Vous êtes sur la page 1sur 5

Proposition de LL “DEMAIN DES L’AUBE” in Les Contemplations, Victor HUGO

[Pistes de réflexion pour réaliser sa propre LL, suite à la discussion en classe : (1) autour de la
simplicité extrême de l’écriture hugolienne, la pauvreté des mots → visible et sensible notamment à travers
l’adjectif “triste” au vers 8 → adjectif ordinaire s’il en est, qui assume ici toute sa charge caractérisante →
VH choisit le terme le plus simple pour dire le plus profond désespoir, la douleur incoercible où il est (?). (2)
Une écriture de la consolation ou de la “déconsolation” (?). Idée en tout cas d’une douleur inconsolable qui
contenue dans l’adjectif “triste” : on entend ici, toute la tristesse dont VH ne cherche même pas à se
consoler… à noter : dans LC, (les six livres !) on ne relève que sept occurrences du verbe “consoler” et
ainsi que de ses dérivés (consolation, consolateur…) → un rapport à la consolation à interroger → chez lui,
c’est la résignation qui semble l’emporter (?), résignation au sens protestant du terme (idée de se
soumettre à la volonté divine, sans toutefois trouver le réconfort. Idée aussi (≃ grecque) d’une “souveraine
acceptation”). (3) L’originalité littéraire du poème : comment VH déjoue le topos des retrouvailles
amoureuses pour rendre un hommage poétique à sa fille défunte].

Proposition de LL

[Rappel biographique pouvant éclairer le passage] Victor Hugo est un écrivain majeur, dont l'œuvre a
eu une influence notable sur la production littéraire du XIXe siècle. Considéré comme le chef de fil du
romantisme, il en a exploré toutes les facettes, en témoignent ses nombreux dessins et peintures aux
techniques graphiques variées qui constituent une œuvre à part entière, en parallèle de sa production
littéraire. Cet artiste total s’est par ailleurs engagé politiquement, ce qui l’a conduit à de longues années
d’exil. C’est dans ce non-temps, ce présent qui dure, qu’il écrit Les Contemplations. [Situation de l’oeuvre].
Loin de la magnificence et de l’arborescence des Orientales, ce recueil s’inscrit dans une perspective
nettement plus personnelle, empreinte de tristesse, relative à la perte de sa fille, Léopoldine - laquelle s’est
noyée lors d’une promenade en barque le 4 septembre 1843. [Situation du passage et présentation de la
thématique dominante] “Demain dès l’aube” est le quatrième poème du Livre IV, livre du deuil par
excellence, dont le titre, “Pauca Meae” est inspiré d’un vers de Virgile qui pourrait être ainsi traduit :
“Quelques vers pour la mienne”. Hugo évoque en effet, dans ce fragment, son pèlerinage annuel : à travers le
récit d’un voyage physique - 40 km parcourus entre Le Havre et Villequier - et intime, il va se recueillir sur
la tombe de sa fille. Le poème est daté fictivement du 3 septembre 1847, veille de l’anniversaire de la mort
de Léopoldine, quatre ans auparavant. Le manuscrit porte en réalité la date du 4 octobre 1847.
[Composition] Ce poème régulier est composé de trois quatrains en alexandrins, organisé selon un principe
de retournement final, à la manière d’un sonnet. [Lecture du texte puis annonce des mouvements du texte] :
Notre exposé reposera sur l’étude des trois mouvements qui structurent le poème. Les trois strophes
correspondent en effet à trois moments du pèlerinage de Victor Hugo, lequel s’effectue tout au long du
poème. La première strophe présente le départ de Hugo, à l’aube, pour un voyage au but encore mystérieux
à ce stade (I). Nous verrons, dans un second mouvement, comment se déroule parallèlement son voyage
intérieur, sous le signe d’une douleur incoercible (II). Enfin, dans un troisième mouvement, nous étudierons
son arrivée au crépuscule, moment des retrouvailles fantasmées avec la fille défunte et occasion, en creux,
d’un hommage poétique à l’amour filial (III). [Projet de lecture] : On peut se demander dès lors, en quoi
le lyrisme simple et universel du poète rend compte ici de la capacité des sentiments à transcender
la mort, et à conserver toujours vivant le souvenir de la fille défunte.

