Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Le guignon – XI
Le guignon est une malchance persistante qui poursuit quelqu’un.
Ce premier quatrain nous rappelle le mythe gréco-latin de Sisyphe. Son travail lui demande
donc courage surhumain. La suite nous dit : v.4 « L’Art est long et le Temps est court. » Il y a des
majuscules car c’est un aphorisme renvoyant à Hippocrate. Baudelaire y a opéré un palimpseste afin
qu’il parle de l’Art en tant que poésie. Baudelaire exprime donc sa difficulté à faire de la poésie, il
juge sa vie trop courte et ne pourra pas donc accomplir son Grand Œuvre.
Le second quatrain lui est beaucoup plus morbide car Baudelaire s’imagine déjà mort, il nous
livre son testament. Il s’imagine à la fois agonisant : v.7 et même déjà mort : v.8 ici le zeugme vient
insister sur la suite logique des évènements.
Le premier tercet continue cette vie après la mort, ce parcours de l’âme car le premier vers de
ce tercet parle d’un joyau qui est l’Esprit : l’esprit qui a précédemment longuement réfléchi, fait de
l’art et qui s’ensevelit avec le corps de l’artiste-poète : v.10 ; le corps s’enfonce de plus en plus
profondément dans la terre: v.11.
Le second tercet conclue cette descente en appelant la tristesse des autres envers le défunt
artiste, v.12 où même les fleurs pleurent l’artiste qui a su les sublimer, fleurs qui relâche son parfum
qu’a humé le poète et qui l’a inspiré d’où le secret : v.13 qui est le secret de l’artiste : celui de son
inspiration. Malgré le fait qu’il est resté, et demeurera toujours seul comme le plombe le dernier vers.
Ce poème illustre donc la descente aux enfers que réalise l’artiste-poète, comme est descendu
Sisyphe qui, lui avait eu le courage de le faire. Le schéma utilisé rappelle donc la descente de l’esprit
jusqu’aux enfers et le progressif oubli de l’artiste au fil du temps. Le temps qui est venu plus vite à la
mort de l’artiste qu’il n’a laissé de temps au poète pour parfaire son art. Le spleen se définirait donc
dans ce poème comme la frustration de l’artiste, sa mort qui se mêle à son oubli et sa solitude.
Concluison générale :
Le Spleen s’impose comme une réelle force dans l’esprit de Baudelaire qui anime le poète qui
est dans ce corps. Le Spleen agit commue une alchimie poétique dans laquelle l’auteur transforme le
désenchantement en adoration, désir et culte de la mort qui permet à l’auteur d’exhiber dans les
poèmes du Spleen : la beauté et la grandeur qui peut être en lui. Pour Baudelaire, le Spleen est aussi un
outil essentiel pour écrire ses poèmes car c’est aussi une grande source d’inspiration. Par ailleurs, c’est
le sujet auquel il consacre le plus grand nombre de poèmes. La mort est donc un facteur commun entre
nos quatre poèmes au vu de la répétitive utilisation du champ lexical de « la mort ». Le Spleen à
travers nos poèmes rejoint souvent également l’idée d’alchimie poétique comme un « fil rouge » qui
construit autour de lui Les Fleurs du Mal. Le Spleen peut changer « la boue en or » tout comme il peut
rendre les nobles pensées du poète en désespoir « l’or en fer ».
Le Spleen est donc un lien logique avec l’alchimie poétique de Baudelaire et il est la force
illustratrice de ses travaux alchimiques.