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Poésies de Rimbaud

« Ma bohème »

Introduction :

Arthur Rimbaud publie son premier recueil Poésies en 1889 à l'âge de 16 ans. Il est un des fonda-
teurs du symbolisme et il fait entrer la poésie dans la modernité, il renouvelle la langue poétique.

«  Ma Bohème  » évoque une ou plusieurs de ses fugues. Il veut fuir un milieu étouffant et le confor-
misme. Il s'agit d'un sonnet léger de forme traditionnelle, plein de fantaisies, de jeunesse qui illus-
trent bien les errances adolescentes de Rimbaud. Ce poème est un sonnet donc il respecte globale-
ment le schéma classique du sonnet (rime, alexandrins) sauf pour les rimes du dernier tercet. Le titre
«  Ma bohème  » fait réf. à une région lointaine, et avec « ma » il la revendique comme une expéri-
ence personnelle. Une vie «  bohème  » est une vie désorganisée. Fantasia vient du grec, et signifie
imagination. Donc cela nous confirme que ce poème parle des fugues de Rimbaud

PB : Comment Rimbaud arrive-t-il a évoqué une réalité cruelle en un récit joyeux ?

Mouvements :

- v.1-v.8 : déplacement de Rimbaud sur les routes

- v.9-v.14 : Rimbaud s’assoit

Analyse linéaire :

Mouvement 1 :

1er quatrain :

- v.1 : « Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées » : imparfait, pas de limite dans le temps +
verbe d’action : nostalgie récente, regard rétrospectif et air mélancolique + aspect de pauvreté : pas
une fugue préparée, “poings “ et “crevées” soulignent de l’agacement, crispation.

- v.2 : « Mon paletot aussi devenait idéal; » : « paletot » il n’est pas préparé, langage familier, vocabulaire
de l’habillement + « idéal » : ça ne le gêne pas, au contraire ça lui convient, se rapporte à son idéal
d’au-delà poétique, il entre dans l’abstrait. Dès les premiers vers, on s’éloigne de l’élégance des
poèmes traditionnels.

- v.3 : « J'allais sous le ciel, Muse! et j'étais ton féal ; » : Muse : créature qui inspire, incarne une figure
féminine, “!” exaltation + placé à la césure + « féal » : soumission, lien avec la poésie courtoise +
rime « féal » avec « idéal » : la poésie est son idéal, sa raison de vivre.

- v.4 : « Oh! là! là! que d'amours splendides j'ai rêvées! » : interjection : familier, oral, elles donnent de la
tonalité au poème et permettent l’expression des sentiments+ inversion verbes/complément insiste
sur l’amour + passé composé évoque la nostalgie.
2ème quatrain :

- v.5 : « Mon unique culotte avait un large trou. » : montre son état pittoresque, pauvreté, marque un retour
à la réalité + ne respecte pas les règles de la bienséance. Même son seul habit est usé, amplifié par
« large » antéposé.

- v.6 : « - Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course » : le tiret marque une rupture, le concret passe
derrière lui. Le « petit-poucet » quitte son foyer, réfère à la fugue de Rimbaud, évocation de son
enfance/adolescence + univers du conte.

- v.7 : « Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse » : rejet au début du vers suivant, mise en valeur
des « rimes ». Une chose abstraite est impliquée dans une action concrète : concorde avec son idée
du réel qui fusionne avec les hallucinations : dérèglement des sens + renouvellement de la langue
poétique + étoile observable la nuit, signifie qu’il dort à la belle étoile

- v.8 : « - Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou » : Rimbaud montre une nouvelle rupture avec
l’enjambement de ce vers sur le suivant avec un enjambement musicale aussi. Dét possessif « mes
étoiles » : côté magique, il est protégé par les étoiles. Sa maison est le ciel.
Il associe un élément visuel à un son, rend le son doux en lui-même, douceur, évocation des sens, ici
l’ouïe se mélange au toucher et au visuel : dérèglement des sens, projet poétique

CP : Mélange concret-abstrait (“poches crevées” et “amours splendides” par exemple), réel et hallucinations
fusionnent, dérèglement des sens. Poème sur fond d’échappatoire, pauvreté mais bonheur + domaine céleste
de l’auteur.

Mouvement 2 :

1er tercet :

Dans cette seconde partie, on a un côté plus romantique, les vers sont de plus en plus régulier, on entend que
Rimbaud est entrain de se poser.

- v.9 : « Et je les écoutais, assis au bord des routes, » : personnification des étoiles. « au bord de la route » :
indéfini, vagues = il évoque plusieurs routes. « goutes » rime avec « routes » : rimes plates qui
montre que c’est un chemin assez désagréable.

- v.10 : « Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes » : « bon soirs » : la nature lui est favorable
+ assonances en « s » = le bruit du vent, on a une omniprésence des sensations.

- v.11 : « De rosée à mon front, comme un vin de vigueur; » : « rosée » : sueur de Rimbaud, elle représente
la vie, l’eau = c’est de l’alchimie poétique. « rosé » comparé avec « vin de vigueur » : montre que sa
vie de bohème lui donne de la force, de l’imagination + « vigueur » rime avec « cœur » : il est
optimiste, insiste sur le fait que sa vie de bohème est un vrai atout pour lui et son écriture.

2ème tercet :

- v.12 : « Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, » : oxymore « ombres fantastiques »,
« fantastiques » rime avec « élastiques » : rime très riche, il est comme un enfant qui joue =>
l’alchimie poétique, il peut créer de la poésie de l’art à partir de presque rien + « rimant » :
participe
présent, rallonge l’action = Rimbaud fait tjrs de la poésie.

- v.13 : « Comme des lyres, je tirais les élastiques » : comparaison entre « lyre » et « élastique » = alchimie
poétique, « lyre » renvoie à la muse du 1er quatrain.
- v.14 : « De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur ! » : « souliers blessés » : métonymie (c’est
ses pieds qui sont blessés) , « pied » représente soit sa passion pour le voyage soit le compte
syllabique, mais concrètement il est accroupi. Son poème se termine sur le mot « cœur » : il se
termine sur l’image d’un jeune homme heureux sur le bord de la route = romantisme.

Conclusion :

En écrivant de la poésie Rimbaud oublie le côté sinistre de sa vie sur les routes, il en trouve au
contraire une belle image chaleureuse grâce à sa passion pour la poésie. Avec l’alchimie poétique, il
transforme sa réalité et cela montre son idéal poétique. Pour lui la poésie veut avant tout dire liberté,
il veut être le plus près possible de la nature.
On sent que c’est un poème de jeunesse. On trouve dans ce poème la fraicheur et la naïveté d’un
adolescent. Rimbaud se sert des règles classiques pour nous écrire un poème fantastique.

Ouverture : Ce poème se distingue de « Voyelles »

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