Vous êtes sur la page 1sur 4

Torres N°21807686

Rafaël L3 Littérature
Littérature française moderne

___________________________________________________________________

Le poète Yves Bonnefoy dit de Baudelaire, la chose suivante : “Le caractère


le plus constant des “Fleurs du Mal”, c’est-à-dire de Baudelaire, c’est l’énergie.”
Avant de poser une problématique, il convient de revenir sur l’auteur et son œuvre.
Baudelaire est né en 1821, à Paris. Il est issu d’une famille aisée, mais perd
son père à ses 6 ans. Cela le marquera beaucoup, encore plus lorsque sa mère se
remarie peu de temps après. Après un voyage, d’où il finira par être rapatrié,
Baudelaire mène une vie de Dandy, dû à l’héritage de son père, ce qu’il lui vaudra
d’être sous tutelle. C’est à ce moment qu'il fréquente les sphères parisiennes et qu’il
trouve Jeanne Duval, une des femmes que l'auteur aimera de façon platonique.
Après divers évènements, en 1857, Charles Baudelaire voit son recueil de
poème, “Les Fleurs du Mal” être publié. C’est un vrai phénomène, au point que cela
lui vaudra un procès, quelques temps après celui de Flaubert, car on juge que ce
qu’il y est écrit défie les codes morales et religieux. Le recueil est un vrai succès et
se voit même offrir, en 1861, une seconde édition, enrichi d’une trentaine de poèmes
et d’une sixième section “Tableaux Parisiens”. De par les choses qu' il traite dans
son recueil, Baudelaire est une figure importante de la littérature française, par les
apports qu’il y a fait.
Baudelaire et son recueil sont des “singularités”, des choses que l’on voit
assez peu. De ce fait, à travers sa vie et son oeuvre, et accompagné de la citation
de Bonnefoy, on peut se demander : “Comment, à travers la vie de Baudelaire et de
son oeuvre principale, peut-on percevoir une énergie comme le remarque Bonnefoy,
alors que ce dernier est, supposément, à l’opposé de cette perception?” Pour
répondre à cette problématique, on s’intéressera à diverses choses. La première
partie de notre réflexion s’intéressera à Baudelaire, l’homme et l’artiste qui se trouve
derrière le recueil. Puis, dans un second temps, on s’intéressera plus au recueil “Les
Fleurs du Mal”, des thèmes et de ce Baudelaire a voulu transmettre, avant de
proposer une conclusion

