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Module : Histoire de la littérature S2 (G1) -Suite

du cours

I- Le XVIIe siècle: l’Ancien régime

- Le XVIIe siècle c’est le temps où l’État va s’affirmer comme détenant tous les
pouvoirs en la personne du roi

* Richelieu, Mazarin et Colbert sont cependant de simples exécutants de la


volonté royale afin de créer l’idéal de la monarchie absolue qui veut que le roi
seul gouverne, demandant conseil mais ne partageant pas le pouvoir.

* C’est aussi un siècle de guerre puisque la société reste largement dominée par
la noblesse pour laquelle la raison d’être est le métier des armes. La France
connut 54 années de guerre où la paix fut absente du royaume; les conflits se
déroulaient sur le sol français, à la périphérie du pays et le recrutement des
hommes touchait toutes les provinces.

* Un long débat religieux commence au début du XVIIe siècle et ne sera pas


clos à la mort de Louis XIV dont la volonté était d’uniformiser la pensée
religieuse dans son royaume: il s’agit de la question janséniste.

* Par ailleurs le contrôle de l’église sur la vie sociale est renforcé, puisque tous
les rois de France étaient catholiques. La théologie est désormais à la mode dans
les salons littéraires de la noblesse et de la bourgeoisie.
- Les jansénistes :

* Ils sont les adeptes de Otto Jansen 1585- 1638, un théologien néerlandais
(considéré par l’église comme hérétique) ; la doctrine religieuse de Jansen
affirmait que l’homme, dégradé par le péché originel ne pouvait se racheter
et obtenir son salut que si Dieu lui donne la grâ ce.

* Jansen rappelle les idées forces de l’œuvre de Saint-Augustin. Ses disciples


comme Saint-Cyran ou la famille Arnaud contribuèrent à répandre cette
doctrine parmi la noblesse de robe parisienne, soutenue par de grands
évêques et théologiens.

* Devenu en 1664 la cible de persécution, les jansénistes seront condamnés


officiellement par le pape. L’Abbaye de Port-Royal sera finalement rasée et
l’ordre janséniste dissout.

* Les défenseurs du jansénisme sont entre autres Blaise Pascal, Racine.

- les jésuites :

* C’est la Compagnie de Jésus, ordre religieux catholique fondé par Saint


Ignace de Loyola en 1534 et approuvé par le pape Paul III en 1540

* « Pour la plus grande gloire de Dieu est la devise de cette Compagnie dont
la finalité principale est l’apostolat.

* Elle se développe partout : construction d’écoles et de collèges dans toute


l’Europe. Pendant cent cinquante ans, ils vont dominer l’enseignement
européen et leur objet est de renforcer le catholicisme menacé par
l’expansion protestante.

* Les jésuites s’installent partout dans les villes auprès des princes et du roi.
Ils se mêlent à la vie mondaine et scientifique et participent aussi aux
académies et au débat de philosophie.
- Les libertins :

* Courant de pensée né en France au XVIIe siècle et qui s’épanouit durant


tout le XVIIIe siècle. Il se manifeste dans les mœurs et dans la pensée par la
revendication d’une grande liberté.

* Les plus importants de ces penseurs sont Gassendi, Gabriel Node, La Mothe
Le Vayer et plus tard Cyrano de Bergerac.

* Épicuriens, rationalistes, hostiles au pape ou athées, ces libertins n’exposeront


pas directement le fond de leur pensée pour échapper à la censure et à la
répression.

* Exemple de Théophile de Viau (1590-1626) dont l’œuvre est caractérisée par


des poèmes qui évoquent le charme de la nature et du bien-être qu’elle procure.

- Classicisme :
Terme apparu au XIXe siècle en opposition :
* En 1825: au romantisme qui rejette les canons esthétiques du classicisme et les
préceptes rationalistes du siècle des lumières.
* En 1875: Au baroque qui se caractérise par : - le dynamisme des formes, la
recherche d’effets spectaculaires , la sculpture ornementale, la force
d’expression, le caractère dramatique des statues , des compositions imprégnées
de théâtralité dans laquelle chaque détail s’impose avec emphase.

On divise le classicisme français en deux époques :

* De la fin du/XVI siècle à la mort de Louis XIII en 1643, époque marquée par
une forte influence italienne.
* Le classicisme Ludovicien correspondant au règne de Louis XIV (1661–1715)
est associé à la monarchie absolue.

* Paul Henri Rojat estime que l’évolution de la littérature ne peut être séparée de
la question de la langue. Selon l’expression de marque de Marc Fumaroli, La
France de la fin du XVIe siècle vit sous un « régime de diglossie ». Le latin y est
encore la langue des hommes d’église, des savants et des philosophes.
* Des écrivains tels La Fontaine, Molière, Racine, sont prêts à célébrer la
grandeur du roi et cultiver les valeurs de bon goût.

* L’arc classique vise à l’intemporel–il aspire à un idéal de beauté–l’idéal de


l’honnête homme–le triomphe de la raison sur le désordre des passions.
* Dans son œuvre « l’Art poétique », le législateur littéraire Boileau va énoncer
les règles de la dramaturgie.
* Il se montre normatif et fort exigeant. C’est ainsi qu’il définira les différents
genres et énoncera leurs règles : notamment dans l’épopée, la tragédie et la
comédie.
* Il fera de l’ordre, la mesure, la clarté, l’élégance et l’harmonie, les maîtres
mots du classicisme.