ANALYSE LINÉAIRE

Premier mouvement : Le départ d’un voyage au but mystérieux

Le voyage est signifié dès la strophe liminaire, par le champ lexical de la marche, comme le signalent
les verbes “Je partirai”, “j’irai”. Le choix de l’alexandrin, forme stable, confère d’emblée un rythme régulier
à la composition, imitant en creux, celui de la marche. Marche au rythme autant saccadé que régulier,
comme le suggère encore l’allitération des consonnes dentales “Demain”, “dès”, “tu”, “attends”, “demeurer”,
“toi”, “longtemps”. Par ailleurs, les anaphores en “je” et les répétitions à l’intérieur des vers créent une
amplification rythmique qui peut également évoquer la cadence des pas du marcheur. L’auteur utilise ici
des phrases courtes, phrases qui semblent traduire sa course haletante, vitale, primitive même (?), pour
s’approcher de son lieu d’arrivée.

L’emploi du futur à valeur de certitude montre en tout cas, la détermination, la faculté


d’acharnement du poète : tout se passe en effet comme s’il se donnait un ordre à lui-même, celui de
réaliser absolument, nécessairement ce voyage. Le verbe “partir” est placé en rejet au vers 2 et “j’irai” à
l’attaque du vers 3 : placements qui mettent en valeur les verbes de mouvement liés au voyage, montrant
l’idée fixe du poète.

Par ailleurs, la précision du temps souligne dès le premier vers cette détermination à travers trois
compléments circonstanciels de temps : l’adverbe “demain” et les groupes prépositionnels “dès l’aube” et
“à l’heure”. Ces trois termes marquent une insistance, tout comme l’anaphore du pronom personnel “je” au
vers 2 et au vers 4. Notons ici que la répétition est aussi soulignée par la ponctuation et par la césure
séparant les deux hémistiches : “J’irai par la forêt, // j’irai par la montagne”.

L’expression poétique est simple, propice à l’expression des sentiments personnels du poète et à
l’évocation mystérieuse du but - dont on ne sait rien à ce stade - de ce voyage. Bien que le poème soit sous
la forme canonique de quatrains en alexandrins, Hugo prend comme souvent, des libertés avec la
versification : dès le premier vers, la césure est placée au milieu du groupe “à l’heure /où” et le rythme
suit le schéma 2/2/8. On pourrait dire plus globalement, que ce poème se rapproche de la prose dans son
rythme, style qui traduit sans doute (?) une volonté de simplicité, d’intimité à même de partager ses
sentiments avec le lecteur. A l’image d’autres poèmes du recueil, Hugo utilise la syntaxe la plus simple et le
vocabulaire le plus réduit, qui assument ici toute leur charge caractérisante. Dès le second vers, le
sentiment d’intimité est encore renforcé par l’alternance dans les pronoms utilisés : “je” s’adresse à “tu”
mais on ignore qui est le destinataire. C’est un échange insistant entre les pronoms qui s’entremêlent et
qui donnent l’impression d’une forte réciprocité : "Vois-tu, je sais que tu m’attends”. On entend là le lien
très fort, l’affinité étroite et solidaire entre le poète et le destinataire : le jeu des pronoms se répétant au
vers 4 et faisant apparaître une interlocutrice vivante et présente, aussi bien réellement que mentalement
et sensiblement, dans la pensée et le cœur du poète.

L’emploi du présent d’actualité (“je sais”, “tu m’attends”) et l’utilisation de l’apostrophe renforcent
cette impression de présence qui colore la première strophe. Première strophe qui met en avant l’urgence
du voyage, et privilégie le futur de l’indicatif, temps porteur d’espoir, qui marque la volonté de retrouver
un être absent ; elle semble aussi évoquer un amour partagé (“je sais que tu m’attends” au vers 2, “Je ne
puis demeurer loin de toi plus longtemps” au vers 4 qui marque l’impatience amoureuse). Cela inscrit
indéniablement le texte dans le lyrisme, propre à l’expression des sentiments, de la souffrance au carré : le
travail du mètre divide à cet égard l’alexandre du vers 4 en deux parties égales, deux hémistiches de six
syllabes. Ainsi, la séparation du “je” et du “toi” est soulignée et elle est rendue encore plus douloureuse à
cause de la césure qui loin d’être une coquetterie formelle, éloigne, tel un gouffre, les êtres qui s’aiment.
Expression de la souffrance, encore mise en évidence par l’indifférence du “je” au contexte du voyage :
l’imprécision, le flottement (soigneusement entretenu ?) concernant l'environnement sont soulignés par
des notions géographiques sans caractérisation (substantifs “forêt”, “montagne”). On pourrait dire ce
stade que l’intensité de la souffrance ainsi exprimée porte la dimension lyrique du texte, mais y mêle sans
doute aussi une note de pathétique.

