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Sommaire

Séquence 5
Plonger dans l’univers des Métamorphoses d’Ovide

Séance 1 Découvrir un auteur et son œuvre

Séance 2 Comprendre le processus d’une métamorphose


(État initial ; état final ; verbes de transformation)

Séance 3 Enrichir son vocabulaire des métamorphoses


(Raconter et décrire ; l’antonomase)

Séance 4 Expliquer le monde par des récits de métamorphoses


(L’explication)

Séance 5 Analyser les rapports humains et divins à travers des récits de


métamorphoses
(Fonction explicative et fonction morale ; mise en abyme)

Séance 6 Maîtriser et utiliser des outils de la langue au service de l’écriture de


métamorphoses
(Accord du participe passé ; l’attribut du sujet)

Séance 7 Je m’évalue

ƒ pour que le chant sublime d’Ovide résonne encore longtemps à travers les âges.

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séance 1 — Séquence 5

Séance 1
Découvrir un auteur et son œuvre
Prends une nouvelle page. Note le titre de la séquence en rouge. Saute deux lignes, puis note en
rouge le titre de la séance 1.
Sais-tu pourquoi la queue du paon est constellée d’yeux appelés ocelles, pourquoi le rossignol a
un chant mélodieux alors que l’hirondelle ne pousse que de petits cris, pourquoi la perdrix court
si vite, pourquoi les dauphins suivent les navires, pourquoi les roses rouges évoquent la passion
amoureuse, pourquoi le diplôme qui couronne la fin des études du Lycée s’appelle le baccalauréat ?
Ta soif de savoir est aiguisée, n’est-ce pas ? Pour la satisfaire, entrons dans le monde fabuleux des
Métamorphoses d’Ovide qui vont stimuler ta capacité à t’étonner, t’émerveiller.
Faisons d’abord connaissance avec Ovide, poète béni par les dieux, et formulons des hypothèses de
lecture.

A L’auteur
1- Ovide et son siècle.

Il est important de replacer un auteur dans son siècle afin de mieux comprendre son œuvre. Lis
attentivement ce qui suit.
Le siècle d’Auguste
1 Auguste est le premier empereur de Rome ; il marque l’avènement d’une ère1
nouvelle : celle du Haut-Empire. Eh oui, tu as bien lu ! César n’a jamais été empereur.
Auguste est son petit-neveu et fils adoptif ; il s’appelait alors Octave.
En effet, la fin de la République est marquée par des troubles profonds :
5 des guerres civiles2 ont secoué Rome après que les Romains ont vaincu Carthage,
l’actuelle Tunis, en Afrique du nord.
Après la conquête des Gaules en huit ans, César rentre à Rome avec son armée
victorieuse : c’est sa première entorse à la règle. Il se fait ensuite élire dictateur deux
fois avant de vouloir l’être à vie. Son assassinat, le 15 mars 44 av. J.-C., mettra fin
10 à ses projets.
En 27 av. J.-C., Octave, qui a vaincu Antoine, après que ce dernier s’est réfugié en
Égypte auprès de la reine Cléopâtre, accepte le pouvoir que lui offre le Sénat, la plus
haute autorité de Rome et reçoit le titre d’Augustus - sacré. L’empire est né.
Auguste, qui cumule tous les pouvoirs, ramène la paix. Ce renouveau est vécu
15 comme un âge d’or3 retrouvé : Rome pacifiée peut alors faire refleurir les arts grâce
notamment à de riches personnages, comme Mécène, qui protègent les artistes.
« Ce poète que tu lis, et qui chanta les tendres amours, si tu veux le connaître, ô
postérité, voici son histoire. », nous dit Ovide dans Les Tristes.
C’est en 43 av. J.-C. que naît Publius Ovidus Naso à Sulmone, dans les Abruzzes
20 à l’Est de Rome.
Son père l’envoie suivre des études à Rome pour qu’il devienne avocat. Afin
de parfaire son instruction, Ovide quitte Rome pour un voyage en Grèce de deux
ans. De retour à Rome, il commence une carrière juridique et partage son temps
entre plaidoiries4 et écriture poétique. En effet, il n’aspire pas à de hautes fonctions
25 et même si sa famille essaie de le dissuader de se consacrer à la poésie, il préfère

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Séquence 5 — séance 1

la fréquentation des gens de lettres tels Virgile, dont nous reparlerons dans une
prochaine séquence, Horace, Tibulle, Properce ou Gallus, à celle des magistrats de
renom.
Sous l’influence de Messala, un notable romain qui devint et resta son ami, il
30 décide de se consacrer à l’écriture.
Ovide a vingt-trois ans quand il se lance dans sa première grande œuvre Les
Amours. Désormais poète à part entière, Ovide se consacre à la poésie amoureuse et
connaît un vif succès avec Les Héroïdes, L’Art d’aimer.
En l’an 4 ap. J.-C., Ovide rédige Les Métamorphoses –Metamorphoseon Libri,
35 vaste poème mythologique de quinze livres, et Les Fastes, qui présentent sous forme
poétique l’ensemble des fêtes du calendrier romain.
Mais, quatre ans après, l’empereur Auguste condamne Ovide à l’exil5 : le poète est
envoyé aux confins de l’Empire, sur les rives de la mer Noire, à Tomes, aujourd’hui
Constanta, en Roumanie. Son exil durera dix ans au cours desquels il publiera deux
40 recueils poétiques : les Tristes et Les Pontiques.
Au moment de son exil, Ovide avait brûlé son propre manuscrit des Métamorphoses.
Heureusement, des copies circulaient parmi ses amis.
En l’an 17, Ovide meurt en exil.
Régine David pour le Cned

Notes :
1. ère : période historique marquée par un événement important formant un tournant.
2. civile : qui concerne les citoyens d’une même nation.
3. âge d’or : période très prospère qui fait référence à une époque paradisiaque.
4. plaidoiries : exposé oral effectué à l’audience devant les juges, par un avocat chargé d’expliquer les faits et de
soutenir les droits de son client.
5. exil : peine qui condamne quelqu’un à quitter son pays, avec interdiction d’y revenir, soit définitivement, soit
pour un certain temps.

As-tu bien lu ?
a) Déchiffre ce rébus pour te souvenir du titre de l’œuvre dont nous allons étudier des
extraits.

............... ................
tes black cat is
ses my friend

P. Derr pour le Cned

b) Place les informations ci-dessous sur la frise chronologique qui t’est proposée.
1/ Assassinat de Jules César – 2/ Naissance d’Ovide – 3/ Auguste : 1er empereur
romain - 4/ Écriture des Métamorphoses - 5/ Exil d’Ovide – 6/ Mort d’Ovide

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séance 1 — Séquence 5

c) Sur cette frise, surligne , les auteurs contemporains (« cum » + « tempus » : qui vivent à
la même époque) d’Ovide.
• 753 av. J.-C. : Fondation de Rome
par Romulus
ƒ Sept rois se succèdent.

• 509 av. J.-C. : Début de la République

• 264 à 246 av. J.-C. : guerres contre


Carthage

• 133 à 27 av. J.-C. : guerres civiles

• 476 ap. J.-C. : Fin de l’Empire romain


d’Occident

d) Dans la liste d’œuvres d’Ovide ci-dessous, un intrus s’est glissé : barre-le.


Les Héroïdes, Les Tristes, L’Art d’aimer, l’Énéide, Les Métamorphoses, Les Pontiques, Les Amours.

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de poursuivre.


2- Ovide l’enchanteur.

Au livre XI des Métamorphoses, Ovide nous raconte l’histoire d’Orphée, fils de la Muse
Calliope, l’inspiratrice de la poésie épique, tu te souviens. Voici son histoire résumée. Lis-la.
1 Fils de la muse Calliope, Orphée est un musicien et chanteur exceptionnel. Sa
voix suave1 charme tous ceux qui l’entendent : hommes et bêtes tombent sous son
charme. Les rivières inversent même leur cours pour l’écouter tandis que les rochers
sont émus !
5 Il épouse Eurydice qu’il aime passionnément. Mais le jour de leur mariage, elle est
mordue par un serpent et est emmenée par le dieu Hermès2 et le nocher3 Charon aux
enfers. Orphée, fou de douleur, décide de se rendre dans le monde souterrain pour y
récupérer son épouse.

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Séquence 5 — séance 1

Il envoûte par ses chants d’abord Cerbère4, le gardien du monde des morts, puis
10 Hadès, le souverain des lieux. Orphée supplie Hadès de laisser Eurydice revenir sur
terre. Le maître des enfers accepte à condition qu’Orphée ne se retourne pas une seule
fois avant d’avoir regagné la surface de la terre.
Malheureusement, Orphée, avide5 de contempler son aimée et voulant être sûr
qu’elle le suit, se retourne. Eurydice disparaît à jamais !
15 Alors, Orphée se retire en Thrace6 où il ne cesse de pleurer et de chanter son
malheur en s’accompagnant de sa lyre. En vain les femmes de Thrace cherchent à le
consoler : fidèle à l’amour d’Eurydice, il repousse ou dédaigne7 toute consolation.
Ces mêmes femmes, dit-on, le mettent en pièces et jettent sa tête dans l’Èbre, fleuve
de leur pays. Les lèvres d’Orphée continuent de chanter leur amour pour Eurydice.
Régine David pour le Cned

Notes :
1. suave : enchanteresse.
2. Hermès : messager des dieux, conducteur des âmes des morts.
3. le nocher : celui qui conduit une embarcation, une barque.
4. Cerbère : chien à trois têtes qui garde la porte d’entrée des enfers.
5. avide de : désireux de.
6. Thrace : vaste région correspondant approximativement à la Bulgarie actuelle.
7. dédaigner : considérer comme sans intérêt.

As-tu bien lu ?
Coche la réponse qui te paraît juste parmi les trois propositions.
a) Orphée est ® un homme ® une femme ® un dieu.
b) Orphée charme les choses et les êtres ® en dansant,
® en chantant et en jouant de la lyre,
® en prononçant des paroles magiques.
c) Orphée épouse ® Circé ® Calypso ® Eurydice.
d) La femme d’Orphée meurt le jour de leur mariage, ® mordue par un serpent,
® tombée dans un précipice,
® étouffée par une cacahouète.
e) Orphée, inconsolable, décide, pour la retrouver, ® de descendre dans les enfers,
® de se donner la mort,
® d’appeler sa mère à l’aide.
f) Il parvient à charmer ® Apollon et Artémis,
® Ulysse et Pénélope,
® Cerbère et Hadès.
g) Hadès accepte qu’Eurydice regagne le monde des vivants à condition qu’Orphée
® chante pour lui tous les soirs,
® ne se retourne pas avant d’avoir regagné la surface de la terre,
® lui offre sa lyre.
h) Orphée ® réussit et il vit heureux avec son épouse,
® échoue mais Hadès lui offre une seconde chance,
® échoue et perd Eurydice pour toujours.
N’oublie pas de vérifier tes réponses dans le corrigé avant de continuer.

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séance 1 — Séquence 5

B Lecture d’image
Le mythe d’Orphée et d’Eurydice a inspiré de nombreux artistes, tant peintres que sculpteurs ou
musiciens. Nous te proposons une étude de tableau qui illustre la phrase surlignée dans le texte.
1- Observe soigneusement le tableau Orphée et Eurydice de Michel-Martin Drölling datant de
1820, exposé au Musée Magnin de Dijon.
A M B

C M’ D
Orphée et Eurydice, Michel-Martin Drölling © RMN / René-Gabriel Ojéda
2- Considérons que le tableau forme un rectangle ABCD. Soit M milieu de [AB] et M’ milieu
de [CD], trace la droite MM’.Trace ensuite les deux diagonales du rectangle.

Vérifie les différents tracés dans le corrigé avant de poursuivre.


3- Méli-mélo…
Le texte ci-dessous contient des mots (soulignés) dont les lettres ont été mélangées :
retrouve le bon ordre pour comprendre la lecture du tableau de Drölling.
Coup de pouce : la première lettre t’est donnée !
La droite (MM’) sépare le tableau en deux parties égales : ainsi OPÉRHE est isolé
du groupe formé par son épouse ECYDRUIE enlevée par HÈSERM.
On reconnaît le musicien grâce à sa tête couronnée qui rappelle le dieu de la
musique et des arts, ALONOLP. Quant à sa femme, elle porte une robe blanche et une
couronne de fleurs : c’est sa tenue de migarae. Le dieu qui l’enlève est coiffé d’un
pétase et tient à la main le caducée1.
Ce dernier a ici le rôle du conducteur d’âmes. Il emmène Eurydice auprès du
nocher HOACNR dont on entrevoit la barque à l’arrière-plan. Charon transporte les
morts dans son bateau couleur de rouille jusqu’à la porte des enfers.

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Séquence 5 — séance 1

De plus, le tracé des diagonales montre qu’Orphée et Eurydice appartiennent


désormais à deux mondes séparés ; les triangles ABC et BDC renforcent la séparation
des deux groupes : seule, la main du poète effleure le rasb d’Eurydice, sans vie, dans
les bras d’Hermès. Son bras droit se tend dans un geste désespéré tandis que le sol
semble s’ouvrir sous ses pieds. Orphée est même éloigné de sa lery, grâce à laquelle
il pourrait pourtant faire fléchir le dieu !
Une brume épaisse, qui s’assombrit, semble progresser vers le lieu de la taréidge
et vouloir précipiter vers le fleuve infernal le corps inanimé d’Eurydice. Bientôt, ce
rideau dense empêchera toute communication entre les deux mondes.
Régine DAVID pour le Cned
1. caducée : emblème d’Hermès, qui devint la marque des messagers, adopté par le corps médical, constitué d’une
baguette de laurier surmontée de deux petites ailes et entourée de deux serpents entrelacés.

Avant de poursuivre, vérifie ta compréhension dans le corrigé.


Orphée est le personnage qui intervient le plus longtemps dans Les Métamorphoses, et qui
occupe la place centrale de l’œuvre. Très vite, Ovide lui cède même la place de narrateur. Orphée
est surtout connu pour ses talents d’enchanteur. Son chant – carmen, en latin, a la puissance d’un
sortilège. Souviens-toi, tu as étudié à la séance 6 de la séquence II le verbe « canere », « chanter »,
et sa famille de mots, dont fait partie « carmen ». Or, Ovide a appelé Les Métamorphoses,
Carmen perpetuum, poème éternel.
Ne vois-tu pas une ressemblance entre Ovide et Orphée ? Alors, laisse-toi envoûter par le chant
d’Ovide.

C L’œuvre
1- L’incipit*.
* le début : « incipit » vient de « incipio » en latin qui signifie commencer.

Laissons à Ovide lui-même le soin de nous présenter le sujet de son œuvre. Voici en quels termes le
poète commence Les Métamorphoses.
In nova fert animus mutatas dicere formas
Corpora ; di, coeptis, nam vos mutastis et illas,
Adspirate meis primaque ab origine mundi
Ad mea perpetuum deducite tempora carmen.
In Métamorphoses, Livre I, v.1-4, Ovide

a) Certains mots latins sont transparents. Relie les mots latins de la première colonne à
un mot français issu de la racine latine, comme dans l’exemple.
nova • • original
corpora • • mutation
mutatas • • temporel
formas • • perpétuel
prima • • mondial
origine • • innovation
mundi • • primaire
perpetuum • • corporel
tempora • • formation
Consulte le corrigé avant de poursuivre.