-La préciosité :

* Elle se développe dans la première moitié du XVIIe siècle, dans les salons
mondains: ceux de la Marquise de Rambouillet, Madame de sablé au Mlle de
Scudery avec son roman galant « Clélie ».
* Ces précieuses veulent imposer le respect de la femme; Elles se livrent à des
débats critiques passionnés autour de poètes, grammairiens et philosophes.
Molière tournera en ridicule ces précieuses.
* En publiant ses « Remarques sur la langue française », en 1647, Vaugelas fixe
le bon usage de son temps, en inspirant à ses contemporains un souci de la
pureté de la langue qui n existait pas au XVIe siècle.

-L’Académie Française :

* Fondée par Richelieu en 1635 est autonome à l’égard de l’université et des


mécènes.
* Ses membres travaillent à la conservation de la langue et à l’établissement des
dictionnaires. On retiendra certains membres : Julien Green, Léopole Sédar
Senghor et Marguerite Yourcenar.

II- Les Sources d’inspiration :

La Bible et la culture de l’Antiquité grecque et romaine (mythologie, histoire,


philosophie, poésie) sont les principales sources d’inspiration des écrivains et
essayistes.
- Trois attitudes face aux mythes bibliques :

1- La fascination pour le « fameux mystère chrétien »

Au XVIe siècle l’inspiration biblique se manifeste surtout dans l’épopée ou la


tragédie.
* Exemple, Racine en bon janséniste se nourrit de l’écriture sainte dans ses
œuvres notamment dans « Athalie. »
* L’œuvre de Victor Hugo a également une résonance chrétienne : « Notre-
Dame de Paris »-« Première rencontre du Christ avec le tombeau »–« La fin de
Satan »–« Dieu ».
* Pascal affirmera avec force dans ses « Pensées »la misère de l’homme sans
Dieu. Il dira : «Connaissez donc, superbe, quel paradoxe vous êtes à vous-
même. Humiliez-vous, raison impuissante. Taisez-vous nature imbécile :
apprenez que l’homme passe infiniment l’homme, et entendez de votre maître,
vous verrez votre condition véritable que vous ignorez. Écoutez Dieu. »
* Arthur Rimbaud écrit: « Une saison en enfer » où il semble se repentir de sa
vie scandaleuse ; mais c’est un être fatigué, blessé souffrant. Il écrira aussi «
Illuminations ».
* On voit donc que la Bible est pourvoyeuse de personnages : La vierge Marie
n’a pas manqué également d’inspirer les poètes notamment dans « la tapisserie
de Notre-Dame » où Péguy Invoque la vierge Marie « étoiles de la mère » :
« Reine qui vous levez sur tous les océans, vous pensez à nous quand nous
serons au large »
* Verlaine, qui au cœur de la tempête, implore à maintes reprises la Vierge
Marie et se compare à ce « pauvre navire qui cours démâté ».

2- Une attitude critique face à ses mythes :

* Exemple de Voltaire dans « Candide » ou « Œdipe »: l’histoire d’Adam et


d’Eve relève plutôt du merveilleux des mythologies païennes qu’autre chose.
* Exemple de Jean-Paul Sartre, qui en parfait existentialiste, affirme dans ses
mélodrames anti religieux -« Le diable et le bon Dieu », « huis clos », « la
nausée », « les mains sales »- qu’il appartient à l’individu de définir lui-même
par ses actes ce qu’il entend être. Dans sa pièce « Huis- clos », Sartre dira «
l’enfer c’est les autres ».

3- Soit ces mythes bibliques vont déclencher dans les années 50 une
véritable dérision: D’Alain Robbe-Grillet à Beckett.

En effet, au lendemain de la seconde guerre mondiale, de nouveaux thèmes vont


surgir : l’absurdité de la condition humaine–le néant -le non-sens-le dialogue de
sourds- la déperdition, la déréliction etc.

- Entre « Sagesse » et « scandale », voici les principaux thèmes bibliques les


plus utilisés par les écrivains essayistes ou artistes de tous bords.

* La genèse : nom du premier livre de l’ancien testament ou Moïse raconte


l’histoire de la création du monde.
* Adam et Eve : les origines de l’homme et sa chute.
* L’arbre de la connaissance, le fruit défendu et le péché originel.
* Le paradis, Satan, l’enfer.
* Le déluge : l’arche de Noé symbole du nouvel ordre du monde.
* La nativité, la résurrection et la crucifixion.
* L’apocalypse, le Saint Graal, l’antéchrist
* Anges et démons
- Un peu plus tard, au XIXe siècle, Renan sera pour les croyants, « celui par qui
le scandale arrive », à cause de son ouvrage « La vie de Jésus » paru en 1863.
Cette historien rationaliste part du principe que « tout dans l’histoire a son
explication humaine ».Renan Vanier rejette le surnaturel dans la Bible.

-L’Inquisition (tribunal que L’église catholique créa au XIIIe siècle pour


combattre l’hérésie ») aura un fort impact sur l’évolution de la pensée et des
sciences. Elle participera à parfaire l’absolutisme de la monarchie sous Louis
XIV.
À travers toute la littérature française, du Moyen Âge à nos jours, l’héritage
chrétien ne cesse de nourrir la foi où l’imagination des écrivains; elle a donné
lieu à des commentaires respectueux ou à des déformations impies. Elle a
suscité la prière ou le blasphème, l’adhésion ou l’ironie.
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