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Dissertation La Bruyère

Sujet : Dans quelle mesure est-il possible d'envisager Les Caractères comme une œuvre théâtrale ?
Vous répondrez dans un développement structuré qui prendra appui sur l’œuvre intégrale et le
parcours la comédie sociale

La Bruyère célèbre moraliste du 17e siècle analyse la nature humaine qu'il observe à la cour et nous
en restitue les ridicules et les vices Les Caractères est une œuvre destinée à corriger la société de
l'époque.il s’inspire des Caractères de Théophraste, auteur du IV siècle av JC en défenseur des
anciens dans la querelle des Anciens et des Modernes. Cette œuvre s’organise en différents
chapitres, chacun composé de plusieurs remarques. Celles-ci prennent parfois la forme de maximes,
de portraits ironiques ou de réflexions satiriques .Il peint donc des Caractères permanents repérables
dans l’humanité et les transforme en archétypes remarquables. De plus dans les Caractères, le
monde devient un théâtre ou chaque homme joue un rôle. Pour cela, Jean De La Bruyère a recours à
l'ironie, rapprochant donc son œuvre du genre théâtral. En effet le moraliste démasque les ruses et
et les mensonges de ses contemporains tout comme le fait Molière dans ses pièces de théâtre .Nous
pouvons donc nous demander dans quelle mesure est-il possible d'envisager Les Caractères comme
une œuvre théâtrale ? Nous verrons d’abord la comédie sociale que représente cette œuvre et nous
aborderons ensuite le fait que comme pour le théâtre du XVIII e siècle l’œuvre des Caractères sert
d’outil pour instruire et plaire et respecte totalement le principe primordial de placere et doecere .

Nous analyserons donc dans un premier temps la comédie sociale que présente l’œuvre et plus
particulièrement dans un premier temps le theatrum mundi (vision du monde ou l’homme est un
acteur et le monde une scène de théâtre) que nous dévoile La Bruyère , ainsi au cours de son œuvre
nous comprenons que la vie est une image de scène de théatre où tout le monde a un rôle à jouer.

En effet il s’inspire de la pièce de théâtre que représente la cour pour dévoiler les mensonges et les
faux semblants de celle-ci. Lors du livre V à X l’œuvre de La Bruyère devient par moment une
comédie mais nous aurions tord de l’a réduire seulement a cela car d’après le dictionnaire de
l’académie révèle qu’en français classique le mot « comédie » désigne « une pièce de théâtre
représentant quelque action de la vie humaine qui se passe entre des personnes privées » et donc
que celle-ci n’a pas toujours comme but de faire rire : elle représente juste le monde sans l’idéaliser
comme le démontre la remarque 31 du livre VI ou il écrit « Le peuple souvent a le plaisir de la
tragédie : il voit périr sur le théâtre du monde les personnages les plus odieux, qui ont fait le plus de
mal dans diverses scènes, et qu'il a le plus haït. » Ici le théâtre représente le monde qui entoure les
personnages et la comédie n’est pas plaisante. Ainsi La Bruyère s’intéresse à la façon dont les
individus se mettent en scène à la cour pour dévoiler l’envers du décor, comme il le dit si bien dans la
remarque 99 « De la Cour » : « Dans cent ans le monde subsistera encore en son entier : ce sera le
même théâtre et les mêmes décorations, ce ne seront plus les mêmes acteurs. » il désigne ici
clairement les courtisans comme des acteurs et la cour comme un scène de théâtre qui a pour seul
de mettre en valeur les courtisans. Il emploi le champs lexical du théâtre avec des mots tels que
«comédie» «scène» et «acteur», ce procédé est aussi notable au fil des livres et notamment dans la
remarque 60 du livre VIII, avec la répétition de « spectacle » grâce à cela l’auteur nous immerge dans
la comédie qu’est la cour de plus les très nombreuses hypotyposes qu’on retrouve tout au long de
son œuvre donne au lecteur l’impression d’assister lui-même a une pièce de théâtre aussi la
multiplication des verbes de mouvement informe le lecteur sur leur jeu comme lors par exemple de
la remarque de Phédon dans le livre VI qui est tellement détaillée que nous avons l’impression de le
voir devant nous. Nous pouvons faire un rapprochement avec La cour du Lion fable de La Fontaine
qui représente lui aussi le monde comme une pièce de théâtre en effet cette fable illustre la cour
dans une saynète ou les personnages jouent eux aussi un rôle dans cette pièce qu’est la cour.