Transition : nous avons vu comment le contenu narratif du texte, comme l’organisation des vers et de la
syntaxe concourent dans cette première strophe à placer le voyage du poète sous le signe de la
détermination, d’un amour qui semble réciproque mais également d’une souffrance certaine. Ces sentiments
ambivalents créent une forme d’ambiguïté dans la lecture, et dans les sentiments éprouvés à son tour par le
lecteur. Comme nous allons le voir dans le second mouvement, cette marche s’apparente à un itinéraire
sentimental douloureux, propice au recueillement. La figure exemplaire du poète souffrant va se teinter
encore plus de pathétique.

Second mouvement : le voyage intérieur

Dès la seconde strophe, apparaît une douleur forte à travers l’expression “les yeux fixés sur mes
pensées” : le poète est tourné vers lui-même et ne peut apprécier le paysage. L’enjambement de “mes
pensées, / Sans rien voir au dehors”, met l’accent sur la préposition “sans”, ce qui accentue avec force,
l’éloignement et le manque de l’être cher. Par ailleurs, l’enjambement "aucun bruit, / Seul, inconnu” met
en relief le mot “seul”, ce qui renforce encore ici l’évocation de l’absence et de la douleur incoercible qui
semble ronger le poète. C’est l’expression d’une émotion personnelle paroxystique qui donne au poème sa
tonalité lyrique. Mais cette souffrance extrême se dit malgré tout avec une grande pudeur, conformément
aux autres poèmes du recueil. Notons également à ce stade qu’il n’y a plus la présence de l’interlocuteur,
plus de “tu”, seulement un “je” solitaire et déchirant : “je marcherai”, “pour moi” et cet effacement de
l’autre suggère le vide sidéral, sidérant où il est. Le poète ne s’attarde pas sur sa douleur : son expression
reste contenue, sobre, presque extérieure. On pourrait dire qu’il semble se mettre lui-même à distance,
comme s’il se regardait de l’extérieur : il s’observe en train de marcher “dos courbé, mains croisées”.
L’adjectif “inconnu” esquisse le portrait en creux d’un homme coupé du monde qui regarde en lui-même,
au fond de sa douleur. Il est “triste” et il faut sans doute s’attarder sur cet adjectif placé en début de vers :
adjectif très simple qui est chargé de dire le plus profond désespoir où il est… et c’est sans doute la
simplicité absolue de cette évocation qui rend le poème bouleversant.

Poème qui fait signe vers une tristesse à la fois physique et mentale, ce que suggèrent les termes qui
connotent le fardeau (“dos courbé”, “mains croisées”, “les yeux fixés sur mes pensées”), mais aussi
l’analogie avec la nuit au vers 8 ou encore, l’alexandrin malmené au vers 7 : il mime de manière visible et
sensible l’état intérieur où il est.

Et la douleur se mue chez lui rapidement en obsession, formant le véritable fil rouge du poème.
Même la nature - topos important chez les Romantiques et encore plus peut-être chez Hugo - ne réussit
pas à l’intéresser. Replié sur lui-même, le poète ne valorise pas la beauté du monde ici : si elle existe, elle
existe sans lui. Revenant d’un bout à l’autre du vers 6, à la manière d’une morne antienne, les verbes de
perception sont utilisés sous la forme négative “sans rien voir”, “sans entendre”. On le voit : la négation de
tout ce qui n’est pas la jeune fille traduit, à rebours, sa présence obsédante et elle apparaît comme
l’unique objet des pensées du poète.