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séance 1 — Séquence 5

b) À l’aide de cette recherche, essaie de compléter la traduction des deux premiers vers,
puis la phrase de synthèse qui suit.
Coup de pouce : utilise le code des couleurs !
« In nova fert animus mutatas dicere formas corpora … »:
J’ai l’intention de raconter la m………………….. des f………………….en de
n………………………….. c…………………………………………. .
ƒ Dès le premier vers, Ovide annonce le sujet de son vaste poème « perpetuum carmen » :
il s’agit de t……………………………………………………….. (en latin) ou métamorphoses (en
grec).
Ensuite, Ovide s’adresse aux divinités « di » - dieux : l’invocation aux dieux rappelle l’invocation à
la Muse que tu as étudiée dans l’Odyssée d’Homère. Il est en effet habituel que le poète se place
sous la protection des immortels. Voici la traduction des vers qui suivent ceux que nous venons de
traduire :
« Ô dieux, vous qui avez en effet participé à ces transformations, inspirez mon
projet et conduisez mon poème éternel depuis la plus lointaine origine du monde
jusqu’à mon époque. »
Régine David pour le Cned

c) Après avoir lu la traduction ci-dessus, réponds aux questions suivantes par des phrases
complètes.
- Qui a pris part aux métamorphoses dont Ovide va nous parler dans son livre ?
- Quel complément circonstanciel évoque un temps fabuleux où les dieux côtoyaient les
mortels ?

N’oublie pas de vérifier tes réponses dans le corrigé.


2- Le thème du livre d’Ovide.

Qu’est-ce qu’une métamorphose ? Tu as déjà une idée : pense à la citrouille de Cendrillon devenue
carrosse, au prince à l’apparence de Bête… Lisons d’abord un article de dictionnaire. Reporte-toi à
la séance 3 de la séquence I, si besoin.
a) Article du Dixel 2010, Le Robert.
MÉTAMORPHOSE n.f (du grec : meta – qui exprime […] le changement, et morphê –
« forme ») 1. Changement de forme, de nature ou de structure telle que l’objet, la chose
n’est plus reconnaissable. La métamorphose d’un homme en animal. 2. Changement brusque
survenant dans l’organisme (de batraciens, d’insectes) dans son développement. Stades
de la métamorphose des insectes (larve, insecte adulte). 3. Changement complet (d’une
personne, d’une chose) dans son état, ses caractères.
Ë TRANSFORMATION
Dans les phrases suivantes, indique le numéro qui correspond au sens du mot
« métamorphose ».
1) La chenille s’enveloppe dans un cocon afin d’opérer sa métamorphose en chrysalide
puis en papillon. Ë Sens n°…
2) Depuis son retour d’Afrique, Pierre-Émile, si égoïste habituellement, s’occupe d’aider
les sans-papiers. Je crois savoir à quoi est due sa métamorphose.
Ë Sens n°…

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Séquence 5 — séance 1

3) Pour punir Actéon de l’avoir surprise au bain, la déesse Artémis a transformé le jeune
homme en cerf. Même ses chiens de chasse ne reconnaissent pas leur maître derrière
cette métamorphose et le déchiquettent. Ë Sens n°…
b) Quel est, à ton avis, le sens à retenir pour l’œuvre d’Ovide ? Réponds par une phrase
complète.

As-tu pensé à vérifier tes réponses dans le corrigé ? À présent, lis et mémorise le Je retiens suivant.

j e retiens
Les Métamorphoses, Ovide
Ovide est un poète latin qui a vécu sous le règne d’Auguste, premier empereur romain
à partir de 27 av. J.-C. Cette période de « pax Romana » - paix romaine - est propice aux
arts, grâce à la protection de personnes riches, comme Mécène notamment.
Ovide chante beaucoup la poésie amoureuse.
En l’an 4, il publie les Métamorphoses, vaste poème mythologique de quinze livres, dans
lesquels les êtres et les choses subissent des changements de formes qui les rendent
méconnaissables ou difficilement reconnaissables.
Ce sont les dieux qui ont le pouvoir de métamorphoser ou de se métamorphoser.

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séance 2 — Séquence 5

Séance 2
Comprendre le processus d’une métamorphose
Prends ton cahier de français. Sur une nouvelle page, écris en rouge le numéro et le titre de cette
séance.
Dans la séance précédente, nous avons vu que la métamorphose, mot d’origine grecque, ou la
transformation, mot d’origine latine, désigne le passage (méta/ trans : au-delà) d’une forme
physique à une autre.
Ce phénomène relève d’abord de la magie que nous offre la Nature : la chenille devient papillon,
le têtard devient grenouille… Nous entrons donc dans un monde où tout est possible : les règnes
végétal, animal, minéral n’ont plus de frontières. Tu te souviens, Ovide, dans l’incipit, précise qu’il
a l’intention de raconter « des formes changées en de nouveaux corps » ; il nous entraîne ainsi dans
un univers merveilleux, étrange, qui n’est pas sans rappeler celui des contes que tu as étudiés dans
les séquences II et IV.
Es-tu prêt/e pour assister en direct à une première métamorphose, époustouflante, puis à
d’autres ?

A Métamorphoses végétales
1- Apollon et la nymphe Daphné.

Lis tout d’abord le rappel suivant.


1 L’objet du premier amour d’Apollon1 fut la nymphe2 Daphné, fille du fleuve
Pénée. Cet amour n’était pas un hasard mais le fruit d’une vengeance de Cupidon3,
humilié par Apollon.
Le dieu de la lumière, enivré4 par sa victoire contre le serpent Python5, avait raillé6
5 le fils de Vénus avec son arc fait pour l’amour et non pour la lutte. Cupidon, outré,
choisit deux flèches, l’une à la pointe émoussée7 destinée à mettre en fuite la nymphe
Daphné, l’autre à la pointe barbelée pour susciter la passion d’Apollon.
La nymphe, à l’exemple de Diane, avait renoncé au mariage. Mais rien ne pouvait
arrêter le désir d’Apollon. Il se lança à la poursuite de la nymphe et tenta de la séduire
10 par de douces paroles ; rien n’y fit. Toujours, elle lui échappait.
Pourtant, Apollon gagnait du terrain et Daphné, se sentant perdue, implora le
secours de son père, dieu des fleuves.
Régine David pour le Cned

Notes :
1. Apollon : dieu de la beauté, de la jeunesse, de la musique et des arts, maître des Muses.
2. Nymphe : divinité secondaire de la nature sauvage.
3. Cupidon : fils de la déesse Aphrodite, dieu du désir, apparaissant chez les Romains sous la forme d’un chérubin
armé d’un carquois, d’un arc et de flèches.
4. enivrer : rendre ivre d’orgueil ici.
5. Python : immense serpent que Gaïa, la Terre, a fait naître à la demande d’Héra, pour qu’il poursuive Léto,
enceinte d’Apollon et d’Artémis, l’empêchant ainsi d’accoucher.
6. railler : se moquer de.
7. émousser : rendre moins aigu.

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Séquence 5 — séance 2

Découvre maintenant la suite dans le texte original d’Ovide, accompagné, à droite, de sa


traduction.
« Secours-moi, mon père, dit-elle, si vous, les fleuves, vous avez un pouvoir divin,
et fais-moi perdre, en la transformant, cette apparence qui m’a valu de trop plaire. »

Vix prece finita, torpor gravis occupat artus, À peine a-t-elle fini sa prière qu’une lourde
torpeur gagne ses membres ;
Mollia cinguntur tenui praecordia libro, son buste délicat est entouré d’une mince
écorce,
In frondem crines, in ramos bracchia crescunt; ses cheveux s’allongent et se changent en
feuillage, ses bras en branches,
Pes modo tam velox pigris radicibus haeret, son pied, tout à l’heure si agile, adhère au
sol par de solides racines ;
Ora cacumen habent ; remanet nitor unus in les contours de son visage ont une couronne de
illa. feuilles ; seul l’éclat de sa beauté subsiste en
elle.
Hanc quoque Phoebus amat positaque in Phébus cependant l’aime toujours ; la main
stipite dextra droite posée sur le tronc,
Sentit adhuc trepidare novo sub cortice pectus il sent encore battre le cœur sous la jeune
écorce ;
Complexusque suis ramos, ut membra, Entourant de ses bras les branches qui
lacertis remplacent les membres de Daphné,
Oscula dat ligno ; refugit tamen oscula lignum. il donne des baisers au bois mais le bois
repousse ses baisers.
Cui deus : « At quoniam conjux mea non Alors le dieu : « Eh bien, puisque tu ne peux
potes esse, être mon épouse,
Arbor eris certe « dixit « mea ». dit-il, du moins tu seras mon arbre. »
OVIDE, Métamorphoses, Livre I, v.548-558 Traduction de Régine David pour le Cned
a) Un peu de vocabulaire pour commencer …

Nous avons rappelé dans la séquence I que le latin était à l’origine d’un très grand nombre de mots
français. Intéressons-nous donc au vocabulaire pour mieux mettre en évidence la métamorphose.
Dans le tableau ci-dessous, propose un mot français dérivé du terme latin. Retrouve
ensuite le sens du mot latin en relisant la traduction et le texte latin, comme dans
l’exemple.

Sers-toi du dictionnaire si besoin !

Terme latin Mot français dérivé sens


artus articulation membres
crines ........................................... ...........................................
bracchia brachial ...........................................
pes (pedis) ........................................... ...........................................
radicibus ........................................... ...........................................
cortice ........................................... ...........................................
pectus expectorer ...........................................
ramos ........................................... ...........................................
membra ........................................... ...........................................
lignum ligneux ...........................................
arbor ........................................... ...........................................
Vérifie tes réponses dans le corrigé.

252 — © Cned, Français 6e


séance 2 — Séquence 5

b) Les champs lexicaux.

Relis la définition d’un champ lexical dans la séance 6 de la séquence 3.


À partir de cette étude de vocabulaire, quels sont les deux champs lexicaux présents dans le
texte ? Réponds par une phrase complète.
Vérifie que tu as bien trouvé les deux champs lexicaux avant de poursuivre.
c) Le procédé de la métamorphose.

En t’appuyant sur des expressions du texte, complète le tableau, comme dans l’exemple donné.

État initial Verbes du texte État final


Champ lexical du c…………. Champ lexical de l’a……...
Son buste délicat est entouré d’ une mince écorce
Ses c…………………………. ........................................... ...........................................
Ses b………………………… ........................................... ...........................................
Son p…………………………. ........................................... ...........................................
Les contours de son visage ........................................... ...........................................
nymphe m…………………………. laurier*
* En grec « daphné » veut dire « laurier ».

Compare tes réponses avec celles du corrigé, puis lis ce qui suit.
Nous avons assisté à la métamorphose de la nymphe Daphné en laurier. Cette métamorphose
est décrite précisément. En effet, la transformation de Daphné est décrite par étapes : chaque
partie du corps est touchée par une métamorphose particulière. On appelle ce procédé la
segmentation.
On peut trouver, par ailleurs, une ressemblance entre la forme première de la nymphe et le
laurier ; en effet, Daphné, grâcieuse et élancée, aimait avoir les cheveux au vent, et le laurier,
arbre gracile, orné de feuilles allongées, mobiles et toujours vertes, évoque l’éternelle jeunesse.
Ainsi, grâce, finesse, jeunesse rassemblent Daphné et l’arbre qui la symbolise désormais.
2- Narcisse.

Tirésias, devin1 devenu très recherché en Aonie (nom mythique de la Béotie en Grèce), fit à
propos de Narcisse, né de la nymphe Liriopé et du fleuve Céphise, une prédiction restée longtemps
mystérieuse : Liriopé consulte Tirésias, pour savoir si Narcisse, son fils, vivra longtemps. « Oui, dit-
il, s’il ne se connaît pas. »…
Narcisse grandit et sa beauté éveille de nombreuses passions, mais nul ne peut l’approcher.
C’est alors que la nymphe Écho, punie par Héra à ne répéter que les dernières paroles entendues
parce qu’elle l’avait divertie par ses bavardages pour cacher les escapades2 de Zeus, rencontre
Narcisse. Elle en tombe immédiatement amoureuse mais Narcisse ne la comprend pas. De
désespoir, la nymphe se cache dans un antre, se dessèche au point qu’il ne reste que sa voix ! D’où
le phénomène de l’écho.
Un jour, fatigué par une partie de chasse, Narcisse trouve un endroit paradisiaque3 où se reposer.
Ce lieu est ombragé et rafraîchi par une source. Narcisse se penche pour boire …
Notes :
1. devin : personne qui, par des pratiques magiques, s’applique à deviner l’avenir.
2. escapades : action de se dérober à un devoir, ici celui d’époux, pour satisfaire un plaisir.
3. paradisiaque : endroit divin, merveilleux, digne du Paradis.

© Cned, Français 6e — 253


Séquence 5 — séance 2

1 Pendant qu’il désire étancher1 sa soif, une autre soif grandit en lui.
Pendant qu’il boit, séduit par l’image de sa beauté qu’il aperçoit, il s’éprend d’une
illusion sans corps, il prend pour un corps ce qui n’est que de l’eau.
Il s’extasie2 devant lui-même ; il demeure immobile, le visage impassible3,
5 semblable à une statue taillée dans le marbre de Paros.
Il contemple, couché sur le sol, deux astres, ses propres yeux, et ses cheveux,
dignes de Bacchus*, dignes aussi d’Apollon : ses joues imberbes4, son cou éburnéen5,
sa bouche charmante, et la rougeur qui colore la blancheur de neige de son teint.
Il admire tout ce qui le rend admirable.
10 Dans son ignorance, il se désire lui-même et celui qui vante est lui-même vanté,
tandis qu’il se réclame, il est réclamé ; il allume le feu pareillement et se consume.
Métamorphoses, Livre III, v.415-424, Ovide
Traduction Régine David pour le Cned
Notes :
* Bacchus : dieu du théâtre, de la fête, de la vigne.
Bacchus et Apollon sont toujours représentés beaux et éternellement jeunes.
1. étancher : apaiser.
2. s’extasier : s’émerveiller.
3. impassible : sans expression.
4. imberbes : sans barbe.
5. éburnéen : d’ivoire.
As-tu bien lu ?
Coche la réponse qui te paraît convenir parmi les trois propositions.
a) Le portrait que Narcisse voit dans l’eau est
® celui du dieu Apollon, / ® celui de son père, /
® celui d’un jeune homme à la beauté éblouissante.
b) Narcisse tombe amoureux
® de la nymphe Écho, / ® d’une statue de marbre, / ® de son reflet.
Vérifie tes choix dans le corrigé avant de répondre à la question qui suit.
c) Souviens-toi de la prédiction de Tirésias ; que va-t-il arriver à narcisse, à ton avis ?
Narcisse se désespère en voyant son reflet imiter ses gestes mais rester inaccessible. Éperdument
épris, il se laisse dépérir, prisonnier de la source, et accomplit ainsi son tragique destin.
1 Celui-ci laissa tomber sa tête fatiguée dans l’herbe verte.
La mort ferma les yeux admirant la beauté de leur maître :
alors, après qu’il fut reçu dans le séjour infernal1,
il se contemplait encore dans les eaux du Styx2.
5 Ses sœurs, les Naïades3, le pleurèrent et offrirent leurs cheveux coupés à leur frère,
les Dryades4 le pleurèrent et Écho répondit à leurs plaintes.
Déjà, elles préparaient le bûcher, les torches qu’on agite dans l’air5 et la civière :
le corps n’était nulle part ; à la place, elles trouvent une fleur jaune safran6 au cœur
entouré de pétales blancs.
Métamorphoses, Livre III, v.527-535, Ovide
Traduction Régine David pour le Cned
Notes :
1. le séjour infernal : les enfers, le monde souterrain où vont tous les morts.
2. Styx : l’un des fleuves des enfers.
3. les Naïades : nymphes des eaux.
4. Dryades : nymphes des arbres.
5. les torches qu’on agite dans l’air : rite funéraire dans l’Antiquité ; le fait que les femmes se coupent les cheveux
pour les offrir au mort est un autre rite funéraire.
6. jaune safran : jaune orangé.