Nous allons maintenant nous intéresser a la manière dont La Bruyère met en scène des portraits qui
illustre a chaque fois un défaut ou un travers de l’époque parallèlement a Molière qui lui aussi
dépeint des archétypes littéraires en représentant souvent des personnages obsessionnel au défauts
omniprésent. En effet de la même façon que Molière La Bruyère enlève les masques aux comédiens
de la vie quotidienne et représente dans son œuvre différents portraits pour révéler les coulisses de
cette époque. Il met ainsi en scène des portraits satiriques ou il propose une critique moqueuse du
personnage mis en scène : les métaphores réifient ou animalisent même parfois les personnages afin
de montrer la vanité de leur actions comme par exemple lorsqu’il met en scène Giton il dresse de lui
une portrait sans aménité de l’arrogant par excellence , en effet Giton est l’allégorie du riche
mondain il cumule les défauts comme la prétention l’égocentrisme… mais ici ce que veut critiquer La
Bruyère par le biais de cet archétype est la fait que malgré tous ses défauts Giton a ce comportement
en toute impunité car il est riche. Donc La Bruyère ici cherche à mettre en lumière a travers ce
portrait un des vices de son époque qui est que l’argent prime sur la vertu. Donc comme nous l’avons
vu La Bruyère en tant que moraliste s’intéresse de près aux mœurs des individus, il pratique donc
l’éthologie (elle s’intéresse à décrire le comportement des animaux mais aussi des humains) il va
donc s’appliquer à analyser le comportement de « l’animal social » et va leur ôter leur masques ainsi
dernière les apparences plaisante révéler les coulisses sociales comme par exemple lorsque dans la
remarque 74 il va écrire une satire violente de la cour qui de l’extérieur peut paraitre attirante mais
est en réalité le lieu où règne les apparences, les fausses valeurs, l’excentricité et les plaisirs des sens.
L’archétype littéraire des mondains futiles est ici mis en scène nous pouvons notamment faire un
rapprochement avec la pièce de Molière des « Précieuses ridicules » ou il critique aussi le ridicule des
excentricités féminines comme La Bruyère dans « De la Ville » remarque 3 « Dans ces lieux d’un
concours général, où les femmes se rassemblent pour montrer une belle étoffe, et pour recueillir le
fruit de leur toilette, on ne se promène pas avec une compagne par la nécessité de la conversation ;
on se joint ensemble pour, se rassurer sur le théâtre, s’apprivoiser avec le public, et se raffermir
contre la critique : c’est là précisément que l’on se parle sans se rien dire, ou plutôt que l’on parle
pour les passants, pour ceux-là même en faveur de qui l’on hausse sa voix, l’on gesticule et l’on
badine, l’on penche négligemment la tête, l’on passe et l’on repasse. ». La bruyère utilise donc tout
au long de son œuvre l’esthétique baroque qui fait ressortir les apparences trompeuses, ainsi la
cours devient le lieu ou l’on doit se faire voir.
L’honnête homme n’est alors plus l’homme vertueux et modeste, mais celui qui se fait remarquer
par sa maitrise des codes sociaux et ainsi par le travestissement de sont être, ainsi dans la remarque
43 du livre V « Cléante est un très honnête homme.
Il s’est choisi une femme qui est la meilleure personne du monde et la plus raisonnable : chacun, de
sa part, fait tout le plaisir et tout l’agrément des sociétés ou il se trouve ; l’on ne peut voir ailleurs
plus de probité, plus de politesse. Ils se quittent demain, et l’acte de leur séparation est tout dresse
chez le notaire.
Il y a, sans mentir, de certains mérites qui ne sont point faits pour être ensemble, de certaines vertus
incompatibles » nous pouvons peut-être comprendre qu’en apparence Cléante est un honnête
homme mais qu’il est en réalité tout autre ce qui est sans doute la raison de la séparation…
Dans son œuvre, sa critique ne s’arrête pas à la critique du peuple mais aussi à celle du roi bien sûr
en utilisant des portraits pour éviter la censure mais le lecteur comprend implicitement que le
monarque et ses actes sont visés : notamment à la remarque 2 « Du Souverain et de La République »
ou il fait une critique violente : « Il ne faut ni art ni science pour exercer la tyrannie, et la politique
qui ne consiste qu’à répandre le sang est fort bornée et de nul raffinement ; elle inspire de tuer ceux
dont la vie est un obstacle à notre ambition : un homme ne cruel fait cela sans peine. C’est la
manière la plus horrible et la plus grossière de se maintenir ou de s’agrandir » ici l’archétype littéraire
dénoncer est le souverain tyrannique que nous pouvons assimiler au personnage du lion dans la
fable « La cour du Lion » de La Fontaine ou le souverain lion est un monarque tyrannique qui est
même comparé à Galigula. Pour conclure La bruyère tout au long de son œuvre met en scène
différents portraits qui ont pour but de dénoncer les travers et les vices de la société de son temps
similairement à Molière qui lui aussi via ses personnages critique les défauts…

