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LLn°17 : Le dilemme de Des Grieux, Manon Lescaut,

l’Abbé Prévost
Intro :
-Auteur + oeuvre : Voir LLn°16
-Extrait : Manon et des Grieux sont volés par leurs domestiques.
Lescaut propose alors un marché malhonnête : Des Grieux se fait
passer pour le frère de Manon afin de bénéficier de l'argent d'un
vieil homme nommé Mr. De GM. Manon deviendrait courtisane,
tandis que Des Grieux et Lescaut agiraient en tant que proxénètes.
Notre protagoniste apparaît ainsi en pleine réflexion sur ce
dilemme malhonnête.

️Lecture de l’extrait

Pb : Comment ce moment d’introspection fait-il basculer Des Grieux


du côté obscure de la marginalité ?
Mouvements :
1ermvt (l.1-4) : Introspection de DG qui s’abstrait de la réalité et se
trouve déchiré par le choix à faire.
2emvt (l.4-8) : DG se met à regretter son passé vertueux qui lui
paraît un pays lointain et inatteignable
3emvt (l.9-17) : DG se questionne sur son parcours vers les marges
et regrette les choix qui l’ont mené vers les marges de la moralité,
vers le vice et le crime.
4emvt (l.17-21) : La décision brutale, le choix des marges et du
crime

Développement :

1ermvt (l.1-4) : Introspection de DG qui s’abstrait de la réalité et se


trouve déchiré par le choix à faire.
l.1 : « assis, en rêvant », vbs témoignant d’un moment
d’introspection et de pause dans le récit

=> DG évoque son état d’esprit face au dilemme face auquel il se


trouve :

-il est déchiré par deux choix entre lesquels il est difficile de
trancher, déchirement marqué par le vb « partage de sentiments »
+ nom complété par un adj appuyé par une préposition «
incertitude si difficile » + PSCC de conséquence
- De plus, il est dans un état de retrait intérieur, loin du monde réel,
non apte à répondre, négation lexicale « sans » + adv marquant
l’action sur la durée « longtemps »
=>Met en relief le moment de forte introspection du personnage

2emvt (l.4-8) : DG se met à regretter son passé vertueux qui lui


paraît un pays lointain et inatteignable

l.4-6 : Lexique des qualités morales (honneur, vertu, innocence)


amène à une auto analyse psychologique de DG.
-Ce qui lui reste de dignité et de moralité le pousse à repenser avec
regrets aux lieux de sa vie passée comme le met en évidence la
métaphore « pointes du remords ».
- Ces lieux évoquent son innocence passée, avant sa rencontre avec
Manon et son plongeon dans la marginalité. Ils sont présentés à
travers une accumulation de lieux introduits par la répétition de la
préposition « vers », éloignant de plus en plus ces derniers de DG,
-Cette perte de l’innocence est renforcée par l'utilisation du plus-
que-parfait, rappelant le caractère révolu de cette dernière.
=> Plus l’on avance dans l’histoire, plus DG s’éloigne donc du « droit
chemin »
l.6-8 : Cette innocence perdue associée au bonheur et à un pays
lointain et devenu inaccessible, métaphore spatiale « immense
espace »
-DG marque alors une opposition dans ses propos avec conj de
coord « mais ». La comparaison à une ombre expose la perte de
réalité de l’innocence et l’adv « trop » associé à l’adj « faible »
explique qu’elle ne brille plus assez pour lui donner l’envie et la
volonté de la rejoindre => regrets passifs de DG

3emvt (l.8-17) : DG se questionne sur son parcours vers les marges


et regrette les choix qui l’ont mené vers les marges de la moralité,
vers le vice et le crime.

l.9-10 : DG s'interroge sur sa descente vers les marges morales de la


société, exprimant ainsi son incompréhension à travers 2
interrogations partielles directes + l’antithèse entre criminel et
innocent, face à un destin qui lui échappe, à la manière d’un héros
tragique.
-Il se présente coupable (noms « si criminel » « désordres ») mais
aussi victime de la fatalité et de son amour pour Manon (nom «
misères »). Cet amour s’est transformé sans qu’il comprenne
comment et l’a mené vers le malheur
=> DG se dégage de toute responsabilité et se présente comme une
victime de sa marginalisation morale, créant ainsi une dimension
pathétique et tragique.