254 — © Cned, Français 6e


séance 2 — Séquence 5

d) Surligne la partie du texte qui évoque la métamorphose.


e) Complète le même tableau que celui de la métamorphose de Daphné.

État initial verbes État final


Champ lexical du c………… Champ lexical de la f…….
f) Le procédé utilisé pour cette métamorphose n’est pas le même que celui que tu as
étudié pour Daphné. Propose deux raisons à cette différence en observant les deux
tableaux. Rédige une phrase complète.
Vérifie tes réponses dans le corrigé.
g) Lecture d’images.
Nicolas Poussin, peintre du XVIIe siècle a raconté l’histoire de Narcisse et Écho.
1) Observe le tableau ci-dessous.
Trace une droite horizontale au-dessus du personnage allongé au premier plan.
Trace ensuite une droite verticale passant à droite de l’arbre central au second plan.
Inscris les noms des trois personnages dans les cadres.
Vérifie ton travail dans le corrigé.

É..................

C..................

N..................

Écho et Narcisse, Nicolas Poussin, 1627, Musée du Louvre, Paris © RMN / Daniel Arnaudet

Observe le détail du tableau ci-contre.


2) Quel moment de l’histoire te semble-t-il illustrer ?
..........................................................................................
..........................................................................................
..........................................................................................
Écho et Narcisse (détail),
Nicolas Poussin, 1627 ..........................................................................................
© Musée du Louvre, Paris
..........................................................................................

© Cned, Français 6e — 255


Séquence 5 — séance 2

3) Voici les différents paragraphes de l’analyse du tableau de Poussin : ils ont été mis dans
le désordre. À toi de retrouver le bon ordre, en inscrivant le numéro puis en recopiant le
passage, comme dans l’exemple surligné .

nous assistons à une double métamorphose : celle de Narcisse, perdu par la


Å contemplation de son image, et celle d’Écho, changé en pierre après une longue
souffrance. C’est la raison du titre choisi par le peintre.
affublé de son carquois et d’une longue flèche à ses côtés, il est le seul à avoir la peau
rose, symbole de vie. Lui seul survit à cette histoire tragique. Il ne regarde ni Narcisse ni
Ç
Écho. La flamme de sa torche est vive : est-ce la torche qu’on secoue dans l’air, symbole
de mort, ou la flamme de la vie ?
la nymphe Écho, observe la transformation de Narcisse. Elle-même se métamorphose
en rocher dont elle a déjà la couleur et la courbure. Elle paraît impassible. Dans le
É
déroulement de l’histoire d’Ovide, elle est déjà devenue une voix quand Narcisse meurt.
Ici, elle attire notre regard, autant que Narcisse.
toute l’histoire pour apprécier le tableau de Poussin et formuler des hypothèses de
Ñ
lecture.
Narcisse, allongé près de la fontaine, occupe une position centrale. Les fleurs, autour
Ö de ses cheveux, évoquent sa métamorphose en narcisse. Toutefois, Poussin n’a pas fait
disparaître le corps du fils de Liriopé, comme dans le poème d’Ovide.
différents personnages et différents moments de l’histoire se côtoient dans ce tableau :
Écho est visible alors qu’elle devrait avoir complètement disparu ; Narcisse l’est aussi,
Ü
alors qu’il vient de disparaître, et Cupidon est là, vivant, alors que l’amour n’est qu’un
sentiment.
Au premier plan.....................................................................................................................
À l’arrière-plan, .....................................................................................................................
En fait, . ................................................................................................................................
Quant au dieu Cupidon, . ......................................................................................................
Ainsi, ....................................................................................................................................
Ñ Il faut connaître toute l’histoire pour apprécier le tableau de Poussin et formuler des
hypothèses de lecture.
Vérifie ton travail dans le corrigé.

B Autre métamorphose : Le roi Midas


Le dieu Bacchus veut récompenser le roi Midas qui l’a aidé à retrouver Silène, son fidèle
compagnon. Le dieu lui demande alors de formuler un souhait …
1 Satisfait d’avoir retrouvé son compagnon, Bacchus permet à Midas le choix d’une
demande. Mais ce prince qui doit mal user de ce don, le rendra inutile : « Fais, dit-
il, que tout se change en or sous ma main ». Sa demande est accordée, mais le bien
qu’il vient de recevoir lui deviendra funeste ; et le dieu regrette que son souhait n’ait
5 pas été plus sage.
Midas se retire transporté de joie, et se félicite de son malheur. Il veut sur le champ
essayer l’effet des promesses du dieu. Il touche tout ce qui s’offre devant lui. D’un
arbre il détache une branche, et il tient un rameau d’or. Il croit à peine ce qu’il voit. Il
ramasse une pierre, elle jaunit dans ses mains. Il touche une motte de terre, c’est une
10 masse d’or. Il coupe des épis, c’est une gerbe d’or. Il cueille une pomme, on la dirait
un fruit des Hespérides1. Il touche aux portes de son palais, et l’or rayonne sous ses
doigts. À peine reçoit-il l’eau liquide qu’on verse sur ses mains, c’est une pluie d’or
qui eût pu tromper Danaé2.

256 — © Cned, Français 6e


séance 2 — Séquence 5

Tandis que tout est or dans sa pensée, qu’il contient à peine sa joie et son espoir,
15 les esclaves dressent sa table et la chargent de viandes et de fruits ; mais le pain qu’il
touche, il le sent se durcir. Il porte des mets3 à sa bouche, et c’est un or solide sur
lequel ses dents se fatiguent en vain. L’onde pure que dans sa coupe il mêle avec le
vin, sur ses lèvres, ruisselle en or fluide.
Étonné d’un malheur si nouveau, se trouvant à la fois riche et misérable, il maudit
20 ses trésors. L’objet naguère de ses vœux devient l’objet de sa haine. Au sein de
l’abondance, la faim le tourmente, la soif brûle sa gorge sèche. L’or qu’il a désiré
punit ses coupables désirs.
Il lève au ciel les mains ; il tend ses bras resplendissant de l’or qu’ils ont touché ;
il s’écrie : « Ô Bacchus ! pardonne : je reconnais mon erreur. Pardonne, et prive-moi
25 d’un bien qui m’a rendu si misérable ! »
Ovide, Métamorphoses, Livre XI, vers 110-133
D’après une traduction adaptée de G.T. Villenave, Paris, 1806

Notes :
1. Hespérides : Ce sont les filles d’Atlas ; elles gardent le jardin garni des pommes d’or reçues qu’Héra, l’épouse de
Zeus, a reçues en cadeau de mariage.
2. Danaé : Elle est la mère de Persée, le héros qui a décapité la gorgone Méduse. Pour la séduire, Zeus s’est
métamorphosé en pluie d’or.
3. mets : plats cuisinés.

1- Surligne à nouveau le passage de l’extrait qui évoque une métamorphose.


2- Entoure ci-dessous le sujet des verbes soulignés.
Bacchus Midas l’or Danaë Silène
3- Indique dans la seconde colonne du tableau la transformation de chacun des éléments
de la première colonne, comme dans l’exemple.

objets transformations
branche rameau d’or
pierre
motte de terre
épis
pomme
portes
eau (eau + vin)
mets
4- Quel est le point commun à toutes les transformations évoquées dans ce texte ? Réponds
par une phrase complète.
5- Midas est-il satisfait du vœu qu’il a formulé et que Bacchus a exaucé ?
Complète la phrase ci-dessous pour répondre.
Au début, Midas est ……………………………………. mais, ensuite, il …………
……………………………………. parce que ……………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………..
Il demande donc ………………………………………………………………………………

© Cned, Français 6e — 257


Séquence 5 — séance 2

Pour montrer l’enchantement puis le désenchantement de Midas, Ovide multiplie les


e…………………………………… de métamorphoses qui ont toutes le même état final : l’or dont
Midas est avide.
Vérifie tes réponses dans le corrigé. Puis, lis et mémorise le Je retiens suivant.

j e retiens Le processus de la métamorphose et ses différents procédés


Une métamorphose est le passage d’un état initial vers un état final par
l’intermédiaire de verbes de transformation le plus souvent. Pour cela, on utilise
deux champs lexicaux, abondamment représentés, qui indiquent terme à terme les
changements, liés entre eux par des verbes de mouvement ou de modification.
Ex. : « […] ses cheveux s’allongent et se changent en feuillage ; ses bras en branches […] »
(métamorphose de Daphné)
Ce vocabulaire peut servir à raconter une métamorphose ou à décrire une œuvre d’art
représentant une métamorphose.
Ex. : Dans la sculpture du Bernin, les doigts de Daphné deviennent branches et ses
pieds adhèrent au sol.
Toutefois, d’autres procédés sont possibles :
- soit, on veut créer un effet de surprise, on se contente de citer l’état final. Dans ce
cas, on ne détaille pas les différentes étapes. C’est le cas de Narcisse.
- soit, on a une autre intention, comme celle de montrer la frénésie de Midas puis sa
prise de conscience : dans ce cas, on multiplie les exemples.
- soit, on veut insister sur l’état final : dans ce cas, on ne détaille pas chaque partie du
corps ; on se contente de les énumérer. C’est le cas de Cyané, la nymphe de Sicile qui a
assisté à l’enlèvement de Proserpine, la fille de Cérès, et se désespère.
Ex. : Les parties du corps de Cyané sont énumérées, la transformation de chacune
n’est pas détaillée : « […] les parties de sa personne les plus minces, deviennent eau,
ses cheveux azurés, ses doigts, ses jambes, ses pieds, car la transformation en ondes
fraîches est rapide pour les parties menues du corps. Puis les épaules, le dos, les flans,
la poitrine se dissolvent en minces ruisseaux. […] ».

C Exercice d’écriture
À ton tour d’écrire une métamorphose ! Pour cela :
- Imagine un état initial (un homme, une femme, un enfant) et un état final (un animal, un
objet, un arbre).
- Choisis trois parties du corps du personnage de départ et trois changements
correspondant à chacune de ces parties.
- Construis une métamorphose en utilisant des verbes de transformation et de mouvement
du corps.
Tu mets là en pratique le premier procédé décrit dans le « Je retiens ».
Regarde dans le corrigé ce qu’il était possible d’imaginer.

258 — © Cned, Français 6e


séance 3 — Séquence 5

Séance 3
Enrichir son vocabulaire des métamorphoses
Prends ton cahier de français. Sur une nouvelle page, écris en rouge le numéro et le titre de cette
séance.
Dans la séance précédente, l’exercice d’écriture t’invitait à imaginer une métamorphose. Quel
bonheur de devenir démiurge1 ! Cependant, tu as pu te rendre compte à quel point la réussite de ta
métamorphose dépendait de l’utilisation d’un vocabulaire précis. Le vocabulaire est donc nécessaire
à l’expression d’une pensée claire et à la réussite d’un échange. Nous te proposons d’enrichir ta
boîte à outils de mots pour que tes lecteurs ou auditeurs partagent le plaisir du conteur en herbe
que tu es.
1. démiurge : créateur d’une œuvre

A La métamorphose et le changement
1- Choisir le verbe juste.

Phaéton, fils du Soleil, est la risée de tous ses camarades parce que nul ne veut croire à sa filiation
divine. Sur les conseils de sa mère, il se rend dans le somptueux palais d’Hélios, son père, afin de
l’interroger en personne : « Si tu es mon père, permets-moi de conduire ton char une journée. »,
apostrophe-t-il. Hélios a juré sur le Styx : il ne peut donc refuser la requête de son fils ; mais il
est inquiet car les chevaux du char solaire sont fougueux et Phaéton est inexpérimenté. Toutefois,
le jeune homme ne se laisse pas fléchir en dépit des mises en garde de son père. Ainsi les chevaux
piaffent-ils d’impatience quand l’Aurore ouvre les portes célestes.
Phaéton s’aperçoit très vite que les rênes sont difficiles à manier et que les coursiers ne répondent
pas à ses ordres. Il s’approche alors trop près de la terre qui s’embrase. Affolée, elle sollicite Zeus
pour qu’il mette fin à ce terrible danger. Zeus foudroie le jeune homme qui chute du char vers la
terre. Ainsi meurt Phaéton.
Ses sœurs, les Héliades, ont tant de chagrin qu’elles sont métamorphosées en peupliers.
Cygnus, l’ami de Phaéton, a assisté à la scène …
Lis soigneusement la suite.
1 Le fils de Sthénélus, Cygnus, assista à ce prodige nouveau. Cygnus, quoique
Phaéton te fût uni par le sang, du côté de ta mère, il l’était encore davantage par
l’amitié.
Cygnus avait quitté son empire, car il avait régné sur les villes et sur les peuples
5 de la Ligurie1. Les cris de sa douleur retentissaient dans les riantes campagnes que
baigne l’Éridan2, à travers les arbres qui bordent son rivage, et dont tes sœurs venaient
d’accroître le nombre. Soudain sa voix change et s’affaiblit. Des plumes blanches
remplacent ses cheveux blancs. Son cou, loin de sa poitrine, s’allonge ; ses doigts
rougissent et des membranes les unissent ; un éclatant duvet couvre ses hanches. Sa
10 bouche devient un bec arrondi ; Cygnus enfin est un oiseau : mais, timide, il n’ose
s’élever dans les airs. Il semble craindre Jupiter, et la foudre injustement lancée sur
son ami. Il nage dans les lacs; il cherche les étangs, et ne se plaît que dans les fleuves,
ennemis de la flamme.
Métamorphoses, Livre II, vers 367-400, Ovide.
D’après une traduction adaptée de G.T. Villenave, Paris, 1806

© Cned, Français 6e — 259


Séquence 5 — séance 3

Notes :
1. La Ligurie : région italienne du nord-ouest qui forme un arc de cercle autour du golfe de Gênes.
2. L’Éridan : fleuve légendaire, identifié le plus souvent avec le Pô.

a) Surligne tout d’abord le passage qui raconte la métamorphose de Cygnus.


b) Dans le passage que tu as surligné, souligne ensuite les verbes qui expriment la
métamorphose de Cygnus.

Vérifie ce repérage initial avant de poursuivre.


c) Maintenant, classe ces verbes dans le tableau suivant, comme pour l’exemple donné,
selon qu’ils renvoient à une forme, une matière, une couleur ou un son, concernant la
voix, les cheveux, le cou, les doigts, les hanches ou la bouche.

forme matière couleur son


voix
cheveux remplacent remplacent
cou
doigts
hanches
bouche
Plusieurs verbes traduisent l’action de se transformer selon le changement en question. Vérifie tes
réponses dans le corrigé avant de continuer.
d) Ajoute préfixe et suffixe pour trouver les verbes formés à partir de l’adjectif
qualificatif, comme dans les exemples proposés.
Relis, si besoin le Je retiens de la séance 6 de la séquence II qui concerne la formation des mots.

changements Expressions formées à partir des adjectifs qualificatifs Verbes


couleur devenir rouge rougir
devenir noir .............................
devenir blanc .............................
devenir vert .............................
devenir bleu .............................
devenir jaune .............................
forme devenir long s’allonger
devenir grand .............................
devenir moindre .............................
devenir petit .............................
devenir gros .............................
devenir court .............................
devenir large .............................
devenir maigre .............................
matière devenir doux .............................
devenir souple .............................
devenir liquide se liquéfier
devenir solide .............................
devenir dur .............................
devenir mou .............................
devenir ferme .............................
devenir raide .............................
Attention, il y a une difficulté !