Nous allons dans deuxième temps nous intéresser à la façon dont comme pour le théâtre du XVIII e
siècle l’œuvre des Caractères sert d’outil pour instruire et plaire et respecte totalement le principe
primordial de placere et doecere . En effet La Bruyère utilise la méthode du Castigat Ridendo Mores
pour écrire une critique satirique de la société de son temps. Nous pouvons rapprocher l’œuvre de La
Bruyère a celle de Molière via la satire sociale qui est mise en place dans les Caractères, en effet La
Bruyère châtie les mœurs en faisant rire similairement à Molière. Le registre satirique est très
présent car en effet La bruyère tourne en dérision des personnages, des comportements, des
situations pour critiquer et dénoncer tout en faisant en sorte que cela reste plaisant a lire pour le
lecteur. Comme il s’inscrit dans la tradition du précepte du Castigat Ridendo Mores il n’hésite pas
s’en inspirer et à avoir recourt à la maxime, la sentence et bien évidement au portrait pour créer ses
propres personnages ridicules. Donc même si l’œuvre doit rester plaisante a lire et faire sourire il ne
faut pas oublié que sa fonction est aussi d’instruire ainsi La Bruyère met en place de nombreux effets
miroirs qui incite lecteur a réfléchir sur la nature humaine et ses comportements, le lecteur encore
aujourd’hui peut tirer des leçons de cet ouvrage comme par exemple avec la remarque 50 du livre
« des Grands » ou le Pamphile est dénoncer : « Un Pamphile est plein de lui-même, ne se perd pas
de vue, ne sort point de l’idée de sa grandeur, de ses alliances de sa charges, de sa dignité » ici donc
le moraliste a pour but de critiquer un comportement et donc de pousser le lecteur a ne plus le
reproduire. Il offre des leçons universelles. Comme nous l’avons dit dans son texte La bruyère
utilisent les farces pour se moquer des défauts du monde et principalement de l'appât du gain il
introduit donc dans sa critique une tonalité comique comme lorsque qui se moque de l’avare dans la
remarque 65 du livre VI « L’avare dépense plus mort en un seul jour, qu’il ne faisait vivant en dix
années ; et son héritier plus en dix mois, qu’il n’a su faire lui-même en toute sa vie »il se moque ici de
l’avarice et du ridicule de ce que cela engendre comme Molière avec son personnage de Harpagon
qui illustre parfaitement bien l’avare . Aussi d’après lui la recherche de fortune est étroitement liée à
la bêtise car le moraliste associe l’absence d’esprit à la vanité dans « des Biens de Fortune ». Il s’agit
d’une « sorte d’esprit » qui n’est « ni le bel esprit » seul l’« homme d’un petit génie peut vouloir
s’avancer » 38… La bruyère tournera en dérisions d’autre vices de son époque et n’hésitera pas à
recourir aux effets de chute afin de surprendre son lecteur et marquer ainsi les esprits. Aussi le
discours direct de Sethon dans « De la société et de la Conversation » remarque 9 fait rire par l’effet
de surprise qui clôt le portrait ridicule du pédant Arrias. La chute amplifie la dénonciation.