Baudelaire est un poète important de son époque, et qui lui rend bien. Par
exemple, la chose que l’on remarque dans son recueil est la modernité de ce
dernier. Il adopte un format classique de la poésie la plupart du temps, avec des
strophes composés de 4 alexandrins la plupart du temps. Cependant, il n’est pas
rare de voir la forme changer, avec des octosyllabes,de la prose, avec “Allégorie” ou
encore des formes plus originales, avec “Spleen” 76 et 77. Cette passe aussi par
autre chose : il ne cherche à créer une nouveau genre littéraire, mais plutôt à créer
comme cela vient, d’où cette envie de modernité chez Baudelaire : il créé avec
l’envie de créer, et non dans l’optique de créer quelque chose que les autres vont
suivre, comme les formalistes, naturalistes et autres. Déjà, de là, on peut voir ce que
peut percevoir Bonnefoy chez Baudelaire : une énergie de création, qui ne semble
pas être dirigée vers les contraintes que peuvent offrir les genres littéraires.
Si l’on parle de modernité dans son processus de création de poèmes, il
paraît normal de souligner un auteur moderne qui a marqué l’auteur dans sa vie. Il
s’agit d'Edgar Allan Poe. En dehors de ces inspirations françaises comme Flaubert,
ou encore Hugo, Edgar Allan Poe est, probablement, la figure la plus importante aux
yeux de Baudelaire. En le découvrant, il est épris d’une passion, envers ce poète
qui, comme lui, est l’archétype du “poète malheureux”, “poète de la misère” car
Baudelaire, mis sous tutelle, ne peut pas accéder à sa fortune et mourra dans une
relative pauvreté. A l'issue de cette découverte d’un compère, Baudelaire décide
plusieurs choses dont la principale : s’investir, au mieu, dans la traduction des
œuvres de Poe en français. Sans doute la passion, ou une envie de partager au plus
de monde possible Poe, il traduira certaines de ces œuvres si bien, que certaines
traductions sont encore utilisées aujourd’hui. Mieux encore, il tire de Poe une
énergie, une motivation de le décortiquer, le disséquer pour comprendre ce qui fait
qu’il ait une impression de similarité. De cette autopsie de l’auteur américain,
Baudelaire en ressortira trois essais, qui tente d’analyser, le plus possible Edgar
Allan Poe.
Baudelaire côtoie certains auteurs de son époque, comme Hugo et Flaubert.
Même si on peut supposer une certaine amitié entre ces figures littéraires, ils n’ont
pas l’impact qu’a pu avoir Poe sur sa façon d’écrire. Outre sa passion pour Poe,
Baudelaire mettra aussi une certaine passion à écrire pour les femmes qui l'ont
marqué. On peut déjà penser à sa mère, une des femmes de sa vie, mais que l’on
ne retrouve pas dans son recueil, du moins, pas directement. Si l’on doit citer une
figure féminine qui a marqué l’auteur et sa poésie, on pensera plus spontanément à
Jeanne Duval, une actrice et danseuse qui est la muse de Baudelaire. C’est la figure
féminine qui marque “Les Fleurs du Mal”, malgré la misogynie de l’auteur. On
retrouve des poèmes qui lui sont dédiés, et qui sont comme une bulle dans le ton du
recueil. On peut penser à “La chevelure” ou “Parfum Exotique” qui mettent en avant
Jeanne Duval, sans la citer. Il met une vraie âme à faire ces poèmes, ce qui les
détache assez avec le ton global du recueil, qui est plus lourd, presque pesant.
En regardant de plus près Baudelaire, on remarque quelque chose qui peut
échapper au premier abord : c’est une force, une énergie débordante, pour la
création et rendre hommage aux gens qu’il apprécie, même si, à tort ou à raison,
certains auteurs considèrent ce cernier comme se laissant dériver, sans prendre de
décision ou prendre sa vie en mains.

