Tout d’abord, comme on peut le constater en étudiant les poèmes de Baudelaire, la
femme est au cœur du recueil des Fleurs du Mal et plus particulièrement de la section Spleen et Idéal. Charles Baudelaire, comme tous les poètes, entretient et conçoit sa muse d’une manière particulière. De plus, Baudelaire s’est inspiré de plusieurs femmes ayant marqué sa vie dans Les Fleurs du Mal. En effet, dans la section “Spleen et Idéal” les poèmes sont regroupés par cycles. Chaque cycle destiné à une de ces femmes. Baudelaire rencontra trois femmes avec qui il eut des relations intimes. Jeanne Duval fut la première et celle qui compta le plus pour lui puisqu’elle apparait tout au long de l’œuvre. De plus, Jeanne Duval se faisait surnommer “Vénus noire” en raison de sa couleur de peau, elle était métisse. Baudelaire la rencontra en 1842 quand il était encore dans la vingtaine. Leur liaison dura plusieurs années. Comme en témoigne la correspondance du poète, elle fut remplie de ruptures et de férocité, d’égoïsme et de charité. Elle aurait transmis la syphilis à son amant qui lui sera fatal. Dans son œuvre, cette femme incarne l’exotisme et la sensualité et représente la femme fatale. Jeanne Duval inspira Baudelaire pour les poèmes : “La chevelure” et “Le fantôme”. Apollonie Sabatier était la deuxième femme de Baudelaire. Elle tenait un salon dans le 9e à Paris après être devenue la maîtresse d’un riche homme d’affaire où elle recevait de nombreux artistes dont Baudelaire. Leur relation commença en 1852 et dura 5 années. Durant cette période, Baudelaire lui adressa quelques poèmes dont : “Madame Sabatier” et “Le flacon”. Dans l’œuvre Les Fleurs du Mal, elle incarne l’amour spirituel. Marie Daubrun fut la troisième et dernière femme à entretenir une relation intime avec Charles Baudelaire. Elle se faisait surnommer “La Belle aux cheveux d’or”. Ils se rencontrèrent en 1854, mais leur amour ne dura pas éternellement puisqu’elle le quitte pour rejoindre un autre poète. Bien que leur liaison soit brève, Marie Daubrun l’inspira pour au moins huit poèmes dont : “Le poison” et “Le ciel brouillé”. Ces trois femmes furent ses principales muses dans Les Fleurs du Mal, mais pas les seules. En effet, sa mère, Caroline Aupick, lui apparait comme source d’inspiration, cependant après un conflit les éloignant l’un de l’autre, il écrit “Bénédiction” pour elle. Mariette était sa servante, elle était simple et aimante et Baudelaire oppose cette image à celle de sa mère. Mariette est présentée comme un personnage qui a été présent pour lui et l’inspire pour le poème “La servante au grand cœur". Enfin, Sara fut la dernière muse de Baudelaire. Ce-dernier vécu ses premières expériences sexuelles avec elle. En effet, Sara était une prostituée surnommée “Louchette”. Il ne s’est rien passé de plus entre eux, mais elle lui inspira trois poèmes dont “Tu mettrais l’univers entier dans ta ruelle”. Dans les poèmes de Baudelaire, on remarque que la femme est avant tout une figure de l’Idéal. En effet, elle représente un accès à cette idéale. Par exemple, dans les poèmes consacrés à Jeanne Duval, elle renvoie à l’image d’une femme sensuelle dont le corps éveille les sens du poète. D’ailleurs la chevelure de la femme contient un monde privilégié et mène à l’Idéal comme dans “La Chevelure”. De plus, la femme incarne la douceur, le calme et la tendresse. Plus spécialement dans les poèmes pour Madame Sabatier ou à Marie Daubrun. C’est le cas dans “Le Beau navire” ou “l’Invitation au voyage”. Enfin, on remarque que la femme se situe dans le rêve pour Baudelaire. En effet, cet accès à l’Idéal a souvent lieu dans l’irréel du souvenir. Ce souvenir est représenté dans les poèmes tels que “Le Balcon”, “L’Aube spirituelle” ou encore “Harmonie du soir” qui évoque le souvenir de la femme aimée. D’ailleurs ce souvenir est présenté comme un passé qu’il regrette et revit avec nostalgie. À l’image du poème “A une Passante, la femme aimée est finalement pour Baudelaire inaccessible à l’image justement d’une passante. Nous avons donc vu que dans Les Fleurs du Mal, la femme est représentée comme sensuelle, douce ou spirituelle. Mais elle se transforme aussi en femme fatale qui mène le poète au Spleen.