I/ Rimbaud « poète correct ».

1. une forme majoritairement canonique (exemples : versification, sonnet classique,

rimes traditionnelles, usage de l'alexandrin)
2. Des poncifs poétiques traditionnels (exemples : la mélancolie dans « Ma bohème »,
la nature dans « Le Mal)
3. La mise en valeur de causes nobles (exemples : « Les effaré »s et « Le forgeron »)

II/ Rimbaud l'incorrect et l'insoumis.

1. Une poésie entre vulgarité et prosaïsme (exemples : « Les réparties de Nina » et

« Au cabaret vert »
2. L'irrévérence face aux institutions (exemples : « Vénus anadyomène » ou
« Roman »
3. Une poésie de la révolte (exemples « Le bal des pendus » où « Le forgeron »

III/ Un recueil qui questionne la figure du poète et l'essence de la poésie

1. Un nouveau je » » lyrique (exemple : « Sensation »)
2. La création d'un nouveau monde (exemple : « Rêvé pour l'hiver »
3. Questionnements sur la liberté (exemples : « Aux morts de Quatre-vingt-douze »
où « Ophélie ».

I/ Bousculer la tradition poétique.

1. Des formes poétiques traditionnelles subverties. (Sonnets irréguliers, rythme

déstabilisé, enjambements)
2. Un jeu sur les thèmes et topoï traditionnels de la poésie. (Cordes de la lyre,
symbole de la poésie, qui deviennent des « élastiques » de souliers usés dans « Ma
bohème »)
3. Un recueil provocateur. (Vénus anadyomène)

II/ Réinventer la poésie.

1. Des expérimentations poétiques. (« Roman » chapitré comme un roman, « Les

réparties de Nina », poème dialogué)
2. L’ordre.
3. Une poésie de la liberté

Introduction : Remises par leur auteur, Arthur Rimbaud, à Paul Demeny au cours de
l'année 1870, les deux liasses manuscrites qui composent les Cahiers de Douai
rassemblent 22 poèmes. Ce court manuscrit est l'un des premiers jalons d'un parcours

C. Caure 1
poétique fulgurant, à la fois par sa brièveté et par sa radicalité, écrit avant même que
Rimbaud formule, notamment dans une lettre du 15 mai 1871 au même Paul Demeny,
sa théorie du poète « Voyant », et lance cet appel : « Demandons au poète du nouveau,
idées et formes ». En quoi Les Cahiers de Douai témoignent-ils de cette volonté de
renouvellement poétique de Rimbaud ? Nous montrerons que le poète se plaît dans ce
recueil à bousculer la tradition poétique pour mieux réinventer la poésie.

Conclusion : Dans les Cahiers de Douai, recueil pourtant antérieur tant à la « Lettre du
Voyant » qu’aux fulgurances du « Bateau ivre » ou du sonnet des « Voyelles » », Rimbaud
amorce cependant déjà un tournant poétique radical. S'appropriant et modernisant les
« idées et formes » de la poésie traditionnelle, ou même de son temps, il les décale, les
parodie et, au bout du compte, leur tourne le dos pour inventer sa propre poésie, plus
personnelle et plus libre. L'émancipation, tant par la forme que par le contenu, des
usages et normes poétiques, permet ainsi au poète de trouver sa propre voie et de tracer
sa propre route. Route qui sera d’ailleurs poursuivie par les poètes surréalistes.

Transition entre intro et partie I : Les poèmes des Cahiers de Douai font bouger les
lignes, sont sans cesse du côté du décalage, voire de la parodie, et bousculent les
traditions poétiques.

Transition entre la partie I et la partie II : S'il se frotte aux formes et sujets

pratiqués par les poètes, de la Pléiade au Parnasse, en les subvertissant et en les
décalant sans cesse, le jeune Rimbaud s'en détache rapidement, dès ce recueil, pour
explorer sa propre voie.

C. Caure 2