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Texte 1 - Zone

Apollinaire est le chef de l’avant-garde artistique : l’Esprit nouveau. Il met ainsi en œuvre sa nouveauté dans Alcools, un recueil
composite, qui préconise la modernité pour ses textes et par sa forme. « Zone » a été publié avant Alcools, en 1912. C’est un
poème liminaire, c'est-à-dire le premier du recueil ; c’est une place stratégique car il est le plus représentatif de son esthétisme.
« Zone » nous met sur un monde urbain, comme Baudelaire et Rimbaud (p.250-251).

Est-ce qu’on peut lire ce texte comme un Art poétique ?

Les éléments de la modernité sont évoqués avec la vie urbaine (La « Tour Eiffel » (v.2) est le symbole de la modernité). Le
deuxième vers est isolé pour être mis en valeur : avant et après ce vers, le poète évoque le passé ; il est donc isolé de la tradition
grâce à la typographie.
Le poète évoque le Pape Pie X, qui a béni un avion de chasse d’André Beaumont, pour distinguer la modernité des avions avec la
religion. On retrouve surtout la modernité dans les éléments de la vie quotidienne, avec une mosaïque visuelle et sonore : on a
une vision « kaléidoscope » (= jeu du XXème s. qui décompose la lumière).
« Zone «  se situe le matin, car c’est le moment où tout se met en place dans la ville : tout commence, une nouvelle ère s’ouvre,
consacrée à la vie urbaine et à la modernité.

La deuxième personne du singulier suppose un dialogue : il s’adresse au Pape, à Paris, à d’autres poètes et à lui-même. La 1 ère
personne exprime donc les sentiments du poète et la 2ème s’adresse à lui-même, c’est le lyrisme d’Apollinaire. Ce dédoublement
est en fait politique, car Apollinaire confesse ses idées révolutionnaires en utilisant le « tu », moins brutal que le « je ».
Mais tout cela reste une hypothèse car à cette époque, on a un trouble du poète (Pour Rimbaud, « Je est un autre »). Mais on
retrouve les origines et la biographie d’Apollinaire dans « Zone », ce qui confirme que le « tu » s’adresse au poète.

Au départ, Apollinaire a eu la volonté de nommer son poème « cris », en référence au bruit de la rue et à sa volonté de confesser
sa révolte. Mais au contraire, le titre « Zone » est intriguant : ce mot vient de « zoner », qui désigne une ceinture (les latins
l’utilisait pour désigner un tour du cou en pierres précieuses) ; Zone est ainsi associé au cercle. Au début du XX ème s., la « zone »
désigne les faubourgs pauvres autour de Paris.
Ainsi, pour Apollinaire, ce mot désigne la déambulation circulaire dans tout Paris (on a une inspiration moderne, industrielle et
violente). Le titre du recueil est inscrit dans Zone.

Du point de vue formel, on a un blanc typographique qui joue avec l’espace, pas de régularité de vers ni de mètres réguliers : on
a donc des vers libres (Mis à part le 1er vers, qui est un alexandrin). Ce premier vers est surprenant car il coupe avec la
modernité : Apollinaire refuse la tradition mais utilise l’alexandrin ou le décasyllabe.
Il fait des échos sonores et des assonances ; on a également un calembour (gercées / Jersey). Il fait des syntaxes
incompréhensibles. Il a recours a des images, des expressions indirectes :

« Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin »

« bêle » = belle, c’est un symbole


Métaphore : c’est une bergère car elle se trouve sur les berges
Paronomase : ce jeu de mot repose sur une homonymie

Il s’agit là d’une métaphore in-absentia, qui casse l’équivalent entre le comparé et le comparant.
La modernité refuse donc la modernité, Apollinaire refuse la tradition mais la remplace par une autre forme de tradition.

Soleil cou coupé :


Le soleil est ici exécuté ; Apollinaire est associé à Apollon, le dieu du soleil et de la poésie. Le matin ouvre une nouvelle ère. Le
texte s’ouvre sur un refus avec la métaphore in-absentia et termine par la condamnation à mort de la poésie ancienne,
représentée par le soleil. Cette métaphore signifie ainsi que l’on commence une nouvelle ère de la poésie.
Le poème se termine donc par de la violence.

 Dans ce poème, on a :


- une déambulation
- une tension entre modernité et tradition
- une inspiration et un lyrisme moderne
- des figures de styles modernes
- la technique du collage (vision kaléidoscope)

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