Nous allons maintenant nous intéresser aux différents ressorts comiques qui sont présentés dans
cette œuvre et qui peuvent donc la rapprocher d’une pièce de comédie. En un sens premier est
comique ce qui appartient au théâtre. La Bruyère emprunte au théâtre ses types de comiques. Les
portraits amusent en ce qu’ils grossissent des traits de caractères chez les personnages tout au long
de son œuvre. Il recourt aussi au burlesque qui consiste a traité d’un sujet élevé en style dégradant.
C’est bien ce qu’il fait lorsqu’il réduit les taches des courtisans a des déplacements vains ou qu’il les
compare à des machines. Dans « Des biens de fortunes » remarque 83 Giton apparait ridicule par la
multiplication des adjectifs et des adverbes qui amplifie ses gestes : « il déploie un ample mouchoir,
et se mouche avec grand bruit ; il crache fort loin, et il éternue fort haut » … Mais le moraliste ne
force pas la nature. Le naturel étant déjà lui-même outré, La Bruyère, par ses caricatures, est fidèle à
ses observations, il présente donc des comiques de caractères qui font sourire le lecteur, comme La
Fontaine dans sa fable de La cour du Lion lorsque l’ours qui en tant qu’archétype de la lourdeur et de
la maladresse fera une action qui comique et maladroite qui le caractérise tout à fait. La Bruyère
utilise évidemment un des ressorts comiques principaux qui est l’ironie, il en use pour condamner les
comportements nous avons un exemple très explicite dans le livre VIII remarque 57 ou il dénonce les
gens qui ne sont présent que par intérêt, mais cette phrase peut en effet faire sourire le lecteur :
« Que d’amis, que de parents naissent en une nuit au nouveau ministre ! ». Ainsi par le procédé de
l’antiphrase, il dénonce des comportements comme la primauté accordée à l’argent dans « Des Biens
de Fortune » ou il écrit « faire fortune est une si belle phrase, et qui dit une si bonne chose, qu’elle
est d’un usage universelle ». Un autre ressort comique tout a fait notable dans cette œuvre est bien
évidemment le comique de situation qui est parfaitement illustré avec le portrait de Arrias qui selon
lui a tout vu, tout lu, connait tout et le fais croire aux autres mais une élément perturbateur vient
complètement falsifié ses mensonges : « Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c’est
un homme universel, et il se donne pour tel […] quelqu’un se hasarde de le contredire, et lui prouve
nettement qu’il dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au
contraire contre l’interrupteur : « Je n’avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d’original :
je l’ai appris de Sethon, ambassadeur de France dans cette Cour, revenu à Paris depuis quelques
jours, que je connais familièrement, que j’ai fort interroge, et qui ne m’a caché aucune
circonstance. » Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu’il ne l’avait commencée,
lorsque l’un des convies lui dit : « C’est Sethon a qui vous parlez, lui-même, et qui arrive de son
ambassade. ». Comme La Fontaine lorsque dans sa fable de La cour du Lion lorsque le singe qui en
voulant flatté le roi va paraitre comme flatteur excessif car sa flatterie était en effet ridicule et
maladroite et va donc être punie. La Bruyère introduit aussi un comique de mot par exemple avec le
fameux Acis qui est incapable de se faire comprendre car pour paraitre savant utilise un jargon
totalement incompréhensible et alambiqué, il est même assimilé aux diseurs de Phœbus qui
n’étaient compris de personnes.

Enfin nous allons nous intéresser a la manière dont la Bruyère peut être considéré comme un
metteur en scène de la même manière que Molière en effet La Bruyère n’hésite pas lui-même sa se
mettre en scène dans ce microcosme littéraire qu’il élabore en conversant avec ses personnages.
Mais quand il se représente comme sujet en agissant similairement à ses personnages comme dans
le rôle du pénible bavard qui tient la place de personnage principal « je cède enfin et je disparai,
incapable de souffrir plus longtemps Théodecte », ou encore dans le rôle de Acis et de son
« pompeux galimatias » lorsqu’il s’impose en disant « je vous tire par votre habit et vous dis à
l’oreille, ne songez point à avoir de l’esprit » … Mais aussi la diversité des registres présent dans
cette œuvre tel que le registre satirique, polémique, didactique, épidictique souligne la volonté de La
Bruyère de rendre son œuvre vivante tel une pièce de théâtre en effet Molière aussi dans ses pièces
utilisait une variété de registres surprenante.

Ainsi, si Les Caractères se rapprochent d'une œuvre théâtrale c'est tout d'abord grâce à des portraits
vivants et comiques, qui illustrent parfaitement bien la comédie sociale que représente cette œuvre,
la dimension théâtrale des Caractères réside au cœur même des portraits de personnage « acteur »,
qui joue tous un rôle derrière un masque. La notion de théâtre se retrouve également dans le fait
que la critique de la société est effectuée par le biais du précepte "placere et docere" qui a pour but
de plaire en effet les nombreux ressorts comiques et la diversité des registres qui rajoute du
dynamisme est très plaisante mais a bien sûr pour fonction d’instruire en dénonçant et critiquant les
vices et les mœurs de son temps.

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