Si les influences de Baudelaire sont diverses, et qu’il possède un style


“étonnant” pour sa poésie, il faut, pour pouvoir voir, ou non, l’énergie, la force de
l’auteur, s’intéresser de près à son œuvre maîtresse : “Les Fleurs du Mal”.
Le recueil “Les Fleurs du Mal” a un parcours assez particulier. D’abord publié
en 1857, Baudelaire se retrouve devant un tribunal, qui juge son livre comme
moralement choquant pour la société, et notamment pour la religion, chose
compréhensible, lorsque l’on regarde les sections “Révolte” et “La Mort”. A la suite
du procès, il se retrouve obligé de retirer 6 poèmes, que l’on peut retrouver dans
certaines éditions modernes, sous le nom de la section “Pièces condamnées” et qui
regroupent ces 6 poèmes interdits. Donc, en 1857, paraît le recueil, amputé de 6
poèmes, et avec seulement 5 sections : “Spleen et Idéal”, “Le Vin”, “Fleurs du Mal”,
“Révolte” et “La Mort”. En 1861, quelques années avant son décès, une seconde
édition, une certaine d’édition définitive, est publiée, avec une trentaine de poèmes
supplémentaires et, plus important : une nouvelle section : “Tableaux Parisiens”.
Puis paraîtra une édition complète, avec les 6 poèmes interdits, plus tard. Avec
l’histoire du recueil, on perçoit une vraie envie de Baudelaire à compléter son œuvre.
Malgré la condamnation, il ne se débine pas et continue d'écrire, et d’augmenter le
recueil initial.
En dehors de l’histoire complexe du recueil, entre la publication, la
condamnation et les autres éditions augmentées du livre, on retrouve aussi une
sorte d’histoire, ou plutôt un fil rouge, au long du récit. Et cette idée est aidée par les
noms des sections, assez cohérent les uns entre les autres, comme si Baudelaire
souhaitait, toujours dans une envie de modernité, faire de son recueil une sorte de
nouvelle, où l’on suit un personnage. On va donc procéder section par section.
Dans “Spleen et Idéal”, le personnage passe par différents stade, mais atteint,
à chaque fois un même état : celui de la mélancolie, et de la peur de l’avancement
du temps. On peut interpréter “La Charogne” dans ce sens : le narrateur voit
l’avancement du temps, et, malgré cela, affirme qu’il aimera toujours son amante,
comme maintenant et comme avant. Avec “Le mort Joyeux”, on est dans un esprit
similaire : le narrateur souhaite s’enterrer au plus vite, comme une façon d’échapper
à la mélancolie. Dans “Tableaux Parisiens” on suit un narrateur, coincé dans sa
mélancolie, qui erre dans un Paris qui ne semble pas reconnaître, qui change, avec
“Le Cygne” : “Paris change ! mais rien dans ma mélancolie / N’a bougé !”. Ensuite,
avec “Le Vin” et “Fleurs du Mal”, on suit le narrateur du recueil se réfugier dans des
paradis artificiels, que sont l’alcool et l’attrait au mal. En tentant de noyer la
mélancolie des ces artifices, le narrateur, et les personnages qu’il décrit, ne font que
repousser le spleen, sans le faire disparaître. L'avant-dernière section, “Révolte” est
une façon d'expression, de lutte directe avec le monde et le spleen. Le narrateur ne
fuit plus, mais fait face à ce qu’il cherche à fuir. Pour faire face à cela, le narrateur
invoque, avec le trio que constitue “Le reniement de Saint-Pierre”, “Abel et Caïn” et
“Les litanies de Satan”, ou plutôt rejette la religion pour se tourner vers des choses,
certes plus occultes, mais qui pourront l’aider ou le sauver. Ainsi, “La Mort” apparaît
comme une délivrance, mais est décrit différemment : “Le rêve du curieux” permets
une renaissance, “La fin de journée” donne au mot mort, le sens de repos là où “La
mort des amants” peut se lire comme une mort littéral ou comme la mort des
sentiments.
Ainsi, en regardant le recueil, on remarque, à travers la poésie, que
Baudelaire tente de transmettre certaines pensées et impressions. Par exemple, le
plus parlant est avec la première section, Baudelaire étant à la base de la
démocratisation du terme spleen. Chaque section tente de faire passer quelque
chose au lecteur : le spleen exprime la mélancolie et une peur du futur, le seconde
section nous montre une ville qui subit des changements depuis un certain temps et
où le narrateur ne se reconnaît pas, ou plus,etc… De ce fait, Baudelaire nous
partage sa pensée, son époque, ses questionnements et ses craintes. Sans la
seconde section, le recueil ne serait pas complet, comme lorsqu’il est sorti en 1857 :
il manque une clé de compréhension de l'œuvre, dans sa globalité : celle d’un
personnage qui stagne, dans un monde qui bouge sans cesse, le laissant derrière.
Ainsi, on perçoit une vraie énergie qui se dégage. D’abord celle de Baudelaire qui
tente de nous transmettre ces pensées dans un style exceptionnel, respectant la
métrique du vers, et y désobéit quand le propos est apte, comme avec “allégorie”,
où il tend plus vers de la prose. Une autre forme d’énergie qui se dégage, est
l’histoire que nous fait suivre le recueil, et son narrateur. Le narrateur tente, par tous
les moyens, de se soustraire au Spleen : souvenirs, révoltes, paradis artificiels et
éphémères,etc. Pourtant il ne réussit pas, malgré le fait qu’il semble y mettre tout ce
qu’il a.

Pour conclure, Baudelaire dégage une certaine énergie, que ce soit dans
“Les Fleurs du Mal ou dans sa vie. On a, de par le statut de poète de la misère que
l’on attribue à Baudelaire, une idée reçue de ce dernier, qui cherche à se préserver,
et qui n’est pas tant productif, car ayant publié que “Les Fleurs du Mal”. Pourtant,
c’est une idée fausse, bien que certains auteurs aient jugé bon de dire que
Baudelaire se laissait porter par la vie, sans jamais lutter. Même si ce n’est pas ce
qui ressort du personnage et de son œuvre, Baudelaire reste une personne qui a
investi énormément de sa personne dans ce qu’il souhaitait faire et proposer à ses
lecteurs, à son époque et à la postérité.

Vous aimerez peut-être aussi