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LLn°16 : La rencontre à Amiens, Manon Lescaut, l’Abbé

Prévost
Intro :
-Auteur : L'Abbé Prévost, écrivain français du XVIIIe siècle, a mené
une vie mouvementée avec des démêlés avec la justice et l'Église.
Malgré ces difficultés, il était un écrivain prolifique connu pour ses
romans captivants explorant l'amour et la passion, tels que «
Cleveland », « Histoire d’une Grecque Moderne » et « Manon
Lescaut ».
-Œuvre : « Manon Lescaut" est publié en 1731 et raconte l'amour
passionné et tragique entre le jeune chevalier Des Grieux et Manon
Lescaut, une femme séduisante et avide de luxe.
-Extrait : L'extrait étudié présente la rencontre des deux
protagonistes, Des Grieux et Manon, où DG tombe amoureux au
premier regard. DG est accompagné de son ami Tiberge, tandis que
Manon arrive à Amiens par coche. Cette scène représente un
célèbre topos romanesque : le coup de foudre.

️Lecture de l’extrait

Pb : Comment le chevalier DG fait de sa rencontre avec la jeune


Manon, un événement fondateur de son récit ?
Mouvements :
1ermvt (v1-5) : Les circonstances de la rencontre

2emvt (l.5-13) : La fascination de DG


Développement :
1ermvt (v1-5) : Les circonstances de la rencontre

l.1 : « J’avais marqué », Plus-que-parfait marquant une rupture


temporelle  le lecteur est plongé dans un récit rétrospectif (c’est
le DG du présent qui raconte un fait passé)
- « à Amiens », CCL, place le lecteur au cœur du récit et donne des
indications plus précises. Permet de visualiser la scène, l’événement.
- « Départ », nom, idée de renouveau, de nouvelle vie qui doit
débuter.
Interjection « Hélas », dramatisation de la rencontre, donne un côté
théâtral au récit de DG + témoignage de son jugement rétrospectif.

l.1-2 :« marquais-je » et « j’aurais porté », conditionnel présent et


conditionnel passé, remords de DG + regard rétrospectif sur la
situation + caractère irréversible de la situation. L’évocation de
« son innocence » v.2 marque bien une rupture entre sa vie d’avant,
et celle qu’il vit depuis sa rencontre avec Manon.

« La veille », CC de temps, plonge le lecteur dans le récit des


aventures de DG.
« qui s’appelait Tiberge », PSR, présentation d’un personnage
important de la vie de DG : Tiberge. Son nom est connoté : il est
composé du nom « berger », celui qui guide. On peut faire ici une
lecture proleptique car Tiberge jouera un rôle de conseiller et de
guide pour son ami DG.

l.4-5 : « Nous n’avions pas d’autre motif que la curiosité. », litote


représentant le regard rétrospectif que porte DG sur son passé => Il
n’était animé que par la curiosité, ainsi il n’avait pas anticipé ce qui
allait se produire.

2emvt (l.5-13) : La fascination de DG

l.5 : « sortit », passé simple permettant de décrire la scène  crée


une perspective réaliste.
- « aussitôt », adv, crée un effet d’agitation et témoigne de la
pudeur de ces femmes, qui ne s’exposent pas au regard des autres
 souligne une certaine éducation, pudique et retenue.
l.6-7 : pronom « une », jusqu’à ce que DG discute avec Manon,
l’identité de celle-ci reste inconnue. Il ne la désignera que par des
pronoms/périphrases
-adv d’intensité + adj « fort jeune », regard rétrospectif de DG qui
juge, à l’œil, de l’âge de Manon. Portrait placé sous le signe de
l’intensif, de l’exagération => traduit la fascination de DG.
- Deux actions se déroulent simultanément, adj « seule » et PSCC de
temps « pendant qu’un homme d’un âge avancé » => Manon seule
= elle monopolise l’attention et est au centre, tandis que ce qui se
passe autour d’elle (l’homme qui décharge la voiture) reste en
second plan, en tout cas aux yeux du narrateur.

l.9-10 : « si charmante », hyperbole, DG est comme envoûté par la


beauté de Manon, « charmante » = adjectif qui provient du lexique
merveilleux, Manon serait donc envoutante, comme si elle lui avait
jeté un sort =>DG n’est presque plus lucide.
-répétition de « moi », accentue l’étonnement de DG face à sa
propre attitude => il ne comprend pas qu’un homme comme lui
puisse être séduit si facilement
-mise en évidence du caractère envoutant de Manon par
l’hyperbole précédente =>Potentielle manière de se dédouaner ?
Lui qui est si rigoureux dans la vie, s’il a succombé aux charmes de
Manon, ce n’est pas sûrement pas de sa faute
-hyperbole « admirait » et « tout d’un coup » + négation « n’avais
jamais…ni… » => souligne son caractère tempéré.
Champ lexical de l’aristocratie « sagesse » et « retenue » =>
témoigne de l’éducation aristocratique qu’il a reçu => rappel son
milieu social et sa condition

l.10 : « Enflammé », p.p., Topos de la flamme de l’amour = reprise


d’un topos romanesque très ancien. Cupidon/Eros, dans l’Antiquité,
était souvent représenté avec une torche. Le motif de l’amour qui
embrase les amants est récurrent dans les arts
« tout à coup », locution adverbiale, souligne le coup de foudre. DG
n’a pas pu résister à ce charme, effet d’immédiateté.

l.10-11-12 : « excessivement timide », hyperbole, Dg porte tjs ce


regard rétrospectif et justifie sa réaction.
« mais », conjonction de coordination, renverse la situation. Alors
que DG se sait timide, celui-ci ne se laisse pas abattre =>produit un
effet haletant pour le lecteur qui a envie de savoir comment DG se
débrouillera avec Manon. Le plaisir du romanesque est ici
important.
« avançai », vb de mvt, la rencontre avec Manon est venue
perturber le projet initial (promenade) de DG. Ce verbe de
mouvement le prouve. Il dévie sa trajectoire.
« la maîtresse de mon cœur », périphrase désignant Manon, = DG
n’est plus maître de lui-même, il est soumis à Manon qu’il place sur
un piédestal

l.12 : « Quoiqu’elle fût encore moins âgée que moi », PSCC de


concession, mise en place d’un paradoxe sur le comportement de
Manon  malgré son jeune âge, elle semble expérimentée. Forme
de précocité de la jeune fille.
Conclusion :
DG relate ici, avec rétrospection, sa rencontre avec la jeune Manon,
conférant à cet événement une dimension fondatrice et
perturbatrice de son récit. Le récit de leur rencontre, survenue dans
le quotidien, dévoile les circonstances qui l'ont entourée et la
fascination qu'elle a suscitée chez DG. Bien que la description
physique de Manon soit absente, son comportement est mis en
avant. L'Abbé Prévost exploite ici le topos du coup de foudre, narré
et vécu ainsi par DG.

Ouverture :
De la même manière, Pierre Choderlos de Laclos use, dans son
roman épistolaire « Les Liaisons dangereuses », du topos du coup
de foudre entre les personnages de la marquise de Merteuil et du
vicomte de Valmont, qui sont attirés l'un par l'autre de manière
intense et passionnée dès leur rencontre. Bien que le traitement du
coup de foudre dans "Les Liaisons dangereuses" diffère de celui de
"Manon Lescaut", il reste un élément clé exploré dans l'œuvre.

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