Vous êtes sur la page 1sur 4

4éme Le Lac de Lamartine Strophe 

 
Au début du 19éme s, se développe en France le romantisme. Ce mouvement artistisque s'oppose à
l'esthétique classique, il accorde une place privilégiéee à l'expression des sentiments personnels.
Homme politique, poète et dramaturge, Alphonse de Lamartine est l'une des figures emblématiques
de ce courant. Il publie, en 1820 un recueil de 24 poème intitulé les méditations poétiques, dans
lequel il transmet et ses états d'âme. « Le Lac » est 10 éme poème de cette œuvre. Il a été inspiré par
la liaison de Lamartine avec Julie Charle, femme mariée, emportée par la tuberculose en décembre
1817. En effet, c'est au bord du lac du Bourget en Savoie, en octobre 1816, que le poète a sauvé de
la noyade cette femme dont il tombé éperdument amoureux. De retour seul auprès du lac en 1817, il
compose ses méditations pour essayer de faire revivre des souvenir heureux. Ainsi cette élégie,
composée de 14 quatrains formés chacun de 3 alexandrinns et d'une hexasyllabe aborde une
thématique fréquente dans la poésie lyrique : l'inexorable fuite du temps. Pour étudier les 6
premières strophes de ce poème, nous allons nous demander comment Lamartine, à travers son
expérience personnelle, propose une méditation philosophique. Nous proposeront une analyse
linéaire en 3 temps : dans le 1er quatrain, le poète développe une réflexion sur la destinée humaine
dans les 4 quatrains suivants, Lamartune s'adresse au lac pour évoquer des souvenirs heureux ;
enfin, il donne la parole à l'être aimé pour supplier le Temps. 
 
Strophe 1- Le poète rappelle que la condition humaine est tragique. 
 
Il déplore la fuite du temps, sur lequel l’Homme n’a aucune emprise. 
Citations : -Adverbe « ainsi » en début de vers + enjambement du vers 2 au vers 3 plongent le
lecteur dans le poème et l’emportent au même rythme effréné que le poète. 
-La forme passive des participes passés « poussés » et « emportés » montre que les êtres humains
sont impuissants face à leur destin. -Au vers 1 commence la métaphore filée de la vie, assimilée à
un cours d’eau qui s’écoule très vite (« rivages » rime avec « l’océan des âges ») + -allitération en L
pour souligner la rapidité. 
-métaphore filée du navigateur qui ne maîtrise pas les flots pour désigner l’Homme 
Il rappelle que tout être humain est mortel (il reprend les thématiques du « tempus fugit » et du «
memento mori »). 
Citations : -métaphore de la « nuit éternelle » pour évoquer la mort 
-champ lexical de l’éternité (« éternel », « toujours », « des âges », « jamais ») opposé à « un seul
jour » : le temps est infini alors que l’existence humaine est éphémère. 
 
Le poète éprouve une angoisse obsessionnelle face au temps qui passe. 
Citations : -Souffrance et désespoir du poète sont renforcés par la négation « ne…jamais » et la
forme interrogative (la question rhétorique interpelle les lecteurs, leur fait prendre conscience de
leur fragilité). 
- poète inclut dans ses vers ses lecteurs et tous les Hommes par l’utilisation de la 1ère personne du
pluriel. Rapidité et caprices du temps sont traduits par des changements de rythme (alternance
d’alexandrins et d’hexasyllabes), des enjambements et des couples variables (vers 1/ vers 2). 
 
Strophe 2. 
 
Le poète s’adresse ici au lac, au lac du Bourget, au bord duquel il est venu se promener avec sa
bien-aimée Julie Charles. 
Citations : - personnification du Lac, qui devient un confident pour le poète (emploi de l’apostrophe
« ô lac », de l’impératif « regarde ») 
-Le tutoiement et le participe « chéris » souligne les liens très étroits du poète avec le Lac, son
attachement au Lac. 
 
Lamartine évoque ses souvenirs personnels. Il mentionne des moments heureux avec Elvire, sa
bien-aimée et ses vers sont empreints de nostalgie. 
Citations : - l’emploi du pronom personnel « je » rappelle la dimension autobiographique du poème 
- cadre spatio-temporel beaucoup plus précis que dans la première strophe (lac, fin de l’année). 
 
Le poète souligne sa solitude présente car ses projets ont été contrariés par la maladie d’Elvire. 
Citations : -modalisateur « devait » à l’imparfait pour montrer que les projets de retrouvailles ont
été contrariés 
-mise en relief de l’adjectif « seul » placé à la césure 
-interjection « ô » + phrase exclamative 
 
Deux temporalités coexistent : passé révolu associé au bonheur et présent associé à la tristesse. 
Citations : -opposition entre le passé simple (« tu la vis ») et le présent (« je viens ») 
 - les vers évoquant sa bien-aimée sont séparés du vers où le poète apparaît ; les pronoms « je » et «
elle » n’apparaissent pas dans le même vers. Strophe 
 
 3……………………………………………………………………………………………………..
Cette strophe rappelle, elle aussi, le passé du poète en décrivant le lac du Bourget, sur le bord
duquel les deux amants se sont rencontrés. 
Citations : -imparfait de description (« mugissais », « brisais », jetait ») 
 