Le phénomène d’intériorisation est habilement souligné par la structure des rimes croisées
“pensées”, “bruit”’, “croisées”, “nuit”, indiquant que le poète-narrateur est à sa réflexion, plutôt qu’à la
contemplation de la beauté de la nature. La rime intérieure du vers “le dos courbé, les mains croisées”
permet de garder le rythme que s’impose le marcheur dans sa réflexion. Cette strophe entièrement
consacrée à Hugo semble faire abstraction de tout ce qui n’est pas lui-même, et cet enfermement du poète
en lui-même, ce repli sur ses pensées, sa souffrance, accentuent la tonalité lyrique. D’autant que cette
intériorisation est l’occasion d’un recueillement, visible à travers les enjambement impliquant une
période (phrase longue) qui commence en début de strophe et se termine avec elle, ce qui traduit le
déroulement de la marche ininterrompue, laissant place à la réflexion et à l’appréciation des pensées du
poète. D’ailleurs, l’expression “sans entendre des pensées” du poète rappelle le silence de la méditation
tandis que le groupe nominal “les mains croisées” symbolise la prière. Ainsi, le poète semble utiliser son
trajet pour se recueillir comme le pèlerin. Par ailleurs, “les yeux fixés sur mes pensées” est une autre
synecdoque : ce procédé stylistique exprime de manière sensible l’éloignement du narrateur de ses
pensées, c’est-à-dire le réel qu’il a du mal à matérialiser à ce moment précis de grande émotion. Tout se
passe comme si la marche devenait un automatisme, et que le poète entrait en méditation poétique.
Méditation intérieure et continue, comme le suggère le vers 5 et son rythme monotone, sans hachure et ni
rupture. Le poids du souci se traduit dans le vers 8, marquant une progression très nette dans le rythme,
et une démarche qui devient plus pesante.
Transition : Ainsi donc, cette marche est aussi celle d’un voyage intérieur, sous le signe d’une souffrance
comparable à celle de la passion qui laisse en suspens l’issue finale du voyage et du poème. Nous allons
maintenant nous intéresser à cette ultime étape de ce périple, laquelle célèbre l’amour universel et atemporel
d’un père à sa fille, amour qui confère au lyrisme une tonalité éminemment pathétique.

Troisième mouvement : l’hommage poétique de l’amour filial

La souffrance du poète continue à s’exprimer par la négative, c’est-à-dire dans le refus des
perceptions visuelles des vers 9 et 10 (répétition de la négation “ni”... “ni”). L’intérêt pour un paysage
esthétiquement émouvant est refusé catégoriquement (comme le signalent la négation du verbe
“regarder” ainsi que la métaphore de “l’or du soir” qui signifie le crépuscule). La curiosité pour la vie
humaine est également mise en sourdine, ce que semble suggérer la synecdoque des “voiles”). Le paysage
entier de cette strophe semble indifférent, ce que montrent l’adverbe “au loin” et les négations, suggérant
comme dans la première strophe, la tristesse du poète.

La pointe du vers 11, comme dans le sonnet, donne ici tout son sens au poème : “Et je mettrai sur ta
tombe”. Le possessif “ta” indique que celle à qui le poète s’adresse est morte. Le lecteur comprend alors
qu’il s’agit d’un rendez-vous avec une tombe et non d’un rendez-vous amoureux. Le pathos tient
précisément, dans cette surprise : revoir enfin l’être cher mais ne le revoir que sous la forme d’une pierre
tombale. La brutalité de la révélation et du retournement atteignent le lecteur, qui partage alors l’émotion
du poète : le lyrisme est bien l’expression d’une émotion qui dépasse la circonstance et prend une portée
universelle - et en voici une preuve, et pas la moins bouleversante.

On assiste à un retour de l’alexandrin classique, fait du schéma rythmique 6-6, comme si


l’apaisement pouvait venir de l’acte accompli. Le mot “tombe” apparaît, il faut le noter, deux fois à la rime.
Il y a une homophonie entre le verbe au vers 9 et le nom au vers 11, qui révèle à la fin seulement la
destination du poète. Cette ultime strophe traduit donc la réalité de la situation : le recueillement funèbre.
Le lecteur est encore plus surpris et on peut penser, comme nous, qu’il ressentira plus vivement la douleur
et les sentiments qu’a voulu faire passer le poète.

