportant 14 vers (2 quatrains et 2 tercets). Le schéma des rimes
peut varier (il y a par exemple le sonnet marotique, utilisé par Clément Marot, ABBA ABBA CCD EED).
Pétrarque avant lui fit des sonnets en ABBA ABBA CDE CDE, CDC DCD ou CDE DCE. La longueur des
rimes n’est pas fixe (ce peut être un octosyllabe, décasyllabe, alexandrin…). Ronsard adoptera de
l'alexandrin, qui deviendra la métrique du vers la plus fréquente dans le sonnet classique.
Le sonnet, grâce à Pétrarque, fut l’un des modèles littéraires loués par Joaquim du Bellay dans sa
Défense et Illustration de la langue française.
Le sonnet est avant tout une pièce musicale. La pièce doit sonner. Le sonnet est avant tout d’origine
lyrique. Les sonnets de Pétrarque inspireront un grand nombre de poètes.
Chez Pétrarque, la liberté formelle des tercets était totale, mais il interdisait une chose : la présence
de distique.
La poésie française, elle, distingue souvent un, voire deux distiques. Ceci aboutira à la structure
classique de Ronsard.
Affranchissement du modèle de Pétrarque.
Louise Labé se servira principalement du sonnet dans son œuvre (3 élégies pour 23 sonnets).
Souvent, on a réduit la conception de Boileau (Art poétique, 1674) à ces dimensions de mimésis et
de catharsis. Cependant, dans ces mêmes années, il va aller dans une dimension du sublime en
traduisant le Traité du sublime de Longin. C’est une conception différente de l’art et de son
fonctionnement.
Lorsque Boileau publie en 1674 dans un recueil (Les œuvres mêlées) pour la première fois l’Art
Poétique, qui fixe le modèle classique français – Molière est mort depuis un an.
Ouvrage qui tire les leçons du passé (cf. Aristote qui s’inspire d’Homère et Euripide ; Boileau peut se
fonder sur l’œuvre de Molière (terminée), de Corneille (qui s’est retiré), etc.). Œuvre rétrospective :
pourquoi ces œuvres ont bien réussi ? En fixe les modèles.
Dans le même ouvrage, traduction du Traité du Sublime, et sa question est de répondre à l’endroit
où la théorie de la mimésis ne fonctionne pas.
Il théorisera l’esthétique du sublime : faire du beau avec du lait.
Si on lit l’Art poétique de Boileau, on remarque que La Fontaine y est absente. Boileau lui reproche
en effet la négligence de sa langue (attitude trop aristocratique) et de son style, et il lui reproche
également de s’illustrer dans des genres mineurs (fable, conte), de faire plus que traduire les œuvres
de l’Antiquité (il les modifie).
Dans l’Art Poétique, Boileau cite bien Molière, mais uniquement des pièces choisies. Pour Boileau,
Molière n’aurait dû faire que des comédies en cinq actes et en vers, mais le problème est que le
public n’aimait pas cela. Molière travaille le genre comique de manière extrêmement diversifiée car il
a cent personnes à faire vivre, et il doit donc créer ce qui lui rapportera des fonds.