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Collège Notre-Dame de Jamhour Mars 2021

Classes de 1res 4 et 6

OE | La Poésie du XIXe au XXIe siècle.


Alchimie poétique : La Boue et l’Or

DISSERTATION | ÉTUDE TRANSVERSALE DE LES FLEURS DU MAL

Introduction
" Au Lecteur " : Poème liminaire. Une sorte de pacte de lecture qui met l'accent sur la fraternité des
hommes dans la déchéance, une fraternité de damnés, de victimes. Les hommes se sentent solidaires devant
la misère, la sottise, la lâcheté, l'ennui et le mal. Les Fleurs du mal sont alors une œuvre-voyage qui
comporte six étapes et dont l’architecture reflète le cheminement et la quête du poète.

I. Spleen et Idéal
Il s’agit d’une forme d'exposition ; c'est le constat du monde réel tel que le perçoit l'écrivain.
Sont abordés tour à tour les thèmes suivants :
LA CONDITION DU POÈTE
L’Albatros Ici, Baudelaire oppose d’une certaine manière l’Idéal au Spleen, à travers la
II parabole de l’oiseau. Il met en scène une vision pessimiste de la société, dans
laquelle le poète ne trouve pas sa place. Reprise d’une image initiée par les
Romantiques mais surtout développée par Baudelaire, celle du poète maudit
(incompris de ses contemporains, marginal dans la société).
Il s’agit du mal de vivre, qui chez Baudelaire, s’amplifie et devient le Spleen =>
refuge de l’artiste dans la poésie du Beau.
La cloche fêlée Le sonnet « La cloche fêlée » rend compte de la tension entre spleen et idéal qui
LXXIV 74 tiraille le poète. À la personnification de la cloche s’oppose la situation du poète
accablé par le spleen, jusqu’en mourir. Ce sonnet restitue bien le sentiment
d’invincible impuissance qui accable le poète.
Spleen IV C’est un poème dramatique qui dépeint la montée de la crise (vers 1 à 12), puis
son paroxysme (vers 13 à 16) et la défaite finale (vers 17 à 20), le tout de manière
de plus en plus malsaine, démente.

Le spleen s'y exprime à trois niveaux :


- le mauvais temps
- le spleen moral et psychologique
- le spleen métaphysique (strophe quatre).

LA FEMME
Hymne à la beauté Cet hymne est consacré à Jeanne Duval, une femme que Baudelaire a aimée.
XXI Jeanne Duval est aussi l'inspiratrice d'autres poèmes de Baudelaire comme
« Parfum exotique », « La Chevelure » et bien d'autres.
Le poème « Hymne à la Beauté » peut surprendre car il associe à la beauté les
images du bien, mais aussi du mal et du satanique, images qui ne sont
généralement pas associées à la notion de beauté. Dans ce poème, Baudelaire
montre sa modernité en associant à la beauté, non seulement les images
traditionnelles du bien, mais aussi et surtout les images nouvelles du mal, du
monstrueux. Cette beauté monstrueuse lui permet de s'extirper du spleen et du
temps qui passe.
Parfum exotique « Parfum exotique » est le premier poème de la section consacrée à Jeanne Duval
XXII dans la section Spleen et idéal. Elle est la maîtresse de Baudelaire. Toutefois, la
femme s'efface rapidement en raison de la puissance de son parfum qui engendre
une vision imaginaire et idéalisée.
Le poème commence comme une évocation sensuelle de la femme aimée. Mais à
travers ce sonnet, Charles Baudelaire donne aussi une définition de la poésie :
pour lui, la poésie est synesthésie, et le poète un alchimiste qui transforme la
prose en chant. On y retrouve aussi les caractéristiques de la plume
baudelairienne et du symbolisme : passage du sensuel au spirituel, jeux des
correspondances et mélange des sensations. Pour Baudelaire, le bonheur ne peut
exister que dans cette recherche d'idéal et par l'intermédiaire d'une rêverie.