l.10-12 : Il se questionne avec repenti sur ses choix, regrettant


d'avoir opté pour la marginalité avec Manon plutôt que d'avoir suivi
la voie morale et conventionnelle du mariage.
*1ere question : Question rhétorique « Qui m'empêchait de vivre
tranquille et vertueux avec Manon ? » Sous-entend que personne
ne s’y opposait et qu’il est responsable de ce choix.
*Remords exprimés par la 2ème question : interronégative.
« Pourquoi ne l'épousais-je point, avant que d'obtenir rien de son
amour ? »,
L12-16 : Intensité du regret :
=> DG imagine une vie alternative s'il avait pris une autre voie,
rejetant la marginalité pour une relation conventionnelle. Il
envisage l'approbation de son père et imagine que celui-ci aurait
aimé Manon. En utilisant un conditionnel passé et présent, DG
réécrit le passé de manière irréelle, créant une vision d'une vie
heureuse, éloignée des marges, entourée de relations morales et
honorables. Cette vision s'oppose à ce qu'il a perdu aujourd'hui,
illustré par une accumulation de termes positifs, ponctuée par la
conjonction de coordination « avec », tels que « amour »,
« affection », « estime », « honnêtes gens », etc.

l.16 « Revers funeste ! », Plainte exclamative, souligne le contraste


entre sa vie passée, sa vie rêvée, sa marginalité et le chemin
annonciateur de malheur dans lequel il s’est engagé.

- « l’infâme personnage », périphrase très négative désignant le rôle


répugnant que Lescaut et Manon lui propose d’incarner (un faux
frère qui est en fait un proxénète), périphrase positionnée dans une
question rhétorique => indignation du protagoniste.

l.17 : - « … », Points de suspension, impossibilité pour DG de


formuler ce qu’il refuse : « partager Manon »
4emvt (l.17-21) : La décision brutale, le choix des marges et du
crime

l.17-18 : question rhétorique + conjonction de coordination


« Mais », revirement brutal de DG.

Prise de décision très brutale après la longue expression de ses


regrets et remords. Manon est celle qui agit, organise, lui celui qui
suit. Les PSCC de condition introduite par la préposition « si »
rendent Manon responsable de sa décision de se marginaliser
encore plus et de suivre la morale immorale et asociale du crime.
l.19 : Comparaison +Adverbe intensif, « comme pour écarter de si
chagrinantes réflexions » => DG sort de ses pensées pour s’adresser
à Lescaut.

-Volonté de faire taire ses scrupules et sa conscience comme le


souligne le participe présent « en fermant les yeux » et
implicitement, aveuglement de DG qui choisit la mauvaise voie
-Résignation de DG, comme si la fatalité décidait pour lui : négation
exceptive + conj. De coord. « donc »
=> Il renonce définitivement à son innocence et à la vertu pour
embrasser la marginalité et le crime.

l.21 : Rejette la faute sur Lescaut, det poss, « votre projet »

Par ailleurs, ce mvt est marqué par un mélange entre le discours


direct et indirect, rendant l’introspection de DG plus vivante et plus
captivante pour le lecteur.

Conclusion :
Cet extrait met en évidence la profonde introspection de Des Grieux
face à son incertitude. Ses pensées tourmentées révèlent ses
doutes, remords et questionnements sur ses choix passés. Cette
introspection le pousse à basculer du côté sombre de la
marginalité, abandonnant ses idéaux de vertu pour une réalité où
les compromis moraux deviennent inévitables. C'est un point de
non-retour dans son parcours, le plongeant dans une spirale de
choix ambigus et de comportements déviants.

Ouverture :
Ce thème de l'introspection et de la lutte entre idéaux et réalités
est également présent dans "Crime et Châtiment" de Fiodor
Dostoïevski. Après un meurtre, le protagoniste Raskolnikov est
tourmenté par des remords et des conflits internes, oscillant entre
la justification de son acte par une prétendue "grande idée" et
l'affliction grandissante de la culpabilité qui le consume.

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