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INTRODUCTION
«Je suis le roi d’un pays pluvieux, Riche mais impuissant, Jeune et pourtant très
vieux », telle est la définition antithétique que fait Charles Baudelaire de lui-
même dans l’un des quatre poèmes intitulés «Spleen». Dans la dernière de ces
poésies du même titre, placée dans la section «Spleen et Idéal», cette même
dualité se retrouve sous les traits d’un combat entre l’Espérance et l’Angoisse.
Rappelons que le terme « Spleen » est emprunté à l’anglais. Il désigne la rate,
siège de l’humeur selon les Anciens. C’est donc une profonde mélancolie, que
nous qualifierions aujourd’hui de dépression, que nous livre le poète dans ce
texte. L’insertion dans la section « Spleen et Idéal » donne à voir deux postures
de l’homme, l’une tournée vers un Idéal qui serait une aspiration vers le haut,
vers la spiritualité notamment et l’autre, au rebours, qui tendrait vers le bas, où
logerait le spleen. Dès lors, comment ce poème nous délivre-t-il un paysage
extérieur reflétant la condition intérieure du poète? C’est d’abord la mélancolie
qui nous est dépeinte par Baudelaire ainsi qu’un paysage romantique dans
lequel le poète se retrouve prisonnier. Enfin, tel une épopée, le poème est le lieu
d’un combat allégorique.
A. Un jour pluvieux
Dès le premiers vers, le décor mélancolique par excellence est planté : « quand
le ciel bas et lourd pèse ». Ensuite, la pluie est omniprésente tout au long du
poème : « humide », « la pluie ». celle-ci est associée à un paysage noir,
emblème de la mélancolie avec l’oxymore « un jour noir » ou encore « nuits »
qui nous offre un tableau sombre et angoissant. De plus, cette humidité et cette
noirceur sont mêlées à une impression de détérioration et de putréfaction
comme en témoignent des formules telles que « plafonds pourris » ou « cachots
humides ». La pluie semble donc agir et altérer le paysage extérieur. Le poète
nous livre un paysage sombre et pluvieux dans lequel l’ennui vient renforcer
cette vision maussade et s’installer.
C. Un enfermement intérieur
Ce sont les sons de la douleur que le lecteur perçoit entre ces vers. Un champ lexical
de la souffrance très dense est développé pour décrire l’état intérieur du poète:
« affreux hurlement, geindre, pleure, triste, gémissant ». Une idée de soumission à la
souffrance se dégage de ces mots ainsi qu’une plainte sonore. Le lecteur entend ici les
sons de la douleur. Finalement, le poète semble pris au piège dans cette souffrance, ce
qui est accentué par la métaphore des araignées et de ses « filets » dont les araignées
ne peuvent s’extirper. C’est un malaise intérieur qui nous est dépeint, un dégoût de la
vie où se mêlent ennuis, souffrance et enfermement. le poète semble soumis mais
tente d’échapper à cet état et nous livre une bataille épique et allégorique entre
« Espoir et Angoisse ».