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EXPOSE CLASSE DE TERMINALE L1 LYCEE DE REFANE

THEME / LES AVEUGLES DE BAUDELAIRE


EXPOSANTS :
Bineta thiao - Khady faye- Tening faye- Sokhna Yade -Amary diouf
- Ndeye seynabou sarr - Mame diarra faye - Serigne mbaye diouf
Maguette tine - Serigne modou bousso tine - Yacine diouf
Moustapha gning - Ngoné tine - Khady ngom - Fallé pouye –
Serigne made séne - Omar sarr - Serigne mbacké sene
1 PRESENTATION DU TEXTE ET DE L AUTEUR
Charles Pierre Baudelaire naît le 9 avril 1821[5] au 13 rue Hautefeuille[6] à Paris
: ses parrain et marraine sont les parents « adoptifs » de sa mère, Pierre
Perignon et Louise Coudougnan[7]. Celle-ci, Caroline Dufaÿs, a vingt-sept ans.
Son père, Joseph-François Baudelaire, né en 1759 à La Neuville-au-Pont[8], en
Champagne, est alors sexagénaire. Quand il meurt en 1827, Charles n’a que
cinq ans. Cet homme lettré, épris des idéaux des Lumières et amateur de
peinture, peintre lui-même, laisse à Charles un héritage dont il n’aura jamais le
total usufruit. Il avait épousé en premières noces, le 7 mai 1797, Jeanne Justine
Rosalie Janin, avec laquelle il avait eu un fils, Claude Alphonse Baudelaire[9],
demi-frère de Charles.
« Les aveugles » est un poème de Charles Baudelaire figurant dans la partie «
Les Tableaux parisiens » de la deuxième édition des Fleurs du mal (1861). Il
s’agit d’une section comportant de nombreuses rencontres dans la ville,
lesquelles semblent toujours être de possibles reflets de la condition du poète.
Entre la « Mendiante rousse », les « Petites vieilles déchues » ou encore la «
Fugitive beauté », les « aveugles » provoquent d’abord un certain malaise. Faut-
il rire méchamment d’eux ? Si la première partie du poème nous y invite, le
lecteur comprend aussi que le poète ne se trouve pas dans une meilleure
situation que l’homme plongé dans le noir. En parlant des aveugles, en quoi le
poète dresse-t-il un portrait des modernes ? Nous verrons dans un premier
temps ce que l’apparition monstrueuse provoque d’inquiétude chez le poète. Il
faudra ensuite voir la démarche allégorique que mène Baudelaire pour se
désigner lui-même à travers son sujet. Enfin, nous analyserons comment il
invite son lecteur à se sentir lui-même concerné.
2 IDEE GENERALE
LES AVEUGLES représentent dans ce poème les hommes qui, plongés dans le
noir, cherchent une réponse au mystère de leur condition humaine. Or
Baudelaire se désolidarise de ces aveugles pour dresser le portrait de sa
différence et de sa solitude radicale.
3 LES CENTRES D’INTERETS
Le poème peut être divisé en deux parties,
Dans le premier quatrain de ce poème, Baudelaire décrit les aveugles de façon
péjorative, dégradante, presque vulgaire. Il utilise des adjectifs tels que «
ridicules », « vraiment affreux », « terribles ».
dans la deuxieme partie il montre sa solitude.
4 ETUDE DU FOND ET DE LA FORME
Un sonnet étant construit de manière dynamique, notre analyse devra
forcément suivre le sens de ce poème qui est un sonnet, mais il est également
fait de correspondances qu’il conviendra de ne pas passer sous silence.
La description cruelle d’êtres inquiétants
Les aveugles semblent être de prime abord l’objet d’une description cruelle. Le
poète joue avec l’énonciation, invite son lecteur à se moquer, et insiste sur
l’étrangeté menaçante des infirmes.