260 — © Cned, Français 6e


séance 3 — Séquence 5

e) Dans le tableau suivant, ajoute un préfixe aux verbes de la première colonne pour
former leur antonyme, comme dans l’exemple donné.
Rappel : Un antonyme d’un mot est un autre mot de même classe grammaticale qui a
un sens contraire dans un contexte donné.
verbes verbes antonymes
croître décroître
se plier ...................................................................
enfler ...................................................................
se contracter ...................................................................
lier ...................................................................
paraître ...................................................................
joindre ...................................................................
Attention, il y a une difficulté !
f) Associe par une flèche les verbes de la première colonne à leur antonyme.

pousser • • se rétracter
diminuer • • se dresser
se courber • • s’agrandir
Vérifie tes réponses dans le corrigé.
Maintenant que tu as réalisé ces exercices, effectue le petit travail d’écriture ci-dessous.
g) Exercice d’écriture.
Sujet : Réécris le texte ci-dessous en remplaçant chacun des verbes soulignés par
l’antonyme qui convient et en utilisant les réponses aux exercices précédents.
Cygnus redevient un homme par la volonté d’Hélios …
Tout à coup, ses plumes poussent, son cou s’allonge, sa bouche se durcit, ses doigts
rougissent et se rejoignent. Sa taille décroît et sa tête se courbe.
Vérifie tes réponses dans le corrigé, puis lis et mémorise le Je retiens suivant.

j e retiens Métamorphose et changement


Pour raconter une métamorphose, on évoque des changements de formes, de
couleurs, de matières, de sons.
On emploie des verbes de mouvements du corps (se dresser, se contracter ; se
courber, se plier …), des verbes qui expriment une modification (s’allonger, rougir, se
solidifier…).
Ce vocabulaire peut servir à raconter une métamorphose ou à décrire une œuvre d’art
représentant une métamorphose.
Ex. : Léto, mère d’Apollon et d’Artémis a métamorphosé les paysans de Lycie* qui
l’avaient insultée : « Mais déjà leur voix devient rauque, leur gorge s’enfle, leur bouche
s’élargit sous l’injure, leur cou disparaît ; leur tête se joint à leurs épaules ; leur dos verdit, leur
ventre, qui forme la plus grande partie de leur corps, blanchit ; et changés en grenouilles, ils
s’élancent dans la bourbe du marais. »
Métamorphoses, Livre VI, v.376-381, Ovide
D’après une traduction adaptée de G.T Villenave, Paris, 1806
* au sud de la Turquie actuelle.

© Cned, Français 6e — 261


Séquence 5 — séance 3

2- Développer un champ lexical*.


* Relis, si besoin, le Je retiens n°1 de la séance 6 de la séquence III.

Niobé s’est vantée d’avoir une progéniture1 plus abondante que celle de Léto. Cette dernière
demande à ses jumeaux, Apollon et Artémis, de cribler de flèches les enfants de Niobé. Lorsque sa
dernière fille succombe, Niobé s’assied au milieu des cadavres …
1. progéniture : enfants, descendance

a) Complète la traduction lacunaire du texte : les mots en caractères gras appartiennent


au champ lexical du corps.

Coup de pouce : Aide-toi des racines des mots !


Ë Lingua a donné « bilingue, linguiste, sublingual … » ; palato a donné « palatal,
palatine … » ; venae a donné « veineux » ; cervix a donné « cervical » ; bracchia a déjà été
étudié ; pes a déjà été étudié ; Viscera a donné « viscéral, viscères ».

Sa ………………. elle-même se glace à


Ipsa quoque interius cum duro lingua palato l’intérieur de son ……….….. devenu dur et le
Congelat et venae desistunt posse moveri ; sang ne peut plus couler dans ses ……………. ;
Nec flecti cervix nec bracchia reddere motus son ………….. ne peut plus fléchir et ses ……..
Nec pes ire potest; intra quoque viscera saxum ne peuvent plus bouger, ni son …….. avancer ;
est. à l’intérieur de ses ……………………… aussi,
Métamorphoses, Livre VI, v.306-309, Ovide elle est de pierre.
Traduction de Régine David, pour le Cned
b) Dans le texte de l’exercice précédent, surligne le mot latin qui signifie « pierre », en
sachant qu’une plante saxiphage est une plante qui pousse sur une pierre dont elle
semble se nourrir.

c) Dans l’affirmation suivante, barre les deux réponses fausses.

Niobé nous permet d’assister à une métamorphose - animale, - végétale, - minérale.

d) Entoure les noms de la liste ci-dessous appartenant au champ lexical du monde


végétal. Utilise le dictionnaire pour chercher les noms que tu ne connais pas.

Croc, flanc, tige, pétale, étamine, museau, échine, patte, queue, pistil, feuille, racine,
tronc, branche, écaille, plume, rameau, sabot, corne, naseau, poitrail, babine,
frondaison, bois, épines, corolle, griffe, serre, aile, écorce, sépale, aile, bec.

e) À quel champ lexical appartiennent les noms que tu n’as pas entourés ? Réponds par
une phrase complète.

f) Complète le dessin ci-dessous en faisant correspondre une partie du corps à une


partie de l’arbre, comme dans l’exemple proposé. Utilise les noms du champ lexical
du monde végétal que tu viens de travailler dans le d) et les noms du champ lexical du
corps.

262 — © Cned, Français 6e


séance 3 — Séquence 5

Pascal Derr pour le Cned

Vérifie ton travail dans le corrigé.

B L’héritage lexical des métamorphoses


Après qu’il a tranché la tête de la gorgone Méduse, Persée, sur son cheval ailé Pégase, se rend
sur l’île de Sériphos pour y retrouver le roi Polydectès qui lui a confié cette mission. En chemin, il
rencontre le géant Atlas. Ce dernier refuse de le laisser passer. Alors, Persée sort la tête de Méduse
et la dirige vers le géant …

Lis soigneusement l’extrait suivant.


1 À ces mots, il détourne à gauche sa tête, élève en l’air celle de Méduse et présente
aux regards d’Atlas son visage sanglant. Soudain, ce vaste colosse est changé en
montagne. Sa barbe et ses cheveux s’élèvent et deviennent des forêts. Ses épaules, ses
mains deviennent crêtes. Sa tête est le sommet de la montagne. Ses os se durcissent
5 en pierre : il s’accroît, devient immense, et, par la volonté des dieux, désormais le
ciel et tous les astres reposent sur ses épaules.
Métamorphoses, livre IV, v.655-662, Ovide
D’après une traduction adaptée de G.T. Villenave, Paris, 1806

1- L’Atlas.
L’Atlas est un massif montagneux au nord de l’Afrique : il s’étend sur les trois pays du
Maghreb : Maroc, Algérie, Tunisie.
Définis maintenant ce qu’est un atlas par une phrase complète. Cherche dans le dictionnaire,
si besoin. Tu dois trouver deux réponses.
Vérifie tes réponses dans le corrigé.

Souviens-toi, nous avons déjà étudié ce passage du nom propre au nom commun : dans
la séquence 1. On retrouve ce phénomène, appelé antonomase, avec les personnages des
Métamorphoses.

© Cned, Français 6e — 263


Séquence 5 — séance 3

2- Associe chacun des noms communs issus d’une antonomase à son sens, par une flèche.
Attention : Deux noms sont synonymes.
Narcisse Ë un narcisse un livre
Écho Ë un écho un animal
Méduse Ë une méduse un beau jeune homme
Atlas Ë un atlas une fleur
Adonis Ë un adonis un son
Apollon Ë un apollon une grosse somme d’argent
Sosie Ë un sosie une personne très ressemblante
Pactole Ë un pactole

Vérifie tes réponses dans le corrigé puis lis le Je retiens suivant.

j e retiens L’antonomase
Le procédé de l’antonomase consiste à utiliser un nom propre comme nom commun
ou l’inverse.
Ainsi, Atlas est devenu nom commun « un atlas », lorsque le mot a été employé sans
majuscule et que son origine a été oubliée. Au XVIe siècle fut publié un recueil de cartes
géographiques orné d’une représentation d’Atlas. Plus tard, on a utilisé le terme atlas
pour désigner ce genre d’ouvrages.
Nombre de mots ont évolué ainsi : ils témoignent de la popularité des récits
mythologiques.

3- a) Rends à chaque personnage son adjectif en complétant la colonne centrale du


tableau, comme dans l’exemple donné. Pour t’y retrouver, barre l’adjectif que tu viens
d’utiliser !
Cherche les mots de vocabulaire que tu ne connais pas dans le dictionnaire et note-les dans ton
répertoire.

Protée protéiforme narcissique


Hercule arachnéen
Prométhée protéiforme
Arachné chimérique
Orphée herculéen
Narcisse orphéen
Chimère prométhéen
b) Complète maintenant les phrases suivantes avec l’adjectif du tableau ci-dessus qui
convient. Effectue les accords, si besoin.
- Cet homme …………………. a de grands projets pour améliorer la condition humaine.
- Elle portait ce jour-là une robe …………… qu’elle faisait virevolter au son du hautbois.
- Quel étrange personnage ………………………………………. : en dehors de sa personne,
nul n’est digne d’intérêt.
- Les enfants ont une imagination débordante : …………………………., ils deviennent
tour à tour pirate, magicienne mais aussi fleur ou dragon.
- Vouloir la paix mondiale est hélas ………………………………………………………….
- Le poème qu’elle vient de terminer est ………………... : l’écouter est un enchantement !
- L’athlète déploie une force …………………………… pour soulever des haltères si lourdes.
Vérifie tes réponses dans le corrigé.

264 — © Cned, Français 6e


séance 4 — Séquence 5

Séance 4
Expliquer le monde par des récits de métamorphoses
Prends ton cahier de français. Sur une nouvelle page, écris en rouge le numéro et le titre de cette
séance.
Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Tous les peuples se sont interrogés sur l’origine de l’univers
et de l’homme. Pour tenter d’apporter des réponses, des récits légendaires sont nés : ce sont des
mythes, du grec : « muthos », parole inventée. D’abord transmis oralement, puis par écrit, ils sont
parvenus jusqu’à nous. Parmi les récits de création de l’univers, le plus célèbre est certainement
la Genèse, premier livre de l’Ancien Testament de La Bible. En Grèce antique, au VIIe siècle, le
poète Hésiode a raconté la Théogonie – de « théos » : dieu et « gonos, gènos » : naissance. Son
ouvrage a inspiré les Métamorphoses d’Ovide.
Pénétrons la pensée de nos ancêtres qui ont essayé d’expliquer le monde, notamment les
phénomènes naturels, les cataclysmes, et le secret de nos origines.

A De la création de l’homme au déluge


1- La création de l’homme.

À la séance 2 de la séquence 3, nous avons étudié les origines de l’univers et la généalogie des
dieux. Relis le début de cette séance. Parmi les Titans, c’est à Prométhée que revient la tâche de
créer l’homme.

1 Sanctius his animal mentisque capacius altae Un animal plus noble et plus intelligent, fait
deerat adhuc et quod dominari in cetera pour dominer tous les autres, manquait
posset. encore à ce grand ouvrage.
Natus homo est ; sive hunc divino semine L’homme naquit ; et soit que l’architecte
5 fecit Ille opifex rerum, mundi melioris origo, suprême, créateur d’un monde nouveau, l’eût
animé d’un souffle divin,
sive recens tellus seductaque nuper ab alto
Aethere cognati retinebat semina caeli ; soit que la terre conservât encore, dans son
sein, quelques-unes des plus pures parties
quam satus Iapeto mixtam pluvialibus undis
de l’éther dont elle venait d’être séparée,
finxit in effigiem moderantum cuncta
et que le fils de Japet, détrempant cette
10 deorum ;
semence céleste, en eût formé l’homme
pronaque cum spectent animalia cetera à l’image des dieux, arbitres de l’univers ;
terram, alors que les autres animaux dont la tête
os homini sublime dedit caelumque tueri est inclinée regardent vers la terre, il donna
jussit et erectos ad sidera tollere vultus. à l’homme un visage élevé et il lui ordonna
de contempler le ciel et de porter ses
15 Sic, modo quae fuerat rudis et sine imagine,
tellus regards droit vers les astres. Ainsi la matière,
auparavant informe et stérile, prit la figure de
induit ignotas hominum conversa figuras. l’homme, jusqu’alors inconnue à l’univers.
Métamorphoses, Livre I, v.76-88, Ovide D’après une traduction adaptée de G.T.
Villenave, Paris, 1806, Régine David
pour le Cned

© Cned, Français 6e — 265


Séquence 5 — séance 4

a) Un peu de vocabulaire avant de commencer.


Recopie à côté de chaque mot latin, le mot français de la première colonne qui te
semble en dériver, puis devine son sens en utilisant les mots de la seconde colonne,
comme dans l’exemple surligné .

Mot latin Ë mot dérivé Ë sens Mots français sens


dérivés
divine Ë divination Ë divin mental créateur
posset Ë ………………… Ë …………………… capacité homme
semine Ë ………………… Ë …………………… domination image
rudis Ë ………………… Ë …………………… etc autres
natus Ë ………………… Ë …………………… possession terre
mundi Ë ………………… Ë …………………… natalité semence
sidera Ë ………………… Ë …………………… hominidé air pur
homo Ë ………………… Ë …………………… divination astre
cetera Ë ………………… Ë …………………… insémination esprit
dominari Ë ………………… Ë …………………… mondial ciel
capacius Ë ………………… Ë …………………… améliorer naître
melioris Ë ………………… Ë …………………… tellurique capable
origo Ë ………………… Ë …………………… éthéré regarder
aethere Ë ………………… Ë …………………… effigie grossier
spectent Ë ………………… Ë …………………… spectacle dominer
tellus Ë ………………… Ë …………………… céleste pouvoir
effigiem Ë ………………… Ë …………………… érection divin
erectos Ë ………………… Ë …………………… sidéral se dresser
mentis Ë ………………… Ë …………………… rudimentaire monde
caeli Ë ………………… Ë …………………… originel meilleur
Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de poursuivre.
b) Surligne, maintenant, au vers 4, la phrase latine qui indique que l’homme est né.
c) Que t’apprennent les expressions soulignées du texte sur l’homme ?
d) Quelle différence d’attitude constates-tu entre l’homme et les autres animaux ? Étudie
les mots en gras dans le texte pour compléter la phrase de réponse.
Tandis que les animaux regardent ……………….. parce qu’ils marchent à quatre pattes ;
l’homme, lui, a les yeux levés vers le ………………… parce qu’il est capable de se ………………...
Il peut prendre de la hauteur et ainsi …………………………………. les autres créatures. Il a une
vision élargie du monde tandis que les autres animaux n’en ont qu’une vision incomplète.
N’oublie pas de vérifier tes réponses dans le corrigé.
Ovide semble accorder sa sympathie à cette nouvelle créature, née de l’argile, transformée par le
Titan, fils de Japet. Penses-tu que l’homme en soit toujours digne ? Ne manque-t-il pas parfois
d’humilité alors que le propre de l’être humain –humanus, est d’être humble –humilis, puisqu’il
est né de la terre –humus !
Le Titan Prométhée mettra toute sa confiance dans l’homme : il ira même jusqu’à voler le feu aux
dieux pour le confier aux hommes. Quel affront ! Il en sera puni par Zeus qui le condamne à un
châtiment éternel : enchaîné au Mont Caucase, un aigle lui dévore le foie avant qu’il ne repousse et
que le supplice ne reprenne.

266 — © Cned, Français 6e


séance 4 — Séquence 5

2- Le déluge.

