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Présentation thématique sur les Fleurs du Mal, Baudelaire

Thème : Le Spleen Corpus :


-Le Guignon n°XI : Alexis,
-Le Spleen n°LXXVIII : Mariama,
-La fin de la journée n° CXXIV : Anthonella
-Le Spleen n°LXXVI : tous.

Quel est le rôle et la place qu’occupe le spleen dans la poésie de Baudelaire ?


Le spleen généralement se caractérise par un ennui profond, sans fin et sans réelle cause ; un
dégout de la vie, une forte mélancolie. Le terme anglais spleen vient du grec qui signifie la rate qui est
un organe du corps humain peu utile, jugé impur et vil par les grecs.

Le guignon – XI
Le guignon est une malchance persistante qui poursuit quelqu’un.
Ce premier quatrain nous rappelle le mythe gréco-latin de Sisyphe. Son travail lui demande
donc courage surhumain. La suite nous dit : v.4 « L’Art est long et le Temps est court. » Il y a des
majuscules car c’est un aphorisme renvoyant à Hippocrate. Baudelaire y a opéré un palimpseste afin
qu’il parle de l’Art en tant que poésie. Baudelaire exprime donc sa difficulté à faire de la poésie, il
juge sa vie trop courte et ne pourra pas donc accomplir son Grand Œuvre.
Le second quatrain lui est beaucoup plus morbide car Baudelaire s’imagine déjà mort, il nous
livre son testament. Il s’imagine à la fois agonisant : v.7 et même déjà mort : v.8 ici le zeugme vient
insister sur la suite logique des évènements.
Le premier tercet continue cette vie après la mort, ce parcours de l’âme car le premier vers de
ce tercet parle d’un joyau qui est l’Esprit : l’esprit qui a précédemment longuement réfléchi, fait de
l’art et qui s’ensevelit avec le corps de l’artiste-poète : v.10 ; le corps s’enfonce de plus en plus
profondément dans la terre: v.11.
Le second tercet conclue cette descente en appelant la tristesse des autres envers le défunt
artiste, v.12 où même les fleurs pleurent l’artiste qui a su les sublimer, fleurs qui relâche son parfum
qu’a humé le poète et qui l’a inspiré d’où le secret : v.13 qui est le secret de l’artiste : celui de son
inspiration. Malgré le fait qu’il est resté, et demeurera toujours seul comme le plombe le dernier vers.
Ce poème illustre donc la descente aux enfers que réalise l’artiste-poète, comme est descendu
Sisyphe qui, lui avait eu le courage de le faire. Le schéma utilisé rappelle donc la descente de l’esprit
jusqu’aux enfers et le progressif oubli de l’artiste au fil du temps. Le temps qui est venu plus vite à la
mort de l’artiste qu’il n’a laissé de temps au poète pour parfaire son art. Le spleen se définirait donc
dans ce poème comme la frustration de l’artiste, sa mort qui se mêle à son oubli et sa solitude.

La fin de la journée - CXXIV


Au cours de la première strophe, le poète expose une vision extrêmement négative de la vie.
Comme une créature qui hurle sans cesse , qui se tord . C’est à dire qu’elle se brise en deux sous
l’effet d’une émotion intense qui pourrait être l’Ennui.Le poète ne trouve pas un sens dans l’existence
comme beaucoup d’autres artistes de l’époque de Baudelaire, qui partagent un écœurement et
désenchantement de la vie ; vide et indécente qui est aussi selon ce sonne une organisme chaotique et
incontrôlable qui met le poète dans une situation d’impuissance et pourtant être à l’origine de la
mélancolie.
Dans la deuxième strophe Baudelaire précède à donner une image de ténèbres qui représentent
la mort dans cette allégorie de la journée. Mais l’obscurité n’est pas vue dans ce texte comme minable.
Au contraire, il y a un certain culte des ténèbres, qui, pour l’auteur met fin a la violence des
accablements qui le condamnent. Car la vie évoque pour tous ceux qui n’y voient aucun intérêt, une
énorme fatigue physique et émotionnelle.
Il personnifie comme “voluptueuse”, la mort “effaçant tout même la honte” (v.7) représente
pour les poètes selon Baudelaire un relief voir même un désir profond (v.9, 10, 11).
Le poème par le deuxième tercet, avec l’image de “se coucher sur le dos” et se “rouler” dans
les rideaux de l’obscurité qui rafraîchissent l’auteur pourrait faire comprendre qu’il ne se rend pas
complètement a la mort mais experimente la vie à travers d’elle.
Cet appétit pour la mort , avec l’ennui , la mélancolie et le dégoût pour la vie dans “la fin de la
journée” peuvent être liés et expliquer la place qu’occupe le spleen dans la poésie de Baudelaire.

