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HCA 2éme Année Al.

Nadir
LES REMEDES
L’UTOPIE ET LES REFORMATEURS

Nous avons vu dans les différents cours précédents que les constats de la dégradation
des conditions de vie et d’habitat par les effets de l’industrialisation et la crise de
logements qui s’en est suivi, avaient été fait par des médecins, des prêtres, des

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économistes…ces constats devaient amener l’Etat à certaines mesures réformistes.
Avant nous devons examiner et parler de ceux qu’on considère «utopistes ».

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Aimable manière de repousser dans le domaine du rêve, de la fiction, des hommes
dont on sait aujourd’hui qu’ils furent les grands réalistes de leur temps. Leur œuvre
constitue une étonnante « prospective ». Cette pensée révolutionnaire se concentra

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dans les deux premiers grands pays industrialisés : la France avec Charles Fourrier,
Victor Considérant, Eugène Cabet, Proudhon ; l’Angleterre avec Robert Owen, Pugin,
Ruskin, William Morris, Richardson, Marx et Engels.
Francis Bacon a dit un jour : « Celui qui n'applique pas de nouveaux remèdes doit

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s'attendre à de nouveaux maux. »
Selon Arthur Clark philosophe et penseur américain l’idée pour atteindre l’utopie se

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base sur deux lois:
- Quand un savant distingué mais vieillissant estime que quelque chose est possible,
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il a presque souvent raison. Mais quand il déclare que quelque chose est impossible,
il a très probablement tort.
- La seule façon de découvrir les limites du possible, est de s’aventurer un peu au-
delà d’elles, dans l’impossible.
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Thomas Campanélla (moine dominicain et philosophe italien, né le 5


septembre 1568 à Stilo, mort le22 mai 1639 à Paris.), a dit en parlant des utopistes
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dans son livre «la cité du soleil » en 1602 : « Le siècle futur jugera de nous, car le
présent crucifie toujours ses bienfaiteurs, ils ressuscitent ensuite au troisième jour
ou au troisième siècle... » ( ?).
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On associe toujours l’utopie aux courants de pensées du 18ème et 19ème siècle, n’a
t-elle pas existait avant ou après ? L’utopie humaine d’un monde virtuel idéal a
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toujours existé aussi loin qu’on puisse remonter dans le l’histoire de l’humanité. Fait
caractéristique commun, c’est que la pensée utopique émerge toujours dans des
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périodes caractérisées par l’anachronisme entre la réalité (urbaine, sociale,


littéraire, scientifique,...) et la raison ou la pensée philosophique humaine. Cette
rupture a toujours été la source d’inspiration pour certaines personnes douées d’un
génie certain pour réfléchir sur des solutions idéales bien qu’irréalisables qu’on
qualifie d’utopique. Sortir du monde réel faire un détour dans l’irréel nous aide
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toujours à comprendre un peu plus la réalité, c’est celà la force de la pensée utopique.
Thomas More (fut un juriste, historien,philosophe, théologien et homme politique
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anglais né le 7 février 1478, Londres mort le 6 juillet 1535, Londres) utilisa la première
fois ce terme dans son livre Utopia pour parler d’un pays de nulle part (en grec ou
«non » Topos «lieu » qui est d’aucun lieu).
Utopia, gravure
d'Ambrosius Holbein (1518).

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Nous considérons comme utopiques toutes les idées transcendantes de leurs contextes
historiques.
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On a essentiellement deux types d’approches ou de modèle :


- Ceux qui veulent revivre et retrouver le moyen âge perdu :
Anglo-saxon, culture néo-gothique,…les culturalistes
- Ceux qui veulent instaurer un système nouveau les
progressistes.
Leur point commun est la critique de la ville industrielle et l’organisation sociale qui en
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découle.
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Françoise Choay, Leonardo Benevolo et Lewis Memfurd (historiens de l’architecture)


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les classent-en :
Progressistes, Concept de progrès : Owen, Fourrier, Cabet, Proudhon, Godin,…
1. Individus interchangeables.
2. Analyse rationnel impliquant un ordre type.
3. Espace ouvert (Verdure).
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4. Naissance du Zonning architecturale.