Les hommes ne sont pas dignes de la confiance de Prométhée. Aussi, Zeus décide de les châtier à
leur tour. Il demande à Éole de déchaîner les vents et à Poséidon, son frère, de soulever les flots :
c’est le déluge. Des pluies diluviennes s’abattent sur la terre. Les seuls survivants de la catastrophe
sont Deucalion et Pyrrha, un homme et une femme, justes et pieux1. Leur barque échoue sur le
sommet du Mont Parnasse2, seul endroit qui n’avait pas été enseveli. Après que Zeus a fait se
retirer les eaux, le couple se rend au temple de Thémis, déesse de la justice, à qui ils demandent
comment réparer la perte du genre humain.
1. pieux : respectueux des dieux
2. Mont Parnasse : montagne de Grèce centrale, qui s’élève au-dessus de Delphes ; les Muses y élisaient parfois domicile

1 La déesse entendit leurs vœux, et rendit cet oracle1 : « Éloignez-vous du temple,


voilez vos têtes, détachez vos ceintures, et jetez derrière vous les os de votre grand-
mère. » Ils restent longtemps étonnés. Pyrrha la première rompt2 enfin le silence.
Elle refuse d’obéir aux ordres de la déesse ; et d’une voix tremblante, elle la prie de
5 lui pardonner. Elle craint, en dispersant les os de son aïeule3, d’offenser ses Mânes4.
Cependant l’un et l’autre examinent ensemble avec attention les paroles sibyllines5
de l’oracle ; ils cherchent à pénétrer le sens mystérieux qu’elles enveloppent. Enfin
Deucalion soulage par ces mots l’inquiétude de la fille d’Épiméthée6 : « Ou je
me trompe, ou l’oracle ne nous conseille point un crime. La terre est notre mère
10 commune, et les pierres renfermées dans son sein sont les ossements qu’on nous
ordonne de jeter derrière nous. » Cette interprétation de l’oracle frappe l’esprit de
Pyrrha ; mais le doute accompagne encore son espérance : tant est grande l’incertitude
que leur laisse l’oracle divin ! Mais que risquent-ils à essayer ? Sortis du temple, ils
voilent leurs fronts, détachent leurs ceintures, et, selon ce qu’il leur a été prescrit, ils
15 marchent et jettent des pierres derrière eux.
Aussitôt (qui le croirait, si l’Antiquité n’en rendait témoignage ?) ces pierres
s’amollissent, semblent devenir flexibles, et revêtir une forme nouvelle : on les voit
croître et s’allonger ; et, prenant une plus douce substance, elles offrent de l’homme
une image encore informe et grossière, semblable au marbre sur lequel le ciseau
20 n’a esquissé7 que les premiers traits d’une figure humaine. Les éléments humides
et terrestres de ces pierres deviennent des chairs ; les parties plus solides et qui ne
peuvent fléchir se convertissent en os ; ce qui était veine conserve et sa forme et son
nom. Ainsi rapidement la puissance des dieux change en hommes les pierres lancées
par Deucalion, et en femmes celles que jetait la main de Pyrrha. De là vient cette
25 dureté qui caractérise notre race ; de là sa force pour soutenir les plus rudes travaux ;
et l’homme atteste assez quelle fut son origine.
Métamorphoses, Livre I, v.379-415, Ovide
D’après une traduction adaptée de G.T. Villenave, Paris, 1806
Régine David pour le Cned
Notes :
1. oracle : parole divine, réponse d’une divinité à une personne qui la consulte
2. rompre : mettre fin au silence
3. aïeule : ancêtre ; ici, grand-mère
4. Mânes : dieux domestiques, c’est-à-dire de la maison, esprits des morts
5. sibyllines : ambiguës, obscures
6. Épiméthée : frère de Prométhée
7. esquisser : ébaucher

© Cned, Français 6e — 267


Séquence 5 — séance 4

1- Recopie la phrase de l’oracle.

2- Quel est le sens caché de « Jetez derrière vous les os de votre grand-mère. » ?

Pense à vérifier tes réponses dans le corrigé.

3- Surligne le passage du texte qui évoque une métamorphose.

4- Complète les pointillés du tableau suivant, grâce à des relevés dans le texte.

État initial verbes État final


Ces pierres - ......................................... - .........................................
- ......................................... - .........................................
- .........................................
- .........................................
- .........................................
- ......................................... - .........................................
- ......................................... - .........................................
Les éléments humides et
terrestres de ces pierres - ......................................... - .........................................
Les parties les plus solides - .........................................
- .........................................

La veine - ......................................... - .........................................


- .........................................
5- Quelle caractéristique l’être humain a-t-il conservé de la pierre ? Barre les deux réponses
inappropriées.

L’homme en a conservé - la couleur, - la dureté, - la froideur.

Regarde les réponses du corrigé avant de terminer.

6- Complète le résumé suivant.


Les récits mythologiques expliquent comment le monde s’est repeuplé après une
catastrophe. Selon Ovide, c’est une m…………………………. qui est à l’origine
du repeuplement. Les hommes seraient donc issus de m………………… dont ils
conservent un élément de leur ancien état : la d………………….. .

B L’origine des saisons


1- Une œuvre vivante.

Dans l’Antiquité, les hommes ne savaient pas que l’axe de rotation imaginaire autour duquel
tourne la terre était oblique et que cette obliquité était à l’origine des saisons. Ils ont donc proposé
une autre explication, moins scientifique et qui, en dépit de sa sauvagerie, dévoile des caractères
humains !
Observe d’abord cette magnifique statue du Bernin dont tu as déjà pu admirer Apollon et
Daphné. Lis soigneusement le nom de cette œuvre.

268 — © Cned, Français 6e


séance 4 — Séquence 5


Le rapt de Proserpine (détail), Le Bernin, 1621-1622
Le rapt de Proserpine, Le Bernin, 1621-1622
Galerie Borghèse, Rome
© Galerie Borghèse, Rome © RMN / Mauro Magliaris
© RMN / Mauro Magliaris

a) Quelle impression cette statue dégage-t-elle ?


Coche la réponse qui te paraît appropriée.
® de la douceur ® de l’élégance ® de la violence

b) Quels sentiments semblent animer Proserpine ? Entoure les mots qui te semblent
convenir. Utilise le dictionnaire, si besoin.
terreur - désarroi - ravissement - sérénité - agressivité - effroi - paix

c) Propose un synonyme de « rapt » qui vient du verbe latin rapio : capturer, enlever, en
retrouvant l’ordre des lettres : ETENVENLÈM.

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de poursuivre.


d) Le texte ci-dessous contient des mots (nous les avons soulignés) dont les lettres ont
été mélangées : retrouve le bon ordre pour comprendre la lecture de la sculpture du
Bernin.
Coup de pouce : la première lettre t’est donnée !
Cette sculpture met en scène Pluton (Hadès en grec), dieu des efrens, accompagné
de son chine à trois têtes, Cerbère, et Proserpine (Perséphone en grec), fille de la
déesse des moissons, Cérès (Déméter chez les Grecs).
L’artiste a choisi de nous montrer l’enmèvlente de la jeune femme par le souverain
des enfers. En effet, ce dernier se sentait seul dans son royaume et scrutait la surface
de la terre quand il aperçut la fille de Cérès qu’il trouva canharmet. Décidant de la
ravir, il fit surgir son char attelé de chevaux noirs près d’elle et la saisit dans ses
bras.

© Cned, Français 6e — 269


Séquence 5 — séance 4

Tiférere, Proserpine se datéb, la tête rejetée sur le côté, le visage tendu dans un
appel désespéré, et essaie de rouspeser son agresseur de la main gauche. Ses gestes
n’en demeurent pas moins gicâxeur. Pourtant, Pluton n’en est pas affecté : la jambe
gauche tendue vers l’avant, il poursuit résolument sa mechar. Sa tête, seule, est
légèrement inclinée. Les deux lignes ceborus que dessinent les corps témoignent de
la letut entre les deux personnages que tout ospope.
Sur le corps lisse de la jeune femme, la pression qu’exerce le dieu des enfers laisse
des traces. Les dsigot de Pluton s’enfoncent et serrent la chair délicate de la jeune
déesse.
La construction qui s’élève en spirale, telle une tornade, contribue à son dynamisme
et renforce le drame qui se joue. D’ailleurs, si tu t’approches, tu verras que des larmes
coulent sur la joue de Proserpine …
Cette statue est un chef-d’œuvre !
Régine David pour le Cned
Proserpine gagne donc le royaume des morts. Sa mère, Cérès, l’appelle. Mais personne ne répond
à ses longs appels anxieux. Désespérée, Cérès, part à sa recherche, délaisse ses fonctions : la terre
devient stérile ; la famine guette.
2- Un compromis pour explication.
Lors de sa quête, Cérès rencontre Cyané, une nymphe de Sicile, qui l’informe que Proserpine est
devenue la puissante épouse du maître des enfers.
1 [Cérès] monte sur son char, qui l’emporte au céleste séjour, et s’arrêtant devant
Jupiter, le visage baigné de larmes, les cheveux épars1 : « Souverain des dieux, dit-
elle, je viens t’implorer pour mon sang et pour le tien. Si tu n’as point pitié d’une
mère, que du moins ma fille puisse toucher le cœur de son père. Ne la punis point
5 de me devoir le jour. Je la retrouve enfin cette fille que j’ai si longtemps cherchée,
si pourtant c’est la retrouver que d’être plus certaine de l’avoir perdue ! si c’est la
retrouver que de savoir où elle est ! Je puis pardonner à Pluton, pourvu qu’il me la
rende. Ta fille, car, hélas ! elle n’est plus à moi ; ta fille ne peut être la proie d’un
ravisseur ».
10 Jupiter lui répond : « Proserpine est le gage de notre amour […] Mais […] l’action
de Pluton est, non pas un outrage2, mais un excès d’amour. Si vous consentez à son
hymen3, un gendre tel que lui ne saurait nous faire rougir. Sans parler de ses autres
avantages, n’est-ce pas assez pour lui d’être frère de Jupiter ? […] Si cependant vous
persistez à vouloir arracher votre fille de ses bras, elle peut encore vous être rendue,
15 pourvu qu’elle n’ait goûté à aucun fruit dans les Enfers. Tel est l’arrêt des Parques4
inflexibles. »
Ascalaphus (V, 533-550)
Il dit, et Cérès croit déjà ramener sa fille de l’empire des morts ; mais les Destins
s’opposent à ses vœux. La jeune déesse a déjà manqué aux conditions prescrites.
20 Tandis qu’elle erre à l’aventure dans les jardins de Pluton, elle cueille une grenade,
en tire sept grains, et les porte à sa bouche. Ascalaphus est seul témoin de cette action
de la déesse. […] Il a vu Proserpine, il la décèle5, et lui ôte ainsi tout espoir de retour.
La reine de l’Érèbe* gémit, et change en un vil oiseau son profane délateur6. Elle
arrose sa tête de l’eau du Phlégéthon*; et sa tête ne montre plus qu’un bec crochu,
25 des plumes, et de grands yeux. Il se dépouille de sa forme naturelle ; il s’élève
nonchalamment7 sur des ailes jaunâtres. Sa tête grossit, ses ongles s’allongent et se
recourbent. Il agite pesamment le plumage qui couvre ses bras engourdis. Hideux
hibou, oiseau des ténèbres, il n’annonce que des malheurs. […]

270 — © Cned, Français 6e


séance 4 — Séquence 5

Les Sirènes (V, 551-571)


30 Ascalaphus8 peut paraître avoir mérité ce prix de son indiscrétion. Mais vous,
filles d’Acheloüs, d’où vous viennent, avec un visage de vierge, ces pieds d’oiseaux
et ces ailes légères ? Serait-ce, ô doctes Sirènes, parce que vous étiez au nombre de
ses compagnes, lorsqu’elle cueillait les fleurs du printemps ? Après avoir vainement
parcouru toute la terre pour retrouver la déesse, vous voulûtes la chercher sur
35 les vastes mers, et vous implorâtes des ailes. Vous éprouvâtes des dieux faciles.
Ils exaucèrent vos vœux ; et, pour conserver vos chants, dont la mélodie charme
l’oreille, ils vous laissèrent les traits et le langage des humains.
Cependant, arbitre équitable des différends9 de Pluton et de Cérès, Jupiter entre elle
et lui veut partager l’année. Il ordonne que Proserpine prenant place tour à tour parmi
40 les divinités des deux empires, accorde six mois à sa mère, et six mois à son époux.
Alors le calme renaît dans l’âme de Cérès, et son visage a repris son auguste sérénité.
Son front, qui eût pu paraître nébuleux même au sombre monarque des enfers, s’est
éclairci, pareil à l’astre du jour qui sort vainqueur des nuages qui le cachaient.
Métamorphoses, Livre V, v.509-571, Ovide
D’après une traduction adaptée de G.T. Villenave, Paris, 1806
Régine David pour le Cned
Notes :
1. épars : flottants et en désordre
2. outrage : affront, offense grave
3. hymen : mariage
4. Parques : Ce sont les trois tisseuses des vies humaines. Clotho dévide le fil de la vie, Lachésis l’enroule sur le
fuseau, Atropos le coupe.
5. déceler : découvrir, mettre à jour ce qui était caché
6. délateur : dénonciateur
7. nonchalamment : avec indolence, mollesse ; sans entrain
8. Ascalaphos signifie hibou en grec
9. différends : querelles
* fleuves infernaux

As-tu bien lu ?
a) Coche la réponse qui te paraît juste parmi les trois propositions.
• Proserpine est devenue l’épouse ® de Jupiter ® d’Ascalaphus ® de Pluton.
• Cérès, sa mère, pour récupérer sa fille, demande l’aide
® de Pluton, / ® d’Ascalaphus, / ® de Jupiter.
• Proserpine ne peut pas regagner le monde des vivants parce qu’elle a mangé sept
pépins ® de grenade ® de pomme ® de raisin.
• Elle métamorphose Ascalaphus, qui l’a vue, en ® aigle ® hibou ® corbeau.
• Les sirènes, rencontrées dans l’Odyssée, ont été métamorphosées
® parce qu’elles ont aidé Pluton à enlever Proserpine,
® parce qu’elles ont mangé de la chair fraîche,
® parce qu’elles ont souhaité des ailes pour retrouver Proserpine.

© Cned, Français 6e — 271


Séquence 5 — séance 4

• Pour satisfaire à la fois Cérès et Pluton, Jupiter ordonne que Proserpine passe
® un an auprès de son époux et l’année suivante auprès de sa mère,
® six mois avec son époux et six mois avec sa mère,
® un jour sur deux avec son époux et l’autre avec sa mère.

Après vérification, tes réponses sont justes : bravo !

b) Complète le texte suivant avec les saisons qui conviennent.

