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[Présentation générale] Alcools est un recueil fortement marqué par la vie personnelle
de son auteur. Plusieurs titres font explicitement ou implicitement référence à Apollinaire,
comme c’est le cas de « Marie » ou encore « Annie » qui renvoient à deux femmes que le
poète a aimées. Dans « Le pont Mirabeau », la vie du poète est doublement présente :
référence à la ville de Paris, mais aussi à Marie Laurencin qu’Apollinaire avant l’habitude
de rejoindre en traversant la Seine en passant sur le pont Mirabeau.
[Lecture expressive] Lecture par Apollinaire (lien)
[Présentation de l’extrait] Deuxième poème du recueil, « Le Pont Mirabeau » date de
1912, époque de rupture avec Marie Laurencin. Poème qui a pour cadre la ville de Paris
comme « Zone » qui le précède et qui aborde le thème de la rupture amoureuse comme
« La Chanson du Mal-Aimé », poème qui suit. Ce poème aborde surtout la fin d’un amour.
Il se présente sous la forme d’une chanson triste, alternant quatrains et distiques, dans
laquelle le poète reprend des thèmes poétiques traditionnels qu’il exprime à sa maniière
[Problématique]
[Mouvements du passage] (un pour chaque quatrain)
Premier mouvement : Une mélancolie dominante mais une nuance d’espoir existe.
la joie remplace la peine.
Deuxième mouvement : La tristesse persiste, le ton devient un peu plus monotone
(métaphore des amants et du pont)
Troisième mouvement : Le ton devient un peu plus triste car l’amour a disparu mais
un espoir reste possible.
Quatrième mouvement : Effet de circularité comme si le poète était prisonnier de sa
mélancolie.
Premier mouvement : Une mélancolie dominante mais une nuance d’espoir existe. la joie
remplace la peine.
- Nous pouvons observer dès le premier vers une antithèse entre la fixité du
pont et le mouvement de la Seine. Cette opposition est présente tout au long
du poème. Ce premier quatrain contient les thèmes principaux du poème. Il
s’agit du lyrisme qui renvoie à la tradition poétique. En effet les vers 1 et 4
sont des décasyllabes qui sont traditionnelles, ainsi que le thème du temps
qui passe au vers 3 et 4 mais cette tradition se trouve renouvelée aux vers 2
et 3 avec un décasyllabe brisé (4 syllabes, un tétrasyllabe / 6 syllabes, un
hexasyllabe). La tonalité est élégiaque notamment dans le vers 3 qui
exprime un sentiment de regret, de déception : « faut-il qu’il m’en
souvienne ». Ce vers pourrait être une exclamation.
- Par ailleurs, la souffrance et la douleur sont aussi suggérés par la présence
d’une seule rime masculine dans chaque quatrain comme si le poète était
resté seul. La nostalgie est ainsi soulignée.
- Cependant, le tableau n’est pas complètement sombre. La présence de la
joie au vers 4 témoigne de la volonté de surprendre. La joie remplace la
peine comme si l’espoir était possible, et la présence de l’espoir est la
preuve que le poète cherche à surprendre le lecteur. Il veut donc renouveler
la tradition lyrique comme le montre l’absence de ponctuation qui
accompagne le thème de la fuite du temps avec l’eau qui coule. Rien ne
vient interrompre la lecture.
- Dans le refrain, le poète « joue » avec l’opposition mouvement et fixité.
« vienne », « s’en vont » et « je demeure ». Le poète semble souffrir de la
fuite du temps qu’il oppose à sa propre fixité. L’amour n’est pas éternelle ce
que regrette le poète.. L’élégie de ce refrain se met en place à travers la
pression de la musicalité qui l’apparente à une chanson. Derrière ce refrain,
nous retrouvons l’idée de tradition poétique. De plus, l’emploi du subjonctif
qui a une valeur de souhait « vienne …. sonne heure » souligne la
mélancolie du poète.
Troisième mouvement : Le ton devient un peu plus triste car l’amour a disparu mais un
espoir reste possible.
- Ce troisième mouvement commence par l’anaphore de la proposition :
« l’amour s’en va » qui renvoie à la monotonie déjà présente. La déception
amoureuse est explicitement comparée à l’eau qui coule et l’impression de
monotonie renforcée par les sonorités. En effet, nous trouvons les assonances
« en » et « a ». L’assonance /en/ transmet une certaine lenteur.
- Derrière cette mélancolie se trouve une note d’espoir. Nous trouvons ainsi
l’espérance qui est mise en valeur par la majuscule et un jeu de sonorité qui
encadre le mot espérance : « la vie est lente » « Et comme l’espérance est
violente ». Cette écholalie (jeu de mots fondé sur les sonorités ») crée un effet de
surprise, preuve qu’Apollinaire renouvelle la tradition poétique.
Conclusion
- Pour conclure, la fuite du temps, le tempus fugit, est un topos que l’on retrouve
dans ce poème. L’image du pont symbolise une modernité montrant à la fois par
cette image l’ancien et le nouveau tout comme la tonalité élégiaque marque la
lamentation de l’union perdue.
- Élargissement possible avec « Zone » qui évoque la création et innovation poétique
à partir de l’ancien et du traditionnel.