Le jeu sur l’énonciation


Le premier vers est déjà une apostrophe du poète dirigée vers sa propre âme,
avec « Contemple-les, mon âme » : le poète se duplique et fait de son âme son
interlocutrice, en mettant à distance les aveugles, grâce à l’utilisation de la
troisième personne (« les » puis « ils »).Il y a également une mise en scène
physique, puisque le lecteur ne sait qu’à la faveur du titre et du dernier mot du
poème que le poète parlent des « aveugles ». Outre cela, le lecteur n’a accès à
eux qu’à travers leur aspect, leur attitude, mais jamais nous ne pénétrons leurs
pensées. Ce qui se passe en eux est d’ailleurs un enjeu du poème, marqué par
le vocabulaire de l’ignorance : « on ne sait où », « ténébreux », « jamais », «
noir illimité », « silence », « hébété », …
Un locuteur qui se moque
Le premier quatrain, qui nous fait entrer dans le poème, signale en outre de la
part du locuteur une volonté de se moquer.
Il y a ainsi une ironie cruelle, que l’on perçoit à travers différentes figures de
style :L’euphémisme « vaguement ridicules » pour désigner l’air des aveugles
marchant dans la rue
L’impératif sur « contemple-les » qui se rapporte normalement à l’admiration
presque divine, tandis qu’ici il s’agit d’un dégoût, comme le signale l’antithèse
avec le dernier mot du vers : « affreux »
La comparaison avec les « somnambules » qui n’ont rien de fascinant
Ce premier quatrain est en outre dominé par un lexique ouvertement péjoratif :
« affreux », « ridicules », « terribles », accentué par l’adverbe modal « vraiment
». Le jeu sur les rimes renforce le jugement, puisqu’elles associent tous ces
termes péjoratifs : « affreux » avec « ténébreux » et « ridicules » avec «
somnambules ».
Des aveugles à l’étrangeté menaçante
Mais au-delà de la démarche moqueuse, le poète semble pris d’effroi à la vue
de ces aveugles.
Le terme « singulier » vient d’abord définir cette étrangeté : le monstre
échappe à la compréhension par son aspect singulier, c’est-à-dire différent des
autres.
Nous trouvons également le champ lexical relatif à la menace, avec « terribles
», « dardant », « ténébreux » tandis que l’allitération sur les consonnes dentales
[d] et [t] participe de cette même menace.
Le caractère monstrueux de ces aveugles est également souligné avec le rythme
boitant du vers :
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.
Les aveugles ne semblent pas faire partie du domaine de la vie consciente
lorsque Baudelaire les désigne comme des « mannequins » ou des «
somnambules » avec leurs yeux « d’où la divine étincelle est partie » - c’est-à-
dire que dieu (« divine ») les a abandonnés.
Des êtres déchus
Car ils semblent bien être des hommes déchus, privé de toute transcendance :
Baudelaire ne décrit que leur silhouette privé de membres, qui n’ont pour eux
que leurs yeux noirs. En outre, ils ne sont pas nommés, répétons-le, jusqu’au
dernier vers : ce sont bien des êtres sans nom.
Mais bientôt le poème bascule dans un parallèle, et la monstruosité n’est plus
réservée qu’à eux…
Le poète face à lui-même
De fait, Baudelaire se sert de sa rencontre angoissante avec les aveugles pour
se comparer. Il en revient à l’éternelle tension entre spleen et idéal, là où se
déchire son statut de poète.
Opposition entre deux mondes
Le deuxième quatrain du poème met en évidence une opposition antithétique
entre deux mondes :
L’idéal, avec le champ lexical de l’élévation spirituelle : « divine étincelle », « au
loin », « rêveusement », « noir illimité », « silence éternel », « au Ciel »
Le spleen, avec le poids de la vie et du corps : « pavés », « appesantie », «
hébété », « je me traîne »
Cette opposition est soulignée un peu mieux par le jeu des rimes qui continue
le poème :
« partie »/« appesantie », soit le mouvement versus la lourdeur
« levés »/« pavés », soit le regard tourné vers le ciel versus le regard vers le sol
« illimité »/« cité », soit le lointain versus la proximité
« beugles »/« aveugles », soit les plaisirs vulgaires versus les plaisirs spirituels
Le « noir illimité » s’associe ainsi à l’éternité, puisqu’il est le « frère du silence
éternel », c’est-à-dire la vie spirituelle après la mort, loin de la vulgarité
physique de la vie. Le « silence éternel » fait référence à un monde où il serait
inutile de parler, un monde qui se suffirait à lui-même, le monde de la
perfection : il s’agit bien de « l’idéal » tant recherché par Baudelaire.
Car, a contrario, l’existence est un plaisir de la chair qui menace de dégouter. Le
poème suit ainsi une gradation, avec des termes de plus en plus péjoratifs : «
chantes », puis « ris », puis « beugle ».
Le poète finit par condamner les prétendus plaisirs de la cité avec les deux vers
qui font la jonction entre le premier tercet et le second :
Pendant qu’autour de nous tu chantes, ris et beugles,
Eprise du plaisir jusqu’à l’atrocité,On voit bien, avec « plaisir jusqu’à l’atrocité »,
que le plaisir est une menace, puisqu’elle mène jusqu’à l’horreur. C’est elle qui
menace en dernier lieu le poète…
Allégorie du poète
Le deuxième vers du dernier tercet rend la comparaison explicite par un
superlatif :
Vois, je me traîne aussi ! mais, plus qu’eux hébété,
Il apostrophe la « Cité », personnifiée par la majuscule, avec un impératif « Vois
», pour finalement se mettre sur le même plan que l’aveugle, se traînant « aussi
». Mais il est dans une position plus douloureuse encore.
Baudelaire signifie par là sa recherche de la perfection (souvenons-nous du «
silence éternel »), mais se heurte à l’incapacité, à la finitude, à l’horreur de soi-
même. Il se trouve confronté en permanence à sa propre « hébétude ».
Aussi, « hébété », le poète ne peut que tenter un « Je dis », qui est finalement
une interrogation, signe de son désarroi, de son incapacité fondamentale…
Mais le lecteur attentif aura remarqué que le premier tercet convoque un «
nous » qui inclut le lecteur dans le propos. C’est que Baudelaire pose le poème
comme la tentative de partager sa parole avec le lecteur, faire le « don du
poème » pour atteindre la communion.
L’adresse au lecteur
Du « on » au « nous »
Alors que le deuxième quatrain utilisait le pronom personnel indéfini « on », le
premier tercet fait intervenir un « nous » qui indique que le poète s’adresse
autant au lecteur qu’à la cité.
Le syntagme « Autour de nous » renvoie ainsi à la situation supposée du
locuteur dans le texte, au milieu de la Cité, et, partant, celle du lecteur, lui aussi
au centre des chants et des rires de cette Cité. C’est que celle-ci désigne en
dernier lieu la communauté des hommes : le lecteur est, fatalement, inclus
dans l’apostrophe.
Le lecteur comme destinataire final
Le « mon âme » qui ouvre le poème est finalement ambigu : elle peut englober
la notion de sujet en général, et peut alors être perçue comme une injonction à
soi-même (au lecteur). Baudelaire invite le lecteur à contempler ces êtres de
prime abord étranges, mais qui recherchent l’inconnu au Ciel.