Ainsi, les Grecs expliquaient-ils les saisons. Lorsque Perséphone-Proserpine


descendait dans le royaume souterrain, auprès de son époux, la tristesse de sa
mère gagnait la nature. Ainsi, la sève cessait de nourrir la végétation : c’était
…………………….... Lorsque la douleur de Déméter-Cérès était extrême, il
gelait : c’était ………………... Enfin, quand Perséphone-Proserpine regagnait la
terre et retrouvait sa mère, la joie régnait, la nature retrouvait ses couleurs : c’était
………………….. Le plaisir partagé du temps passé ensemble ravissait la déesse
des moissons et la végétation en était le témoin : c’était …………... Et le cycle
recommençait…
Régine DAVID pour le Cned

Vérifie tes réponses dans le corrigé. Puis lis et mémorise le Je retiens suivant.

j e retiens Des mythes pour expliquer le monde


Les mythes –du grec : muthos, « parole inventée », nous racontent des histoires
extraordinaires. Toutefois, ils proposent souvent une explication sur l’origine des
phénomènes naturels et des êtres. On dit alors qu’ils ont une fonction explicative (ou
étiologique : du grec aïtia, la cause). C’est le cas de l’enlèvement de Proserpine par
Pluton, à l’origine de l’alternance des saisons.
Les mythes expliquent donc le pourquoi et le comment à la fois des grands mystères de
l’univers mais répondent aussi à d’autres interrogations, comme l’origine du laurier, du
cygne, de l’anémone …

272 — © Cned, Français 6e


séance 5 — Séquence 5

Séance 5
Analyser les rapports humains et divins
à travers des récits de métamorphoses
Prends ton cahier de français. Sur une nouvelle page, écris en rouge le numéro et le titre de cette
séance.
Dans la séance précédente, nous avons étudié la naissance de l’homme, selon la mythologie gréco-
romaine. Ovide, par le portrait qu’il en brosse, montre combien l’homme est un être unique. Les
qualités que Prométhée lui a données en font un animal supérieur. Or, cette supériorité invite
souvent l’homme à oublier qu’il doit rester humble. Il cherche alors à égaler les dieux. Mal lui en
prend ! Cette démesure entraîne nécessairement une punition…

A Un texte littéraire comme œuvre picturale


Arachné, jeune femme de Lydie*, possède d’étonnantes qualités en broderie, au point qu’elle se
vante d’être la meilleure, surpassant même les dieux. Un jour, Minerve (Pallas Athéna chez les
Grecs), protectrice des artisans et des brodeuses, décide de la mettre en garde contre son orgueil.
Pour cela, elle apparaît sous la forme d’une vieille femme à Arachné, dans l’espoir de la ramener
à la raison. Comme cette dernière ne respecte pas son aînée, Pallas dévoile son vrai visage. Mais
Arachné persiste dans son orgueil et défie la déesse.
*Lydie : région d’Asie Mineure, actuelle Turquie
Écoute la lecture de ce texte à la piste 13 de ton CD.
Rencontre entre Pallas et Arachné
1 La fille de Jupiter accepte le défi ; et renonçant à donner des conseils inutiles, elle
s’apprête à disputer le prix. Aussitôt l’une et l’autre se placent de différents côtés.
Elles étendent la chaîne de leurs toiles, et l’attachent au métier1. Un roseau sépare les
fils. Entre les fils court la navette agile. Le peigne les rassemble sous ses dents, et les
5 frappe, et les resserre. Les deux rivales hâtent leur ouvrage. (…)
Dans leurs riches tissus, elles emploient les couleurs que Tyr2 a préparées ; elles
unissent et varient avec art leurs nuances légères. (…) Sous leurs doigts, de longs fils
d’or s’unissent à la laine, et sur leurs tissus, elles représentent des faits héroïques.
La tapisserie de Minerve (v. 70-102)
Pallas peint sur le sien le rocher de Mars3, et la querelle qu’elle eut avec Neptune
10 sur le nom que porterait la ville de Cécrops. Les douze grands dieux sont assis sur des
trônes élevés ; ils brillent de tout l’éclat de l’immortalité. Leurs traits indiquent leur
rang et leur grandeur. Au milieu d’eux, Jupiter porte sur son front la majesté suprême
du monarque de l’univers. Neptune est debout. Il frappe le rocher de son trident, et de
ses flancs ouverts s’élance un coursier vigoureux. C’est par ce prodige qu’il prétend
15 au droit de nommer cette antique contrée. La déesse se peint elle-même, armée de sa
lance et de son bouclier. Le casque brille sur sa tête, et la redoutable égide4 couvre
son sein. De sa lance elle frappe la terre, qui soudain produit un olivier riche de son
feuillage et de ses fruits. Les dieux admirent ; et Pallas, par sa victoire, termine la
dispute, et couronne son travail.

© Cned, Français 6e — 273


Séquence 5 — séance 5

20 Mais afin que sa rivale apprenne, par l’exemple, ce qu’elle doit attendre de son
audace insensée, elle représente dans les angles de son tissu quatre combats pareils.
Les figures sont beaucoup moins grandes ; mais elles ont toutes le caractère qui leur
est propre, et l’œil les distingue facilement.
Ici la déesse peint Hémus, roi de Thrace, et Rhodope, son épouse, qui, dans leur
25 fol orgueil, osèrent prendre les noms de Jupiter et de Junon. Autrefois souverains,
ils sont aujourd’hui deux monts couronnés de frimas5. Là, elle représente le destin
déplorable de la reine des Pygmées6. Elle avait osé défier l’épouse du maître des
dieux. Changée en grue7, elle est condamnée à faire la guerre à ses sujets. Plus loin,
elle trace l’aventure d’Antigoné8, qui avait eu l’audace de se comparer à Junon. Ni les
30 murs d’Ilion, ni Laomédon, son père, ne purent la garantir du courroux de la déesse ;
et, changée en cigogne, elle est encore vaine de la blancheur de son plumage. Dans le
dernier coin du tissu on voit le malheureux Cyniras9 embrassant, dans les marches
d’un temple, ses filles, ainsi métamorphosées par Junon. Il est étendu sur le marbre,
et semble le baigner de ses pleurs.
35 Minerve borde enfin ce tissu de rameaux d’olivier. Tel est son ouvrage : elle le
termine par l’arbre qui lui est consacré.
La tapisserie d’Arachné (v. 103-128)
Arachné peint sur sa toile Europe enlevée par Jupiter. L’œil croit voir un taureau
vivant, une mer véritable. La fille d’Agénor semble regarder le rivage qui fuit ; elle
semble appeler ses compagnes, et craindre de toucher, d’un pied timide, le flot qui
40 blanchit, gronde, et rejaillit à ses côtés.
Elle peint Astérié10 résistant, mais en vain, à l’aigle qui cache Jupiter ; Léda,
qui, sous l’aile d’un cygne, repose dans les bras de ce dieu ; ce dieu, qui, sous les
traits d’un satyre11, triomphe de la belle Nyctéide12 et la rend mère de deux enfants ;
qui trompe Alcmène sous les traits d’Amphitryon ; qui devient or avec Danaé,
45 flamme avec Égine, berger pour Mnémosyne, et qui, serpent, rampe et se glisse aux
pieds de la fille de Déo13. Et toi, Neptune, aussi, elle te peint auprès de la fille d’Éole,
sous les traits d’un taureau. Tu plais à la mère des Aloïdes, sous la figure du fleuve
Énipée14 ; faux bélier, tu trompes Bisaltis15 ; coursier fougueux, tu triomphes de la
déesse des moissons ; mère du cheval ailé, Méduse, aux cheveux de serpent, t’aime
50 sous la forme d’un oiseau, et Mélantho16, sous celle d’un dauphin.
Elle donne aux personnages, elle donne aux lieux les traits qui leur conviennent.
On voit Apollon prendre un habit champêtre, ou le plumage d’un vautour, ou la
longue crinière d’un lion ; enfin, sous les traits d’un berger, il séduit Issé, fille de
Macarée. Arachné n’a point oublié Érigone abusée, qui presse Bacchus caché dans
55 un raisin ; ni Saturne, qui bondit en coursier près de Phylire, et fait naître le centaure
Chiron. L’ouvrage est achevé ; la toile est ornée d’une riche bordure, où serpente en
festons17 légers le lierre18 entrelacé de fleurs.
La métamorphose d’Arachné (v. 129-145)
Pallas et l’Envie n’y pourraient rien reprendre. La déesse, qu’irrite le succès
de sa rivale, déchire cette toile, où sont si bien représentées les faiblesses des dieux ;
60 et de la navette que tient encore sa main, elle attaque Arachné, et trois fois la frappe
au visage. L’infortunée ne peut endurer cet affront ; dans son désespoir, elle court, se
suspend, et cherche à s’étrangler. Pallas, légèrement émue, et la soutenant en l’air :
« Vis, lui dit-elle, malheureuse ! Vis ; mais néanmoins sois toujours suspendue.
N’espère pas que ton sort puisse changer. Tu transmettras d’âge en âge ton châtiment
65 à la postérité. »

274 — © Cned, Français 6e


séance 5 — Séquence 5

Elle dit, et s’éloigne, après avoir répandu sur elle le suc19 d’une herbe empoisonnée.
Atteints de cet affreux poison, ses cheveux tombent, ses traits s’effacent, sa tête et
toutes les parties de son corps se resserrent. Ses doigts amincis s’attachent à ses
flancs. Fileuse araignée, elle exerce encore son premier talent, et tire du ventre
70 arrondi qui remplace son corps les fils déliés dont elle ourdit20 sa toile.
Métamorphoses, Livre VI, v .26-145, Ovide
D’après une traduction adaptée de G.T. Villenave, Paris, 1806
Régine David pour le Cned
Notes :
1. métier : métier à tisser, ici.
2. Tyr : ville de Phénicie, actuel Liban.
3. Mars : Arès chez les Grecs, dieu de la guerre offensive ; la colline d’Arès appelée Aréopage, près de l’Acropole
d’Athènes, a abrité le premier tribunal des dieux.
4. égide : peau de la chèvre Amalthée confiée à Zeus pour combattre les Titans puis à Athéna ; bouclier
quelquefois
5. frimas : brouillard froid et épais qui se cristallise en tombant et forme du givre.
6. Les Pygmées étaient un peuple de nains, qui vivait en Afrique. La légende rapporte qu’une jeune fille, Oenoé
(ou Gérana), très belle mais hautaine, était née chez les Pygmées et avait épousé l’un d’eux, dont elle eut un fils.
Comme elle méprisait les dieux, Héra la prit en haine et la métamorphosa en grue. Oenoé voulait continuellement
reprendre son fils aux Pygmées, mais ceux-ci, qui ne la reconnaissaient pas, la chassaient avec des cris et des traits.
De là serait née la légende de l’hostilité systématique entre les grues et les Pygmées.
7. grue : oiseau échassier
8. Antigoné : Troyenne, fille de Laomédon, un roi de Troie, père de Priam. Elle se vantait d’avoir de plus beaux
cheveux qu’Héra, qui se vengea en transformant ses cheveux en serpents et en la métamorphosant en cigogne.
9. Cinyras : Roi d’Assyrie, qui fut le 1er roi de Chypre. D’après la légende, ses filles avaient osé se prétendre
supérieures à Héra, qui les aurait alors transformées en degrés de marbre pour son temple.
10. Astérié : fille du Titan Coéos et de Phoébé et donc aussi la sœur de Léto (Latone), changée en caille pour
échapper à la poursuite de Jupiter, déguisé en aigle, elle se jeta dans la mer où elle devint l’île d’Ortygie (« L’île
aux Cailles »), la future Délos.
11. satyre : divinité terrestre, compagnon de Dionysos ou Bacchus, représenté avec un corps d’homme, des cornes
et des membres inférieurs de bouc ou des oreilles et une queue de cheval.
12. Nyctéide : Il s’agit d’Antiopé, fille de Nyctée, roi de Thèbes. Séduite par Jupiter déguisé en satyre, elle mit au
monde les jumeaux Amphion et Zéthos, dont plusieurs éléments de la légende renvoient au récit, légendaire lui
aussi, des jumeaux fondateurs de Rome, Romulus et Rémus.
13. fille de Déo : Il s’agit de Perséphone (Corè-Proserpine), fille de Jupiter et Déméter (ou Cérès, parfois appelée
Déo chez Ovide). Une légende présente Perséphone séduite par Jupiter déguisé en serpent, mais elle est moins
répandue que celle du rapt de Perséphone par Hadès-Pluton.
14. Énipée : fleuve de Thessalie, dont Neptune emprunta les traits pour séduire Iphimédie, l’épouse d’Aloeus.
Cette dernière conçut ainsi de Neptune Otus et Éphialtès, appelés les Aloïdes (ou Aloades), sortes de géants
impliqués dans l’entassement du Pélion et de l’Ossa.
15. Bisaltis : La fille de Bisaltis de Thrace est Théophané. Poséidon, épris d’elle, l’enleva pour la soustraire à ses
nombreux prétendants, et la transforma en une magnifique brebis. Lui-même, mué en bélier, s’unit à elle et ainsi
naquit Chrysomallos, le fameux bélier qui transporta Phryxos et Hellè, et dont la Toison d’or devait être conquise
par Jason.
16. Mélantho : fille de Deucalion. Neptune se serait présenté à elle sous l’aspect d’un dauphin et elle aurait conçu
de cette rencontre un fils, Delphos, héros éponyme de Delphes.
17. festons : broderie en forme d’arcs accolés.
18. lierre : Arachné borde sa tapisserie avec des entrelacs de fleurs et de lierre, un des emblèmes de Dionysos,
comme Minerve avait entouré la sienne de rameaux d’olivier.
19. suc : liquide nourricier des plantes.
20. ourdir : tisser.

As-tu bien compris ?

© Cned, Français 6e — 275


Séquence 5 — séance 5

1- Voici un résumé de cette histoire. Retrouves-en l’ordre, en reportant la lettre qui convient
dans la colonne de droite. Le début et la fin te sont donnés.

Aux angles de son ouvrage, elle tisse quatre scènes d’humains punis par les
A dieux pour les avoir défiés et achève l’ensemble par une bordure de rameaux F
d’olivier.
Aussi Pallas révèle son identité à Arachné. Mais cette dernière ne renonce pas et
B
défie la déesse.
Arachné est métamorphosée en araignée : ainsi pourra-t-elle continuer à
C
exercer son talent !
D La tapisserie d’Arachné est une pure merveille !
Elle fait un large sort à Jupiter qui est le maître incontesté de la métamorphose
E
pour parvenir à ses fins.
Pallas a appris qu’une jeune Lydienne nommée Arachné se vantait de surpasser
F
même les dieux dans l’art du tissage.
Arachné, quant à elle, met en avant les tromperies des dieux pour séduire les
G
mortelles.
H Toutes deux se mettent à l’ouvrage avec agilité et ferveur.
I Mais Pallas ne peut supporter l’audace d’Arachné et la frappe de sa navette.
Elle prend alors l’apparence d’une vieille femme pour approcher Arachné et se
J
rend compte de l’arrogance de la jeune femme.
La déesse aux yeux pers peint sa victoire sur Poséidon en faisant surgir l’olivier,
K
symbole de prospérité et de paix.
L Arachné, humiliée par le geste de la déesse, cherche à se pendre.
Alors que la jeune femme est déjà suspendue à une corde, Pallas lui inflige un
M
autre châtiment que la mort.
O Elle termine son œuvre par un entrelacs de feuilles de lierre et de fleurs.
La fille de Zeus met en scène les dieux et peint même la querelle qui l’a opposée
P au dieu des mers afin de savoir lequel des deux donnerait son nom à la nouvelle
ville de Cécrops.
Q La Lydienne n’oublie cependant pas Neptune, Apollon et Bacchus. C
Retrouve le bon ordre dans le corrigé.
2- La métamorphose d’Arachné.
a) Surligne le passage de la métamorphose d’Arachné en araignée dans l’extrait.
Vérifie que tu as bien délimité le passage dans le corrigé.
b) Dans le même extrait, souligne cinq verbes qui indiquent cette transformation.
c) Pour quelle raison la déesse décide-t-elle de métamorphoser Arachné ?
d) Exercice d’écriture.
Imagine que Pallas, prise de remords, revient sur ses pas et rend son apparence à Arachné.
Utilise des antonymes des verbes soulignés (question b) ; reporte-toi au vocabulaire étudié
dans la séance 3, si besoin.
Atteints par l’antidote, ses cheveux ……………………., ses traits…………
………………………, sa tête et toutes les parties de son corps ………………………..
Ses doigts charnus ………………………….. de ses hanches. Elle tire de ses mains
le fil qu’elle fait courir sur le métier avec sa navette et qu’elle ajuste avec son
peigne.
Vérifie tes réponses dans le corrigé. Puis lis et mémorise le Je retiens suivant.

276 — © Cned, Français 6e


séance 5 — Séquence 5

j e retiens La signification des récits de métamorphoses


Les Métamorphoses d’Ovide sont des récits fabuleux qui mettent en scène les hommes et
les dieux.
Ces récits ont plusieurs fonctions :
• une fonction explicative : ils expliquent un phénomène.
Ex. : le repeuplement de la terre – Deucalion et Pyrrha, l’origine d’une espèce animale
– les paysans de Lycie ont été métamorphosés en grenouilles ; Arachné l’a été en
araignée…
• une fonction morale : ils donnent une leçon de morale au lecteur.
Ex. : le héros est orgueilleux et rivalise avec les dieux (comme Arachné avec Pallas) ou il
commet une faute. Ainsi, il est puni.

