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Baudelaire n’a pas découpé son recueil en sections juste pour nous faciliter la lecture. Il n’y a pas non plus
d’ordre chronologique. Le poète a véritablement réfléchi à la structure de son recueil afin que cette
composition ait un sens.
Le recueil dessine l’itinéraire de Baudelaire, le cheminement de son âme qui vit une véritable descente
aux enfers.
Dès le premier poème qui ouvre le livre, « Au lecteur », Baudelaire nous dit que le monde est un enfer.
Ensuite, la structure du recueil va explorer cet enfer :
Dans « Spleen et Idéal », il décrit son déchirement entre ces deux états philosophiques. Tous ses
élans vers l’Idéal sont annihilés par le spleen, cette profonde angoisse existentielle.
Dans « Tableaux parisiens », il tente de se rapprocher de l’autre dans la ville, mais cette tentative de
rapprochement aboutit à un échec. Baudelaire met en avant le sentiment moderne de solitude dans
la grande ville.
Dans « Le Vin », il se tourne vers les « paradis artificiels » : l’alcool, la drogue.
Dans « Fleurs du mal », il décrit le vice et la débauche qui mènent au dégoût de soi-même.
La section « Révolte » exalte Satan, mais Baudelaire nous montre que pactiser avec le diable est
inutile.
Dans « La Mort », Baudelaire dépeint son aspiration à mourir. La mort est présentée comme l’ultime
remède, le secours suprême.
La composition des Fleurs du mal retrace ainsi la descente aux enfers de Baudelaire.
Explication du titre
La section « Spleen et Idéal » est la section la plus importante du recueil, du moins quantitativement
puisqu’elle regroupe à elle seule davantage de poèmes que toutes les autres sections réunies.
La composition de la section
Nous pouvons distinguer plusieurs étapes dans « Spleen et Idéal » :
Dans les premiers poèmes, Baudelaire exprime ses aspirations en tant qu’artiste, son culte de la
beauté et les difficultés de sa condition de poète. Un célèbre poème illustre bien ce propos :
« L’albatros ».
L’Idéal vers lequel tend Baudelaire s’incarne également dans l’amour auquel une quarantaine de
poèmes sont consacrés.
La rencontre amoureuse reste un échec. Elle promet un bonheur qui ne se réalise pas. La création
artistique constitue également une souffrance pour Baudelaire qui ne parvient pas par l’écriture à
immortaliser les moments d’Idéal. Ces nombreuses désillusions donnent naissance au spleen.
Les poèmes relatifs au spleen se situent à la fin de la section « Spleen et Idéal » : cette position
traduit la victoire du spleen, des désillusions, de la souffrance sur l’idéal.
« Tableaux Parisiens »
Dans cette section, Baudelaire fait une nouvelle tentative pour se libérer du spleen. Cette tentative
consiste à s’intéresser aux autres et surtout aux plus misérables aux plus déshérités.
Aujourd’hui, faire des poèmes sur la ville vous semble peut-être un sujet assez banal. Pourtant au XIXe
siècle, c’était quelque chose de très nouveau et de très moderne.
Baudelaire, en puisant son inspiration dans la ville, s’inscrit à contre-courant du mouvement romantique
qui puise son inspiration dans la nature.
Pour le poète, l’artificiel, dans le sens de ce qui n’est pas naturel, ce qui est produit par l’homme, est
supérieur au naturel. C’est dans l’artificiel qu’il trouve sa source d’inspiration.
Ce thème de la ville est nouveau pour le poète puisque cette section n’existait pas lors de la première
publication des Fleurs du mal en 1857, elle fut rajoutée en 1861.
Le rapprochement des plus démunis
Dans l’ensemble de la section, le poète fait le portrait de vieillards, des vieilles femmes, d’aveugles, de
prostituées, de mendiants. Il peint la détresse physique et morale des plus déshérités.
A travers ces portraits, il montre sa compassion, sa sollicitude à l’égard des plus démunis. Il met en avant
une forme de solidarité invisible. Par exemple :
Dans « Les aveugles », Baudelaire ressent une forme de communion avec les aveugles qui ne
s’aperçoivent pas de sa présence.
Dans « Les petites vieilles », il accomplit une ode aux vieilles femmes.
Surtout, Baudelaire révèle la beauté de ces personnages en mettant en évidence la différence entre l’être
et le paraître.
Dans « A une mendiante rousse », il fait l’éloge de la beauté d’une mendiante.
Il met en contraste l’apparence de ces personnages et leur beauté cachée, invisible.
Le recours au contraste
La poésie de Baudelaire s’exprime à travers de violents contrastes. Le poète allie des images
habituellement contradictoires : le désir sensuel et la décomposition de la chair (charogne, remords
posthume), la laideur et la beauté, le spleen et l’idéal.
L’accueil du recueil
Desservi par sa mauvaise réputation (consommation de drogues, dettes, écarts amoureux), Baudelaire voit
son recueil Les Fleurs du mal censuré lors de sa parution en juin 1857.