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-Le poème commence par une injonction: “rappelez-vous” et s’adresse à sa propre “âme”.
Cette adresse sera cependant à comprendre dans le sens amoureux (puisqu’il est destinée en
réalité à Jeanne Duval, évoquée à la fin du poème).
1er vers: un alexandrin très régulier (4+2+4+2) Rappelez-vous// l'objet //que nous vîmes,
//mon âme, dans une strophe (quatrain) qui alterne l’alexandrin et l’octosyllabe. Construite
sur 2 rimes, le poète présente dès le début une opposition lexicale entre termes positifs
“âme”, “doux” et péjoratifs “infâme, cailloux”. C’est déjà une introduction à l’alternance
beauté (du vers, du poème) et horreur (du sujet cf “tu m’as donné ta boue, j’en ai fait de
l’or”).
2 hypotypose.
-S’ensuit un long portrait des strophes 2 à 9 (presque tout le poème!) qui, par sa taille, relève
de l’hypotypose. Il s’agit d’une longue description, si précise qu’elle donne à voir et rend
l’objet vivant, c’est une figure de style à rapprocher de l’art de la peinture en quelques
sortes… ça tombe bien, si on se rappelle la bio de Baudelaire. Les détails vont abondés.
Strophe 2: elle s’ouvre sur une provocation. qui fait d’un objet peu poètique, un sujet érotique
(jambes en l’air, femme lubrique) cela renvoie à une image de la femme qui est misogyne.
L’adjectif “cynique” est à comprendre -aussi- dans son étymologie “kunikos” en grec: qui
concerne le chien, il faut y entendre l’idée de “chienne”, pas besoin de développer l’érotisme
sous-jacent et/ou la misogynie. Il faudra rappeler que c’est justement et très précisément une
chienne qui interviendra à la fin du poème. On ne peut que s’interroger sur le besoin d’une
telle précision.
Strophe “: évoque l’oeuvre de la nature et fait d’elle une sorte de cuisinier. cf la comparaison
“comme afin de la cuire à point”. Ceci perpetue le cycle qui rejoint destruction/construction,
cf Lavoisier “rien ne se perd, rien ne se créén tout se transforme” ou encore la référence
bilbique dans la Genèse: car tu es poussière et tu retourneras à la poussière”. L’ironie est ici
détectable: la beauté du jour est l’occasion de célébrer la pourriture, qui relève à la fois de la
cuisine mais aussi de la sexualité (comme on peut le voir en revenant en arrière avec lit/
ventre/ jambes en l’air)
Strophe 4: introduit un “et” biblique (Et le ciel…). on retrouve souvent cette conjonction en
début de phrase dans ses poèmes, (c’est le cas strophe 7 Et ce monde/ strophe 10: Et pourtant.
La 4 s’achève sur l’oxymore “carcasse superbe” ce qui marie le beau et le laid, caractéristique
non négligeable des Fleurs du mal. On remarquera justement la comparaison “Comme une
fleur s’épanouir”, rappel de cette esthétique: à partir du laid, il fera du beau.
3. conclusion du poète
3 dernières strophes qui commencent par “et pourtant”: une dernière mention canine rappelle
le sens premier du terme “cynique” et achève de montrer le sordide de la situation. (Quand
nous croyons que l’horrible description est finie, il en ajoute encore)
Il est rappelé ici la présence d’une tierce personne, symbolisée au début par “mon âme”, en
réalité il s’adresse à la femme aimée, ce que montre le vocabulaire propre à l’amour courtois
(Moyen-Age) “Vous, mon ange et ma passion” “étoile de mes yeux” soleil de ma nature”.
“reine des grâces”. Dans ce poème Baudelaire rappelle à l’être aimé sa condition de mortelle,
ce qui rappelle la poésie de Ronsard. Il est associé au thème artistique du “memento mori”,
pas forcément pour inviter à profiter du jour (carpe diem) comme le fait Ronsard mais pour
mieux affirmer la supériorité de l’art sur l’éphémère de la vie, l’art sait garder “la forme et
l’essence divine” des “amours décomposés”.
CCl: c’est un poème relevant à la fois de l’éloge et du blâme. Un poème ironique s’adressant
à une femme aimée, pour lui rappeler sa beauté, certes, mais qui se transformera en
pourriture. On peut faire un rapprochement avec un autre poème “remords posthume” mais
aussi de nombreux poème de Baudelaire rappelle le caractère inéluctable de la mort l’horloge,
danse macabre.