3- Une toile et un tableau.

a) Entre les lignes 36 à 48, relève un verbe répété trois fois, qui établit un lien entre la
toile d’Arachné et un tableau. Complète les phrases qui suivent.

Le verbe répété trois fois est le verbe « _ _ _ _ _». Aussi peut-on comparer la toile
– tapisserie, d’Arachné à une toile – peinture, tant son art atteint la perfection. La vue
est sollicitée puisque l’o_ _ _ croit v_ _ _. La scène est si réaliste qu’elle semble v_ _ _
_ _ _. Le texte joue sur l’illusion visuelle : il décrit les scènes d’une manière si vive et si
précise que le lecteur doit croire qu’il voit réellement ce qu’on lui décrit. Ce procédé
est souvent utilisé en littérature.

b) Retrouve les différentes métamorphoses auxquelles Jupiter a recours pour séduire les
mortelles énumérées aux lignes 40 à 57. Complète par le mot qui convient les articles
parus dans Radio Olympe.

Encore un scandale qui énerve Junon ! À qui le tour !

Jupiter a trompé à nouveau Junon !


Il a osé se métamorphoser en Cette fois c’est la Titanide Astérie qui a vu
……………………………………. apparaître devant elle un ………………………
pour séduire Europe. majestueux.
Il aurait emmené la jolie jeune femme en Junon va être furieuse de constater la nouvelle
Crète. supercherie de son mari.
Son frère Cadmos est parti à sa recherche !

© Cned, Français 6e — 277


Séquence 5 — séance 5

Une ......................,
voyez-vous ça !
Quelle horreur !
Aucune tour n’est assez haute, ni aucun
Antiope, fille du roi de Thèbes a vu surgir un barreau infranchissable pour le souverain de
…………………… : Jupiter aurait pu être plus l’Olympe !
délicat !
Sa femme s’imagine-t-elle qu’il tombe en
pluie d’or pour séduire Danaé, enfermée par
son père.
Vil reptile !
Décidément, « l’histoire se répète » !
La pauvre Proserpine a encore été le jouet
des dieux. Jupiter lui-même aurait choisi le
Quelle imagination ! ……………… pour se glisser auprès de la jeune
fille.
On ne fait pas d’omelette sans casser des
œufs ! Léda a donné naissance à quatre Cérès va ordonner un hiver éternel, cette fois.
enfants issus de deux énormes œufs après
que le maître de l’Olympe lui a rendu visite,
métamorphosé en ………………………………

Par Hercule !
Jupiter est prêt à tout pour parvenir à
Une déesse pour mémoire ! son but. Alcmène aime Amphitryon. Il
C’est sous les traits d’un ……………… que attend donc que ce dernier soit parti à la
Jupiter a choisi de charmer Mnémosyne. Il a guerre pour revêtir son ...................... afin
même recours aux apparences humaines. qu’Alcmène ne le repousse pas !
Où va-t-on ?
Jupiter déclare sa ……………. ..................................................................
Son côté brûlant n’est qu’un subterfuge pour ..................................................................
séduire l’innocente Égine.
..................................................................
Jupiter devrait surveiller ses ardeurs ! ..................................................................

Vérifie tes réponses dans le corrigé.

c) À toi de jouer : Invente une métamorphose de Jupiter pour séduire Arachné puis
rédige sur ton cahier un petit article à paraître dans le journal Radio-Olympe, assorti
d’un dessin.

Lis un exemple d’article dans le corrigé.

278 — © Cned, Français 6e


séance 5 — Séquence 5

B Un tableau comme mise en scène théâtrale


Vélasquez est un grand peintre espagnol du XVIIe siècle. Peut-être connais-tu son tableau le plus
célèbre : Les Ménines1 ? Nous te proposons une lecture d’un autre de ses tableaux, très connu
également, qui met en scène l’histoire d’Arachné.

Le traitement de la légende par Vélasquez est tout à fait singulier : en effet, d’autres œuvres
donnent à voir la punition d’Arachné ; là, le peintre a choisi le moment du triomphe de la jeune
Lydienne, avant la punition !
1. Ménine : Jeune homme, jeune fille noble attaché(e) à une maison princière espagnole.

Aiguise ton regard sur ce tableau : la lecture en est multiple.


A

B Les Fileuses ou la Fable d’Arachné, Diego Velázquez, 1660, Madrid © Musée du Prado C

1- Analyse du tableau.

Réponds aux questions suivantes par une phrase complète.


a) - Au premier plan, combien de femmes vois-tu dans le triangle ABC ?
- Que font-elles ?
- Sur la droite, côté [AC] du triangle, une femme est éclairée : qui peut-elle être ?
- Sur la gauche, côté [AB] du triangle, on peut supposer que la femme qui actionne le
rouet cache sa véritable identité sous un voile, qui peut-elle être ?
- Pourquoi ces deux femmes ne se regardent-elles pas ?
- Quels éléments du décor, en dehors du triangle, rappellent le théâtre ?

© Cned, Français 6e — 279


Séquence 5 — séance 5

b) - Au second plan, quel personnage la médiane met-elle en valeur ?


- À sa gauche, une femme porte une armure : qui est-elle ?
- Quelle est l’attitude de cette dernière ?
- À ton avis, que va-t-il arriver à la jeune femme que la médiane met en valeur ?
c) Au fond, que vois-tu sur le mur ?

N’oublie pas de vérifier tes réponses dans le corrigé avant de poursuivre.


2- Synthèse.
Lis maintenant soigneusement la synthèse que nous te proposons puis coche les réponses
qui te paraissent appropriées parmi les trois propositions.
1 Au premier plan, trois femmes tissent : on reconnaît aisément les nombreux
instruments de tisserand : fuseau, quenouille, écheveau, pelote de fil, rouet en état de
fonctionnement – la roue tourne si vite qu’on n’en aperçoit pas les rayons.
Qui sont-elles ? Ces trois tisseuses rappellent les Parques qui tissent la vie des
5 hommes au cœur des enfers. Sont-elles en train de filer le destin d’Arachné qui se
joue au second plan ? Vélasquez a-t-il choisi de nous montrer la face cachée de la
vie des humains ? À moins que, parmi ces trois femmes, se trouvent Arachné, à
droite, tenant le dévidoir, et Pallas, à gauche, faisant tourner le rouet. Dans ce dernier
cas, le peintre a peut-être voulu mettre en avant la phase des préparatifs d’une toile,
10 qu’elle soit tapisserie ou peinture. Ainsi, du premier plan à l’œuvre tendue, au fond,
le peintre a distribué les différentes phases de l’artisanat d’une toile. Nous assistons
au cycle de la laine : de la matière brute à sa formation en pelote grâce au dévidoir,
en passant par son étirement sur le rouet. Ces instruments, comme les barreaux de
l’échelle, sont autant de degrés à gravir pour exceller dans l’art du tissage.
15 Ces trois femmes sont encadrées par deux autres : l’une, à droite, semble récupérer
ou déposer une étoffe dans une corbeille ; l’autre, à gauche, repousse un rideau rouge,
comme si elle voulait ouvrir la scène au spectateur. Ce rideau rouge rappelle celui
du théâtre. Nous serions donc dans les coulisses où s’affairent les costumières ! Ce
serait l’envers du spectacle. De plus, ces deux femmes en mouvement contrastent
20 avec l’état statique des trois fileuses, ouvrant ainsi l’espace théâtral et permettant les
entrées et sorties des acteurs.
Quant au second plan, il nous révèle la confrontation entre la déesse, à gauche,
reconnaissable à son casque, et Arachné. Pallas semble rendre son jugement par son
bras levé, dans un geste péremptoire. Trois femmes à nouveau, richement vêtues,
25 encadrent les protagonistes. L’une d’elles, cependant, a les yeux tournés vers le
spectateur et non vers le spectacle qu’elle a devant elle… Au fond de la salle, la toile
d’Arachné est tendue : Zeus scelle le destin d’Europe, en l’enlevant sur son dos de
taureau. Ainsi, se jouent plusieurs destinées…
Cette scène multiple est à déchiffrer comme un livre est à lire. L’œuvre
30 de Vélasquez témoigne du pouvoir merveilleux de l’art, recréateur de réalité et
d’illusion. Savamment travaillée, elle interroge et offre plusieurs lectures, mêlant
tissage, peinture et théâtre.
Régine David pour le Cned

280 — © Cned, Français 6e


séance 5 — Séquence 5

a) Les trois tisseuses, au premier plan, rappellent :


® les sirènes qui séduisent les hommes par leur chant mélodieux,
® les Parques qui séjournent aux enfers et tissent les destinées humaines,
® les Gorgones qui pétrifient quiconque croise leur regard.

b) Dans son tableau, Vélasquez met en valeur :


® la rébellion d’Arachné contre Pallas,
® la supériorité de la déesse,
® la beauté des femmes.

c) Le tableau de Vélasquez est une mise en abyme de / du :


® l’artisanat du tissage : les femmes au premier plan tissent la toile de l’arrière-plan,
® la destinée humaine : les Parques tissent le destin d’Arachné qui se joue au second
plan,

® théâtre dans le théâtre : Arachné et Pallas jouent la scène principale, tandis qu’au
premier plan, les costumières s’activent dans les coulisses et deux autres femmes
ouvrent l’espace théâtral au spectateur.

Vérifie tes réponses dans le corrigé puis lis et mémorise le Je retiens suivant.

j e retiens
La mise en abyme
On appelle mise en abyme toute réflexion interne d’une œuvre (un récit, une peinture,
une pièce de théâtre) qui entraîne une lecture plurielle et multiplie les effets de sens.
On parle de « texte dans le texte », de « théâtre dans le théâtre », de « tableau dans le
tableau ». Imagine-toi des poupées russes.

Ex. : Vélasquez peint une tapisserie dans son tableau qui met en scène un concours de
tapisserie entre Pallas et Arachné dont le premier plan représente des fileuses. Cette
lecture triple est annoncée par le titre de l’œuvre, Les fileuses ou la Fable d’Arachné. Il joue
de plus sur la mise en scène de l’histoire d’Arachné dans un décor de théâtre.

© Cned, Français 6e — 281


Séquence 5 — séance 6

Séance 6
Maîtriser et utiliser des outils de la langue
au service de l’écriture de métamorphoses
Prends ton cahier de français. Sur une nouvelle page, écris en rouge le numéro et le titre de cette
séance.
Dans la séance précédente, nous avons étudié la punition d’Arachné. Elle n’est pas la seule à avoir
été punie par les dieux.
Diane, la sœur jumelle d’Apollon, parcourt sans relâche la nature sauvage, munie d’un carquois,
d’un arc et de flèches, la tête parfois ornée d’un croissant de lune. Incarnant la liberté, elle est
accompagnée de nymphes. Elle protège les Amazones, femmes guerrières, qui se tiennent éloignées
des hommes. Associée à la chasse, elle ne supporte pourtant pas qu’on massacre des bêtes sauvages
pour le plaisir. Or, c’est à ce carnage que vient de se livrer Actéon, avec ses compagnons et sa
meute. Actéon erre dans le vallon où Diane a son refuge. Il arrive, alors qu’elle prend son bain au
milieu de ses compagnes …

A Une déesse farouche


1- Encore une punition.
a) Lis soigneusement l’extrait suivant et surligne le passage qui évoque une
métamorphose.
1 Tandis que Diane se baigne dans la fontaine de Gargaphie, Actéon errant d’un pas
incertain dans ce bocage qui lui est inconnu, arrive dans l’enceinte sacrée, entraîné
par le destin qui le conduit. À peine est-il entré dans la grotte où coule une onde1
fugitive, que les nymphes l’apercevant, frémissent de paraître nues, frappent leur sein,
5 font retentir la forêt de leurs cris, et s’empressent autour de la déesse pour la dérober
à des yeux indiscrets. Mais, plus grande que ses compagnes, la déesse s’élevait de
toute la tête au-dessus d’elles. Tel que sur le soir un nuage se colore des feux du
soleil qui descend sur l’horizon, ou tel que brille au matin l’incarnat2 de l’aurore
naissante, tel a rougi le teint de Diane exposée sans voiles aux regards d’un mortel.
10 Quoique ses compagnes se soient rangées en cercle autour d’elles, elle détourne son
auguste visage. Que n’a-t-elle à la main et son arc et ses traits rapides ! À leur défaut
elle s’arme de l’onde qui coule sous ses yeux; et jetant au front d’Actéon cette onde
vengeresse, elle prononce ces mots, présages d’un malheur prochain :
« Va maintenant, et oublie que tu as vu Diane dans le bain. Si tu le peux, j’y
15 consens. » Elle dit, et soudain sur la tête du prince s’élève un bois rameux ; son cou
s’allonge ; ses oreilles se dressent en pointe ; ses mains sont des pieds ; ses bras, des
jambes effilées ; et tout son corps se couvre d’une peau tachetée. À ces changements
rapides la déesse ajoute la crainte. Il fuit ; et dans sa course il s’étonne de sa légèreté.
À peine dans une eau limpide a-t-il vu sa nouvelle figure : « Malheureux que je
20 suis ! » voulait-il s’écrier ; mais il n’a plus de voix. Il gémit, et ce fut son langage.
De longs pleurs coulaient sur ses joues, qui n’ont plus leur forme première. Hélas !
il n’avait de l’homme conservé que la raison. Que fera cet infortuné ? Retournera-t-il
au palais de ses pères ? La honte l’en empêche. Ira-t-il se cacher dans les forêts ? La
crainte le retient. Tandis qu’il délibère, ses chiens l’ont aperçu. Mélampus, né dans
25 la Crète, et l’adroit Ichnobates, venu de Sparte, donnent par leurs abois le premier
signal. Soudain, plus rapides que le vent, tous les autres accourent. Pamphagos, et
Dorcée, et Oribasos, tous trois d’Arcadie ; le fier Nébrophonos, le cruel Théron,

282 — © Cned, Français 6e


séance 6 — Séquence 5

suivi de Lélaps ; le léger Ptérélas, Agré habile à éventer les traces du gibier; Hylée,
récemment blessé* par un sanglier farouche ; Napé, engendrée* d’un loup ; Péménis,
30 qui jadis marchait à la tête des troupeaux ; Harpyia, que suivent ses deux enfants ;
Ladon, de Sicyone, aux flancs resserrés ; et Dromas, Canaché, Sticté, Tigris, Alcé, et
Leucon, dont la blancheur égale celle de la neige ; et le noir Asbolus, et le vigoureux
Lacon ; le rapide Aello et Thoüs ; Lyciscé, et son frère le Cypriote ; Harpalos, au front
noir tacheté de blanc ; Mélanée, Lachné, au poil hérissé ; […] et tous les autres enfin
35 qu’il serait trop long de nommer.
Cette meute, emportée par l’ardeur de la proie, poursuit Actéon, et s’élance à
travers les montagnes, à travers les rochers escarpés ou sans voie. Actéon fuit,
poursuivi dans ces mêmes lieux où tant de fois il poursuivit les hôtes des forêts.
Hélas ! lui-même il fuit ses fidèles compagnons ; il voudrait leur crier : « Je suis
40 Actéon, reconnaissez votre maître ». Mais il ne peut plus faire entendre sa voix.
Cependant d’innombrables abois font résonner les airs. Mélanchétès lui fait au dos
la première blessure ; Thérodamas le mord ensuite ; Orésitrophos l’atteint à l’épaule.
Ils s’étaient élancés les derniers à sa poursuite, mais en suivant les sentiers coupés
de la montagne, ils étaient arrivés les premiers. Tandis qu’ils arrêtent le malheureux
45 Actéon, la meute arrive, fond sur lui, le déchire, et bientôt sur tout son corps il ne
reste aucune place à de nouvelles blessures. Il gémit, et les sons plaintifs qu’il fait
entendre, s’ils différent de la voix de l’homme, ne ressemblent pas non plus à celle
du cerf. Il remplit de ses cris ces lieux qu’il a tant de fois parcourus ; et, tel qu’un
suppliant, fléchissant le genou, mais ne pouvant tendre ses bras, il tourne en silence
50 autour de lui sa tête languissante.
Cependant ses compagnons, ignorant son triste destin, excitent la meute par
leurs cris accoutumés ; ils cherchent Actéon, et le croyant éloigné de ces lieux, ils
l’appellent à l’envi, et les bois retentissent de son nom. L’infortuné retourne la tête.
[…] Ses chiens l’environnent ; ils enfoncent leurs dents cruelles dans tout son corps,
55 et déchirent leur maître caché sous la forme d’un cerf. Diane enfin ne se crut vengée
que lorsque, par tant de blessures, l’affreux trépas3 eut terminé ses jours.

