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I) L'ARCHITECTURE DU RECUEIL
La genèse des "Fleurs du Mal" : le plus ancien poème a été composé en 1841, à l'île
Maurice, "A une créole", inspiré par la personne chez qui il logeait. Ce poème paraît dans
l'"Artiste" en 1845.
Entre 1841 et 1845, il écrit des poèmes (dix environ) pour les "Fleurs du Mal". A cette
époque là, Baudelaire ne pense pas faire un recueil, mais en 1845, cette idée germe en
lui, avec comme titre les "Lesbiennes". Ce titre va être abandonné, et remplacé en 1848
par un titre plus mystérieux, "Les Limbes" (les Limbes, dans la théologie chrétienne, sont
un espace intermédiaire où séjournent les âmes qui n'ont pas été baptisées), et sous ce
titre vont apparaître onze textes en 1851. Mais il va une nouvelle fois décider de
changer, car un autre poète utilise déjà ce titre. Il va donc en chercher un nouveau, et
c'est en 1855 que le terme les "Fleurs du Mal" va apparaître.
Les quatre sections suivantes vont apparaître comme les différentes tentatives
d'échapper à cet écartèlement de la conscience : la souffrance.
Le Vin (poèmes 104 à 108) : il essaie d'utiliser l'ivresse, un des paradis artificiels chez
Baudelaire. Il évoque l'oubli bienfaiteur avant de le condamner.
Fleurs du Mal (poèmes 109 à 117) : la débauche comme autre moyen d'échapper à son
mal-être, allusion à la mort qui est vue comme tentatrice et effrayante (cf. "Un Voyage à
Cythère", "Deux Bonnes Soeurs", "La Martyre" : débauche et excès de volupté présentés
comme vînts et illusoires ; la mort est vue comme une solution efficace.
Révoltes (poèmes 118 à 120) : apparaît comme une dernière tentative dans laquelle il
insulte Dieu et chante au contraire la gloire de Satan.
Entre Passé et Avenir : utilisation des figures bibliques, mythologiques et littéraires qui
sont nombreuses dans le recueil, ce qui semble traditionnel mais il ne va pas leur
consacrer des fresques entières, mais plutôt des petites touches : allusions personnelles
à Baudelaire incluses dans les comparaisons, des métaphores comme dans "Don Juan",
"Aux Enfers", "Le Cygne" (Andromaque, symbole de l'exil), "Le Flacon" (figure biblique
métaphorique de Lazare).
Le symbole est utilisé et approprié pour décrire ce qu'il veut dire. Le vocabulaire est
partagé entre passé et avenir ("haine", "cieux", "gouffre", "ennuie" = mots typiques de la
tragédie, termes raciniens). Il va même parfois jusqu'à utiliser des archaïsmes :
"mignard" ("Le Masque", poème 20) : niais ou "gueusant", "coturne" ("A une Passante
Rousse", "Rouès" = rusé, malhonnête). Mais il ne craint pas d'ajouter un vocabulaire
moderne voire néologiste : "vagabond", "rêverbère", "bilan", "voirie", "omnibus" (=
vocabulaire de la ville).
Baudelaire cultive le heurt entre ces lexiques très différents parce que cette confrontation
fait naître la surprise et en particulier quand on les fait se rencotnrer : "Les Petites
vieilles" (poème 88), "Ils rampent, flagellés par les bises iniques, Frémissant au fracas
roulant des omnibus".