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Une charogne :

Baudelaire :
Charles Baudelaire, poète 19ème s, emblème de la modernité poétique puisqu’il a
notamment mis en avant le genre du poème en prose dans l’un de ces recueils : Petits
poème en prose. On peut le qualifier de poète maudit car il a connu la maladie, la pauvreté
et les conflits avec sa famille dont il rejette les valeurs bourgeoises.
Les fleurs du mal :
Le recueil s’intitule Les fleurs du mal, c’est l’œuvre de sa vie car elle regroupe la quasi-
totalité de sa production poétique, le recueil est publié en 1857 et il fait scandale et donne
lieu à un procès pour immoralité. Certains poèmes sont censurés et il doit même payer des
amendes.
Extrait :
1857, « Une Charogne » fait partie des poèmes les + célèbres de Baudelaire à tel point que
le poète se plaint après de passer pour « le prince des charognes ». 12 quatrains en rimes
croisées faisant alterner octosyllabes et alexandrins. Ce poème décrit la promenade d’un
couple interrompu par la vision d’horreur : un cadavre en décomposition.
LECTURE A VOIX HAUTE
Problématique : Comment Baudelaire parvient-il à transformer un élément suscitant
l’horreur en objet poétique ?
Plan : I) Strophes 1~4 | Présentation de la charogne, la mise en scène d'une découverte
II) Strophe 5~8 | Le processus de décomposition
III) Strophes 9~12 | Une fin provocante
I)
- Le début du poème ressemble à un poème traditionnel, il est adressé à la femme aimée au
v2(2éme pers plu) et au v1 (l’apostrophe). Le cadre spatio-temporel est propice à une
balade romantique (v22 adj mélioratif) de plus il s’agit d’un cadre naturel (« sentier « v3)
-Cela permet de créer un contraste avec la découverte macabre qui suit : « une charogne »
(renforcer pas l’adj péjoratif « infame » v3). L’effet d’attente romantique est aussi contre dit
par les rimes qui semblent ironiques « âmes/ infames » Les strophes 2/3/4 sont des
descriptions de la charogne, à l’imparfait (v 6/7/9/13/15)
-On remarque dans la strophe que la vie et la mort sont paradoxalement liées avec la
comparaison v5 qui semble érotisé la charogne et au v8 l’image du ventre plein qui semble
associer naissance et mort.
-Cela révèle aussi la démarche poétique qui consiste à se nourrir de souffrances et de maux
pour enfanter des vers
-Cela permet de comprendre l’oxymore au v13/14 « carcasse superbe » qui est révélatrice
du projet poétique de Baudelaire
II)
- La description de la décomposition est réaliste avec des références aux larves et aux
mouches. Dans les strophes 5/6/7, l’idée du mouvement et aussi très présente (v19/21/23).
La mort est paradoxalement assimilée à la vie (« vivants haillons » (v20))
- Dans les strophes 7/8 la dimension artistique est présente, d’abord avec la musique dans
la srt7(« bruits agréable ») et ensuite la peinture dans la str8 (champs lexical picturales
v29à31). Cette beauté montre que le travail de l’artiste et de saisir la beauté y compris dans
le mal
-Après ces références à l’art la str9 nous fait redescendre avec une anecdote très terre à
terre celle de la chienne qui attend pour manger. On comprend mieux pourquoi v10 la
charogne est considérée comme « cuite à point »
III)
- Dans la str10 on voit le retour à la 2éme personne qui est la femme aimée (décrite avec
bcp de termes élogieux(v39/40) / « ô » lyrique= amplifier l’éloge).
-Cela crée un effet de contraste avec la comparaison qui suit v37 « vous serrez semblable à
cette ordure ». Ce contraste se voit avec la mime (ordure/ nature et infection/ passion) Cela
peut s’assimiler à un « mémento mori » (souvient toi que tu vas mourir) qui invite à profiter
de l’instant présent puisque la vie et la beauté ne sont qu’éphémères. Mais Baudelaire est
bien plus provoquant que rossard puisqu’il utilise des termes plus péjoratifs comme «
Moisir parmi les ossements » (v44)
-La fin du poème réaffirme la puissance de la poésie qui permet d’échapper à la
décomposition et garder une « forme et une essence divine »(v47)
Conclusion :
Dans ce poème, Baudelaire fait l’éloge d’un objet repoussant puisqu’il décrit avec talent et
originalité une charogne en décomposition, un sujet peu traité en poésie. On y voit le
pouvoir de la poésie capable d’extraire la beauté du mal. De même Victor Hugo chante
dans « j’aime l’araignée et j’aime l’ortie » des créatures humbles et rejetées et leur donne
toute leur place dans le genre de la poésie.

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