Conformément à l’imaginaire qui traverse l’ensemble du recueil, le bouquet qu’il a déposé sur la
tombe de sa fille est d’une grande simplicité. Le “houx vert” symbolise la douleur mais aussi la force et
l’éternité. C’est une plante qui résiste et qui peut signifier un amour indestructible, inaltérable, mais
douloureux : toujours présent, ce sentiment blesse vivement, ardemment l’écrivain. Sa douleur incoercible
concerne en effet l’absence de sa fille et l’amour qu’il ne peut plus lui transmettre et par extension,
l’amour qu’elle ne peut plus lui donner. A cet égard, la bruyère est souvent déposée dans les cimetières car
sa robustesse lui permet de rester fleurie très longtemps. Le choix de l’auteur est donc adapté à la
situation et semble traduire l’amour éternel et ineffable qu’il voue à sa fille, ainsi que la persistance de ses
sentiments malgré l’éloignement géographique et spirituel. En outre, la bruyère exprime aussi la solitude.
Tous ces symboles manifestent les sentiments tenaces, continués, du poète pour sa fille et plus
globalement, pour dépasser l’anecdote et atteindre la portée lyrique et universelle du texte, la force du
sentiment qui nie la mort, et qui assure la réalité de la permanence du lien.

Le poète semble laisser une petite place à l’avenir, même dissimulée. En effet, le vers : “Ni les voiles
au loin descendant vers Harfleur”, présente une métonymie, procédé stylistique qui donne ici à la fois un
sentiment d’éloignement dans le paysage ou avec sa fille, mais peut aussi illustrer l’ouverture sur
l’extérieur, le voyage, la liberté. Les derniers termes du poème sont aussi cruciaux : le groupe nominal “en
fleur” fait écho au renouveau, au printemps et à la vie. On peut penser que ce voyage est un recueillement
annuel qui, peu à peu, laisse place au présent et à l’avenir. Par ailleurs, le fait que le poète se souvienne,
par la pensée, et par l’écriture du poème, permet à sa fille de continuer à appartenir au cycle de la vie.

Conclusion

Nous avons pu voir comment le poème aboutit, au terme de ce pèlerinage, à la révélation de son but
funèbre : il déjoue le motif, le topos, des retrouvailles amoureuses pour rendre un hommage poétique à sa
fille défunte, témoignant d’un amour filial universel qui transcende la mort.

En d’autres termes, il répare ici la perte en provoquant le dialogue poétique. Mais ce poème exprime
surtout un amour filial universel, à la faveur du lyrisme simple, effilé, retenu du poète. La détermination
de l’écrivain à faire ce voyage, même si le lecteur ignore dans un premier temps quel en est le but, et le jeu
entre les pronoms personnels, signe d’un lien d’intimité fort entre le poète et la destinataire, nous
présentent un voyage physique qui se mue en pèlerinage douloureux. Hugo choisit cependant la sobriété,
l’humilité et la pudeur pour exprimer sa souffrance, à la différence des poètes romantiques de son temps,
souvent enclins à théâtraliser leur souffrance. C’est là que réside l’originalité de ce poème dans lequel le
voyage vers le souvenir et vers la mort conduit à un homme poétique à sa fille : elle revivra éternellement
grâce à l'offrande de quelques fleurs, et de ce poème-bouquet, ce tombeau poétique, disant la force du
souvenir ainsi que le pouvoir de la poésie.

Pistes d’ouvertures possibles mais vous êtes très libres dans vos choix, à compléter idéalement

● Dans l'œuvre, poème à mettre en circulation : "À Villequier" dans lequel s’esquisse un
apaisement de la douleur ressentie par l’écrivain. Daté fictivement du 4 septembre 1847,
date anniversaire de la mort de sa fille, l’artiste y déclare qu’il peut, à présent, regarder la
tombe de sa fille.
● Autre poème à mettre en parallèle : "À celle qui est restée en France”, poème clausulaire du
recueil (Livre VI)
● Il y a ce vers enfin de Mallarmé (Symbolisme) après la mort de son fils de 8 ans. Formule
d’une lucidité et d’une beauté qui donne le vertige : “Heureusement, je suis parfaitement
mort”
● Réflexion sur LC comme oeuvre de la consolation ou “déconsolation”
● Ouverture sur l’originalité du lyrisme hugolien (cf. cours sur oeuvre)

Vous aimerez peut-être aussi