La Chevelure Le titre du poème nous plonge d'emblée dans l'univers féminin, en introduisant
XXIII conjointement au thème fondamental de la femme dans la poésie de Baudelaire,
celui de l'amour. Mais curieusement, tout au long du poème, la femme n'est
présente que par ce seul attribut de séduction. Le propos de Baudelaire dans ce
poème n'est pas de faire le portrait de la femme aimée, mais d'utiliser la puissance
évocatrice de la chevelure afin de pénétrer dans l'univers du rêve. Ainsi la femme
aimée, grâce à sa chevelure et au pouvoir des sens, ouvre au poète les portes de
l'imagination. Grâce à la puissance de cette dernière, il accomplira le véritable
voyage : le voyage poétique au point de rêver d’être l'égal de Dieu.
Chant d’Automne Le poète est en proie au spleen, sentiment mélancolique lié à la fuite du temps.
LVI 56 Dans ce chant mélancolique, le poète exprime son angoisse à travers la nature et
la musicalité. Cette mélancolie est liée à la fin de l'été que Baudelaire évoque
avec nostalgie : « en regrettant l'été blanc et torride » (v.2), « C'était hier l'été ;
voici l'automne! Une issue semble possible grâce à la femme aimée et à la poésie.
La femme et la poésie apparaissent comme un soulagement temporaire.
Réversibilité XLIV Ce poème est dédicacé à Mme Sabatier. Sa particularité c’est qu’il démontre bien
44 comment est-il possible de passer du spleen à l'idéal. En effet, dans un premier
temps les images du spleen correspondantes aux 4 premières strophes puis la
dernière présente une prière qui sert à remettre en question (=conjurer) le spleen.
C’est la prière qui a donc permis à Baudelaire de passer du spleen à l'idéal, les
sentiments changent.

LE TEMPS
L’ennemi Dans « L’ennemi », Baudelaire reprend au romantisme le thème de la conscience
X du temps qui passe, synonyme d’angoisse et de mélancolie, que l’on voit par
exemple dans Les Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand. Cependant, il
modernise cette thématique en la transposant dans sa propre esthétique. Le temps
ici personnifié apparaît comme un ennemi, un vampire qui vide le poète de son
sang pourtant nécessaire à son inspiration. La présentation du temps comme un
mal universel est récurrente chez Baudelaire.
L’Horloge Dernier poème de la section « Spleen et Idéal » appartient au cycle de poèmes sur
LXXXV 85 le temps, parmi lesquels « L’Ennemi », « Chant d’automne » ou « Le Goût du
néant ». « L’Horloge » signe la victoire du spleen sur l’idéal à travers l’image
d’un temps tout-puissant et destructeur, un temps vampirique qui boit l’existence
de l’homme à toute vitesse pour le précipiter vers la mort. C’est une
représentation particulièrement dramatique et angoissante pour l’homme
impuissant qui s’engage dans une lutte perdue d’avance.
L’ART POÉTIQUE
Correspondances Dans ce poème dont la fonction est un Art poétique, le poète renoue avec la
IV fonction romantique du mage. En effet, Baudelaire est persuadé que seul le poète
peut percevoir intimement le monde sensible, sa première source d’inspiration. Il
ouvre dans la méditation sur la Nature une nouvelle voie de connaissance en
même temps qu’il invente ou plutôt affine les expressions novatrices qui lui
permettront de rendre compte de cette expérience mystique. Le poète livre une
méthode, celle des synesthésies, c’est-à-dire des équivalences sensorielles.
Les outils littéraires aptes à rendre compte de cette démarche sont essentiellement
les figures d’images : comparaisons et métaphores.
Le sonnet « Correspondances » est donc d’abord un poème didactique organisé
selon la progression logique propre à ce type de texte : l’instauration de la
relation, les correspondances dans la nature elle-même, enfin les parfums dont
seul le poète peut discerner les significations. Baudelaire utilise habilement la
structure du sonnet : les deux quatrains constituent le temps théorique, les deux
tercets livrent le développement d’équivalences. Ainsi « Correspondances » se
présente-t-il comme un véritable « art poétique », c’est-à-dire la formulation d’un
projet esthétique en même temps que son illustration par l’exemple.

II. Tableaux Parisiens


Baudelaire tente de se noyer dans la foule anonyme de Paris pour y trouver une forme de beauté.

