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Lettres persanes de Montesquieu

Lettre 30 : « Comment peut-on être Persan ? »


Introduction :

Célèbre philosophe des Lumières puis devenu magistrat, Montesquieu manifeste beaucoup d’intérêt
pour les voyages. Défendant notamment l’esprit de tolérance et de séparation des pouvoirs, il rédige
anonymement, en 1721, le roman épistolaire des Lettres Persanes. Usbek et Rica, des nobles per-
sans, voyagent alors dans l’Europe et y échangent des lettres avec leurs compatriotes restés en
Perse.
Ce procédé lui permet d’éviter la censure tout en portant un regard étranger faussement naïf sur la
société française et de se livrer à une critique sociale, philosophique et religieuse tout en divertissant
son lecteur.
Dans la lettre 30, Rica effectué un croquis satirique de la curiosité des Parisiens à la vue de son ha-
bit persan. Il montre que ceux-ci ne s’intéressent qu’à l’étrangeté de son costume sans chercher à la
connaître.

PB : Quel est l'intérêt de cette lettre ?

Mouvements :

- l.1-l.15 : Rica habillé en Persan suscite l'intérêt


- l.16-l.20 : Réflexion de Rica sur sa notoriété
- l.21-l.33 : Rica sans son habit persan ne suscite plus l'intérêt
Analyse linéaire :
Mouvement 1 :

«  Rica à Ibben à Smyrne » : dès le début de la lettre, on trouve des noms étranger ainsi que le nom
d’une ville Persan => montre que c’est un étranger qui écrit cette lettre.

- l.1-l.2 : « Les habitants de Paris sont d'une curiosité qui va jusqu’à l’extravagance. » :
présent de vérité général = rend le texte plus vivant et fait généralise cette description
a tous les Parisiens. Ici, on dirait que Rica ne comprend pas la manière de penser des
Parisiens. On a la thèse de la lettre. « habitants de paris » : sonne étranger + permet de
situer le récit, « extravagance » : mot fort —> critique déjà les parisiens.

- l.2-l.4 : « Lorsque j'arrivai, je fus regardé comme si j’avais été envoyé du Ciel: vieillards,
hommes, femmes, enfants, tous voulaient me voir. » : « je » : utilisé 3 fois met Rica au
centre du texte. + la comparaison (hypothétique) « comme si j’avais été envoyé du
Ciel » est ironique + cette ironie est accentué par l’accumulation qui suit + « tous
voulaient me voir » : une hyperbole , on dirait que Rica est une bête de foire.
« j’arrivai » : passé simple : effet de surprise + « je fus regardé » : voix passive, il
devient un objet.

« Si je …. » : fausse hypothèse, la répétition de cette structure montre le côté systématique, méca-
nique des parisiens.

- l.4-l.6 : « Si je sortais, tout le monde se mettait aux fenêtres; si j'étais aux Tuileries, je voyais
aussitôt un cercle se former autour de moi  » : « si » : répétition, il est tjrs au centre
partout où il va + ironique et hyperbolique : on dirait que c’est le roi qui passe dans

les rues de Paris ou qui se promène au Tuileries(réf. à lieux connu rend le récit plus

réaliste). + « se former autour de moi » : voix prominale, passive = on dirait qu’il est
enfermé. « aussitôt » : adverbe montre l’instant.
- l.6-l.8 : « les femmes même faisaient un arc-en-ciel nuancé de mille couleurs, qui
m’entourait » : imparfait de description et d’habitude + « même » : adverbe, on dirait
qu’il est surpris, peut-être une différence culturelle ou même les femmes ont oubliées
leurs bonnes manières + comique car il distingue les femmes par les couleurs de leurs
robes et leur nombres et non à leurs visages : peut faire réf. à la manière trop
extravagante dont les femmes s'habillaient à l’époque.

- l.8-l.9 : « si j'étais aux spectacles, je trouvais d'abord cent lorgnettes dressées contre ma
figure » : imparfait d’habitude , « d’abord » : adverbe , ici accentue le fait que Rica
est un spectacle pour les Parisiens surtout les nobles car on peut deviner que « aux
spectacles » fait réf. au théâtre ou à l’opéra. « cents lorgnettes dressées contre » :
hyperbole, il se sent agressé.

- l.9-l.10 : « enfin, jamais homme n'a tant été vu que moi » : hyperbole ironique, « jamais
homme » : le présente comme vérité générale.

- l.10-l.13 : « Je souriais quelquefois d’entendre des gens qui n'étaient presque jamais sortis de
leur chambre, qui disaient entre eux : « Il faut avouer qu'il a l'air bien Persan». » :

« je souriais » : montre la moquerie de Rica face aux parisiens et leur non politesse
car il est présent et on parle de lui comme s’il n'était pas là et ils ne jugent que par les
apparences + «presque jamais sortis de leur chambre » : critique des parisiens
comme ignorants + les paroles rapportés au discours direct = rend la remarque de
Rica comique et ironique car ces gens ne se fient qu’aux apparences, et à l’habit de
Rica pour en déduire qu’il est Persan = il dénonce les préjugés. + imparfait donne un
effet d’habitude, on devine que c’est tous le temps comme ça.