5. Logements répétitifs (ou le concept de Standardisation).
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6. Relation Ville-Campagne.
7. Modèle répressif et contraignant

Culturalistes : Concept de culture : Pugin, Ruskin, Morris, …


1. Particularismes individuels respectés.
2. Retour vers la cité organique du moyen âge.
3. Limitation de la ville en terme de population et de surface.
4. L’ordre organique remplace l’ordre géométrique.
5. Le Pouvoir de l’esthétique face à celui de l’industrie.
Progressistes :

Robert Owen 1771-1858: Fondateur du socialisme (Owenisme), ce riche


industriel Ecossais montre que le bien être des ouvriers n’est pas incompatible avec le
profit.
Il intègre les premières réformes dans son usine «New-Lanark », nouvel horaire de
travail, salaires augmentés, nouvel habitat. Il propose un modèle de ville où
l’agriculture prime sur l’industrie :
Le nombre d’habitant est restreint entre 800 et 2000.

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Une surface à cultiver pour chaque habitant, une vie collective dans un rectangle
dans les cotés les logements au centre l’église et le restaurant commun. Autour les

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jardins puis l’anneau routier enfin l’industrie et les établissements agricoles.
Ce modèle sans succès en Angleterre, Owen s’installa en Amérique avec un millier de

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disciples, hélas le passage de la théorie à la pratique fut un échec et l’initiative connut
une faillite.
Il tenta une deuxième expérience au Mexique qui n’aboutiras pas non plus.
Ce personnage réussi à démontrer que le profit n’est pas incompatible avec le bien
être des ouvrier et de la classe prolétaire. Ses idées seront la base de travail des
réformateurs en économie et en sociologie durant le XIX et XX siècle

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Charles fourrier 1792-1837 : fourrier est un petit
employé français, qui n’a pas les moyens de Owen. Il
fonde sa pensée sur L’homme qui dit-il possède douze
passions fondamentales. 810 caractères. Il réfléchit à un
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«phalanstère » de 1620 Personnes, une vie en
collectivité avec les vieux au rez-de-chaussée, les enfants
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en étages et les adultes aux étages supérieurs. Fourrier


préconise des cuisines collectives. Dans son «palais
social », en localisant les métiers bruyants, en classifiant
les activités, fourrier crée ce qu’on appellera plus tard
les Zonnings c'est-à-dire la séparation des espace selon
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la fonction qui s’y déroule.


Bien que autodidacte la pensée de fourrier est universelle pour ce que nous
condiderons comme « socialisme utopique », Marx et Engels voient dans sa pensée
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utopique une critique radicale de la société de leur temps. Sa pensée réside d'abord
dans une critique acerbe de la société industrielle qu'il qualifie d'anarchie industrielle,
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puis celle de la société commerçante


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Quelque anecdote qui ont forgé ce personnage durant sa vie


A Marseille, Charles Fourier avait été obligé par son patron de jeter des sacs de riz à
la mer afin d'en maintenir le prix.
Un soir, Fourier voit dans un grand restaurant parisien un client (pour la
légende : Brillat-Savarin, le célèbre gastronome) payer une pomme 14 sous, alors
que le matin même à Rouen, ville qu'il vient de quitter, il venait d'en acheter une
pour le centième de cette somme ! Pour Fourier, une telle distorsion dans les prix est
totalement injustifiée et condamne toute société fondée sur l'échange tarifé et la
concurrence.
Illustration du
phalanstère selon
fourrier inspiré du

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château de Versailles

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Etienne Cabet 1788-1856 : Dans une littérature idéaliste rejetant la ville
industrielle Cabet décris sa ville (Icarie) comme suit : Une métropole fondée sur une
organisation socialiste de la propriété et de la production. Un plan en damier avec des

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rues larges pour faciliter le trafic piéton séparé de celui des voitures, dotées d’une
climatisation. Il essaye de fonder au état unis avec quelque centaine de personnes
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ayant fuient la révolution de 1848 mais cette expérience échoua petit à petit et les
disciples émigrèrent vers l’ouest.

JB Godin 1817-1889 : Ancien ouvrier devenu comme Owen entrepreneur tente de


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réaliser un phalanstère à Guise contre toute attente l’expérience dure. Cependant
Godin modifie les plans de fourrier sur deux points essentiels ; Il combine l’habitat
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avec l’industrie et il abolit la vie en communauté et accorde à chaque famille un


logement individuel dans un grand édifice appelé Familistère regroupant aussi un
jardin d’enfant, une école, un théâtre et différents services.
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Image du familistère
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de Guise au début du
XX siècle.
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Culturalistes

John Ruskin 1819-1900 : Fils unique d’un riche


marchand écossais, collectionneur de tableaux et ami des

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poètes qu’il recevait dans sa vaste maison des environ de
Londres, Ruskin eut une enfance privilégiée. Après des