Notes :
1. onde : eau
2. incarnat : couleur vive entre le rose et le rouge, qui rappelle la couleur de la chair
3. trépas : mort
Métamorphoses, Livre III, v .173-252, Ovide
D’après une traduction adaptée de G.T. Villenave, Paris, 1806
Régine David pour le Cned

© Cned, Français 6e — 283


Séquence 5 — séance 6

b) Retrouve, dans la grille ci-dessous, le nom de la déesse évoquée dans cet extrait, après
avoir barré les noms des divinités de la liste suivante.
Jupiter, Junon, Apollon, Minerve, Mars, Neptune, Vulcain, Vénus, Pallas, Cérès, Pan,
Janus.

N E P T U N E X
J U N O N P A N
U M I N E R V E
P A L L A S É X
I R X D I A N E
T S X J A N U S
E X C É R È S X
R V U L C A I N

2- La métamorphose d’Actéon.
a) Complète la phrase suivante avec les noms propres qui conviennent.
Le chasseur ……………………….. est métamorphosé par la déesse ……………… parce
qu’il l’a surprise dans son bain.

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de poursuivre.


b) Entoure le dessin qui correspond à la métamorphose d’Actéon.

Pascal Derr pour le Cned

c) Lis la phrase surlignée dans le texte, puis réponds à la question suivante par une
phrase complète.
Actéon a été transformé en cerf mais la déesse lui a laissé sa raison : pourquoi est-ce
cruel de la part de la déesse ?
d) Quel procédé stylistique (comparaison, métaphore, énumération…) l’auteur utilise-t-il
lignes 25 à 35 pour présenter les chiens de la meute d’Actéon ? Complète la phrase.
Pour présenter les chiens de la meute d’Actéon, l’auteur utilise ……………………… afin
de montrer que les chiens sont ………………….., ainsi Actéon n’aura aucune possibilité
de leur échapper.
e) Quel sort Actéon subit-il ? Réponds par une phrase complète.
f) Dans les lignes 51 à 57, relève entre guillemets des expressions qui témoignent de la
mort atroce d’Actéon.

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de poursuivre.

284 — © Cned, Français 6e


séance 6 — Séquence 5

B Des outils au service du sens


1- Un peu d’orthographe au service du sens.
a) Classe dans le tableau ci-dessous les formes verbales soulignées dans le texte, comme
les exemples donnés.

Participes passés employés Participes passé employés Participes passés employés


sans auxiliaire avec l’auxiliaire « être » avec l’auxiliaire « avoir »
-Diane exposée - est-il entré - il n’avait conservé
-…………………………….. -…………………………….. -……………………………..
-……………………………...
-……………………………...
-……………………………...
-……………………………...
-……………………………..
-…………………………….
-……………………………
-……………………………

Vérifie tes réponses dans le corrigé.


b) Observe les deux participes passés marqués d’un astérisque, puis coche les réponses
appropriées.
Hylée est ® une chienne ® un chien
Napé est ® une chienne ® un chien
c) Comment le sais-tu ? Rédige une phrase complète qui indique comment tu as trouvé
les réponses précédentes.
d) Observe les deux phrases suivantes ; souligne le sujet de chacun des verbes.
Ils étaient arrivés. Ses chiens l’ont aperçu.

N’oublie pas de vérifier tes réponses dans le corrigé.


e) À quel pronom personnel de conjugaison les deux sujets soulignés appartiennent-ils ?
Coche la bonne réponse.
® 1re personne du singulier ® 1re personne du pluriel
® 2e personne du singulier ® 2e personne du pluriel
® 3e personne du singulier ® 3e personne du pluriel

Vérifie ta réponse dans le corrigé avant de poursuivre.


f) Quel auxiliaire est employé dans chacun des cas ? Complète la phrase suivante.
Dans la première phrase, c’est l’auxiliaire « …………….. » ; dans la seconde phrase,
c’est l’auxiliaire « ……………….. ».
g) Dans quel cas le participe passé s’accorde-t-il avec le sujet du verbe ? Réponds par une
phrase complète.
h) Réécris les deux phrases précédentes en remplaçant « ils » par « elles ». Souligne les
modifications apportées.

Vérifie que tu ne t’es pas trompé(e) puis lis et mémorise le Je retiens suivant.

© Cned, Français 6e — 285


Séquence 5 — séance 6

j e retiens L’accord du participe passé


1- Le participe passé employé sans auxiliaire s’accorde en genre (masculin/féminin) et en
nombre (singulier/pluriel) avec le nom qu’il complète.
Ex. : « des jambes (féminin pluriel) effilées », « une peau (féminin singulier) tachetée »,
« le poil (masculin singulier) hérissé », les flans (masculin pluriel) resserrés »
2- Le participe passé employé avec l’auxiliaire « être » s’accorde en genre et en nombre
avec le sujet du verbe.
Ex. : Ils étaient arrivés. / Elles étaient arrivées.
3- Le participe passé employé avec l’auxiliaire « avoir » ne s’accorde jamais avec le sujet
du verbe.
Ex : Ils l’ont aperçu. / Elles l’ont aperçu.
L’orthographe du participe passé permet d’obtenir des informations de genre et de
nombre sur le sujet du verbe.

i) Exercice de réécriture.
Réécris le texte suivant sur ton cahier en remplaçant « Zeus » et « le maître des dieux »
par « les déesses ». Souligne toutes les modifications que tu as apportées.
Zeus est descendu sur terre, accompagné de son fidèle compagnon, Hermès. Il voulait
mettre à l’épreuve l’hospitalité des hommes. Déguisé en mendiant, il a frappé à
plusieurs portes mais devant son aspect repoussant, les habitants ont chassé le maître
des dieux. Seul, un couple, Philémon et Baucis, ont accueilli les deux Olympiens.
En dépit de leur pauvreté, ils ont offert tout ce qu’ils possédaient. Zeus a décidé
de châtier les hommes sauf Philémon et Baucis dont le seul souhait était de rester
toujours unis. Au moment de mourir, Philémon s’est transformé en chêne et Baucis en
tilleul ; les deux arbres ont mêlé leur tronc.

Vérifie que tu as effectué les modifications adéquates dans le corrigé.


2- Un peu de grammaire au service du sens.
a) Complète chacune des phrases par le sujet qui convient : la liste t’est donnée.
Les Gorgones, Callisto, Daphné, Actéon.
- [----------------------------- devint laurier] quand Apollon la rattrapa.
- [----------------------------- semblaient endormies] quand Persée entra dans la grotte.
- [----------------------------- resta stupéfait] quand il vit Diane dans son bain.
- [----------------------------- parut féroce] quand elle fut métamorphosée en ourse.

Compare tes réponses avec celles du corrigé avant de poursuivre.


b) Dans les phrases précédentes, encadre les verbes de chaque proposition principale
(mise entre crochets).
c) Remplace « Les Gorgones » par « Méduse » et « Actéon » par « Actéon et ses
compagnons ». Écris les phrases obtenues et souligne les transformations.

Vérifie les transformations orthographiques dans le corrigé.

286 — © Cned, Français 6e


séance 6 — Séquence 5

d) À quelle classe grammaticale appartiennent « endormie » et « stupéfaits » que tu as


modifiés ? Complète la phrase. Relis la séance 6 de la séquence II, si besoin !
Ce sont des …………………………………
e) Coche l’affirmation qui te paraît vraie parmi les trois propositions.
Les verbes « sembler » et « rester » ne permettent pas les accords en genre ni en
nombre. ®
Les verbes « sembler » et « rester » permettent les accords en genre et en nombre. ®
Les verbes « sembler » et « rester » permettent les accords en genre mais pas en
nombre. ®
f) Indique, sous chaque verbe, le signe mathématique « = » quand les mots soulignés te
paraissent se rapporter à la même chose ou la même personne, « ≠ » si ce n’est pas le
cas, comme dans l’exemple.
Ex. : Daphné devient laurier quand Apollon la rattrape.
=
Baucis sera un tilleul.
.......
Actéon, métamorphosé en cerf, parut craintif.
.......
Le roi Midas a des oreilles d’âne.
.......

Vérifie tes réponses dans le corrigé puis lis et mémorise le Je retiens suivant.

j e retiens L’attribut du sujet


Après le verbe « être » ou un verbe attributif comme « demeurer, sembler, paraître,
rester … », on trouve des attributs du sujet.
Ex. : Actéon devient un cerf.
Sujet du verbe « devient » √ = ƒ attribut du sujet « Actéon »
Quand ces attributs du sujet sont des adjectifs qualificatifs, ils s’accordent en genre et
en nombre avec le sujet du verbe.
Ex. : Méduse semblait endormie. / Les Gorgones semblaient endormies.

g) À toi de jouer …
Complète les phrases suivantes par un sujet approprié.
............................... est une chasseresse : armée de son arc et de ses flèches, elle
parcourt les bois.
............................... paraissent cruels quand ils s’attaquent au gibier.
............................... sembla terrifié à la vue de sa meute.

Regarde dans le corrigé les sujets proposés.

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Séquence 5 — séance 6

h) Exercice d’écriture.

Sujet : Avant de mourir, Actéon raconte à l’un de ses chiens, qui hésite à le mordre, la
métamorphose que lui a infligée Diane.

Rédige ce récit sur ton cahier en vérifiant que tu as respecté le sujet à l’aide de la grille
suivante :

Je vérifie que : Fait À faire


j’ai employé la première personne du singulier.
j’ai précisé les changements de chaque partie
du corps.
j’ai employé au moins trois verbes attributifs.
j’ai utilisé le présent et le passé composé.
j’ai été attentif/ve aux accords des participes
passés.
j’ai soigné le vocabulaire, l’orthographe et la
construction des phrases.
Bon courage !
Lis le récit qui t’est proposé dans le corrigé.
Tu peux commencer ton exercice d’écriture ainsi :
Les oreilles aux aguets, je tremble à l’approche de ma meute : j’ai entraîné mes chiens à
mordre, à déchiqueter leur proie jusqu’à ce qu’elle rende son dernier souffle.
Je vais subir le même sort que les bêtes tuées le matin même. Mon souffle se fait plus court
lorsque je vois apparaître Asbolus, mon chien préféré, aux babines retroussées…

288 — © Cned, Français 6e


séance 7 — Séquence 5

Séance 7
Je m’évalue
Faisons ensemble le point sur ce que tu dois connaître et être capable de faire pour le devoir.
Complète maintenant le tableau de synthèse ci-dessous. Retrouve notamment, quand il le faut,
les exemples qui correspondent aux notions étudiées. Tu peux bien sûr utiliser ton cours ! N’oublie
pas ensuite de corriger tes erreurs en consultant le corrigé car il est important que ce tableau ne
comporte pas d’erreurs.
Bon courage !

Je connais Je suis capable de


• des extraits des Métamorphoses d’Ovide. • situer l’auteur : entre le ……… av. J.-C. et le
………………. ap. J.-C.
• préciser quel empereur romain régnait à
cette époque : C’est ………………………..........
• l’origine du titre de l’œuvre. • définir le mot « métamorphose » :
....................................................................
• donner un synonyme d’origine latine :
....................................................................
• le début de l’œuvre qui expose le projet • compléter la traduction du premier vers
d’Ovide. de l’incipit : « In nova fert animus mutatas dicere
formas corpora … » :

J’ai l’intention de raconter la


m……………………………………… des
f…………………. en de n……………….........……
c………………………
• le processus d’une métamorphose. • le définir : c’est le …………………….........…..
d’un état ……………………… vers un état
…………………….. par l’intermédiaire de
………………………………………….............…….
• les trois autres procédés du processus de • reconnaître ces procédés :
métamorphose selon son intention.
- Pour créer un effet de surprise, on se
contente de citer …………………………... Pour
insister sur l’état final, on ………..….
……………………………. les différentes parties
du corps sans les détailler.

- Dans d’autres cas, on peut multiplier les


…………………………………………...........……...

• le sens d’un champ lexical. • repérer les mots qui appartiennent à un


champ lexical :

Ex. : « cheveu, buste, bras, jambes, pieds »


appartiennent au champ lexical du
…………………………………….............….....…..

© Cned, Français 6e — 289


Séquence 5 — séance 7

• des verbes qui traduisent des changements • ajouter des préfixes et des suffixes pour
de forme, de couleur, de matière, de son. former ces verbes à partir des adjectifs :
Ex. : devenir noir : ………………………..
devenir grand : ………………………
devenir mou : ………………………..
• ajouter un préfixe pour trouver un
antonyme d’un verbe :
Ex. : enfler : ………………………………..
joindre : ………………………………
• l’héritage lexical des Métamorphoses. • « Un adonis » est un beau jeune homme du
nom du bel adolescent aimé par Aphrodite/
Vénus : on appelle cette figure de style
l’……………………………………. Je peux citer
deux autres exemples :
- ……………………………………….
- ……………………………………….
Je connais des adjectifs issus de personnages
des Métamorphoses :
- Arachné : …………………………..
- Prométhée : ……………………….
- Protée : ……………………………..
• la signification des récits de • qualifier cette signification :
métamorphoses. Le mythe des paysans de Lycie transformés
en grenouilles a à la fois une signification
e………………………. et une signification
m……………………………...
• le procédé de mise en abyme. • l’identifier : il ressemble à la technique des
p…………………. r………………. : on parle de
texte dans le …………………, de tableau dans
le ………………………..., de théâtre dans le
……………………………..
• citer un exemple : ……….........………………..
………………………………………….............……..
• des outils de la langue grammaticaux et • analyser un attribut du sujet : Souligne
orthographiques. l’attribut du sujet dans les deux phrases
suivantes : Cygnus devient un cygne.
Actéon est un cerf.
• énoncer correctement les règles d’accords
des participes passés employés sans auxiliaire,
avec l’auxiliaire « être », avec l’auxiliaire
« avoir » et de les appliquer.
- le participe passé employé sans auxiliaire
……………….............……………............……….
…………………………………………............……..
- le participe passé employé avec l’auxiliaire
« être » ………................………..........………….
…………………………………….............…………..
- le participe passé employé avec l’auxiliaire
« avoir » ……...........……...............……………...
……………………………………..............………….
Narcisse, lass…………., se laisse mourir.
Proserpine, la fille de Cérès, a été enlev…
par Pluton, le dieu des enfers.
Deucalion et Pyrrha ont jet…….. les os de leur
mère par-dessus leurs épaules.

290 — © Cned, Français 6e


séance 7 — Séquence 5

• des mots latins transparents. • trouver des mots dérivés :


- sidera : ......................................................
- tellus : . .....................................................
- mentis : .....................................................
- divine : ......................................................

• des métamorphoses végétales. • en nommer quelques-unes :


...................................................................
...................................................................
...................................................................

• des métamorphoses animales. • en nommer quelques-unes :


...................................................................
...................................................................
...................................................................

• des métamorphoses minérales. • en nommer quelques-unes :


...................................................................
...................................................................
...................................................................

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