Les lecteurs ont l’impression d’assister à une scène de combat, car tous les éléments se sont
déchaînés autour du lac. Lamartine évoque une tempête sur le Lac du Bourget, tempête qui a failli
emporter Julie Charles. 
Citations : -personnification du Lac, qui gronde (allitération en S pour imiter le mugissement) -
allitération en R (« roches », « profondes », « brisais », « déchirés »), verbes (« tu mugissais », « tu
te brisais », « jetais ») et adjectifs (« déchirés », « profondes ») traduisent une forme de violence 
 
Le dernier vers rompt ce cycle en mentionnant l’être aimé. Citations : - rime intérieure douce (« ses
pieds adorés ») 
 
Strophe 4.
…………………………………………………………………………………………………. Cette
strophe contraste avec le précédent quatrain. Lamartine immortalise ici un moment de grâce, dont le
lac semble être le garant. 
Citations : -le poète interpelle le lac avec une question (« t’en souvient-il ») pour le prendre à
témoin 
 
Le couple, seul sur un bateau, est réuni pour une promenade agréable. Citations : -emploi du
pronom personnel « nous » 
-verbe « voguions » à l’imparfait pour relater un moment de complicité entre les deux amants 
 
Le poète décrit une scène paisible qui correspond à un souvenir heureux. 
Citations : -mots du champ lexical de l’ouïe (« silence », « entendait », « bruit ») soulignent la
tranquillité 
-l’harmonie est traduite par l’expression « en cadence » et par l’adjectif qualificatif « harmonieux »
(mis en valeur par une diérèse). 
- les CCT « sur l’onde et sous les cieux » évoquent un bonheur absolu ; le couple est comme
protégé, entouré par des éléments favorables. 
 
La Nature seule garde les traces des souvenirs heureux (« tu la vis »). 
 
Strophe
5……………………………………………………………………………………………………. 
Le récit du souvenir se poursuit mais « Tout à coup » placé en début de vers marque une rupture
brutale avec la strophe précédente. L’enjambement du premier au deuxième vers de la strophe
prolonge l’effet d’attente. 
Il s’agit pour le poète de se remémorer un moment important, un instant de complicité avec sa bien-
aimée. 
Citations : -synecdoque « la voix » pour désigner Julie Charles (référence au mythe de la nymphe
Echo) 
-le passé simple souligne la brièveté des moments de bonheur 
 
La Nature apparaît bienveillante, elle offre un cadre idyllique aux amants. On note une
correspondance entre les sentiments du poète et le paysage décrit. 
Citations : -champ lexical de l’écoute : « accents », « échos », « attentif », « la voix », « ces mots ».
Elle est elle-même sous le charme d’Elvire. 
Citations : phénomène d’écho entre les mots « charmés » et « chère » 
 
Strophe
6……………………………………………………………………………………………………. 
 
Le poète donne la parole à sa bien-aimée, comme si elle était encore présente à ses côtés. 
Citations : -emploi du style direct pour garder Elvire en vie alors qu’elle est alitée 
-registre lyrique (interjection, personnification du temps et des heures, exclamations, ponctuation
expressive, emploi du pronom « nous »). 
 
Elvire personnifie le Temps et lui adresse une prière ; elle implore le Temps vorace de s’arrêter. 
Citations : interjection « ô » + apostrophe « temps » + apostrophe « heures propices » +
exclamations 
-impératifs « suspends » + « suspendez » (répétition du verbe pour marquer une insistance) puis «
laissez » 
-allégorie du Temps qui est assimilé à un oiseau 
-2ème vers de cette strophe raccourci ; le cours même du poème est ainsi suspendu. Elvire, sous la
plume de Lamartine, a de l’emprise complète sur le cours du poème (comme la poésie a de
l’emprise sur le cours du Temps). 
 
Elle souhaite profiter des instants de bonheur qui sont éphémères pour tous les êtres humains
(associés à Elvire et au poète par le pronom personnel « nous ») (thème du Carpe Diem). 
Citations : -champ lexical du bonheur (« propices, délices, beaux ») 
-métaphore filée des moments savoureux pour évoquer le plaisir (champ lexical du goût) 
-antithèse entre « vous » (temps éternel) et « nous » (hommes mortels) 
-hyperbole « les plus beaux » pour évoquer l’intensité du bonheur que fait naître l’amour 
 
conclusion 
 
« Le Lac » est un poème caractéristique de la poésie romantique. Dans une tonalité élégiaque,
Lamartine y exploite le thème traditionnel de la fuite du temps. Face au tragique de la condition
humaine, la nature est un refuge car elle seule peut garder intacts les souvenirs du poète. En
invoquant le pouvoir de la nature, le poète espère lutter contre le temps et garder une trace vive de
ses souvenirs heureux avec Elvire. On retrouve les thèmes liés de la fuite du temps et du caractère
immuable de la nature dans d’autres poèmes comme dans « Soleils couchants » de Victor Hugo ou
dans « Le Pont Mirabeau » de Guillaume Apollinaire. 

Vous aimerez peut-être aussi