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études à Oxford le jeune homme visita les monuments
d’Ecosse, de France, de suisse, d’Italie et d’Angleterre

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L’œuvre de Ruskin est plus importante comme théoricien
de l’architecture. Son œuvre est colossale dans les idées du
XIX eme siècle. Critiquant l’architecture de son temps,
Ruskin était aussi amené à critiqué le cadre dans lequel
elle a évolué c’est à dire la société industrielle.
Après avoir contribué à transformer l’art de son temps, il

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voulut transformer la société. A partir de 1860 il s’engage dans la lutte de classe en
politique. Combattant à la fois le machinisme et le capitalisme. Face à l’incohérence
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de la société industrielle et à la déchéance de la culture entraînée par le machinisme,
Il fonde une doctrine esthétique «organique » qui sera la base de tout le courant
culturaliste en architecture et en urbanisme.
En 1849 Il écrit un des premiers livre d’architecture
moderne : Les sept Lampes de l’architecture. Dans ce livre, il insiste sur la
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nécessité d’un style homogène pour toute société quelle qu’elle soit— sacrifice,
vérité, force, beauté, vie, souvenir et obéissance —.
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Il attaque l’éclectisme régnant. Il prône le style Gothique (Eloge du Gothique


1853)qui représente à ses yeux la parfaite symbiose entre la forme et la fonction. Il
s’élève contre les mensonges architecturaux qu’il divise en trois catégories :
« 1- La suggestion d'un mode d'infrastructure ou de soutien, autre que le véritable,
comme dans les pendentifs des voûtes de style gothique tertiaire.
» 2. La peinture des surfaces dans le but de figurer d’autres matériaux que ceux
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dont elles consistent réellement…


» 3. L’emploi d’ornements de toutes sortes moulés ou faits à la machine. »
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Effrayé par l’inculture de la société machiniste, indigné par la docilité avec laquelle
bon nombre d’architectes renonçaient à leur titre d’artiste en construisant des cités
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ouvrières infâmes, des usines prisons : « Tout grand architecte doit être, en même
temps, un grand sculpteur et un grand peintre. C’est une loi universelle Personne
ne peut être architecte s'il n’est pas passé maître dans l’un ou l’autre art… »
L’influence de Ruskin sera considérable sur les futurs architectes créateurs. Il a
réussi à briser l’étau de l’académisme gréco-latin imposé à l’architecture depuis la
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renaissance.
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William Morris 1834-1896 : Disciple de Ruskin et de


Rossetti, il entreprit une croisade contre la laideur des
produits de l’industrie, ceci l’amène à jeter la base de ce
que sera plus tard l’esthétique industrielle (design). Animé
part la haine de la civilisation industrielle, il va trouver
refuge dans le médiévalisme, Morris déteste les grandes
villes, disant de Londres que c’est «une province couverte
de taudis hideux ». Il rallie le mouvement
préraphaélite.
Il crée en 1862 avec des amis un laboratoire d’art décoratif appelé «Morris,
Marshall, Faulker & Co. », qui produit des tapis, des tissus et du papier peint. Il
deviendra ensuite l’unique propriétaire.
Persuadé du lien qui existe entre l’art et la vie sociale, il s’engage dans la
politique et active dans le mouvement des ouvriers (il sera l’une des grandes figures
du mouvement socialistes anglais de la fin du XIX siècle).
Il fonde la société pour la protection des monuments anciens en 1877, il perpétue la
lutte de Ruskin contre la restauration trop radicale à la manière de Viollet le-duc.
A partir de 1888 il organise les célèbres expositions Art and crafts. L’architecture
est l’affaire de tous pas seulement d’une minorité éclairée. Comme Ruskin il se

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réfugie dans la contemplation du moyen âge où «tout homme qui fabriquait un
objet faisait en même temps une œuvre d'art et un instrument utile ».Il pose la base

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d’un art- nouveau appelé «Modern Style ».
Il pense que la révolution socialiste mettra fin à la mécanisation du travail et

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remplacera les grandes agglomérations par de petites communautés, dans lesquelles
les objets utiles seront produits par des procédées artisanaux. C’est ainsi que son
socialisme devient utopiste.
W.Morris est le premier dans le domaine de l’architecture qui a saisi le passage
entre culture et la vie et qui à jeter un lien entre la théorie et la pratique.

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