Spleen - LXXVI - j’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans


L’utilisation du “je” ne revoit pas au poète mais au spleen qui dicte au poète ce qu’il pense. Le
spleen utilise donc Baudelaire comme une marionnette. Il dit qu’il est encombré (v.2), comme s’il
avait plus de souvenir que s’il avait mille ans (v.1) . Il est noyé par des billets doux , des procès , les
romances et tout se mélange (v.3). “Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances” (v.4).
Au v.6, on trouve un zeugme. Baudelaire est a la fois écrasé par toutes ses histoires, avec
l’image d’une pyramide. Mais cette image de pyramide pourrait aussi faire référence aux tombes des
pharaons. Cette image de mort continue jusqu’au vers 8, “je suis un cimetière abhorré de la lune”. Il
expose donc la pyramide, non pas comme un monument majestueux mais comme une fosse commune,
un caveau , un cimetière.
Enfin le spleen se présente sous une dernière forme : celle d’un boudoir qui rappelle les fastes
de la decoration qu’il a connu Durant son enfance, mais qui finalement est “plein des roses fanées” ,”
un fouillis de modes surannées” , et de “pâles Boucher” ( François Boucher étant un peintre français
du 18ème siècle ).
La seconde strophe nous exprime tout d’abord une lenteur. Les vers se terminent par
“journées” et “années”. Cette lenteur s’exprime par l’ennui comme dit juste après. Le second tiret, lui
rappelle la mort par son 1er vers et le chiasme qui vient ensuite appuyé d’un oxymore renforce cette
idée de vide, et d’oubli commme dit v.24 et qui lentement va mourir comme le soleil se meurt chaque
soir.
Le spleen s‘impose comme un destructeur de la beauté, et un créateur de chaos puis qu’il
transforme tout le beau en inutile en utilisant des oxymores avec des mots positives pour les dégrader.

Spleen – LXXVIII – Quand leciel bas et lourd pèse comme un couvercle


Le premier quatrain exprime la souffrance du poète. Le spleen est décrit comme
insupportable : « pèse lourd comme un couvercle sur l’esprit gémissant », « longs ennuis » et « un jour
plus noir plus triste que les nuits. Les journées du poète sont déprimantes, et plus tristes que le soir,
Baudelaire s’ennuie.
Le deuxième et le troisième quatrain : le poète souffre du sentiment d’enfermement que lui
procure le spleen comme v.5 « la terre est changée en un cachot humide ». La métaphore du poète
compare la terre à une prison qui l’ennui fortement et lui procure de mauvais sentiments. «
Prison », « barreaux », « la pluie ». Cet enfermement le touche psychologiquement « vient tendre ses
filets au fond de nos cerveaux ».
Le quatrième quatrain provoque un sursaut chez le poète qui s’était perdu dans ses pensées
v.13-14. Tout ce qui est autour de lui s’agite: les cloches tintent et « lancent vers le ciel un affreux
hurlement » qui réveille même les morts « ainsi que les esprits errants et sans patrie » qui répliquent et
gémissent v.16
Le dernier quatrain se « rendort » v.17 « sans tambours ni musique, le bruit cesse et tout
ralentit comme si le poète se rendormait peu à peu et l’idée de la mort remonte v18 dans son âme en
remplaçant « l’Espoir Vaincu » et « l’Angoisse atroce, despotique, sur mon crâne incliné plante son
drapeau noir ».
Dans ce poème le spleen se présente en tant qu’allégorie sous plusieurs formes comme une
prison ou la mort et qui vient dévorer et remplacer la joie qui pouvait autrefois occuper l’esprit de
Baudelaire qui a depuis longtemps abandonné. Le Spleen est une force.

Concluison générale :
Le Spleen s’impose comme une réelle force dans l’esprit de Baudelaire qui anime le poète qui
est dans ce corps. Le Spleen agit commue une alchimie poétique dans laquelle l’auteur transforme le
désenchantement en adoration, désir et culte de la mort qui permet à l’auteur d’exhiber dans les
poèmes du Spleen : la beauté et la grandeur qui peut être en lui. Pour Baudelaire, le Spleen est aussi un
outil essentiel pour écrire ses poèmes car c’est aussi une grande source d’inspiration. Par ailleurs, c’est
le sujet auquel il consacre le plus grand nombre de poèmes. La mort est donc un facteur commun entre
nos quatre poèmes au vu de la répétitive utilisation du champ lexical de « la mort ». Le Spleen à
travers nos poèmes rejoint souvent également l’idée d’alchimie poétique comme un « fil rouge » qui
construit autour de lui Les Fleurs du Mal. Le Spleen peut changer « la boue en or » tout comme il peut
rendre les nobles pensées du poète en désespoir « l’or en fer ».
Le Spleen est donc un lien logique avec l’alchimie poétique de Baudelaire et il est la force
illustratrice de ses travaux alchimiques.

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