Le « je dis » qui conclut le poème s’imprègne ainsi de cette ambiguïté : c’est à la


fois le « je » du poète et le « je » du lecteur, lequel a été amené, par la
description poétique, à se poser la même question.
Poser la question terminale au discours direct : « Que cherchent-ils au Ciel, tous
ces aveugles ? » signifie qu’elle sera dite, en dernier lieu, par celui qui la lit, et
ainsi, le lecteur se fait l’égal du poète.
Le lecteur est alors renvoyé à sa propre existence dans la ville : il est mis face à
sa propre finitude dans la critique de la « Cité », dans un rapport d’infériorité
vis-à-vis de ces aveugles marginaux qui semblent trouver au Ciel un
soulagement de leur peine. Il faut se souvenir du dernier vers du premier
poème des Fleurs du Mal pour se convaincre de la pertinence de ce
rapprochement :
« Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère ! »

5 LA FONTION DE LA POESIE
Si la première impression qui se dégage à la lecture de ce poème est le
sarcasme, l’analyse nous a montré que Baudelaire se trouve dans une posture
presque fasciné pour ces aveugles qui regardent au ciel. Il trouve en eux
l’occasion d’une réflexion sur l’humanité tout entière, laquelle aurait perdu
contact avec le divin.
Le poème fonctionne comme un rappel à notre existence laborieuse, menacé
par l’oubli dans les plaisirs. L’espoir réside alors dans l’élévation par la parole et
ce « Je dis » qui vient conclure la description pathétique. Ainsi, au sein de ce «
Mal » terrestre, Baudelaire nous enjoint à chercher les « Fleurs ».

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