- l.13-l.15 : « Chose admirable! je trouvais de mes portraits partout; je me voyais multiplié


dans toutes les boutiques, sur toutes les cheminées tant on craignait de ne m'avoir
pas assez vu.  » : « chose admirable ! » : phrase nominale, ironique + hyperbole, la
curiosité des Parisiens va jusqu’à l’obsession, on dirait que Rica est une célébrité
de nos jours. « craignait » : exagération = renforce l’obsession des Parisiens face à
Rica, mais pas à sa personne mais à son apparence et vêtement donc montre une
superficialité des Parisiens.
« Je me voyais multiplié » : métonymie. + répétition « toutes : donne un effet
d’insistance = Rica a pénètre jusqu’a l’intimité des parisiens (boutique
(extérieur)→cheminée (intérieur)).

CP : Les Parisiens sont décrits ici comme des gens superficiels, ignorants, et intrusifs, cependant
cette critique est atténué par l’ironie, les hyperboles et le comique utilisé par Montesquieu. Rica
n’est intéressant que par son habit pour les Parisiens et cela montre que la société parisienne est
dans un monde de paraître, dans toute cette partie on a un champ lexical du regard très présent.

Mouvement 2 :

- l.16-l.17 : « Tant d'honneurs ne laissent pas d'être à charge: je ne me croyais pas un homme
si
curieux et si rare  » : fausse modestie, ironie montre que Rica n’est pas dupe. Phrase

complexe, longue qui montre que Rica prend un temps de réflexion et de recul par
rapport à la situation. Il est gêné, embarrassé par cette attention.

- l.17-l.20 : « quoique j’aie une très bonne opinion de moi, je ne me serais jamais imaginé que
je dusse troubler le repos d'une grande ville, où je n'étais point connu. » : ironique
par hyperbole + métonymie (troubler le repos d’une grande ville)

- l.20-l.22 : « Cela me fit résoudre à quitter l'habit persan, et à en endosser un à l'européenne,


pour voir s'il resterait encore, dans ma physionomie, quelque chose
d’admirable. »
: il fait une expérience (pensée des Lumières), opposition, entre « habit persan » et
« européen » + concession

Mouvement 3 :

- l.23 : « Cet essai me fit connaître ce que je valais réellement. » : « essai » renvoie à la notion
d’expérience. Le passé simple montre le choc de Rica, « je valais vraiment » : il s’est
senti observé comme un objet + opposition avec début de texte.

- l.23-l.25 : « Libre de tous les ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste. » : il
nomme les ornements de son propre pays « étranger » → il s’est accoutumé à Paris.

- l.25-l.27 : « J'eus sujet de me plaindre de mon tailleur, qui m’avait fait perdre, en un instant,
l'attention et l'estime publique; car j'entrai tout à coup dans un néant affreux » :
« j’eus…mon tailleur » : auto dérision, il met ironiquement la fautes sur son tailleur,
sur ses vêtements.« néant affreux » : hyperbole = montre le contraste entre la 1ère
partie et cette partie, mtn il est ignoré partout. ——> changement brutal marqué par
« un instant », montre que les Parisiens sont superficiels, il n’y a que les apparences
qui les intéressent. « tout à coup » : insiste sur la brutalité du changement.
« attention » et « estime » sont mis sur le même plan : montre que les parisiens
estiment ceux qui attirent leur attention donc il estime les apparences.

- l.27-l.29 : « Je demeurais quelquefois une heure dans une compagnie, sans qu'on m’eût
regardé, et qu'on m'eût mis en occasion d'ouvrir la bouche. » : imparfait + « une
heure » insiste sur la durée => montre la futilité des parisiens, le changement de
vêtements le rend invisible, exemple concret pour que son lecteur le croit et rend la
lecture + intéressante.

- l.30-l.33 : « Mais, si quelqu'un, par hasard, apprenait à la compagnie que j'étais Persan,
j'entendais aussitôt autour de moi un bourdonnement: «Ah! ah ! monsieur est
Persan? C'est une chose bien extraordinaire! Comment peut-on être Persan?» :
imparfait d’habitude, on parle derrière son dos, « bourdonnement » : péjoratif ,
compare les parisiens à des insectes. + Discours direct : « Comment-peut on être
Persan ? » : une chute pour montrer l'égocentrisme des parisiens qui ne
comprennent pas qu’on peut être different d’eux ou pour montrer l’ignorance et la
superficialité des Parisiens car on naît Persan, on ne le devient pas.
=> Confirme leur ignorance sur les Persan, il ne connaissent que leur apparences, ils
sont fermé d’esprit.

Conclusion :

Montesquieu , dans cette lettre, montre la futilité, la superficialité, l’ignorance et le chauvinisme des
Parisiens . Il dénonce le jugement des apparences et les préjugés des Parisiens. L’utilisation d’un
regard étranger lui permet d’éviter la censure ainsi que de prendre du recul et faire réfléchir son lec-
teur.
Cette lettre est rendus agréable et facile à lire par ces nombreux exemples, son réalisme, son ironie,
et son comique.
Dans la remarque 74 du livre VIII « de la Cour » des Caractères de la Bruyère, le même procédé de
mise à distance et de critique par un deuil étranger est utiliser pour critiquer les nobles de la Cour de
Paris.

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