LA VILLE
Paysage « Paysage » est le poème liminaire de la section intitulée "Tableaux parisiens".
LXXXVI 86 Dans ce premier poème, Baudelaire définit sa démarche poétique et ses sources
d'inspiration. Il présente ici le contexte de création poétique, la ville. Il précise
comment le réel se métamorphose, et fait comprendre au lecteur la nécessité de la
solitude et de l'isolement pour le poète. Le poème est construit en deux strophes
irrégulières d'alexandrins : la première est un huitain et la seconde une strophe de
18 vers. L'utilisation des rimes plates donne une impression de simplicité. Enjeu du
texte : Le poème se présente comme un art poétique définissant la démarche du
poète tout en la mettant en œuvre.
Les aveugles Il s’agit d’une scène à la fois grotesque et tragique, au milieu de l'agitation de la
XCII 92 rue, qui invite le poète à méditer sur sa propre condition. D’un apparent sarcasme,
on en est venu en « retourner » la description pour qu’elle se mette à désigner d’une
part le poète, d’autre part le lecteur, appelé à réfléchir à l’humanité tout entière.
Ce poème suscite donc une certaine inquiétude, mais aussi un certain pathétique,
celui de l’ironie, de l’amertume : il constitue un rappel de notre existence
laborieuse, affirmant que nous vivons du côté du spleen, comme des aveugles
tournés vers l’idéal, mais incapables de le voir...
À une passante Le poème est consacré à l'évocation d'une rencontre. Le hasard de la ville met le
XCIII 93 poète en présence d'une femme idéale, d'autant plus fascinante qu'elle est perdue
sitôt que rencontrée. Sa beauté fulgurante et les sentiments qu'elle inspire sont pris
en charge par une écriture qui rend excessives les sensations et émotions qu'elle
énonce. Ces exagérations confèrent au texte sa technique théâtrale.
La succession des tableaux – surgissement de la figure féminine, intensité du coup
de foudre, désespoir de la séparation – est décalée par rapport à la distribution
ordonnée des quatrains et des tercets. Cette brisure souligne l'inattendu de la
rencontre et le désordre émotionnel.

III. Le Vin
Après l’échec de la Ville, les trois sections suivantes sont des tentatives de réponse au spleen, d’atteinte de
l’idéal. Baudelaire s’aventure à cette fin dans « les paradis artificiels. »

L’âme du Vin Ce poème est la personnification du vin, ou pour être plus précis, une
CIV "prosopopée" (attribuer un discours à un objet). Le vin est ainsi pour l’homme le
104 moyen d’accéder à la poésie| l’homme « supérieur », ou tout au moins, pour le
commun des mortels, de se consoler d’une vie laborieuse | « un homme usé par les
travaux ».

IV. les Fleurs du mal


Il se tourne là vers les plaisirs charnels.

La destruction Dans ce poème Baudelaire choisit le Démon comme personnification du Mal qui
CIX l’entoure et l’accable. Il se dit entouré par ce démon expression de ses vices. Il
dessine pourtant la représentation ultime de ce mal sous les aspects d’une femme
fatale, référence sans doute à ses amours chaotiques. Le Démon évoque son
déchirement intérieur. Il est la démonstration d'une instabilité et d'une souffrance.

V. La Révolte
Après ce triple échec vient la révolte contre l’absurdité de l’existence.

Les Litanies de Les poèmes de cette section sont une critique de l'ordre social, puis une observation
Satan du caractère insatisfaisant de la condition humaine. C'est enfin Dieu lui-même qui
CXX est mis en cause. Cette logique mène au défi de Dieu et à la louange de Satan. Le
satanisme de Baudelaire n'a donc rien de neuf et on aurait tort d'en exagérer
l'importance. Pourtant, c'est là une étape obligée dans un cheminement qui a mené
le poète à refuser toute la médiocrité du sort humain.

VI. La Mort
La mort vaine mais salvatrice. Elle demeure le seul moyen possible pour échapper au Spleen.

Le Voyage Le Voyage de Baudelaire est un long poème en alexandrin en huit parties. Il est
CXXVI placé dans la dernière section du recueil. Le titre du chapitre va être en lien avec ce
poème symbolique, qui parle du thème traditionnel du voyage sous toutes ses
formes. Baudelaire dépeint différents voyageurs mais également différents voyages
qui peuvent être dû à l'imaginaire de l'enfance, à la littérature, à l'onirisme.
Ce poème est une métaphore de la mort. Baudelaire conclut son recueil par le
thème de la mort, le voyage suprême. Tel est l’aboutissement de sa quête. Devant
l’échec des tentatives précédentes, il nous propose ici la dernière issue possible mais
de façon poétique.

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